Sénégal - Terre des Hommes Suisse
Sénégal - Terre des Hommes Suisse
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terre <strong>des</strong> hommes suisse<br />
Sénégal<br />
Etude sur le<br />
régime foncier<br />
et ses inégalités<br />
Inde<br />
Accès à l'éducation<br />
pour les enfants<br />
travailleurs<br />
Brésil<br />
Agro-écologie<br />
dans la région<br />
rurale de Bahia<br />
Animation<br />
jeunesse<br />
Expo Hors jeu<br />
au MEG<br />
n°91 août 2008
jeu<br />
Entrez dans le jeu<br />
du commerce équitable<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91- août 2008<br />
www.jouonsequitable.ch
Edito par Doris Charollais 3<br />
S'indigner !<br />
Ce monde qui nous entoure – c’est une évidence<br />
– va plutôt mal…<br />
La facture <strong>des</strong> importations céréalières <strong>des</strong><br />
pays les plus pauvres du monde devrait augmenter<br />
de 56% en 2007-08, après une hausse<br />
significative de 37% l'année précédente. Fin<br />
mars, on constatait que les prix du blé et du riz<br />
avaient doublé par rapport à ceux observés un<br />
an plus tôt et que le prix du maïs avait grimpé<br />
de plus d’un tiers. Tout cela a conduit à ces<br />
émeutes de la faim que nous avons pu voir, du<br />
Sénégal au Burkina, d'Haïti aux Philippines, en<br />
passant par le Maroc, l’Egypte… et tant d’autres<br />
pays.<br />
Ne ressentons-nous pas une grande impuissance<br />
en lisant les journaux ou en regardant<br />
les informations télévisées ? Ou, pire que l’impuissance,<br />
ne nous habituons-nous pas à apprendre<br />
ces mauvaises nouvelles, tant il y en a ?<br />
Ce qui nous pousse finalement à appuyer sur le<br />
bouton, tourner la page, passer à autre chose.<br />
Nous connaissons <strong>des</strong> centaines de personnes<br />
qui ne s’habituent pas, qui ne peuvent pas rester<br />
indifférentes, ce sont nos partenaires et les<br />
bénéficiaires de nos projets sur le terrain. Ce<br />
sont eux qui doivent jongler chaque jour avec<br />
le renchérissement de la nourriture, du carburant,<br />
<strong>des</strong> transports. Chez nous, le pouvoir<br />
d’achat baisse et c'est déjà difficile à vivre, alors<br />
que dire de celui <strong>des</strong> populations défavorisées<br />
du Sud où chaque jour est un nouveau défi pour<br />
la survie ?<br />
Nous devrions éprouver une révolte constante,<br />
ne jamais permettre que ces informations, ces<br />
injustices tombent dans la banalité. Nous battre<br />
contre l’indifférence.<br />
Ce monde qui nous entoure – c’est une certitude<br />
– doit se mobiliser pour aller mieux !<br />
4-5<br />
6-7<br />
8-10<br />
11<br />
12<br />
13<br />
Sommaire n°91<br />
L'accès à la terre<br />
au Sénégal<br />
Synthèse d'une étude sur les différents<br />
régimes fonciers et leurs implications pratiques.<br />
Enfants au travail à Gwalior<br />
en Inde<br />
Des centaines de jeunes travailleurs<br />
bénéficiaires de la prochaine Marche<br />
de l'espoir.<br />
Agro-écologie familiale<br />
au Brésil<br />
Au sud de l'Etat de Bahia, <strong>des</strong><br />
communautés rurales développent<br />
une agriculture alternative.<br />
La parole à... Riccardo Rodari<br />
Coudre <strong>des</strong> ballons au<br />
Musée d'ethnographie<br />
Une animation pour les jeunes dans le<br />
cadre de l'exposition Hors jeu à Genève.<br />
Coin du Sud<br />
14 Infos<br />
15<br />
16<br />
Ça vous intéresse !<br />
Le parrainage : un moyen de<br />
faire la différence<br />
Marche de l'espoir 2008<br />
Rendez-vous le 12 octobre à Genève<br />
en solidarité avec <strong>des</strong> enfants en Inde.<br />
© TdH, Sénégal, Laurence Froidevaux<br />
© Campagne jouons équitable, Sophie Marteau<br />
Journal <strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong><br />
31, ch. Frank-Thomas<br />
1223 Cologny - Genève<br />
tél. 022 736 36 36<br />
fax 022 736 15 10<br />
secretariat@tdh-geneve.ch<br />
www.terre<strong>des</strong>hommes.ch<br />
ccp 12-12176-2<br />
compte bancaire<br />
CH56 0483 5036 4896 2102 2<br />
crédit suisse 1211 Genève 70<br />
Rédactrices responsables<br />
Souad von Allmen<br />
Christiane Bruttin<br />
Doris Charollais<br />
Graphisme<br />
Sophie Marteau<br />
Impression<br />
Imprimerie Genevoise SA<br />
Tirage: 24 500 exs<br />
<strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong> est une<br />
organisation de coopération au<br />
développement qui s’engage pour<br />
l’enfance et un développement<br />
solidaire. Elle travaille avec ses<br />
partenaires dans 11 pays du Sud,<br />
et sensibilise le public suisse aux<br />
réalités Nord-Sud. Elle fait notamment<br />
partie de la Fédération Internationale<br />
<strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong><br />
et de la Fédération genevoise de<br />
coopération.<br />
TdH est membre du bureau central<br />
<strong>des</strong> œuvres de bienfaisance (ZEWO)<br />
depuis 1988.<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91 - août 2008
Sénégal par Sarah Jermann<br />
4<br />
Encourager l'accès à la terre<br />
Au Sénégal, 75% <strong>des</strong> personnes souffrant de la faim vivent en zone rurale et les plus<br />
gravement touchés sont les paysans sans terre. Le point sur le processus de réforme<br />
foncière, d'après une étude réalisée par Joëlle Turbé-Schwachtgen1.<br />
La flambée <strong>des</strong> prix <strong>des</strong> denrées alimentaires<br />
met une fois de plus en<br />
évidence un problème qui dérange :<br />
la faim. Pour y remédier, les gouvernements<br />
doivent à tout prix favoriser<br />
l'agriculture paysanne en garantissant<br />
l'accès aux terres cultivables et à l'eau,<br />
mais aussi en favorisant l'autonomie<br />
