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11 - Synthèse - Nouvelle crise sur le marché du blé dur

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L’étude de la courbe permet de voir qu’en 2007/08, <strong>le</strong> <strong>blé</strong> est laculture dont <strong>le</strong>s cours se sont <strong>le</strong> plus envolés. Mais depuis lors, il atoujours été <strong>sur</strong>passé par <strong>le</strong>s maïs et <strong>le</strong>s sojas. Sauf pendant unecourte période à la fin de l’hiver 20<strong>11</strong>. Mais au printemps 2012, aumoment des semis soja et maïs étaient beaucoup plus attractifspour <strong>le</strong>s pro<strong>du</strong>cteurs.> L’absence d’instrument de couverture à termeLe <strong>marché</strong> <strong>du</strong> <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r était l’un des <strong>marché</strong>s des grains <strong>le</strong>s plus rég<strong>le</strong>menté.Le CWB régnait en maître <strong>sur</strong> <strong>le</strong> <strong>marché</strong> mondial. L’UE, (quiest <strong>le</strong> premier pro<strong>du</strong>cteur de <strong>blé</strong> dans <strong>le</strong> monde si on la prend comeun tout), pratiquait des droits de douane é<strong>le</strong>vés et a eu recours àdes taxes à l’exportation pour protéger son <strong>marché</strong> des fluctuationsmondia<strong>le</strong>s. Le <strong>marché</strong> turc est sous la gouvernance <strong>du</strong> TMO et i<strong>le</strong>n va de même en Algérie avec l’OAIC et en Tunisie avec l’OTC.Si <strong>le</strong>s <strong>marché</strong>s turc, tunisien et algérien sont toujours fortementencadrés, <strong>le</strong>s <strong>marché</strong>s européen et canadien ont été libéralisés.La <strong>crise</strong> de 2007/08 a poussé <strong>le</strong>s cours <strong>du</strong> <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r à des sommetsjamais atteints (1 000 $/t), une nouvel<strong>le</strong> poussée de fièvre estintervenue en 2010/<strong>11</strong> et la campagne 2014/15 s’annonce d’oreset déjà comme mémorab<strong>le</strong>.Les opérateurs finaux, qui sont des in<strong>du</strong>striels, ne peuvent secouvrir <strong>sur</strong> un <strong>marché</strong> à terme des brusques écarts de prix qu’ilssubissent. Plusieurs tentatives, de mise en place de tels <strong>marché</strong>sont été engagées depuis 2010, mais el<strong>le</strong>s ont toutes échouées.Le <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r est rebel<strong>le</strong> aux <strong>marché</strong>s à terme pour des raisons quirestent en partie des mystères. Certes, ce <strong>marché</strong> est étroit, mais<strong>le</strong> <strong>marché</strong> de l’avoine l’est encore plus et pourtant un <strong>marché</strong> àterme fonctionne à Chicago.Il n’en reste pas moins que <strong>le</strong>s opérateurs, comme <strong>le</strong>s pro<strong>du</strong>cteurs,sont complètement démunis face à de brusques hausses descours, alors qu’ils en étaient largement épargnés <strong>du</strong> temps où <strong>le</strong><strong>marché</strong> européen était fortement rég<strong>le</strong>menté. Celui-ci est, désormais,complètement libéralisé. Il n’y a, dans l’UE, pour <strong>le</strong> <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r, nidroit de douane, ni restitution. Le <strong>marché</strong> est ouvert aux 4 ventset comme c’est <strong>le</strong> plus gros <strong>marché</strong> de consommation <strong>du</strong> mondeavec des utilisations intérieures de quelque 8 Mt, c’est ce <strong>marché</strong>qui manque <strong>le</strong> plus de visibilité dans <strong>le</strong> monde.On ajoutera que ce <strong>marché</strong> souffre aussi d’un manque de transparence.A la différence de l’USDA, <strong>le</strong> Conseil international descéréa<strong>le</strong>s publie des statistiques assez complètes et d’excel<strong>le</strong>ntefacture <strong>sur</strong> <strong>le</strong> <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r. La Commission européenne, publie mensuel<strong>le</strong>mentdes bilans. Mais, malheureusement, ni la Commission,ni <strong>le</strong> CIC ne