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Message de Philippe Gonzalez F (.pdf) - MERK

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1<br />

Une cité pour tous les peuples<br />

Les nations marcheront à sa lumière, et les rois <strong>de</strong> la terre apporteront ce qui<br />

fait leur gloire. Les portes ne se fermeront pas tant qu'il fera jour ; or il n’y<br />

fera plus jamais nuit.<br />

Apocalypse 21:24-25<br />

Culte <strong>de</strong> clôture <strong>de</strong> la <strong>MERK</strong>, 20 mai 2012<br />

Lecture : Apocalypse 21:10, 22-22:5<br />

I<br />

« Après cela, j'ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule <strong>de</strong> toutes<br />

nations, races, peuples et langues. Ils se tenaient <strong>de</strong>bout <strong>de</strong>vant le Trône et <strong>de</strong>vant l’Agneau,<br />

en vêtements blancs, avec <strong>de</strong>s palmes à la main » (Apoc 7:9).<br />

Une foule immense rassemblant <strong>de</strong>s personnes issues <strong>de</strong> tous les peuples – telle est<br />

l’impression que j’avais ressentie lors <strong>de</strong> la Conférence Mennonite Mondiale qui s’était tenue<br />

en 2009, au Paraguay. Et ce matin, une même impression m’étreint alors que je nous entends<br />

louer ensemble, Dieu, notre Père, au travers <strong>de</strong> nos diverses langues. Cette même impression<br />

m’étreint alors que je découvre nos cultures comme autant <strong>de</strong> façons d’incarner l’amour du<br />

Christ et d’enrichir l’expérience humaine. Chaque culture possè<strong>de</strong> en effet sa façon<br />

particulière <strong>de</strong> dire l’amour humain, et donc <strong>de</strong> vivre l’amour <strong>de</strong> Dieu. Cette même<br />

impression m’étreint alors que j’aperçois nos interprètes – ces émissaires du Saint-Esprit –<br />

œuvrant à mon côté <strong>de</strong>puis l’estra<strong>de</strong>, dans la discrétion <strong>de</strong> leurs cabines d’interprétation, ou<br />

au milieu <strong>de</strong> nos conversations.<br />

Ainsi, ce qu’il m’est donné <strong>de</strong> contempler ce matin, c’est une révélation. Dans la plupart<br />

<strong>de</strong> nos langues, le mot « révélation » traduit le terme grec apokalupsis qui donne son nom au<br />

livre biblique dont est tirée la lecture <strong>de</strong> ce matin. Et contrairement à ce que voudrait nous<br />

faire croire Hollywood, l’apocalypse n’est pas ce scénario catastrophe évoquant la fin du<br />

mon<strong>de</strong>. C’est avant tout une vision <strong>de</strong> la façon dont Dieu est présent dans l’histoire du mon<strong>de</strong><br />

et conduit cette histoire vers son but, vers son accomplissement. Certes, cette présence <strong>de</strong><br />

Ph. <strong>Gonzalez</strong> | CME / <strong>MERK</strong> | Dimanche 20.05.12 | version 1.2


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Dieu s’accompagne <strong>de</strong> jugements portés contre les nations, quand celles-ci s’enferment dans<br />

l’idolâtrie et érigent la race, la nation ou l’économie au rang <strong>de</strong> divinités auxquelles ont<br />

sacrifie la dignité <strong>de</strong> chaque personne ou <strong>de</strong>s communautés qui composent nos sociétés.<br />

Cependant, plus que le jugement, c’est la réconciliation qui se trouve au cœur du projet <strong>de</strong><br />

Dieu : la réconciliation <strong>de</strong> chacun avec soi-même et avec les autres, la réconciliation entre les<br />

peuples, la réconciliation avec notre environnement, la réconciliation avec Dieu. C’est<br />

pourquoi, alors que je nous vois assemblés pour louer Dieu, ensemble avec nos différences,<br />

j’ai l’impression <strong>de</strong> vivre par anticipation quelque chose qui dit le sens fondamental <strong>de</strong><br />

l’histoire. Notre célébration est un coup d’œil fugace que nous jetons dans le mystère <strong>de</strong><br />

l’éternité.<br />

Cette vision d’éternité est belle. Cependant, elle se trouve en tension avec la réalité que<br />

nous regagnerons bientôt, après la célébration, lorsque nous retrouverons notre quotidien,<br />

après ces jours passés en compagnie <strong>de</strong> frères et <strong>de</strong> sœurs venus <strong>de</strong> toute l’Europe. Une<br />

Europe déchirée qui traverse <strong>de</strong> graves crises économique, politique et sociale. Une<br />

Europe qui est en passe <strong>de</strong> se séculariser complètement – pour le meilleur, penserons-nous<br />

peut-être à certains égards, mais aussi pour le pire. Car si l’Europe tente <strong>de</strong> se défaire du<br />

christianisme, il n’est pas certain qu’elle se soit défaite <strong>de</strong> la chrétienté, ni <strong>de</strong> ses idoles.<br />

Ainsi, lorsqu’on observe les réveils i<strong>de</strong>ntitaires qui traversent nos pays, en particulier visà-vis<br />