<strong>des</strong> femmes.<br />
Car dans les régions rurales du Sénégal,<br />
l'accès à la terre et à l'eau, de<br />
même que l'égalité <strong>des</strong> sexes, sont<br />
loin d'être acquis et si <strong>des</strong> lois ont<br />
été édictées, elles sont souvent méconnues<br />
ou mal appliquées.<br />
Transmettre <strong>des</strong> savoir-faire<br />
<strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong> (TdH)<br />
collabore depuis de nombreuses<br />
années avec <strong>des</strong> associations paysannes<br />
sénégalaises. L'objectif est de<br />
transmettre aux populations rurales<br />
<strong>des</strong> savoir-faire issus <strong>des</strong> principes<br />
du développement durable afin d'assurer<br />
l'autosuffisance alimentaire.<br />
Concrètement, il s'agit de développer<br />
les activités agro-pastorales, de<br />
favoriser l'accès au crédit, de promouvoir<br />
l'épargne et de poursuivre<br />
le développement institutionnel <strong>des</strong><br />
associations paysannes.<br />
D'après Joëlle Turbé-Schwachtgen,<br />
il faudrait, dans le futur, introduire<br />
un volet juridique dans les projets<br />
de développement durable en informant<br />
les paysans et notamment les<br />
femmes sur leurs droits fonciers, en<br />
relevant les problèmes et en faisant<br />
<strong>des</strong> propositions juridiques pour les<br />
résoudre. Le but étant de favoriser les<br />
capacités d'affirmation et d'intervention<br />
<strong>des</strong> paysans dans le processus de<br />
la réforme foncière en cours.<br />
Régime foncier et insécurité<br />
alimentaire au Sénégal<br />
Les terres agricoles sénégalaises occupent<br />
la moitié du domaine national<br />
et sont affectées gratuitement selon<br />
un régime qui ne donne aucun droit<br />
de propriété au paysan, mais un droit<br />
de culture. L'agriculteur peut se voir<br />
retirer sa terre et hésite donc à investir<br />
pour la mettre en valeur.<br />
Mais la loi de 1964 pose d'autres problèmes<br />
dans les communautés rurales.<br />
Elle ne précise pas les critères<br />
d'attribution de la terre. Est-ce le lieu<br />
de naissance qui compte ou simplement<br />
le fait d'exercer une activité dans<br />
la communauté qui permet d'obtenir<br />
une terre ? L'arrivée massive de populations<br />
dans certaines régions crée<br />
alors de sérieux conflits.<br />
S'ajoutent un accès à l'eau rendu difficile<br />
par le développement de l'agriculture<br />
commerciale sur les rives et<br />
la méconnaissance de la loi. En effet,<br />
la coutume est encore souvent appliquée,<br />
justifiant pour certains l'application<br />
du droit successoral coutumier,<br />
inégalitaire (le père transmet uniquement<br />
à son fils aîné) et l'impossibilité<br />
pour les femmes d'accéder à la terre.<br />
De manière générale, l'absence de<br />
L'accès à l'eau n'est toujours pas acquis.<br />
Toute la famille travaille, mais seul le fils aîné hérite.<br />
©TdH, Sénégal, Laurence Froidevaux<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91 - août 2008
Etude<br />
5<br />
Chronologie du<br />
régime foncier<br />
sénégalais<br />
Etude complète disponible sur<br />
www.terre<strong>des</strong>hommes.ch<br />
Avant la<br />
colonisation<br />
cadastres, de moyens matériels et de<br />
personnes responsables pour contrôler<br />
l'application de la loi engendre de<br />
fréquents conflits.<br />
Réformes en cours<br />
Dès 1996, les autorités ont décidé<br />
de modifier les règles d'affectation<br />
de la terre, d'octroyer davantage de<br />
droits aux paysans, de mettre en place<br />
un cadastre, de donner les moyens<br />
aux communautés rurales d'exercer<br />
un meilleur contrôle, d'appliquer le<br />
Code de la famille et non la coutume<br />
en matière de droit <strong>des</strong> femmes –<br />
notamment en matière de régime<br />
matrimonial ou de succession – et<br />
de faciliter l'accès à l'eau.<br />
En 2004 a été promulguée la loi agrosylvo-pastorale<br />
visant à assurer la<br />
sécurité alimentaire du pays. Mais<br />
la situation a peu évolué depuis. Les<br />
organisations paysannes déplorent le<br />
manque de dialogue avec les autorités,<br />
le désintérêt de ces dernières et<br />
le constant changement d'interlocuteurs<br />
– sept ministres s'occupant de<br />
l'agriculture en sept ans – qui rendent<br />
difficile toute négociation.<br />
Renforcer la conscience politique<br />
L'attachement à certaines valeurs<br />
traditionnelles, l'absence de moyens,<br />
mais aussi le manque de coopération<br />
de la part du gouvernement et <strong>des</strong><br />
communautés rurales sont les principales<br />
raisons qui empêchent d'établir<br />
la sécurité alimentaire au Sénégal.<br />
Il s'agit aussi aujourd'hui pour les<br />
paysans sans terre de se repositionner<br />
comme acteurs en renforçant leur<br />
conscience politique et leurs capacités<br />
d'organisation.<br />
1 Le foncier au Sénégal : accès à la terre, accès<br />
à l'eau, égalité <strong>des</strong> sexes, 2008, Joëlle Turbé-<br />
Schwachtgen, avocate et notaire diplômée,<br />
membre de <strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong>.<br />
Le régime foncier est régi par la<br />
coutume (succession patrilinéaire).<br />
1964<br />
Suite à l'Indépendance décrétée<br />
en 1960, la loi foncière sur le<br />
domaine national est votée. 95%<br />
<strong>des</strong> terres deviennent patrimoine<br />
national, donc sans propriétaire.<br />
Le reste revient à l'Etat (3%) et<br />
au privé (2%).<br />
1996<br />
Premier projet de réforme<br />
2004<br />
Promulgation de la loi<br />
agro-sylvo-pastorale<br />
Les femmes, souvent lésées dans le droit coutumier.
