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M01 : le protestantisme dans

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Compte rendu des visites des temp<strong>le</strong>s de Monneaux à Essômes et de celui de Château Thierry<br />

Visite réalisée par <strong>le</strong> président de la société historique de Château Thierry, Jean Pierre<br />

Champenois.<br />

Il retrace en premier lieu l'histoire du <strong>protestantisme</strong> <strong>dans</strong> la région de Château Thierry.<br />

La première figure sur laquel<strong>le</strong> il revient est Guillaume Briçonnet. En 1516, il est nommé évêque de<br />

Meaux. Auparavant,il est évêque de Lodève, fait des études de théologie et est abbé de Saint<br />

germain des près. C'est <strong>dans</strong> cette abbaye qu'il réunit autour de lui des théologiens et qu'il crée un<br />

groupe d'intel<strong>le</strong>ctuel de réf<strong>le</strong>xion, notamment sur la situation catastrophique de l'Église catholique.<br />

Il a fait passer des examens aux prêtres de Meaux qui ont révélé que ces derniers n'avaient aucune<br />

connaissance en théologie et frôlaient l'analphabétisme. Il entreprend alors la réforme du diocèse en<br />

faisant venir ses amis de Saint Germain des près, dont Lefevre d'Etap<strong>le</strong>s, c'est <strong>le</strong> Cénac<strong>le</strong> de Meaux.<br />

En ayant traduit <strong>le</strong>s évangi<strong>le</strong>s en français, Briçonnet a été condamné.<br />

En 1545/1546, il existait donc à Meaux une Église réformée structurée comme Toulouse, <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>.<br />

Ils se réunissaient chez Étienne Mangin (ils furent surpris par <strong>le</strong>s forces de l'ordre et un autodafé<br />

en octobre 1546 fit 14 morts).<br />

La principa<strong>le</strong> source est l'Histoire ecclésiastique des Églises réformées au Royaume de France de<br />

Théodore de Bèze.<br />

Étienne Pouillot fuit Meaux après cet épisode pour la Fère en tardenois où il fait du prosélytisme et<br />

des conversions. Il est ensuite arrêté à Paris.<br />

Le premier refuge est Genève. Cinq mil<strong>le</strong> protestants ont fui à Genève (sur une population de 15000<br />

habitants à Genève à l'époque). Un registre était tenu par la vil<strong>le</strong>, ce qui permet de voir qu'une<br />

vingtaine de réfugiés provenaient de Château Thierry, d'Essômes ou de la Fère en Tardenois. Ils<br />

étaient artisan, imprimeur.<br />

Au milieu du XVIème on peut dire que <strong>le</strong>s protestants sont dispersés et minoritaires.<br />

Jean Pierre Champenois revient ensuite sur <strong>le</strong>s origines de Monneaux.<br />

Monneaux est el<strong>le</strong> liée à la fuite des protestants de Meaux?<br />

La paroisse d'Essômes regroupe <strong>le</strong> village de Vaux et Morcourt qui dépend de l'abbaye des Clarisses<br />

de Nogent l'Artaud et qui a vendu ses droits seigneuriaux sur <strong>le</strong>s trois villages.<br />

A Provins, il existe un prieur Pierre Picherel, originaire de la Ferté sous Jouare qui fut consultant au<br />

colloque de Poissy en tant que théologien catholique. Dans <strong>le</strong>s années 1560, il commence à faire sa<br />

propre théologie en étant influencé par Luther et Calvin. Il a converti au <strong>protestantisme</strong> des moines<br />

d'Essômes.<br />

La principa<strong>le</strong> source est Mémoires Claude Haton un prêtre catholique de Provins du XVIème sièc<strong>le</strong>.<br />

Le contexte est ensuite marqué par <strong>le</strong>s guerres de religion, de 1562 à 1598, date de l'Edit de Nantes.<br />

Pour l'anecdote, <strong>le</strong> prince de Condé, Louis, qui était chef de fi<strong>le</strong> du <strong>protestantisme</strong> pendant <strong>le</strong>s<br />

guerres de religion avait un pasteur qui aurait célébré un baptême luthérien. A ce moment, <strong>le</strong>s<br />

seigneurs protestants procèdent au culte chez eux. Néanmoins, <strong>le</strong>s sources sont peu nombreuses à ce<br />

sujet.<br />

En 1567, la vil<strong>le</strong> de Soissons est prise par <strong>le</strong>s protestants. Le prieuré clunisien de Poincy (5km de<br />

Soissons) offre un catalogue de reliques établi à la suite d'un pillage semb<strong>le</strong> t'il.


