économieDÉÉÉ…finitionUn DEEE (déchet d’équipementélectrique et électronique)correspond au déchet <strong>de</strong> toutéquipement fonctionnantavec une prise électrique,une pile ou un accumulateur.Exemple : une lampe usagée.Éco-activités :<strong>de</strong>s idées lumineusesTraiter et valoriser <strong>de</strong>s matières dites “secondaires” (déchets, coproduits,sous-produits), c’est une opportunité qu’ont saisie <strong>de</strong>s entreprises pourdévelopper <strong>de</strong>s activités novatrices. L’Aube entre dans l’ère <strong>de</strong> l’écologieindustrielle. Texte : Philippe Schil<strong>de</strong>. Photos : Philippe Masson.Artemise – Aube recyclage ettraitement d’éléments mercurielsissus <strong>de</strong> sources d’éclairage– est la plus récente <strong>de</strong>séco-activités implantées dansl’Aube. En janvier, elle a démarré sa productionà Barberey, dans <strong>de</strong>s locaux provisoires– avec l’ai<strong>de</strong> du <strong>Conseil</strong> <strong>général</strong> –, en attendant<strong>de</strong> construire une usine à Vulaines(2 millions d’euros d’investis sement), quiemploiera 15 personnes. Cette nouvelleunité, dédiée au traitement <strong>de</strong>s néons etlampes usagés, sera aux toutes <strong>de</strong>rnièresnormes. Le P-dg d’Artemise, Jean-MarieBailly, veut en faire une vitrine pour la filière.Sa motivation et ses arguments techniquesont convaincu Recylum, l’un <strong>de</strong>s éco-organismeschargés <strong>de</strong> la collecte et du recyclage<strong>de</strong>s lampes, <strong>de</strong> lui confier <strong>de</strong>s tonnagesimportants, après un appel d’offres remportéhaut la main. Le patron <strong>de</strong> la société d’électricitéAubélec (Saint-Julien-les-Villas) étaitdéjà bien au courant <strong>de</strong>s problématiques liéesà ce type <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong> déchets. Dès1998, Jean-Marie Bailly avait, il est vrai,fondé TCMS à Saint-Thibault, activité pionnière,revendue en 2007 à Remondis, spécialiste<strong>de</strong>s DEEE (lire ci-contre).« Quand Remondis s’est retiré du marché <strong>de</strong>ssources mercurielles, nous avons souhaitémaintenir dans le département le savoir-faireacquis et le développer », explique l’entrepreneur.À Vulaines, Artemise évitera que le mercurecontenu dans les lampes finisse à la décharge,avec les risques que l’on connaît pour l’environnement.Elle récupérera les poudres contenuesdans les ampoules, dont les coûteuses… terresLes dirigeants d’Artemise, Jean-Marie Bailly (à gauche)et Luc Blancquart, au lancement <strong>de</strong> l’activité à Barberey.artemise a voulu maintenir dansl’Aube un savoir-faire rare dans letraitement <strong>de</strong>s néons et <strong>de</strong>s lampes.Chiffresclés1 700 000tonnesC’est le gisementannuel <strong>de</strong> DEEEen France(Source : A<strong>de</strong>me).16 à 20 kgPart <strong>de</strong>s DEEEissus <strong>de</strong>sménages (parhab./an). Leséco-organismesagréés (Écologic,Éco-systèmes,ERP et Recylum)enten<strong>de</strong>nt porterla collecte à10 kg/hab./anen 2014.20 %<strong>de</strong>s DEEE sontconstitués <strong>de</strong>lampes (tubesfluorescentscompris). Il s’envend en Franceenviron133 millionsd’unités par an.rares. « C’est autant <strong>de</strong> matière première que nousn’aurons pas à acheter en Chine », souligne HervéGrimaud, directeur <strong>de</strong> Recylum, dont le sloganest : « Nos déchets d’aujourd’hui contiennent lesmatières premières <strong>de</strong> <strong>de</strong>main. »Au cœur <strong>de</strong>s gisementsDans l’Aube, <strong>de</strong> multiples efforts sont déployéspour développer une filière autour <strong>de</strong> l’écologieindustrielle. Il s’agit <strong>de</strong> transformer les matièressecondaires <strong>de</strong>s uns (déchets ou sous-produits)en matières premières <strong>de</strong>s autres. « Nouspossédons <strong>de</strong> sérieuxatouts », remarqueGilles Guibelin, d’AubeDéveloppement,chargé, notamment,d’accompagner lamontée en puissance<strong>de</strong>s éco- activités,POIDSÉCONOMIQUEL’annuaire régionalmis en place par les CCIrecense 405 entreprisesen Champagne-Ar<strong>de</strong>nne,employant environ5 000 salariés,dont 26 % dans l’Aube.