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Cannabis en Médecine - International Association for Cannabinoid ...

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Pour Christiane.F. G.À Arthur et Amélie.L. B.


SommairePréface 10Histoire des applications médicales du cannabis 12Chine 12Inde 14Autres civilisations anci<strong>en</strong>nes 16Europe jusqu’au XIXe siècle 19Europe et Amérique du XIXe siècle 22Début du XXe siècle 33Les principes actifs thérapeutiques 38Cannabinoïdes 39Autres principes actifs 41Biochimie des cannabinoïdes 42Quelques indications concernant l’utilisation des 43cannabinoïdesPréparation des drogues à base de cannabis 44Comm<strong>en</strong>t les cannabinoïdes agiss<strong>en</strong>t-ils sur 46l’organisme ?Récepteurs cannabinoïdes 46Endocannabinoïdes 47Comm<strong>en</strong>t le système <strong>en</strong>docannabinoïde se modifie-t-il 48lors d’une maladie ?Autres effets 48Développem<strong>en</strong>t de nouveaux médicam<strong>en</strong>ts 50Les applications médicales des produits issus 52du cannabisMaladies psychiatriques 55


Dépression 56Angoisses et troubles de stress post-traumatiques 58Psychoses affectives, dépressions <strong>en</strong>dogènes et 60troubles bipolairesTroubles du comportem<strong>en</strong>t liés à la maladie 62d’AlzheimerAutisme 63Impuissance sexuelle et dysfonction érectile 64Troubles du sommeil et insomnies 65Accoutumance à l’alcool, aux opiacés et aux 67somnifèresMaladies neuropsychiatriques 68Trouble Déficit de l’Att<strong>en</strong>tion / Hyperactivité (TDAH) 68Trouble Obsessif Compulsif (TOC), p<strong>en</strong>sées, 70impulsions et t<strong>en</strong>dances impérativesSyndrome de Gilles de la Tourette 72Maladies neurologiques 74Spasticité, sclérose <strong>en</strong> plaques et paraplégie 74Troubles de la motricité liés à une hyperkinésie 79Maladie de Parkinson 83Epilepsie 85Douleurs physiques 86Céphalées 93Troubles gastro-intestinaux 94Ulcère gastroduodénal et brûlures de l’estomac 95Diarrhée 95Syndrome de l’intestin irritable 96Nausées et vomissem<strong>en</strong>ts 97Chimiothérapie anticancéreuse 98VIH/sida 103Autres maladies accompagnées de nausées 103Perte d’appétit et amaigrissem<strong>en</strong>t 104Cancers 107Sida 107Maladie d’Alzheimer 108Inflammations et allergies 108Inflammations 109Allergies 113Démangeaisons 114Toux et asthme 116Asthme 116Toux 117


Glaucome 117Diverses autres maladies 121Hoquet 121Nystagmus 122Acouphène (perception auditive anormale) 122Vision scotopique 123Aide à l’accouchem<strong>en</strong>t 124Cancers 124Sclérose latérale amyotrophique 125Hémodilution 126Lupus érythémateux multisystémique 126Ostéoporose 127Troubles respiratoires 128Accid<strong>en</strong>t vasculaire cérébral et traumatisme crâni<strong>en</strong> 128Maladies cardio-vasculaires 129Effets secondaires 132Risques liés au cannabis 133Effets secondaires aigus 134Effets psychoactifs 134Effets secondaires physiques 134Effets secondaires à long terme 135Risques associés à la fumée de combustion 135Psychisme et facultés intellectuelles 136Développem<strong>en</strong>t d’une tolérance 137Accoutumance 138Effet rebond 139Système immunitaire 140Système hormonal et fertilité 110Grossesse 142Effets secondaires du statut d’illégalité 142Comparaison <strong>en</strong>tre le cannabis et les autres drogues 143Contre-indications et précautions d’emploi 146Contre-indications absolues 146Contre-indications relatives 146


Comm<strong>en</strong>t utiliser les produits à base 149de cannabis ?Différ<strong>en</strong>ts modes d’absorption 149Voie respiratoire 149Voie orale 152Voie sublinguale 154Autres modes d’absorption 154Comm<strong>en</strong>t tester et définir le dosage approprié ? 155Que faire <strong>en</strong> cas de surdosage ? 157Interactions du cannabis avec d’autres médicam<strong>en</strong>ts 159Recommandations sur l’utilisation du cannabis 161et du DronabinolManger et boire du cannabis 161Inhalation du Dronabinol 164Préparation de teinture à base de cannabis 165Et si les troubles s’int<strong>en</strong>sifi<strong>en</strong>t ? 166Acheter du cannabis à l’étranger 167Produits issus du cannabis chez l’<strong>en</strong>fant 167Chènevis, huile et farine de chanvre 169Principes nutritifs de base 169L’acide gamma-linoléique 171L’utilisation thérapeutique des acides gras ess<strong>en</strong>tiels 173et de l’huile de chanvreNeurodermite 173L’huile de chanvre pour les soins corporels 174Acide gamma-linoléique et autres maladies 174Maladies cardio-vasculaires 175Arthrite rhumatoïde et autres maladies inflammatoires 175Syndrome prém<strong>en</strong>struel 175Glossaire 177Bibliographie 181In<strong>for</strong>mations complém<strong>en</strong>taires et coordonnées 210À propos de l’auteur 211Du même auteur 212


PréfaceDe nombreux pati<strong>en</strong>ts qui utilis<strong>en</strong>t du cannabis à titre médicaldécriv<strong>en</strong>t celui-ci comme le meilleur médicam<strong>en</strong>t qu’ils ai<strong>en</strong>tutilisé. Certains trouv<strong>en</strong>t finalem<strong>en</strong>t un soulagem<strong>en</strong>t par l’usagede cannabinoïdes alors que tous les autres traitem<strong>en</strong>ts ontéchoué. Néanmoins, le cannabis et les cannabinoïdes ne sontpas un médicam<strong>en</strong>t miracle. En effet, beaucoup d’autrespati<strong>en</strong>ts sont déçus parce que les produits issus du cannabis neles aid<strong>en</strong>t pas ou parce que les effets secondaires sont tropimportants pour eux. Les personnes qui souffr<strong>en</strong>t d’une maladieou de symptômes pour lesquels le cannabis ou le THC(Dronabinol) apport<strong>en</strong>t un intérêt thérapeutique, doiv<strong>en</strong>t essayeret trouver dans quelle mesure elles tir<strong>en</strong>t profit des produitsissus du cannabis. Elles doiv<strong>en</strong>t s’armer de pati<strong>en</strong>ce pourdéterminer leur dosage individuel.L’utilité médicale du cannabis, et des cannabinoïdes prisséparém<strong>en</strong>t, est maint<strong>en</strong>ant très largem<strong>en</strong>t acceptée par lacommunauté sci<strong>en</strong>tifique. En revanche, la perception qui <strong>en</strong> estfaite par les médecins et les politici<strong>en</strong>s varie considérablem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> fonction des pays. Alors que dans beaucoup de pays commela Canada, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne, 13 États desÉtats-Unis, la République Tchèque, l’Autriche et Israël, le largepot<strong>en</strong>tiel thérapeutique du cannabis ainsi que son accès sontacceptés et reconnus, le climat et la situation légale rest<strong>en</strong>tdifficiles pour les pati<strong>en</strong>ts d’autres pays comme la France, laGrèce ou la Suède. Des débats rationnels comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>tseulem<strong>en</strong>t dans ces pays qui accus<strong>en</strong>t un retard de près de15 ans par rapport aux autres pays.Grâce à ses in<strong>for</strong>mations pratiques, adressées notamm<strong>en</strong>t auxpati<strong>en</strong>ts et aux médecins, j’espère que ce livre permettra d’aiderau débat. Les pati<strong>en</strong>ts qui utilis<strong>en</strong>t des produits issus ducannabis, quelque soit leur pays, ne devrai<strong>en</strong>t jamais être traitéscomme des criminels à partir du mom<strong>en</strong>t où ils sont atteints demalades graves ou qu’ils éprouv<strong>en</strong>t un soulagem<strong>en</strong>t grâce auxcannabinoïdes.10


Je me réjouis de voir qu’une version française est maint<strong>en</strong>antdisponible après les éditions allemandes, itali<strong>en</strong>nes, espagnoleset tchèques. Beaucoup de nouvelles recherches, m<strong>en</strong>ées cesdernières années, ont été intégrées à cet ouvrage ainsi qu’à laliste des référ<strong>en</strong>ces prés<strong>en</strong>tées dans la partie Bibliographie.Pour l’ess<strong>en</strong>tiel, elles ne font que confirmer un peu plus lesrésultats déjà prés<strong>en</strong>tés dans la version originale.J’aimerais remercier André Fürst et Irène Veau-Birchler pour latraduction de l’allemand au français, ainsi que L.B. des ÉditionsIndica pour la parution de cette version française.Rüth<strong>en</strong> (Allemagne), juillet 2009Docteur <strong>en</strong> <strong>Médecine</strong> Franjo Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong>11


Histoire des applications médicales du cannabisDepuis très longtemps, l’homme utilise le chanvre (nom latin:<strong>Cannabis</strong> Sativa L.) pour ses fibres et ses graines (chènevis).Ces dernières <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans la préparation d’alim<strong>en</strong>ts à grandevaleur nutritive. On suppose aujourd’hui, la culture du chanvreremonte à plusieurs milliers d’années <strong>en</strong> Chine. Avant notre ère,l’Asie Mineure constitue le point de départ de la diffusion ducannabis vers les contin<strong>en</strong>ts africain et europé<strong>en</strong>, puis, auxXVIe et XVIIe siècles, vers l’Amérique.En Chine, les premiers papiers (une inv<strong>en</strong>tion longtemps gardéesecrète) fur<strong>en</strong>t fabriqués avec du chanvre, plusieurs c<strong>en</strong>tainesd’années av. J.-C. Mais ce n’est qu’au IXe siècle que les Arabesl’introduisir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Occid<strong>en</strong>t, où il remplaça le papyrus et lestablettes d’argile. La première Bible de Gut<strong>en</strong>berg, comme tousles autres livres de l’époque, fut imprimée sur du papier à based’un mélange de chanvre et de lin. Depuis longtemps, les fibresde chanvre, réputées pour leurs multiples possibilités d’emploi,serv<strong>en</strong>t à confectionner des vêtem<strong>en</strong>ts, des tissus et des cordes.Les Phénici<strong>en</strong>s, qui sillonnèr<strong>en</strong>t la Méditerranée il y a 3000 ans,ainsi que les Égypti<strong>en</strong>s aux temps des Pharaons, utilisai<strong>en</strong>t cematériau très résistant pour confectionner leurs voiles debateaux et leurs filets de pêche.Les propriétés psychotropes du cannabis étai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>tconnues avant l’ère chréti<strong>en</strong>ne et déjà utilisées lors de rites et decérémonies de guérison. Le chanvre est qualifié de plante sacréedans les Véda (Inde, 1500–1300 av. J.-C.) et dans le Chu-tzu(Chine, <strong>en</strong>v. 300 av.J.-C.). Quant aux nombreuses propriétésthérapeutiques, aujourd’hui redécouvertes, elles étai<strong>en</strong>t surtoutconnues <strong>en</strong> Asie c<strong>en</strong>trale, d’où nous ont été transmises lestraditionnelles applications pour traiter certaines maladiesneurologiques.Aujourd’hui <strong>en</strong>core, nous pouvons appr<strong>en</strong>dre de ces expéri<strong>en</strong>cesvieilles de plusieurs c<strong>en</strong>taines, voire milliers d’années.ChineLa première m<strong>en</strong>tion d’une application médicale du cannabisse trouve dans un traité de pharmacologie de la médecine12


traditionnelle chinoise, le Sh<strong>en</strong> Nung B<strong>en</strong> Ts’ao. D’après lalég<strong>en</strong>de, l’ouvrage fut écrit <strong>en</strong> quelques jours seulem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>2737 av. J.-C., par le lég<strong>en</strong>daire père de la médecine chinoise,l’empereur Sh<strong>en</strong> Nung. Une transcription sauvegardée jusqu’ànos jours de cet ouvrage, est datée d’un siècle après. J.-C.Dans le Sh<strong>en</strong> Nung B<strong>en</strong> Ts’ao, sont décrites les applications de300 plantes, dont le cannabis (nom chinois : Ma). Le terme Man’est pas sans connotation péjorative, ce qui laisse à p<strong>en</strong>ser queles effets secondaires psychotropes étai<strong>en</strong>t connus et souv<strong>en</strong>tqualifiés d’effets indésirables. Le cannabis fut utilisé pourtraiter les douleurs d’origine rhumatismale, la goutte, les« abs<strong>en</strong>ces m<strong>en</strong>tales », les maladies de la femme, le paludismeet le béribéri. Puisque le paludisme est souv<strong>en</strong>t accompagné decéphalées et que le béribéri, causé par une car<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> vitamineB1, s’associe à des troubles neurologiques, il est possible que lecannabis fût utile pour lutter contre ces maladies. Quant auxmaladies de la femme, il s’agit vraisemblablem<strong>en</strong>t des règlesdouloureuses.Lors d’opérations chirurgicales, le célèbre chinois Hua T’o(<strong>en</strong>v. 140-200 ans après. J.-C.) se servait du cannabis commeanesthésiant. Nul doute que les quantités de Ma-yo, un mélangede résine de cannabis et de vin, devai<strong>en</strong>t être particulièrem<strong>en</strong>timportantes afin d’<strong>en</strong>traîner un état d’inconsci<strong>en</strong>ce suffisantpour empêcher la souffrance du pati<strong>en</strong>t. Le B<strong>en</strong> Ts’ao Kang Mu,écrit par Li Shih-Ch<strong>en</strong> du temps de la dynastie Ming, est unouvrage médical <strong>en</strong> 50 volumes d’une exhaustivité remarquable.P<strong>en</strong>dant plusieurs siècles, il fit référ<strong>en</strong>ce dans lamédecine chinoise. Dans cet ouvrage, le chanvre est recommandépour traiter les douleurs, les règles douloureuses,l’hémorragie après l’accouchem<strong>en</strong>t, le diabète, les rhumatismes,les diarrhées, la prés<strong>en</strong>ce de vers intestinaux et la fièvre. Et pource qui est de l’effet antiémétique du cannabis, redécouvert d<strong>en</strong>os jours, il était égalem<strong>en</strong>t déjà connu <strong>en</strong> Chine et <strong>en</strong> Inde.C’est au XIVe siècle de notre ère qu’apparur<strong>en</strong>t pour lapremière fois <strong>en</strong> Chine des indications relatives à l’emploimédical des graines de chanvre, ou chènevis. Une consommationrégulière de chènevis assurait la longévité et uneconstitution saine. Ces graines fur<strong>en</strong>t utilisées lors de règles13


douloureuses, de constipation, d’atonie intestinale, d<strong>en</strong>ausées, d’intoxications ou de diarrhée. L’application externed’huile de chènevis ou d’extraits obt<strong>en</strong>us par pression desfeuilles, pour traiter les maladies de la peau, les abcès, la lèpreou <strong>en</strong>core les plaies était égalem<strong>en</strong>t très répandue.Raphael Mechoulam, professeur à l’université hébraïque deJérusalem, estime que la transmission des applicationstraditionnelles du cannabis comme remède contre la lèpre etcomme vermifuge, mériterait des recherches sci<strong>en</strong>tifiquessupplém<strong>en</strong>taires. En effet, du suc de cannabis, combiné avec del’huile de chaulmoogra (Taraktog<strong>en</strong>os kurzii, que l’on ne trouvequ’<strong>en</strong> Asie), fut utilisée pour traiter la lèpre. Les principes actifs– dont les acides gras – des deux plantes prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t quelquessimilitudes chimiques intéressantes. De plus, dans de nombreusescivilisations, l’utilisation de cannabis fut décrite commevermifuge, et il est intéressant de constater aujourd’hui que lastructure chimique des cannabinoïdes ressemble étrangem<strong>en</strong>t àcelle de l’hexylrésorcine, un composé moderne de lutte contreles parasites.IndeDans le quatrième livre des Véda, l’Atharvaveda, écrit <strong>en</strong>tre1500 et 1200 av. J.-C., le cannabis est décrit comme une plantemagique et guérisseuse. Les Véda sont l’<strong>en</strong>semble des textesreligieux des traditions hindoues et védiques. L’Atharvavedaconti<strong>en</strong>t des <strong>for</strong>mules magiques destinées notamm<strong>en</strong>t à laguérison des maladies. Il y est égalem<strong>en</strong>t question de bhang,susceptible de calmer la peur et de chasser les mauvais esprits.Bhang est le nom donné aux feuilles de cannabis séchées(plantes mâles et femelles) ou <strong>en</strong>core à une boisson à base defeuilles. Le Bhang était prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> offrande aux Dieux et <strong>en</strong>particulier à Baldev, l’aîné des frères du Dieu Krishna. Endehors du cannabis, le bhang conti<strong>en</strong>t du sucre ainsi quediffér<strong>en</strong>tes épices (poivre, cardamome, cannelle, etc.), parfoisdu lait ou du jus de fruits.Aujourd’hui, outre le bhang, on consomme <strong>en</strong> Inde égalem<strong>en</strong>tla ganja (fleurs et feuilles supérieures de la plante femelle) et le14


charas (préparation cannabique la plus puissante, caractériséepar une conc<strong>en</strong>tration élevée <strong>en</strong> cannabinoïdes).Les préparations à base de cannabis sont aussi m<strong>en</strong>tionnéesdans le grand traité de médecine Súsruta-Samhitã, probablem<strong>en</strong>trédigé au cours des derniers siècles avant notre ère etqui prit sa <strong>for</strong>me actuelle au VIIe siècle. D’après cet ouvrage, lecannabis fut utilisé comme remède contre le flegme, la gastro<strong>en</strong>tériteaccompagnée de diarrhées et la fièvre provoquée pardes troubles de la vésicule biliaire. À l’époque, le flegme avaitune signification beaucoup plus large qu’aujourd’hui où ilcaractérise ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t l’attitude d’une personne qui gardeson sang-froid: il faisait partie, <strong>en</strong>tre autres, de l’un des troisélém<strong>en</strong>ts principaux du corps.La médecine traditionnelle hindoue, l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ayurvédique,n’a guère évolué au cours de notre époque et elleconstitue aujourd’hui <strong>en</strong>core le principal système de soins <strong>en</strong>Inde. Dans différ<strong>en</strong>ts ouvrages de cette médecine, la ganja et lebhang sont décrits comme étant des moy<strong>en</strong>s efficaces pourstimuler l’appétit et pour traiter la lèpre. De plus, lespréparations à base de cannabis amélior<strong>en</strong>t la qualité dusommeil, permett<strong>en</strong>t de retrouver la bonne humeur, r<strong>en</strong><strong>for</strong>c<strong>en</strong>tl’énergie vitale et possèd<strong>en</strong>t des propriétés aphrodisiaques.Dans la médecine ayurvédique indi<strong>en</strong>ne, le cannabis fait partiedes plantes médicinales les plus utilisées.Les effets positifs du cannabis sur le système nerveux sontconnus <strong>en</strong> Inde depuis de nombreux siècles. Ainsi, onadministrait du cannabis <strong>en</strong> cas d’épilepsie, de céphalées,d’hystérie, de névralgies, de douleurs de l’ischion et decontractions tétaniques. Son application était particulièrem<strong>en</strong>trépandue pour traiter les douleurs et les états fiévreux. Il étaitconsommé soit par voie orale soit <strong>en</strong> application cutanée locale.Des cataplasmes étai<strong>en</strong>t posés sur les zones inflammées etdouloureuses. Dans les d<strong>en</strong>ts cariées, on introduisait du charasafin de diminuer l’int<strong>en</strong>sité de la douleur. On administrait lecannabis par voie orale non seulem<strong>en</strong>t pour atténuer lesdouleurs des règles et des contractions lors de l’accouchem<strong>en</strong>t,mais égalem<strong>en</strong>t pour effectuer de petites interv<strong>en</strong>tionschirurgicales. Les maladies respiratoires (le rhume des foins, la15


onchite, l’asthme et la toux) étai<strong>en</strong>t aussi traitées avec despréparations à base de cannabis.C’est dans la pharmacopée indi<strong>en</strong>ne Rajnijunta, qui dateprobablem<strong>en</strong>t du XIIIe siècle de notre ère, que fut décrite pourla première fois l’utilisation du cannabis <strong>en</strong> tant que substancepsychotrope.Autres civilisations anci<strong>en</strong>nesDes textes anci<strong>en</strong>s, m<strong>en</strong>tionnant l’application du cannabis àdes fins thérapeutiques, nous ont été transmis de l’Égypteanci<strong>en</strong>ne, d’Assyrie, de Perse, du Tibet, d’Azerbaïdjan, de laGrèce antique, de Palestine/Israël et des Pays arabes.La riche bibliothèque du roi assyri<strong>en</strong> Assourbanipal (<strong>en</strong>v. 669-626 ans av. J.-C.) de Ninive comportait de nombreuses tablettesd’argile dont les origines remont<strong>en</strong>t à <strong>en</strong>viron 2000 ans av. J.-C.Sur celles-ci, l’azallû (les graines de chanvre), associé àd’autres remèdes, est employé pour traiter les femmes d’un malinconnu ou pour soulager les contractions lors d’unaccouchem<strong>en</strong>t difficile. En application externe, l’azallû étaitsupposé être utile <strong>en</strong> cas de gonflem<strong>en</strong>ts, de contusions et detroubles oculaires; par voie orale pour traiter les dépressions,l’impuissance, les calculs rénaux ainsi que pour combattre lasorcellerie.Le Z<strong>en</strong>d Avesta, livre sacré des Perses du temps de Zarathoustra,<strong>en</strong>seignait la première religion dans la Perse antique.De nos jours elle est toujours pratiquée par près de 200 000croyants, principalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Inde. Ces écrits r<strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t despassages sur les propriétés psychoactives du banga, que letraducteur James Darester (1895) a id<strong>en</strong>tifié comme étant ducannabis. Cep<strong>en</strong>dant, l’application médicale du cannabis resteincertaine. De même, les avis sont partagés <strong>en</strong> ce qui concernela période à laquelle vécut Zarathoustra ; celle-ci pouvant varier<strong>en</strong>tre 4000 et 600 ans av. J.-C.Le Papyrus d’Ebers, datant de l’Égypte pharaonique, estaujourd’hui conservé à la bibliothèque de l’université deLeipzig. Il constitue le plus précieux témoignage sur lamédecine du temps de l’anci<strong>en</strong>ne Égypte, remontant à l’époquedu règne d’Am<strong>en</strong>hotep Ier (aussi connu sous le nom d’Amé-16


nophis Ier, <strong>en</strong>v. 1514-1493 av. J.-C.). Il s’agit d’un rouleau depapyrus de 9 m de long et de 30 cm de large. D’après cedocum<strong>en</strong>t, le cannabis (smsm-t) fut utilisé par voie orale, rectaleet vaginale. Ainsi, par exemple, un passage à propos del’utilisation du cannabis pour soulager les contractions lors del’accouchem<strong>en</strong>t dit: « <strong>en</strong>core un: smsm-t ; le fond dans dumiel ; introduit dans son vagin ; c’est une contraction. Passage821».Il semblerait que le cannabis fut égalem<strong>en</strong>t utilisé <strong>en</strong>Palestine/Israël pour soulager les douleurs de l’accouchem<strong>en</strong>t.Ainsi une tombe a été découverte r<strong>en</strong>fermant le squelette d’unejeune fille de 14 ans et quelques pièces de monnaie datant duIVe siècle. La jeune fille était visiblem<strong>en</strong>t morte <strong>en</strong> coucheparce que son bassin trop étroit ne permettait pas le passage dela tête du bébé. Au niveau du v<strong>en</strong>tre, une matière de couleurgrise cont<strong>en</strong>ant des traces de cannabis fut retrouvée. Dans unarticle publié dans le magazine spécialisé Nature, les auteurs dela découverte supposai<strong>en</strong>t que « les c<strong>en</strong>dres trouvées dans latombe provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de cannabis qu’on faisait brûler dans unrécipi<strong>en</strong>t. Ainsi inhalé, il devait soulager la jeune fille p<strong>en</strong>dantle travail difficile de l’accouchem<strong>en</strong>t. »Le large év<strong>en</strong>tail des applications médicales traditionnelles ducannabis, dans tout l’espace arabo-musulman, s’ét<strong>en</strong>dant de laPerse jusqu’<strong>en</strong> Espagne, a été transmis dans de nombreux écrits.C’est aux <strong>en</strong>virons de l’an 1000 de notre ère que la médecinearabe atteignit son point culminant. Tandis que p<strong>en</strong>dantl’Antiquité, l’opium occupait <strong>en</strong>core la première place parmi lessubstances médicinales et psychotropes, il fut alors détrôné parle cannabis sous <strong>for</strong>me de haschich. Le plus célèbre desmédecins arabes, Ibn Sina (981-1037 ap. J.-C.), plus connu sousle nom latin Avic<strong>en</strong>ne, né près de Boukhara, anci<strong>en</strong>ne capitaledes principautés musulmanes sur la route de la soie dansl’actuel Ouzbékistan, m<strong>en</strong>tionne la plante dans son ouvrage al-Qanun at-Tibb. Il fut rédigé vers l’an 1000 et sa partieprincipale comporte cinq volumes. Au XIIe siècle, l’ouvrage futtraduit <strong>en</strong> latin (Canon medicinae) et du fait de son exhaustivité,il était considéré jusqu’au XVIIe siècle comme un ouvragemédical de référ<strong>en</strong>ce. Dans le domaine des applications17


médicales du cannabis figurai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre autres les maladiesneurologiques, telles que l’épilepsie et la migraine, ainsi que lesproblèmes des règles douloureuses et des accouchem<strong>en</strong>tsdifficiles.De plus, des indications faites par des médecins relat<strong>en</strong>t quedepuis 1000 ans, la consommation abusive de haschich étaitrépandue dans l’<strong>en</strong>semble des pays arabes.À l’époque de Bouddha (<strong>en</strong>v. 560-483 av. J.-C.,) vivait au Tibetle médecin Jivaka, élevé plus tard au rang de saint patron de lamédecine tibétaine. Il semblerait qu’il pratiquait déjà à l’époqued’importantes interv<strong>en</strong>tions chirurgicales (au niveau du crâne etde l’estomac) et qu’il utilisait le cannabis comme anesthésiant.En outre, on suppose que chez les Romains et les Grecs, lecannabis n’était pas utilisé à des fins psychotropes, bi<strong>en</strong> que soneffet <strong>en</strong>ivrant fût connu. Selon Démocrite (460-371 av. J.-C.), lecannabis était consommé occasionnellem<strong>en</strong>t, mélangé à du vinet de la myrrhe, afin de provoquer des hallucinations. Lephilosophe et histori<strong>en</strong> grec Plutarque (<strong>en</strong>v. 45-125 après J.-C.)témoigne dans ses écrits qu’il n’était pas rare, qu’après le repas,les habitants de Thrace, une région hellénophone située dans lesBalkans, jetai<strong>en</strong>t les parties supérieures d’une plante semblableà l’origan dans le feu. Ils s’<strong>en</strong>ivrai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite avec la fuméeinhalée et trouvai<strong>en</strong>t alors le sommeil.Aux al<strong>en</strong>tours du début de notre ère, le cannabis fut introduitcomme médecine <strong>en</strong> Grèce. Pline l’Anci<strong>en</strong> (mort vers 79 aprèsJ.-C.) rapporte que le suc de la plante de chanvre « fait sortirdes oreilles les vers et tous les insectes qui ont pu y <strong>en</strong>trer », etqu’il régulait le travail des intestins. Il ajoute « que les racinescuites dans de l’eau bouillante diminu<strong>en</strong>t les crampes desarticulations ainsi que la goutte et d’autres douleurs similaires.On peut l’appliquer tel quel sur les brûlures <strong>en</strong> veillanttoutefois à r<strong>en</strong>ouveler le produit avant qu’il ne sèche ». Ontrouve égalem<strong>en</strong>t des indications concernant les applicationsmédicales du cannabis dans les écrits de Dioscoride, uncontemporain de Pline l’Anci<strong>en</strong>, dont l’ouvrage occupa p<strong>en</strong>dantplus de 1500 ans une place majeure dans la littérature médicale<strong>en</strong> Europe.18


