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Le chrétien néo-apostolique dans la société – Première partie

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Église <strong>néo</strong>-<strong>apostolique</strong> internationale<br />

<strong>Le</strong> <strong>chrétien</strong> <strong>néo</strong>-<strong>apostolique</strong> <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>société</strong> <strong>–</strong> <strong>Première</strong> <strong>partie</strong><br />

<strong>Le</strong>s questions de savoir quelle est <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion du <strong>chrétien</strong> <strong>néo</strong>-<strong>apostolique</strong> à<br />

l’État et à <strong>la</strong> <strong>société</strong>, et quel en est le fondement, sont au centre du présent<br />

article. Après une vue d’ensemble des fondements bibliques de notre conception<br />

des ordonnances temporelles, nous traiterons, <strong>dans</strong> une deuxième <strong>partie</strong>, de <strong>la</strong><br />

position de l’Église <strong>néo</strong>-<strong>apostolique</strong> à l’égard de l’État et de quelques questions<br />

choisies.<br />

L’article 10 de notre confession de foi<br />

La confession de foi <strong>néo</strong>-<strong>apostolique</strong> ne retient pas seulement des professions de foi au<br />

sujet de <strong>la</strong> Trinité divine, de l’Église, de ses ministères et sacrements ainsi que de l’espérance<br />

eschatologique ; outre <strong>la</strong> profession de foi en les vérités élémentaires, elle propose<br />

aussi une déc<strong>la</strong>ration fondamentale sur <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion des <strong>chrétien</strong>s <strong>néo</strong>-<strong>apostolique</strong>s à l’État.<br />

L’article 10 dit ceci :<br />

« Je crois que je dois obéissance aux autorités temporelles, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où les lois divines<br />

ne s’y opposent pas. »<br />

<strong>Le</strong>s termes de ce dixième article renvoient au traité de Martin Luther : « Sur l’autorité temporelle<br />

et l’obéissance qu’on lui doit », de l’année 1523. Luther y développe sa doctrine<br />

des deux règnes : les gouvernements spirituel et temporel sont deux ordonnances divines<br />

qui sont le pendant l’une de l’autre.<br />

Dans <strong>la</strong> « Confession d’Augsbourg », qui date de 1530, <strong>la</strong> réponse à <strong>la</strong> question de savoir<br />

<strong>dans</strong> quelle mesure il faut obéir aux autorités temporelles est celle-ci :<br />

« Il est donc évident que les <strong>chrétien</strong>s sont redevables d’obéir aux autorités et aux lois,<br />

sauf <strong>dans</strong> le cas où ils ne peuvent s’y conformer sans pécher. Dans ce cas on doit obéir<br />

à Dieu plutôt qu’aux hommes. »<br />

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Fondements bibliques de <strong>la</strong> conception <strong>chrétien</strong>ne de l’État<br />

La conception d’un gouvernement temporel comme étant une autorité ordonnatrice<br />

d’origine divine trouve son fondement biblique <strong>dans</strong> les explications données par l’apôtre<br />

Paul en Romains 13. Dans ce passage célèbre de l’épître aux Romains, il est question de<br />

<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> communauté (judéo-<strong>chrétien</strong>ne) de Rome à l’autorité de l’État ; on y trouve<br />

aussi des déc<strong>la</strong>rations fondamentales sur le gouvernement temporel.<br />

Aux yeux de l’apôtre Paul, <strong>la</strong> légitimation du pouvoir politique réside <strong>dans</strong> le fait qu’il doit imposer<br />

ce qui est moralement bien et s’opposer au mal. Ce<strong>la</strong> vaut pour toute forme de gouvernement<br />

; <strong>dans</strong> cette mesure, il convient donc de considérer l’autorité temporelle,<br />

indépendamment de son empreinte, comme étant instituée par Dieu : « Que toute personne<br />

soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et<br />

les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité<br />

résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation<br />

sur eux-mêmes. Ce n’est pas pour une bonne action, c’est pour une mauvaise, que les magistrats<br />

sont à redouter. Veux-tu ne pas craindre l’autorité ? Fais-le bien, et tu auras son approbation.<br />

<strong>Le</strong> magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains ; car<br />

ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer <strong>la</strong> vengeance et<br />

punir celui qui fait le mal. Il est donc nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte de<br />

<strong>la</strong> punition, mais encore par motif de conscience » (Romains 13 : 1-5). L’expression de cette<br />

soumission et de l’obéissance réside <strong>dans</strong> le paiement des impôts et tributs dus aux gouvernants<br />

: « C’est aussi pour ce<strong>la</strong> que vous payez les impôts. Car les magistrats sont des<br />

ministres de Dieu entièrement appliqués à cette fonction. Rendez à tous ce qui leur est dû,<br />

l’impôt à qui vous devez l’impôt, le tribut à qui vous devez le tribut, <strong>la</strong> crainte à qui vous<br />

devez <strong>la</strong> crainte, l’honneur à qui vous devez l’honneur » (Romains 13 : 6-7).<br />

Dans le protestantisme allemand surtout, mais aussi au sein de l’Église <strong>néo</strong>-<strong>apostolique</strong>,<br />

ce passage en Romains 13 a, jusqu’à un passé très récent, suscité des interprétations et<br />

eu des répercussions problématiques. En dépit de ce constat, nous tenterons néanmoins<br />

de retracer ici les caractéristiques essentielles de l’argumentation paulinienne.<br />

