C'est l'histoire d'un gars qui vend son Sangria pour lequel ... - lorenzo
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C’est l’histoire d’un <strong>gars</strong> <strong>qui</strong> <strong>vend</strong> <strong>son</strong> <strong>Sangria</strong> <strong>pour</strong> <strong>lequel</strong> quelque chose comme 2000 heures de<br />
travail a été nécessaire <strong>pour</strong> le rendre plus beau et mieux préparé qu’un <strong>Sangria</strong> qu’on verrait<br />
sortir de chez Jeanneau en 1971.<br />
L’idée avait mûri : ce <strong>Sangria</strong> nommé Clico était trop petit <strong>pour</strong> envisager l’éventuel et futur grand<br />
départ.<br />
Le minimum idéal, c’est à partir de neuf mètres.<br />
De là, je suis parti à la recherche du voilier accessible suivant mon budget. Je ne pouvais tomber<br />
que sur un bateau à l’age certain.<br />
Un jour, j’apprends l’existence du Fleur de mer.<br />
Un voilier peu connu de part sa faible production : 103 unités en l’espace de 5 ans.<br />
Une recherche sur internet fait apparaître une annonce des plus alléchantes :<br />
Un Fleur de mer était à <strong>vend</strong>re 10000 euros du côté de Toulon.<br />
La méditerranée, le séjour des voiliers petits prix <strong>pour</strong> cause d’encombrement…<br />
Le voilier était en vente par l’entremise d’un courtier.<br />
Les propriétaires désireux de se séparer de leurs navires en très mauvais état passent souvent par<br />
une tierce per<strong>son</strong>ne. C’est difficile de mentir sur <strong>son</strong> propre bébé.<br />
A l’époque, Clico n’était toujours pas <strong>vend</strong>u et je n’avais aucune rai<strong>son</strong> de presser le pas.<br />
C’est ainsi que j’ai dû téléphoner deux fois de suite en l’espace deux mois.<br />
À ma requête <strong>pour</strong> l’obtention de photos et précisions supplémentaires, il était répondu le minimum<br />
et les photos ne <strong>son</strong>t jamais arrivées.<br />
C’était plutôt bon signe, ce voilier ne semblait pas vouloir se <strong>vend</strong>re.
Intrigué que j’étais par une photo laissant apparaître une semelle de lest à l’état douteux, je<br />
demandais si ce voilier n’avait pas subi quelque avarie grave, on me répondait qu’il avait talonné,<br />
mais qu’il avait navigué depuis sans problème. J’aurais dû me méfier…<br />
Donc mi-juillet, le <strong>Sangria</strong> est <strong>vend</strong>u.<br />
Chouette, j’étais en mesure d’acheter le Fleur de mer.<br />
Il fallait le ramener du côté de Rennes.<br />
Pas évident.<br />
Après réflexion, le plus “rai<strong>son</strong>nable ” semblait être de l’amener par camion jusqu’à Castelsarrazin<br />
puis de le remettre à l’eau. À partir de là, les 1,50m de tirant d’eau du fleur de mer ne posaient<br />
plus de problème.<br />
D’après les devis fournis par quelques sociétés de transport, il me fallait proposer un prix à la<br />
baisse <strong>pour</strong> le Fleur de mer.<br />
Je proposais 9000 euros à 14 heures.<br />
L’affaire était entendue à 20 heures.<br />
Une matinée sous le soleil éclatant de la méditerranée, heureux de retrouver une contrée de la<br />
France que j’avais <strong>qui</strong>ttée 20 ans auparavant, je me retrouvais sur le lieu de séjour du Fleur de<br />
mer. Un chouya in<strong>qui</strong>et par ce que j’allais voir.<br />
De loin, le Fleur de mer était tel qu’on le montrait sur l’annonce :<br />
un beau voilier à la carène réussie <strong>qui</strong> laisse présager performance et sécurité.<br />
Malgré des rondeurs et un franc bord élevés, voici un voilier <strong>qui</strong> ne manque pas d’élégance<br />
et <strong>son</strong> architecte à l’époque était, sur de nombreux points, en avance sur <strong>son</strong> temps.
Pas mal ce profil, non ?
