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Littérature et Mythologie dans La Pelle de Malaparte - Chroniques ...

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Littérature <strong>et</strong> <strong>Mythologie</strong> <strong>dans</strong> <strong>La</strong> <strong>Pelle</strong> <strong>de</strong> <strong>Malaparte</strong> 11Quand le « vent noir » souffle, qui disperse les fureurs encorelatentes du Vésuve sur Naples, on parle à voix basse <strong>dans</strong> la ville,« str<strong>et</strong>to da un timor sacro ». Les cendres provoquent le souvenir d'unlangage <strong>de</strong>s mystères, obsession décidément unifiante <strong>dans</strong> lacomposition du roman.De la même façon, l'épiso<strong>de</strong> du bombar<strong>de</strong>ment au phosphore <strong>de</strong>Hambourg suggère un recouvrement <strong>de</strong> la ville qui aboutit à unenterrement. Les habitants <strong>de</strong> Hambourg sont en eff<strong>et</strong> obligés <strong>de</strong>s'enterrer en conservant seulement la tête à ciel ouvert puisque dèsqu'ils se désengagent, le phosphore prend feu pour transformer lesenterrés en autant <strong>de</strong> torches vivantes. On finit par les tuer au bout <strong>de</strong>sept jours. Une fois <strong>de</strong> plus, <strong>Malaparte</strong> fait appel à une référence quiconvoque la mythologie italienne : Hambourg est comparée à la« Dité », la cité infernale <strong>de</strong> Dante <strong>dans</strong> laquelle les « damnés »meurent sous la pluie <strong>de</strong> feu 18 .Mais il appartient au chapitre central du roman <strong>de</strong> <strong>Malaparte</strong> <strong>de</strong>synthétiser en quelque sorte tous les thèmes <strong>de</strong> la métamorphose <strong>et</strong> durecouvrement : le « vent noir » reprend la question <strong>de</strong> la voix du ventcomme véhicule <strong>de</strong> la poussière-cendre émise continûment par leVésuve en gestation, <strong>et</strong> m<strong>et</strong> en scène une crucifixion qui trouve sonsens définitif <strong>dans</strong> la réduction physiologique <strong>de</strong> la chair à la peau. Ilest surprenant <strong>de</strong> noter une progression stricte comme s'il s'agissait <strong>de</strong>mimer les eff<strong>et</strong>s d'une véritable démonstration potissima. A ce titre,on pourrait se limiter à lire ce chapitre syllogistique <strong>et</strong> ne rienmanquer <strong>de</strong> ce que le roman, à terme, veut dire.Tout d'abord, la mineure : le vent noircit la totalité du paysage ainsique leurs habitants :Et ils m'apprirent à reconnaître la voix du ciorni v<strong>et</strong>ier, son o<strong>de</strong>ur, sasaveur. Ils prenaient un agneau <strong>dans</strong> leurs bras, soufflaient <strong>dans</strong> sa lainenoire, <strong>et</strong> les racines blanches <strong>de</strong> sa toison apparaissaient (…) Un vieillarddéterra avec ses ongles une pierre blanche enfouie <strong>dans</strong> le terreau, la j<strong>et</strong>a<strong>dans</strong> le fleuve du vent : elle tomba comme une étoile éteinte, une noireétoile sombrant <strong>dans</strong> le clair courant du jour. J'appris ainsi à reconnaîtrele vent noir à son o<strong>de</strong>ur, qui est celle <strong>de</strong> l'herbe sèche, à sa saveur, amère<strong>et</strong> forte comme celle <strong>de</strong>s feuilles du laurier, <strong>et</strong> à sa voix, qui estmerveilleusement triste, pleine d'une profon<strong>de</strong> nuit. 1918 Op. cit., p. 142-145 / p. 99-101. Voir <strong>La</strong> Divina Commedia, Inferno, canto XV, l. 37-39,<strong>dans</strong> lequel on r<strong>et</strong>rouve le thème du « cotto asp<strong>et</strong>to » (l. 26) pour caractériser le damné.19 Op. cit., p. 203 / p. 146-147.

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