L'année 1591 marque la prise du château à Château Thierry, <strong>le</strong> 11 avril jusqu'en 1594. La ligue avec<br />

<strong>le</strong> duc de Guise était arrivé par l'Ouest. La population s'était réfugiée <strong>dans</strong> <strong>le</strong> château qui se rend<br />

ensuite. Le couvent des Cordeliers avait été alors incendié. Henri IV établit une clause en 1594 qui<br />

amnistie la population sous réserve de ne procéder à aucune célébration protestante. L'édit de<br />

Nantes confirme cette clause. Ce dernier accorde aussi un budget pour <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s protestantes<br />

comme par exemp<strong>le</strong> Saumur et accorde des places fortes, surtout <strong>dans</strong> <strong>le</strong> Midi (et à Grand Rozoy,<br />

commune près de Soissons). Il autorise <strong>le</strong>s cultes protestants. L'Édit précise <strong>le</strong>s modalités du culte<br />

(un grand seigneur peut procéder au culte devant 30 personnes, un petit seigneur devant 15<br />

personnes). Il instaure <strong>le</strong> fait d'avoir uniquement deux lieux de culte <strong>dans</strong> chaque bailliage.<br />

Au début du XVIIème, il ne reste plus que l'Eglise réformée de Nogentel. Il existe un seigneur<br />

protestant qui peut célébrer <strong>le</strong> culte chez lui. Son fils Isaac de Nogentel est devenu pasteur de<br />

Nogentel, et acceuil<strong>le</strong> des personnes de Monneaux.<br />

Après sa mort et une discussion sur la réalisation de litres seigneuria<strong>le</strong>s à son effigie, <strong>le</strong> temp<strong>le</strong> de<br />

Nogentel fut détruit après un arrêt du par<strong>le</strong>ment de Paris en 1681.<br />

Sous Louis XIV, <strong>le</strong> <strong>protestantisme</strong> est régi par un régime presbytaro synodal. (presbytaro qui<br />

signifie qu'il y a un un conseil d'Ancien, et synodal signifie que chaque église est indépendante <strong>dans</strong><br />

sa gestion, même <strong>dans</strong> <strong>le</strong> dogme, mais el<strong>le</strong> doit se conférer aux décisions des synodes provinciaux<br />

ou nationaux). En 1559, a lieu <strong>le</strong> premier synode national. (cf. Le synode est inférieur au colloque<br />

qui est la réunion de plusieurs Églises).<br />

A Nogentel, il existe un lieu de culte avec pasteur et conseil des Anciens.<br />

Les archives de Monneaux ont été détruites suite au bombardement de 1918 lors de la première<br />

guerre mondia<strong>le</strong>. Seuls seuls quelques actes civils ont été recopiés par un historien.<br />

En 1680/1685, ont lieu <strong>le</strong>s dragonnades mais on peut penser que <strong>le</strong> diocèse de Soissons a été<br />

épargné par par <strong>le</strong>s brimades. Il n'y a pas eu de fortes persécutions à Monneaux, même si Monneaux<br />

est un noyau dur du <strong>protestantisme</strong>(environ 95% de protestants).<br />

Lors de la révocation de l'Édit de Nantes, <strong>le</strong> culte devient clandestin (sur Monneaux, avec<br />

notamment l'évangéliste de Vervins Gardien Givry, <strong>le</strong> culte se faisait sous couvert des officiels de<br />