Dioscoride (vers 50 après J.-C.) écrit dans son manuel depharmacie Chanvre <strong>en</strong>graissé « Le cannabis – que certainsnomm<strong>en</strong>t Kannabion, Schoinostrophon ou Astérion – est uneplante aux nombreuses utilisations dans la vie courante, aveclaquelle on tresse les cordes les plus résistantes. Il comportedes feuilles qui s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t mauvais comme celles du frêne, unelongue tige simple et un fruit rond, qui, lorsqu’on <strong>en</strong> abuse,anéantit la procréation. Son suc vert obt<strong>en</strong>u par pression etdistillé est un excell<strong>en</strong>t remède contre les maladies desoreilles ».Selon Gali<strong>en</strong> (129-199 après J.-C.), l’un des médecins les plusréputés durant l’Antiquité qui faisait m<strong>en</strong>tion du cannabis dansdeux de ses ouvrages, le cannabis faciliterait la digestion et –contrairem<strong>en</strong>t à l’avis de Dioscoride – possèderait des propriétésaphrodisiaques. Il recommande égalem<strong>en</strong>t le cannabis <strong>en</strong>cas de douleurs aux oreilles.Europe jusqu’au XIXe siècleLes premières indications sur l’usage du cannabis à des finsthérapeutiques <strong>en</strong> Europe dat<strong>en</strong>t de plus de 1000 ans et serapport<strong>en</strong>t surtout aux graines de chanvre (chènevis). Lesherboristes du Moy<strong>en</strong> Âge faisai<strong>en</strong>t la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre lechanvre <strong>en</strong>graissé (cultivé), utilisé par exemple contre la toux etla jaunisse, et le chanvre bâtard (naturel), appliquéempiriquem<strong>en</strong>t contre les nodosités et les tumeurs (indurées etautres). L’abbesse allemande Hildegard von Bing<strong>en</strong> (1098-1179) écrivit dans son traité sur la nature et les plantesmédicinales Physica (<strong>en</strong>v. 1150) À propos du chanvre « Lechanvre est chaud. Il pousse alors que l’air n’est ni trop chaudni trop froid et ainsi <strong>en</strong> va-t-il égalem<strong>en</strong>t de sa nature. Sagraine apporte la santé et constitue pour l’homme sain un<strong>en</strong>ourriture équilibrée, facilem<strong>en</strong>t assimilée dans l’estomac, carelle aide à ret<strong>en</strong>ir le mucus hors de l’estomac et elle est digéréeaisém<strong>en</strong>t. Elle diminue les mauvais jus et r<strong>en</strong><strong>for</strong>ce les bons. Quisouffre de douleurs dans la tête ou qui a la tête qui résonneverra son état s’améliorer lorsqu’il mangera du chanvre. Pourcelui qui est sain et jouit de toute sa tête, aucun désagrém<strong>en</strong>tn’est à craindre. À qui la tête résonne, la consommation du19


chanvre <strong>en</strong>traîne une douleur dans la tête. Il n’<strong>en</strong>dommag<strong>en</strong>ullem<strong>en</strong>t une tête saine et un cerveau intègre. Un chiffon dechanvre appliqué sur les abcès ou les plaies fait du bi<strong>en</strong> car lachaleur <strong>en</strong> lui est tempérée ».Ce texte, quelque peu déconcertant, laisse <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre que lecannabis agit différemm<strong>en</strong>t selon l’individu qui le consomme. Ils’accorde <strong>en</strong> cela avec les recherches actuelles, selon lesquellesle cannabis peut aussi bi<strong>en</strong> soulager les maux de têtes ou lesmigraines tout comme il peut, dans certains cas, les provoquer.Il est possible que l’expression « douleurs dans la tête »,provoquées par le cannabis, avait un s<strong>en</strong>s beaucoup plus largequ’aujourd’hui, et qu’elle <strong>en</strong>globait par exemple les effetspsychiques désagréables pouvant se manifester lors de laconsommation de cannabis.La plus anci<strong>en</strong>nereprés<strong>en</strong>tation ducannabis <strong>en</strong> Europe,issue du« ManuscriptumDioscoridesConstantinopolitanus »,datant du 1 er ou 2 èmesiècle après J.-C.L’illustration futaccompagnée plus tardpar des comm<strong>en</strong>taires<strong>en</strong> langue arabe. Muséebritannique deLondres.20


Du Moy<strong>en</strong> Âge jusqu’au XVIIIe siècle, on favorisaprincipalem<strong>en</strong>t l’usage externe des préparations cannabiques <strong>en</strong>Europe. Ainsi peut-on lire dans un traité de botanique du XIesiècle (Old English Herbarium) à propos des applications ducannabis sur la poitrine écorchée : « Frottez le cannabis avec dela graisse, <strong>en</strong>duisez-<strong>en</strong> la poitrine, cela fera disparaître lagrosseur ; s’il y a <strong>en</strong> plus une accumulation de causes pouvantprovoquer une maladie, celles-ci seront éliminées égalem<strong>en</strong>t ».Le cannabis est aussi m<strong>en</strong>tionné dans les principaux manuelsd’herboristerie et dans les traités de médecine des sièclessuivants, par exemple dans le Contrafayt Kreüterbuch de OttoBrunfels (1488-1534), le Kreütterbuch de Hieronymus Bock(1498-1554), le New Kreüterbuch de Leonard Fuchs (1501-1566) et le Neu vollkomm<strong>en</strong> Kräuterbuch de Jacobus TheodorusTabernaemontanus (1520-1590). En 1485, l’herboriste PeterSchoofer indique dans son manuel que le cannabis étaitappliqué <strong>en</strong> cas de ballonnem<strong>en</strong>t du v<strong>en</strong>tre, d’hydropisie, dedouleurs anales et comme pansem<strong>en</strong>t sur les abcès ou lesfuroncles. Il soulagerait les douleurs causées par des blessureset la décoction de racines et graines de chanvre, mélangée avecde l’huile de rose, serait bénéfique dans le traitem<strong>en</strong>t del’érysipèle, une maladie infectieuse de la peau. Les inhalationssoulagerai<strong>en</strong>t les maux de tête. Le médecin et philosopheParacelse (1493-1541) décrit le cannabis dans un grand nombrede ses travaux. C’est notamm<strong>en</strong>t dans l’un de ses ouvrages DasNeunte Buch in der Arznei, qu’il m<strong>en</strong>tionne le cannabis commeun des composants du Arcana compositum, médicam<strong>en</strong>t auquelil accorde une place de tout premier choix.John Parkinson (1640), médecin du roi d’Angleterre, cite desherboristes des siècles précéd<strong>en</strong>ts tout <strong>en</strong> ajoutant quelquesidées nouvelles : les graines de chanvre bouillies dans du laitaiderai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cas de toux sèche et chaude. Il ajoute égalem<strong>en</strong>t,« <strong>en</strong> cas de jaunisse, <strong>en</strong> particulier au début de la maladie,quand elle est <strong>en</strong>core accompagnée de frissons, elles réduis<strong>en</strong>tle blocage de la vésicule biliaire (…). Elles soulag<strong>en</strong>t aussi lesdouleurs des coliques. Elles diminu<strong>en</strong>t le liquide désagréableémanant des intestins (…). On les considère comme très utilespour tuer les vers qui infest<strong>en</strong>t l’homme et les animaux,21


égalem<strong>en</strong>t les vers dans les oreilles ou pour faire partir touteautre créature qui y serait <strong>en</strong>trée (…). On dit qu’une décoctiondes racines soulage les maux de tête et qu’une autre partie de laplante (…) réduit les douleurs causées par la goutte, lestumeurs indurées, les nodosités des articulations, la contractiondes t<strong>en</strong>dons et diverses autres douleurs comme celles au niveaude la hanche. C’est aussi bon aux <strong>en</strong>droits brûlés par le feu, sion mélange son extrait frais avec un peu d’huile ou du beurre. »Dans son ouvrage Apparatus medicaminum tam simpliciumquam praeparatorum et compositorium, le professeur deGötting<strong>en</strong>, John Andreae Murray (1776-1789) consacra douzepages à l’étude du cannabis. Il le recommande commeanalgésique et anesthésiant ainsi que pour traiter la gonorrhée(bl<strong>en</strong>norragie) et la jaunisse. Le père de l’homéopathie, SamuelHahnemann, écrit <strong>en</strong> 1797 que « si jusqu’à prés<strong>en</strong>t ce ne sontque les graines qui sont utilisées, il semble que d’autres partiesde la plante soi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core plus efficaces et mérit<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>tde gagner <strong>en</strong> considération ». Le <strong>Cannabis</strong> Sativa L. figuraitparmi les premières plantes utilisées <strong>en</strong> homéopathie.Europe et Amérique du XIXe siècleAu XVIIe siècle, les Europé<strong>en</strong>s qui ont voyagé dans les paysarabes et l’Asie ont découvert du cannabis avec des t<strong>en</strong>eurs <strong>en</strong>THC, le principal composé actif, bi<strong>en</strong> plus élevées que chezeux. Le terme de chanvre indi<strong>en</strong> fut introduit pour la premièrefois par le naturaliste allemand Georg Eberhard Rumpf (1627-1702). Toutefois, avant le XIXe siècle, le chanvre indi<strong>en</strong> n’étaitque peu utilisé <strong>en</strong> médecine, <strong>en</strong> Europe comme <strong>en</strong> Amérique, etla plupart du temps, il soulevait un certain scepticisme. Ainsi,<strong>en</strong> 1777, Johan Friedrich Gmelin dans son ouvrage Histoiregénérale de la toxicité des plantes (Allgemeine Geschichte derPflanz<strong>en</strong>gifte) mettait <strong>en</strong> garde : « Aussi bi<strong>en</strong> les graines,l’écorce et les feuilles, ou mieux, le suc et les extrémitésflorifères de la plante sont quelque peu anesthésiantes ; le bangd’Ori<strong>en</strong>t, généralem<strong>en</strong>t adouci avec un peu de miel, est utilisélorsque quelqu’un souhaite se mettre dans un état agréabled’ivresse ou avoir l’esprit embrouillé. Bi<strong>en</strong> que je ne doute pasune seconde qu’une consommation prolongée de tels produits22


Gravure sur bois issue du« Contrafayt Kreüterbuch » de OttoBrunfels (1532).puisse être mortelle, je ne connais à ce jour aucun cas leprouvant. »En 1823, l’illustre Hufeland-Journal publia un article sur lesuccès de l’utilisation du chanvre indi<strong>en</strong> dans le traitem<strong>en</strong>t de lacoqueluche : « L’extrait de cannabis fut utilisé à la polycliniquede Berlin pour traiter <strong>en</strong> urg<strong>en</strong>ce un pati<strong>en</strong>t pris de touxconvulsive. Le même extrait <strong>en</strong> poudre, mélangé avec du sucre,à un dosage de 4 grans (<strong>en</strong>viron 190 grammes), fut prescritquotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t ». En 1830, les applications médicales duchanvre indi<strong>en</strong> fur<strong>en</strong>t décrites <strong>en</strong> détail, pour la première fois <strong>en</strong>Europe, par Theodore Friedrich Ludwig Nees Von Es<strong>en</strong>beck,professeur de pharmacologie et de botanique à Bonn :« Certains médecins, dont Hahnemann, prescriv<strong>en</strong>t l’extrait decannabis pour traiter de nombreux cas prés<strong>en</strong>tant des troublesnerveux. Autrem<strong>en</strong>t, on utiliserait de l’opium ou de la23


jusquiame, mais ces derniers, tout <strong>en</strong> offrant les mêmes résultats,provoqu<strong>en</strong>t davantage de bouffées de chaleur dues à la<strong>for</strong>te amertume des substances ».L’écossais Sir William Brooke O’Shaughnessy, médecin,sci<strong>en</strong>tifique et ingénieur, était le véritable pionnier <strong>en</strong> termed’utilisation thérapeutique du cannabis <strong>en</strong> Europe occid<strong>en</strong>tale,<strong>en</strong> particulier de l’utilisation de ses substances psychotropes.En 1833, <strong>en</strong> tant qu’employé de la British East India Company,il se r<strong>en</strong>dit pour la première fois <strong>en</strong> Inde. Il avait alors tr<strong>en</strong>tetroisans. Très rapidem<strong>en</strong>t, il s’intéressa au pot<strong>en</strong>tielthérapeutique du cannabis et publia <strong>en</strong> 1839 une synthèse de sesexpéri<strong>en</strong>ces, qui fut accueillie avec beaucoup d’intérêt <strong>en</strong>Grande-Bretagne. D’abord, il r<strong>en</strong>dit compte des différ<strong>en</strong>tsemplois traditionnels et thérapeutiques de la plante <strong>en</strong> Inde etréalisa <strong>en</strong>suite des études sur les animaux et sur l’homme afinde bi<strong>en</strong> compr<strong>en</strong>dre son action et de mieux évaluer ses effetssecondaires. Suite à ses premiers résultats, il <strong>en</strong> vint à laconclusion, qu’<strong>en</strong> raison de la « parfaite innocuité de la résinede cannabis, une étude complète devrait être m<strong>en</strong>ée sur des cascliniques où les qualités manifestes de la plante promett<strong>en</strong>t unmeilleur bénéfice thérapeutique ».C’est ainsi que des teintures de cannabis (extraits de cannabisdans un solvant d’alcool éthylique), dosées <strong>en</strong>tre 65 et130 mg, fur<strong>en</strong>t prescrites à des pati<strong>en</strong>ts atteints de rhumatismes,de tétanos, de la rage, de spasmes infantiles, du choléra et dedelirium trem<strong>en</strong>s. Sur trois cas traités pour des rhumatismes,deux fur<strong>en</strong>t « presque guéris <strong>en</strong> trois jours », bi<strong>en</strong> quel’administration de ces doses élevées provoqua d’importantseffets secondaires, tels que des paralysies totales et descomportem<strong>en</strong>ts incontrôlables. Quant au troisième cas, aucuneréaction au traitem<strong>en</strong>t n’avait pu être observée ; ce ne fut quebi<strong>en</strong> plus tard que le pati<strong>en</strong>t avoua qu’il consommaitrégulièrem<strong>en</strong>t du cannabis - les premières indications sur ledéveloppem<strong>en</strong>t d’une tolérance.D’autres études m<strong>en</strong>ées avec des doses plus faibles conduisir<strong>en</strong>tà des conclusions similaires : « Réduction de l’int<strong>en</strong>sité desdouleurs chez la plupart des pati<strong>en</strong>ts, stimulation notoire del’appétit chez tous, effets aphrodisiaques indubitables et24


s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de grand bonheur spirituel. Tous suivir<strong>en</strong>t la mêmeévolution, et aucun cas ne prés<strong>en</strong>ta des maux de tête ou desnausées <strong>en</strong> réponse au traitem<strong>en</strong>t ».Les convulsions et spasmes induits par la rage ou par le tétanosfur<strong>en</strong>t contrôlés grâce à l’administration de cannabis à undosage élevé. Dans le cas du tétanos, le cannabis permit d’agirpositivem<strong>en</strong>t sur l’évolution de la maladie et fut administré àdes doses de l’ordre de 650 mg pour les cas qualifiés comme« sans espoir ». O’Shaughnessy observa une décontraction desmuscles ainsi qu’un arrêt de la « t<strong>en</strong>dance convulsive ». Demême, les observations faites sur les spasmes infantiles fur<strong>en</strong>t<strong>en</strong>courageantes. Quant au traitem<strong>en</strong>t du choléra, des résultatsexcell<strong>en</strong>ts fur<strong>en</strong>t obt<strong>en</strong>us, plus souv<strong>en</strong>t chez les europé<strong>en</strong>s quechez les Indi<strong>en</strong>s, consommateurs réguliers de bhang.O’Shaughnessy reconnut égalem<strong>en</strong>t les effets antiémétiques ducannabis. Grâce aux rapports publiés par cet illustre pionnier,l’utilisation du cannabis se développa <strong>en</strong> Europe et <strong>en</strong>Amérique où il se trans<strong>for</strong>ma rapidem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> médicam<strong>en</strong>tlargem<strong>en</strong>t reconnu. Nombreux fur<strong>en</strong>t alors les nouveauxmédecins qui exposèr<strong>en</strong>t leurs expéri<strong>en</strong>ces.Le médecin britannique Cl<strong>en</strong>dinning rapporta <strong>en</strong> 1843 ses essaisconduits sur plusieurs cas cliniques : « Je n’hésite pas àconfirmer que la prescription de cannabis s’avère <strong>en</strong> général, età l’exception de quelques cas notoires rares, avoir des effetstrès nets comme somnifère ou ag<strong>en</strong>t hypnotique pour provoquerl’<strong>en</strong>dormissem<strong>en</strong>t ; comme antalgique (…) ; comme antispasmodiquepour calmer la toux et les crampes ; comm<strong>en</strong>eurostimulant pour faire disparaître la lassitude etl’anxiété, comme cardiotonique et stimulant de la bonnehumeur. Tous ces effets ont été observés aussi bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> cas detroubles aigus ou chroniques, chez les jeunes comme chez lespersonnes âgées, chez l’homme comme chez la femme ».Donavan décrit <strong>en</strong> 1845 l’efficacité du cannabis dans letraitem<strong>en</strong>t des douleurs névralgiques aigues dans les bras et lesdoigts, des inflammations des articulations du g<strong>en</strong>ou, desnévralgies faciales, des douleurs du nerf sciatique au niveau dubassin, du g<strong>en</strong>ou et jusqu’aux pieds. En outre, il observa deseffets stimulateurs de l’appétit. La même année, Corrigan décrit25


plusieurs cas de chorée de Huntington (danse de Saint Guy) etde névralgies qui pouvai<strong>en</strong>t être traités avec succès par l’usagede teinture de cannabis. À l’instar d’autres médecins, il nota uneimportante variabilité de l’efficacité du principe actif pouvantêtre attribuée, aujourd’hui, aux différ<strong>en</strong>tes conc<strong>en</strong>trations <strong>en</strong>THC des plantes. Dans un seul cas, l’administration de20 gouttes de cette teinture « a conduit à une perte passagèredu tonus de la quasi-totalité des muscles, suivie d’<strong>en</strong>dormissem<strong>en</strong>ts,tandis que dans un autre cas, un pati<strong>en</strong>t ayant reçup<strong>en</strong>dant une semaine, trois fois par jour, un dosage similaire,nous avons constaté que le traitem<strong>en</strong>t était efficace sans effetsecondaire ».D’autres médecins anglais, tels Churchill (1849), Christison(1851), Grigor (1852), Dobell (1863), Silver (1870), Brown(1883), Batho (1883), Fox (1897) et Birch (1889) rapportèr<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t les propriétés antalgiques du cannabis dans letraitem<strong>en</strong>t de rhumatismes, de sciatiques, de migraines, dedouleurs d’origines diverses, de crampes musculaires, de crisesd’asthme, d’insomnies, de contractions utérines lors de l’accouchem<strong>en</strong>tmais aussi pour calmer les hémorragies utérines etl’écoulem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>struel (ménorragie) ainsi que pour traiter ladép<strong>en</strong>dance aux opiacés et à l’hydrate de chloral. Selon Birch,le chanvre indi<strong>en</strong> calmerait immédiatem<strong>en</strong>t « l’<strong>en</strong>vie de chloralou d’opium » et stimulerait l’appétit.À son époque, Sir John Russel Reynolds, illustre professeur demédecine à Londres et médecin personnel de la reine Victoria, àlaquelle il prescrivait tous les mois du cannabis pour traiter sestroubles m<strong>en</strong>struels, résumait <strong>en</strong> 1890 ses expéri<strong>en</strong>cesrecueillies p<strong>en</strong>dant plus de 30 ans avec les préparationsmédicinales à base de cannabis : « Le chanvre indi<strong>en</strong>, àcondition de l’administrer pur et avec précaution, est l’un desmédicam<strong>en</strong>ts les plus précieux dont nous disposons ». Il précisaque le cannabis pouvait être utilisé avec succès contrel’insomnie du troisième âge, et cela « p<strong>en</strong>dant des mois, voiredes années, sans avoir besoin d’augm<strong>en</strong>ter le dosage ». Ilajoute que « le cannabis est de loin le médicam<strong>en</strong>t le plusefficace pour traiter presque toutes les maladies accompagnéesde douleurs. En revanche, pour soigner la folie, il est plus26


qu’inutile ». Ce professeur souligna l’utilisation du cannabispour traiter la névralgie du trijumeau ainsi que d’autres douleursnévralgiques, bi<strong>en</strong> qu’<strong>en</strong> cas de douleurs sciatiques, provoquéespar le mouvem<strong>en</strong>t, le traitem<strong>en</strong>t restait inefficace. De nombreuxpati<strong>en</strong>ts souffrant de migraines parv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à maîtriser lesphénomènes de crise <strong>en</strong> utilisant du cannabis « dès l’apparitiondes premiers signes ou dès le tout début de la maladie ». Deplus, le cannabis serait égalem<strong>en</strong>t très bénéfique « <strong>en</strong> cas decrampes nocturnes chez des personnes âgées ou chez lesmalades de la goutte, tout comme pour les règles douloureuses». Quelques asthmatiques souffrant de spasticité aurai<strong>en</strong>taussi tiré un bénéfice de ce traitem<strong>en</strong>t.Aux États-Unis, l’utilisation du cannabis à des fins théra-Page deprés<strong>en</strong>tation de lathèse de doctoratde Georg Martiusd’Erlang<strong>en</strong>(Allemagne)datant de 1855 :« C’est ainsi quej’expose lechanvre, avec sonhistoire naturellequi a offert d<strong>en</strong>ombreuseserreurs etobscurités et qui,au cours de cesdernières années,a attiré de plus <strong>en</strong>plus l’att<strong>en</strong>tion dumonde médical ».Extrait des Étudessur le Chanvre(Studi<strong>en</strong> über d<strong>en</strong>Hanf).27


peutiques était égalem<strong>en</strong>t répandue. Dans la pharmacopéeaméricaine datant de 1854, ses propriétés thérapeutiques fur<strong>en</strong>tdécrites ainsi : « L’extrait de cannabis est un puissantnarcotique <strong>en</strong>traînant des s<strong>en</strong>sations de gaieté, d’ivresse,d’hallucinations accompagnées de délires, de somnol<strong>en</strong>ce etd’<strong>en</strong>gourdissem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>tal, avec seulem<strong>en</strong>t des effets faibles surla circulation sanguine. Il offre égalem<strong>en</strong>t des propriétésaphrodisiaques, stimulatrices de l’appétit et, dans certains cas,génératrices d’état cataleptique. Lors de troubles organiques, ilpeut causer l’<strong>en</strong>dormissem<strong>en</strong>t, atténuer les spasmes, calmer lanervosité et réduire l’int<strong>en</strong>sité de la douleur. Du point de vuedes effets, le cannabis ressemble quelque peu à l’opium, bi<strong>en</strong>qu’il s’<strong>en</strong> distingue parce qu’il ne coupe pas l’appétit,n’empêche pas les secrétions et ne constipe pas. Ses effets sontmoins prévisibles que ceux de l’opium ; mais dans le cas oùl’opium est contre-indiqué parce qu’il provoque la constipationet des nausées, mieux vaut alors administrer du cannabis. Onl’utilise spécifiquem<strong>en</strong>t pour traiter les névralgies, la goutte, letétanos, la rage, le choléra épidémique, la chorée deHuntington, l’hystérie, la dépression, les délires et l’hémorragieutérine. Le docteur Alexander Christison d’Edimbourg luiattribuait l’effet décl<strong>en</strong>cheur et int<strong>en</strong>sificateur des contractionslors de l’accouchem<strong>en</strong>t et, à cet effet, il l’utilisa avec succès.Les propriétés thérapeutiques du cannabis agiss<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>tet sans action anesthésiante, bi<strong>en</strong> qu’il semble que cet effet seproduise dans certains cas ».Mac K<strong>en</strong>zie désigna <strong>en</strong> 1887 le cannabis comme le meilleurmédicam<strong>en</strong>t de tous ceux qu’il connaissait pour traiter lescéphalées. Plusieurs articles soulignèr<strong>en</strong>t ses propriétésantiémétiques. Ainsi, Wright (1863) rapporta les effets positifscontre les nausées du matin. Aulde (1890) trouva des effetsbénéfiques contre les vomissem<strong>en</strong>ts liés au delirium trem<strong>en</strong>s,mais aussi dans le traitem<strong>en</strong>t d’autres <strong>for</strong>mes de nausées et devomissem<strong>en</strong>ts.En 1891, Mattisson considéra le cannabis comme « un médicam<strong>en</strong>td’une valeur exceptionnelle » et le recommanda <strong>en</strong> casde douleurs, de rhumatismes, de règles douloureuses, demigraines, de douleurs à l’estomac, d’asthme, d’insomnie ou28


<strong>en</strong>core de dép<strong>en</strong>dance à la morphine. Tout comme le britanniqueReynolds, il souligna la possibilité de prév<strong>en</strong>ir les crisesde migraine dès les premiers signes. Il écrivit à l’int<strong>en</strong>tion deses jeunes confrères: « Poussés par le désir d’obt<strong>en</strong>ir rapidem<strong>en</strong>tdes effets thérapeutiques, certains fauteurs de troublesutilis<strong>en</strong>t sans hésiter de la morphine <strong>en</strong> injection sous-cutanée,et <strong>en</strong> même temps ils oubli<strong>en</strong>t les effets secondaires provoquéspar l’administration inconsidérée d’opiacés. (…) Certes, lecannabis n’est pas la panacée : il ne réussit pas à tous lescoups, ce qui est égalem<strong>en</strong>t le cas de beaucoup d’autresmédicam<strong>en</strong>ts. Mais les nombreux cas pour lesquels il est<strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t bénéfique justifi<strong>en</strong>t pleinem<strong>en</strong>t la confiance durableque l’on peut lui témoigner ». Toutefois, au mom<strong>en</strong>t oùMattison rédigea son article, l’utilisation médicale du cannabiscomm<strong>en</strong>çait déjà à décroître.Certes, les variations dans la composition chimique de la plantecontribuai<strong>en</strong>t à l’observation de multiples cas de surdosage,mais sans jamais avoir de conséqu<strong>en</strong>ces graves. « Un surdosag<strong>en</strong>’a jamais <strong>en</strong>traîné la mort ni d’un homme ni du moindreanimal. Aucun cas n’a pu être rapporté selon lequel le cannabis,ou une de ses préparations, aurait tué quiconque »,écrivit Robinson <strong>en</strong> 1912. À l’époque, tout comme aujourd’hui,un tel niveau d’innocuité thérapeutique n’était pas <strong>for</strong>cém<strong>en</strong>tvalable pour d’autres médicam<strong>en</strong>ts disponibles.En France, les médecins n’étai<strong>en</strong>t pas les seuls à s’intéresseraux effets de la drogue : l’intérêt était partagé par les artistes. Lepoète Théophile Gautier décrivit <strong>en</strong> détail une longue ivressecannabique dans un article intitulé « Le Club des Haschischins», publié <strong>en</strong> 1843 dans le journal parisi<strong>en</strong> La Presse.Parmi les membres de ce club figurai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t desécrivains et artistes comme Alexandre Dumas (qui laissatransparaître ses expéri<strong>en</strong>ces avec le cannabis dans son roman leConte de Monte Christo), Charles Baudelaire, Honoré Daumieret Eugène Delacroix. Le psychiatre Jacques Joseph Moreau deTours, qui dirigeait depuis 1840 la clinique psychiatriqued’Ivry, considéra le haschich comme le principal remède <strong>en</strong>psychiatrie. Il traita sept pati<strong>en</strong>ts atteints de différ<strong>en</strong>ts troublespsychiatriques avec du cannabis : cinq d’<strong>en</strong>tre eux guérir<strong>en</strong>t.29


Publicité pour le <strong>Cannabis</strong>U.S.P. (American <strong>Cannabis</strong>),1932.Du côté de l’Allemagne, c’étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre autres Freud<strong>en</strong>stein,Beron, von Kobylanski, Fronmüller et Martius qui rapportèr<strong>en</strong>tleurs expéri<strong>en</strong>ces avec le cannabis. Seulem<strong>en</strong>t deux ans après lapublication révolutionnaire d’O’Shaughnessy, c’est-à-dire <strong>en</strong>1841, parut à l’université de Marburg la thèse de GeorgFreud<strong>en</strong>stein De <strong>Cannabis</strong> Sativae usu ac viribus narcoticis,traitant des aspects culturels et pharmacologiques de la plantemédicinale.En 1852, le médecin bulgare Basilus Beron étudia dans sa thèseA propos du tétanos et du chanvre indi<strong>en</strong> comme remèdeefficace contre celui-ci (Über d<strong>en</strong> Starrkrampf und d<strong>en</strong>indisch<strong>en</strong> Hanf als wirksames Heilmittel geg<strong>en</strong> d<strong>en</strong>selb<strong>en</strong>),publiée à l’université de Würzburg, l’application du cannabisdans le traitem<strong>en</strong>t du tétanos : « Ayant essayé sans succès laquasi-totalité des antitétaniques connus, j’étais vraim<strong>en</strong>t heureuxde voir guérir mon pati<strong>en</strong>t grâce à l’administration decannabis (…) ce dernier est donc <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t recommandé pourtraiter le tétanos ». La même année et dans la même universitéparut la thèse de Franz von Kobylanski intitulée À propos duchanvre indi<strong>en</strong> et <strong>en</strong> particulier de son effet stimulant sur lescontractions lors de l’accouchem<strong>en</strong>t (Über d<strong>en</strong> indisch<strong>en</strong> Hanfmit besonderer Rücksicht auf seine weh<strong>en</strong>beförderndeWirkung).30


Bernhard Fronmüller, médecin à l’hôpital de Fürth, médecinroyal et médecin du district <strong>en</strong> Bavière, publia <strong>en</strong> 1869 destravaux qui ont suscité un grand intérêt : Études cliniques surles effets somnifères des narcotiques (Klinische Studi<strong>en</strong> überdie schlafmach<strong>en</strong>de Wirkung der narkotisch<strong>en</strong> Arzneimittel),rassemblant ses expéri<strong>en</strong>ces auprès de mille pati<strong>en</strong>ts qui, pourdes raisons diverses, souffrai<strong>en</strong>t d’importants troubles dusommeil. Dans un premier temps, Fronmüller administra à tousses pati<strong>en</strong>ts divers médicam<strong>en</strong>ts. Les résultats montrèr<strong>en</strong>t que lecannabis était très efficace dans 53 % des cas, partiellem<strong>en</strong>tefficace dans 21,5 % des cas et peu ou pas du tout efficace dans25,5 % des cas. En même temps, Fronmüller étudia lespropriétés analgésiques du cannabis et nota <strong>en</strong> plus un effetanti-inflammatoire et stimulant de l’appétit. Dans un rapport surle <strong>Cannabis</strong> Indica, élaboré par le comité de la Société médicalede l’Ohio (Etats-Unis) sous la direction de McMe<strong>en</strong>s,Fronmüller fut cité comme suit : « J’ai eu recours au cannabisdes c<strong>en</strong>taines de fois pour soulager des douleurs locales aussibi<strong>en</strong> d’origine inflammatoire que névralgique. A mon avis, lecannabis doit être classé dans la catégorie des narcotiques,comme l’opium. Il est efficace mais moins puissant que cedernier. Il empêche les sécrétions <strong>en</strong> moindre mesure quel’opium. Il ne trouble pas la digestion. Il stimule l’appétit, plusqu’il ne le coupe. Il ne provoque ni des nausées ni de laconstipation. Le cannabis peut donc être utilisé pour traiter lesinflammations. L’<strong>en</strong>semble de ses effets sont beaucoup moinsagressifs que ceux de l’opium, conduis<strong>en</strong>t à un sommeil naturelet ne perturb<strong>en</strong>t pas les fonctions des organes internes. Parconséqu<strong>en</strong>t, et bi<strong>en</strong> qu’il ne possède pas la puissance d’actionni la fiabilité des opiacés, il est préférable d’administrer ducannabis. Une utilisation alternée d’opium et de cannabissemble être recommandée, surtout dans les cas où l’opiumn’offre pas tous les effets souhaités ».Dans l’hebdomadaire médical allemand Deutsche MedizinischeWoch<strong>en</strong>schrift, le parisi<strong>en</strong> See rapporta <strong>en</strong> 1890 sesobservations concernant les traitem<strong>en</strong>ts à base de cannabiscontre les troubles digestifs et la perte de l’appétit. « De faiblesdoses ne conduis<strong>en</strong>t pas à des effets secondaires désagréables,31