« créatrices <strong>de</strong> richesses et d’emplois <strong>de</strong> proximité ».Gilles Guibelin met en avant la situation géographique: « 16 millions d’habitants vivent dans unrayon <strong>de</strong> 150 km autour <strong>de</strong> Troyes, représentant27 % du gisement national <strong>de</strong> DEEE. Adapté autransport <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> marchandises, le port <strong>de</strong>l’Aube, à Nogent-sur-Seine, permet d’abaisser lescoûts, <strong>de</strong> même que les émissions <strong>de</strong> CO 2. » Et <strong>de</strong>rappeler l’implantation d’Emin Leydier à Nogent,facilitée par la voie d’eau. Le cartonnier fait eneffet venir <strong>de</strong> la région parisienne <strong>de</strong>s bargesentières <strong>de</strong> papier à recycler.La force du travail en réseau, la présence d’unclub fédérateur, le Club <strong>de</strong> l’écologie industrielle<strong>de</strong> l’Aube, les efforts <strong>de</strong> formation et <strong>de</strong> recherche,notamment à l’UTT agrègent <strong>de</strong>s compétencesqui travaillent sur <strong>de</strong> multiples gisements, y comprisagro-industriels. C’est dans cet esprit que le<strong>Conseil</strong> <strong>général</strong> a initié la mise en place d’unefilière autour <strong>de</strong> la méthanisation. GrégoryLannou coordonne ce projet, qui a donné naissanceau cluster Biogaz Vallée ®. « Nous voulons,précise-t-il, attirer <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> ce secteur et créer<strong>de</strong>s synergies autour <strong>de</strong> la valorisation énergétique<strong>de</strong> matières fermentescibles. L’Aube disposed’atouts pour développer une filière pérenne. »18 ■ l’aube nouvelle ■ nº 79 ■ printemps 2012
économieSAINT-THIBAULTRemondis Electrorecycling :l’or <strong>de</strong>s rebuts« Dans l’Aube, nous sommes au croisement <strong>de</strong>s flux nord-sud et ouest-est.Nous pouvons ainsi récupérer <strong>de</strong>s tonnages importants <strong>de</strong> matières <strong>de</strong> Paris à Lyon,mais aussi du grand-est, en provenance <strong>de</strong>s éco-organismes ou <strong>de</strong>s industriels »,note Christian Coulot, directeur <strong>général</strong> <strong>de</strong> Remondis Electrorecycling, à Saint-Thibault. L’entreprise réceptionne, trie et traite jusqu’à 35 000 tonnes par an <strong>de</strong> vieuxfrigos, d’ordinateurs, <strong>de</strong> téléviseurs et d’autres petits appareils électroménagers misau rebut. Spécialement formés, 72 salariés travaillent dans cette usine du groupeallemand Remondis, que Christian Coulot qualifie d’avant-gardiste. En effet,Remondis a été l’un <strong>de</strong>s premiers à se lancer dans « cette valorisation sophistiquéeet qualitative » pour extraire et remettre dans le circuit <strong>de</strong>s métaux ferreux, maisaussi <strong>de</strong> l’or, <strong>de</strong> l’argent, du cuivre… Une nouvelle ligne automatisée va être installéepour traiter <strong>de</strong>s écrans plats plasma et LCD. La société envisage aussi d’investir1,5 million d’euros dans un second broyeur, afin <strong>de</strong> conforter l’activité.