1. Saint-Placide 8 points Priez pour nous Saint-Germain-des-Prés ...
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<strong>1.</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Placide</strong> 8 <strong>points</strong><br />
<strong>Priez</strong> <strong>pour</strong> <strong>nous</strong><br />
<strong>Saint</strong>-<strong>Germain</strong>-<strong>des</strong>-Prés<br />
<strong>Priez</strong> <strong>pour</strong> <strong>nous</strong><br />
<strong>Saint</strong>-Denis<br />
<strong>Priez</strong> <strong>pour</strong> <strong>nous</strong><br />
Notre-Dame-de-Lorette<br />
<strong>Priez</strong> <strong>pour</strong> <strong>nous</strong><br />
Trinité<br />
<strong>Saint</strong>e Trinité<br />
<strong>Priez</strong> <strong>pour</strong> <strong>nous</strong><br />
<strong>Saint</strong>-Lazare<br />
<strong>Priez</strong> <strong>pour</strong> <strong>nous</strong><br />
<strong>Saint</strong>-Antoine<br />
<strong>Priez</strong> <strong>pour</strong> <strong>nous</strong><br />
<strong>Saint</strong>-Paul<br />
<strong>Priez</strong> <strong>pour</strong> <strong>nous</strong><br />
Notre-Dame-<strong>des</strong>-Champs<br />
<strong>Priez</strong> <strong>pour</strong> <strong>nous</strong><br />
<strong>Saint</strong>-Georges<br />
<strong>Priez</strong> <strong>pour</strong> <strong>nous</strong><br />
Madeleine<br />
<strong>Saint</strong>e Marie-Madeleine<br />
<strong>Priez</strong> <strong>pour</strong> <strong>nous</strong><br />
- Et Réaumur, mon père ? Et Marboeuf ? Et Nation ?<br />
André Salmon<br />
2. Les ponts jouent à saute-mouton, 6 <strong>points</strong><br />
Sur le fleuve aux reflets blonds.<br />
Danse de pierre sur tapis d’eau,<br />
Des géants traversent les flots.<br />
L’heure s’effeuille et s’effiloche<br />
A la lenteur <strong>des</strong> péniches.<br />
Passe un bateau fleuri,<br />
Traîne de poésie.<br />
Rolande Causse<br />
3. 12 <strong>points</strong><br />
Qui est là<br />
toujours là dans la ville<br />
et qui <strong>pour</strong>tant sans cesse arrive<br />
et qui <strong>pour</strong>tant sans cesse s’en va<br />
C’est un fleuve répond un enfant<br />
un devineur de devinettes<br />
Et puis l’œil brillant il ajoute<br />
Et le fleuve s’appelle la Seine<br />
quand la ville s’appelle Paris<br />
et la Seine c’est comme une personne<br />
Des fois elle court elle va très vite<br />
elle presse le pas quand tombe le soir<br />
Des fois au printemps elle s’arrête<br />
et vous regarde comme un miroir<br />
et elle pleure si vous pleurez<br />
ou sourit <strong>pour</strong> vous consoler<br />
et toujours elle éclate de rire<br />
quand arrive le soleil d’été<br />
Jacques Prévert<br />
4. 8 <strong>points</strong><br />
Paris est tout petit<br />
c’est là sa vraie grandeur<br />
Tout le monde s’y rencontre<br />
Les montagnes aussi<br />
Même un beau jour l’une d’elles<br />
Accoucha d’une souris<br />
Alors en son honneur<br />
Les jardiniers tracèrent<br />
Le parc Montsouris<br />
C’est là sa vraie grandeur<br />
Paris est tout petit<br />
Jacques Prévert
5. 18 <strong>points</strong><br />
C’est la parade <strong>des</strong> grands monuments<br />
Tour Eiffel Notre-Dame<br />
La foule va et vient baguenaude <strong>des</strong> Champs-Elysées<br />
à la Défense.<br />
Elle flâne du côté de l’Ecole militaire<br />
où les beaux zouaves ont laissé la place<br />