éduis<strong>en</strong>t l’int<strong>en</strong>sité de la douleur, stimul<strong>en</strong>t l’appétit et calm<strong>en</strong>tles vomissem<strong>en</strong>ts ainsi que les crampes d’estomac; de plus ilagit sur des symptômes annexes (…) les vertiges, la migraine,l’hypersomnie ou l’insomnie ». Plus loin il écrit: « J’ai vu desmalades (…) chez qui la s<strong>en</strong>sibilité gastrique était si grandequ’ils n’osai<strong>en</strong>t même plus manger et se cont<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>tde quelques gorgées de lait. Immédiatem<strong>en</strong>t après avoir pris lespremières doses du médicam<strong>en</strong>t, ils éprouvai<strong>en</strong>t un telsoulagem<strong>en</strong>t, qu’ils recomm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t à manger, sans la moindreincommodité, de la viande crue, cuite ou hachée, des purées delégumes secs, des œufs. (…). Les effets du cannabis ne vari<strong>en</strong>tpas ni pour calmer les douleurs ni pour retrouver l’appétit,indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t de l’origine du trouble. (…) La digestion eststimulée par le cannabis lorsque celle-ci est ral<strong>en</strong>tie par un étatde paralysie névrotique ou r<strong>en</strong>due douloureuse parl’hyperacidité gastrique. (…). L’absorption intestinale s’amélioreégalem<strong>en</strong>t grâce aux propriétés apaisantes du cannabis.(…). En bref, le cannabis est un véritable sédatif pourl’estomac, sans aucun des effets indésirables attribués auxnarcotiques, tels que l’opium ou le chloral ».Vers la fin du XIXe siècle, la reconnaissance des produits àbase de cannabis comme médicam<strong>en</strong>ts étai<strong>en</strong>t répandue <strong>en</strong>Europe et <strong>en</strong> Amérique. L’<strong>en</strong>treprise pharmaceutique allemandeMerck de Darmstadt était le premier producteur de préparationscannabiques <strong>en</strong> Europe, dont le cannabinum tannicum, commercialisé<strong>en</strong> 1882, le cannabinon <strong>en</strong> 1884 et le cannabin <strong>en</strong>1889. On administra ces médicam<strong>en</strong>ts comme somnifères,analgésiques, aphrodisiaques, antinévralgiques, antirhumatismaux,antidépresseurs mais égalem<strong>en</strong>t comme traitem<strong>en</strong>tscontre l’hystérie, le delirium trem<strong>en</strong>s et les psychoses.En Grande-Bretagne apparur<strong>en</strong>t les préparations prêtes àl’emploi de Bourroughs, Wellcome & Co. ; aux États-Uniscelles de Squibb (New York), Parke, Davis & Co (Detroit) etEli Lilly & Co. Parmi tous ces médicam<strong>en</strong>ts à base de cannabis,disponibles sur le marché à la fin du siècle, la majorité étaitadministrée par voie orale, <strong>en</strong>viron un tiers constituait despréparations à usage externe et quelques unes devai<strong>en</strong>t êtreinhalées (comme des cigarettes contre l’asthme).32


Publicités pour les cigarettes indi<strong>en</strong>nes de l’<strong>en</strong>treprise Grimault & Cie., vers1880.À cette époque, la consommation récréative de cannabis étaitpeu connue <strong>en</strong> Europe. Ainsi, A J. Kunkel, professeur deWürzburg, souligna <strong>en</strong> 1899 dans son manuel de toxicologie :« L’abus chronique de préparations à base de cannabis, oucannabisme, semble être largem<strong>en</strong>t répandu <strong>en</strong> Asie et <strong>en</strong>Afrique. (…) Il n’a pas été observé <strong>en</strong> Europe. En revanche, <strong>en</strong>Inde, les médecins font souv<strong>en</strong>t état de tels cas ».Début du XXe siècleLa première moitié du XXe siècle fut marquée par dest<strong>en</strong>dances contradictoires. Le discrédit porté sur la consommationrécréative de cannabis conduisit à la régression deson utilisation médicale. En outre, le développem<strong>en</strong>t acharné demédicam<strong>en</strong>ts synthétiques, dont l’aspirine, l’hydrate de chloral,le bromural, les barbituriques et les dérivés opiacés, contribua àla mise à l’écart des produits naturels.La composition chimique des extraits de cannabis variait detelle sorte que leur dosage <strong>en</strong> principe actif était incertain etl’int<strong>en</strong>sité des effets imprévisible. Par ailleurs, il n’était pas rareque des différ<strong>en</strong>ces très nettes au niveau des réactions, c'est-àdirede la réactivité au médicam<strong>en</strong>t, apparaiss<strong>en</strong>t d’unepersonne à l’autre. Ensuite, il fallait att<strong>en</strong>dre jusqu’à une heure33


ou plus, après une prise par voie orale de l’extrait, pour que lespremiers effets se fass<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>tir. Contrairem<strong>en</strong>t à la morphine,le cannabis n’était pas soluble dans l’eau et il n’était donc paspossible de préparer des solutions injectables.En 1925, le cannabis fut intégré à la première Conv<strong>en</strong>tion<strong>International</strong>e de l’Opium signée à La Haye <strong>en</strong> 1912, quiincluait initialem<strong>en</strong>t l’opium, la morphine, l’héroïne et lacocaïne. Dès lors, le cannabis fut globalem<strong>en</strong>t considéré de lamême façon que ces substances. Dans l’Amérique des années30, l’hystérie du mouvem<strong>en</strong>t des « anti-cannabis » était toutparticulièrem<strong>en</strong>t florissante. Selon ses partisans, des meurtresaurai<strong>en</strong>t été commis sous l’emprise du cannabis et ce produitconduirait à la folie. Les journaux de l’époque se disputai<strong>en</strong>t lasur<strong>en</strong>chère des révélations de scènes d’horreur s<strong>en</strong>sationnelles.HarryJ. Anslinger, premier Commissaire du Federal Bureau ofNarcotics (USA), qui depuis la levée de la prohibition del’alcool cherchait manifestem<strong>en</strong>t un nouveau champ d’action,contribua considérablem<strong>en</strong>t au phénomène de la folie du fumeur(Reefer Madness). En 1937, Anslinger rédigea un article pourl’American Magazine, intitulé la marijuana, assassin de lajeunesse. Dès lors, tout comportem<strong>en</strong>t pouvant se rapporter à lapassion incontrôlée, au fanatisme, à l’anarchie ou à la viol<strong>en</strong>cefut associé au cannabis.Mais, parallèlem<strong>en</strong>t, on trouvait aussi des consci<strong>en</strong>ces pluséclairées. En 1938, M. La Guardia, maire de New York, créaune commission sci<strong>en</strong>tifique composée de médecins internes, depsychiatres, de pharmacologistes, de spécialistes de l’hygiène etde la santé publique, de représ<strong>en</strong>tants des organismes sanitaires,des hôpitaux et de la justice. Cette commission avait pourobjectif d’étudier la question de la marijuana à New York. Elle<strong>en</strong>tra <strong>en</strong> fonction <strong>en</strong> 1940 et publia un rapport très détailléquatre années plus tard. Voici les principaux points : « Le faitde fumer de la marijuana n’<strong>en</strong>traîne pas une dép<strong>en</strong>dance aus<strong>en</strong>s médical du terme. La v<strong>en</strong>te et la distribution de cannabisne sont pas du ressort d’un seul et même groupe organisé. Laconsommation de marijuana ne conduit pas à une dép<strong>en</strong>dance àla morphine, à l’héroïne ou à la cocaïne, et il n’existe pas34


d’int<strong>en</strong>tion de création d’un marché pour ces drogues quidévelopperait la consommation de marijuana. La marijuana nefait pas office de facteur déterminant pour commettre un crime.Fumer de la marijuana n’est pas largem<strong>en</strong>t répandu chez lesécoliers. La délinquance juvénile n’est pas associée à laconsommation de marijuana. Les campagnes publicitaires newyorkaises, c<strong>en</strong>trées sur les effets catastrophiques liés à laconsommation de marijuana fumée, sont infondées ».À la fin des années 40 et au début des années 50, les travauxd’Adams, de Todd, d’All<strong>en</strong>tuck et de Loewe, suscitèr<strong>en</strong>t unregain d’intérêt pour les applications médicales du cannabis.Walter Siegfried Loewe <strong>en</strong>seigna la pharmacologie dansplusieurs universités allemandes avant d’émigrer aux États-Unis<strong>en</strong> 1934, à cause de la montée du nazisme. En 1936, il <strong>en</strong>trepritdes recherches sur le cannabis. Dans une synthèse, parue <strong>en</strong>1950 intitulée Les principes actifs du cannabis et lapharmacologie du cannabinol, Loewe résume les connaissancesde l’époque sur la chimie des cannabinoïdes. Dès 1942, il futprouvé que le premier principe actif était une substance àlaquelle les sci<strong>en</strong>tifiques donnèr<strong>en</strong>t le nom de tétrahydrocannabinol,<strong>en</strong> abrégé THC. Sa structure chimique exact<strong>en</strong>’était pas <strong>en</strong>core connue. En revanche, le mécanismebiologique de la synthèse du cannabidiol au cannabinol via leTHC avait déjà été id<strong>en</strong>tifié avec exactitude. Dans ses travaux,Loewe indique, <strong>en</strong>tre autres, que les effets réducteurs decrampes et apaisants de la douleur sont attribuables au THC.Dans les années 40, le THC fut utilisé pour la première foisdans un traitem<strong>en</strong>t médicam<strong>en</strong>teux. Ainsi, Samuel All<strong>en</strong>tuckrapporta au début des années 40 le succès d’un traitem<strong>en</strong>t à basede THC sur le syndrome de manque causé par la dép<strong>en</strong>danceaux opiacés. À la même époque, les premiers cannabinoïdes desynthèse fur<strong>en</strong>t fabriqués et testés au cours d’études cliniques.Dans la liste de ces substances, le pyrahexyl (synhexyl) était leprincipal dérivé synthétique du THC.Thompson et Proctor signalèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1953 une utilisation réussiedu synhexyl et de substances analogues pour traiter le syndromede sevrage alcoolique. Ils observèr<strong>en</strong>t un effet plus faible, bi<strong>en</strong>que manifeste, lors du sevrage des opiacés. Sur 70 pati<strong>en</strong>ts35


alcooliques, 59 ont noté des effets bénéfiques avec le synhexylpour combattre les symptômes de sevrage, 11 pati<strong>en</strong>ts n’ont passignalé d’amélioration de leurs symptômes. Sur 12 pati<strong>en</strong>tsdép<strong>en</strong>dants au domerol (un opiacé), 10 ont réussi le sevrage <strong>en</strong>une semaine, sans avoir recours à d’autres médicam<strong>en</strong>ts. Chezquelques cas de dép<strong>en</strong>dance aux barbituriques, on constataégalem<strong>en</strong>t une amélioration des symptômes de sevrage.À la fin des années 40, Stockings prescrivit du synhexyl à50 pati<strong>en</strong>ts dépressifs. Chez des sujets <strong>en</strong> bonne santé, undosage de 5 à 15 mg provoquai<strong>en</strong>t des états euphoriques tandisque chez des sujets dépressifs, le même état n’était atteintqu’avec un dosage de 60 à 90 mg. Il conclut que « généralem<strong>en</strong>t,chez l’homme, les effets consist<strong>en</strong>t <strong>en</strong> un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t debonheur et d’euphorie accompagné d’un état notoire de bi<strong>en</strong>être physique et de gain d’assurance. Il y avait égalem<strong>en</strong>t unelibération des t<strong>en</strong>sions et des angoisses et le seuil de toléranceaux s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts désagréables était nettem<strong>en</strong>t relevé ».En 1948, Pond reconduisit cette même étude sans qu’aucuneffet antidépresseur notable n’ait pu être constaté. Or, les dosesutilisées étai<strong>en</strong>t plus faibles, allant de 20 à 40 mg de synhexyl.De même, Parker et Wrigley, au cours d’une autre étude m<strong>en</strong>ée<strong>en</strong> 1950 auprès de 62 pati<strong>en</strong>ts, ne pur<strong>en</strong>t confirmer lesobservations de Stockings.Davis et Ramsey étudièr<strong>en</strong>t à la fin des années 40 le pot<strong>en</strong>tielantiépileptique d’un autre dérivé synthétique du THC, le DMHP(dimethylheptyl de l’acide 11-THC). Cinq <strong>en</strong>fants atteintsd’épilepsie sévère, pour qui la maladie ne pouvait être maîtriséede manière satisfaisante avec du phénobarbital et du dilantin,reçur<strong>en</strong>t un traitem<strong>en</strong>t à base de DMHP p<strong>en</strong>dant 3 à 7 semaines.Trois <strong>en</strong>fants réagir<strong>en</strong>t de façon quasim<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tique à lathérapie précéd<strong>en</strong>te, le quatrième fut presque rétabli et lecinquième complètem<strong>en</strong>t débarrassé des crises. Les auteurs desrecherches demandèr<strong>en</strong>t des études supplém<strong>en</strong>taires sur leDMHP, qui finalem<strong>en</strong>t n’ont pu être réalisées.L’intérêt porté aux recherches sur le cannabis s’éveilla ànouveau <strong>en</strong> 1964 avec l’id<strong>en</strong>tification exacte de la structurechimique du delta-9-tétrahydrocannabinol, ou <strong>en</strong> abrégé, delta-9-THC (∆9-THC ou THC) par les chercheurs israéli<strong>en</strong>s, Gaoni36


et Mechoulam. Dès lors, les recherches dans le domaine de lachimie, des processus du métabolisme et des effets pot<strong>en</strong>tielspositifs ou négatifs du cannabis et des nombreux cannabinoïdes,connur<strong>en</strong>t une grande période d’effervesc<strong>en</strong>ce. Une deuxièmegrande période, plus importante <strong>en</strong>core, eut lieu au début desannées 90, après la découverte dans l’organisme du systèmecannabinoïde <strong>en</strong>dogène, des récepteurs cannabinoïdes ainsi quedes cannabinoïdes produits naturellem<strong>en</strong>t par l’organismehumain, les cannabinoïdes <strong>en</strong>dogènes, ou <strong>en</strong>docannabinoïdes.37


Les principes actifs thérapeutiquesÀ ce jour, <strong>en</strong>viron 500 constituants naturels du chanvre (nomlatin : <strong>Cannabis</strong> Sativa L.) ont été découverts. La plupart de cessubstances chimiques se trouv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t dans beaucoupd’autres végétaux et animaux, bi<strong>en</strong> que leurs effets pharmacologiquesrest<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t faibles, voire inexistants. Parmiles élém<strong>en</strong>ts composant la plante de cannabis, on compte desacides aminés, des protéines (albumine), des sucres, desterpènes, des cannabinoïdes, des flavonoïdes, des vitamines, deshydrocarbures, des alcaloïdes, des aldéhydes, des cétones, desacides gras, des pigm<strong>en</strong>ts et bi<strong>en</strong> d’autres familles de substances.Près de 120 de ces composés apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à la seulefamille des terpènes, plus généralem<strong>en</strong>t connue sous le nomd'huiles ess<strong>en</strong>tielles. Chaque plante, prise individuellem<strong>en</strong>t, neconti<strong>en</strong>t qu’une partie de l’<strong>en</strong>semble de ces 500 moléculesnaturelles, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction de sa variété.Il y a quelques années, on p<strong>en</strong>sait que les cannabinoïdes,constituants naturels caractéristiques, n’existai<strong>en</strong>t que dans lecannabis. Des sci<strong>en</strong>tifiques japonais ont découvert récemm<strong>en</strong>tla prés<strong>en</strong>ce de substances analogues dans deux mousses(Radula perrottetii et Radula marginata), appart<strong>en</strong>ant à laclasse végétale des Bryophytes (mousses et hépatiques), maisqui ne pouss<strong>en</strong>t pas à l’état naturel <strong>en</strong> Allemagne. Le schémastructurel de base de l’acide perrottétiténique, dont on neconnaît pas <strong>en</strong>core les effets pharmacologiques sur l’homme,est très proche de celui du delta-9-THC.Delta-9-Tétrahydrocannabinol(THC, Dronabinol).Cannabidiol (CBD).Les principaux cannabinoïdes du cannabis sont le delta-9-tétrahydrocannabinol(THC) et le cannabidiol (CBD). En médecine, le THC est aussidénommé Dronabinol.38


CannabinoïdesÀ ce jour, <strong>en</strong>viron 75 types de cannabinoïdes ont étéid<strong>en</strong>tifiés. Ils se répartiss<strong>en</strong>t, pour la plupart d’<strong>en</strong>tre eux, etd’après leur structure chimique de base, <strong>en</strong> dix grands groupes,dont les cinq principaux sont : cannabigerol (CBG),cannabichrome (CBC), cannabidiol (CBD), delta-9-THC (THC)et cannabinol (CBN). Les cinq autres sont : delta-8-tétrahydrocannabinol(delta-8-THC), cannabicyclol (CBL), cannabielsoin(CBE), cannabinodiol (CBND) et cannabitriol (CBTL).Outre ces constituants, des groupes de constituants ont étédéfinis. Chacun de ces groupes intègre plusieurs types decannabinoïdes qui se distingu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre eux notamm<strong>en</strong>t par lalongueur de la chaîne carbonée constituant ces molécules. Parexemple, neuf types de cannabinoïdes apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au groupedelta-9-THC (THC).En règle générale, seulem<strong>en</strong>t trois ou quatre types de cannabinoïdesdiffér<strong>en</strong>ts sont prés<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> conc<strong>en</strong>tration significativedans une seule plante, tandis que les autres types ne sontprés<strong>en</strong>ts qu’<strong>en</strong> quantités infimes, voire <strong>en</strong> quantités de traces.Les variétés de cannabis dit psychotropes, dont sont extraits lamarijuana et le haschich, révèl<strong>en</strong>t de <strong>for</strong>tes t<strong>en</strong>eurs <strong>en</strong> delta-9-THC allant de 1 à 25 %. Dans le chanvre destiné au textile, <strong>en</strong>revanche, le taux de cannabidiol (CBD) varie <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne<strong>en</strong>tre 0,5 et 1 %. Pour cette variété, et afin d’éviter tout usage àdes fins psychotropes, l’Union Europé<strong>en</strong>ne autorise un taux deTHC maximum de 0,2 %.Le delta-9-tétrahydrocannabinol (delta-9-THC, communém<strong>en</strong>tTHC) possède un large spectre de propriétés. Ainsi, on luiattribue des effets psychoactifs, mais égalem<strong>en</strong>t la plupart despropriétés médicales concernant ses produits dérivés. Parmielles, on compte notamm<strong>en</strong>t l’effet euphorisant, relaxant desmuscles, antiépileptique, antiémétique, sur l’appétit,antibiotique, fébrifuge, bronchodilatateur, tranquillisant,analgésique et réducteur de la pression oculaire. Dans d<strong>en</strong>ombreux pays, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Allemagne, <strong>en</strong> Autriche, auxÉtats-Unis, au Canada, aux Pays-Bas, <strong>en</strong> Suisse et dansbeaucoup d’autres, les médecins sont autorisés à prescrire duTHC, sous sa dénomination pharmacologique internationale39


Les effets du delta-9-THC (Dronabinol)Psychisme et perception : sédation, légère euphorie, s<strong>en</strong>sationde bi<strong>en</strong>-être, montée d’angoisses, apaisem<strong>en</strong>t d’angoisses,acc<strong>en</strong>tuation de la perception s<strong>en</strong>sorielle, distorsion de laperception du temps (il semble que le temps passe plus l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t),hallucinations (<strong>en</strong> cas de dosage élevé).Travail intellectuel : troubles de la mémoire et de laconc<strong>en</strong>tration, association d’idées, développem<strong>en</strong>t de la créativité.Activité motrice : troubles du langage et de la coordinationmotrice, amélioration de la coordination motrice.Système nerveux : diminution des douleurs, relaxation desmuscles, augm<strong>en</strong>tation de l’appétit, nausées, calmant des nauséeset des vomissem<strong>en</strong>ts.Fièvre : baisse de la température du corps et de la fièvre.Système cardio-vasculaire : augm<strong>en</strong>tation du rythmecardiaque, vasodilatation, chute de t<strong>en</strong>sion artérielle parfoisaccompagnée de vertiges si la personne se lève brusquem<strong>en</strong>t,légère hypot<strong>en</strong>sion <strong>en</strong> position allongée, trouble de la coagulationdes plaquettes sanguines.Yeux : rougissem<strong>en</strong>t de la conjonctive, diminution del’écoulem<strong>en</strong>t des larmes, baisse de la pression oculaire.Voies respiratoires : dilatation des bronches, réduction de lasécrétion de salive et s<strong>en</strong>sation de bouche sèche.Système digestif : diminution des contractions musculaires del’estomac et ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t du transit gastrique, trouble de laproduction de suc gastrique.Système hormonal : risque d’influ<strong>en</strong>ce hormonale(év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cas de dosage élevé).Système immunitaire : diminution des inflammations, effetantiallergique, trouble de la réponse immunitaire.Développem<strong>en</strong>t de l'embryon et du fœtus : év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>tatteinte à la per<strong>for</strong>mance intellectuelle.Patrimoine génétique et cancers : effet anti-cancérigène.Les effets du Dronabinol (THC) sont <strong>en</strong> partie fonction du dosage, de l’étatainsi que du contexte dans lequel se trouve la personne. Par conséqu<strong>en</strong>t, selonla personne et la situation, le Dronabinol peut par exemple agir sur lesangoisses, soit <strong>en</strong> les provoquant, soit <strong>en</strong> les calmant. Très souv<strong>en</strong>t, il exerceune action bénéfique sur les nausées et les vomissem<strong>en</strong>ts, mais il peut parfoisles provoquer chez certaines personnes.40


Dronabinol sur un carnet à souche spécial réservé aux produitsdu tableau B. Le dosage recommandé est de l’ordre de 5 à30 mg de Dronabinol par jour.Le cannabidiol (CBD) ne prés<strong>en</strong>te aucun effet psychoactif. Parcontre, et à condition d’un dosage suffisamm<strong>en</strong>t élevé, il agitcontre les propriétés psychoactives du THC. D'autres actionsbénéfiques lui sont égalem<strong>en</strong>t attribuées, comme l’effet sédatif,anti-inflammatoire, antiépileptique, anxiolytique, antipsychotiqueet réducteur de la pression oculaire. Associé au principeactif THC, il r<strong>en</strong><strong>for</strong>ce les effets analgésiques de ce dernier. Aucours de différ<strong>en</strong>tes études, les dosages typiques variai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre200 et 1500 mg de cannabidiol par jour. Comme le CBD, laplupart des cannabinoïdes ne possèd<strong>en</strong>t pas d’effet psychoactif,ou seulem<strong>en</strong>t très réduit. D’autres types de cannabinoïdes,comme le cannabinol (CBN), le cannabigerol (CBG) et le cannabichrome(CBC) offr<strong>en</strong>t un pot<strong>en</strong>tiel pharmacologique qui,pour l’instant, n’a pas <strong>en</strong>core été suffisamm<strong>en</strong>t étudié.Autres principes actifsLe THC (Dronabinol) et <strong>en</strong> second lieu le CBD (cannabidiol)figur<strong>en</strong>t parmi les principaux principes actifs ducannabis. De nombreux autres élém<strong>en</strong>ts du cannabis ont étéid<strong>en</strong>tifiés, dont des huiles ess<strong>en</strong>tielles (terpènes) et desflavonoïdes. Tous deux sont égalem<strong>en</strong>t très bénéfiques d’unpoint de vue médical.Dans le cannabis, on compte 21 types de flavonoïdes différ<strong>en</strong>ts,dont la plupart se trouv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t dans d’autres végétaux. Ilsapparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à la classe des métabolites secondaires, au mêmetitre que les vitamines, les minéraux et les fibres. Lesflavonoïdes protèg<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre autres les plantes contre les effetsnéfastes des rayons ultraviolets, ou agiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tant quecolorants végétaux, comme c’est par exemple le cas pour lescerises ou autres baies. Dans l’organisme humain, certains typesde flavonoïdes prés<strong>en</strong>ts dans le cannabis possèd<strong>en</strong>t un effetanti-inflammatoire, comme l’apigénine et le cannaflavin A.D’autres, comme le quercetin, sont des substances <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>tantioxydantes, qui, par conséqu<strong>en</strong>t, protèg<strong>en</strong>t les cellules deseffets destructeurs des radicaux libres. De plus, l’apigénine41


possède des effets anxiolytiques.Les huiles ess<strong>en</strong>tielles sont responsables de l’odeur que dégagechaque plante. Ainsi, et puisqu’elles s’évapor<strong>en</strong>t naturellem<strong>en</strong>t,elles pénètr<strong>en</strong>t très facilem<strong>en</strong>t à l’intérieur de notre nez, quandon se p<strong>en</strong>che pour s<strong>en</strong>tir une plante. Les propriétés thérapeutiquesdes terpènes sont surtout connues pour lutter contrel’inflammation du nasopharynx. C’est la raison pour laquelle,depuis longtemps, on pratique des bains de vapeur à base decamomille ou d’autres plantes ayant un taux élevé <strong>en</strong> huilesess<strong>en</strong>tielles. L’eugénol, qui est un des terpènes prés<strong>en</strong>t dans lecannabis, offre des propriétés anti-inflammatoires et antibactéri<strong>en</strong>nes.Le 1,8-cinéol augm<strong>en</strong>te le flux sanguin dans lecerveau et le linalol possède un effet anxiolytique et calmant.Puisque pour une utilisation médicale, seulem<strong>en</strong>t de petitesquantités de cannabis sont recommandées, c’est-à-dire allant demoins de un à quelques grammes de cannabis seulem<strong>en</strong>t, lesquantités de terpènes et de flavonoïdes absorbés sont infimes,laissant à p<strong>en</strong>ser que les effets pharmacologiques de cessubstances sont relativem<strong>en</strong>t faibles.Biochimie des cannabinoïdesÀ l’origine, le terme cannabinoïde ne se rapportait qu’auxcannabinoïdes naturels du cannabis. Aujourd'hui, il <strong>en</strong>globeégalem<strong>en</strong>t les substances de synthèse possédant une actionanalogue à celle des cannabinoïdes naturels issus de la plante.Les différ<strong>en</strong>ts cannabinoïdes naturels se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t sous demultiples <strong>for</strong>mes dont seulem<strong>en</strong>t quelques-unes possèd<strong>en</strong>t despropriétés médicales. Leur principale <strong>for</strong>me est acide, commepar exemple l’acide THC de la famille des acidescarboxyliques, à qui l’on attribue des propriétés anti-inflammatoireset analgésiques. Les phénols correspondants peuv<strong>en</strong>tdévelopper d’autres effets pouvant être recherchés. Ils sontfaciles à obt<strong>en</strong>ir à partir de ces acides, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> leschauffant. Dans nos régions c<strong>en</strong>trales de l’Europe, lepourc<strong>en</strong>tage de phénols dans les plantes de cannabis, représ<strong>en</strong>temoins de 10 % du total du cont<strong>en</strong>u <strong>en</strong> THC. En revanche, dansles régions chaudes d’Afrique ou d’Asie, ce taux peut dépasserles 30 %. Dans la résine de cannabis, ou haschich, le taux de42


THC sous sa <strong>for</strong>me phénolique peut dépasser les 50 %. C'est laraison pour laquelle le haschich peut être très bénéfique <strong>en</strong>médecine. Il peut prés<strong>en</strong>ter des effets pharmacologiqueslorsqu’il est ingéré directem<strong>en</strong>t sans être chauffé.Quelques indications concernant l’utilisation descannabinoïdesAu moy<strong>en</strong> d’une cuisson rapide, les acides carboxyliquesnon-actifs peuv<strong>en</strong>t être trans<strong>for</strong>més <strong>en</strong> phénols actifs possédantdes propriétés thérapeutiques. C’est pourquoi il est conseillé dechauffer les produits avant de les consommer afin de pouvoirprofiter pleinem<strong>en</strong>t de leurs effets pharmacologiques. Ceci estpossible par exemple <strong>en</strong> fumant une cigarette de cannabis, ditjoint, <strong>en</strong> confectionnant des gâteaux ou <strong>en</strong> préparant du thé àbase de cannabis. En cas de cuisson prolongée p<strong>en</strong>dantplusieurs heures, les cannabinoïdes se dégrad<strong>en</strong>t <strong>en</strong> substancesnon-actives.En principe, le THC ne se dissout pas dans l’eau, mais il estsoluble dans l’alcool et les matières grasses comme l’huile. Ilest donc conseillé d’ajouter un peu d’huile, de crème ou de laitdans un thé (infusion ou décoction) préparé avec du cannabispour une dissolution optimale des cannabinoïdes. En ce quiconcerne la confection de pâtisseries, il suffit d’intégrer dubeurre ou de la margarine de cannabis aux préparations habituelles.À une température de 0 °C, la consistance du THC est résineuseet ne devi<strong>en</strong>t une sorte d’huile qu’à partir de 20 °C. Au dessusde 140 °C à 150 °C, les cannabinoïdes s’évapor<strong>en</strong>t. Ainsi, aumoy<strong>en</strong> de vaporisateurs commercialisés, il est possible de faireévaporer du Dronabinol (THC) et les autres substancesprés<strong>en</strong>tes dans le cannabis, sans les brûler. Ce n’est qu’à partirde 230 °C que ces dernières sont calcinées et que, commelorsque le cannabis est fumé, des produits de combustioncancérigènes sont égalem<strong>en</strong>t inhalés.43