La conformité à <strong>la</strong> <strong>société</strong> et <strong>la</strong> loyauté envers toute forme d’autorité temporelle sont des<br />

exigences typiques pour toute minorité ; or, à l’époque de <strong>la</strong> rédaction de l’épître aux Romains,<br />

les communautés de l’Église <strong>chrétien</strong>ne primitive se trouvaient précisément en situation<br />

minoritaire. Elles devaient ne pas susciter de réprobation et, surtout, ne pas être<br />

soupçonnées de mettre en question les rapports de pouvoir existants, c’est-à-dire le lien<br />

étroit qui unissait le pouvoir politique et <strong>la</strong> religion (romaine ou grecque), notamment <strong>dans</strong><br />

le culte impérial romain. L’exigence de loyauté est aussi à considérer au regard de l’existence,<br />

au sein du christianisme primitif, de courants exaltés qui déduisaient, de <strong>la</strong> liberté<br />

fondée en Christ, l’affranchissement du <strong>chrétien</strong> de toute marque de respect envers<br />

les autorités temporelles, comme s’il échappait déjà à leur pouvoir. C’est à ces courants<br />

que s’opposaient sans doute les déc<strong>la</strong>rations de <strong>la</strong> première épître de Pierre, dont on<br />

peut déduire l’exigence, pour les <strong>chrétien</strong>s, de reconnaître le culte de l’Empereur<br />

(cf. I Pierre 2 : 12-17). Dans ce passage, le dualisme eschatologique inhérent à <strong>la</strong> concep-<br />

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tion <strong>chrétien</strong>ne du monde s’exprime très c<strong>la</strong>irement : bien qu’étranger au monde, le <strong>chrétien</strong><br />

ne peut se dérober au pouvoir revendiqué par les autorités temporelles.<br />

Dans l’épître aux Romains, l’apôtre Paul fait vraisemb<strong>la</strong>blement référence au conflit politique<br />

concret qui opposait le judaïsme romain à l’État, plus précisément à l’administration<br />

municipale romaine au sujet de <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion fiscale. Des soulèvements répétés ont eu lieu<br />

à Rome contre <strong>la</strong> charge fiscale. On ne sait si <strong>la</strong> communauté (judéo-) <strong>chrétien</strong>ne était impliquée<br />

<strong>dans</strong> ce conflit ou si l’apôtre vou<strong>la</strong>it simplement <strong>la</strong> mettre en garde contre ce danger.<br />

Quoi qu’il en soit, on peut tirer, du contexte historique, <strong>la</strong> conclusion que les<br />

déc<strong>la</strong>rations de l’apôtre au sujet du devoir d’obéissance aux autorités temporelles sont<br />

une réponse à une situation historique donnée. La mise en évidence expresse du devoir<br />

de payer les impôts va <strong>dans</strong> le même sens (cf. Romains 13 : 6).<br />

Comme <strong>dans</strong> d’autres épîtres pauliniennes (I Corinthiens, Philippiens, I Thessaloniciens),<br />

l’approbation de l’autorité va de pair avec l’exhortation à <strong>la</strong> soumission et à l’obéissance.<br />

Néanmoins, l’argumentation de l’apôtre Paul n’est pas pragmatique, mais bel et bien théologique<br />

: L’autorité est servante de Dieu, parce qu’elle punit le mal et juge ainsi au service<br />

de Dieu. <strong>Le</strong> mal n’étant arrivé <strong>dans</strong> le monde qu’avec <strong>la</strong> chute <strong>dans</strong> le péché, l’autorité<br />

n’est pas, par conséquent, une composante de <strong>la</strong> création, mais elle fait <strong>partie</strong> des ordonnances<br />

du monde déchu. Dans cette mesure, toute autorité temporelle est sous réserve<br />

eschatologique : au fur et à mesure que s’érige le royaume de Dieu, l’autorité<br />

temporelle perd sa raison d’être.<br />

Obéissance et distance<br />

Aux déc<strong>la</strong>rations, en Romains 13, sur le positionnement envers l’autorité font suite des<br />

explications au sujet de l’amour <strong>dans</strong> sa dimension d’accomplissement de <strong>la</strong> loi, qui sont<br />

elles-mêmes suivies d’une profession de foi eschatologique : « « La nuit est avancée, le<br />

jour approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres, et revêtons les armes<br />

de <strong>la</strong> lumière » (Romains 13 : 12). Cette prise de conscience eschatologique, l’attente du<br />

tournant imminent de l’époque, qui entraînera <strong>la</strong> soumission définitive des forces hostiles<br />

à Dieu, explique l’attitude à l’égard de l’autorité temporelle : elle n’a plus d’importance que<br />

temporairement ; dès lors, sa négation, <strong>la</strong> répugnance et l’opposition contre elle n’est<br />

plus, ne doit plus être l’affaire de l’homme, parce que Dieu lui-même a déterminé sa fin.<br />

Dans cette mesure, l’exigence d’obéissance a non seulement un fondement éthique, mais<br />

aussi théologique.<br />

La conscience nettement eschatologique qui, sous <strong>la</strong> forme de l’attente de <strong>la</strong> fin proche,<br />

caractérise les communautés de l’Église <strong>chrétien</strong>ne primitive confère à <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion du <strong>chrétien</strong><br />

au monde une exceptionnelle qualité existentielle : <strong>Le</strong> « monde » est l’impropre, le non<br />

absolu, le non définitif. Au regard du règne de Christ qui a déjà commencé et dont le<br />

triomphe sur toutes les autres puissances est attendu prochainement, le <strong>chrétien</strong> peut se<br />

soumettre aux autorités temporelles tout en gardant intérieurement ses distances avec<br />

elles, parce qu’il sait bien que « <strong>la</strong> figure de ce monde passe » (I Corinthiens 7 : 31).<br />

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