E MAGThierry Le Gall, dans son universquotidien de la maternelle PierreSémard, « reconnaissant envers tousles enseignants qui s’impliquentde longue date, et aux compagnonsde route qui mouillent le maillotchaque année ».Depuis 1981, Thierry Le Gall enseigne en tant qu'instituteurà la cité Berthe. En 1997, Michel Martellotto etlui-même lancent la première édition de « <strong>La</strong> Poésie estdans la rue ». A 56 ans, l'enseignant veut garderespoir en la force émancipatrice de la poésie.<strong>Mai</strong> <strong>2013</strong> - LE SEYNOIS n°43
Couleurs urbaines5e édition du festivalPAGE 31LE MAG /27PAGE 28ReportageUne visite guidéedu Pont levantPAGE 36MÉMOIREMOLINARI : DES HOMMES, UNEEXPRESSION/ Le portrait du moisPoésie-<strong>sur</strong>-merUne carrièred'instituteurà lacité. Voilàsans doutece qui a faitmûrir leprojet dansl'esprit d'une génération d'enseignantsarrivés en poste au débutdes années 80 : « Nous avions unevingtaine d'années. Les Zones d'éducationprioritaires instituaient lespremiers dispositifs de discriminationpositive », se souvient Thierry LeGall, qui habitait alors <strong>La</strong> Donicardeet enseignait à l'école Jean-Giono(actuelle Lucie-Aubrac). Commentsortir les enfants de Berthe de leurquartier ? Faire de l'excellence avecla poésie et l'art ? Changer aussi le regardporté <strong>sur</strong> ces élèves ? <strong>La</strong> réponsefuse lors d'une soirée entre amis. <strong>La</strong>dernière strophe de la chanson “Lesquat' cents coups” de Léo Ferré retentitchez Michel Martellotto . « Ferrépoète avait senti la musicalité de l'octosyllabe qui fleurissait <strong>sur</strong> lesmurs de la Sorbonne de 68.“<strong>La</strong> Poésieest dans la rue”, a été l'étincelle. Il fallaitapprendre aux enfants à observerune œuvre, à s'en servir commed'un tremplin pour mettre des motsdessus et les partager hors les mursde l'école », poursuit l'enseignant.Ce même enthousiasme le conduità écrire au plasticien Ernest PignonErnest pour utiliser son Rimbauden pied. Refus poli de ce dernier,suivi quinze jours plus tard d'un colispostal. « Là, <strong>sur</strong>prise. J'ai trouvé<strong>sur</strong> ma terrasse sept portraits aufusain de poètes (Desnos, Rimbaud,Nerval, Apollinaire, Yacine Kateb...)à l'attention de nos élèves. Quellegénérosité ! », s'exclame Thierry LeGall. Fort du soutien du conseillermunicipal aux affaires scolaires del'époque, Jean-Claude Navetti, l'équipepédagogique partage son travailavec l'ensemble des écoles seynoises: « Des reprographies des œuvresont été distribuées à tous les petitsSeynois. Il ne s'agissait pas de singerl'artiste mais d'emprunter les portesque nous ouvrait son œuvre pourécrire », insiste-t-il.Echanges intergénérationnelsLe défilé poétique envahit alors chaqueannée le cours Louis-Blanc et lesrues du cœur de ville : « L'échange entregénérations est là, palpable. A l'arrivée<strong>sur</strong> le parc de la navale, GeorgesPerpès, du Théâtre Orphéon, déclameles poèmes des enfants », souritl'enseignant. Les années se succèdent,les artistes aussi : « Je revois OlivierBernex, peignant lui-même unebâche de 10 x 2m pour annoncer lamanifestation au pignon de la mairie; ou Gérard Fromanger,assis place<strong>La</strong>ïk entouré d’unenuée d’enfants etprenant le tempsd’un dessin pourchacun d’eux, àafficher dans leurchambre ». A chaqueédition de la manifestation,un recueil intitulé “poèmesd’enfants seynois” est publié.C’est en découvrant ces textes queJack <strong>La</strong>ng, alors ministre de l’Éducation,avait souhaité, en 2001, souteniret élargir la manifestation : « J’aiappris qu’il avait lu publiquementun texte d’Alhem Slouma (alors élèvede CM2) écrit en acrostiches à partirdu tableau éponyme de Gérard Fromanger,« Le Soleil inonde ma toile ».Quelle belle reconnaissance pour letravail des enfants de Berthe ! ». Rappelonsque “<strong>La</strong> Poésie est dans la rue”,récompensée en 2002 par le Prix del’Innovation Éducative est soutenueinstitutionnellement par la Ville viason école des Beaux-Arts, l’Educationnationale, la Villa Tamaris Pachaet plus largement TPM, qui cette annéea fourni des bus qui ont permisà plus d’un millier d’élèves d’assisterà une visite guidée de l’expositionDi Rosa (VOIR CI-DESSUS). Si des peintrescomme Franta, Olivier BernexDessin offert à la villepar l'artiste Hervé Di Rosaou Gérard Fromanger ont exposé àla Villa Tamaris Pacha après être venusà <strong>La</strong> <strong>Seyne</strong> par <strong>La</strong> Poésie est dansla rue, c’est l’inverse qui se produitaujourd’hui : « <strong>La</strong> Villa Tamaris Pachaet son directeur Robert Bonaccorsisont désormais pourvoyeurs, ce quipermet aux élèves de se confronteraux œuvres d’art – et non pas à desreproductions : Faut-il préciser queça ne produit pas le même effet ? -,de comprendre ce qu’est une expositiond’art et de fréquenter, à <strong>La</strong> <strong>Seyne</strong>,et souvent pour la première fois,un lieu d’exposition ». Et Thierry LeGall d'évoquer cette élève, petite gitanede 12 ans, qui a appris à lire carelle voulait apprendre ses poèmesrédigés avec ses camarades en classeet pouvoir comme ses camarades deCM2 les réciter au micro du podium,place <strong>La</strong>ïk... Gwendal Audran<strong>Mai</strong> <strong>2013</strong> - LE SEYNOIS n°43