Préparation des drogues à base de cannabisLes drogues sont fabriquées à partir des produits récoltés surles plantes de cannabis <strong>en</strong> fin de floraison. Les plantes femellessont considérablem<strong>en</strong>t plus riches <strong>en</strong> THC que les plantesmâles. Les différ<strong>en</strong>tes appellations des drogues préparées àpartir du cannabis sont le haschich et la marijuana. Des nomsd’origine anglaise, tels que grass, shit et pot sont égalem<strong>en</strong>tcouramm<strong>en</strong>t utilisés. Dans les années soixante, une chanson aété dédiée au cannabis, sous le titre de Mary Jane. En espagnol,la marijuana est couramm<strong>en</strong>t désignée par le prénom Maria.D’autres noms issus de diverses cultures sont bhang, charas,dagga, kif, gras, diamba, maconha et canapa.Le haschich et la marijuana sont obt<strong>en</strong>us respectivem<strong>en</strong>t par larécolte des plantes et le passage au tamis de la résine, et par lacoupe des sommités florifères au début du processus defructification. C’est dans les bractées et dans la résine que laconc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> THC est la plus élevée.Le mot haschich (résine de cannabis) est d'origine arabe etsignifie herbe. Avant, il servait de terme générique pour lesdiffér<strong>en</strong>tes qualités de drogues. Aujourd’hui, il est utilisé pourdésigner les préparations riches <strong>en</strong> résine, généralem<strong>en</strong>tproposées sous <strong>for</strong>me de plaques compressées. Il est possible deconnaître la prov<strong>en</strong>ance du produit final grâce aux différ<strong>en</strong>tesméthodes de récolte de la résine. Ainsi, le haschich d’origineméditerrané<strong>en</strong>ne (Maroc, Turquie, Liban) prés<strong>en</strong>te une teintetirant plutôt sur le vert ou le rouge (libanais rouge ou turc vert)tandis que le haschich d’origine asiatique (Afghanistan,Pakistan, Népal, Inde) est plus sombre (afghan noir). La t<strong>en</strong>eur<strong>en</strong> THC du haschich est très variable, allant de 1 à 30 %.Comparé à la marijuana, il prés<strong>en</strong>te souv<strong>en</strong>t aussi uneconc<strong>en</strong>tration plus élevée <strong>en</strong> cannabidiol (CBD).Le terme de marijuana (herbe de cannabis) vi<strong>en</strong>t du mexicain. Ildésigne les feuilles et les sommités de la plante. Il y a <strong>en</strong>virontr<strong>en</strong>te à quarante ans, la t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> THC de la marijuana étaitsignificativem<strong>en</strong>t plus faible que celle du haschich.Aujourd’hui, il existe des variétés de cannabis pouvant atteindredes conc<strong>en</strong>trations <strong>en</strong> THC de 10 à 25 %. C’est la raison pour44


laquelle il est possible de trouver aujourd’hui de la marijuanacont<strong>en</strong>ant 10 à 25 % de THC.L’huile de cannabis, dont le taux de THC peut dépasser les40 %, offre la plus <strong>for</strong>te conc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> THC. Elle est obt<strong>en</strong>uepar extraction dans un dissolvant ou par distillation à partir de larésine ou des feuilles. Son aspect est celui d’un liquide visqueuxde couleur marron foncé.45


Comm<strong>en</strong>t les cannabinoïdes agiss<strong>en</strong>t-ils surl’organisme ?Les cannabinoïdes naturels du cannabis agiss<strong>en</strong>t sur l’organismede manière similaire aux <strong>en</strong>docannabinoïdes, substances<strong>en</strong>dogènes qui exerc<strong>en</strong>t une multitude de fonctions dans lecorps humain. Ces <strong>en</strong>docannabinoïdes (du grec <strong>en</strong>do quisignifie dedans) ou cannabinoïdes <strong>en</strong>dogènes se retrouv<strong>en</strong>t chezles êtres humains, ainsi que chez les vertébrés (mammifères etoiseaux) et un grand nombre d’autres animaux. Les cannabinoïdesnaturels, tout comme les <strong>en</strong>docannabinoïdes, se li<strong>en</strong>t àdes sites spécifiques prés<strong>en</strong>ts à la surface de nombreusescellules pour décl<strong>en</strong>cher les effets connus. Ces sites spécifiquessont appelés les récepteurs cannabinoïdes. Ensemble, les<strong>en</strong>docannabinoïdes et les récepteurs cannabinoïdes <strong>for</strong>m<strong>en</strong>t lesystème cannabinoïde <strong>en</strong>dogène (ou <strong>en</strong>docannabinoïde) quijoue un rôle important, notamm<strong>en</strong>t dans la régulation del’appétit, dans la perception des in<strong>for</strong>mations s<strong>en</strong>sorielles oucelles relatives à la douleur ainsi que dans la coordination desmouvem<strong>en</strong>ts.Récepteurs cannabinoïdesEn 1987, il a été démontré pour la première fois que laplupart des effets attribués aux cannabinoïdes sont dus à leurliaison à des récepteurs spécifiques. Les récepteurs cannabinoïdesid<strong>en</strong>tifiés à ce jour, les récepteurs cannabinoïdes detype I (CB1) et de type II (CB2), se situ<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t surles membranes des cellules du cerveau et de la moelle épinière.Ils sont égalem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts sur les cellules du cœur, del'intestin, des poumons, des voies urinaires, de l’utérus, destesticules, des glandes internes, de la rate et des globules blancs.Selon l’<strong>en</strong>droit où se trouv<strong>en</strong>t ces récepteurs, leur activation vaprovoquer des effets très différ<strong>en</strong>ts, par exemple une inhibitiondes voies nerveuses véhiculant la douleur, une inhibition duprocessus inflammatoire, une modification de la perception dutemps, un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’euphorie ou beaucoup d’autres effets.46


EndocannabinoïdesLe premier cannabinoïde <strong>en</strong>dogène a été découvert <strong>en</strong> 1992.Il a été baptisé anandamide, du sanscrit ananda qui signifiebonheur suprême et amide, du fait de sa structure chimique.Plus tard, d’autres <strong>en</strong>docannabinoïdes ont été isolés, mais lesnoms qui leur ont été donnés sont moins poétiques et serapport<strong>en</strong>t davantage à la chimie. Par exemple : 2-arachidonoylglycérol (2-AG) et éther de noladine. Les <strong>en</strong>docannabinoïdesfont partie des substances qui jou<strong>en</strong>t un rôle de messagersnaturels. Ils transmett<strong>en</strong>t des in<strong>for</strong>mations concernant l’état del’organisme aussi bi<strong>en</strong> dans le cerveau que dans d'autresorganes, provoquant ainsi des réactions au niveau des cellules.Ils apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au groupe des principaux neurotransmetteursd’inhibition et jou<strong>en</strong>t un rôle important, par exemple commefrein à la libération excessive de glutamate dans le cerveau lorsd’un manque d’approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> oxygène de ce dernier.C’est la raison pour laquelle, au stade actuel des recherches,l’une des principales fonctions attribuée aux <strong>en</strong>docannabinoïdesest la fonction protectrice des cellules nerveuses. D’autresneurotransmetteurs agiss<strong>en</strong>t sous l’influ<strong>en</strong>ce des <strong>en</strong>docannabinoïdescomme les GABA, la glycine, la noradrénaline,la sérotonine, la dopamine, l’acétylcholine ainsi que lesneuropeptides (<strong>en</strong>képhaline et <strong>en</strong>dorphine). Souv<strong>en</strong>t, lespropriétés médicales du cannabis s’expliqu<strong>en</strong>t par l’effetinteractif de ces messagers. Par exemple, l’inhibition de lalibération de la sérotonine calme les nausées et les vomissem<strong>en</strong>tset l’influ<strong>en</strong>ce exercée par les <strong>en</strong>docannabinoïdes surl’acide GABA et sur l’acétylcholine est bénéfique dans letraitem<strong>en</strong>t de troubles neuromusculaires comme les spasmes oules crampes.Anandamide (arachidonoyl éthanolamide)2-arachidonoyl glycérol (2-AG)OHNOHOOCH 2 OHOHLes deux <strong>en</strong>docannabinoïdes (ou cannabinoïdes <strong>en</strong>dogènes) les plus étudiés àce jour sont l’anandamide et le 2-arachidonoyl glycérol (2-AG).47


Comm<strong>en</strong>t le système <strong>en</strong>docannabinoïde se modifie-tillors d’une maladie ?Au cours de certains troubles physiques, la productionmoy<strong>en</strong>ne d’<strong>en</strong>docannabinoïdes et de récepteurs aux cannabinoïdesaugm<strong>en</strong>te afin de comp<strong>en</strong>ser le déséquilibre. Ainsi, laconc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> anandamide augm<strong>en</strong>te dans certaines régionscérébrales, responsables de la gestion de la douleur, afin decalmer ces dernières. Dans le cas de sous-alim<strong>en</strong>tation, cetteproduction s’accroît égalem<strong>en</strong>t pour mieux stimuler l’appétit.Des recherches m<strong>en</strong>ées sur des animaux ont démontré que laquantité d’anandamide dans l’intestin se multipliait si lesanimaux étai<strong>en</strong>t privés de nourriture p<strong>en</strong>dant un certain temps,et que ce taux se normalisait à nouveau s’ils se réalim<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>tsuffisamm<strong>en</strong>t. Il a égalem<strong>en</strong>t été mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce que laproduction d’<strong>en</strong>docannabinoïdes dans l’organisme se multipliaitlors de crampes musculaires, manifestem<strong>en</strong>t pour calmer cescontractions douloureuses. Dans le cas de douleurs causées pardes névrites ou des inflammations chroniques de l’intestin, l<strong>en</strong>ombre de récepteurs aux cannabinoïdes avait égalem<strong>en</strong>taugm<strong>en</strong>té considérablem<strong>en</strong>t.Le système <strong>en</strong>docannabinoïde s’adapte donc aux situations liéesà une manifestation pathologique. Une telle multiplication dunombre de récepteurs aux cannabinoïdes dans certaines partiesdu corps et au cours de certaines maladies peut avoir pourrésultat une meilleure efficacité des cannabinoïdes naturelsexogènes. C’est la raison pour laquelle les fonctions naturellesdu système <strong>en</strong>docannabinoïde sont sérieusem<strong>en</strong>t étudiées depuisplusieurs années, avec l’espoir de trouver de nouveauxmédicam<strong>en</strong>ts issus grâce à une meilleure compréh<strong>en</strong>sion de cesystème complexe.Autres effetsCertains effets des cannabinoïdes ne résult<strong>en</strong>t pas del’activation des récepteurs cannabinoïdes, mais sont le produitd’autres mécanismes. Par exemple, les cannabinoïdes, toutcomme les vitamines C et E, sont des capteurs puissants deradicaux libres. Les radicaux libres sont des moléculeshautem<strong>en</strong>t réactives capables de provoquer des lésions48


cellulaires.De même, certains produits de dégradation biochimique duTHC possèd<strong>en</strong>t des propriétés médicales très intéressantes.Alors que les activités exercées sur l’organisme par le11-hydroxy-THC et le THC sont comparables, celle du 11-nor-9-carboxy-THC (THC-COOH) est différ<strong>en</strong>te. Cettesubstance est recherchée dans les urines des automobilistes etdes sportifs soupçonnés d’avoir consommé du cannabis.Le mécanisme de l’action anti-inflammatoire et analgésique duTHC-COOH est comparable à celui de l’acide acétylsalicylique(aspirine). Il agit par inhibition de l'<strong>en</strong>zymecyclooxygénase. Cep<strong>en</strong>dant, le THC-COOH agit plus spécifiquem<strong>en</strong>t,c’est-à-dire sans provoquer les effets secondaires del’aspirine, tels que les troubles gastriques ou rénaux. Le THC-COOH se lie égalem<strong>en</strong>t faiblem<strong>en</strong>t aux récepteurs CB1. D’unemanière générale, les produits de dégradation biochimique descannabinoïdes issus du cannabis contribu<strong>en</strong>t à l’<strong>en</strong>semble despropriétés médicales recherchées.THC-COOH(11-nor-9-carboxy-THC).11-OH-THC(11-hydroxy –THC).COOHCH 2 OHOHOHOOLes deux principaux produits de dégradation biochimique du THC pris parmiune c<strong>en</strong>taine d’autres (égalem<strong>en</strong>t appelés produits métaboliques ou métabolites).49


Développem<strong>en</strong>t de nouveaux médicam<strong>en</strong>tsDes recherches sont <strong>en</strong> cours ayant pour objet de testerl’intérêt thérapeutique, non seulem<strong>en</strong>t du cannabis naturel et decertains cannabinoïdes, mais égalem<strong>en</strong>t de nombreuses autressubstances qui, chacune à leur manière, exerc<strong>en</strong>t une influ<strong>en</strong>cesoit sur les récepteurs cannabinoïdes, soit sur le taux d’<strong>en</strong>docannabinoïdesde l’organisme.Voici les principales idées qui guid<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t cesrecherches : Poursuivre la voie, déjà empruntée avec succès,concernant l’utilisation des cannabinoïdes, naturels ousynthétiques, <strong>en</strong> vue de l’activation les récepteurs cannabinoïdes.À ce sujet, les recherches se tourn<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant vers laquestion de savoir comm<strong>en</strong>t améliorer la tolérance. Il est prouvépar exemple que le cannabidiol (CBD) atténue les effetspsychoactifs du THC, et de ce fait, son association pourraitaméliorer l’effet général de ce dernier. À ceci s’ajout<strong>en</strong>t desétudes qui suggèr<strong>en</strong>t une association appropriée <strong>en</strong>tre lecannabis et d’autres médicam<strong>en</strong>ts. Les effets peuv<strong>en</strong>ts’améliorer par synergie. Il est égalem<strong>en</strong>t probable que descannabinoïdes synthétiques ne traversant pas la barrièrehémato<strong>en</strong>céphalique soi<strong>en</strong>t développés pour que leur champd’action ciblée ne touche pas le cerveau. Ainsi, ils ne pourrontpas provoquer d’effets secondaires psychotropes. M<strong>en</strong>er des recherches et développer des cannabinoïdessans effet psychotrope. Certains cannabinoïdes synthétiques,comme le dexanabinol ou l’acide ajulémique, ne modifi<strong>en</strong>t pasl’état de consci<strong>en</strong>ce, tout <strong>en</strong> offrant des propriétés antiinflammatoires,analgésiques ou neuroprotectrices. En parallèle,il est probable que l’intérêt de l’industrie pharmaceutique portemoins sur le cannabidiol naturel (CBD), qui offre pourtant lestrois mêmes propriétés thérapeutiques que le THC, c’est-à-direcelles de calmer les inflammations et les douleurs, ainsi que deprotéger les nerfs. Pour être efficace, le CBD doit néanmoinsêtre administré quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t à des dosages élevés.50


Augm<strong>en</strong>ter la conc<strong>en</strong>tration des <strong>en</strong>docannabinoïdes del’organisme par des substances agissant soit au niveau de leurdégradation biochimique, soit au niveau de leur transfertcellulaire. Le principal avantage de tels procédés, comparés àceux d’un apport exogène de cannabinoïdes, pourrait êtred’obt<strong>en</strong>ir des effets thérapeutiques dans une partie du corps oùla production d'<strong>en</strong>docannabinoïdes est déjà <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t stimulée. Envisager une év<strong>en</strong>tuelle utilisation thérapeutiqued’inhibiteurs des récepteurs cannabinoïdes (antagonistes).Puisque les cannabinoïdes caus<strong>en</strong>t parfois des troubles accrusde la mémoire et des crises d’angoisse, il est possible deconcevoir d’utiliser leurs antagonistes pour traiter cessymptômes ainsi que de les utiliser pour leur effet anorexigène.Les antagonistes des récepteurs cannabinoïdes inhib<strong>en</strong>t l’effetdes <strong>en</strong>docannabinoïdes. Par exemple, un antagoniste auxrécepteurs CB1, le rimonabant, fût disponible dans certains payseuropé<strong>en</strong>s pour le traitem<strong>en</strong>t de l’obésité, mais fût retiré dumarché à cause de ses effets secondaires psychologiquespot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t graves (principalem<strong>en</strong>t anxiété et idéessuicidaires).51


Les applications médicales des produits issus ducannabisLe cannabis et le Dronabinol, grâce à leur large spectre d’applicationsthérapeutiques, peuv<strong>en</strong>t être bénéfiques pour traiter unemultitude de maladies et de symptômes. Bi<strong>en</strong> que diversmédicam<strong>en</strong>ts efficaces pour le traitem<strong>en</strong>t de nombreusesindications soi<strong>en</strong>t déjà disponibles aujourd’hui, ils ne soulag<strong>en</strong>tpas toujours suffisamm<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>semble des pati<strong>en</strong>ts etprovoqu<strong>en</strong>t parfois des effets secondaires indésirables, voireinacceptables.Par exemple, nous avons à notre disposition des analgésiquestrès puissants, comme l’aspirine ou la novalgine, mais que d<strong>en</strong>ombreux pati<strong>en</strong>ts ne tolèr<strong>en</strong>t plus à cause des troubles digestifsqu’ils provoqu<strong>en</strong>t. De même, chez certaines personnes, lesopiacés (par exemple la morphine) provoqu<strong>en</strong>t des nausées,voire une <strong>for</strong>te constipation, tandis que chez d’autres, lesanalgésiques courants ou d’autres pratiques comme le TENS(électro-neurostimulation transcutanée) ou l’acupuncture, nepermett<strong>en</strong>t pas d’obt<strong>en</strong>ir des résultats suffisants.Il <strong>en</strong> va de même pour de nombreuses autres maladies etmédicam<strong>en</strong>ts. Le cannabis ne soulage pas dans tous les cas. D<strong>en</strong>ombreux pati<strong>en</strong>ts p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t que les préparations à base decannabis serai<strong>en</strong>t leur médicam<strong>en</strong>t de la dernière chance et sont<strong>en</strong>suite déçus <strong>en</strong> s’apercevant que l’effet att<strong>en</strong>du n’est pasobt<strong>en</strong>u ou bi<strong>en</strong> que des effets indésirables apparaiss<strong>en</strong>t.Néanmoins, beaucoup d’exemples ont démontré que le cannabiset le Dronabinol représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> parfois cette dernière chanceet que les principes actifs agiss<strong>en</strong>t efficacem<strong>en</strong>t tout <strong>en</strong> étantsouv<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> tolérés par beaucoup de pati<strong>en</strong>ts.Les produits issus du cannabis peuv<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t être associésefficacem<strong>en</strong>t à d’autres médicam<strong>en</strong>ts afin de réduire le dosagede ceux-ci. Par exemple, le Dronabinol et les opiacés sontcomplém<strong>en</strong>taires <strong>en</strong> ce qui concerne leurs propriétés analgésiques.De plus, le Dronabinol atténue les nausées provoquéespar les opiacés. Il est égalem<strong>en</strong>t possible de réduire le dosagedes ces derniers afin de diminuer leur action constipante. C’estce qu’ont décrit <strong>en</strong> 2003 le Dr Mary Lynch et ses collaborateurs52


de l’université de Halifax (Canada) dans une revue spécialisée.L’article relate le cas de 3 pati<strong>en</strong>ts souffrant de douleurschroniques (sclérose <strong>en</strong> plaques, neuropathies associées à uneinfection VIH, douleurs au dos et aux jambes suite à unaccid<strong>en</strong>t) et qui ont pu réduire significativem<strong>en</strong>t le dosage deleurs préparations à base d’opiacés <strong>en</strong> fumant du cannabis(Lynch, 2003). Le pati<strong>en</strong>t souffrant de neuropathies liées à uneinfection VIH pr<strong>en</strong>ait une préparation de morphine à duréed’action prolongée à un dosage élevé de 360 mg par jour. Aubout de quatre mois, à compter du début de l’association avec lecannabis, il a réduit les doses de moitié, et au bout de cinq moissupplém<strong>en</strong>taires, il a <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t arrêté son traitem<strong>en</strong>t auxopiacés.D’autres médicam<strong>en</strong>ts se laiss<strong>en</strong>t moins bi<strong>en</strong> combiner avec lecannabis. Ils sont traités <strong>en</strong> détail dans le chapitre Interactionsdu cannabis avec d’autres médicam<strong>en</strong>ts. Toutefois, des effetssecondaires dangereux pour la santé, voire pour la vie, commeceux décrits pour de nombreux autres médicam<strong>en</strong>ts, comme parexemple le Viagra® utilisé dans les dysfonctions érectiles, n'ontjamais été rapportés pour les produits issus du cannabis.Voici les applications thérapeutiques possibles du cannabis etdu Dronabinol pour les affections et les symptômes suivants :Nausées et vomissem<strong>en</strong>ts : effets secondaires liés à unechimiothérapie contre le cancer, VIH/sida, hépatite C, vomissem<strong>en</strong>tsde la grossesse, nausées causées par la migraine.Pertes de l’appétit et amaigrissem<strong>en</strong>ts : VIH/sida, cancersavancés, hépatite C.Spasticité, crampes et durcissem<strong>en</strong>ts musculaires : sclérose<strong>en</strong> plaques, paraplégie, sclérose latérale amyotrophique, spasticitéaprès une attaque cérébrale, céphalée (t<strong>en</strong>sion artérielle),maux de têtes induits par des t<strong>en</strong>sions, hernies discales,lumbagos.53


Troubles du mouvem<strong>en</strong>t : syndrome de Gilles de la Tourette,dystonie musculaire, dyskinésie induite par lévodopa, dyskinésietardive, maladie de Parkinson, tremblem<strong>en</strong>ts.Douleurs : migraine, céphalée vasculaire de Horton, douleursdu membre fantôme, névralgie, règles douloureuses, paresthésie(picotem<strong>en</strong>t, fourmillem<strong>en</strong>t, douleur cuisante), douleurs induitespar le diabète ou le sida, hyperalgésie (s<strong>en</strong>sibilité excessive à ladouleur), crampe musculaire, arthrose, arthrite, colite ulcéreuse,impati<strong>en</strong>ce des jambes, fibromyalgie.Allergies, démangeaisons et inflammations : asthme, arthrite,colite ulcéreuse, maladie de Crohn, allergies aux poussièresdomestiques, rhume des foins, <strong>for</strong>te démangeaison induite parune maladie du foie, neurodermite, pyrexie.Maladies psychiatriques : dépression, anxiété, troublesbipolaires (maniaco-dépressions), troubles de stress posttraumatique,hyperactivité (TDAH), impuissance, dép<strong>en</strong>dance àl’alcool, aux opiacés ou aux somnifères, insomnie, troubles ducomportem<strong>en</strong>t (signes de la maladie d’Alzheimer).Troubles gastro-intestinaux : gastrite, colite ulcéreuse,maladie de Crohn, <strong>en</strong>térite.Troubles de la pression intraoculaire : glaucome.Troubles auditifs, vertiges et perte d’équilibre : acouphènes,nystagmus, maladie de Ménière.Asthme et troubles respiratoires.Épilepsie.Hoquet.Accouchem<strong>en</strong>t : stimulateur des contractions.Les effets du cannabis et du Dronabinol s'appliqu<strong>en</strong>t très54


souv<strong>en</strong>t à plusieurs symptômes d’une seule maladie, comme l’arapporté <strong>en</strong> 1998 l’Institut de <strong>Médecine</strong> des États-Unis suite àune étude d’<strong>en</strong>vergure conduite sur les effets de la marijuana :« Dans tous les cas où une multitude de symptômesapparaiss<strong>en</strong>t, il est possible qu’une association avec lespropriétés actives du THC puisse créer l’interaction thérapeutiquerecherchée. Par exemple, des personnes amaigriesatteintes du sida pourrai<strong>en</strong>t profiter d’un traitem<strong>en</strong>t qui agiraità la fois sur leurs angoisses, douleurs et nausées et qui serait <strong>en</strong>même temps stimulateur de l'appétit ».Maladies psychiatriques«Une heure plus tard, une s<strong>en</strong>sation d’émerveillem<strong>en</strong>t etde magnific<strong>en</strong>ce, à peine descriptible, m’<strong>en</strong>vahit tout à coup.Les mots qui me vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t alors à l’esprit pour le décrire sontbi<strong>en</strong>, extraordinaire et sublime. Cette s<strong>en</strong>sation indescriptibleest complètem<strong>en</strong>t subjective (...). L'idée d’être <strong>en</strong> parfaiteharmonie avec la nature et avec tout l'univers pr<strong>en</strong>d <strong>for</strong>me. Nile corps physique, ni l’individu n’exist<strong>en</strong>t. (....) Ce qui estprés<strong>en</strong>t, c’est un monde fait de merveilleuses images coloréesoù domin<strong>en</strong>t le bleu, le pourpre et le vieil or, le toutaccompagné d’effets d’ombres extrêmem<strong>en</strong>t délicats. (…) Peu àpeu, le sommeil m’a <strong>en</strong>vahi et j’ai très bi<strong>en</strong> dormi jusqu’àl’heure à laquelle je me lève d’habitude. Au réveil, pas des<strong>en</strong>sation particulière à signaler. Je me s<strong>en</strong>s, tout au plus,mieux reposé que les autres jours. Toutes les s<strong>en</strong>sationsdécrites ont complètem<strong>en</strong>t disparu. Par contre, les souv<strong>en</strong>irsliés à ces expéri<strong>en</strong>ces vécues sont très précis et bi<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ts àl’esprit ».Robert Walton, professeur à l’université de médecine <strong>en</strong>Caroline du Sud (États-Unis) a publié <strong>en</strong> 1938 un traités’intitulant Description de l’expérim<strong>en</strong>tation du haschich, dontest extrait le récit ci-dessus, rapporté par un jeune médecin quiavait consommé int<strong>en</strong>tionnellem<strong>en</strong>t une très <strong>for</strong>te dose decannabis.Suite à une prise de cannabis, au-delà des s<strong>en</strong>sations debonheur, qui par ailleurs sont très bénéfiques pour traiter lesdépressions, des manifestations désagréables peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t55


apparaître, comme la peur, la panique et l’angoisse de la mort,notamm<strong>en</strong>t dans le cas d’un dosage trop élevé ou chez desconsommateurs peu expérim<strong>en</strong>tés. C’est la raison pour laquelletoute utilisation médicale des produits dérivés du cannabis doitêtre soigneusem<strong>en</strong>t accompagnée afin d’éviter les effetsindésirables, notamm<strong>en</strong>t psychotropes. Toutefois, une légèreeuphorie apparaît souv<strong>en</strong>t peu après une prise, même à faibledosage, sans modification perceptible de la consci<strong>en</strong>ce.DépressionDes études m<strong>en</strong>ées aux États-Unis sur l’utilisation du Dronabinol,chez des pati<strong>en</strong>ts atteints du sida ou de cancers, ont révéléque de nombreux sujets ont ress<strong>en</strong>ti non seulem<strong>en</strong>t uneréduction de leurs souffrances physiques, mais égalem<strong>en</strong>t uneamélioration de leur état dépressif provoqué par ces maladiesgraves (Beal, 1995 ; Regelson, 1976).Lors d’une <strong>en</strong>quête commune (britannique et américaine)conduite <strong>en</strong> 1997 auprès de pati<strong>en</strong>ts souffrant de sclérose <strong>en</strong>plaques, <strong>en</strong>viron 90 % des personnes interrogées ont signalé quele cannabis leur était bénéfique pour soulager non seulem<strong>en</strong>t lesdivers troubles physiques, mais égalem<strong>en</strong>t leur état dépressif(Consroe, 1997). Une <strong>en</strong>quête similaire, m<strong>en</strong>ée auprès depersonnes atteintes du sida, a été prés<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> 2003 lors duCongrès de la Société Américaine de Psychologie. Là <strong>en</strong>core,les pati<strong>en</strong>ts ont révélé que la consommation de cannabis calmaitleurs troubles physiques, tels que la perte de l’appétit et lesdouleurs. En parallèle, 57 % d’<strong>en</strong>tre eux ont répondu <strong>en</strong> disantqu’ils <strong>en</strong> fumai<strong>en</strong>t pour des raisons psychologiques.Grâce à son action psychoactive, le cannabis permet de soulagerprovisoirem<strong>en</strong>t des souffrances à la fois physiques etpsychiques. Ainsi il fait <strong>en</strong>trer un peu de bonheur dans la viedes pati<strong>en</strong>ts. Or, il est connu que la joie et la volonté de vivreont un effet bénéfique sur l’évolution de nombreuses maladies,tandis que le découragem<strong>en</strong>t et le désespoir ont l’effet inverse.Grâce au dosage on peut contrôler l’effet psychotrope ducannabis. Au cours des <strong>en</strong>quêtes citées ci-dessus, de légerseffets antidépresseurs ont été observés même à des dosagesrelativem<strong>en</strong>t faibles, sans effet perceptible sur l’état psychique56


des pati<strong>en</strong>ts.Un pati<strong>en</strong>t atteint de leucémie (leucémie myéloïde chronique,LMC) s’est fait prescrire du Dronabinol pour mieux faire face àla perte de l’appétit et aux nausées, deux des effets secondairesde la chimiothérapie. Comme de nombreux autres pati<strong>en</strong>ts, il aégalem<strong>en</strong>t découvert les effets antidépresseurs du cannabis.« Depuis novembre 2001, je reçois un traitem<strong>en</strong>t à base deDronabinol, à un dosage moy<strong>en</strong> de 500 mg par mois. Entrejuillet 2001 et septembre 2002, la LMC a pu être stabiliséegrâce à un traitem<strong>en</strong>t de 260 µg d’interféron par semaine.Depuis octobre 2002, <strong>en</strong> tant que substitut, je pr<strong>en</strong>ds 400 mgd’imatinib par jour. Quand <strong>en</strong> novembre 2001, j’ai pris pour lapremière fois du Dronabinol, l'effet a été complètem<strong>en</strong>tlibérateur. Tout à coup, je m’intéressais de nouveau à ce qui sepassait dans le monde, je voulais et je pouvais à nouveauécouter de la musique et lire le journal. C’est sans aucun doutele Dronabinol qui m’a aidé à surmonter le gouffre fait desouffrances physiques et psychologiques et qui à r<strong>en</strong>du plusagréables mes journées jusqu’alors gâchées par les effetssecondaires de l’interféron. Mais finalem<strong>en</strong>t, le Dronabinol n’apas été suffisamm<strong>en</strong>t <strong>for</strong>t pour avoir l’efficacité de l’interféron,et à mon avis, même une augm<strong>en</strong>tation des doses de THC n’yaurait ri<strong>en</strong> changé. (… ) En revanche, depuis que j'ai fini letraitem<strong>en</strong>t à base d'interféron, je pr<strong>en</strong>ds de nouveau duDronabinol. Je préfère 20 mg de Dronabinol par jour à 150 mgde Zoloft® ».Certaines expéri<strong>en</strong>ces avec du Dronabinol faites par desmédecins pratici<strong>en</strong>s allemands démontr<strong>en</strong>t que le THC n’est passeulem<strong>en</strong>t bénéfique pour traiter les dépressions réactionnelles,souv<strong>en</strong>t liées à des maladies graves, mais égalem<strong>en</strong>t lesdépressions dites névrotiques c'est-à-dire celles où la personne ale s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’être abattue, de manquer d'<strong>en</strong>train et de joie devivre sans raison particulière et cela p<strong>en</strong>dant plusieurs semainesvoire plusieurs mois. C'est dans ce contexte que j'aimeraisapporter un exemple extrême, le cas d’une jeune femme quipr<strong>en</strong>ait régulièrem<strong>en</strong>t treize médicam<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>ts (voiredavantage, si besoin), dont des neuroleptiques, des antidépresseurs,des analgésiques et des tranquillisants. Aujourd’hui,57