Château Thierry).<br />

La période 1685-1789 est peu documentée.<br />

Les protestants du Nord de la France pouvaient al<strong>le</strong>r se baptiser et se faire confirmer à l'ambassade<br />

de Hollande (alors calviniste). Un registre était tenu sur <strong>le</strong>quel figure plusieurs centaines de<br />

personnes de Monneaux, <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s années 1750 notamment. Les protestants se déplaçaient alors à<br />

pieds.<br />

Les actes de baptême des enfants permettent à partir d'une précision de savoir s'il s'agit de baptêmes<br />

protestants ou catholiques: si la précision parents mariés en légitime mariage, alors il s'agissait d'un<br />

baptême catholique. Les mariages protestants avaient lieu devant un notaire ou à l'ambassade<br />

hollandaise ou belge. A la fin du règne de Louis XVI, l'Édit de Tolérance maintient <strong>le</strong>s anciennes<br />

interdictions. Le culte reste interdit, <strong>le</strong>s professions de militaire ou <strong>le</strong>s emplois publics restent<br />

interdits éga<strong>le</strong>ment. Par contre, par cet édit, un vrai registre civil est à présent tenu.<br />

1770 est la date du dernier pasteur mort en prison. Il n'y a plus de persécutions à la fin du<br />

XVIIIème. En 1778, l'Église de Monneaux est refondée avec un règ<strong>le</strong>ment et un conseil des<br />

Anciens.<br />

Avec la révolution française, <strong>le</strong> <strong>protestantisme</strong> est toléré par <strong>le</strong> biais de la DDHC.


Dans <strong>le</strong>s villages, 90% des vignerons sont protestants. Le trafic de boisson est important. Ils vont<br />

alors poursuivre <strong>le</strong> « fisc » qui demandait une taxe pour l'entrée à l'intérieur des fortifications, sauf<br />

que la vil<strong>le</strong> de Château Thierry est à l'extérieur de la fortification. Le recours en justice <strong>le</strong>ur permet<br />

de percevoir un gain, avec <strong>le</strong>quel ils construisent un temp<strong>le</strong>.<br />

L'inauguration a lieu en juil<strong>le</strong>t 1793. Il a fallu <strong>le</strong> meub<strong>le</strong>r. (achat de meub<strong>le</strong>s de la chapel<strong>le</strong> de<br />

l'Hôtel Dieu de Château Thierry qui fermait). L'orgue acheté à cette occasion et qui datait de 1647 a<br />

échappé en partie aux bombardements de 1918 et est conservé et exposé aujourd'hui à la mairie<br />

d'Essômes.<br />

Son premier pasteur fut Jean Baptiste Hervieux qui avait fait son séminaire à Lausanne. Pendant la<br />

Terreur, il a tenu des propos royalistes à Melun qui lui ont valu d'être dénoncé. Il a été ensuite<br />

condamné et guillotiné.<br />

Au début du XIXème, <strong>le</strong> premier consul Bonaparte veut réorganiser <strong>le</strong>s Églises. Les accords entre<br />

l'Église catholique et <strong>le</strong> Vatican règ<strong>le</strong> la position de l'église catholique quant à la loi organique, el<strong>le</strong><br />

règ<strong>le</strong> la question pour <strong>le</strong>s calvinistes et <strong>le</strong>s luthériens.<br />

C'est alors la création des églises consistoria<strong>le</strong>s qui doivent s'étendre uniquement sur un<br />

département, mais il faut au moins 6000 protestants. Le problème du nombre se pose alors <strong>dans</strong><br />

l'Aisne, on rattache donc la Seine et Marne. Le siège de cette église est Meaux. (el<strong>le</strong> regroupe<br />

l'Aisne, la Seine et Marne, Amiens, Lil<strong>le</strong> et Sedan). El<strong>le</strong> n'a quasi jamais fonctionné.<br />

En 1829, une demande est faite pour que l'église soit scindée en deux, une à Saint Quentin et l'autre<br />

à Meaux (avec Châteaux Thierry et Monneaux).<br />

Cependant, il n'y a pas de pasteur à Monneaux. On procède alors à un appel d'offre.<br />

Un pasteur est nommé mais face à son salaire trop é<strong>le</strong>vé, <strong>le</strong>s autorités ne <strong>le</strong> conservent pas. Il a tenu<br />

des grandes paroisses en France puis il est parti en Amérique du Sud.<br />

Le second pasteur nommé est Pierre Laval qui vient du Sud de la France. Il a réalisé son séminaire à<br />