publient de bilans détaillés par Etat membre. C’estparticulièrement pénalisant dans la me<strong>sur</strong>e où <strong>le</strong> <strong>marché</strong> européen<strong>du</strong> <strong>blé</strong> n’est plus que l’addition des <strong>marché</strong>s de ses membres depuisqu’on y importe et on exporte librement sans entrave commercia<strong>le</strong>ou sanitaire.Facteurs conjoncturels : récoltes médiocres tant enquantité qu’en qualitéEn 2014/15 <strong>le</strong> <strong>marché</strong> <strong>du</strong> <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r connaît une grave <strong>crise</strong> conjoncturel<strong>le</strong>.La récolte chute en volume de 12% et est d’une piètre qualité.La pro<strong>du</strong>ction est inférieure à la consommation, <strong>le</strong> commercemondial est envisagé en hausse et <strong>le</strong>s stocks devraient atteindredes profondeurs méconnues.> Récolte mondia<strong>le</strong> en forte chuteLa récolte mondia<strong>le</strong> de <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r est la pire depuis des décennies.Pratiquement tous <strong>le</strong>s pays qui comptent pour <strong>le</strong> <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r mondialsont affectés comme <strong>le</strong> montre <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au ci dessous.Recul de pro<strong>du</strong>ction de <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r en 2014 par rapport à 2013 dans<strong>le</strong> mondeSyrie - 50 %Turquie - 30 %Canada - 26 %Espagne - 22 %Algérie - 16 %Maroc - 16 %Grèce - 14 %Australie - 13 %Monde - 12 %Union européenne - <strong>11</strong> %France - <strong>11</strong> %États Unis - 8 %Italie - 6 %Mexique - 2 %Tunisie 60 %Source CIC en %Le recul de la pro<strong>du</strong>ction au Moyen-Orient est <strong>du</strong> à l’importantediminution des <strong>sur</strong>faces récoltées, à la forte sécheresse en Turquieet à guerre en Syrie qui nuit gravement à toute activité économiqueen général et à la pro<strong>du</strong>ction de céréa<strong>le</strong>s en particulier. La Syrie quifut exportatrice de <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r est maintenant devenue importatrice.Et tant que la situation dans cette région <strong>du</strong> monde n’aura pasretrouvé une certaine stabilité il y a fort à craindre, qu’il en résultedes tensions <strong>sur</strong> <strong>le</strong> <strong>marché</strong> <strong>du</strong> <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r.Dans l’UE, la baisse de pro<strong>du</strong>ction tient pour l’essentiel à la baissedes <strong>sur</strong>faces. Le Maghreb, à la seu<strong>le</strong> exception de la Tunisie, connaîtune nouvel<strong>le</strong> année de mauvaise récolte causée par des conditionsclimatique adverses. Arrêtons nous <strong>sur</strong> la situation <strong>du</strong> Canada, quiencore une fois a un impact majeur <strong>sur</strong> l’équilibre mondial <strong>du</strong> <strong>marché</strong>> Récolte record au Canada en 2013 mais moyenne en2014Les conditions climatiques en 2013 ont été au Canada presqueparfaites pour la croissance des céréa<strong>le</strong>s et des oléagineux. Nombred’opérateurs s’attendaient donc à une excel<strong>le</strong>nte récolte. Maisc’est une récolte miracu<strong>le</strong>use qu’ils ont fina<strong>le</strong>ment découverte. Lamoisson de <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r canadienne est, en 2013, supérieure de plus de40 % à cel<strong>le</strong> de l’année précédente, et el<strong>le</strong> <strong>sur</strong>passe de 37 % <strong>le</strong>smoyennes quinquenna<strong>le</strong> et décenna<strong>le</strong>.Statcan, l’organisme statistique canadien, n’a fait apparaître, dansses statistiques cette récolte miracu<strong>le</strong>use que <strong>le</strong> 6 décembre2013 alors que la récolte était achevée depuis <strong>le</strong> 15 octobre. Lechiffre définitif de la pro<strong>du</strong>ction a été arrêté à 6,5 Mt. La prévisionpubliée <strong>le</strong> 4 octobre 2013 était de 5,5 Mt, alors que 83 % des <strong>blé</strong>s<strong>du</strong>rs