une seule ordonnance, parfaitem<strong>en</strong>t adaptée à son cas, lui suffit.Elle compr<strong>en</strong>d la prescription de trois fois 5 mg de Dronabinolet d’un antidépresseur. La Caisse Fédérale d’assurance maladied’Autriche, a refusé le remboursem<strong>en</strong>t du Dronabinol. Ce sontses par<strong>en</strong>ts qui pai<strong>en</strong>t le traitem<strong>en</strong>t.Voici un autre témoignage qui m’est parv<strong>en</strong>u par courrier. Suiteà un déménagem<strong>en</strong>t, un homme était obligé de changer demédecin. Ses nouveaux médecins étai<strong>en</strong>t persuadés que laconsommation de cannabis est à l’origine des problèmespsychologiques de leur pati<strong>en</strong>t. « Comme vous pouvez leconstater <strong>en</strong> consultant le rapport médical ci-joint, je souffredepuis de nombreuses années de dépressions, de myalgies ainsique d’autres troubles somatiques, qui, jusqu’à ce jour, n’onttoujours pas pu être soignés malgré les multiples thérapies quej’ai suivies. Un jour, chez une personne de mon <strong>en</strong>tourage,l’occasion s’est prés<strong>en</strong>tée de goûter au cannabis. C’est alorsque je me suis aperçu que je pouvais ainsi soulagerconsidérablem<strong>en</strong>t mes souffrances. Mes angoisses, mamélancolie d’origine dépressive, mes douleurs musculaires etles nausées, c’est-à-dire l’<strong>en</strong>semble des symptômes liés à mamaladie psychologique, se sont ost<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t atténués. C’estbi<strong>en</strong> grâce au cannabis que j’ai pu retrouver la joie de vivre.Mais les problèmes ont ressurgi lorsque j’ai déménagé de XX àYY. Mes nouveaux médecins affirm<strong>en</strong>t que mes troublespsychologiques vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de la consommation de cannabis. Or,ce n’est pas le cas ».Angoisses et troubles de stress post-traumatiquesParfois, les effets psychotropes aigus des produits dérivés decannabis peuv<strong>en</strong>t provoquer des crises d’angoisse voire desaccès de panique. En revanche, dans le cas d’angoisseschroniques ou de peurs paniques à répétition, sans causeextérieure appar<strong>en</strong>te, le cannabis peut au contraire être tout àfait bénéfique.D’après l’article d’un psychiatre des Services de SantéCanadi<strong>en</strong>s aux Armées d’Ottawa, le cannabinoïde synthétiqueNabilone a été efficace pour traiter les symptômes de troublesde stress post-traumatique. Le Nabilone a prés<strong>en</strong>té des effets58


similaires au cannabinoïde naturel Dronabinol (THC) (Fraser2009). L’étude a porté sur 47 pati<strong>en</strong>ts diagnostiqués quiprés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t des cauchemars continuellem<strong>en</strong>t malgré lestraitem<strong>en</strong>ts conv<strong>en</strong>tionnels aux sédatifs et antidépresseurs. Cespati<strong>en</strong>ts reçur<strong>en</strong>t un traitem<strong>en</strong>t de Nabilone et fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suiteexaminés dans une clinique psychiatrique spécialisée <strong>en</strong>tre 2004et 2006. La majorité des pati<strong>en</strong>ts (72 %) traités au Nabilone ontvu leurs cauchemars cesser ou être réduits considérablem<strong>en</strong>t.Une augm<strong>en</strong>tation du temps et de la qualité du sommeil, ainsiqu’une réduction des flashbacks et des sueurs nocturnes ontaussi été rapportés par certains pati<strong>en</strong>ts. Cette étude clinique estla première à relater l’usage des cannabinoïdes dans le traitem<strong>en</strong>tdes troubles de stress post-traumatiques.Les vertus anxiolytiques des produits dérivés de cannabiss’expliqu<strong>en</strong>t par l’influ<strong>en</strong>ce exercée sur la mémoire. En 2002,des sci<strong>en</strong>tifiques de l’Institut de psychiatrie Max-Planck deMunich (Allemagne) ont m<strong>en</strong>é une étude qui a révélé le rôleprimordial joué par le système cannabinoïde <strong>en</strong>dogène dansl’effacem<strong>en</strong>t des souv<strong>en</strong>irs désagréables (Marsicano, 2002). Aucours des tests, les souris ayant reçu un inhibiteur des récepteursaux cannabinoïdes, afin d’empêcher les <strong>en</strong>docannabinoïdes des’y lier, ont révélé une diminution de leur capacité à effacer lapeur de leur mémoire. Ces animaux, préalablem<strong>en</strong>t conditionnésà associer une note de musique à un électrochoc, ontmanifesté des réactions de peur qui ont duré bi<strong>en</strong> au-delà dutemps où la note de musique n’était plus associée à unélectrochoc. Les souris non préparées ont rapidem<strong>en</strong>t cessé leurréaction de peur face à la note de musique une fois qu’ell<strong>en</strong>’était plus associée au choc, contrairem<strong>en</strong>t aux souris ayantreçu le bloqueur de sites CB1. Une fois que les souris ontcomm<strong>en</strong>cé à oublier leur réponse conditionnée aux chocs, leschercheurs ont découvert que des <strong>en</strong>docannabinoïdes avai<strong>en</strong>t<strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t imprégné une région du cerveau, l’amygdale, qui joueun rôle important dans la fonction de mémorisation dessouv<strong>en</strong>irs d’événem<strong>en</strong>ts à <strong>for</strong>te composante émotionnellecomme la peur.Des chercheurs de l’université de Yale (États-Unis) se sontdemandés pourquoi de nombreux schizophrènes étai<strong>en</strong>t aussi59


des consommateurs de cannabis. Selon eux, la réponse setrouverait justem<strong>en</strong>t dans l’atténuation des angoisses et du stress(Krystal, 1999). Malgré un pot<strong>en</strong>tiel aggravant des symptômesde la schizophrénie lié à la prise de cannabis, ce dernier permetnéanmoins aux personnes concernées d’oublier plus facilem<strong>en</strong>tleurs expéri<strong>en</strong>ces négatives.Psychoses affectives, dépressions <strong>en</strong>dogènes et troublesbipolairesLes troubles affectifs ou psychoses affectives, tout comme laschizophrénie, apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à la famille des psychoses.Contrairem<strong>en</strong>t à d'autres maladies psychiatriques, ces troublesmodifi<strong>en</strong>t profondém<strong>en</strong>t la personnalité des pati<strong>en</strong>ts. Lespsychoses affectives sont souv<strong>en</strong>t associées à des phantasmes,des hallucinations, des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts d'angoisse ou de grandespeurs. Dans la plupart des cas, les personnes atteintes nereconnaiss<strong>en</strong>t pas le fait d’être réellem<strong>en</strong>t malade, et ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tdes causes extérieures pour responsables.Dans le groupe des psychoses affectives figur<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t lesdépressions <strong>en</strong>dogènes ainsi que les troubles maniaco-dépressifsou bipolaires.Contrairem<strong>en</strong>t à la dépression réactionnelle, la dépression<strong>en</strong>dogène n’est pas liée à une cause réellem<strong>en</strong>t perceptible. Ellese développe pour ainsi dire à l’intérieur et agit considérablem<strong>en</strong>tsur les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts, la façon de p<strong>en</strong>ser et lecomportem<strong>en</strong>t du pati<strong>en</strong>t. Les symptômes de cette dépression<strong>en</strong>glob<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre autres la perte de c<strong>en</strong>tres d’intérêt, de joie devivre et de l’appétit ainsi que la tristesse, le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t deculpabilité, le manque de conc<strong>en</strong>tration, l’état d’abattem<strong>en</strong>tprofond, la fatigue chronique et l’insomnie. Il n’est pas rare quedes troubles physiques, comme des céphalées ou des troublesdigestifs, s’ajout<strong>en</strong>t à cette liste. À ce sujet, certains pati<strong>en</strong>ts onttémoigné d’effets bénéfiques du cannabis. Cep<strong>en</strong>dant, lesbénéfices thérapeutiques pot<strong>en</strong>tiels des produits à base decannabis dans le traitem<strong>en</strong>t des dépressions <strong>en</strong>dogènes sontdifficiles à évaluer à ce jour à cause du manque de résultatsissus de la recherche médicale.Dans le cas des troubles bipolaires, de nombreuses personnes60


ont égalem<strong>en</strong>t rapporté des bi<strong>en</strong>faits thérapeutiques grâce aucannabis. La psychose bipolaire, égalem<strong>en</strong>t appelée psychosemaniaco-dépressive ou dépression maniaque, se caractérise pardes phases de dépression <strong>en</strong>dogène qui altern<strong>en</strong>t avec desphases maniaques. Celles-ci sont accompagnées d’euphorie,d’idées extraordinaires, de s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts d’invincibilité, d’hyperactivité,de manque de conc<strong>en</strong>tration et de p<strong>en</strong>sées et parolesprécipitées. Une publication sci<strong>en</strong>tifique de 1998 a prés<strong>en</strong>té d<strong>en</strong>ombreux cas, qui, grâce au cannabis, ont réussi à traiter soitleurs manies, soit leur état dépressif, voire les deux à la fois(Grinspoon, 1998). Certains pati<strong>en</strong>ts ont utilisé du cannabis <strong>en</strong>combinaison avec du lithium, médicam<strong>en</strong>t commun dans lestraitem<strong>en</strong>ts des troubles bipolaires. Ils ont ainsi réussi à réduirele dosage de lithium ou à atténuer les effets secondaires decelui-ci.Une vaste étude portant sur 3459 pati<strong>en</strong>ts souffrant de bipolaritéa été m<strong>en</strong>é sur les effets du cannabis sur l’évolution destroubles. Après 12 mois de traitem<strong>en</strong>t, les consommateurs decannabis ont prés<strong>en</strong>té plus de complaisance et une sévéritéaccrue des troubles, manies et psychoses que les nonconsommateurs (Van Rossum, 2009).J’ai reçu un courrier électronique de Cali<strong>for</strong>nie où sont tolérésdes buyers clubs, disp<strong>en</strong>saires distribuant du cannabis auxpati<strong>en</strong>ts. En effet, malgré le refus du gouvernem<strong>en</strong>t fédéralaméricain, l’État cali<strong>for</strong>ni<strong>en</strong> autorise aux membres de cesassociations de se procurer du cannabis. « Je m’appelle DerekD. Je m’occupe de l’association des pati<strong>en</strong>ts de la côte nord, icià XY, <strong>en</strong> Cali<strong>for</strong>nie. J’ai assisté, <strong>en</strong> même temps qu’un de mescollègues, à l’évolution extraordinaire de l’état d’un de nosmembres de San Francisco, atteint de troubles bipolaires. Eneffet, il y a une semaine, son état est passé d’une psychosebipolaire post-traumatique avec désori<strong>en</strong>tation grave, à un étatde lucidité totale et une cohér<strong>en</strong>ce neurologique complète, suiteà deux inhalations d’huile de cannabis à 20 % de THC. Unetelle métamorphose a été carrém<strong>en</strong>t miraculeuse », a écrit unmembre d’une de ces associations.Divers résultats d’études relat<strong>en</strong>t des effets aggravants de laconsommation de cannabis sur l’évolution de multiples61


psychoses schizophréniques, et ceci <strong>en</strong> dépit des nombreuxtémoignages de schizophrènes déf<strong>en</strong>dant l’usage du cannabis. Ilsemble qu'à long terme, le cannabis soit responsable de laplupart des rechutes. Par conséqu<strong>en</strong>t, l’application de produitsdérivés de cannabis est généralem<strong>en</strong>t déconseillée pour letraitem<strong>en</strong>t de la schizophrénie.Le cannabis peut néanmoins aider un nombre limité de pati<strong>en</strong>ts.Des sci<strong>en</strong>tifiques du C<strong>en</strong>tre Psychiatrique Rockland d’Orangeburg,New York, ont relaté l’amélioration des symptômes deschizophrénie chez 4 pati<strong>en</strong>ts ayant reçu du Dronabinoloralem<strong>en</strong>t (Schwarcz, 2009). L’étude avait été demandée aprèsune amélioration remarquable constatée chez l’un des pati<strong>en</strong>ts.Les chercheurs ont égalem<strong>en</strong>t remarqué que 3 des 5 pati<strong>en</strong>tssévèrem<strong>en</strong>t atteints, résistants aux traitem<strong>en</strong>ts habituels, avai<strong>en</strong>tpar le passé rapporté des effets positifs du cannabis et du THC.Ils sélectionnèr<strong>en</strong>t les pati<strong>en</strong>ts réfractaires à tout traitem<strong>en</strong>t etpour qui le risque était inférieur aux améliorations escomptées.Sur 200 pati<strong>en</strong>ts atteints de psychoses chroniques, 5 ont étéchoisis. Un traitem<strong>en</strong>t au Dronabinol a été prescrit : 2,5 mgdeux fois par jour, puis 5 mg deux fois par jour la deuxièmesemaine, et <strong>en</strong>fin 10 mg deux fois par jour la troisième semaine.Il a fallu huit semaines à l’un des pati<strong>en</strong>ts pour ress<strong>en</strong>tir uneamélioration alors que les autres réagir<strong>en</strong>t plus rapidem<strong>en</strong>t. Leschercheurs ont noté que « ces améliorations sembl<strong>en</strong>t seproduire chez trois pati<strong>en</strong>ts sur quatre au cœur du processuspsychotique et pas seulem<strong>en</strong>t au niveau calmant ». Ces résultatssuggèr<strong>en</strong>t que « le rôle des cannabinoïdes dans les psychosespourrait être plus complexe que supposé au départ. Ils ouvr<strong>en</strong>tune nouvelle voie quant au rôle des cannabinoïdes dans letraitem<strong>en</strong>t de la schizophrénie ».Troubles du comportem<strong>en</strong>t liés à la maladie d’AlzheimerUne étude sur l’utilisation de Dronabinol chez des pati<strong>en</strong>tssouffrant de la maladie d’Alzheimer refusant de s’alim<strong>en</strong>ter aété publiée <strong>en</strong> 1997 (Volicer, 1997). Au départ, les chercheursqui ont conduit cette étude voulai<strong>en</strong>t analyser uniquem<strong>en</strong>tl’action du Dronabinol sur l’appétit et sur le poids. Les pati<strong>en</strong>tsavai<strong>en</strong>t effectivem<strong>en</strong>t grossi p<strong>en</strong>dant les trois semaines de62


traitem<strong>en</strong>t avec du Dronabinol, comparés aux pati<strong>en</strong>ts quiavai<strong>en</strong>t pris un placebo. L’int<strong>en</strong>sité des troubles ducomportem<strong>en</strong>t avait égalem<strong>en</strong>t diminué avec le Dronabinol. Enrevanche, pour tirer des conclusions plus larges, l’étudeconduite avec seulem<strong>en</strong>t 15 sujets se révèle insuffisante, bi<strong>en</strong>que les chercheurs rest<strong>en</strong>t persuadés que le Dronabinolreprés<strong>en</strong>te « un nouveau moy<strong>en</strong> thérapeutique <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>tprometteur » dans la lutte contre les troubles du comportem<strong>en</strong>tchez les pati<strong>en</strong>ts atteints de la maladie d’Alzheimer.En 2003, une étude similaire a été prés<strong>en</strong>tée devant le congrèsde la Société américaine de gériatrie. Parmi 9 pati<strong>en</strong>ts testés,tous atteints de la maladie d’Alzheimer, le traitem<strong>en</strong>t avec duDronabinol a réduit considérablem<strong>en</strong>t l’agitation chez 6 pati<strong>en</strong>tset a augm<strong>en</strong>té les facultés intellectuelles chez 3 pati<strong>en</strong>ts. Audébut de l’essai, le Dronabinol a été administré à un dosage dedeux fois 2,5 mg par jour. Ensuite, les doses ont été augm<strong>en</strong>téesjusqu’à un maximum de deux fois 5 mg par jour. En parallèle,chaque pati<strong>en</strong>t a poursuivi son traitem<strong>en</strong>t initial.Une étude conduite par des sci<strong>en</strong>tifiques de l’université deLondres a démontré que les cannabinoïdes pouvai<strong>en</strong>t protégerles cellules nerveuses de l’effet toxique des beta-amyloïdes(Milton, 2002). Des dépôts anormaux, égalem<strong>en</strong>t appelés desdépôts de plaquettes, ont été observés dans le cerveau despersonnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les protéinesimpliquées dans ces dépôts sont les protéines beta-amyloïdes etles protéines tau. Il est probable qu’un taux élevé de ces betaamyloïdesdans le cerveau pourrait conduire à la <strong>for</strong>mation deces plaquettes, probablem<strong>en</strong>t responsables des lésionscérébrales. « L’hypothèse sur laquelle je me base est que laprotéine beta-amyloïde arrive dans le cerveau où elle estphosphorylée et où elle tue les cellules. Ces effets toxiques sontinhibés par les cannabinoïdes », a déclaré lors d’un communiquéde presse Nathaniel Milton, directeur de l’étude.AutismeL’autisme est un trouble du développem<strong>en</strong>t complexe qui semanifeste de façon caractéristique dans les trois premièresannées de la vie. Il s’agit à la base d’un trouble neurologique63


qui influ<strong>en</strong>ce le fonctionnem<strong>en</strong>t cérébral. Les autistes ontgénéralem<strong>en</strong>t de sévères difficultés de communication etd’intégration sociale.Un médecin pratici<strong>en</strong> m’a rapporté l’exemple d’un essai detraitem<strong>en</strong>t sur un jeune homme autiste âgé de 17 ans. Suite àdes administrations de 5 à 7,5 mg de Dronabinol par jour, lepati<strong>en</strong>t se montrait moins agité, à l’intérieur tout comme àl’extérieur, et la qualité des contacts avec son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ts'était améliorée. Il aimait pr<strong>en</strong>dre son médicam<strong>en</strong>t, bi<strong>en</strong> que laplupart du temps, les autistes refus<strong>en</strong>t de pr<strong>en</strong>dre leurtraitem<strong>en</strong>t. Au cours des deux premières semaines, le jeunehomme dormait beaucoup, et la question s’était posée s’il nevalait pas mieux interrompre le traitem<strong>en</strong>t. C’est à ce mom<strong>en</strong>tque l’effet calmant indésirable du Dronabinol a comm<strong>en</strong>cé às’atténuer et que des effets autrem<strong>en</strong>t positifs se sont produits.Depuis, ce médecin a rassemblé de nouveaux résultats auprèsd’autres autistes. Il va néanmoins falloir att<strong>en</strong>dre que des étudescliniques complém<strong>en</strong>taires soi<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>ées avant de pouvoir seprononcer définitivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faveur des produits à base decannabis pour le traitem<strong>en</strong>t de l’autisme.Impuissance sexuelle et dysfonction érectileLa dysfonction érectile est souv<strong>en</strong>t liée à une cause psychologique,comme, par exemple, la peur de l’impuissance.Cep<strong>en</strong>dant, au cours des dernières années, l’impuissancesexuelle de l’homme a de plus <strong>en</strong> plus souv<strong>en</strong>t été associée àdes causes physiques comme des troubles de la pressionartérielle ou des taux d’hormones.Là <strong>en</strong>core, les effets anxiolytiques et calmants du cannabis surl’état physique et psychologique peuv<strong>en</strong>t apporter un bénéficethérapeutique. De plus, le Dronabinol produit un effet dilatateurdes vaisseaux sanguins et ses propriétés psychoactives augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tla s<strong>en</strong>sibilité, par exemple au toucher. De nombreusesfemmes appréci<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t les produits dérivés de cannabispour leur effet amplificateur de la libido.Au travers des civilisations et des âges, le cannabis a étéconsommé pour ses vertus aphrodisiaques. Il est donc tout à faitp<strong>en</strong>sable que le mythe, ainsi que la diabolisation, du cannabis64


ont largem<strong>en</strong>t, ou du moins <strong>en</strong> partie, contribué à son usagedans le domaine de la sexualité (Abel, 1981). Traditionnellem<strong>en</strong>t,le cannabis est retrouvé dans le tantrisme (<strong>for</strong>me del’hindouisme) et <strong>en</strong> médecine ayurvédique. Les préparations àbase de cannabis sont réputées pour stimuler le plaisir sexuel.Dans les traditions arabes, le cannabis est synonymed’aphrodisiaque et la littérature, ainsi que la poésie, <strong>en</strong>témoign<strong>en</strong>t largem<strong>en</strong>t.Au cours des tr<strong>en</strong>te dernières années, de nombreuses <strong>en</strong>quêtesont été m<strong>en</strong>ées dans les pays occid<strong>en</strong>taux. Ainsi, <strong>en</strong> 1974, selonles témoignages de 345 étudiants américains, le cannabis aaugm<strong>en</strong>té davantage le désir sexuel chez les femmes que chezles hommes (58 % contre 39 %) (Koff, 1974). En revanche, leshommes ont été plus nombreux à noter un plaisir sexuel plusint<strong>en</strong>se (60 % contre 43 %). En outre, il a été découvert quel’effet était variable avec le dosage. En effet, une plus grandelibido et une augm<strong>en</strong>tation du plaisir ont été rapportées lors deconsommations de cannabis modérées plutôt que <strong>for</strong>tes.Dans un article paru <strong>en</strong> 1982 dans une revue sci<strong>en</strong>tifique,l’auteur, <strong>en</strong> parlant des drogues psychoactives, a souligné que lecannabis exerçait de toute évid<strong>en</strong>ce un effet stimulant sur lasexualité des personnes. « En définitive, il est paradoxal que cesoi<strong>en</strong>t plutôt les jeunes adultes qui consomm<strong>en</strong>t du cannabispour augm<strong>en</strong>ter leurs désirs sexuels. Par contre, les personnesqui se trouv<strong>en</strong>t dans la tranche d’âge nettem<strong>en</strong>t au-dessus, etqui aurai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t plus besoin d’aide pour mieux vivre leursexualité, <strong>en</strong> consomm<strong>en</strong>t moins. Il n’est donc pas logique, qu’ily ait une telle différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre besoin et utilisation », a-t-ilajouté <strong>en</strong> soulignant que paradoxalem<strong>en</strong>t, les personnes d’uncertain âge qui aurai<strong>en</strong>t donc plus besoin de stimuli, consommai<strong>en</strong>tmoins de cannabis que les jeunes (Coh<strong>en</strong>, 1982).Troubles du sommeil et insomniesIl existe de nombreuses preuves montrant l’amélioration del’<strong>en</strong>dormissem<strong>en</strong>t et de la qualité du sommeil par lescannabinoïdes. Lors d’une étude conduite dans un c<strong>en</strong>tre desoins sur plusieurs semaines, les personnes consommatricesrégulières de cannabis ont été moins actives et ont dormi65


davantage lorsqu’elles consommai<strong>en</strong>t beaucoup de cannabis,par rapport aux jours où elles <strong>en</strong> consommai<strong>en</strong>t moins(Babor, 1976). Les propriétés somnifères du cannabis sontconnues depuis plusieurs siècles et sont utilisées pour traiter lestroubles du sommeil. Cep<strong>en</strong>dant, il faut souligner que lesrésultats vari<strong>en</strong>t selon les personnes. C’est ainsi que BernhardFronmüller, médecin-chef à l’hôpital de Fürth (Allemagne),avait prés<strong>en</strong>té une étude <strong>en</strong> 1869, conduite auprès de 1000pati<strong>en</strong>ts souffrant de divers troubles du sommeil. Les sujets ontreçu des traitem<strong>en</strong>ts à base de diverses substances narcotiques,dont le cannabis. Les résultats concernant un produit extrait ducannabis ont révélé 53 % d’effets positifs, 21,5 % de bi<strong>en</strong>faitspartiels et 25,5 % sans aucun effet. Au cours du XIXe siècle,des produits à base de cannabis étai<strong>en</strong>t déjà prescrits sanshésitation contre l’insomnie du troisième âge.Les propriétés sédatives des cannabinoïdes sont souv<strong>en</strong>tqualifiées d’effets secondaires indésirables. Par exemple, dansune étude cali<strong>for</strong>ni<strong>en</strong>ne, conduite auprès de pati<strong>en</strong>ts souffrantde nausées et de vomissem<strong>en</strong>ts liés à une chimiothérapie contrele cancer, 52 % des sujets qui ont reçu du cannabis et 64 % deceux ayant pris du Dronabinol (THC), ont signalé l’apparitiond’états de fatigue comme un effet secondaire du traitem<strong>en</strong>t(Musty, 2001). Les auteurs d’une synthèse d’études sur lebénéfice antiémétique des cannabinoïdes ont désigné certainsdes effets secondaires comme étant des « effets secondaires<strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t utiles », notamm<strong>en</strong>t les effets sédatifs, <strong>en</strong>gourdissantet euphoriques. Très souv<strong>en</strong>t des agitations intérieures et desinsomnies sont induites par une maladie grave (Tramer, 2001).Selon ces résultats, on peut conclure que les effets sédatifs semanifest<strong>en</strong>t chez près d’un consommateur de cannabis sur deux.Cep<strong>en</strong>dant, <strong>en</strong> choisissant un moy<strong>en</strong> thérapeutique pour luttercontre les troubles du sommeil, il est préférable de n’avoirrecours tout de suite ni aux somnifères, ni au cannabis, maisplutôt d’essayer de résoudre le problème différemm<strong>en</strong>t, parexemple au moy<strong>en</strong> d’une meilleure hygiène de vie, de méthodesde relaxation ou d’autres pratiques. Dans le cas contraire,l’habitude d’utiliser ces substances s’install<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t,tandis que les problèmes à la base ne sont toujours pas résolus.66