■ Journée portes ouvertes : 30 mai.VENDEUVRE-SUR-BARSELa <strong>de</strong>uxième vie du PVCavec Veka Recyclage« Conditions d’accueil, accès autoroutiers… nous n’avions pas <strong>de</strong> raison d’aller ailleurs, en2008, quand le choix d’une implantation s’est porté sur Ven<strong>de</strong>uvre-sur-Barse. Nous n’avonspas perdu <strong>de</strong> temps pour investir et embaucher », rappelle François Aublé, dirigeant d’uneusine appartenant là aussi à un groupe allemand, champion <strong>de</strong> la fenêtre PVC. Recyclerles chutes <strong>de</strong> fabrication en provenance <strong>de</strong> centres <strong>de</strong> tri <strong>de</strong> déchets ou <strong>de</strong> menuiseriesindustrielles, telle est sa mission.À l’issue d’un procédé pointu(mis en œuvre dans l’Aube) sortent<strong>de</strong>s granulés <strong>de</strong> PVC (5 000 tonnes audémarrage, 12 000 tonnes aujourd’huiet 25 000 tonnes projetées à l’horizon2015) prêts à être réinjectés dans<strong>de</strong> nouvelles fenêtres, dans <strong>de</strong>sportes coulissantes ou, c’est nouveau,dans <strong>de</strong>s piquets <strong>de</strong> vignes…La montée en puissance se poursuitPVC recyclé, prêt à retournerdans les portes et fenêtres produitespar Veka.avec une extension chiffrée à8,5 millions d’euros et un effectifqui <strong>de</strong>vrait passer <strong>de</strong> 25 à 45 salariés.LA MAIN-D’ŒUVREest importantesur les chaînes<strong>de</strong> tri <strong>de</strong>s DEEE.et aussi…L’UTT pionnièreDepuis 2001, avec la créationd’un DESS puis d’un master Ingénierie,management environnemental etdéveloppement durable, l’Université<strong>de</strong> technologie <strong>de</strong> Troyes (UTT) offreune formation dédiée à l’écologieindustrielle et à l’écoconception.Ce master s’appuie sur les compétencesdu Centre <strong>de</strong> recherche et d’étu<strong>de</strong>sinterdisciplinaires sur ledéveloppement durable (CREIDD)et <strong>de</strong> la première chaire universitaired’écologie industrielle <strong>de</strong> France.Troyes, événement national250 déci<strong>de</strong>urs publics et privéssont attendus aux 1 res Rencontresfrancophones <strong>de</strong> l’écologie industrielleet territoriale organisées par le Clubd’écologie industrielle <strong>de</strong> l’Aube (CEIA).■ Parc <strong>de</strong>s expositions, Troyes.17 et 18 octobre.AnimerLe Club d’écologie industrielle <strong>de</strong> l’Aube(CEIA) fédère les collectivités locales,la chambre <strong>de</strong> commerce et lesprincipales industries auboises. Il faitla promotion <strong>de</strong>s meilleures pratiquesau plan local et favorise les synergies.Les travaux publics, aussiUn gui<strong>de</strong> (gratuit) sur l’écologieindustrielle appliquée aux travauxpublics va bientôt paraître. Il estcofinancé par le Club d’écologieindustrielle <strong>de</strong> l’Aube (CEIA), l’A<strong>de</strong>me,le Bureau <strong>de</strong> recherches géologiqueset minières (BRGM) et Eiffage.L’ouvrage fait la part belle à uneréalisation dont le <strong>Conseil</strong> <strong>général</strong> <strong>de</strong>l’Aube a été maître d’ouvrage, la roca<strong>de</strong>sud-est, où <strong>de</strong>s tonnes <strong>de</strong> matériauxd’excavation ont été réutilisées pourlimiter le recours aux matériaux viergesissus <strong>de</strong> carrière. Un cas exemplaired’économie environnementale.Tournée <strong>de</strong>sDÉÉÉglinguésParmi la centaine <strong>de</strong> collectivitésinscrites à la Tournée <strong>de</strong>s DÉÉÉglingués2012 figure la communauté <strong>de</strong>communes du Barséquanais. À traversun événement festif et informatif,elle entend sensibiliser les citoyens àla collecte et au recyclage <strong>de</strong>s appareilsélectriques et électroniques usagés.■ Du 2 au 9 juin.l’aube nouvelle ■ nº 79 ■ printemps 2012 ■ 19