Message de Philippe Gonzalez F (.pdf) - MERK

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2 Dieu s’accompagne de jugements portés contre les nations, quand celles-ci s’enferment dans l’idolâtrie et érigent la race, la nation ou l’économie au rang de divinités auxquelles ont sacrifie la dignité de chaque personne ou des communautés qui composent nos sociétés. Cependant, plus que le jugement, c’est la réconciliation qui se trouve au cœur du projet de Dieu : la réconciliation de chacun avec soi-même et avec les autres, la réconciliation entre les peuples, la réconciliation avec notre environnement, la réconciliation avec Dieu. C’est pourquoi, alors que je nous vois assemblés pour louer Dieu, ensemble avec nos différences, j’ai l’impression de vivre par anticipation quelque chose qui dit le sens fondamental de l’histoire. Notre célébration est un coup d’œil fugace que nous jetons dans le mystère de l’éternité. Cette vision d’éternité est belle. Cependant, elle se trouve en tension avec la réalité que nous regagnerons bientôt, après la célébration, lorsque nous retrouverons notre quotidien, après ces jours passés en compagnie de frères et de sœurs venus de toute l’Europe. Une Europe déchirée qui traverse de graves crises économique, politique et sociale. Une Europe qui est en passe de se séculariser complètement – pour le meilleur, penserons-nous peut-être à certains égards, mais aussi pour le pire. Car si l’Europe tente de se défaire du christianisme, il n’est pas certain qu’elle se soit défaite de la chrétienté, ni de ses idoles. Ainsi, lorsqu’on observe les réveils identitaires qui traversent nos pays, en particulier visà-vis des questions posées par l’islam, on a l’impression que nos concitoyens sont les premiers à affirmer le caractère judéo-chrétien de la culture européenne, sans que cela les rende plus religieux pour autant. Il semblerait bien que notre Europe sécularisée ait inventé quelque chose d’inédit : la chrétienté sans chrétiens, c’est-à-dire l’invocation de la religion pour de pures raisons politiciennes. Oui, il y a un écart entre la beauté de la vision qu’évoque l’Apocalypse et la réalité de notre quotidien. Pourtant, c’est précisément en raison de cet écart que cette vision fut donnée aux chrétiens du 1 er siècle, comme elle nous est donnée à nous, aujourd’hui, chrétiens du 21 e siècle. Comme nous aujourd’hui, ils étaient une minorité et, contrairement à nous, ils étaient durement stigmatisés, voire persécutés. Cette vision offre au peuple de Dieu une nouvelle perspective sur sa réalité. Elle est une invitation à voir le déroulement II Ph. Gonzalez | CME / MERK | Dimanche 20.05.12 | version 1.2
3 du monde au travers du regard de Dieu, depuis la perspective du futur, depuis le lieu vers lequel se dirige notre histoire. Cette vision nous est donnée pour nous fortifier, pour nous encourager à faire retentir notre témoignage. Cette vision vise également à nous rendre lucides, afin que nous ne cédions pas aux sirènes de la propagande politique. Une propagande qui voudrait nous convaincre que l’autre, l’étranger, le différent est le responsable des maux qui affectent nos sociétés. Et voici l’un des éléments essentiels de notre témoignage : être chrétien, c’est se savoir citoyen d’une cité dont les portes ne se fermeront jamais. Une cité qui n’a rien à défendre, une cité où règne l’hospitalité pour celles et ceux qui ont fait le choix de l’amour. Et l’Église est ce lieu sur terre où cette réalité de la cité céleste commence à se manifester. Nous sommes les personnes que Dieu suscite d’entre les peuples pour former un nouveau peuple. Et Dieu ne nous choisit pas parce que nous serions meilleurs que les autres. Dieu nous suscite afin de témoigner de la nouvelle cité, de la nouvelle société qu’il est en train de bâtir. Comme il l’a fait pour Abraham et Sarah, Dieu en choisit quelques-uns pour les sauver tous. L’Église n’est pas une fin en soit. Elle est les prémices d’un salut appelé à s’étendre à toutes les nations de la terre. III La vision de la Jérusalem céleste parle d’un arbre situé au milieu de la cité, planté au milieu d’un fleuve. Les feuilles de cet arbre sont un remède pour les nations, des nations qui ont besoin de guérison. De façon intéressante, un arbre similaire se trouvait dans le jardin d’Éden. Et on retrouve ce même arbre au début du livre des Psaumes : « [Heureux celui qui] se plaît dans la loi du Seigneur […] Il est comme un arbre planté près d'un ruisseau, qui donne du fruit en son temps » (Ps 1:2-3). Les Pères de l’Église disent que ce même arbre s’est dressé en dehors des murs de Jérusalem. Et que sur cet arbre, on a crucifié la sagesse du monde, le Fils de Dieu, comme s’il était le dernier des parias, le dernier des étrangers. C’est précisément de cet étranger qui porte le visage de Dieu que nous sommes les témoins. Et nous témoignons de ceci : nul besoin de bouc émissaire pour bâtir la cité humaine. Nous pouvons vivre les uns et les autres réconciliés. Alors, nos cultures et nos différences, plutôt que d’être la cause de nos peurs et de nos conflits, seront une source Ph. Gonzalez | CME / MERK | Dimanche 20.05.12 | version 1.2
Page 1: 1 Une cité pour tous les peuples L

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