Inde 6<br />
par Anne Kerisel<br />
et Souad von Allmen<br />
L'école pour les enfants travailleurs<br />
Ils sont <strong>des</strong> milliers d'enfants dans les faubourgs de Gwalior à tisser <strong>des</strong> tapis dans<br />
les ateliers familiaux, à ramasser les ordures dans les rues ou à casser <strong>des</strong> pierres<br />
dans la poussière. Leur avenir dépend de leur accès à l'éducation.<br />
Gwalior : ville de plus d'un million<br />
d'habitants dans le Madhya-Pra<strong>des</strong>h,<br />
au centre de l’Inde. La ville<br />
florissante et industrielle connaît<br />
aujourd'hui, à la fermeture <strong>des</strong> usines,<br />
un chômage qui atteint la majeure<br />
partie de la population active.<br />
Au petit matin dans les quartiers<br />
populaires, les hommes se pressent<br />
vers les lieux d'embauche de journaliers,<br />
espérant gagner quelques<br />
roupies (entre 80-100 roupies par<br />
jour, env. 2 francs, l'équivalent du<br />
prix de 3 kilos de riz). Les femmes<br />
restent traditionnellement à la maison.<br />
Dès lors, c'est aux enfants qu'il<br />
incombe de participer à la recherche<br />
de revenus complémentaires, maind'œuvre<br />
sous-payée (environ 50 ct.<br />
par jour) exerçant de petits boulots<br />
informels : restaurants, garages, fabriques<br />
de beedies, etc.<br />
Centre for Integrated Development<br />
En 1999, <strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong><br />
débute son appui à CID. Composée<br />
d'un médecin généraliste et d'assistants<br />
sociaux, cette ONG déjà<br />
active depuis plusieurs années dans<br />
les quartiers défavorisés de Gwalior<br />
a recentré ses activités et développé<br />
de nouvelles stratégies pour lutter<br />
contre le travail <strong>des</strong> enfants.<br />
300 enfants<br />
Claude Visinand, collaborateur bénévole<br />
sur ce projet, témoigne de<br />
sa visite en début d'année : « Notre<br />
partenaire accompagne près de 300<br />
enfants. Il y a ceux qui travaillent<br />
sur <strong>des</strong> métiers à tisser verticaux<br />
au sein de leur famille, les filles aux<br />
côtés <strong>des</strong> mères. Il y a ceux qui, dès<br />
5h du matin, arpentent les rues pour<br />
ramasser les détritus et les revendre<br />
une fois triés : cartons, plastique,<br />
boîtes de conserves vi<strong>des</strong>. Certains<br />
fréquentent sporadiquement l'école<br />
Pour compléter le revenu familial insuffisant, les enfants travaillent.<br />
L'éducation, a plus long terme, leur permet d'accéder à <strong>des</strong> emplois mieux rémunérés.<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91 - août 2008<br />
© Inde, Jonas Nyffenegger
Les conditions d'éducation restent précaires.<br />
publique mais nécessitent un appui<br />
scolaire en fin de journée. Il y a enfin<br />
ceux qui accompagnent leurs parents<br />
dans les carrières de pierres, situées<br />
à l'extérieur de la ville. À eux les petites<br />
tâches au milieu <strong>des</strong> bennes et<br />
de la poussière. »<br />
Le problème de l'absentéisme<br />
CID a mis en place 9 centres d’éducation<br />
non formelle où les enfants<br />
sont scolarisés jusqu'à l'âge de 12<br />
ans. Ils y acquièrent les notions de<br />
base ou suivent <strong>des</strong> cours de révision,<br />
ils participent aussi à <strong>des</strong> activités<br />
récréatives. Un repas de midi leur<br />
est offert. Chaque centre possède<br />
deux classes où se répartissent une<br />
cinquantaine d’enfants. Les enseignants,<br />
motivés, s'investissent pour<br />
faire progresser leurs élèves. Une<br />
passerelle transitoire avant de les<br />
intégrer progressivement au système<br />
scolaire officiel gouvernemental...<br />
Car malgré la mauvaise réputation<br />
de l'école publique, le diplôme de<br />
fin de scolarité reste indispensable<br />
pour ensuite prétendre à un travail<br />
régulier.<br />
« Un <strong>des</strong> problèmes reste l'absentéisme.<br />
Si le père tombe malade, le<br />
garçon devra retourner au travail. Si<br />
la mère est malade, la grande sœur<br />
devra s'occuper <strong>des</strong> plus petits. Et<br />
pour les enfants dans les carrières de<br />
pierres, la question est encore différente<br />
: d'origine Adivasi (peuple de la<br />
forêt), ils viennent travailler là 6 à 8<br />
mois par année, vivant dans <strong>des</strong> chariots<br />
ou sous <strong>des</strong> tentes de fortune,<br />
avant de rejoindre leur village... Et<br />
rien n'assure que ce sont les mêmes<br />
qui reviendront l'année suivante »<br />
souligne Claude Visinand.<br />
Les familles partie prenante<br />
Des visites médicales régulières permettent<br />
d'assurer la bonne santé de<br />
ces enfants. Des liens soli<strong>des</strong> sont<br />
noués et entretenus avec les parents<br />
par les assistants sociaux. Ils les<br />
sensibilisent à la question du travail<br />
<strong>des</strong> enfants et les convainquent d'envoyer<br />
leurs enfants dans les structures<br />
d’accueil, qu'il s'agisse de garçons<br />
ou de filles. Au début, les familles<br />
recevaient une somme d'argent<br />
par enfant scolarisé ; aujourd'hui<br />
confiantes et convaincues, elles les<br />
envoient spontanément.<br />
Des spectacles de rue, <strong>des</strong> campagnes<br />
d'affichage, <strong>des</strong> défilés informent<br />
l'ensemble de la population<br />
de ces quartiers pauvres.<br />
Autres graines d'espoir pour Claude<br />
Visinand : l'image de Rahul qui, fort<br />
de son nouveau savoir, s'est occupé<br />
de la rédaction d'une demande d'emploi<br />
pour son père qui a trouvé un<br />
poste fixe. Ou de Sultana, qui a suivi<br />
les cours dans l'un <strong>des</strong> centres dès<br />
l'âge de 7 ans, malgré la méfiance de<br />
ses parents et la perspective d'un mariage<br />
arrangé à 15 ans... Aujourd'hui<br />
âgée de 16 ans, elle participe bénévolement<br />
