1 2 3 terre <strong>des</strong> hommes suisse n°91 - août 2008 4 5 1. Une soixantaine de familles compose la Communauté de Mariana. / 2. Récolte de latex, sève de l'hévéa. / 3. De ces fruits du palmier sera tirée l'huile de palme, base de la cuisine de Bahia. / 4. Les routes tracées à travers la forêt tropicale sont peu praticables par temps de pluie et rendent difficile l'accès au marché ou aux étu<strong>des</strong>. / 5. Ces cabosses de cacaoyer contiennent <strong>des</strong> fèves, base du beurre de cacao et du chocolat. Ces arbustes poussent dans les sous-bois. TdH, Inde, Minou Khamsi
Brésil par Norberto Durães 9 Au pays du foot, l'agriculture écologique marque <strong>des</strong> buts La tactique de jeu de l'équipe du Sasop1 , partenaire de <strong>Terre</strong> <strong>des</strong> <strong>Hommes</strong> <strong>Suisse</strong> au Brésil, est de promouvoir une agriculture alternative, familiale et écologique. Le Brésil joue dans la cour <strong>des</strong> grands producteurs agricoles et doit une partie de sa prospérité actuelle au succès de son agriculture. La stratégie utilisée, l'agriculture industrielle, basée sur les gran<strong>des</strong> monocultures, la mécanisation, l'utilisation de produits chimiques et d'OGM, ainsi que l'exportation à grande échelle, génère <strong>des</strong> profits mais a pour conséquence directe la <strong>des</strong>truction <strong>des</strong> forêts, l'appauvrissement de la biodiversité et l'exploitation de la main-d'œuvre. Cette course aux bénéfices s'est aussi jouée au sud de l'Etat de Bahia, à Camamu, une région tropicale productrice de cacao et d'hévéa. Mais dans les années 80, un champignon, le balai de sorcière, a ruiné les grands propriétaires de monoculture de cacao. La faillite <strong>des</strong> patrons a poussé les ouvriers agricoles vers les bidonvilles, entraînant leur famille dans la misère. 300 familles À partir <strong>des</strong> années 80-90, différents programmes nationaux de réforme agraire ont permis à de nombreuses familles paysannes d'accéder à leur propre lopin de terre. Avec deux alternatives : pratiquer la monoculture – parfois rentable, elle les rend à la fois dépendants <strong>des</strong> grands acheteurs et <strong>des</strong> prix fixés par le marché mondial ainsi que vulnérables dès l'arrivée d'une nouvelle maladie – ou diversifier leur production, intégrer <strong>des</strong> techniques douces et respectueuses de l'environnement, produire pour l'auto-consommation, pour leur propre santé et sécurité alimentaire et vendre les surplus sur les marchés. Les deux agronomes et les deux techniciens de l'équipe du Sasop accompagnent les quelque 300 familles de 6 communautés rurales de la région ayant opté pour le second modèle. Pour accompagner la démarche de ces paysans expérimentateurs, ex-paysans sans terre, l'appui technique, les formations et échanges proposés par le Sasop sont très importants, car il n'y a pas d'autre institution ou organe gouvernemental fournissant un tel service. En outre, le projet agro-écologique soude les communautés, leur donne un but commun, partagé par <strong>des</strong> militants d'autres Etats du Brésil avec qui ils échangent régulièrement leurs expériences. Les changements climatiques, le dé- Les champs foisonnants de Madame Deo A Dendara dos Palmares, l'une <strong>des</strong> communautés appuyées par le Sasop, l'agro-écologie pratiquée notamment par Mme Deo assure non seulement le respect de l'environnement, mais aussi une bonne productivité. Sur ses champs pousse une très grande diversité de végétaux, aliments et plantes médicinales, qui assurent l'alimentation et la santé de sa famille tout au long de l'année. Elle vend le surplus, obtenant ainsi un bénéfice supérieur à celui d'autres petits producteurs qui se dédient à la monoculture. Sa production de cacao est particulièrement bonne, car répartis au milieu d'autres espèces, ses plants sont rarement mala<strong>des</strong>. Mme Deo et sa famille ne dépendent pas uniquement du prix d'une production. Elle n'a pas de frais pour l'achat de produits phytosanitaires ou d'engrais. Sa situation est plus solide, sa famille moins vulnérable, ses champs de vrais jardins d'Eden, remplis de fruits, légumes, arbustes, herbes de tout genre. Ses animaux domestiques lui fournissent du fumier. Son exemple est suivi par un nombre croissant de paysans de la région. Il fait boule de neige dans la forêt tropicale. © TdH, Brésil, Norberto Durães