avaient été récoltés selon <strong>le</strong> « crop report » <strong>du</strong> ministère del’agriculture <strong>du</strong> gouvernement de la Saskatchewan. Cette mauvaiseappréciation de l’amp<strong>le</strong>ur de la récolte a eu des conséquences<strong>sur</strong> <strong>le</strong> <strong>marché</strong>, car un million de tonnes en plus ou en moins c’estce qui fait passer <strong>le</strong> bilan mondial d’une situation de déficit à unesituation d’excédents. El<strong>le</strong> a amplifié la chute des cours. Mais el<strong>le</strong>a aussi provoqué un grand désordre <strong>sur</strong> <strong>le</strong> <strong>marché</strong>.Les grains exportés au départ <strong>du</strong> Canada doivent d’abord êtretransportés depuis <strong>le</strong>s Prairies vers <strong>le</strong>s ports capab<strong>le</strong>s de chargerdes bateaux aptes à la navigation maritimes. Ce transport cefait essentiel<strong>le</strong>ment par train. Or ceux-ci ont été complètementengorgés pendant l’hiver 2013/14 en raison de l’importance dela récolte de grain et de la demande de pro<strong>du</strong>its pétroliers. C’esttout la chaîne logistique qui en a pâti. On a assisté à des retardsde chargements des bateaux et, à la fin, <strong>le</strong>s opérateurs se sontretirés <strong>du</strong> <strong>marché</strong> pour se consacrer uniquement à l’exécution descontrats en cours. Le CIC a interrompu la publication des cotations àl’exportation <strong>du</strong> <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r <strong>du</strong> Canada entre avril et mai 2014. Le paysn’était plus disponib<strong>le</strong> pour vendre ses grains. Au final <strong>le</strong> Canada atout de même réussi à exporter plus de 5 Mt de <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r à travers<strong>le</strong> monde, tout en gardant un stock de report de 1,8 MtPour la campagne 2014/15, la situation est bien différente. LeCanada ne devrait récolter « que » 4,7 Mt soit presque 2 Mt demoins que 2013. Mais ce chiffre n’apparaît comme très bas qu’enraison l’importance de la récolte 2013. En revanche, ce niveau depro<strong>du</strong>ction est tout à fait en ligne tant avec la moyenne quinquenna<strong>le</strong>qu’avec la moyenne décenna<strong>le</strong> qui sont toutes deux de4,7 Mt. La moyenne cache, el<strong>le</strong> même, des écarts importants entre<strong>le</strong>s hauts et <strong>le</strong>s bas. Entre 2010 et 2013, la pro<strong>du</strong>ction passe de3Mt à plus de 6,5 Mt ! Une pro<strong>du</strong>ction dans la moyenne est doncune récolte appréciab<strong>le</strong>. Le Canada ne connaît pas de catastropheen 2014.Néanmoins, la campagne 2014/15 va s’achever <strong>sur</strong> un bilan ten<strong>du</strong>.Les prévisions d’exportation sont de 4,7 Mt, ce qui ne laisseraitqu’un stock de report de 1 Mt au 31 juil<strong>le</strong>t. La nouvel<strong>le</strong> récoltecanadienne n’est disponib<strong>le</strong> qu’à compter <strong>du</strong> 15 octobre. Le stockde report au 31 juil<strong>le</strong>t doit donc inclure 2 mois et demi d’utilisation.En fait un stock au 31 juil<strong>le</strong>t proche de 1 Mt équivaut à un stockproche de zéro au 15 octobre.> Consommation supérieure à la pro<strong>du</strong>ctionLa consommation de <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r est peu sensib<strong>le</strong> aux variations de prix.Ainsi si la Turquie pro<strong>du</strong>it moins de <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r, el<strong>le</strong> en importe plus. LaSyrie, qui fut exportatrice de <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r, est devenue importatriceen raison des troub<strong>le</strong>s que connait ce pays. On pourrait multiplier<strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s. Cependant on constate que depuis 2007/08, laconsommation qui n’avait cessé de croître au cours des annéesprécédentes a commencé à se stabiliser et, à décroitre. Ce phénomènen’est pas faci<strong>le</strong> à cerner statistiquement. Cette ré<strong>du</strong>ction desutilisations doit tenir à plusieurs facteurs. Mais <strong>le</strong> plus