Accoutumance à l’alcool, aux opiacés et aux somnifèresDepuis plus d’un siècle, il est fréquemm<strong>en</strong>t question del’utilisation des produits dérivés du cannabis pour le sevragedes personnes dép<strong>en</strong>dantes à l’alcool, aux opiacés ou auxsomnifères. Récemm<strong>en</strong>t, ces effets positifs sur les symptômesde sevrage aux opiacés ont pu être confirmés sur des animaux.Cep<strong>en</strong>dant, il faut considérer que la toxicomanie est unemaladie qui, <strong>en</strong> premier lieu, nécessite une véritable prise <strong>en</strong>charge socio-psychologique. Le cannabis ne peut qu’apporterun souti<strong>en</strong> complém<strong>en</strong>taire.En 1970, une revue spécialisée a publié un rapport dupsychiatre cali<strong>for</strong>ni<strong>en</strong>, le Dr Tod Mikuriya, sur la cure d’unealcoolique âgée de 49 ans (Mikuriya, 1970). Son médecin avaitremarqué qu’elle buvait moins d’alcool lorsqu’elle fumait ducannabis. Il s’est alors décidé à <strong>en</strong>courager sa pati<strong>en</strong>te à utiliserdu cannabis chaque fois qu’elle ress<strong>en</strong>tait le besoin de boire.Ensemble, ils ont essayé de trouver un dosage approprié pourque, d’un côté elle arrête la consommation d’alcool, et que del’autre côté, elle repr<strong>en</strong>ne peu à peu une vie sociale active. « Aubout de cinq mois de traitem<strong>en</strong>t avec du cannabis commeproduit de substitution, la capacité de discernem<strong>en</strong>t de lapati<strong>en</strong>te s’est améliorée et elle a pu de nouveau sortir et ser<strong>en</strong>dre aux <strong>en</strong>droits publics où, avant, elle buvait excessivem<strong>en</strong>tet où elle était systématiquem<strong>en</strong>t prise dans un cercle infernal.Maint<strong>en</strong>ant, à la place de boire, elle fume du cannabis afin d<strong>en</strong>e pas perdre le contrôle de sa volonté. En même temps, sonétat physique s’est amélioré et elle se trouve moins irritable etp<strong>en</strong>se avoir plus de facilités pour réfléchir et pour seconc<strong>en</strong>trer », explique son médecin <strong>en</strong> parlant de ce résultat<strong>en</strong>courageant.Un homme de 25 ans souffrant de paralysie spasmodique à lasuite d’un accid<strong>en</strong>t surv<strong>en</strong>u il y a plusieurs années, lui lésant lesnerfs moteurs, m’a raconté comm<strong>en</strong>t, avec l’aide de sonmédecin et du cannabis, il a pu surmonter son accoutumance autétrazépam (Musaril®), médicam<strong>en</strong>t prescrit pour lutter contrela spasticité. Aujourd’hui, il n’utilise que du cannabis et ilajoute que cela lui convi<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>t.Voici un autre témoignage, d’un homme âgé de 45 ans : « En67


janvier 1986, j'ai essayé pour la troisième fois d’arrêter deboire de l’alcool. J’avais des hallucinations et je me suis décidéà essayer de nouveau seul. Au mom<strong>en</strong>t où les tremblem<strong>en</strong>ts ontcomm<strong>en</strong>cé, j'ai fumé du haschich, ce qui a eu un effet atténuant.Pareil pour la montée d’angoisse, des peurs et les crampes.C’est grâce au haschich que j'ai réussi à me remettre sur piedrelativem<strong>en</strong>t vite. Après <strong>en</strong>viron une semaine, j’allaissuffisamm<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> pour quitter mon lit. Depuis, je n’ai plusjamais bu une seule goutte d’alcool ».Maladies neuropsychiatriquesLes troubles, appart<strong>en</strong>ant à la famille des maladiesneuropsychiatriques, sont relativem<strong>en</strong>t fréqu<strong>en</strong>ts, notamm<strong>en</strong>t leTrouble Déficit de l’Att<strong>en</strong>tion (TDA) et le Trouble Déficit del’Att<strong>en</strong>tion avec Hyperactivité (TDAH) qui sont observés chezprès d’un <strong>en</strong>fant sur vingt (5 %) ainsi que chez l’adulte. Lesyndrome de Gilles de la Tourette, <strong>en</strong> revanche, est une maladiebeaucoup moins fréqu<strong>en</strong>te. Il se caractérise par des mouvem<strong>en</strong>tsinvolontaires, appelés couramm<strong>en</strong>t des tics. En dernier lieufigure un groupe de troubles supplém<strong>en</strong>taires caractérisés pardes intrusions de p<strong>en</strong>sées, des impulsions réprouvées ou dest<strong>en</strong>dances impératives comme par exemple se laver les mainssouv<strong>en</strong>t (trouble obsessionnel compulsif ou TOC).Trouble Déficit de l’Att<strong>en</strong>tion / Hyperactivité (TDAH)Aux États-Unis, les médias ont largem<strong>en</strong>t relayé un faitdivers de décembre 2001. Le juge d’un tribunal cali<strong>for</strong>ni<strong>en</strong> avait<strong>en</strong> effet rejeté la demande déposée par les services des affairessociales qui demandait de retirer l’autorité par<strong>en</strong>tale à une mère,dont ils avai<strong>en</strong>t appris qu’elle confectionnait des gâteauxcont<strong>en</strong>ant du cannabis pour soulager les troubles importantsdont souffrait son fils de huit ans. Les services sociauxjugeai<strong>en</strong>t que cette mère n’était pas capable de s'occupercorrectem<strong>en</strong>t de son <strong>en</strong>fant. Elle s’était déf<strong>en</strong>due <strong>en</strong> déclarantqu’elle lui administrait du cannabis sur le conseil de sonpédiatre car les médicam<strong>en</strong>ts classiques n’étai<strong>en</strong>t passuffisamm<strong>en</strong>t efficaces. Après avoir essayé le cannabis, elleavait constaté d’importants changem<strong>en</strong>ts dans le comportem<strong>en</strong>t68


de son fils : ses troubles d’humeur avai<strong>en</strong>t diminué, sa capacitéde conc<strong>en</strong>tration s’était améliorée et il s’était lié d’amitié avecd’autres <strong>en</strong>fants.Des sci<strong>en</strong>tifiques du Départem<strong>en</strong>t de <strong>Médecine</strong> Routière etLégale de l’Université de Heidelberg, Allemagne, ont étudié leseffets du cannabis sur les fonctions de conduite routière d’unhomme âgé de 28 ans atteint de TDAH (Strohbeck-Kuehner,2007). Il avait été verbalisé à plusieurs reprises et son permis deconduire lui avait été retiré pour conduite sous l’effet ducannabis. Il prés<strong>en</strong>tait un comportem<strong>en</strong>t impulsif et manquaitd’att<strong>en</strong>tion lors du premier exam<strong>en</strong> avec un psychiatre. Il futautorisé à suivre un test de conduite routière sous l’influ<strong>en</strong>ce duDronabinol (THC) que son médecin lui avait prescrit poursoulager ses symptômes. L’examinateur s’att<strong>en</strong>dait à ce qu’il nesoit pas capable de conduire sous l’influ<strong>en</strong>ce du médicam<strong>en</strong>t àbase de cannabis. A la seconde consultation, son comportem<strong>en</strong>tétait beaucoup moins impulsif. Les résultats aux tests deréactions, att<strong>en</strong>tion sout<strong>en</strong>ue, ori<strong>en</strong>tation visuelle, perception dela vitesse et att<strong>en</strong>tion divisée se sont avérés dans la moy<strong>en</strong>nevoire au-dessus. Une prise de sang, réalisée après le test, arévélé un taux de THC très élevé dans le sérum sanguin (71ng/ml). Le pati<strong>en</strong>t avoua par la suite qu’il avait fumé ducannabis à la place de pr<strong>en</strong>dre son traitem<strong>en</strong>t de Dronabinol,celui-ci étant trop coûteux et non remboursé. Les sci<strong>en</strong>tifiquesont noté que « statistiquem<strong>en</strong>t, les personnes atteintes de TDAHviol<strong>en</strong>t plus souv<strong>en</strong>t le code de la route, commett<strong>en</strong>t plussouv<strong>en</strong>t des actes criminels, et sont plus souv<strong>en</strong>t impliqués dansdes accid<strong>en</strong>ts de la route mortels » et conclur<strong>en</strong>t que « chez lespersonnes atteintes de TDAH, il est nécessaire de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>compte les effets atypiques du cannabis, notamm<strong>en</strong>t surl’amélioration de la conduite routière ».Les premiers symptômes du TDAH peuv<strong>en</strong>t apparaître dès lascolarisation, voire avant, et être accompagnés ou nond’hyperactivité. Les personnes souffrant de TDAH r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t,<strong>en</strong>tre autres, des difficultés à rester assises tranquillem<strong>en</strong>t, à agirméthodiquem<strong>en</strong>t, à terminer un travail comm<strong>en</strong>cé ou à êtrepleinem<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>tes de ce qui se passe autour d’elles. Vu del’extérieur, elles apparaiss<strong>en</strong>t comme des coups de v<strong>en</strong>t,69


totalem<strong>en</strong>t désordonnées. Les symptômes d’hyperactivité disparaiss<strong>en</strong>tsouv<strong>en</strong>t à l’adolesc<strong>en</strong>ce mais certains adultes continu<strong>en</strong>t,souv<strong>en</strong>t sans le savoir, de souffrir de divers troubles dansleur vie quotidi<strong>en</strong>ne.En 2008, j'ai reçu le message d'un pati<strong>en</strong>t français atteint deTDAH. Après une psychanalyse de 4 années, le pati<strong>en</strong>t avaitfinalem<strong>en</strong>t été diagnostiqué TDAH par plusieurs psychiatres.Voici son témoignage : « Il y a quelques mois, j'ai consulté unseptième psychiatre, dit comportem<strong>en</strong>taliste, et celui-ci m'adiagnostiqué un trouble de l'hyperactivité TDAH. Plus tard, cetrouble m’a été confirmé par un autre pédopsychiatrespécialisé. J'avais déjà ce trouble étant <strong>en</strong>fant mais celui-ciétait totalem<strong>en</strong>t refoulé, créant chez moi, <strong>en</strong> grandissant, demultiples symptômes, incluant des t<strong>en</strong>dances alcooliques,suicidaires et dépressives, ainsi qu'une très <strong>for</strong>te anxiété et unprofond mal-être. J'ai aussi développé divers problèmes degestion émotionnelle qui, sous l'effet des alcools <strong>for</strong>ts et duValium®, m'ont conduit une semaine <strong>en</strong> hôpital psychiatrique.Le diagnostique de mon trouble m'a permis de compr<strong>en</strong>drepourquoi je consommais du cannabis depuis près de 14 ans. Lecannabis a <strong>en</strong> réalité de multiples effets bénéfiques sur moi. Ilm’aide principalem<strong>en</strong>t à lutter contre les t<strong>en</strong>dances dysphoriqueset une hyper-anxiété (onychophagie) que je ress<strong>en</strong>s chaquejour dès le matin. Ensuite, il permet, lorsque je s<strong>en</strong>s montermon taux d'adrénaline et mon agressivité, de me calmer trèsrapidem<strong>en</strong>t. Enfin, comme je fonctionne trop vite, et que j'aisouv<strong>en</strong>t trop d'idées <strong>en</strong> tête, il calme mon trop plein d'activitécérébrale et je peux alors mieux me focaliser et travailler plusefficacem<strong>en</strong>t. Pour autant, bi<strong>en</strong> que consommant depuislongtemps <strong>en</strong>tre 1 et 2 g de cannabis par jour, j'estime ne passouffrir d'effets secondaires qui justifierai<strong>en</strong>t de changer pourun autre traitem<strong>en</strong>t comme des psychostimulants ».Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC), p<strong>en</strong>sées,impulsions et t<strong>en</strong>dances impérativesParmi les symptômes du Trouble Obsessionnel Compulsif(TOC), à la fois des plus troublants et des plus inquiétants,figur<strong>en</strong>t les intrusions persistantes de p<strong>en</strong>sées ou d’impulsions70


que le sujet réprouve, égalem<strong>en</strong>t connues sous le nomd’obsessions. De même, les t<strong>en</strong>dances impératives, oucompulsions, qui consist<strong>en</strong>t à accomplir et à r<strong>en</strong>ouveler sanscesse certains rituels, peuv<strong>en</strong>t provoquer d’importantessituations de stress. De plus, elles monopolis<strong>en</strong>t de nombreusesheures au cours d’une journée. Les p<strong>en</strong>sées ou impulsionsréprouvées concern<strong>en</strong>t par exemple la peur d’attraper unemaladie contagieuse ou d’être sujet à d’autres m<strong>en</strong>acesinv<strong>en</strong>tées, la sexualité, les mœurs ou le besoin de disposer oud’ori<strong>en</strong>ter des objets d’une certaine manière. Parmi lest<strong>en</strong>dances impératives figur<strong>en</strong>t les rituels du lavage et del’hygiène, le comptage d’objets, la vérification répétée de faits,comme par exemple une porte fermée à clé.Des chercheurs de Berlin, Allemagne, ont rapporté dans larevue sci<strong>en</strong>tifique American Journal of Psychiatry deux cas deTOC traités efficacem<strong>en</strong>t avec du Dronabinol. Les deuxpati<strong>en</strong>ts, une femme et un homme âgés respectivem<strong>en</strong>t de 38 et36 ans, étai<strong>en</strong>t réfractaires à tous les traitem<strong>en</strong>ts neuroleptiqueset antidépresseurs conv<strong>en</strong>tionnels (Schindler, 2008). Un pati<strong>en</strong>tin<strong>for</strong>ma sont médecin que ses symptômes étai<strong>en</strong>t réduits parl’usage de cannabis fumé. Il lui fut alors prescrit 10 mg deDronabinol trois fois par jour <strong>en</strong> plus de son traitem<strong>en</strong>t auclomipramine. Les symptômes fur<strong>en</strong>t réduits au bout de dixjours. Le second pati<strong>en</strong>t reçut aussi du Dronabinol jusqu’à10 mg deux fois par jour égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> plus du traitem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>cours. Une réduction significative des symptômes fut notée aubout de deux semaines. Les troubles obsessifs compulsifs sontdes troubles psychiatriques de l’anxiété qui se caractéris<strong>en</strong>t laplupart du temps par des p<strong>en</strong>sées obsessives, <strong>en</strong>vahissantes etdouloureuses accompagnées de rituels (manies) qui vis<strong>en</strong>tinconsciemm<strong>en</strong>t à neutraliser les obsessions. Beaucoup depati<strong>en</strong>ts réagiss<strong>en</strong>t mal aux traitem<strong>en</strong>ts conv<strong>en</strong>tionnels quicaus<strong>en</strong>t parfois des effets secondaires importants. Compte t<strong>en</strong>ude l’efficacité du THC dans le traitem<strong>en</strong>t du syndrome de Gillesde la Tourette d’une part, et de la relation génétique <strong>en</strong>tre lesTOC et le syndrome de Gilles de la Tourette d’autre part, leschercheurs ont conclu que le THC pourrait égalem<strong>en</strong>t améliorerefficacem<strong>en</strong>t les symptômes liés aux troubles obsessifs71


compulsifs.Syndrome de Gilles de la TouretteSous la direction du Dr Kirst<strong>en</strong> Müller-Vahl de la faculté de<strong>Médecine</strong> de Hanovre (Allemagne), plusieurs études ont étém<strong>en</strong>ées au cours de ces dernières années traitant de l’efficacitédu Dronabinol chez des pati<strong>en</strong>ts atteints du syndrome de Gillesde la Tourette. En effet, certains de ces pati<strong>en</strong>ts, qui se r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>trégulièrem<strong>en</strong>t au service des consultations spécialisées externes,avai<strong>en</strong>t déclaré avoir observé des améliorations de leur état desanté grâce à la consommation de cannabis. Entre 1994 et 1996,des <strong>en</strong>quêtes m<strong>en</strong>ées systématiquem<strong>en</strong>t auprès de 47 pati<strong>en</strong>tsont révélé que 13 pati<strong>en</strong>ts consommateurs de cannabis ontobservé une action bénéfique sur les symptômes de leur maladie(Müller-Vahl, 1998). D’autres auteurs ont égalem<strong>en</strong>t publiéquelques articles dans la presse spécialisée sur des cas isolés etqui relat<strong>en</strong>t des expéri<strong>en</strong>ces similaires (Hemming, 1993 ;Sandyk, 1988).Le syndrome de Gilles de la Tourette est une maladie neuropsychiatriquecomplexe qui apparaît généralem<strong>en</strong>t au cours del’<strong>en</strong>fance ou de l'adolesc<strong>en</strong>ce. Il est caractérisé par des tics, dessortes de contractions musculaires involontaires, surtout auniveau du visage, du cou et des épaules (crispation de labouche, mouvem<strong>en</strong>ts saccadés de la tête). Dans la plupart descas, <strong>en</strong> plus d’év<strong>en</strong>tuels troubles du comportem<strong>en</strong>t, commel’automutilation et l’hypersexualité, le syndrome est souv<strong>en</strong>taccompagné de tics vocaux consistant involontairem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dessons voire des insultes. Des déficits de l’att<strong>en</strong>tion et del’hyperactivité, similaires au TDAH, des p<strong>en</strong>sées obsessionnelleset des compulsions sont souv<strong>en</strong>t observés <strong>en</strong>parallèle.Lors de la première étude dirigée par le Dr Kirst<strong>en</strong> Müller-Vahl,à la faculté de <strong>Médecine</strong> de Hanovre, les pati<strong>en</strong>ts participantsont reçu une dose unique de l’ordre de 5 à 10 mg de Dronabinol(THC) sous <strong>for</strong>me de gélules (Müller-Vahl, 2002). Les observationsont révélé la réduction des tics et des symptômes72


Int<strong>en</strong>sité des tics avant et aprèstraitem<strong>en</strong>t10PlaceboTHC0-10-20Nombre de visites2 3 4 5 6Évolution de l’int<strong>en</strong>sité des tics chez sept pati<strong>en</strong>ts souffrant du syndrome deGilles de la Tourette au début p<strong>en</strong>dant et à la fin de l’étude. Les pati<strong>en</strong>ts ontreçu p<strong>en</strong>dant six semaines soit un traitem<strong>en</strong>t de 7,5 à 10 mg de Dronabinol(THC), soit un placebo. (Reproduction avec l’aimable autorisation de Müller-Vahl et al., Journal of Clinical Psychiatry, 2003 ; 64(4) :459-465).obsessionnels et compulsifs. Certains sujets ont signalé deseffets secondaires de courte durée comme des maux de tête, desnausées, des vertiges, des peurs, de l’euphorie, destremblem<strong>en</strong>ts, des s<strong>en</strong>sations de bouche sèche et des boufféesde chaleur. Le traitem<strong>en</strong>t à base de Dronabinol à la posologiecitée n’a pas eu d’effet significatif sur l’humeur, ni sur lesfacultés de conc<strong>en</strong>tration des pati<strong>en</strong>ts.Dans une deuxième étude m<strong>en</strong>ée auprès de 17 pati<strong>en</strong>ts,l’efficacité et la tolérance du Dronabinol ont été testées p<strong>en</strong>dantsix semaines (Müller-Vahl, 2003). Le Dronabinol a étéadministré soit au petit déjeuner, soit au repas de midi. Laposologie initiale a été fixée à 2,5 mg de Dronabinol pour êtreaugm<strong>en</strong>tée de 2,5 mg tous les trois jours jusqu’à une dosemaximale de 10 mg par jour. Comme lors de la première étude,les symptômes de la maladie ont pu être significativem<strong>en</strong>tréduits et, dans l’<strong>en</strong>semble, sans provoquer d’effet secondair<strong>en</strong>otable, même au dosage maximal. Un seul pati<strong>en</strong>t, à uneposologie de 5 mg de Dronabinol, a développé des peursp<strong>en</strong>dant vingt-quatre heures.73


Maladies neurologiquesGrâce à leurs propriétés relaxantes et antispasmodiquesmusculaires, les produits naturels à base de cannabis sont utilisésavec succès dans les traitem<strong>en</strong>ts des maladies accompagnéesd’hypertonie musculaire et de crampes, notamm<strong>en</strong>t dans le casde paraplégie ou de sclérose <strong>en</strong> plaques (SEP). Dans ces casprécis, les effets analgésiques du cannabis offr<strong>en</strong>t un intérêtthérapeutique supplém<strong>en</strong>taire. Comme pour le syndrome deGilles de la Tourette, qui a été traité au chapitre précéd<strong>en</strong>t,quelques personnes prés<strong>en</strong>tant des troubles de la motricité,atteintes par exemple de la maladie de Parkinson, de la dystoniemusculaire, de la dyskinésie ou de tremblem<strong>en</strong>ts ont égalem<strong>en</strong>tpu tirer profit des effets des produits dérivés de cannabis.D’autres maladies neurologiques peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t êtreatténuées par l’utilisation de ces produits, par exemplel’épilepsie, la borréliose, la maladie de Friedreich, la syringomyélie,la paralysie spastique d’origine spinale, la scléroselatérale amyotrophique, l’apoplexie et la spasticité à la suited’un traumatisme cérébral.Spasticité, sclérose <strong>en</strong> plaques et paraplégieLa paralysie spastique, c’est-à-dire la spasticité d’origineorganique, est caractérisée par une plus grande résistance dumuscle à un mouvem<strong>en</strong>t passif. Au départ, elle peut êtreprovoquée par un infarctus cérébral (attaque cérébrale), maiselle peut égalem<strong>en</strong>t apparaître à la suite de lésions (paraplégie),l’anoxie du nouveau-né à la naissance (infirmité motricecérébrale infantile - IMC) ou lors de maladies dégénératives dusystème nerveux (sclérose <strong>en</strong> plaques SEP). On distingue laspasticité d’origine cérébrale, provoquée par une lésioncérébrale (attaque cérébrale, IMC infantile) de la spasticitéd’origine spinale, provoquée par une lésion de la moelleépinière (paraplégie ou SEP).Les symptômes de spasticité se traduis<strong>en</strong>t par un affaiblissem<strong>en</strong>tmusculaire, des maladresses et des troubles de l'activitémotrice fine ainsi que par une augm<strong>en</strong>tation du tonus, desdouleurs et des contractions involontaires (spasmes) desmuscles.74


L’infirmité motrice cérébrale infantile est principalem<strong>en</strong>t traitéeau moy<strong>en</strong> d’une rééducation thérapeutique. En revanche, pourd’autres types de spasticité, on utilise des médicam<strong>en</strong>ts visant àdécontracter les muscles, notamm<strong>en</strong>t les b<strong>en</strong>zodiazépines(tétrazépam et baclofène). Dans de nombreux cas, ces médicam<strong>en</strong>tsne soulag<strong>en</strong>t pas suffisamm<strong>en</strong>t ou alors au prix d’effetssecondaires parfois insupportables pour les pati<strong>en</strong>ts. En ce quiconcerne l’insuffisance motrice cérébrale, les médicam<strong>en</strong>tsactuellem<strong>en</strong>t disponibles sur le marché n’ont quasim<strong>en</strong>t pasd’effet bénéfique sur la maladie.Voici le témoignage d’un homme souffrant de sclérose <strong>en</strong>plaques : « Je suis atteint d’une maladie du système nerveuxc<strong>en</strong>tral, à ce jour toujours incurable, qui évolue depuis près dedix ans et dont les symptômes sont, <strong>en</strong>tre autres, descontractions irrégulières et douloureuses des muscles(spasmes). Il s’agit de la sclérose <strong>en</strong> plaques,… Lors d’unmom<strong>en</strong>t de désespoir, j’ai décidé de fumer une pipe d’herbe decannabis. J’ai été surpris de découvrir que lorsque je t<strong>en</strong>daismes bras, mes mains ne tremblai<strong>en</strong>t plus et que les spasmesdouloureux s’étai<strong>en</strong>t considérablem<strong>en</strong>t calmés. Suite à cettedécouverte, et p<strong>en</strong>dant un certain temps, j’ai testé de façonméthodique si le cannabis fumé pouvait effectivem<strong>en</strong>t êtrebénéfique contre ma maladie. J’<strong>en</strong> ai conclu que le THC peutêtre très utile pour soulager les symptômes de la sclérose <strong>en</strong>plaques ».Selon une <strong>en</strong>quête m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong> 1997 auprès de 112 pati<strong>en</strong>tsaméricains et britanniques, atteints de SEP et qui ont consommédu cannabis de façon illégale pour se s<strong>en</strong>tir mieux, les résultatsont confirmé une amélioration d’un grand nombre desymptômes, dont la spasticité, les tremblem<strong>en</strong>ts, les douleurs,les troubles de la s<strong>en</strong>sibilité et l’angoisse (Consroe, 1997). Or,de nombreux pati<strong>en</strong>ts atteints de SEP ou paraplégiquessouffr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t de problèmes de contrôle de la vessie et durectum qui aggrav<strong>en</strong>t leur état et qui rest<strong>en</strong>t difficiles à traiteravec les médicam<strong>en</strong>ts actuels. Grâce au témoignage d<strong>en</strong>ombreux pati<strong>en</strong>ts, cette <strong>en</strong>quête a égalem<strong>en</strong>t relaté uneréduction de la gêne urinaire, de la rét<strong>en</strong>tion d’urine, del’incontin<strong>en</strong>ce urinaire et fécale.75


Deux études cliniques, prés<strong>en</strong>tées <strong>en</strong> octobre 2001 à Berlin lorsdu congrès de l’<strong>Association</strong> <strong>International</strong> pour le <strong>Cannabis</strong>Médical, ont confirmé l’effet positif du cannabis sur les troublesdu fonctionnem<strong>en</strong>t de la vessie. Une étude dirigée par le DrUlrike Hag<strong>en</strong>bach du c<strong>en</strong>tre de réadaptation (REHAB) de Bâle(Suisse) a été conduite auprès de 15 pati<strong>en</strong>ts souffrant deparaplégie spastique et qui ont reçu soit un traitem<strong>en</strong>t à base deDronabinol, soit un placebo (Hag<strong>en</strong>bach, 2001). Uneamélioration de certains paramètres de l’activité vésicale a été<strong>en</strong>registrée, notamm<strong>en</strong>t celui du volume maximal deremplissage, qui, grâce au Dronabinol, a pu être augm<strong>en</strong>té. Sousla direction du Dr Ciaran Brady et du professeur Claire Fowlerde l’Hôpital national de Neurologie et de Neurochirurgie deLondres, une autre étude a été m<strong>en</strong>ée avec des pati<strong>en</strong>ts atteintsde SEP <strong>en</strong> stade avancé, accompagnée de problèmes del’activité vésicale. L’administration du Dronabinol s’est faitepar voie sublinguale avec un spray à base de cannabis(Brady, 2001). Dans cette étude, la capacité maximale deremplissage de la vessie a été augm<strong>en</strong>tée et la fréqu<strong>en</strong>ce àlaquelle la vessie demandait à être vidée a été diminuée, de jourcomme de nuit. Le problème de la fréqu<strong>en</strong>ce avec laquelle lebesoin d'uriner apparaît, et qui se pose souv<strong>en</strong>t aux pati<strong>en</strong>tsSEP, est lié à l’hypertonie musculaire qui touche la vessie.Le système cannabinoïde <strong>en</strong>dogène (<strong>en</strong>docannabinoïde) semblejouer un rôle important dans les troubles de spasticité. C’est ceque des chercheurs britanniques ont découvert chez le modèleanimal (souris) de la SEP accompagnée de spasticité. Chez cessouris, la conc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> <strong>en</strong>docannabinoïdes, ou cannabinoïdes<strong>en</strong>dogènes est considérablem<strong>en</strong>t plus élevée que lanormale (Baker, 2000). Il semblerait que l’organisme essaie derépondre à la spasticité <strong>en</strong> produisant et <strong>en</strong> libérant une plusgrande quantité de cannabinoïdes <strong>en</strong>dogènes. L’apport exogènede THC a permis de réduire la spasticité.Aux États-Unis, une <strong>en</strong>quête m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong> 1982 auprès de pati<strong>en</strong>tsatteints de lésions de la colonne vertébrale, a révélé que 22 des43 pati<strong>en</strong>ts interrogés consommai<strong>en</strong>t du cannabis pour réduireleurs crampes musculaires (Malec, 1982). Depuis, le bénéficethérapeutique des préparations à base de cannabis s’est fait une76


éputation parmi les pati<strong>en</strong>ts souffrant de spasticité d’origineorganique. Ainsi, dans de nombreux c<strong>en</strong>tres de réadaptationpour paraplégiques, situés dans les pays germanophones, fumerdu cannabis est dev<strong>en</strong>u une pratique souv<strong>en</strong>t tolérée par lesmédecins.L’efficacité du THC pour traiter les différ<strong>en</strong>ts types despasticité d’origine organique a été démontrée grâce à desétudes conduites individuellem<strong>en</strong>t ou <strong>en</strong> petits groupes. Parmi9 pati<strong>en</strong>ts SEP, 7 pati<strong>en</strong>ts ont déclaré avoir remarqué unepremière amélioration significative avec une posologie de5 à 10 mg de Dronabinol par voie orale (Petro, 1981). 3 pati<strong>en</strong>tsatteints d’une <strong>for</strong>me tonique de spasticité ont égalem<strong>en</strong>t puconstater les mêmes effets. En revanche, chez les pati<strong>en</strong>tsprés<strong>en</strong>tant une lésion du cervelet aucune amélioration de leurétat n’a pu être observée (Petro, 1981). Dans une autre étude, letraitem<strong>en</strong>t à base de Dronabinol a apporté une améliorationvisible de la coordination musculaire chez 2 personnes sur les8 pati<strong>en</strong>ts (Clif<strong>for</strong>d, 1983). Dans une étude suisse, conduiteauprès de 2 pati<strong>en</strong>ts (un pati<strong>en</strong>t SEP et un pati<strong>en</strong>t paraplégique),une amélioration significative de la spasticité a pu être observéedans les deux cas ainsi qu’une atténuation des douleurs dansl’un des cas (Br<strong>en</strong>neis<strong>en</strong>, 1996). Les 2 pati<strong>en</strong>ts ont reçu desgélules dosées à 10 ou 15 mg de Dronabinol et des suppositoiresde 2,5 ou 5 mg.Une étude de six semaines a été m<strong>en</strong>ée auprès de 15 personnesparaplégiques au c<strong>en</strong>tre de réadaptation pour paraplégiques etvictimes de traumatismes cérébraux (REHAB) de Bâle (Suisse).Les pati<strong>en</strong>ts ont reçu des gélules à base de THC selon uneposologie adaptée individuellem<strong>en</strong>t. Suite à la première phasedes essais, ayant pour objet de définir les doses appropriées àchaque cas, une posologie moy<strong>en</strong>ne de 30 mg de THC par joura été réalisée, permettant une réduction significative dessymptômes de spasticité (Hag<strong>en</strong>bach, 2003). Une deuxièmephase ouverte de six semaines a consisté à administrer dessuppositoires cont<strong>en</strong>ant du THC à 7 pati<strong>en</strong>ts. La spasticité aaussi pu être réduite. Finalem<strong>en</strong>t, une troisième phase avec ungroupe témoin a été réalisée avec 13 pati<strong>en</strong>ts ayant reçu soit duTHC, soit un placebo. Sous l’influ<strong>en</strong>ce du THC, les symptômes77


de spasticité ont diminué de façon extraordinaire(Hag<strong>en</strong>bach, 2003).La plupart du temps, la constatation objective d’une améliorationdes symptômes de spasticité et de la coordinationmusculaire a lieu avec un dosage <strong>en</strong> dessous du seuil de l’effetpsychotrope. En Suisse, dans une étude individuelle, le juristeRudi P. a été traité efficacem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant plusieurs années avecun traitem<strong>en</strong>t à base de THC à faible dosage sans que lamoindre diminution de l’efficacité du médicam<strong>en</strong>t n’ait pu êtreobservée (Maurer, 1990). De plus, le cannabis, contrairem<strong>en</strong>t àtous les autres médicam<strong>en</strong>ts antispasmodiques, offre un effetanti-ataxique, ce qui signifie qu’il peut améliorer les troubles dela coordination motrice des mouvem<strong>en</strong>ts. Une étude supplém<strong>en</strong>tairea permis de démontrer que les tremblem<strong>en</strong>ts des mainsd’un pati<strong>en</strong>t SEP ont ainsi pu être réduits de manièresignificative (Meinck, 1989).Il faut néanmoins ajouter que le cannabis ne garantit pas uneamélioration dans tous les cas. Par exemple, chez certainspati<strong>en</strong>ts, il peut parfois aggraver provisoirem<strong>en</strong>t les symptômesde spasticité. Cela est égalem<strong>en</strong>t valable pour quelques pati<strong>en</strong>tsSEP, chez qui la balance organique peut être davantagedéséquilibrée (Gre<strong>en</strong>berg, 1994).C’est ainsi qu’un homme de 51 ans, atteint de SEP, a témoignéqu’il était dans l’<strong>en</strong>semble satisfait des effets bénéfiques surl’int<strong>en</strong>sité des spasmes, <strong>en</strong> fumant ou <strong>en</strong> mangeant occasionnellem<strong>en</strong>t0,1 g de cannabis. Selon lui, l’effet relaxant duraitquatre heures, mais parfois la spasticité retrouvait un peu plusde vigueur le l<strong>en</strong>demain matin.Voici un autre témoignage d’un homme âgé de 59 ans qui,depuis 1989, date à laquelle il a subi une interv<strong>en</strong>tionchirurgicale sur une tumeur bénigne du cerveau, est atteintd’une paralysie, de multiples douleurs, de crampes musculaires,de déficits moteurs, de vertiges et de troubles de l’équilibre.« Le cannabis contribue à calmer mes problèmes musculaires,à atténuer mes douleurs, à améliorer mon humeur, à mestimuler, à augm<strong>en</strong>ter mon appétit, à me s<strong>en</strong>tir mieux <strong>en</strong>général et à améliorer la qualité de mon sommeil. Pour leconsommer, je confectionne des biscuits <strong>en</strong> ajoutant du78


