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VISITE DE LA MANUFACTURE DE TAPISSERIE DE BEAUVAIS ...

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<strong>VISITE</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>MANUFACTURE</strong> <strong>DE</strong> <strong>TAPISSERIE</strong> <strong>DE</strong> <strong>BEAUVAIS</strong><br />

Visiter la Manufacture de Tapisserie de Beauvais,<br />

c’est effectuer un voyage dans le temps et dans l’espace…<br />

Un retour dans le passé car les métiers à tisser que le groupe de l’APHG a pu voir fonctionner sont à<br />

l’initiative de Colbert …et un bond dans l’espace puisque ces métiers sont désormais installés dans<br />

les anciens abattoirs de la ville.<br />

> RENAISSANCE <strong>DE</strong> L’ACTIVITE MANUFACTURIERE <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>TAPISSERIE</strong> <strong>BEAUVAIS</strong>IENNE<br />

La Manufacture de Tapisserie de Beauvais est depuis la<br />

fin des années 1980, installée dans les anciens abattoirs<br />

municipaux. Les métiers à tisser ont judicieusement pris leur<br />

place dans la structure de la bâtisse, se glissant dans ce que<br />

furent les box, les écuries et les abattoirs du XIXème siècle.<br />

Ainsi la reprise de l’activité textile a permis de réhabiliter le<br />

patrimoine architectural et manufacturier de Beauvais.<br />

La Manufacture nationale de la Tapisserie occupe les<br />

anciens abattoirs de la ville.<br />

. L’ancienne manufacture qui était plus proche du centre ville, a<br />

été bombardée en juin 1940 : comme pour beaucoup de<br />

monuments, il ne restait plus que la façade. Les métiers et les<br />

lissiers ont alors été évacués à Aubusson puis remontés aux<br />

Gobelins où l’on produisait « des tapis de haute et basse lisse »<br />

ainsi que de « la Savonnerie », c'est-à-dire les tapis ras.<br />

. La manufacture s’inscrit dans un double projet. En 1964,<br />

André Malraux avait émis l’idée de créer une « Galerie<br />

nationale de la Tapisserie » à Beauvais afin d’exposer les<br />

grandes tentures de la cathédrale. Un atelier de démonstration<br />

de tissage devait occuper et animer la galerie. Ce musée a été<br />

inauguré en 1976 par V. Giscard d’Estaing. Il ne restait plus<br />

qu’à trouver de la place pour les métiers en activité, ce qui fut<br />

fait aux anciens abattoirs, près de la gare. A l’intérieur de la<br />

bâtisse une plaque rappelle son inauguration en 1989 par F.<br />

Mitterrand.<br />

Façade de l’entrée de la Manufacture. Les verrières<br />

de la toiture offrent une parfaite lumière pour<br />

travailler<br />

La Manufacture de Tapisserie de Beauvais est une<br />

manufacture nationale qui dépend de l’Etat et du Ministère de la<br />

Culture. Tout ce qui y est produit entre dans les collections de<br />

l’Etat français ou est destiné aux expositions d’Art contemporain<br />

du musée. Ce n’est qu’exceptionnellement que la nature des<br />

commandes varie. Ainsi certaines commandes sont encore<br />

royales comme celles de la reine Margrethe du Danemark.<br />

Les productions beauvaisiennes entrent donc dans le décor des<br />

ambassades, des ministères et sont inventoriées au Mobilier<br />

national. La Manufacture a encore un beau carnet de<br />

commandes car elle tisse selon l’art d’aujourd’hui, pour l’art<br />

contemporain, en adaptant les cartons des créateurs actuels.<br />

Mais le travail se fait à la main comme à l’époque de Colbert.<br />

1


LES ORIGINES …avec Louis et Jean-Baptiste…<br />

…Comme le constatait Pierre Goubert, « la moitié des Beauvaisiens vivait directement du textile et<br />

l’autre moitié ne s’en désintéressait pas ». Depuis le Moyen Age et sous l’Ancien Régime, Beauvais<br />

comme beaucoup d’autres villes septentrionales de la France, vivait d’une importante activité textile avec<br />

de nombreux « métiers battants ». Son travail de la laine et la réputation de sa draperie entraient en<br />

concurrence avec d’autres villes comme Amiens, Reims, Rouen et Elbeuf. Jusqu’en 1635, ses principaux<br />

débouchés étaient avant tout Paris, les régions au nord de la Loire, les Flandres et les Pays-Bas<br />

espagnols.<br />

Mais en 1664, « un Edict du Roy pour l’établissement des Manufactures royales de tapisseries de<br />

haute et de basse lice en la ville de Beauvais » permet de développer et de spécialiser l’activité textile.<br />

Colbert accorde de nombreux avantages et privilèges à cette nouvelle Manufacture royale de Tapisserie<br />

qui appartient à Louis Hinart. La Manufacture royale est construite le long des remparts de la ville et de la<br />

rivière du Thérain. Pour former des apprentis-lissiers, Hinart a le droit de recruter en Flandre une centaine<br />

d’ouvriers. Mais l’entreprise connaît des difficultés et son propriétaire se ruine dans la construction des<br />

bâtiments. Il est remplacé par Béhagle de Tournai qui reçoit la visite de Louis XIV en 1686. De grandes<br />

tentures sont tissées comme Les Actes des Apôtres d’après Raphaël pour décorer la Chapelle Sixtine.<br />

