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Book review in Revue française de science politique

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<strong>Revue</strong> française <strong>de</strong> <strong>science</strong> <strong>politique</strong>vie publique entraîne une <strong>in</strong>terpénétration croissante <strong>de</strong>s structures partisanes avec les structuresétatiques et conduit à un processus <strong>de</strong> mise en crise <strong>de</strong>s partis attrape-tout et <strong>de</strong> cartellisation<strong>de</strong>s partis <strong>politique</strong>s. Le parti cartel, produit <strong>de</strong> cette transformation, est une <strong>in</strong>stitutionpublique animée par <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> la <strong>politique</strong> et f<strong>in</strong>ancée par le budget <strong>de</strong> l’État. Lesrelations entre les militants et l’élite du parti sont fondées sur l’autonomie respective, il n’y aplus <strong>de</strong> liens directs entre eux : Katz et Mair parlent <strong>de</strong> rapports stratarchiques. Ils précisenttoutefois que l’équilibre entre les trois dimensions partisanes peut encore basculer, selon lanature <strong>de</strong>s beso<strong>in</strong>s et la qualité <strong>de</strong>s challenges imposés par les démocraties contempora<strong>in</strong>es.Steven B. Wol<strong>in</strong>etz, dans son chapitre « Beyond the Catch-All Party », considère lemodèle du parti cartel comme pert<strong>in</strong>ent, mais <strong>in</strong>suffisant. Il regrette que Katz et Mair ne s’<strong>in</strong>téressentqu’aux mutations <strong>in</strong>ternes <strong>de</strong>s partis <strong>politique</strong>s. Il estime nécessaire un modèle quitienne compte <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> la compétition démocratique et du positionnement concurrentiel<strong>de</strong>s partis. Il dist<strong>in</strong>gue trois types <strong>de</strong> partis <strong>politique</strong>s : le parti <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> vote (Vote-Seek<strong>in</strong>g Party), le parti <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> programme (Policy-Seek<strong>in</strong>g Party), et le parti <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur<strong>de</strong> postes (Office-Seek<strong>in</strong>g Party). Le premier a pour objectif <strong>de</strong> maximiser son poids électoralet <strong>de</strong> gagner les élections : les partis <strong>politique</strong>s canadiens en sont l’illustration parfaite. Lesecond vise pr<strong>in</strong>cipalement la victoire <strong>de</strong> son idéologie, tels les partis <strong>de</strong> la nouvelle droiteou néo-conservateurs. Le troisième ne s’<strong>in</strong>téresse qu’à l’occupation <strong>de</strong>s responsabilitéspubliques : l’auteur donne l’exemple <strong>de</strong>s partis socialistes, républica<strong>in</strong>s et libéraux italiensavant la crise <strong>de</strong> 1993 et <strong>de</strong>s formations néerlandaises comme le CDA (Christian DemocraticAppeal). Soumis en permanence aux contra<strong>in</strong>tes <strong>de</strong> la concurrence <strong>in</strong>ter-partisane, les partis<strong>politique</strong>s privilégient telle ou telle tendance en fonction <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> la compétition et <strong>de</strong>leur potentiel <strong>in</strong>terne. Comme Bartol<strong>in</strong>i, Wol<strong>in</strong>etz avance un modèle multidimensionnel. Ildémontre comment l’arrivée d’un nouveau lea<strong>de</strong>r suffit pour qu’un parti passe <strong>de</strong> parti <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur<strong>de</strong> programme à parti <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> votes, dans le cas <strong>de</strong>s travaillistes britanniques <strong>de</strong>puisNeil K<strong>in</strong>nock, ou effectue un it<strong>in</strong>éraire <strong>in</strong>verse, comme les conservateurs britanniques sous laférule <strong>de</strong> Margaret Thatcher. Il revient aux politistes d’être attentifs aux positionnements <strong>de</strong>spartis, aux stratégies <strong>de</strong> leurs lea<strong>de</strong>rs comme à leurs structurations <strong>in</strong>ternes et <strong>de</strong> saisir leursréponses variables aux contra<strong>in</strong>tes <strong>de</strong> la compétition électorale démocratique. Une situation <strong>de</strong>crise <strong>de</strong> régime, d’alternance <strong>politique</strong>, ou <strong>de</strong> transition démocratique, ne provoque pas <strong>de</strong>sréponses similaires pour tous les partis <strong>politique</strong>s. En déf<strong>in</strong>itive, pour Wol<strong>in</strong>etz, le modèle duparti cartel cohabite avec d’autres modèles <strong>de</strong> mobilisation partisane, il n’est en rien un aboutissementunivoque <strong>de</strong> l’évolution sociale <strong>de</strong>s démocraties occi<strong>de</strong>ntales.Il revient à Mariano Torcal, Richard Gunther et José Ramon Montero, au cœur <strong>de</strong> la troisièmepartie <strong>de</strong> l’ouvrage, d’effectuer un travail quantitatif sur les sentiments antipartis dans lesud <strong>de</strong> l’Europe. Cette étu<strong>de</strong> d’une portée majeure pose les jalons pratiques d’une mesurerégressive <strong>de</strong>s rapports entre citoyens, partis <strong>politique</strong>s et démocratie. Rares sont lesrecherches qui ont su utiliser la démarche comparée pour tester et quantifier la performance<strong>de</strong>s régimes démocratiques et l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s citoyens aux partis. Le choix <strong>de</strong> la Grèce, duPortugal, <strong>de</strong> l’Italie et <strong>de</strong> l’Espagne est justifié par les rapports tumultueux qu’ont entretenusces pays avec la démocratie au cours du v<strong>in</strong>gtième siècle et l’abondance d’enquêtes existantessur la santé <strong>de</strong> leurs régimes pluralistes. À l’ai<strong>de</strong> d’outils statistiques précis couvrant les années1980 et 1990, Les auteurs brossent un état <strong>de</strong>s lieux saisissant <strong>de</strong>s démocraties méditerranéennes,à rebrousse-poil <strong>de</strong>s idées reçues en la matière. Peu conva<strong>in</strong>cus par les discours sur laf<strong>in</strong> <strong>de</strong>s partis et le rejet unilatéral <strong>de</strong>s partis par les citoyens, ils démontrent l’ambivalence fondamentaledu sentiment antiparti qui a paru se propager au se<strong>in</strong> <strong>de</strong>s démocraties européennes.Ils dist<strong>in</strong>guent d’ailleurs <strong>de</strong>ux types d’antipartisme : un antipartisme culturel marqué par <strong>de</strong>sexpériences socialisatrices communes négatives et un antipartisme réactif lié aux réactions critiqueset conjoncturelles <strong>de</strong>s citoyens. C’est a<strong>in</strong>si qu’ils mesurent le niveau et l’impact <strong>de</strong> ces<strong>de</strong>ux antipartismes sur les choix électoraux et l’évaluation positive ou négative <strong>de</strong>s partis parles citoyens. L’antipartisme culturel se caractérise par sa stabilité au cours du temps, l’analysepar cohortes générationnelles démontre sa permanence et ses différences selon le groupe d’âged’appartenance et les mo<strong>de</strong>s vécus <strong>de</strong> socialisation à la <strong>politique</strong>. Pour Torcal, Gunther et Montero,l’antipartisme culturel est le plus dangereux pour la cont<strong>in</strong>uité <strong>de</strong>s démocraties mo<strong>de</strong>rneset conduit sur le long terme à un rejet latent <strong>de</strong> la compétition électorale. De plus, il ne stimuleaucune participation alternative, il engendre la passivité, le désengagement et la lassitu<strong>de</strong>.L’antipartisme réactif n’a, quant à lui, aucun effet sur la participation électorale, sur l’i<strong>de</strong>ntificationaux partis, ou encore sur les engagements <strong>politique</strong>s non conventionnels. La critique <strong>de</strong>sperformances gouvernementales, <strong>de</strong>s défaillances <strong>de</strong>s hommes <strong>politique</strong>s, ne conduit à aucune468

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