important(2)http://www.epa.gov/ttnchie1/ap42/ch09/final/c9s09-5.pdf)doit être une substitution partiel<strong>le</strong> de <strong>blé</strong> tendre vitreux dans lafabrication de certaines pâtes dans des pays où cela est possib<strong>le</strong>commercia<strong>le</strong>ment et léga<strong>le</strong>ment, par exemp<strong>le</strong> aux Etats-Unis (2) .Une autre raison doit être l’amélioration des taux d’extractionde farine et de semou<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s process in<strong>du</strong>striels. Enfin il estprobab<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s taux de perte décroissent en raison à la fois <strong>du</strong>prix <strong>du</strong> <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r et de l’amélioration des techniques de manipulationdes grains.Mais au-delà de ces constatations <strong>le</strong> fait est que <strong>le</strong>s utilisations de<strong>blé</strong> <strong>du</strong>r ne déclinent pas dans la même proportion que la pro<strong>du</strong>ction.Les utilisations de <strong>blé</strong>s <strong>du</strong>rs connaissent en fait des évolutions géographiquementcontrastées. Dans <strong>le</strong>s pays où la rég<strong>le</strong>mentationet <strong>le</strong> goût des consommateurs tolèrent des substitutions entrecéréa<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s utilisations in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s de <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r sont susceptib<strong>le</strong>sde varier en fonction des prix. Dans <strong>le</strong>s pays où <strong>le</strong>s habitudes deconsommation et au <strong>sur</strong>plus la rég<strong>le</strong>mentation ré<strong>du</strong>isent fortement<strong>le</strong>s substitutions, la demande de <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r de qualité resteraimportante et pourra créer des tensions <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s prix.Pro<strong>du</strong>ction et consommation de <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r dans <strong>le</strong> Monde (en Mt)(Moyenne mobi<strong>le</strong> quinquenna<strong>le</strong>)39383736352005/06Source CIC2006/072007/082008/092009/10> Le commerce mondial sera en 2014 supérieur à celui de2013Les importations mondia<strong>le</strong>s de <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r continuent de croitreCertains des pays où l’on constate une ré<strong>du</strong>ction de <strong>sur</strong>facesensemencées se sont mis à importer <strong>le</strong> <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r qu’auparavantils pro<strong>du</strong>isaient. Deux pays en particulier mettent en lumière cephénomène <strong>le</strong>s Etats-Unis et la Turquie L’un et l’autre étaient desexportateurs nets, ils sont désormais l’un et l’autre importateurnet. Aux Etats-Unis c’est la concurrence dans <strong>le</strong>s asso<strong>le</strong>mentsqui explique <strong>le</strong> déclin de la pro<strong>du</strong>ction de <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r. En Turquie, troisfacteurs se combinent. La ré<strong>du</strong>ction des <strong>sur</strong>faces dédiées au <strong>blé</strong><strong>du</strong>r. La croissance de l‘in<strong>du</strong>strie d’exportation des pâtes. Et enfin <strong>le</strong>nombre de réfugiés et de personnes déplacées en Syrie et en Irak(plus de 5 millions de personnes selon l’UNHCR) crée un besoin àl’importation. La Turquie est <strong>le</strong> pays <strong>le</strong> plus à même de fournir desdenrées de base à ces personnes tant en raison de l’importancede son in<strong>du</strong>strie agroalimentaire de sa situation géographique.2010/<strong>11</strong>20<strong>11</strong>/122012/13Consommation Pro<strong>du</strong>ction2013/142014/154 / <strong>Nouvel<strong>le</strong></strong> <strong>crise</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> <strong>marché</strong> <strong>du</strong> <strong>blé</strong> <strong>du</strong>r> ÉDITION mai 2014. /LES SYNTHÈSES de FranceAgriMer 2014 / CÉRÉALES / 5

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