cannabis dans la pâte. Je fais très att<strong>en</strong>tion au dosage puisqueje réagis mieux à de petites doses, qui me suffis<strong>en</strong>t. Il arrivequ’au début des s<strong>en</strong>sations de vertiges et de perte del’équilibre, accompagnées de t<strong>en</strong>sions musculaires s’acc<strong>en</strong>tu<strong>en</strong>t,mais elles diminu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite rapidem<strong>en</strong>t ». Au cours desderniers mois, cet homme a pu réduire considérablem<strong>en</strong>t laposologie d'un analgésique puissant et il a arrêté complètem<strong>en</strong>tl’un des deux antidépresseurs qui lui étai<strong>en</strong>t prescrits : « C’estvraim<strong>en</strong>t <strong>for</strong>midable quand on peut remplacer un produitchimique par un produit naturel. Pour moi, le cannabis est unmédicam<strong>en</strong>t sans aucun effet secondaire indésirable », a-t-ilajouté.Troubles de la motricité liés à une hyperkinésieLes défici<strong>en</strong>ces neuro-motrices font partie du groupe destroubles liés soit à une hyperkinésie, soit à une hypokinésie.L’hyperkinésie est caractérisée par un excès de mouvem<strong>en</strong>tsinvolontaires compr<strong>en</strong>ant : des tics, par exemple dans le syndrome de Gilles de laTourette des tremblem<strong>en</strong>ts musculaires (tremblem<strong>en</strong>ts ess<strong>en</strong>tiels) de la dystonie musculaire de la dyskinésie tardive de la myoclonie de la choréeL’hypokinésie se traduit par une réduction de l’activité motrice,par exemple dans la maladie de Parkinson.Tics : les bénéfices des produits à base de cannabis dans letraitem<strong>en</strong>t des tics ont déjà été évoqués dans le paragrapherelatif au syndrome de Gilles de la Tourette. En conclusion, leseffets sont positifs.Tremblem<strong>en</strong>ts : certains pati<strong>en</strong>ts atteints de SEP témoign<strong>en</strong>td’une réduction de leurs tremblem<strong>en</strong>ts musculaires. En 1983,lors d’une étude m<strong>en</strong>ée auprès de 8 pati<strong>en</strong>ts SEP, à qui l’onavait administré un traitem<strong>en</strong>t de 5 à 15 mg de Dronabinol, une79


amélioration considérable des importants tremblem<strong>en</strong>ts a étéobservée chez deux d’<strong>en</strong>tre eux. Chez les 6 autres pati<strong>en</strong>ts,aucune amélioration notable n’a pu être constatée(Clif<strong>for</strong>d, 1983). Lors d’une étude plus réc<strong>en</strong>te, m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong>Grande-Bretagne, auprès de pati<strong>en</strong>ts SEP souffrant detremblem<strong>en</strong>ts, l’administration par voie orale d’un produitextrait du cannabis n’a pas non plus apporté de bénéficethérapeutique significatif. Il semblerait que peu de pati<strong>en</strong>tsprés<strong>en</strong>tant ce symptôme répond<strong>en</strong>t à cette <strong>for</strong>me de traitem<strong>en</strong>t.En revanche, aucune étude clinique n’est disponible à ce jourpour répondre à la question de savoir si les produits dérivés ducannabis prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un bénéfice thérapeutique contre lestremblem<strong>en</strong>ts. Ces troubles sont principalem<strong>en</strong>t observés chezdes personnes âgées dont une main tremble de façonininterrompue r<strong>en</strong>dant quasi impossible le simple fait de t<strong>en</strong>irune tasse. Il y a quelques années, une pati<strong>en</strong>te SEP âgée, quipr<strong>en</strong>ait un traitem<strong>en</strong>t à base de Dronabinol, m’a raconté que sasœur avait essayé une de ses gélules de 2,5 mg de Dronabinol,et qu’<strong>en</strong>suite les tremblem<strong>en</strong>ts continuels avai<strong>en</strong>t diminuésprogressivem<strong>en</strong>t. L’effet qui s’est produit vers midi a duréjusqu’au soir.Dystonies : sous le nom de dystonie, on regroupe les troublesqui se traduis<strong>en</strong>t par des crampes musculaires à intervallesrapprochés. Parmi ce groupe figur<strong>en</strong>t la contraction spastiquedes paupières (blépharospasme), la torsion du cou (torticolis) etle spasme médian de la face, appelé égalem<strong>en</strong>t dystonie faciale(syndrome de Meige). Certains pati<strong>en</strong>ts prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t dessymptômes, comme la contraction des lèvres ou d’autresmouvem<strong>en</strong>ts de la langue, tandis que d’autres développ<strong>en</strong>t descontractions s’ét<strong>en</strong>dant jusqu’aux épaules. Les traitem<strong>en</strong>tsconsist<strong>en</strong>t soit <strong>en</strong> des injections locales de toxine botulinique,qui ont un effet paralysant et décontractant, soit <strong>en</strong> untraitem<strong>en</strong>t à base de médicam<strong>en</strong>ts, par exemple desb<strong>en</strong>zodiazépines. En règle générale, les résultats obt<strong>en</strong>us avecces traitem<strong>en</strong>ts ne sont pas satisfaisants.Dans des tests sur animaux (hamsters et rats), les cannabinoïdesont pu calmer des mouvem<strong>en</strong>ts dystoniques (Richter, 1994).80


Amélioration del’état général, dela spasticité et dubesoin d’urinerau cours de lanuit (énurésie)chez un pati<strong>en</strong>tSEP, suite à desadministrationsalternées deDronabinol(Nabilone) oud’un placebo.(Reproductionavec l’aimableautorisation deMartyn et al.,Lancet 1995 ;345 : 579)Chez l’homme, <strong>en</strong> revanche, il n’y a pas <strong>en</strong>core suffisamm<strong>en</strong>tde résultats disponibles issus d’études cliniques. Toutefois,deux sci<strong>en</strong>tifiques ont rapporté que la prise de 200 mg decannabidiol (CBD) a réduit les symptômes chez un pati<strong>en</strong>tsouffrant du syndrome de Meige (Snider, 1984). En 1986, unautre groupe de travail a révélé les résultats de ses recherchesm<strong>en</strong>ées auprès de 5 pati<strong>en</strong>ts atteints de diverses <strong>for</strong>mes dedystonie. Les sujets avai<strong>en</strong>t reçu un traitem<strong>en</strong>t à base de 100 à600 mg de cannabidiol (CBD) par jour p<strong>en</strong>dant six semaines(Sandyk, 1986). Grâce à ce traitem<strong>en</strong>t, les symptômes ont puêtre diminués <strong>en</strong>tre 20 et 50 %. En revanche, lors d’une étude<strong>en</strong> 2002, aucune amélioration des diverses <strong>for</strong>mes de dystonietestées n’a pu être <strong>en</strong>registrée avec un traitem<strong>en</strong>t à base deNabilone, un dérivé synthétique du THC (Fox, 2002).Au cours de la même année, une revue spécialisée a relaté le casd'une canadi<strong>en</strong>ne, souffrant depuis plus de dix ans dedystonie et de <strong>for</strong>tes douleurs au niveau de l’hypothalamus.Malgré des traitem<strong>en</strong>ts à base d’opiacés et d’autresanalgésiques, elle n’arrivait pas à calmer suffisamm<strong>en</strong>t sesdouleurs (Chatterjee, 2002). En revanche, <strong>en</strong> fumant les81


Int<strong>en</strong>sité destremblem<strong>en</strong>ts chez unpati<strong>en</strong>t atteint de SEPavant et après avoirfumé une cigarette decannabis.(Reproduction avecl’aimable autorisationde Meinck et al .,Journal of Neurology1989 ; 236 : 120-122)Ecriture ettremblem<strong>en</strong>ts d'unpati<strong>en</strong>t SEP avant et90 minutes après uneprise orale de 5 mg deTHC. (Reproductionavec l’aimableautorisation deClif<strong>for</strong>d, Annals ofNeurology 1983 ; 13 :669-671)cigarettes de cannabis, elle a réussi à réduire considérablem<strong>en</strong>tses souffrances.Dyskinésie tardive : elle apparaît souv<strong>en</strong>t comme effetsecondaire d’un traitem<strong>en</strong>t à base de neuroleptiques (prescritsnotamm<strong>en</strong>t dans des cas de schizophrénie). Ces effetssecondaires s’ét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t même une fois le traitem<strong>en</strong>t arrêté, voire,souv<strong>en</strong>t, ils s’int<strong>en</strong>sifi<strong>en</strong>t. Les symptômes habituels dedyskinésie tardive se caractéris<strong>en</strong>t par des mouvem<strong>en</strong>tsinvolontaires au niveau des mâchoires, de la langue et de labouche, rappelant la mastication ou la grimace, mais aussi de82


mouvem<strong>en</strong>ts rythmés des mains et du torse. De plus, la maladiepeut égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trainer une affection respiratoire. De manièregénérale, les résultats des traitem<strong>en</strong>ts avec les médicam<strong>en</strong>tsdisponibles sont insatisfaisants. Quant aux traitem<strong>en</strong>ts à base decannabis, aucune étude clinique n’a été réalisée à ce jour. Jepourrais néanmoins témoigner des expéri<strong>en</strong>ces positives d’unpati<strong>en</strong>t, mais puisqu’il s’agit d’un cas isolé, il n’est pas prud<strong>en</strong>tde vouloir déjà <strong>en</strong> tirer des conclusions générales pour d’autrespati<strong>en</strong>ts.Myoclonie : elle se traduit par des apparitions brèves decontractions musculaires involontaires et irrégulières d’unmuscle, ou d’un groupe de muscles. La myoclonie peut êtredécl<strong>en</strong>chée par une intoxication, une lésion cérébrale infantileou une sclérose <strong>en</strong> plaques. Des pati<strong>en</strong>ts SEP ont relaté que lesproduits à base de cannabis leur sont bénéfiques.Chorées : parmi les diverses chorées, c’est la chorée deHuntington, ou chorée rhumatismale, qui est la plus répandue.Elle est caractérisée par de rapides contractions involontaires etirrégulières de groupes musculaires, répandues dans tout lecorps. De plus, le psychisme du pati<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>d à se modifier. À lafaculté de <strong>Médecine</strong> de Hanovre (Allemagne), une pati<strong>en</strong>teatteinte de la chorée de Huntington a reçu un traitem<strong>en</strong>t à basede Dronabinol (Müller-Vahl, 1999). Au cours des heures quiont suivi la prise du médicam<strong>en</strong>t, les symptômes de la maladiese sont aggravés. Dans une autre étude, le Nabilone s’est avéréavoir des effets positifs (Curtis, 2006). De ce fait, le rôle descannabinoïdes dans la maladie de Huntington demande à êtremieux précisé.Maladie de ParkinsonLa maladie de Parkinson se traduit par un ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t desmouvem<strong>en</strong>ts, une rigidité musculaire et des tremblem<strong>en</strong>ts aurepos. Les traitem<strong>en</strong>ts actuels consist<strong>en</strong>t à prescrire des doses demédicam<strong>en</strong>ts, par exemple du lévodopa, ou, plus rarem<strong>en</strong>t, àréaliser une interv<strong>en</strong>tion chirurgicale au niveau du cerveau.Certains pati<strong>en</strong>ts souffrant de la maladie de Parkinson (ou83


parkinsonisme) ont fait savoir à leur médecin que le cannabisavait un effet bénéfique sur les symptômes de leur maladie.Cep<strong>en</strong>dant, les chercheurs qui ont conduit une étude <strong>en</strong> 1990auprès de 5 pati<strong>en</strong>ts ayant fumé du cannabis, n’ont pu releveraucune amélioration des symptômes (Frankel, 1990).Une <strong>en</strong>quête m<strong>en</strong>ée par des sci<strong>en</strong>tifiques de l’université dePrague, auprès de pati<strong>en</strong>ts atteints de la maladie de Parkinson,met <strong>en</strong> lumière le fait que, dans le cas spécifique de ce trouble,et contrairem<strong>en</strong>t à d'autres maladies neurologiques, les effetsbénéfiques du cannabis ne se manifest<strong>en</strong>t qu’après une certainedurée. En 2002, cette <strong>en</strong>quête a été prés<strong>en</strong>tée aux États-Unislors du Congrès international sur la maladie de Parkinson. Pourla réaliser, les chercheurs ont demandé à l’<strong>en</strong>semble des pati<strong>en</strong>tsatteints de parkinsonisme, suivis dans un service du c<strong>en</strong>tremédical à Prague, de répondre à un questionnaire. Parmi 630<strong>for</strong>mulaires <strong>en</strong>voyés, 339 ont été retournés. Voici les résultatsde cette <strong>en</strong>quête : 25 % des pati<strong>en</strong>ts ont déclaré consommer ducannabis, principalem<strong>en</strong>t par voie orale (feuilles fraîches ouséchées). Parmi eux, 46 % (39 personnes) ont observé uneatténuation des symptômes de la maladie de Parkinson. 31 %ont signalé une diminution des tremblem<strong>en</strong>ts au repos et 45 %ont ress<strong>en</strong>ti une amélioration au niveau de la rigidité motrice.Quant au durcissem<strong>en</strong>t musculaire, un effet bénéfique a étéobservé par 38 % des pati<strong>en</strong>ts et 14 % ont déclaré avoir ress<strong>en</strong>tiune amélioration de la dyskinésie provoquée par le traitem<strong>en</strong>t àbase de lévodopa. Les améliorations ont pu être observées <strong>en</strong>moy<strong>en</strong>ne 1,7 mois après la première utilisation du cannabis.Parfois, le traitem<strong>en</strong>t à la lévodopa provoque une dyskinésiechez les pati<strong>en</strong>ts atteints de parkinsonisme. Le cas d’un pati<strong>en</strong>tisolé a été rapporté <strong>en</strong> 1985. Grâce à un traitem<strong>en</strong>t à base decannabidiol (CBD) il a pu atténuer sa dyskinésie (Snider, 1985).Lors d’une étude conduite <strong>en</strong> 1998 auprès de 7 pati<strong>en</strong>tssouffrant de dyskinésie liée à la lévodopa, le traitem<strong>en</strong>t à basede Dronabinol a égalem<strong>en</strong>t réduit significativem<strong>en</strong>t lesdysfonctionnem<strong>en</strong>ts dont souffrai<strong>en</strong>t les pati<strong>en</strong>ts, sans pourautant aggraver l’<strong>en</strong>semble des symptômes de la maladie deParkinson (Sieradzan, 1998).Globalem<strong>en</strong>t, il apparaît que les cannabinoïdes offr<strong>en</strong>t un intérêt84


thérapeutique pour les troubles du mouvem<strong>en</strong>t (dyskinésies),effets secondaires induits par le lévodopa. En revanche, lesrésultats se sont révélés contradictoires pour la maladie deParkinson. Il est possible qu’une telle contradiction soit liée aufait que les traitem<strong>en</strong>ts à base de cannabis, contrairem<strong>en</strong>t àd’autres thérapies, doiv<strong>en</strong>t être utilisés longtemps avant qu’uneffet thérapeutique soit mesurable.ÉpilepsieLes cannabinoïdes <strong>en</strong>dogènes, ou <strong>en</strong>docannabinoïdes,sembl<strong>en</strong>t jouer un rôle dans l’inhibition naturelle des crampesmusculaires. C’est ce qu’ont suggéré les résultats d’une étudesur animaux (Wallace, 2002). Cette étude a révélé que, dans lemodèle animal (souris) de l’épilepsie, les <strong>en</strong>docannabinoïdesétai<strong>en</strong>t des substances <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t efficaces pour inhiber lescontractions musculaires. De plus, <strong>en</strong> cas d’inhibition desrécepteurs cannabinoïdes, la fréqu<strong>en</strong>ce d’apparition des crisesaugm<strong>en</strong>tait de nouveau.L’épilepsie figure parmi les plus anci<strong>en</strong>nes utilisations thérapeutiquesdes produits naturels du cannabis. Aujourd’hui,certains pati<strong>en</strong>ts utilis<strong>en</strong>t du cannabis avec succès pour traiterleurs crises d’épilepsie, bi<strong>en</strong> que les résultats issus de larecherche soi<strong>en</strong>t toujours insuffisants. Quelques études ontrapporté que le cannabidiol (CBD), à une posologie de 200 à1200 mg, avait un effet réducteur de la fréqu<strong>en</strong>ce des crises,bi<strong>en</strong> que les résultats rest<strong>en</strong>t parfois contradictoires (Trembly,1992 ; Cunha, 1980). Dans un résumé sur les effets des drogueset de l’alcool dans le cas de l’épilepsie, il est écrit que« quelques référ<strong>en</strong>ces sont disponibles sur les effets antiépileptiquesdu cannabis et de ses principes actifs, lescannabinoïdes. Mais il est possible qu’ils n’agiss<strong>en</strong>t quespécifiquem<strong>en</strong>t dans le cas de crises partielles ou toniquescloniques». (Gordon, 2001).Le professeur Paul Consroe et son équipe ont rapporté le casd'un jeune homme de 24 ans, atteint d’une épilepsie généralisée,et qui, malgré un traitem<strong>en</strong>t avec des médicam<strong>en</strong>tsconv<strong>en</strong>tionnels (phénobarbital et diphényl-hydantoïne), n’arrivaitpas à contrôler sa maladie (Consroe, 1975). L’inhalation85


complém<strong>en</strong>taire de cannabis a apporté des résultats satisfaisantsquant à la réduction des crises. En 1994, Grinspoon et Bakalaront égalem<strong>en</strong>t relaté le cas de 2 épileptiques, dont un hommeâgé de 53 ans. Ce dernier arrivait à contrôler sa maladiegénéralisée uniquem<strong>en</strong>t grâce à plusieurs médicam<strong>en</strong>ts(phénytoïne, primidone, phénobarbital), au prix d’effetssecondaires sévères le conduisant à de <strong>for</strong>tes dépressions. En1976, cet homme a suivi le conseil d’essayer un traitem<strong>en</strong>t àbase de cannabis, ce qui lui a permis de diviser par deux sesdoses de médicam<strong>en</strong>ts. Il a pu ainsi diminuer considérablem<strong>en</strong>tles effets secondaires indésirables et <strong>en</strong> même temps lafréqu<strong>en</strong>ce des crises.En 1997, au Canada, un juge du Tribunal de Toronto a accordéà un pati<strong>en</strong>t, Ter<strong>en</strong>ce Parker, le droit d’utiliser légalem<strong>en</strong>t ducannabis à des fins thérapeutiques. Ce pati<strong>en</strong>t, alors âgé de 42ans, souffrait d'épilepsie. Il a lutté p<strong>en</strong>dant vingt ans pourl’utilisation du cannabis. En 2002, <strong>en</strong> Italie, un juge de Romeavait reconnu le même droit à un épileptique de 44 ans, luipermettant ainsi de diminuer significativem<strong>en</strong>t les <strong>for</strong>tes dosesde son traitem<strong>en</strong>t initial à base de barbituriques.Douleurs physiquesEn Allemagne, 5 à 7 millions de personnes souffr<strong>en</strong>t dedouleurs chroniques. Parmi elles, <strong>en</strong>tre 500 000 et 650 000prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t des douleurs complexes et difficiles à traiter. Aumoins un pati<strong>en</strong>t sur deux ne dispose pas d’assez de moy<strong>en</strong>s detraitem<strong>en</strong>t antidouleur. Souv<strong>en</strong>t, on remarque que les pati<strong>en</strong>tsdévelopp<strong>en</strong>t une résistance, voire une tolérance, aux antalgiqueshabituels. Par conséqu<strong>en</strong>t, le recours à d’autres médicam<strong>en</strong>tsdevi<strong>en</strong>t impératif.Les produits issus du cannabis sont utilisés dans le traitem<strong>en</strong>t demultiples douleurs. Bi<strong>en</strong> que les opiacés, comme la morphine etle tramadol, soi<strong>en</strong>t des antidouleurs plus puissants, dans certainscas le cannabis et le Dronabinol sont plus efficaces. Toutefois, ilconvi<strong>en</strong>t d’ajouter que leur effet thérapeutique reste relativem<strong>en</strong>timprévisible. Cela signifie que l’on ne sait souv<strong>en</strong>t paspourquoi le Dronabinol prés<strong>en</strong>te un effet thérapeutique chez unpati<strong>en</strong>t et pas chez un autre. Je peux égalem<strong>en</strong>t témoigner86


personnellem<strong>en</strong>t de plusieurs cas de pati<strong>en</strong>ts souffrant de fibromyalgie,dont certains ont pu profiter de l’effet thérapeutique ducannabis, tandis que d’autres non.En 2001, l’<strong>Association</strong> allemande pour le <strong>Cannabis</strong> Médical aréalisé une <strong>en</strong>quête auprès de ses membres. Elle a montré queles produits dérivés de cannabis et le Dronabinol ont été utilisésavec succès dans le traitem<strong>en</strong>t des maladies suivantes(Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong>, 2003) : arthrose/arthrite hernie discale bébé thalidomide fibromyalgie s<strong>en</strong>sibilité aux agresseurs chimiques (MCSmultiple chemical s<strong>en</strong>sitivity) règles douloureuses migraine et autres céphalées affaiblissem<strong>en</strong>t musculaire (maladie deWerdnig-Hoffmann) névralgie neurofibromatose lésion du plexus brachial douleur postsozeri<strong>en</strong>ne douleur thalamique hernie hiatale lumbagoParmi les participants à cette <strong>en</strong>quête, près d’une personne surquatre utilise du cannabis dans le cadre d’un traitem<strong>en</strong>t de ladouleur. Aux États-Unis, des <strong>en</strong>quêtes similaires m<strong>en</strong>ées auprèsde plusieurs milliers d'utilisateurs de cannabis ont démontré quele traitem<strong>en</strong>t des douleurs chroniques comptait parmi lesprincipales causes d’usage médical du cannabis (Gieringer,2001).Dans les années soixante-dix, une étude conduite aux États-Unis a révélé que chez 36 pati<strong>en</strong>ts atteints de cancer,l’administration de 10 et de 20 mg de Dronabinol (THC) a étéaussi efficace contre les douleurs liées à la maladie que87


l’administration de 60 et de 120 mg de codéine (Noyes, 1975).Le Dronabinol <strong>en</strong> tant qu’antalgique moins puissant, s’est doncavéré tout aussi bénéfique. Toutefois, <strong>en</strong> ce qui concerne l’étatpsychologique de certains pati<strong>en</strong>ts, des effets secondaires, telsqu’apaisem<strong>en</strong>t, euphorie et angoisse ont été constatés. Lesauteurs de cette <strong>en</strong>quête p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t qu’une association du THCavec d'autres antalgiques pourrait offrir davantage de résultatsthérapeutiques.Des essais sur animaux ont égalem<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> lumière qu’uneinteraction <strong>en</strong>tre opiacés et THC augm<strong>en</strong>te le bénéficethérapeutique. En Grande-Bretagne, dans une étude de casindividuel, un pati<strong>en</strong>t souffrant de douleurs abdominales aigues,induites par la fièvre méditerrané<strong>en</strong>ne, a pu réduire la dose demorphine <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant, réparties sur la journée, cinq gélulesd’extrait de cannabis dosées à 10 mg de THC (Holdcroft, 1997).En plus du THC, l’extrait cont<strong>en</strong>ait du CBD (cannabidiol) et duCBN (cannabinol). En 2003, la revue spécialisée Journal ofPain and Symptom Managem<strong>en</strong>t a publié des résultats similairesissus d’études conduites au Canada (Lynch, 2003).De nombreux pati<strong>en</strong>ts témoign<strong>en</strong>t que le cannabis leur estbénéfique pour atténuer les neuropathies, c'est-à-dire lesdouleurs induites par une lésion nerveuse. Cette lésion peutavoir diverses causes, par exemple une maladie métabolique(comme le diabète sucré), un traitem<strong>en</strong>t médicam<strong>en</strong>teux, untraumatisme subi lors d’un accid<strong>en</strong>t ou bi<strong>en</strong> d’autres <strong>en</strong>core.Dans une étude pilote dirigée par le professeur Donald Abramsde l'université de Cali<strong>for</strong>nie, 16 pati<strong>en</strong>ts atteints de neuropathiesliées à une infection VIH ont reçu soit du cannabis, soit unplacebo. Pour 3 de ces pati<strong>en</strong>ts, les problèmes neurologiquesétai<strong>en</strong>t dus à la maladie elle-même, pour 8 autres au traitem<strong>en</strong>tantiviral et pour les 5 pati<strong>en</strong>ts restant, probablem<strong>en</strong>t des deux àla fois. Une atténuation de plus de 30 % de la douleur a pu être<strong>en</strong>registrée par 10 pati<strong>en</strong>ts sur les 16 personnes participant autest (Abrams, 2003).Un médecin spécialiste de la douleur de Thüring<strong>en</strong> (Allemagne)m’a rapporté le cas d’un homme âgé de 62 ans chez quil’interaction d’opiacés et de THC a été très bénéfique. Le THCa permis de réduire les effets secondaires indésirables des88


opiacés. Le pati<strong>en</strong>t souffrait d’une neuropathie du nerf honteuxinterne (probablem<strong>en</strong>t suite à une interv<strong>en</strong>tion chirurgicale surune tumeur du gros intestin) provoquant des douleurs insupportablesau niveau des intestins ainsi que des s<strong>en</strong>sationsdésagréables dans les cuisses. Suite à l’opération, le pati<strong>en</strong>t étaitsuivi dans un c<strong>en</strong>tre antidouleur avec des traitem<strong>en</strong>ts à based’opiacés (morphine et Durogesic®) et divers autres médicam<strong>en</strong>ts(Sarot<strong>en</strong>®, Katadolon®, Celebrex® et des infusions àbase de procaïne). Les opiacés lui décl<strong>en</strong>chai<strong>en</strong>t de <strong>for</strong>tesnausées et il a fallu diminuer leur dosage ce qui, parconséqu<strong>en</strong>t, a de nouveau augm<strong>en</strong>té l’int<strong>en</strong>sité des douleurs.Pour cette raison, le recours au Dronabinol a été très utile. Enfin de traitem<strong>en</strong>t, le dosage correspondait à 30 mg deDronabinol <strong>en</strong> deux prises quotidi<strong>en</strong>nes. Après la disparitiondes nausées, l’administration de Durogesic® a pu êtreaugm<strong>en</strong>tée de nouveau. Quand le pati<strong>en</strong>t a quitté le c<strong>en</strong>tre, il nesouffrait plus que de douleurs légères et supportables.À Berlin, une pati<strong>en</strong>te qui souffrait de <strong>for</strong>tes douleurs provoquéespar un cancer des os (plasmocytome) a évoqué lesmultiples effets bénéfiques et complém<strong>en</strong>taires du cannabis parrapport à sa maladie. « Je consomme du cannabis de la mêmemanière que la morphine. Je sais que j’ai besoin des deux : lamorphine calme les douleurs de mes os et le cannabis aide àrelaxer le raidissem<strong>en</strong>t des muscles provoqué par la douleur.Le cannabis permet de réduire, voire même de supprimer, lesantalgiques, tels que Novalgine® et proxène, que je pr<strong>en</strong>ds <strong>en</strong>plus de la morphine. En revanche, je ne peux pas modifier aussifacilem<strong>en</strong>t le dosage de la morphine, parce que cela meprovoquerait des symptômes de manque. La maladie, dont jesuis atteinte, évolue constamm<strong>en</strong>t sans pouvoir réellem<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>empêcher. P<strong>en</strong>dant les phases de traitem<strong>en</strong>t par chimiothérapieet rayons, mon système immunitaire est effondré et ma vie neti<strong>en</strong>t plus qu’à un fil. L’état dépressif qui s’installe alorsressemble à une véritable crise exist<strong>en</strong>tielle. C’est grâce aucannabis que j’aperçois la sortie du tunnel, que s’installe <strong>en</strong>moi une vision optimiste de la vie et que je retrouve ma bonnehumeur. N’étant pas spécialiste <strong>en</strong> matière de drogues, je mesuis laissée dire que le risque d’accoutumance était élevé et que89


d’importants effets secondaires pouvai<strong>en</strong>t apparaître. Monexpéri<strong>en</strong>ce personnelle est toute autre. Tout ce que je peux direest qu’aujourd’hui, sans consommation de cannabis, je n’auraisplus que la peau sur les os, tellem<strong>en</strong>t le traitem<strong>en</strong>t à base demorphine, <strong>en</strong> plus de la maladie, me coupe l’appétit. Lecannabis m’aide à retrouver l’<strong>en</strong>vie et le plaisir de manger unpeu. Un av<strong>en</strong>ir sans cannabis m’est dev<strong>en</strong>u inimaginable ».En 2001, des médecins du service antidouleur du CHU deCologne (Allemagne) ont publié les premiers résultats surl’application médicale du Dronabinol chez 6 pati<strong>en</strong>ts souffrantde douleurs (Elsner, 2001). Jusqu’alors, aucun traitem<strong>en</strong>tn’avait pu les soulager suffisamm<strong>en</strong>t, ni opiacés, ni d’autresantalgiques puissants. Sur 3 des 6 pati<strong>en</strong>ts, le Dronabinol à undosage de 2,5 à 10 mg par jour a eu pour résultat « l’atténuationsatisfaisante de la douleur ». Parmi les 3 pati<strong>en</strong>ts chez qui letraitem<strong>en</strong>t à base de Dronabinol a été appliqué avec succès, unepersonne souffrait de paraplégie traumatique. Dans son casprécis, une première administration de 5 mg de THC est restée,outre la fatigue, sans effet apaisant. Après une augm<strong>en</strong>tation duTaux moy<strong>en</strong>d’atténuationde la douleursuite àl’administrationde THC, decodéine ou d’unplacebo chezdes pati<strong>en</strong>tssouffrant dedouleurs liéesau cancer.(Extrait : Noyeset al. ,ClinicalPharmacologyandTherapeutics1975 ; 18 : 84-89)90