au projet, monte <strong>des</strong> spectacles<br />
de marionnettes avec les plus<br />
jeunes. « Elle sait de quoi elle parle<br />
et cela touche les familles et le public,<br />
qui sont alors autrement motivés<br />
! ».<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91 - août 2008
1<br />
2<br />
3<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91 - août 2008<br />
4 5<br />
1. Une soixantaine de familles compose la Communauté de Mariana. / 2. Récolte de latex, sève de l'hévéa. / 3. De ces fruits du palmier sera tirée l'huile de palme,<br />
base de la cuisine de Bahia. / 4. Les routes tracées à travers la forêt tropicale sont peu praticables par temps de pluie et rendent difficile l'accès au marché ou<br />
aux étu<strong>des</strong>. / 5. Ces cabosses de cacaoyer contiennent <strong>des</strong> fèves, base du beurre de cacao et du chocolat. Ces arbustes poussent dans les sous-bois.<br />
TdH, Inde, Minou Khamsi
Brésil<br />
par Norberto Durães<br />
9<br />
Au pays du foot, l'agriculture<br />
écologique marque <strong>des</strong> buts<br />
La tactique de jeu de l'équipe du Sasop1 , partenaire de <strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong><br />
au Brésil, est de promouvoir une agriculture alternative, familiale et écologique.<br />
Le Brésil joue dans la cour <strong>des</strong> grands<br />
producteurs agricoles et doit une<br />
partie de sa prospérité actuelle au<br />
succès de son agriculture. La stratégie<br />
utilisée, l'agriculture industrielle,<br />
basée sur les gran<strong>des</strong> monocultures,<br />
la mécanisation, l'utilisation de produits<br />
chimiques et d'OGM, ainsi que<br />
l'exportation à grande échelle, génère<br />
<strong>des</strong> profits mais a pour conséquence<br />
directe la <strong>des</strong>truction <strong>des</strong> forêts, l'appauvrissement<br />
de la biodiversité et<br />
l'exploitation de la main-d'œuvre.<br />
Cette course aux bénéfices s'est aussi<br />
jouée au sud de l'Etat de Bahia, à<br />
Camamu, une région tropicale productrice<br />
de cacao et d'hévéa. Mais<br />
dans les années 80, un champignon,<br />
le balai de sorcière, a ruiné les grands<br />
propriétaires de monoculture de cacao.<br />
La faillite <strong>des</strong> patrons a poussé<br />
les ouvriers agricoles vers les bidonvilles,<br />
entraînant leur famille dans la<br />
misère.<br />
300 familles<br />
À partir <strong>des</strong> années 80-90, différents<br />
programmes nationaux de réforme<br />
agraire ont permis à de nombreuses<br />
familles paysannes d'accéder à leur<br />
propre lopin de terre. Avec deux alternatives<br />
: pratiquer la monoculture<br />
– parfois rentable, elle les rend à la<br />
fois dépendants <strong>des</strong> grands acheteurs<br />
et <strong>des</strong> prix fixés par le marché mondial<br />
ainsi que vulnérables dès l'arrivée<br />
d'une nouvelle maladie – ou diversifier<br />
leur production, intégrer <strong>des</strong><br />
techniques douces et respectueuses<br />
de l'environnement, produire pour<br />
l'auto-consommation, pour leur propre<br />
santé et sécurité alimentaire et<br />
vendre les surplus sur les marchés.<br />
Les deux agronomes et les deux techniciens<br />
de l'équipe du Sasop accompagnent<br />
les quelque 300 familles de<br />
6 communautés rurales de la région<br />
ayant opté pour le second modèle.<br />
Pour accompagner la démarche<br />
de ces paysans expérimentateurs,<br />
ex-paysans sans terre, l'appui technique,<br />
les formations et échanges<br />
proposés par le Sasop sont très importants,<br />
car il n'y a pas d'autre institution<br />
ou organe gouvernemental<br />
fournissant un tel service. En outre,<br />
le projet agro-écologique soude les<br />
communautés, leur donne un but<br />
commun, partagé par <strong>des</strong> militants<br />
d'autres Etats du Brésil avec qui ils<br />
échangent régulièrement leurs expériences.<br />
Les changements climatiques, le dé-<br />
Les champs foisonnants de Madame Deo<br />
A Dendara dos Palmares, l'une <strong>des</strong> communautés appuyées par le Sasop,<br />
l'agro-écologie pratiquée notamment par Mme Deo assure non seulement<br />
le respect de l'environnement, mais aussi une bonne productivité. Sur ses<br />
champs pousse une très grande diversité de végétaux, aliments et plantes<br />
médicinales, qui assurent l'alimentation et la santé de sa famille tout au<br />
long de l'année. Elle vend le surplus, obtenant ainsi un bénéfice supérieur<br />
à celui d'autres petits producteurs qui se dédient à la monoculture. Sa<br />
production de cacao est particulièrement bonne, car répartis au milieu<br />
d'autres espèces, ses plants sont rarement mala<strong>des</strong>.<br />
Mme Deo et sa famille ne dépendent pas uniquement du prix d'une production.<br />
Elle n'a pas de frais pour l'achat de produits phytosanitaires ou<br />
d'engrais. Sa situation est plus solide, sa famille moins vulnérable, ses<br />
champs de vrais jardins d'Eden, remplis de fruits, légumes, arbustes,<br />
herbes de tout genre. Ses animaux domestiques lui fournissent du fumier.<br />
Son exemple est suivi par un nombre croissant de paysans de la région. Il<br />
fait boule de neige dans la forêt tropicale.<br />
© TdH, Brésil, Norberto Durães
Retour de terrain<br />
10<br />
veloppement <strong>des</strong> agrocarburants, l'augmentation du prix<br />
<strong>des</strong> aliments, la déforestation, sont <strong>des</strong> sujets qui nous préoccupent<br />
tous, mais les jeux ne sont pas faits. La créativité<br />
<strong>des</strong> paysans du sud de Bahia, leur habilité et leur capacité<br />
à travailler en collectif pour dribbler les difficultés leur ont<br />
déjà permis de remporter une première manche et nous<br />
donnent l'espoir de voir l'humanité gagner le match de la<br />
sauvegarde de notre planète.<br />
Agro-écologie versus agro-industrie<br />