C’est évidemment vers le lest que mon inspection devait commencer<br />
et je ne devais pas être déçu…
le lest dépasse d’environ 1cm
Ce que je croyais d’emblée être l’avant<br />
de la semelle du lest s’avérait en fait<br />
être une ligne de brisure de la partie<br />
avant.<br />
Imaginez le choc nécessaire<br />
<strong>pour</strong> en arriver là…
Ce constat fait, je n’avais qu’une envie: c’était bien sûr d’aller voir du côté des renforts intérieurs.<br />
Dans un premier temps, je ne vous montrerai que les dégats structurels.<br />
Les plus in<strong>qui</strong>étants, d’autant plus qu’il est impossible de faire un état des lieux sans démonter ces<br />
fameux contremoulages <strong>qui</strong> permettent de réaliser les aménagements intérieurs au galop.<br />
Voici ce <strong>qui</strong> m’est apparu à l’ouverture de la descente :
Contremoulage structurel<br />
déchiré.<br />
Là mon enthousiasme s’est<br />
fait la malle en quatrième<br />
vitesse : il faut vraiment<br />
une déformation énorme<br />
de la coque <strong>pour</strong> que de<br />
telles “fractures” aient lieu.
Une déchirure d’un renfort sur la<br />
coque.<br />
les mêmes que précédemment
On s’est contenté d’une injection de<br />
mousse à haute densité <strong>pour</strong> réparer.<br />
Que trouvera t’on derrière ?
Un renfort, oméga plat, sans doute<br />
fissuré.
Des renforts de boulons de fixation<br />
de lest bien attaqués par la rouille,<br />
sans qu’il ne soient (trop) affaiblis (à<br />
première vue)<br />
Tout comme les écrous.<br />
De bon moments de rigolades à passer<br />
en cas de démontage…
Je vous passe <strong>pour</strong> l’instant les autres dégats à l’intérieur.<br />
L’inspection du pont allait faire apparaitre un autre blème des plus désastreux.<br />
Cette ligne blanche<br />
figure approximativement<br />
la ligne<br />
normal du pont.<br />
C’est sans doute<br />
ce qu’il y a de plus<br />
in<strong>qui</strong>ètant dans le<br />
constat en cours:<br />
Pour ainsi déformmer<br />
le pont d’un<br />
voilier réputé très<br />
solide, il a falllu<br />
une secousse violente<br />
dont on se dit<br />
qu’elle a forcément<br />
laissé des séquelles<br />
sur la coque et<br />
tous ses renforts
Toute la zone de fixation<br />
de la cadène<br />
de bas-hauban a été<br />
restratifiée. De toute<br />
évidence par le propriétaire<br />
et non un<br />
chantier vu l’état de<br />
finition…
La cadène babord a subi également le même traitement, dans une moindre mesure.<br />
Voici maintenant l’état des renfort de cadène coté coque.<br />
Babord<br />
La peau intérieure s’est déplacée,<br />
créeant une ondulation.<br />
On voit bien<br />
ici le creux<br />
généré par<br />
le choc.
Cette zone avec ces deux troux est<br />
assez énigmatique. On voit apparaitre<br />
une espèce de rectangle.<br />
Les deux trous visibles présents<br />
aussi sur l’autre bord, ont peut<br />
être été faits <strong>pour</strong> une injection de<br />
produit afin de reconstituer l’âme<br />
du sandwich.
cette fissure, je m’en<br />
suis aperçu en regardant<br />
les photos. Selon toute<br />
vraisemblance ce plat<br />
d’inox est là <strong>pour</strong> assurer<br />
la liai<strong>son</strong> coque/pont<br />
Une stratification a été réalisée sur<br />
cette zone de reprise. J’imagine la<br />
belle fissure derrière…
Sur tribord, là<br />
où la déformation<br />
est la plus<br />
importante.<br />
une fissure ?
Tribord
De ce coté,<br />
la strat de<br />
réparation<br />
s’est décollée.
Du gros lourd, j’en ai vu d’autre le lendemain, lors d’une inspection plus minutieuse.<br />
Ci-dessus, c’est un fleur de mer en superbe état. Mario, et Françoise, propriétaire de Scobo3<br />
peuvent en être fiers.<br />
Remarquez la ligne noire que j’ai tracée, en haut, au dessus de la cloi<strong>son</strong>.
La même ligne<br />
sur le Fleur de<br />
mer en quête de<br />
sauveurs.
Fissure<br />
Le vernis très<br />
terni: infiltration<br />
d’eau.
