Bolivie - Terre des Hommes Suisse
Bolivie - Terre des Hommes Suisse
Bolivie - Terre des Hommes Suisse
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Sécurité alimentaire par Jean-Luc Pittet<br />
6<br />
et Aurélie Hauchère<br />
Un milliard de personnes<br />
souffrent de la faim chronique<br />
… et ça me révolte ! Tel est le cri d’indignation de la pétition lancée cette année par la<br />
FAO 1 . Alors que les ressources produites sur notre planète sont largement suffisantes<br />
pour nourrir tous ses habitants, comment expliquer que près d’une personne sur six<br />
souffre encore de faim ou de malnutrition chronique ?<br />
Pire, comment expliquer que 70% <strong>des</strong> victimes de sousalimentation<br />
soient <strong>des</strong> petits paysans et leur famille ?<br />
Puisque la faim n’est pas liée à une pénurie d’aliments,<br />
c’est à ses causes profon<strong>des</strong> qu’il faut s’attaquer, en luttant<br />
contre la pauvreté et en changeant radicalement nos<br />
pratiques de production et de consommation.<br />
Les enfants, premières victimes<br />
Dans le monde, plus de 200 millions d’enfants de moins<br />
de 5 ans, en majorité <strong>des</strong> filles, souffrent de faim et de<br />
malnutrition, avec de graves conséquences sur leur développement<br />
physique et intellectuel, et leur résistance<br />
aux maladies. Chaque soir, ils vont se coucher sans savoir<br />
s’ils auront de quoi s’alimenter le lendemain. La première<br />
cause de malnutrition est la pauvreté.<br />
Plusieurs menaces pèsent aussi sur l’agriculture vivrière<br />
locale. Tout d’abord, les terres sont souvent confisquées<br />
par de gran<strong>des</strong> entreprises pour développer <strong>des</strong> monocultures<br />
d’exportation (maïs, soja, canne à sucre, cacao, etc.).<br />
Les petits paysans, soumis à <strong>des</strong> exigences élevées de rendement,<br />
deviennent rapidement dépendants de semences<br />
OGM, de pestici<strong>des</strong> et d’engrais chimiques, ce qui signifie<br />
à terme endettement et pollution. Enfin, certains pays<br />
du Golfe et d’Asie utilisent les terres cultivables d'autres<br />
pays pour assurer leur propre approvisionnement. Nous<br />
arrivons ainsi à <strong>des</strong> situations aberrantes où les produits<br />
qui ont parcouru <strong>des</strong> milliers de kilomètres sont moins<br />
chers que les produits locaux…<br />
Citoyen du monde<br />
Nous pouvons soutenir une plus grande solidarité Nord-<br />
Sud, notamment par la coopération au développement.<br />
Mais il incombe à chacun de nous de jouer un rôle de<br />
« consommacteur » ! Il est ainsi souhaitable de limiter<br />
notre consommation de viande car sa production nécessite<br />
une grande quantité d'eau et de céréales. Nous pouvons<br />
choisir d’acheter les produits locaux et de saison,<br />
si possible directement aux producteurs, mais aussi les<br />
produits issus de l’agriculture biologique et du commerce<br />
équitable.<br />
Une alimentation saine et durable pour tous ? Un défi<br />
urgent à relever et auquel chacun peut contribuer…<br />
1 Voir le site www.1billionhungry.org de l'Organisation <strong>des</strong> Nations<br />
Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)<br />
© TdH, Burkina Faso, Sylvie Jean<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°99 - août 2010<br />
L’avenir : les petites exploitations paysannes<br />
Mais comment permettre aux 2,5 milliards de petits<br />
paysans et à leur famille de vivre de leur production décemment<br />
et durablement ? Chaque pays devrait pouvoir<br />
déterminer de manière démocratique une politique agricole<br />
basée sur la sécurité et la souveraineté alimentaire<br />
(voir interview ci-contre). Concrètement, il s’agit d’aider<br />
les familles paysannes à s’organiser et à accéder à la terre,<br />
à l’eau, aux semences, au crédit, à la formation et aux infrastructures<br />
de base, afin qu’elles puissent couvrir leurs<br />
besoins et ceux de leur communauté, grâce à une agriculture<br />
diversifiée et durable, valorisant les ressources locales<br />
(biodiversité, engrais organiques, etc.).<br />
© TdH, Madagascar, Martine François