aux embouteillages.<br />
Dans les voitures il y a <strong>des</strong> gens qui habitent<br />
dans de gran<strong>des</strong> tours le long <strong>des</strong> grands boulevards<br />
et qui achètent mille choses dans de grands magasins<br />
et puis vont flâner le long <strong>des</strong> quais<br />
<strong>pour</strong> oublier les fumées <strong>des</strong> usines<br />
qui polluent la Seine<br />
et tuent les légumes dans les jardins de banlieue.<br />
Sous les gran<strong>des</strong> gares – Gare de Lyon – Gare d’Austerlitz - Gare<br />
du Nord – Gare de l’Est – Gare Montparnasse<br />
Le métro conduit aux musées<br />
où derrière les vitrines lumineuses<br />
la reine Karomama sourit avec ses lèvres orientales<br />
et <strong>des</strong> jeunes filles rêveuses<br />
vont acheter à la FNAC un album plein de photographies<br />
de dieux et d’idoles qu’elles contemplent avec <strong>des</strong> yeux tristes<br />
de somnambules urbaines.<br />
André Laude<br />
6. 6 <strong>points</strong><br />
Moi dit la cathédrale je voudrais être coureur à pied <strong>pour</strong><br />
pouvoir lâcher mes béquilles<br />
Moi dit le pont je voudrais être suspendu <strong>pour</strong> pouvoir sauter<br />
à la corde<br />
Moi dit l’imagination je voudrais être riche <strong>pour</strong> pouvoir<br />
emmener L’Anselme en vacances<br />
Moi dit la Seine je voudrais être mer <strong>pour</strong> avoir <strong>des</strong> enfants<br />
qui jouent dans le sable<br />
Jean L’Anselme<br />
7. 18 <strong>points</strong><br />
A Paris<br />
Quand un amour fleurit<br />
Ça fait pendant <strong>des</strong> semaines<br />
Deux cœurs qui se sourient<br />
Tout ça parce qu’ils s’aiment<br />
A Paris<br />
Au printemps<br />
Sur les toits les girouettes<br />
Tournent et font les coquettes<br />
Avec le premier vent<br />
Qui passe indifférent, nonchalant<br />
Car le vent<br />
Quand il vient à Paris<br />
N’a plus qu’un seul souci<br />
C’est d’aller musarder<br />
Dans tous les beaux quartiers<br />
De Paris<br />
Le soleil<br />
Qui est son vieux copain<br />
Est aussi de la fête<br />
Et comme deux collégiens<br />
Ils s’en vont en goguette<br />
Dans Paris<br />
Et la main dans la main<br />
Ils vous regardant en chemin<br />
Si Paris a changé<br />
Francis Lemarque<br />
8. 6 <strong>points</strong><br />
Par la Seine un hippopotame<br />
S’en vint un jour jusqu’à Paname.<br />
Il <strong>des</strong>cendit dans le métro,<br />
Changea même à Trocadéro<br />
Mais quand il fut à la Concorde,<br />
Il s’écria: «Miséricorde !»<br />
Et par la Porte <strong>des</strong> Lilas<br />
S’en alla.<br />
Jean-Luc Moreau
9. 12 <strong>points</strong><br />
Pour toi mon amour<br />
Je suis allé au marché aux oiseaux<br />
Et j'ai acheté <strong>des</strong> oiseaux<br />
Pour toi<br />
Mon amour<br />
Je suis allé au marché aux fleurs<br />
Et j'ai acheté <strong>des</strong> fleurs<br />
Pour toi<br />
Mon amour<br />
Je suis allé au marché à la ferraille<br />
Et j'ai acheté <strong>des</strong> chaînes<br />
De lour<strong>des</strong> chaînes<br />
Pour toi<br />
Mon amour<br />
Et je suis allé au marché aux esclaves<br />
Et je t'ai cherchée<br />
Mais je ne t'ai pas trouvée<br />
Mon amour Jacques Prévert<br />
10. 12 <strong>points</strong><br />
Mais oui, je suis une girafe<br />
M’a raconté la tour Eiffel.<br />