1 Le Sasop, Serviço de acessoria a organisações populares rurais, partenaire<br />
de <strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong> depuis 2002, améliore les conditions<br />
de vie de familles de paysans sans terre en valorisant la diversification<br />
<strong>des</strong> cultures, en sensibilisant la population à la préparation, à la conservation<br />
et au stockage <strong>des</strong> produits locaux qui servent tant à l'alimentation<br />
qu'à la fabrication de médicaments, en diffusant de nouvelles<br />
techniques agro-écologiques. Son programme de sécurité alimentaire<br />
touche <strong>des</strong> milliers de personnes.<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91 - août 2008<br />
Des jeunes issus <strong>des</strong> communautés rurales se<br />
spécialisent à l'Ecole Famille Agricole de Ilhéus<br />
Sandra, jeune<br />
étudiante à l'école<br />
familiale agricole<br />
Il y a 20 ans, les parents de Sandra<br />
ont lutté pour la création de<br />
la communauté rurale de Pimenteira, l'une <strong>des</strong> premières<br />
occupations issues de la réforme agraire du<br />
sud de Bahia.<br />
Entre la 5 e et 8 e année scolaire, Sandra a fréquenté<br />
l'Ecole Famille Agricole de Ilhéus, également partenaire<br />
du Sasop et de TdH, à 180 km de chez elle, où<br />
elle a suivi, en plus du cursus scolaire traditionnel,<br />
<strong>des</strong> cours d'agro-écologie. Grâce à cette formation,<br />
elle a contribué à l'introduction, dans sa communauté,<br />
de nouvelles techniques respectueuses de l'environnement<br />
: paillage, compost et fertilisants organiques,<br />
potager bio. De plus, elle a été la première à élever une<br />
chèvre à Pimenteira, animal qu'elle a obtenu gratuitement<br />
à l'école et qu'elle s'est engagée à rendre dès la<br />
première portée.<br />
Sandra aime la vie à la campagne et ne compte pas<br />
quitter sa communauté. Actuellement, elle poursuit<br />
ses étu<strong>des</strong> à Camamu, fait partie du groupe de jeunes<br />
agriculteurs agro-écologistes de sa région et participe<br />
à divers ateliers de formation agricole. Avant de fonder<br />
une famille, elle veut poursuivre <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> en technique<br />
agricole à Valense. Sandra milite avec le Sasop<br />
pour la création d'une Ecole Famille Agricole dans sa<br />
région. Peut-être y sera-t-elle un jour professeur ?
Interview<br />
par Souad von Allmen<br />
11<br />
La parole à...<br />
Riccardo Rodari<br />
version intégrale sur<br />
www.terre<strong>des</strong>hommes.ch<br />
Enseignant à la Haute Ecole de Travail Social de Genève, Riccardo Rodari a initié<br />
sa carrière en tant qu'éducateur. Une licence de psychologie et un diplôme en étu<strong>des</strong><br />
du développement l'ont conduit à travailler comme coopérant pendant près de huit<br />
ans au Pérou et au Tchad puis comme consultant en intervention psychosociale et en<br />
gestion de projets, en particulier au Brésil. Il a participé à l'étude sur la citoyenneté<br />
menée conjointement par <strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong> et la DDC dans 8 de nos projets<br />
(voir journal TdH 88).<br />
TdH: La citoyenneté se<br />
définit-elle différemment<br />
selon les pays étudiés?<br />
R.R. : Oui. En Europe, nous<br />
pensons plutôt la citoyenneté<br />
comme un concept universel,<br />
souvent lié à l’exercice<br />
<strong>des</strong> droits politiques.<br />
Dans les pays de l’étude, la<br />
définition qu’en donnent les<br />
gens dépend plus du contexte, du statut social et de<br />
la situation socio-économique. Au Sénégal et au Burkina<br />
Faso, la citoyenneté est liée à l'Etat qui est perçu<br />
comme une instance très éloignée <strong>des</strong> populations. En<br />
Bolivie, elle se conçoit en terme de devoir alors qu'au<br />
Brésil, le citoyen se définit comme un individu avec<br />
<strong>des</strong> droits reconnus: le droit à la parole, au respect, à<br />
une vie digne aussi.<br />
par TdH y participent activement dans l’espoir d’influencer<br />
positivement les politiques publiques.<br />
TdH : Qu'est-ce qu'une ONG comme <strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong><br />
<strong>Suisse</strong> peut amener avec une telle évaluation?<br />
R.R. : Cette démarche a permis de valoriser les efforts<br />
<strong>des</strong> personnes sur le terrain. Nos questions ont été très<br />
bien reçues de la part de nos interlocuteurs car elles<br />
démontraient l’intérêt de TdH pour leur travail. L’étude<br />
montre aussi qu’il existe <strong>des</strong> pratiques efficaces et significatives<br />
de promotion de la citoyenneté, et d’autres qui<br />
pourraient être améliorées. Elle peut aussi contribuer<br />
à la réflexion de TdH sur les réalités du terrain et sur<br />
l'évolution de son appui.<br />
© TdH, Brésil, Serge Ghinet / TdH, Sénégal<br />
TdH : Qu'est-ce qui vous a le plus marqué dans votre<br />
étude pratique au Brésil ?<br />
R.R.: J’ai été très touché par la volonté de changement,<br />
autant chez les personnes qui travaillent dans<br />
les projets que chez celles qui en bénéficient. Plusieurs<br />
m’ont dit que, s’il est normal de se plaindre<br />
lorsque l’on souffre, il faut s’employer à agir. Depuis<br />
quelques années, il existe de plus en plus<br />
d’instances consultatives sur le plan municipal<br />
et régional, parfois national. Créées soit sur<br />
décision <strong>des</strong> pouvoirs publics, soit grâce aux<br />
initiatives d’associations, ces instances sont<br />
<strong>des</strong> lieux où la société civile peut se faire entendre.<br />
Les acteurs <strong>des</strong> projets soutenus<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91 - août 2008
Sensibilisation <strong>des</strong> jeunes par Souad von Allmen<br />
12<br />
plus d’infos sur<br />
