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Littérature et Mythologie dans La Pelle de Malaparte - Chroniques ...

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Littérature <strong>et</strong> <strong>Mythologie</strong> <strong>dans</strong> <strong>La</strong> <strong>Pelle</strong> <strong>de</strong> <strong>Malaparte</strong> 17quelques vitamines mais qui, <strong>dans</strong> un corps mala<strong>de</strong>, laisse échapperl'essentiel <strong>de</strong>s forces. <strong>Malaparte</strong> tente d'en faire un habitat nourricieroù toute faiblesse serait assurée d'être une valeur au moins au regardd'un ensemble culturel ancestral, où toute horreur serait assurée d'êtresauvée, c'est-à-dire douée <strong>de</strong> signification. Mais voilà, on ne peutguérir <strong>de</strong> la guerre en inscri-vant ses erreurs <strong>dans</strong> le plan plus généralmais statique d'un vrai désormais inefficace. Le prix à payer est <strong>de</strong>passer <strong>de</strong> la « vraie patrie » <strong>de</strong> la p<strong>et</strong>ite fille-poisson à la « vraiepatrie » <strong>de</strong> la peau. L'Histoire reçoit la mythologie comme un alimentdéfectueux auquel elle abandonne néanmoins la vie d'un peuple. Afin<strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te force <strong>de</strong> l'Histoire, <strong>Malaparte</strong> place le temps<strong>de</strong> Naples, par une sorte <strong>de</strong> réduction trigonométrique, sous l'étendue<strong>de</strong>s siècles, <strong>et</strong> le fait progresser vers sa mort. C'est la seule ma-nièrepour s'apercevoir que l'Histoire, lorsque la mort menace, va toujoursplus vite que la mythologie. <strong>La</strong> littérature est chargée <strong>de</strong> rendrecompte <strong>de</strong> ce mouvement inversement proportionnel. C<strong>et</strong>te doublesaisie, c'est le pessimisme cynique <strong>de</strong> <strong>Malaparte</strong>.Écrire, pour <strong>Malaparte</strong>, c'est donc suivre c<strong>et</strong> itinéraire fatal <strong>dans</strong>lequel l'Histoire absorbe <strong>et</strong> dévore la mythologie. Itinéraire qui fait durécit un calvaire progressant démonstrativement vers sa fin : le dieuqui ne peut plus revenir <strong>de</strong> sa passion.Voici donc ce que toutes ces disparitions ont pour charge <strong>de</strong>proposer : la mythologie comme choix <strong>de</strong> « l'éternullité », selonl'expression <strong>de</strong> J. <strong>La</strong>forgue. Si elle n'a pas pu réactiver c<strong>et</strong>te antiquesagesse d'un peuple <strong>dans</strong> un présent militant, c'est que les dimensions<strong>de</strong> l'Histoire sont toujours plus récalcitrantes qu'on ne le pense à toutesynthèse idéale. L'Histoire a réussi à faire <strong>de</strong> la mythologie unimpossible obj<strong>et</strong> d'appropriation, dénué <strong>de</strong> toute direction, ensembleclos fermé sur lui-même. Si la mythologie trouve une issue morale à laguerre <strong>dans</strong> une sorte <strong>de</strong> gel <strong>de</strong>s temps provoqué par la catatrophe duVésuve, cela n'empêche pas, <strong>Malaparte</strong> le sait, le temps d'être relancé.Tout le problème est <strong>de</strong> savoir ce que veut dire se réapproprier lecours du temps pour un peuple qui a vu son totem mourir.Olivier REMAUD ** Allocataire Moniteur Normalien <strong>de</strong> philosophie à l'Université <strong>de</strong> Tours ; prépare une thèsesur Giambattista Vico. A notamment publié :- « Du Souci <strong>de</strong> soi selon Vico », à paraître <strong>dans</strong> le dossier sur « L'Ame » Besançon, PressesUniversitaires <strong>de</strong> Besançon, 1996.- « <strong>La</strong> Philosophie du lien selon Francesco Patrizi da Cherso », in Fine Follie : <strong>La</strong> dialectique<strong>de</strong>s transcendantaux à la Renaissance, Genève, H. Champion, 1995, p. 139-167.

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