Et si ma tête est dans le ciel,<br />
C’est <strong>pour</strong> mieux brouter les nuages,<br />
Car ils me rendent éternelle.<br />
Mais j’ai quatre pieds bien assis<br />
Dans une courbe de la Seine.<br />
On ne s’ennuie pas à Paris.<br />
Les femmes, comme <strong>des</strong> phalènes,<br />
Les hommes, comme <strong>des</strong> fourmis,<br />
Glissent sans fin entre mes jambes<br />
Et les fous, les plus ingambes,<br />
Montent et <strong>des</strong>cendent le long<br />
De mon cou comme <strong>des</strong> frelons.<br />
La nuit, je lèche les étoiles.<br />
Et si l’on m’aperçoit de loin<br />
C’est que très souvent j’en avale<br />
Une sans avoir l’air de rien.<br />
1<strong>1.</strong> 6 <strong>points</strong><br />
La nuit, un gardien se réveille en sursaut, il a entendu du bruit.<br />
Mais il murmure en souriant : «Ce n’est rien, le fou rire de la<br />
Joconde, ça la prend de temps en temps.»<br />
Et se rendort tout content.<br />
Jacques Prévert<br />
12. 8 <strong>points</strong><br />
Des milliers et <strong>des</strong> milliers d’années<br />
Ne sauraient suffire<br />
Pour dire<br />
La petite seconde d’éternité<br />
Où tu m’as embrassé<br />
Où je t’ai embrassée<br />
Un matin dans la lumière de l’hiver<br />
Au parc Montsouris à Paris<br />
A Paris<br />
Sur la Terre<br />
La Terre qui est un astre<br />
Jacques Prévert<br />
13. 15 <strong>points</strong><br />
Je <strong>des</strong>cendais la rue Soufflot, quel âge avais-je, vingt-deux ans,<br />
Sur les arbres du Luxembourg, la tour Eiffel au soleil couchant<br />
Semblait faite de verre blond et poussiéreux,<br />
Je ne recherche aucun détail, je crois voir briller <strong>des</strong> yeux,<br />
Qui j’ai rencontré m’apparaît, la scène profonde se rouvre,<br />
Le soleil du soir me guide de la Contrescarpe au Louvre,<br />
Les cafés s’allument, je ferme un livre,<br />
Je sens le délice et le supplice de vivre,<br />
Les lumières font partout <strong>des</strong> espaces magiques,<br />
L’amour inconnu se montre dans cette rouge musique,<br />
Et le silence, le désert de la chambre où je rentrais tard,<br />
Cette lampe que j’avais, phare de tous les départs,<br />
Rien n’a sombré, tout grandit jusqu’au miroir de décembre,<br />
Sur l’avenir s’ouvre toujours l’ancienne chambre.<br />
Henri Thomas<br />
Maurice Carême
14. 20 <strong>points</strong><br />
A Denfert-Rochereau<br />
Sur son socle là-haut<br />
Un lion très comme il faut<br />
Surveille les autos<br />
Du matin jusqu’au soir<br />
Il fait plaisir à voir<br />
Image du devoir<br />
C’est un lion sans histoires<br />
Quand le temps est au beau<br />
Le lion fait du vélo<br />
Quand le temps est à l’eau<br />
Il fait du pédalo<br />
Il va voir ses amis<br />
Les chevaux de Marly<br />
Les lionceaux et les lions<br />
Place de la Nation<br />
Au milieu de la nuit<br />
Le lion bâille et s’ennuie<br />
Il saute de son socle<br />
Il chausse son binocle<br />
Il prend son parapluie<br />
Et disparaît sans bruit<br />
Dans les rues de Paris<br />
La nuit les lions sont gris<br />
Il revient au matin<br />
D’un pas plus incertain<br />
Il ôte son binocle<br />
Il saute sur son socle<br />
Et devient aussitôt<br />
Un lion très comme il faut<br />
Immobile là-haut<br />
A Denfert-Rochereau<br />
Comme un vieux Parisien<br />
Le lion va le lion vient<br />
Personne n’en sait rien<br />
Mais en écoutant bien<br />
