Sahel Dimanche - Nigerdiaspora
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Economie<br />
sse du Manga<br />
Cependant, là où le bât blesse, et le directeur<br />
régional du développement agricole le reconnaît,<br />
c'est sans doute par rapport au manque d'encadrement<br />
de ces producteurs. Ils se débrouillent<br />
comme ils peuvent. Ce qui fait qu'on a vu la limite<br />
de la production, affirme-t-il. Il estime qu'il faut un<br />
soutien pour cette culture de la région. Il s'agit de<br />
créer des perspectives pour le poivron, soit en<br />
l'exportant, soit en le transformant sur place. Quoi<br />
qu'il en soit, la solution est de trouver des débouchés<br />
pour soutenir les efforts de paysans. Par<br />
exemple, la production de 2007 était de 86.453<br />
tonnes, selon le coordonnateur de l'antenne régionale<br />
du PIP 2.<br />
Cependant, tout le monde ne peut pas se mettre à<br />
faire du poivron. La diversification s'impose et a<br />
même commencé. Les champs de poivron sont<br />
alternés ici et là par d'autres cultures maraîchères<br />
comme les tomates, les aubergines, les salades,<br />
les carottes, et même l'oignon, une autre culture<br />
de rente, pratiquée sur de petites superficies, mais<br />
dont les revenus, quoique appréciables, sont loin<br />
d'égaler ceux du poivron. Une vaste campagne de<br />
sensibilisation des paysans pour un changement<br />
de mentalité est nécessaire. En effet, il n'y a pas<br />
que le poivron qui peut rapporter. D'autres produits<br />
maraîchers sont tout aussi rentables.<br />
Il est également nécessaire d'introduire l'agroforesterie<br />
pour lutter contre la dégradation de l'environnement.<br />
Le phénomène le plus remarquable,<br />
c'est l'épuisement des sols. En effet, la monoculture<br />
répétée et les pratiques culturales archaïques<br />
entraînent une baisse de fertilité des sols et l'exacerbation<br />
des problèmes phytosanitaires. D'où la<br />
stagnation, voire la baisse des rendements, un<br />
phénomène qui est déjà visible sur tous les périmètres<br />
autour de Diffa, car les méthodes agricoles<br />
pratiquées trouvent aussi leurs limites sur le plan<br />
environnemental.<br />
Pour accroître les rendements, les producteurs<br />
sont contraints d'utiliser une grande quantité d'intrants<br />
(pesticides, engrais, herbicides). Pire, relève<br />
le directeur régional du Développement<br />
Agricole, les anciennes terres agricoles situées<br />
aux abords immédiats de la Komadougou sont<br />
envahies par les cypéracées, plantes nuisibles<br />
que les paysans n'arrivent pas à détruire. Ce qui<br />
les contraint à se déplacer un peu plus loin à la<br />
recherche de nouvelles terres, occasionnant ainsi<br />
des dépenses en énergie à cause de l'éloignement<br />
de l'eau. Car il faut construire des canalisations<br />
avec des relais et faire recours aux motopompes,<br />
avec des budgets plus élevés pour le<br />
carburant. Selon M. Moustapha Kimé, les paysans<br />
mobilisent environ une soixantaine de motopompes<br />
pour alimenter la mare principale de la<br />
rivière qu'ils ont asséchée en pompant de l'eau.<br />
Dans les parcelles, d'importantes quantités d'eau<br />
sont perdues, résultantes des réseaux d'irrigation<br />
défectueux ou creusés de manière grossière. Ce<br />
qui entraîne une forte pression sur la nappe et une<br />
forte dépendance vis-à-vis des eaux de la<br />
Komadougou. Or, depuis quelques années, celles-ci<br />
se retirent rapidement, influant ainsi sur la<br />
qualité et la quantité des récoltes. A cela vient s'ajouter<br />
la lourdeur des charges de production du<br />
fait de la hausse des prix des intrants et souvent<br />
de leur rareté sur le marché. Cette année par<br />
exemple, sur les 1400 tonnes d'engrais qui<br />
devaient lui être livrés, la région de Diffa n'a reçu<br />
que 365 tonnes. Bien évidemment, les agriculteurs<br />
sont victimes de cette situation, affirme le<br />
responsable régional de l'agriculture. C'est<br />
d'ailleurs pourquoi il préconise l'introduction de la<br />
fumure organique à la place de l'engrais chimique.<br />
En fait, reconnaît-il, c'est l'encadrement qui<br />
manque aux agriculteurs. Ce qui explique un peu<br />