Lausanne. On peut noter cependant qu'il n'a pas tenu <strong>le</strong>s registres civils durant son exercice.<br />

La source principa<strong>le</strong> <strong>le</strong> concernant est la Vie de Pierre Laval publié en 1911.<br />

En 1863, <strong>le</strong> clocher de Monneaux est construit . On introduit de nombreux termes <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

<strong>protestantisme</strong>:<br />

conseil presbytéral<br />

paroisse<br />

Vient ensuite <strong>le</strong> pasteur Char<strong>le</strong>s Vallotton qui est d'origine suisse. Il a fait parti d'un mouvement qui<br />

souhaitait à terme la séparation des Églises et de l'État. L'unique sermon en notre possession est<br />

incompréhensib<strong>le</strong>.<br />

Des sources concernent éga<strong>le</strong>ment un jeune pasteur nommé A.Tintelin, qui est ordonné à<br />

Monneaux. Il est en lien avec un événement survenu à Troissy (un curé iracib<strong>le</strong> qui s'était mis la<br />

population à dos). La population de Troissy a débarqué à Monneaux, demandant au pasteur de<br />

célébrer <strong>le</strong> culte <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur vil<strong>le</strong>. Fut alors créée une communauté néo protestante à Troissy qui a<br />

fonctionné jusque <strong>le</strong>s années 1950.<br />

En 1905, la loi de séparation donne lieu à un inventaire des édifices religieux qui est fait sous<br />

contrô<strong>le</strong> d'une personne représentant l'ordre.<br />

Suite à cette loi, <strong>le</strong> pasteur devait être payé par <strong>le</strong>s habitants. El<strong>le</strong> donna lieu éga<strong>le</strong>ment à la création<br />

d'une fédération protestante de France avec deux courants:<br />

courant libéral, venu d'Al<strong>le</strong>magne qui souhaite une <strong>le</strong>cture critique de la Bib<strong>le</strong><br />

courant évangélique qui prône la <strong>le</strong>cture stricte de la Bib<strong>le</strong>


Lors de la première guerre mondia<strong>le</strong>, Monneaux est endommagé. A Château Thierry, <strong>le</strong> centre vil<strong>le</strong><br />

est très détruit, ainsi que <strong>le</strong>s maisons autour de l'hôtel de vil<strong>le</strong>.<br />

En 1917, <strong>le</strong>s forces américaines sont nombreuses. Ce sont <strong>le</strong>s aides américaines qui permettront de<br />

reconstruire <strong>le</strong> temp<strong>le</strong>, qui sera à nouveau opérationnel en 1919.<br />

Le temp<strong>le</strong> de Château Thierry<br />

A Château, il existe une vingtaine de protestants qui prient <strong>dans</strong> une sal<strong>le</strong> de prières à côté du<br />

château.<br />

Après la première guerre mondia<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s E.U ont la volonté d'édifier une église mémoriel<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s<br />

victimes américaines de la guerre. Ils achètent alors une terre en ruine près du centre vil<strong>le</strong>. (<strong>le</strong><br />

problème de la population est que cette terre qui va servir à édifier <strong>le</strong> temp<strong>le</strong> se trouve juxtaposé à<br />

l'hôtel de vil<strong>le</strong>)<br />

Paul Philippe Cret est l'architecte (il est éga<strong>le</strong>ment à l'origine du monument américain sur <strong>le</strong>s<br />

hauteurs de Château Thierry).<br />

Le propriétaire du bâtiment est l'Église nationa<strong>le</strong>. Le sty<strong>le</strong> est néo gothique, <strong>le</strong> goût américain de<br />

l'époque. Il est inscrit aux monuments historiques.<br />

Aucune archive n'a été retrouvée sur la construction du temp<strong>le</strong> et sur la réalisation des vitraux. Par<br />

contre, on sait qui est à l'origine du dessin des vitraux latéraux: Eugène Burdan, un peintre suisse<br />

qui avait illustré des parabo<strong>le</strong>s.<br />

Compte-rendu rédigé par Isabel<strong>le</strong> Mangin.

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