www.terre<strong>des</strong>hommes.ch<br />
rubrique actualité<br />
Pour une fois, soyez hors jeu !<br />
Au Musée d'ethnographie de Genève, l'exposition Hors jeu met en scène les différents<br />
aspects du football, sa magie comme ses dérives, et ce jusqu'en avril 2009. À<br />
cette occasion, <strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong> collabore avec le MEG et propose une animation<br />
sur le travail <strong>des</strong> enfants dans la production de ballons au Pakistan. Echos<br />
d'une visite de classe en juin dernier.<br />
© TdH, <strong>Suisse</strong>, Souad von Allmen © Martin Kunz FairDeal Trading<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91 - août 2008<br />
© TdH, Souad von Allmen<br />
Toutes les têtes se tournent vers la<br />
vitrine qui présente <strong>des</strong> photos de<br />
supporters nationalistes enragés,<br />
écharpe aux couleurs de leur équipe<br />
tenue à bout de bras, et d'un article<br />
de presse qui annonce l'assassinat<br />
d'un footballeur colombien après<br />
un but raté lors d'un match en 1994...<br />
À peine quelques minutes plus tard,<br />
une quarantaine de garçons et filles1<br />
shootent dans le ballon équitable<br />
<strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong> : un but<br />
pour les droits de l'enfant !<br />
En moins d'une heure d'une passionnante<br />
visite, les jeunes prennent<br />
conscience du rôle <strong>des</strong> équipes de<br />
football dans la construction <strong>des</strong><br />
identités. Ils réalisent également<br />
que c'est seulement parce que l'autre<br />
existe que le jeu peut se mener, et<br />
donc du message de tolérance, de<br />
respect, de rapprochement entre les<br />
peuples qui pourrait exister si le foot<br />
n'était pas noyé sous les pressions<br />
commerciales, instrumentalisé au<br />
profit de différents pouvoirs.<br />
« J'ai appris beaucoup de choses<br />
dans cette visite, que 75% <strong>des</strong> ballons<br />
sont faits au Pakistan. Nous avons<br />
essayé d'en coudre quelques pièces<br />
et c'était pas simple ! » raconte Elisa.<br />
« Les enfants pauvres font 3 ballons<br />
par jour, ils mettent 8 à 9 heures à les<br />
faire et ils ne gagnent que 50 centimes<br />
par ballon ; (ils travaillent) parce que<br />
les parents ne gagnent pas assez d'argent<br />
» enchaîne Laura. « J'ai appris<br />
que les enfants d'un autre pays pauvre<br />
cousaient <strong>des</strong> ballons aussi vite<br />
que l'éclair, mais qu'ils ne faisaient<br />
jamais de foot » ajoute Mohamed.<br />
(ndlr : les jeunes pakistanais jouent<br />
au criquet et non au football !)<br />
Cette animation avec les jeunes permet<br />
alors, une aiguille à la main, de<br />
parler plus généralement <strong>des</strong> droits<br />
de l'enfant, du droit aux loisirs, du<br />
commerce équitable, du travail <strong>des</strong><br />
enfants, de l'accès à l'éducation.<br />
Sur grand écran tourne en boucle de<br />
belles actions de jeu ; la poésie, la magie<br />
du football, ça existe aussi ! Sport<br />
populaire par excellence, moyen de<br />
sortir de la pauvreté pour certains,<br />
c'est aussi, derrière l'écran <strong>des</strong> apparences,<br />
le règne de l'argent, <strong>des</strong> pressions<br />
médiatiques, la tricherie, les dérives<br />
de la médecine, le nationalisme<br />
et la violence. « Dans le foot comme<br />
dans la société, tout se consomme,<br />
y compris l'être humain ». Pour Eli-<br />
Louise : « Ce qui m'a touchée, c'est<br />
que les femmes de ces joueurs de foot<br />
sont utilisées comme un produit de<br />
vente ou tout simplement comme<br />
une chose qu'on montre, un objet<br />
d'exposition ». Et Julie de conclure :<br />
« Au début ça ne m'intéressait pas<br />
vraiment, mais derrière le foot, il y a<br />
toute une histoire ».<br />
1 Classes de 5P d'Hester Diddens Santos / Bernadette<br />
Gros, et M. Magnin / Jean-Luc Schneuwly<br />
de l'école Pré-Picot.<br />
L'exposition est ouverte<br />
jusqu'au 26 avril 2009.<br />
Les classes intéressées<br />
peuvent prendre directement<br />
contact avec le MEG.
Le coin du Sud 13<br />
jeu<br />
recette<br />
Moqueca de peixe au<br />
pays du foot<br />
Le Yoté,<br />
les cailloux sauteurs<br />
© TdH, illustrations, Caroline Bachmann<br />
Ce jeu d'Afrique de l'Ouest est conçu<br />
pour deux joueurs. Autrefois réservé<br />
aux adultes, il est aujourd'hui pratiqué<br />
par toutes les générations sur un damier<br />
de 5x6 cases.<br />
Chaque joueur possède douze pions<br />
et cherche à capturer ceux de l'adversaire.<br />
Au départ chacun tient ses pions<br />
dans la main. À tour de rôle, il peut<br />
soit en placer un sur n'importe quelle<br />
case libre, soit déplacer horizontalement<br />
ou verticalement d'une case l'un<br />
de ses pions déjà placé. Pour capturer<br />
un pion adverse, il faut sauter par <strong>des</strong>sus<br />
(jamais en diagonale).<br />
Originalité, à chaque capture, on élimine<br />
un pion supplémentaire choisi<br />
n'importe où sur le terrain.<br />
Le yoté peut être simplement tracé<br />
sur un bout de carton et joué avec<br />
<strong>des</strong> cailloux.<br />
pour 4 personnes<br />
• 1,2 kg de poisson à chair ferme,<br />
en tranches ou filets<br />
• 3-4 tomates<br />
• 2 poivrons rouges<br />
• 2 citrons verts<br />
• 2 gousses d'ail écrasées<br />
• 2 oignons<br />
• 4 branches de coriandre<br />
• 0,5 dl d’huile de palme<br />
(ou mélange d'huiles)<br />
• 1,5-2 dl de lait de coco<br />
• sel et poivre du moulin<br />
Déposer le poisson dans un plat prévu<br />
pour le four. Répartir <strong>des</strong>sus l'ail, le<br />
sel, le poivre et le jus de citron. Emincer<br />
l'oignon, couper les tomates et les<br />
poivrons en fines tranches et disposer<br />
sur le poisson. Ajouter la coriandre<br />
hachée, arroser avec l'huile et le lait<br />
de coco. Couvrir d'un papier d'aluminium<br />