ce désordre agricole constaté dans le domaine de<br />
l'irrigation et même dans l'entretien des parcelles.<br />
Pour faire face au retrait des eaux de la<br />
Komadougou, le directeur régional du<br />
Développement Agricole suggère l'introduction de<br />
forages agricoles individuels. Il estime aussi qu'il<br />
est nécessaire de former les paysans sur l'utilisation<br />
de l'engrais chimique et d'autres produits phytosanitaires<br />
susceptibles de polluer l'environnement<br />
et même d'être dangereux pour leur santé et<br />
celle du reste de la population. Puisqu'en réalité,<br />
soutient Moustapha Kimé, l'irrigation ne fait que<br />
commencer dans la région de Diffa.<br />
Ce qu'ils pensent de l'irrigation à Diffa<br />
Boukar Madou : est dans son champ de poivron<br />
depuis six heures trente du matin. Situé au bord<br />
de la rivière Komadougou à quelques encablures<br />
de Diffa, ce champ fait sa fierté en même temps<br />
qu'il est la raison d'être de ce quadragénaire.<br />
Pourtant, adolescent, comme tous les jeunes de<br />
son âge, il est saisi par le virus de l'exode. Il se<br />
retrouve ainsi au Nigeria où il fait ses premières<br />
C'est demain 08 mars que la communauté<br />
internationale commémorera<br />
Journée Internationale de la Femme .<br />
En prélude à cet événement de haute<br />
portée, la Directrice Exécutive du<br />
Fonds des Nations Unies pour la<br />
Population, Madame Thoraya Ahmed<br />
Obaid, a prononcé un vibrant message<br />
qui a été lu, hier, par le Représentant<br />
résident de l'UNFPA au Niger, M. Diallo<br />
Yacine.<br />
Le message de Madame Thoraya<br />
Ahmed Obaid est le suivant :<br />
" Il est bon d'investir dans les femmes et<br />
les filles, et c'est aussi rentable. Cette<br />
année, en la Journée internationale de la<br />
femme, l'UNFPA réaffirme qu'investir dans<br />
les femmes et les filles est l'un des<br />
meilleurs investissements que les gouvernements<br />
puissent faire.<br />
Investir dans les femmes signifie investir<br />
dans les familles, les communautés et les<br />
nations. Quand les femmes ont des ressources,<br />
elles les dépensent généralement<br />
pour l'éducation et la santé de leurs<br />
enfants, qui ont alors de meilleures perspectives<br />
d'emploi et de vie. Dans chaque<br />
région, l'accroissement de la participation<br />
et des gains des femmes aboutit à réduire<br />
la pauvreté et accélérer la croissance économique.<br />
Si nous voulons atteindre les Objectifs du<br />
Millénaire pour le développement, il nous<br />
faut investir davantage dans les femmes et<br />
les filles. Que nous nous placions du point<br />
de vue des droits humains, de la politique<br />
ou de l'économie, la conclusion est la<br />
même: Il est recommandé d'investir dans<br />
les femmes. Les bénéfices en sont élevés<br />
Sans irrigation, point de salut<br />
armes. Mais, cette aventure ne lui réussit pas et le<br />
voilà de retour au pays, après environ cinq ans<br />
d'absence. Il retrouve le champ de poivron qu'il a<br />
abandonné. Là, il se lance corps et âme dans la<br />
culture du poivron. Par chance, l'année de son<br />
retour coïncide avec l'installation de l'antenne du<br />
projet petite irrigation privée phase 2 de Diffa. Le<br />
tour est joué. Comme beaucoup de ses congénères,<br />
il va bénéficier d'un appui en motopompe de<br />
ce projet. Les années ont passé, et Boukar est<br />
devenu un grand producteur de poivron. Sa production<br />
augmente d'autant plus qu'il a acheté deux<br />
autres motopompes et a accru aussi la superficie<br />
pour les femmes elles-mêmes et pour le<br />
monde en général.<br />
Beaucoup de pays et de communautés<br />
de son champ de poivron.<br />
Pourquoi tant d'intérêt pour ce doux piment ? C'est<br />
parce que ça rapporte, souligne- t-il d'un ton<br />
moqueur. " Vous voyez, tout le long de la rivière, il<br />
n'y a que des champs de poivron. Les raisons de<br />
cet acharnement à le produire sont évidemment<br />
économiques ". Certes les raisons économiques<br />
l'emportent, mais pour combien de temps ? La<br />
monoculture a ses limites reconnaît-il, mais pour<br />
le moment, il est difficile de demander à ces paysans<br />