On entend tout là-haut<br />
A Denfert-Rochereau<br />
Le gros lion qui ronronne<br />
Jacques Charpentreau Ne le dis à personne<br />
15. 12 <strong>points</strong><br />
C’est place de la Concorde à Paris<br />
qu’un enfant assis au bord <strong>des</strong> fontaines<br />
entre pas à pas au cœur de la nuit<br />
fraîche comme l’eau claire <strong>des</strong> fontaines<br />
Un enfant de nuit de rêve d’espoir<br />
qui voudrait pouvoir lutter sans répit<br />
contre son sommeil <strong>pour</strong> apercevoir<br />
ses rêves de nuit venir à la vie<br />
Toutes les voitures avec leurs phares<br />
toutes les voitures tracent <strong>pour</strong> lui<br />
<strong>des</strong> lignes de feu flottant dans la nuit<br />
comme de longs fils de vierges où Paris<br />
retient son cœur ses rêves ses espoirs<br />
Jacques Charpentreau<br />
16. 8 <strong>points</strong><br />
Immense et rouge<br />
Au-<strong>des</strong>sus du Grand Palais<br />
Le soleil d’hiver apparaît<br />
Et disparaît<br />
Comme lui mon cœur va disparaître<br />
Et tout mon sang va s’en aller<br />
S’en aller à ta recherche<br />
Mon amour<br />
Ma beauté<br />
Et te trouver<br />
Là où tu es.<br />
Jacques Prévert<br />
17. 12 <strong>points</strong><br />
C’est Paris ce théâtre d’ombres que je porte<br />
Mon Paris qu’on ne peut tout à fait m’avoir pris<br />
Pas plus qu’on ne peut prendre à <strong>des</strong> lèvres leurs cris<br />
Que n’aura-t-il fallu <strong>pour</strong> m’en mettre à la porte<br />
Arrachez-moi le cœur vous y verrez Paris<br />
C’est de ce Paris-là que j’ai fait mes poèmes<br />
Mes mots ont la couleur étrange de ses toits<br />
La gorge <strong>des</strong> pigeons y roucoule et chatoie<br />
J’ai plus écrit de toi Paris que de moi-même<br />
Et plus que de vieillir souffert d’être sans toi.<br />
Louis Aragon
18. 18 <strong>points</strong><br />
Je n’aime plus la rue <strong>Saint</strong>-Martin<br />
Depuis qu’André Platard l’a quittée.<br />
Je n’aime plus la rue <strong>Saint</strong>-Martin<br />
Je n’aime rien, pas même le vin.<br />
Je n’aime plus la rue <strong>Saint</strong>-Martin<br />
Depuis qu’André Platard l’a quittée.<br />
C’est mon ami, c’est mon copain.<br />
Nous partagions la chambre et le pain.<br />
Je n’aime plus la rue <strong>Saint</strong>-Martin.<br />
C’est mon ami, c’est mon copain.<br />
Il a disparu un matin.<br />
Ils l’ont emmené, on ne sait plus rien.<br />
On ne l’a plus revu dans la rue <strong>Saint</strong>-Martin.<br />
Pas la peine d’implorer les saints,<br />
<strong>Saint</strong> Merri, Jacques, Gervais et Martin<br />
Pas même Valérien qui se cache sur la colline.<br />
Le temps passe, on ne sait rien.<br />
André Platard a quitté la rue <strong>Saint</strong>-Martin.<br />
Robert Desnos<br />
19. 6 <strong>points</strong><br />
Chanson de la Seine<br />
La Seine a de la chance<br />
elle n'a pas de soucis<br />
elle se la coule douce<br />
le jour comme la nuit<br />
et elle sort de sa source<br />
tout doucement sans bruit<br />
et sans faire de mousse<br />
sans sortir de son lit<br />
elle s'en va vers la mer<br />
en passant par Paris<br />
Jacques Prévert<br />
20. 6 <strong>points</strong><br />
Si le roi m’avait donné<br />
Paris, sa grand’ ville,<br />
Et qu’il me fallût quitter<br />
L’amour de ma mie,<br />
Je dirais au roi Henri :<br />
Reprenez votre Paris,<br />