et cuire à 180°C pendant 25<br />
min. Servir avec du riz.<br />
Bom proveito!<br />
cd<br />
Rythmes métissés<br />
avec Soha<br />
De parents sahraoui d'Algérie, Soha<br />
« garde en héritage cet esprit nomade,<br />
ce besoin de liberté, d'indépendance,<br />
ce tempérament de feu ».<br />
Née à Marseille dans une famille<br />
nombreuse aux goûts musicaux éclectiques,<br />
elle nous offre <strong>des</strong> morceaux<br />
choisis de sa voix chaude aux accents<br />
de rythmes latinos, de reggae et de<br />
jazz. Reflet d'un métissage, elle est<br />
d'ici et d'ailleurs.<br />
À découvrir absolument!<br />
Soha, d'ici et d'ailleurs,<br />
octobre 2007<br />
Voir www.soha.fr<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91 - août 2008
Infos<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91 - août 2008<br />
Nouveau site www.solidarcomm.ch<br />
Afin d'offrir une plus grande visibilité à la campagne solidarcomm,<br />
un nouveau site Internet a été créé. On y trouve<br />
notamment un schéma expliquant le fonctionnement de<br />
la campagne en un clin d'œil, <strong>des</strong> réponses à toutes les<br />
questions que vous pouvez vous poser, ainsi que <strong>des</strong> liens<br />
pour approfondir les thématiques du recyclage ou de la<br />
fracture numérique. solidarcomm : c'est 5 francs versés<br />
à <strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong> pour chaque portable récupéré.<br />
Cet argent contribue au financement de projets de<br />
développement en Afrique, Amérique latine et Asie. Pour<br />
participer, il suffit de déposer votre ancien portable dans<br />
un magasin Swisscom ! (TG)<br />
Exposition de photos TdH dans les FNAC<br />
Magnifiques photos prises par Jonas Nyffenegger dans<br />
un projet appuyé par TdH à Gwalior, en Inde : « enfants<br />
travailleurs, l'espoir ». Ce projet de lutte contre le travail<br />
<strong>des</strong> enfants a été soutenu par la Fnac pour un montant<br />
de 25 000 francs, grâce à l'action de Noël 2006-07.<br />
• du 2 au 23 septembre, Fnac de Rive, Genève<br />
• du 1 er septembre au 19 octobre, Fnac de Fribourg<br />
• du 1 er décembre au 2 janvier, Fnac de Lausanne<br />
Félicitations d'une lectrice<br />
« Bravo pour votre journal qui m'enchante. Une fois de<br />
plus, je le regarde et reçois, l'écoutant, tout ce qu'il dit.<br />
C'est une magnifique réussite. Impossible de rester indifférent,<br />
de baisser les bras. L'espoir fuse. On n'a qu'une envie :<br />
aller de l'avant à vos côtés. » nous écrit, parmi d'autres,<br />
Mme S. C. A. à Cologny, Genève. Ces encouragements<br />
soutiennent nos efforts, merci à vous de nous lire !<br />
La photo insolite<br />
Des fleurs de baobab, ici au Mali. Considéré comme sacré<br />
dans de nombreuses cultures, le baobab pourrait atteindre<br />
2000 ans. Sa circonférence impressionnante peut aller<br />
jusqu'à 38m, sa hauteur ne dépasse en général pas 23m.<br />
Ses fruits contiennent <strong>des</strong> centaines de graines dont on<br />
extrait une huile alimentaire. Grillées, elles remplacent<br />
aisément celles du café. On les utilise également pour<br />
fabriquer <strong>des</strong> engrais et <strong>des</strong> savons. La pulpe <strong>des</strong> fruits<br />
(pain de singe), riche en vitamines C et B1, est utilisée<br />
pour la fabrication de boissons réputées astringentes et<br />
de remè<strong>des</strong> efficaces en cas de diarrhée. Les racines et<br />
les pousses <strong>des</strong> jeunes plants sont consommées comme<br />
<strong>des</strong> asperges.<br />
Au Sénégal, on fabrique aussi le lalo en pulvérisant les<br />
feuilles séchées. Le lalo, riche en calcium et en fer, est<br />
ensuite intégré à différents mets. (SJ)<br />
©TdH, Mali © Inde, Jonas Nyffenegger<br />
© www.solidarcomm.ch
Ça vous intéresse ! par Christiane Bruttin<br />
15<br />
Plus d'infos sur www.zewo.ch/<br />
version_f/pdf/patenschaften_f.pdf<br />
Parrainage : un engagement qui fait la différence<br />
C’est souvent à l’occasion de catastrophes naturelles ou autres événements très médiatisés<br />
que <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> de parrainages individuels affluent à notre secrétariat.<br />
Partant d’un bon sentiment, ce type de soutien offre pourtant plus d’avantages à<br />
l’organisation qui le propose qu’à l’enfant qui en bénéficie.<br />
L’enfant instrumentalisé à <strong>des</strong> fins commerciales<br />
Il est vrai que le parrainage individuel est celui qui génère le plus de dons. D’une redoutable efficacité publicitaire,<br />
il n’offre pourtant, comparativement aux autres parrainages, collectifs ou thématiques, aucun avantage particulier<br />
pour le bénéficiaire. Il s’agit avant tout d’une technique de marketing qui profite surtout à l’organisation qui utilise<br />
l’image de l’enfant comme produit d’appel. Il est contraire aux différents code éthiques établis par les organisations<br />
sur l’utilisation de l’image de l’enfant. Le parrainage individuel entraîne également une augmentation <strong>des</strong> frais<br />
administratifs pour l’organisation, exactement ce que la donatrice ou le donateur cherche à éviter dans sa démarche.<br />
De plus, il s'agit parfois de publicité mensongère lorsque les fonds sont finalement affectés à un projet ou à un<br />
groupe. Précisons pour terminer qu'aucune organisation détentrice du label zewo ne gère de parrainages individuels<br />
d’enfants et que toutes désapprouvent ce genre de soutiens.<br />
Pour un enfant parrainé, combien sont délaissés ?<br />
Dans un souci de protection de l’enfant, <strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong> n’a jamais, au cours de son histoire, proposé de tels<br />
parrainages, consciente <strong>des</strong> disparités qu’une telle situation peut engendrer entre enfants parrainés et non parrainés<br />