<strong>de</strong>s questions posées par l’islam, on a l’impression que nos concitoyens sont les<br />

premiers à affirmer le caractère judéo-chrétien <strong>de</strong> la culture européenne, sans que cela les<br />

ren<strong>de</strong> plus religieux pour autant. Il semblerait bien que notre Europe sécularisée ait<br />

inventé quelque chose d’inédit : la chrétienté sans chrétiens, c’est-à-dire l’invocation <strong>de</strong> la<br />

religion pour <strong>de</strong> pures raisons politiciennes.<br />

Oui, il y a un écart entre la beauté <strong>de</strong> la vision qu’évoque l’Apocalypse et la réalité <strong>de</strong><br />

notre quotidien. Pourtant, c’est précisément en raison <strong>de</strong> cet écart que cette vision fut<br />

donnée aux chrétiens du 1 er siècle, comme elle nous est donnée à nous, aujourd’hui,<br />

chrétiens du 21 e siècle. Comme nous aujourd’hui, ils étaient une minorité et, contrairement<br />

à nous, ils étaient durement stigmatisés, voire persécutés. Cette vision offre au peuple <strong>de</strong><br />

Dieu une nouvelle perspective sur sa réalité. Elle est une invitation à voir le déroulement<br />

II<br />

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du mon<strong>de</strong> au travers du regard <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong>puis la perspective du futur, <strong>de</strong>puis le lieu vers<br />

lequel se dirige notre histoire. Cette vision nous est donnée pour nous fortifier, pour nous<br />

encourager à faire retentir notre témoignage. Cette vision vise également à nous rendre<br />

luci<strong>de</strong>s, afin que nous ne cédions pas aux sirènes <strong>de</strong> la propagan<strong>de</strong> politique. Une<br />

propagan<strong>de</strong> qui voudrait nous convaincre que l’autre, l’étranger, le différent est le<br />

responsable <strong>de</strong>s maux qui affectent nos sociétés.<br />

Et voici l’un <strong>de</strong>s éléments essentiels <strong>de</strong> notre témoignage : être chrétien, c’est se savoir<br />

citoyen d’une cité dont les portes ne se fermeront jamais. Une cité qui n’a rien à défendre,<br />

une cité où règne l’hospitalité pour celles et ceux qui ont fait le choix <strong>de</strong> l’amour. Et<br />

l’Église est ce lieu sur terre où cette réalité <strong>de</strong> la cité céleste commence à se manifester.<br />

Nous sommes les personnes que Dieu suscite d’entre les peuples pour former un nouveau<br />

peuple. Et Dieu ne nous choisit pas parce que nous serions meilleurs que les autres. Dieu<br />

nous suscite afin <strong>de</strong> témoigner <strong>de</strong> la nouvelle cité, <strong>de</strong> la nouvelle société qu’il est en train<br />

<strong>de</strong> bâtir. Comme il l’a fait pour Abraham et Sarah, Dieu en choisit quelques-uns pour les<br />

sauver tous. L’Église n’est pas une fin en soit. Elle est les prémices d’un salut appelé à<br />

s’étendre à toutes les nations <strong>de</strong> la terre.<br />

III<br />

La vision <strong>de</strong> la Jérusalem céleste parle d’un arbre situé au milieu <strong>de</strong> la cité, planté au<br />

milieu d’un fleuve. Les feuilles <strong>de</strong> cet arbre sont un remè<strong>de</strong> pour les nations, <strong>de</strong>s nations<br />

qui ont besoin <strong>de</strong> guérison. De façon intéressante, un arbre similaire se trouvait dans le<br />

jardin d’É<strong>de</strong>n. Et on retrouve ce même arbre au début du livre <strong>de</strong>s Psaumes : « [Heureux<br />

celui qui] se plaît dans la loi du Seigneur […] Il est comme un arbre planté près d'un<br />

ruisseau, qui donne du fruit en son temps » (Ps 1:2-3). Les Pères <strong>de</strong> l’Église disent que ce<br />

même arbre s’est dressé en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> Jérusalem. Et que sur cet arbre, on a<br />

crucifié la sagesse du mon<strong>de</strong>, le Fils <strong>de</strong> Dieu, comme s’il était le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>s parias, le<br />

<strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>s étrangers.<br />

C’est précisément <strong>de</strong> cet étranger qui porte le visage <strong>de</strong> Dieu que nous sommes les<br />

témoins. Et nous témoignons <strong>de</strong> ceci : nul besoin <strong>de</strong> bouc émissaire pour bâtir la cité<br />

humaine. Nous pouvons vivre les uns et les autres réconciliés. Alors, nos cultures et nos<br />

différences, plutôt que d’être la cause <strong>de</strong> nos peurs et <strong>de</strong> nos conflits, seront une source<br />

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d’enrichissement infini. Elles proclameront dans toutes les langues la beauté inhérente au<br />

fait d’être humains, enracinés dans une histoire particulière et ouverts sur l’universel. Et<br />

en disant cette beauté d’être humains, nous proclamerons la gloire d’être enfants <strong>de</strong> Dieu.<br />

Amen.<br />

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