J’aime mieux ma mie,<br />
Ô gué<br />
J’aime mieux ma mie.<br />
Molière<br />
2<strong>1.</strong> 20 <strong>points</strong><br />
Le Rat de ville et le Rat <strong>des</strong> champs<br />
Autrefois le Rat de ville<br />
Invita le Rat <strong>des</strong> champs,<br />
D'une façon fort civile,<br />
A <strong>des</strong> reliefs d'Ortolans.<br />
Sur un Tapis de Turquie<br />
Le couvert se trouva mis.<br />
Je laisse à penser la vie<br />
Que firent ces deux amis.<br />
Le régal fut fort honnête,<br />
Rien ne manquait au festin ;<br />
Mais quelqu'un troubla la fête<br />
Pendant qu'ils étaient en train.<br />
A la porte de la salle<br />
Ils entendirent du bruit :<br />
Le Rat de ville détale ;<br />
Son camarade le suit.<br />
Le bruit cesse, on se retire :<br />
Rats en campagne aussitôt ;<br />
Et le citadin de dire :<br />
Achevons tout notre rôt.<br />
- C'est assez, dit le rustique ;<br />
Demain vous viendrez chez moi :<br />
Ce n'est pas que je me pique<br />
De tous vos festins de Roi ;<br />
Mais rien ne vient m'interrompre :<br />
Je mange tout à loisir.<br />
Adieu donc ; fi du plaisir<br />
Que la crainte peut corrompre.<br />
Jean de La Fontaine
22. LOUISE (extraits) 12 <strong>points</strong><br />
- La canneuse’, rac’modeuse de chai’s<br />
- Marchand d’chiffons, ferraill’ à vendre !<br />
- Artichaux, <strong>des</strong> gros artichaux … à la tendress’ … en v’là <strong>des</strong> gros,<br />
<strong>des</strong> boen beaux !<br />
- Du mouron <strong>pour</strong> les p’tits oiseaux !<br />
- V’là d’la carotte, elle est bell’, v’là d’la carotte !<br />
Ah ! chanson <strong>des</strong> Paris où vibre et palpite mon âme. Naïfs et vieux<br />
refrains du faubourg qui s’éveille, aube sonore qui réjouit mon<br />
oreille !<br />
Cris de Paris …. Voix de la rue !<br />
Gustave Charpentier<br />
23. CRIS DE PARIS 6 <strong>points</strong><br />
On n’entend plus guère le repasseur de couteaux<br />
Le réparateur de porcelaines le rempailleur de chaises<br />
On n’entend plus guère que les radios qui bafouillent<br />
Des tourne-disques <strong>des</strong> transistors et <strong>des</strong> télés<br />
Ou bien encore le faible aïeaïe ouille ouille<br />
Que pousse un piéton écrasé<br />
Raymond Queneau<br />
24. LE MATIN DES OISEAUX 10 <strong>points</strong><br />
A l’approche du matin,<br />
Il se fait une dispute<br />
Dans les arbres de Paris<br />
Le moineau de Montparnasse<br />
Dit : « C’est le jour d’ojord’hui »<br />
Le merle du Luxembourg<br />
Dit « Messieurs, voici le jour »<br />
La chouette de Montsouris,<br />
Par la lumière chassée,<br />
Pleure, pleure : « Hui ! Hui ! Hui ! »<br />
Comment disent, loin d’ici,<br />
Les rossignols de village<br />
Qui parlent toute la nuit ?<br />
Jean Tardieu<br />
25. 8 <strong>points</strong><br />
LE PETIT PEUPLE DES STATUES<br />
Le petit peuple <strong>des</strong> statues<br />
Du jardin <strong>des</strong> Tuileries<br />
Est un petit peuple de nudistes<br />
Ces messieurs et ces dames<br />
Se mettent volontiers à poil<br />
Bien qu’il y ait là <strong>des</strong> enfants<br />
et <strong>des</strong> touristes à l’âme pure<br />
et les pigeons chient <strong>des</strong>sus<br />
sur le petit peuple <strong>des</strong> statues<br />
Raymond Queneau<br />
26. 8 <strong>points</strong><br />
LE COUCHER DE SOLEIL<br />