Mais Beauvais se fait surtout une réputation grâce aux *verdures des grandes tapisseries.<br />

C’est sous Louis XV, que la Manufacture connaît sa plus belle période créatrice. Elle est dirigée par le<br />

peintre Jean-Baptiste Oudry (nom d’une rue de Beauvais). De grandes pièces sont réalisées mais<br />

l’innovation réside dans la production des « tapisseries pour sièges » assorties aux tentures.<br />

Au XIXème siècle, Viollet le Duc réalise des cartons pour de futures tapisseries. Sont conçus également<br />

des objets d’ameublement comme des paravents et des ensembles mobiliers. Dans les années 1930,<br />

Emile Gaudissart réalise le canapé « les fleurs » et en 1936, la Manufacture dépend du Mobilier national et<br />

de la Manufacture des Gobelins. De même, c’est aux Gobelins que les lissiers sont formés en quatre ans.<br />

Depuis, Beauvais s’adapte toujours. Ce sont désormais les œuvres des artistes contemporains dont on<br />

tisse les motifs. Les réalisations les plus connues sont celles de Matisse : « Le Ciel » reproduit huit fois, de<br />

Le Corbusier, de Picasso et de Jean Lurçat.<br />

> <strong>DE</strong>S CARTONS, <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>LA</strong>INE ET <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> PATIENCE …<br />

> « SUR LE METIER, REMETTEZ VOTRE OUVRAGE »… ou petite étude de cas…<br />

. La manufacture est à la fois un atelier, un atelier d’art, un « musée » ouvert au public et le siège<br />

administratif de tout travail.<br />

Une commission décide d’acheter un *carton ou de faire faire un carton afin de reproduire une œuvre. Le<br />

carton peut-être acheté à l’artiste ou réalisé en collaboration avec celui-ci. Sa réalisation prend en compte<br />

les adaptations techniques pour tisser l’œuvre qui n’était pas nécessairement destinée à devenir une<br />

tapisserie. Puis il est affiché près du métier, derrière les tisserands.<br />

. C’est le cas actuellement du « Collage au petit cœur » de l’artiste André-Pierre Arnal. Le carton qui est<br />

suspendu dans l’un des box est à la taille de la future tapisserie, soit 2,97m x 1,99m. La difficulté de<br />

l’œuvre réside dans les effets à rendre : superpositions et transparence des couleurs, impressions de<br />

collage et de tissus déchirés.<br />

. Une fois le carton arrêté, les lissiers réalisent un échantillon avec un nuancier qui reprend les différentes<br />

teintes. Du temps de Colbert l’atelier de teinture était établi le long du Thérain, maintenant les laines<br />

proviennent d’Australie et les colorants sont synthétiques. Puis, les fils de laine sont enroulés autour des<br />

flûtes (navettes).<br />

. Si aux Gobelins, on utilise la haute lisse, c'est-à-dire un métier vertical, à Beauvais, c’est la technique de<br />

la basse lisse : le métier est horizontal avec à chaque extrémité deux rouleaux en bois entre lesquels se<br />

déroulent et s’enroulent les fils de chaîne. Les lissiers travaillent par deux sur chaque métier et en<br />

appuyant sur les pédales, ils séparent un fil sur deux pour que la flûte avec sa laine de couleur puisse<br />

glisser pour former les fils de trame. En dessous des fils de chaîne, un calque (agrandissement<br />

photographique du carton) permet de réaliser les motifs. Avec un peigne en métal ou plus rarement en<br />

ivoire on tasse la laine.<br />

2


…Donc un travail d’artiste complexe : l’endroit est sous la<br />

chaîne. Glissé entre les fils de chaîne, un petit miroir permet<br />

de voir la réalité. Le tissage se fait à l’envers. « L’endroit est<br />

donc à l’envers ». C’est aussi un travail de patience : en<br />

moyenne, chaque œuvre demande un travail d’un an.<br />

Lorsque l’ouvrage « tombe du métier », le « chef de pièce »<br />

qui est responsable de l’œuvre la reprend, puis une<br />

couturière assure les finitions et arrête les fils…..enfin<br />

l’œuvre peut être exposée ….<br />

Les anciens box à bestiaux des abattoirs ont été<br />

aménagés pour recevoir les métiers à tisser.<br />

> MA<strong>DE</strong> IN <strong>BEAUVAIS</strong><br />

. Toutes les tapisseries qui sortent de la manufacture sont<br />

identifiées par trois initiales :<br />

MNB : Manufacture Nationale de Beauvais….<br />

Galerie de la Tapisserie au pied de la cathédrale de<br />

Beauvais<br />

Récemment, la dizaine de lissiers a travaillé pour des<br />

artistes contemporains comme…<br />

- Klaus Rinke connu pour « Amateurs d’art, je vis et meurs<br />

pour vous ».<br />

- Christian Bonnefoi : « Hypérion IV »<br />

- Pierre Alechinsky pour le fauteuil « Lavande » que l’on<br />

peut retrouver dans l’exposition « Gobelins par nature,<br />

éloge de la Verdure, XIVème - XXIème siècle » jusqu’au 19<br />

janvier 2014 dans la Galerie des Gobelins à Paris.<br />

* carton : modèle sur papier de la tapisserie à produire.<br />

* verdure : reproduction d’une volumineuse fresque de verdure, de feuillages qui encadre le motif central de la<br />

tapisserie….spécialité de Beauvais.<br />

3

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