de passer à autre chose. Cependant, dans<br />
un coin de son champ, il cultive quelques pieds de<br />
tomate et même un peu d'oignon. L'oignon, dit-il,<br />
est planté à titre expérimental. Certains d'entre<br />
nous ont commencé à diversifier les cultures, rassure-t-il.<br />
Changement de mentalité ou mimétisme?<br />
L'avenir le dira.<br />
Ari, quant à lui, n'a que 37 ans. Sa connaissance<br />
du Nigeria ne dépasse pas Maïduguri, la capitale<br />
de l'Etat fédéral du Bornou. En réalité, il n'y a fait<br />
que quelques brefs séjours. Il a tout simplement<br />
choisi de rester auprès de son vieux père dans la<br />
périphérie de Diffa. Aîné d'une famille de quatre<br />
enfants dont trois filles, toutes mariées d'ailleurs,<br />
Ari a expérimenté la production d'oignon il y a<br />
deux ans, sur une parcelle contiguë à son champ<br />
de poivron. Il en a tiré un bénéfice, déclare-t-il,<br />
mais le problème reste celui de la commercialisation.<br />
La région n'étant pas productrice de cette<br />
spéculation, les acheteurs ne se bousculent pas.<br />
Pour le moment, toutes les productions sont écoulées<br />
chez le grand voisin du sud, situé juste à côté.<br />
Et puis, estime Ari, malgré la surproduction, le poivron<br />
rapporte plus. Il n'en demeure pas moins qu'il<br />
est farouche partisan de la diversification des cultures.<br />
Le potentiel est là. Le jour de ce reportage,<br />
il a défriché un terrain, où affirme-t-il, il compte<br />
semer du blé. Pour lui, sans l'irrigation, point de<br />
salut ! Et Ari de lancer un appel aux projets qui<br />
interviennent dans la région afin qu'ils encouragent<br />
l'irrigation, à l'image du PIP 2.<br />
Abdou Saïdou<br />
ONEP Zinder-Diffa<br />
Message de Madame Thoraya Ahmed Obaid, Directrice Exécutive du Fonds des Nations Unies pour la<br />
Population à l'occasion de la Journée Internationale de la Femme<br />
" Si nous voulons atteindre les Objectifs du Millénaire pour le<br />
développement, il nous faut investir davantage dans les<br />
femmes et les filles "<br />
Mme Thoraya Obaid<br />
Kader Amadou/ONEP<br />
Parce que tout le monde compte<br />
adoptent déjà les mesures nécessaires.<br />
Des engagements politiques ont été pris<br />
d'arrêter les politiques voulues et d'affecter<br />
les ressources indispensables pour donner<br />
naissance à un monde où les femmes<br />
soient en bonne santé, en sécurité et<br />
contrôlent leur propre vie. Mais les investissements<br />
n'ont pas encore l'ampleur qui<br />
conviendrait. Dans certains domaines, les<br />
fonds sont en baisse malgré la multiplication<br />
des besoins. Tel est le cas pour la<br />
santé maternelle et la planification familiale.<br />
Il est impossible d'améliorer le bien-être<br />
des femmes sans améliorer leur<br />
santé, en particulier leur santé<br />
reproductive.<br />
Aujourd'hui, une femme meurt à<br />
chaque minute des complications<br />
de la grossesse et de l'accouchement.<br />
Plus de 200<br />
millions de femmes ont un besoin<br />
non satisfait de planification familiale.<br />
Plus de 2 millions de personnes<br />
meurent du sida chaque<br />
année et le VIH continue de s'étendre,<br />
menaçant les vies humaines<br />
ainsi que le développement<br />
et la stabilité de nations entières.<br />
En garantissant l'accès universel<br />
à la santé reproductive, nous<br />
pouvons réduire la pauvreté, limiter<br />
la diffusion du VIH/sida et<br />
couvrir les besoins en matière de<br />
planification familiale. Et nous<br />
pouvons aussi réduire la mortalité<br />
maternelle, néonatale et infantile.<br />
Aujourd'hui, nous appelons les<br />
gouvernements à accroître leurs<br />
investissements dans les femmes<br />
et les filles. Nous exhortons tous les partenaires<br />
à investir dans les systèmes nationaux<br />
de santé, dans la formation des<br />
accoucheuses et dans la planification<br />
familiale. Nous devons nous souvenir que<br />
la santé, c'est aussi la richesse. En investissant<br />
dans la santé reproductive et le<br />
bien-être des femmes, nous aurons une<br />
meilleure chance d'atteindre les OMD et<br />
de faire de l'égalité des sexes une réalité "<br />
Page 11 7 mars 2008 <strong>Sahel</strong> <strong>Dimanche</strong>