Quand le Soleil du soir parcourt les Tuileries<br />
Et jette l’incendie aux vitres du château,<br />
Je suis la Grande Allée et ses deux pièces d’eau<br />
Tout plongé dans mes rêveries<br />
Et de là, mes amis, c’est un coup d’œil fort beau<br />
De voir, lorsqu’à l’entour la nuit répand son voile<br />
Le coucher du Soleil, riche et mouvant tableau,<br />
Encadré dans l’Arc de Triomphe !<br />
Gérard de Nerval<br />
27. 15 <strong>points</strong><br />
NOTRE-DAME DE PARIS<br />
Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être<br />
Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ;<br />
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher<br />
Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde,<br />
Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde<br />
Rongera tristement ses vieux os de rocher !<br />
Bien <strong>des</strong> hommes, de tous les pays de la terre<br />
Viendront, <strong>pour</strong> contempler cette ruine austère,<br />
Rêveurs, et relisant le livre de Victor :<br />
-Alors ils croiront voir la vieille basilique,<br />
Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique,<br />
Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort !<br />
Gérard de Nerval
28. 15 <strong>points</strong><br />
SONNET SUR PARIS<br />
Un amas confus de maisons,<br />
Des crottes dans toutes les rues,<br />
Ponts, églises, palais, prisons,<br />
Boutiques bien ou mal <strong>pour</strong>vues ?<br />
Force gens noirs, blancs, roux, grisons,<br />
Des pru<strong>des</strong>, <strong>des</strong> filles perdues,<br />
Des meurtres et <strong>des</strong> trahisons,<br />
Des gens de plume aux mains crochues ;<br />
Maint poudré qui n’a pas d’argent,<br />
Maint homme qui craint le sergent,<br />
Maint fanfaron qui toujours tremble,<br />
Page, laquais, voleurs de nuit,<br />
Carosses, chevaux et grand bruit,<br />
C’est là Paris. Que vous en semble ?<br />
Paul Scaron<br />
29. 15 <strong>points</strong><br />
Dans chaque rue<br />
Plus parcourue<br />
La foule accrue<br />
Grossit tout à coup :<br />
Grands, valetaille,<br />
Vieillards, marmaille,<br />
Bourgeois, canaille,<br />
Abondent partout.<br />
Ah ! quelle cohue !<br />
Ma tête est perdue, Moulue et fendue ;<br />
Où donc me cacher ?<br />
Jamais mon oreille<br />
N’eut frayeur pareille …<br />
Tout Paris s’éveille …<br />
Allons <strong>nous</strong> coucher.<br />
Marc-Antoine Desaugiers<br />
30. 20 <strong>points</strong><br />
Le Pont Mirabeau<br />
Sous le pont Mirabeau coule la Seine<br />
Et nos amours<br />
Faut-il qu'il m'en souvienne<br />
La joie venait toujours après la peine<br />
Vienne la nuit sonne l'heure<br />
Les jours s'en vont je demeure<br />
Les mains dans les mains restons face à face<br />
Tandis que sous<br />
Le pont de nos bras passe<br />
Des éternels regards l'onde si lasse<br />
Vienne la nuit sonne l'heure<br />
Les jours s'en vont je demeure<br />
L'amour s'en va comme cette eau courante<br />
L'amour s'en va<br />
Comme la vie est lente<br />
Et comme l'Espérance est violente<br />
Vienne la nuit sonne l'heure<br />
Les jours s'en vont je demeure<br />
Passent les jours et passent les semaines<br />
Ni temps passé<br />
Ni les amours reviennent<br />
Sous le pont Mirabeau coule la Seine<br />
Vienne la nuit sonne l'heure<br />
Les jours s'en vont je demeure<br />
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)