Les photos <strong>qui</strong> vont suivent font états de dégâts moins préjudiciables (quoique) car moins structurels.<br />
Mais leur nombre pèse autant dans la balance.<br />
Certaines me font croire très fortement à l’hypothèse suivante :<br />
Ce voilier aurait subi deux avaries très graves, puisque des réparations effectuées après la<br />
première auraient lâché à la deuxième.<br />
Je ne saurais sans doute jamais la vérité là dessus.<br />
Ce voilier a reçu « grave de chez grave », <strong>pour</strong> causer actuel.<br />
J’imagine qu’un talonnage contre une digue (version officielle), voilier lancé à toute vitesse,<br />
peut causer de tels dégâts, mais on entreverrait plutôt cela avec un drossage à la cote, des plus<br />
mouvementés.<br />
Et j’imagine que le propriétaire ne voudra jamais dire la vérité,<br />
celle <strong>qui</strong> <strong>pour</strong>rait annuler toute décision d’achat…
Un des bobos les plus acceptables.<br />
L’aileron de safran, rapporté.<br />
Fissure au niveau de la jonction.
Le bas du safran<br />
La bome cassée nette,<br />
sans déformation
Je serais prêt à parier que cette ferrure de<br />
pataras a bougé.
Ici, il y a un beau<br />
creux. Pas très visible<br />
sur cette photo.<br />
Offficiellement, ce<br />
serait une mauvaise<br />
manipulation du<br />
chantier lors d’un grutage.<br />
J’ai des doutes<br />
vu l’endroit où se<br />
trouve l’impact.
Cette zone est bombée<br />
:<br />
en fait, le boulon<br />
a été remplacé.<br />
L’écrou se trouve de<br />
ce coté-ci. On peut<br />
facilement imaginer<br />
que sous le choc, la<br />
tête de la vis métal<br />
précédente a abimé<br />
la semelle du lest et<br />
qu’il a fallu enlever<br />
ce boulon et mettre<br />
à la place un écrou<br />
et une rondelle afin<br />
de reprendre la<br />
semelle.
En preuve irréfutable, la<br />
tête de vis métal (tète H)<br />
ici tout à fait visible coté<br />
renfort intérieur.
Le pied de mât, on pouvait s’en douter a été abimé. Le <strong>pour</strong>tour du mât a été stratifié.<br />
Qu’y a t’il dessous ?
Que reste t’il de cette pièce de<br />
fonte d’alu ?<br />
En très bonne état ici sur<br />
Scobo3, le Fleur de mer de<br />
Mario et Françoise.
Le balcon avant<br />
<strong>qui</strong> bouge très<br />
facilement semble<br />
avoir “reçu” lui<br />
aussi.<br />
Des soudures<br />
prouvent qu’il a<br />
dû y avoir de la<br />
casse.
Le balcon arrière babord est<br />
tordu.<br />
En blessure visible,<br />
l’emplanture et la réparation<br />
coté pont. De toute évidence,<br />
à revoir.
Retournons à l’intérieur :<br />
Encore une marque du choc reçu :<br />
ce <strong>son</strong>t les deux épontilles/main courantes situées à la descente.<br />
On suppose qu’elles se <strong>son</strong>t désolidarisées du roof <strong>pour</strong> qu’on soit amené à revoir leur fixation.
Le contremoulage dans la cabine avant,<br />
faisant office de support de matelas.<br />
Fissuré à plein d’endroits.<br />
J’en reviens à mon hypothèse énoncée au<br />
début:<br />
voilà une zone <strong>qui</strong> a été réparée puisqu’on<br />
aperçoit plusieurs strats peintes. Or, cellesci<br />
se <strong>son</strong>t fissurés. Je vous signale qu’il faut<br />
une belle déformation de la coque <strong>pour</strong><br />
qu’une telle répercution est lieu.
Cabine avant.<br />
Autres preuves de<br />
déformation,<br />
cette espace, qu’on<br />
trouve sur les fleurs<br />
de mer, mais ici, les<br />
contremoulages de<br />
supports de matelas<br />
ne <strong>son</strong>t plus parallèles<br />
à la cloi<strong>son</strong>.
En vrac, quelques photos…
Table à cartes
Voilà à peu près établie l’expertise<br />
per<strong>son</strong>nelle que j’ai faite sur ce voilier<br />
meurtri.<br />
A mon avis, il a subi deux chocs espacés :<br />
De toute évidence la carène a été revue et<br />
un magnifique joint au sika a été posé en<br />
même temps. Mais ce fut avant ce <strong>qui</strong> a<br />
provoqué le déplacement du lest sinon ce<br />
joint aurait tenu compte du décalage. C’est<br />
l’ancien constructeur de voilier <strong>qui</strong> cause.<br />
La question dont on n’aura pa la réponse<br />
tant que la bateau ne sera pas ausculté avec<br />
travaux:<br />
ne serait il pas trop abimé ?<br />
A la vue de ce qu’on voit déjà, on peut penser<br />
tout à fait légitimement qu’il l’est.