JEAN SANFOU ET LA PRINCESSE BELDJAL - ADEME Guyane

JEAN SANFOU ET LA PRINCESSE BELDJALAuteur : Elie STEPHENSON ( Conte non traditionnel )C’est une histoire, vieille comme le monde. Plus vieille même que le monde pourrait-on dire. Car àl’époque où elle se passe, le diable lui-même n’était encore qu’un nouveau-né.Mouché Krik ! Mouché Krak !Sa zandoli ka poté ? Fo kol !En ce temps là, il y avait un pays, ni petit, ni grand. Ni riche, ni pauvre. C’était le pays des «Pamêlés».Royaume du Prince «Jean Sanfou». Bon prince, Jean Sanfou avait cependant un gros, grosdéfaut : il ne pouvait dire non à quoique ce soit ni à qui que ce soit. De sorte que, pour se moquerde lui, ses adversaires l’avaient surnommé le «Béni oui oui». Mais dans sa bonté éperdue, Jeanne s’en offusquait même pas. Malheureusement ce défaut du Prince des Pamêlés avait une conséquenceinattendue et très grave pour le présent et l’avenir du pays qui faisait courir de gravesdangers.Krik ! Krak ! »Aboubou ! Ababa.... yaa !Son peuple, les «Pamêlés» étaient des gens joyeux, insouciants même, ne se préoccupant guèrede l’avenir, seulement intéressés par l’instant présent et les plaisirs (ou les événements) du moment.Même leur glorieux passé les laissait indifférents. Leurs voisins, amis, ou ennemis les considéraientcomme des insignifiants, un peuple inconséquent... quoique ombrageux.Et les «Pamêlés» qui ne se posaient jamais de problèmes, sans aucune mauvaise intention d’ailleurs,profitant de la faiblesse de leur «bon prince», faisaient mille et une bêtises. En particulier, ils abîmaient,saccageaient leur beau pays à cause de leur laisser-aller, leur désinvolture, leur manque decivisme et de respect de la nature ou du bien collectif.Mouché Krik ! Mouché Krak !Marijane fléri ; Tété jeinfilleADEME Guyane - Cédérom pédagogique sur les déchetsConte : JEAN SANFOU ET LA PRINCESSE BELDJAL - Elie STEPHENSONpage1/4

- venus à la rencontre de Beldjal- il en était ainsi partout y compris le long des rivières qui servaientde tout à l’égout sinon de W-C. Quant aux plages, ces vastes espaces de sables dorés bordés depruniers sauvages aux fruits succulents, on y trouvait plus facilement tessons de bouteilles, bris deverre, assiettes et autres ustensiles de pique-nique que coquillages. Même les petits crabes roses- pourtant peu exigeants - et qui faisaient leurs trous dans le sable, écœurés, avaient émigrés, dieuseul savait où !Passe encore, s’il n’y avait que l’œil à en être affecté. Mais les narines n’étaient pas en reste. Touteune gamme d’odeurs malodorantes allant de la simple pourriture jusqu’à la plus horrible puanteurqui pouvait vous tuer un homme d’une seule bouffée.Krik ! Krak !Aboubou Yaa.Hébétée, hagarde, ce fut dans un état second, proche de l’évanouissement qu’elle arriva enfin aupalais où l’attendait le prince Jean Sanfou. Sa vue la ranima quelque peu. Il était superbe. Si lebondieu est beau, pensa-t-elle, il ressemble forcément à cet homme là. Le corps grand, fortementmais délicatement musclé comme celui d’un athlète complet, avec des proportions parfaites. Levisage beau sans aucun défaut, sans aucune féminité pourtant et illuminé d’un sourire plus radieuxque le soleil.Jean Sanfou qui avait été pourtant un joyeux luron, n’avait jamais rencontré une femme aussi belle,aussi parfaite de cœur et d’esprit que Beldjal. Il sut tout de suite qu’il la voulait pour femme. Commesi elle avait lu dans ses pensées elle lui dit : «Ne vous en déplaise beau prince, je ne saurais épouserun homme qui maltraite la nature, l’abîme, la dégrade et méprise ainsi le patrimoine naturel queles ancêtres lui ont légué.»- Mais vous savez, mes sujets... tenta-t-il d’expliquer.Elle répliqua : «Etes-vous le Roi, oui ou non ?»Jean Sanfou plongea son regard dans celui de Beldjal. Il sentit d’un seul coup une énergie nouvelleet toute neuve circuler, envahir tout son être.- Vos désirs sont des ordres. Il en sera fait comme vous l’exigez... ô ma princesse.Dès le lendemain, il donna des ordres stricts et précis pour nettoyer le royaume. Il créa des comitésde surveillance, des brigades d’interventions, édicta des lois, publia des arrêtés. Des poubelles, desdécharges de toute taille et de toute forme, des bennes pour les gros déchets, furent installées parles Brigades, partout dans le pays.Un quadrillage systématique, à grande échelle. et comment prétendre ne pas voir ces récepteursADEME Guyane - Cédérom pédagogique sur les déchetsConte : JEAN SANFOU ET LA PRINCESSE BELDJAL - Elie STEPHENSON page 3/4

d’ordure rouge «pétant» et jaune or qui contrastaient violemment avec le paysage... à la limite del’extravagance. Quant aux comités de surveillance ils avaient l’œil sur tous et sur chacun. Informant,contrôlant, puis verbalisant si nécessaire, même ceux qui par malheur s’oublient à jeter encore unebabiole, un mégot de cigarette par terre. Ce fut «le grand nettoyage». Les Pamêlés qui se sentaient«bien mêlés» au début de cette action radicale, redécouvrirent rapidement la joie et le bonheur devivre dans un pays propre et sain. Tant et si bien qu’en l’espace de quelques mois, comités et autresbrigades devinrent inutiles car chaque «Pamêlé» se sentait garant de son environnement.Beldjal accepta alors d’épouser Jean Sanfou. Ce fut un beau mariage, une fête grandiose et gigantesquequi dure encore, car les Pamélés, quand ils s’amusent, c’est à n’en plus finir.Mouché Krik ! Mouché Krak !ADEME Guyane - Cédérom pédagogique sur les déchetsConte : JEAN SANFOU ET LA PRINCESSE BELDJAL - Elie STEPHENSON page 4/4