au sein d’un même groupe. De plus, les liens directs entre marraines ou parrains et enfants suscitent de nombreuses<br />
attentes qui ne peuvent être satisfaites. Et que de déceptions ajoutées au sentiment d’abandon lorsque le parrainage<br />
prend fin. Bien sûr, il existe <strong>des</strong> expériences individuelles positives, autant de gouttes dans un océan de besoins.<br />
À vous de choisir, consciemment<br />
Le parrainage collectif ou thématique vise une démarche de développement sur le moyen et le long terme, et profite<br />
ainsi à plusieurs enfants, en cohérence avec les engagements de <strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong> pour <strong>des</strong> changements<br />
durables qui ont un impact sur l’ensemble d’une communauté ou d’une région. Ces enjeux sont souvent ignorés par<br />
les personnes qui désirent souscrire un parrainage. Et souvent, en ayant pris conscience de ces débats, la donatrice<br />
ou le donateur s'engage pour un parrainage collectif ou thématique qui tient tout autant compte de son souci d’aide<br />
ciblée et concrète.<br />
Nous profitons de l’occasion pour remercier tous nos parrains et marraines qui nous soutiennent fidèlement et qui<br />
nous permettent de tenir année après année nos engagements financiers auprès de nos bénéficiaires et partenaires.<br />
Souscrivez un parrainage thématique sur www.terre<strong>des</strong>hommes.ch / parrainage<br />
ou au 022 736 36 36 ou par courrier au 31 ch. Frank-Thomas, 1223 Cologny<br />
Je m'engage pour<br />
un parrainage :<br />
Parrainage général<br />
Droits de l'enfant<br />
Petite enfance<br />
Education<br />
Enfants travailleurs<br />
Enfants en régions rurales<br />
• Fréquence <strong>des</strong> versements:<br />
mensuel trimestriel semestriel annuel<br />
• Promesse par versement: .......... francs<br />
• Prénom...........................................................................<br />
• Nom.................................................................................<br />
• Adresse...........................................................................<br />
...........................................................................................<br />
• NPA / Localité.................................................................<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91 - août 2008
Manifestation par Sarah Jermann<br />
16<br />
Inscription en ligne<br />
www.marchedelespoir.ch<br />
tél. 022 737 36 28 / fax 022 736 15 10<br />
Marche de l'espoir le 12 octobre<br />
Le 2e dimanche d'octobre 2008 aura lieu à Genève la 17 e Marche de l'espoir de <strong>Terre</strong> <strong>des</strong><br />
<strong>Hommes</strong>. Du Quai du Mont-Blanc au Jardin botanique, l'occasion vous sera offerte d'aider<br />
concrètement <strong>des</strong> enfants défavorisés d'Inde et du Népal.<br />
La Marche de l'espoir est née du désir de se mobiliser<br />
pour un monde plus juste, en misant sur <strong>des</strong> notions telles<br />
que la volonté, l'entraide et l'engagement personnel.<br />
L'action est simple, et il suffit parfois de quelques pas<br />
pour mettre en œuvre de gran<strong>des</strong> réalisations. Au total,<br />
plus de 5400 personnes se sont retrouvées l'an dernier,<br />
sous un soleil éclatant, pour partager ce moment de<br />
convivialité et récolter 574 000 francs en faveur d'enfants<br />
défavorisés de Bolivie. « Le vrai miracle n'est pas<br />
de marcher sur les eaux ni de voler dans les airs : il est de<br />
marcher sur la terre » disait Houei Neng, un bouddhiste<br />
chinois du 8 e siècle.<br />
Ensemble, redonnons du sens à l'enfance!<br />
Cette année, l'accent est mis sur l'Inde et le Népal où tant<br />
d'enfants se voient privés de leur jeunesse. Les exemples<br />
ne manquent pas : Bura, 12 ans et Karishma, 10 ans, se<br />
lèvent à 5 heures du matin pour aller récolter <strong>des</strong> déchets<br />
dans les décharges, matériaux récupérés qu'ils iront revendre<br />
le soir pour aider leurs parents à subvenir aux<br />
besoins de la famille. Par l'intermédiaire de l'un <strong>des</strong> 9<br />
centres soutenus par TdH en Inde, ils ont l'opportunité<br />
de fréquenter l'école quelques heures par jour et de rattraper<br />
leur retard scolaire, comme environ 300 autres<br />
enfants (voir pp. 6-7). Une<br />
partie de l'argent récolté sera<br />
également versé à un hôpital<br />
à Katmandou, au Népal, qui l'an dernier a soigné, suivi<br />
et réhabilité 1100 enfants.<br />
Informations pratiques<br />
La Marche aura lieu le dimanche 12 octobre 2008. Le<br />
départ officiel sera signifié par le traditionnel lâcher de<br />
ballons sur le Quai du Mont-Blanc à 11 heures, mais pensez<br />
à vous présenter aux stands de retrait du ballon un<br />
peu à l'avance ! Les nouvelles inscriptions sont ouvertes<br />
sur place dès 9h30. Vous pouvez démarrer votre marche<br />
de solidarité tout au long de l'après-midi, les kilomètres<br />
sont comptabilisés jusqu'à 17h30.<br />
L'ambiance sera festive : animations pour enfants, musique,<br />
danses et délices culinaires indiens sont au rendez-vous.<br />
Nagez solidaire avec « Genève nage 24 heures » !<br />
Du 11 au 12 octobre 2008 a lieu à la piscine <strong>des</strong> Vernets<br />
la 23 e édition de « Genève nage 24 heures » organisée<br />
par Carouge-Natation. Depuis plusieurs années en collaboration<br />
avec <strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong>, les participants<br />
peuvent nager selon le même principe que pour la<br />
Marche : chaque bassin parcouru est sponsorisé par les<br />
parrains et marraines que le participant aura mobilisés<br />
autour de lui. L'an dernier, 1426 participants ont récolté<br />
33 000 francs pour les enfants boliviens ! Pour plus d’informations<br />
: www.carouge-natation.com<br />
terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91 - août 2008<br />
© TdH, <strong>Suisse</strong>, Genève