dosage à 10 mg de THC par jour, une réduction des douleurs apu être constatée pour la première fois. Cet effet s’est prolongétout au long des dix mois du temps d’observation. Quant àl’effet de fatigue, il a disparu au cours du traitem<strong>en</strong>t. Pour les 2autres pati<strong>en</strong>ts, souffrant de douleurs liées à un traumatismemédullaire, un dosage de 2,5 et de 5 mg de THC par jour a étésuffisant pour atténuer les douleurs. En plus du Dronabinol, undes pati<strong>en</strong>ts a reçu un médicam<strong>en</strong>t pour relaxer les muscles(baclofène). Le Dronabinol n’a pas montré d’effet bénéfique surles 3 autres pati<strong>en</strong>ts, dont l’un souffrait de douleurs cuisanteschroniques du côté droit de la tête, un autre souffrait dedouleurs cuisantes neuropathiques au niveau de l’appareilgénito-urinaire et rectal, et le troisième , paraplégique, souffraitdepuis cinq ans de vives douleurs chroniques. Chez ce dernierpati<strong>en</strong>t, l’administration de 5 à 15 mg de THC par jour avait,dans un premier temps, atténué les douleurs et améliorél’humeur. Mais cet effet positif s’est estompé au bout de deuxmois de traitem<strong>en</strong>t.Un homme âgé de 37 ans a témoigné de ses douleurs dumembre fantôme dont il souffrait depuis vingt ans, suite àl’amputation d’une jambe. Selon lui, <strong>en</strong> dehors du cannabis,aucun médicam<strong>en</strong>t n’a pu calmer ses douleurs de manièresatisfaisante. « J’ai le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t qu’un couteau est planté dansmon mollet, que mon muscle est <strong>en</strong>taillé violemm<strong>en</strong>t du hautvers le bas et qu’on m’arrache les ongles des orteils. (…).Quant aux différ<strong>en</strong>ts modes d’utilisation du cannabis,j’aimerais ajouter que, dans mon cas, c’est le cannabis fuméqui est le plus efficace. Premièrem<strong>en</strong>t, parce que les effetsthérapeutiques sont très rapides, facteur ess<strong>en</strong>tiel pourcombattre la douleur, et deuxièmem<strong>en</strong>t, parce que c’est ainsique je sais le mieux doser. Troisièmem<strong>en</strong>t, je constate une sorted’effet à retardem<strong>en</strong>t qui me permet, le l<strong>en</strong>demain, de passerune journée quasim<strong>en</strong>t sans douleur. D’ailleurs, je ti<strong>en</strong>s àpréciser qu’avant l’amputation je n’avais jamais utilisé decannabis. Je répartis le dosage de l’ordre de 2 g par jour, <strong>en</strong> 3à 6 joints par jour. C’est au cours de trois à cinq mois detraitem<strong>en</strong>t que ce dosage s’est révélé le plus efficace. Des effetssecondaires sous <strong>for</strong>me de <strong>for</strong>tes transpirations p<strong>en</strong>dant la nuit,91


sont apparus p<strong>en</strong>dant les deux et trois premières années. Enrevanche, depuis le début, l’effet antalgique du cannabis estresté constant. »L’exemple suivant montre parfaitem<strong>en</strong>t les problèmes et lesconséqu<strong>en</strong>ces de l’illégalité <strong>en</strong> matière d’utilisation de cannabisà usage médical. En octobre 1995 à Berlin, lors du premiersymposium allemand sur le pot<strong>en</strong>tiel thérapeutique du cannabis,le Dr Andreas Ernst, spécialiste de la douleur, a relaté le casd’un homme de 30 ans, paraplégique à la suite de blessures auniveau de la colonne vertébrale et de la moelle épinièrecontractées p<strong>en</strong>dant une opération militaire dans son pays natal.Ce pati<strong>en</strong>t souffrait de <strong>for</strong>tes douleurs et de spasmes dans lesjambes. « Ce pati<strong>en</strong>t a reçu tous les traitem<strong>en</strong>ts médicam<strong>en</strong>teuxpossibles, allant des anticonvulsivants à la morphine parvoie orale. Même à un dosage faible de la morphine orale, il aréagi par une intolérance. Nous avons donc comm<strong>en</strong>cé par luiinjecter des opiacés (morphine) à faible dose directem<strong>en</strong>t dansle canal rachidi<strong>en</strong>. Ainsi, pour la première fois, ses douleursont disparu p<strong>en</strong>dant quelque temps. C’est pourquoi nous avonsprocédé à l’implantation d’une pompe auto-stimulante avec uncathéter vers la moelle épinière. Actuellem<strong>en</strong>t, il reçoit de lamorphine à un dosage de 10 mg par jour avec ce moy<strong>en</strong>. Or,depuis six mois (il suit ce traitem<strong>en</strong>t depuis près de deux ans), ilnous parle d’apparitions de plus <strong>en</strong> plus <strong>for</strong>tes de spasmessévères, auxquels quasim<strong>en</strong>t aucune thérapie ne peut répondre.Je lui ai demandé ce qu’il faisait alors pour supporter de tellesdouleurs. Avec un sourire malicieux il m’a répondu qu’il fumaitdu haschich, une pratique courante dans son pays d’origine.Ainsi, il se s<strong>en</strong>tait bi<strong>en</strong> p<strong>en</strong>dant plus d’une demi-journée. Maissouv<strong>en</strong>t, vers le soir, il fallait <strong>en</strong>core fumer pour se débarrasserà nouveau de la douleur. Lors d’une autre consultation, il areparlé de ses douleurs insupportables. Alors, je lui ai demandépourquoi il ne fumait plus de haschich ? Il m’a raconté qu’il y apeu de temps, une perquisition avait eu lieu chez lui parce qu’ilétait soupçonné de trafic de cannabis, ce qui, à mon avis, doitêtre plutôt difficile pour quelqu’un qui est cloué dans unfauteuil roulant ».92


CéphaléesUne autre application des produits dérivés du cannabis peutêtre le traitem<strong>en</strong>t de la migraine et d'autres types de céphalées,dont la céphalée vasculaire de Horton. Cep<strong>en</strong>dant, <strong>en</strong> ce quiconcerne cette dernière, il convi<strong>en</strong>t d’ajouter qu’aucune étudeclinique n’est disponible à ce jour, bi<strong>en</strong> que de nombreuxpati<strong>en</strong>ts tir<strong>en</strong>t profit des effets du cannabis. La migraine secaractérise par une douleur int<strong>en</strong>se n’affectant souv<strong>en</strong>t qu’unseul côté et qui persiste p<strong>en</strong>dant des heures, voire des jours. Ellepeut être accompagnée de troubles de la vision, de nausées et devomissem<strong>en</strong>ts. Chez de nombreuses personnes souffrant demigraines, les crises s’annonc<strong>en</strong>t par des signes précurseurs,appelés égalem<strong>en</strong>t aura. C’est surtout grâce à des témoignagesdu XIXe siècle que nous savons que l’utilisation du cannabis esttrès efficace dans le traitem<strong>en</strong>t de la migraine, notamm<strong>en</strong>tquand il s’agit d’empêcher une crise dès l’apparition despremiers signes. « Avant la découverte de l’antipyrine et de seséquival<strong>en</strong>ts, c’étai<strong>en</strong>t la teinture de gelsemium et la teintured’extraits de cannabis qui étai<strong>en</strong>t les remèdes les plus efficacespour traiter la migraine », a décrit le professeur Hobart AmoryHare dans un manuel paru au début du XXe siècle (Hare, 1922).Dans une étude conduite <strong>en</strong> 1985, Volfe et al. ont démontré quele THC empêchait la libération de la sérotonine des plaquettessanguines chez un pati<strong>en</strong>t <strong>en</strong> pleine crise de migraine. Enrevanche, <strong>en</strong> dehors des crises, aucune prés<strong>en</strong>ce d’antagonistede la sérotonine n’a pu être relevée. L’équipe a donc supposéque le cannabis, <strong>en</strong> plus de son effet analgésique, pouvait êtrebénéfique dans le traitem<strong>en</strong>t des migraines. Chez 60 à 85 % despati<strong>en</strong>ts atteints, une libération anormale de la sérotonine a étéobservée. A cela s’ajoute la propriété antiémétique du cannabis,égalem<strong>en</strong>t très bénéfique dans de nombreux cas. Le témoignagesuivant m’a été <strong>en</strong>voyé par une personne souffrant demigraines. « Depuis mon <strong>en</strong>fance, je souffre de crises migraineusesavec aura, sans autre symptôme particulier. (…) À l’âgede 18 ans, j’ai fumé pour la première fois du cannabis. Pourtester si l’état de relaxation alors ress<strong>en</strong>ti pouvait se reproduirelors d’une de mes crises, j’ai fumé au mom<strong>en</strong>t où une <strong>for</strong>te crisemigraineuse s’annonçait. Au bout de la troisième inhalation, un93


léger affaiblissem<strong>en</strong>t de l’aura et du phénomène lumineux s’estproduit, bi<strong>en</strong> que d’habitude ces deux signes persist<strong>en</strong>t parfoisau-delà des maux de tête. Au bout d’une heure, j’ai remarquéque la crise était nettem<strong>en</strong>t moins int<strong>en</strong>se. Comparée aux criseshabituelles d’<strong>en</strong>viron dix heures, celle-ci n’a duré que quelquesheures. Quel miracle! Je suis sceptique de nature et je ne croispas aux miracles ! Alors j’ai essayé de r<strong>en</strong>ouveler l’expéri<strong>en</strong>ce.Aujourd’hui, c’est-à-dire quelques années plus tard, je peuxaffirmer que le cannabis diminue non seulem<strong>en</strong>t l’int<strong>en</strong>sité maisaussi la durée de mes accès migraineux. Je consommerégulièrem<strong>en</strong>t du cannabis <strong>en</strong> fin de journée et depuis deux,voire trois années, la fréqu<strong>en</strong>ce des crises migraineuses adiminué de plus de la moitié. Par contre, lorsque j’aiinterrompu p<strong>en</strong>dant six mois mon traitem<strong>en</strong>t avec le cannabis,les crises se sont à nouveau amplifiées ».Troubles gastro-intestinauxLes produits naturels issus du cannabis exerc<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>ombreuses actions bénéfiques et <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t utiles dans letraitem<strong>en</strong>t des troubles gastro-intestinaux. Parmi ces actionsfigur<strong>en</strong>t la stimulation de l’appétit, la réduction des nausées etdes vomissem<strong>en</strong>ts, l’atténuation des contractions musculaires del’estomac et de l’intestin ainsi que la diminution de laproduction d’acides et d’autres sécrétions gastriques. Parailleurs, de nombreux récepteurs cannabinoïdes et cannabinoïdes<strong>en</strong>dogènes sont situés dans l’appareil gastro-intestinal.L’utilisation de produits à base de cannabis peut être efficace,non seulem<strong>en</strong>t dans le traitem<strong>en</strong>t des nausées et de la perted’appétit, domaine d’application médical courant du Dronabinol(THC), mais égalem<strong>en</strong>t dans le traitem<strong>en</strong>t de divers autrestroubles comme des ulcères ou des brûlures d’estomac (troublesdu reflux gastro-œsophagi<strong>en</strong>), le syndrome de l’intestinirritable, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin(maladie de Crohn, colites ulcéreuses) et les diarrhées.Les troubles comme les nausées, les vomissem<strong>en</strong>ts et la perted’appétit sont traités dans un chapitre à part. Les maladiesinflammatoires chroniques figur<strong>en</strong>t dans le paragraphe traitantdes inflammations.94


Ulcère gastroduodénal et brûlures d’estomacEn 1999, des sci<strong>en</strong>tifiques itali<strong>en</strong>s ont évalué l’actionstimulatrice des cannabinoïdes sur la production de sucgastrique. Pour cela, des rats ont reçu de la p<strong>en</strong>tagastrinecomme stimulus. Certains de ces animaux ont reçu <strong>en</strong> plus lecannabinoïde WIN55,212. Cette molécule se fixe auxrécepteurs CB1 de la même manière que le THC. Les chercheursont observé que le cannabinoïde a réduit de 80 % laproduction de suc gastrique stimulée artificiellem<strong>en</strong>t, uneréaction qui ne se produit pas sur la sécrétion naturelle ou nonstimulée. Cela signifie que le THC et le cannabis peuv<strong>en</strong>tempêcher une production trop importante de suc gastrique,comme c’est le cas lors de brûlures ou d’ulcères de l’estomac.Les brûlures d’estomac sont, <strong>en</strong>tre autres, un symptôme dereflux gastrique. Il s’agit de r<strong>en</strong>vois de suc gastrique versl’œsophage décl<strong>en</strong>chant ainsi une inflammation chronique etdes douleurs <strong>en</strong> bas de la poitrine. Ce reflux est fréqu<strong>en</strong>t lorsquele muscle constricteur <strong>en</strong>tre l’estomac et l’œsophage nefonctionne pas correctem<strong>en</strong>t. Il est conseillé aux pati<strong>en</strong>tssouffrant de brûlures d’estomac d’éviter les alim<strong>en</strong>ts quistimul<strong>en</strong>t la production de suc gastrique, comme l’alcool, lechocolat ou le tabac. La plupart des traitem<strong>en</strong>ts médicam<strong>en</strong>teuxsont à base de substances qui inhib<strong>en</strong>t la production d’acidesgastriques ou qui les neutralis<strong>en</strong>t. Dans certains cas, uneinterv<strong>en</strong>tion chirurgicale est réalisée afin d’améliorer lafonction du muscle constricteur.En 1978, Sofia et al. ont m<strong>en</strong>é des essais sur des rats afin detester l’efficacité du THC dans le traitem<strong>en</strong>t d’ulcères del’estomac. Lors de ces tests, le THC a effectivem<strong>en</strong>t réduit la<strong>for</strong>mation de l’ulcère, mais son efficacité a été moinsimportante que celle obt<strong>en</strong>ue avec des médicam<strong>en</strong>ts utilisésspécialem<strong>en</strong>t à cet effet.DiarrhéeLe THC, tout comme les autres cannabinoïdes qui se li<strong>en</strong>taux récepteurs CB1, ne bloque pas seulem<strong>en</strong>t la production desuc gastrique. Il bloque aussi celle d’autres sucs produits dansles intestins. Il réduit égalem<strong>en</strong>t l’int<strong>en</strong>sité des contractions95


musculaires du colon (Shook, 1989), ayant pour effet de ral<strong>en</strong>tirle transit intestinal. Dans le traitem<strong>en</strong>t des diarrhées, les deuxactions sont recherchées.Dans une étude, des sci<strong>en</strong>tifiques itali<strong>en</strong>s de l’université deNaples, ont administré de l’huile de croton (croton tiglium) àdes souris afin de leur provoquer des diarrhées et desinflammations intestinales (Izzo, 2001). Dans cette étude, lescannabinoïdes ont réduit de manière significative l’int<strong>en</strong>sité desdiarrhées. En effet, après l’administration de l’huile de croton,la conc<strong>en</strong>tration des <strong>en</strong>docannabinoïdes et des récepteurscannabinoïdes dans l’intestin des animaux a augm<strong>en</strong>té de façonremarquable. Les sci<strong>en</strong>tifiques ont conclu que, dans le cas oùl’intestin était <strong>en</strong>flammé, le traitem<strong>en</strong>t à base de cannabinoïdesétait plus efficace que dans le cas d’un intestin sain où l’effetn’était que faible et ne s’exerçait que sur les contractionsmusculaires.Comme ici au niveau des intestins, on observe trèsfréquemm<strong>en</strong>t que les effets des cannabinoïdes s’exerc<strong>en</strong>t demanière plus marquée chez les sujets malades que chez lespersonnes <strong>en</strong> bonne santé. Cela est aussi valable pour letraitem<strong>en</strong>t des douleurs (Siegling, 2001), de la sclérose <strong>en</strong>plaques (Baker, 2001), de la sous-alim<strong>en</strong>tation (Di Marzo,2001) et des nausées (Darmani, 2001). De toute évid<strong>en</strong>ce,lorsque l’organisme cherche à se déf<strong>en</strong>dre contre une maladie, ilaugm<strong>en</strong>te le nombre de récepteurs aux cannabinoïdes ou laconc<strong>en</strong>tration d’<strong>en</strong>docannabinoïdes dans certaines régions ducerveau ou du système nerveux. Cette réaction permet auxcannabinoïdes d’être plus efficaces, car elle leur offre un plusgrand nombre de sites de liaison sur lesquels se fixer. Dans lescas de douleurs chroniques, l’augm<strong>en</strong>tation des récepteurs etdes <strong>en</strong>docannabinoïdes concerne par exemple les c<strong>en</strong>tresnerveux situés dans le cerveau ainsi que dans la moelle épinière.Syndrome de l’intestin irritableLe syndrome de l’intestin irritable, ou du colon irritable, estcaractérisé par une fragilité du gros intestin face à divers effetsnocifs, souv<strong>en</strong>t liés à une inflammation de ce dernier. Lesyndrome se traduit par des troubles fonctionnels du gros96


intestin, résistants à tout traitem<strong>en</strong>t, qui sont accompagnés dedouleurs spasmodiques, de s<strong>en</strong>sations de v<strong>en</strong>tre plein, degargouillem<strong>en</strong>ts, de flatul<strong>en</strong>ces, de selles irrégulières oùdiarrhées et constipation se succèd<strong>en</strong>t. « Il y a six mois, j’aiessayé pour la première fois du cannabis. Les diarrhées et lesnausées ont cessé immédiatem<strong>en</strong>t. L’idée de faire cetteexpéri<strong>en</strong>ce m’est v<strong>en</strong>ue parce que j’avais <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du dire que lecannabis était efficace dans le traitem<strong>en</strong>t des nausées et desvomissem<strong>en</strong>ts liés aux chimiothérapies contre le cancer.Depuis, j’<strong>en</strong> utilise chaque fois que les crampes et les nauséescomm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à se manifester », a témoigné une pati<strong>en</strong>tesouffrant du syndrome.Bi<strong>en</strong> que les produits issus du cannabis soi<strong>en</strong>t légèrem<strong>en</strong>tconstipants, ils peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t être bénéfiques dans le casde la constipation liée au syndrome de l’intestin irritable. C’estce qu’un pati<strong>en</strong>t âgé de 36 ans a constaté: « Je souffre deconstipation chronique, ce qui préoccupe mon esprit du matinau soir. Plus je suis constipé, plus je devi<strong>en</strong>s angoissé et plus jesuis angoissé, plus je devi<strong>en</strong>s constipé. C’est un véritable cercleinfernal. Quand je consomme du cannabis, je me s<strong>en</strong>s tellem<strong>en</strong>tsoulagé, que j’ai parfois <strong>en</strong>vie de crier de joie. Mon estomac sedécontracte et j’ai l’impression que mes intestinss’assoupliss<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t ».Nausées et vomissem<strong>en</strong>tsLes nausées et les vomissem<strong>en</strong>ts sont des symptômes liés àdiverses causes. Parmi elles figur<strong>en</strong>t certains médicam<strong>en</strong>ts,notamm<strong>en</strong>t les opiacés et les remèdes utilisés dans les thérapiesanticancéreuses.En résumé, les produits issus du cannabis sont utilisés avecsuccès dans le traitem<strong>en</strong>t de nombreuses maladies accompagnéesde nausées et de vomissem<strong>en</strong>ts comme : la chimiothérapie anticancéreuse le VIH/sida l’hépatite C les vomissem<strong>en</strong>ts causés par la grossesse la migraine l’intolérance à la morphine et à d’autres opiacés97


Les plus importantes études sci<strong>en</strong>tifiques sur l’utilisationthérapeutique du THC et du cannabis ont été conduites sur leseffets secondaires des chimiothérapies anticancéreuses. En2002, des tests sur animaux ont révélé que le cannabidiol(CBD) était égalem<strong>en</strong>t bénéfique dans le traitem<strong>en</strong>t des nausées(Parker, 2002). Cela montre que certains cannabinoïdes,dépourvus d’effets psychotropes comme le cannabidiol,pourrai<strong>en</strong>t être utilisés contre les nausées liées auxchimiothérapies.Chimiothérapie anticancéreuseChaque année, on <strong>en</strong>registre près de 300 000 nouveaux casde cancer <strong>en</strong> Allemagne. Environ un pati<strong>en</strong>t sur trois reçoit untraitem<strong>en</strong>t par chimiothérapie. Cette <strong>for</strong>me moderne demédication permet de soigner un grand nombre de pati<strong>en</strong>ts.Aujourd’hui, près de 80 % des personnes souffrant d’un cancerdes ganglions lymphatiques peuv<strong>en</strong>t ainsi retrouver une duréede vie normale, principalem<strong>en</strong>t grâce aux médicam<strong>en</strong>tsanticancéreux très efficaces. Cep<strong>en</strong>dant, il existe d’autres typesde cancer, comme le cancer de l’estomac ou du rein, quirépond<strong>en</strong>t très mal aux traitem<strong>en</strong>ts par chimiothérapie.Sous le terme de chimiothérapie anticancéreuse, il faut compr<strong>en</strong>dreun traitem<strong>en</strong>t à base de diverses substances chimiques,des cytostatiques, qui ont pour effet de détruire les cellulescancéreuses, voire de bloquer leur croissance. Le traitem<strong>en</strong>t àbase de cytostatiques se pratique le plus souv<strong>en</strong>t de manièrecyclique, c'est-à-dire qu’une phase de traitem<strong>en</strong>t de duréevariable est toujours suivie d’une phase sans traitem<strong>en</strong>t, afinque l’organisme puisse récupérer. Ainsi, plusieurs de ces cyclessont conduits d’une façon suivie, de sorte qu’une chimiothérapieanticancéreuse dure plusieurs mois.Les principales réactions d’intolérance aux cytostatiques sontles nausées et les vomissem<strong>en</strong>ts, la fatigue, l’inflammation desmuqueuses, la perte des cheveux et les affections de la moelleosseuse.Lors d’un cycle de chimiothérapie, les vomissem<strong>en</strong>ts, et lescrampes musculaires qui les accompagn<strong>en</strong>t, peuv<strong>en</strong>t atteindreune int<strong>en</strong>sité à peine supportable par le pati<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant98


plusieurs jours. Il y a peu de temps <strong>en</strong>core, il n’était pas rare dedevoir arrêter un traitem<strong>en</strong>t, pourtant prometteur, à caused’effets secondaires intolérables. Certaines personnes se sontdemandées s’il était humain de soumettre des pati<strong>en</strong>ts à de tellessouffrances. Tragiquem<strong>en</strong>t, le peu de maîtrise de ces effetssecondaires viol<strong>en</strong>ts a provoqué le décès de plusieurs pati<strong>en</strong>ts.Au début des années soixante-dix, quelques consommateurs decannabis ont observé par hasard que le cannabis leur permettaitde réduire les effets indésirables provoqués par la chimiothérapieanticancéreuse. C’est ce qui a incité des chercheurs àtester le cannabis pour une telle indication. Pour ce faire, ils ontutilisé principalem<strong>en</strong>t des cannabinoïdes purs, dont le THC etdeux cannabinoïdes synthétiques, le nabilone et le lévonantradol.En 1975, des médecins de Boston ont publié pour la premièrefois les résultats d’une étude m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong> double aveugle. Danscette étude, 22 pati<strong>en</strong>ts atteints d’un cancer qui n’ont pas pu êtresuffisamm<strong>en</strong>t soulagés par les médicam<strong>en</strong>ts antiémétiqueshabituels, ont reçu un traitem<strong>en</strong>t à base de THC (Sallan, 1975).Les résultats ont pu être exploités pour 20 de ces pati<strong>en</strong>ts.L’action du THC a été décrite comme étant très efficacep<strong>en</strong>dant près de 35 % du temps de la chimiothérapie etmoy<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t efficace p<strong>en</strong>dant <strong>en</strong>viron 45 % des cycles. Celacorrespond globalem<strong>en</strong>t à un taux de réactions positivesd’<strong>en</strong>viron 80 %. En revanche, aucun effet n’a pu être observésur les 20 % du temps restant. En outre, l’efficacité du traitem<strong>en</strong>tà base de THC était <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t liée aux modificationspsychiques, caractéristiques du cannabis. Pour les pati<strong>en</strong>ts chezqui aucun effet psychique n’a pu être observé, le traitem<strong>en</strong>tpour calmer les nausées a égalem<strong>en</strong>t été moins efficace. Selonles chercheurs cela était dû à une plus faible absorption du THCdans les intestins.Au cours des vingt années suivantes, une quinzaine d’études ontété m<strong>en</strong>ées sur le THC (Dronabinol), une vingtaine sur l<strong>en</strong>abilone, une dizaine sur le lévonantradol et une sur le delta-8-THC, une substance proche du delta-9-THC. Globalem<strong>en</strong>t, cesrecherches ont permis de mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce l’efficacité destraitem<strong>en</strong>ts à base de THC pour atténuer les nausées chez les99


pati<strong>en</strong>ts qui suiv<strong>en</strong>t une chimiothérapie anticancéreuse. Dans lesessais avec le Dronabinol, les doses variai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 7,5 et 20 mgpar prise, r<strong>en</strong>ouvelées <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne tous les quatre heures. Laplupart du temps, le traitem<strong>en</strong>t était administré quelques heuresavant la chimiothérapie, et était maint<strong>en</strong>u tout au long du tempsde la chimiothérapie. Des effets secondaires ont été <strong>en</strong>registrésfréquemm<strong>en</strong>t comme de l’euphorie, des vertiges, une sédationet des baisses de t<strong>en</strong>sion artérielle. Certains pati<strong>en</strong>ts ontégalem<strong>en</strong>t témoigné d’hallucinations et de s<strong>en</strong>sations désagréablesvoire angoissantes.Aux États-Unis, <strong>en</strong>tre les années soixante-dix et quatre-vingts,des études ont égalem<strong>en</strong>t été conduites avec du cannabis fumé,dont certaines avai<strong>en</strong>t pour objet de comparer l’effet ducannabis naturel à celui du THC synthétique. En 1977, LynnPierson, un étudiant âgé de 26 ans, atteint d’un cancer dupoumon, a été <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du par les parlem<strong>en</strong>taires de l’État duNouveau-Mexique, ouvrant ainsi le débat sur l’utilisationmédicale du cannabis dans le traitem<strong>en</strong>t des effets indésirablesde celles-ci. Après avoir m<strong>en</strong>é une <strong>en</strong>quête publique auprès depati<strong>en</strong>ts et de médecins sur l’utilisation médicale du cannabis, leCongrès du Nouveau-Mexique a voté <strong>en</strong> février 1978 <strong>en</strong> faveurde la première loi reconnaissant la valeur thérapeutique ducannabis. Suite à cette loi, les pati<strong>en</strong>ts souffrant d’un cancer ontpu utiliser du cannabis <strong>en</strong> toute légalité <strong>en</strong> cas d’efficacitéinsuffisante des médicam<strong>en</strong>ts antiémétiques conv<strong>en</strong>tionnels.Dans l’État du Nouveau-Mexique, le programme de rechercheLynn-Pierson a été mis <strong>en</strong> place, ayant pour objet de comparerles effets thérapeutiques du cannabis à ceux du THC. Ainsi,<strong>en</strong>tre 1979 et 1986, 256 hommes et femmes, âgés de 18 à77 ans, tous atteints d’un cancer, ont participé à l’étude. Lors deleur chimiothérapie, les pati<strong>en</strong>ts étai<strong>en</strong>t autorisés à fumer descigarettes de cannabis cont<strong>en</strong>ant un taux de THC dosé aupréalable. Dans le cas où il leur était impossible de fumer, ouqu’ils ne le souhaitai<strong>en</strong>t pas, ils pouvai<strong>en</strong>t recevoir duDronabinol (THC) sous <strong>for</strong>me de gélules. L’int<strong>en</strong>sité moy<strong>en</strong>nedes nausées, représ<strong>en</strong>tée sur une échelle de 1 (pas de nausée) à5 (<strong>for</strong>tes nausées), a été réduite de 4,5 à 2 grâce à l’effetbénéfique du cannabis ou du THC. Sur la même échelle,100


l’int<strong>en</strong>sité moy<strong>en</strong>ne des vomissem<strong>en</strong>ts a été réduite de 4,3 à 1,7.Suite à cette première étude et à l’efficacité constatée, près de95 % des participants ont souhaité poursuivre le traitem<strong>en</strong>t àbase de cannabis.Il fallut peu de temps pour que cinq autres États américains(New York, Michigan, Géorgie, T<strong>en</strong>nessee et Cali<strong>for</strong>nie)annonc<strong>en</strong>t des programmes de recherche similaires. Ce n’estqu’<strong>en</strong> 2001, que le professeur Richard Musty et sa collaboratricele Dr Rita Rossi, de l’université du Vermont, ont publiéune synthèse exhaustive de l’<strong>en</strong>semble de ces programmes derecherche. Au total, près de 1100 pati<strong>en</strong>ts y ont participé. Parmieux, 748 personnes ont inhalé du cannabis et 345 ont pris desgélules à base de THC.Dans les études comparatives <strong>en</strong>tre l’inhalation de cannabis etl’absorption orale de gélules de Dronabinol, le cannabis fumés’est avéré aussi bénéfique, voire plus efficace que les gélulesde Dronabinol. Les critères de participation à l’étude incluai<strong>en</strong>tque les pati<strong>en</strong>ts n’ai<strong>en</strong>t jamais utilisé d’autres médicam<strong>en</strong>tsconv<strong>en</strong>tionnels, comme les cytostatiques connus pour leurseffets secondaires <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t émétiques. Dans la plupart des cas,les traitem<strong>en</strong>ts à base de THC ou de cannabis ont donné desrésultats satisfaisants, voire très satisfaisants. Le niveau deréaction positive approchait les 80 %. Les effets secondairesétai<strong>en</strong>t relativem<strong>en</strong>t fréqu<strong>en</strong>ts, mais faibles. Ainsi, dans l’étudeconduite dans le T<strong>en</strong>nessee, les effets secondaires destraitem<strong>en</strong>ts à base de cannabis ont été évalués comme faiblespar 85 % des pati<strong>en</strong>ts, comme moy<strong>en</strong>s par 11 % et commeimportants pour seulem<strong>en</strong>t 3 % d’<strong>en</strong>tre eux.Au cours des dernières années, les cannabinoïdes ont perdu <strong>en</strong>importance dans le traitem<strong>en</strong>t des nausées liées à une thérapieanticancéreuse. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, d<strong>en</strong>ouveaux médicam<strong>en</strong>ts, très efficaces <strong>en</strong> association avec lestraitem<strong>en</strong>ts anticancéreux, ont été introduits. Il s’agitd’antagonistes à la sérotonine de type 5HT3, tels quel’ondansétron et le tropisétron. Ces antagonistes sont souv<strong>en</strong>tefficaces. Dans beaucoup de cas, ils sont même plus bénéfiquesque les produits naturels issus du cannabis. Cep<strong>en</strong>dant, uncertain nombre de pati<strong>en</strong>ts ne sont pas suffisamm<strong>en</strong>t satisfaits101


de ces nouveaux antagonistes pour atténuer leurs nausées.Parmi eux se trouv<strong>en</strong>t des personnes qui pourrai<strong>en</strong>t être traitéesavec des produits à base de cannabis. Par ailleurs, des résultatsindiqu<strong>en</strong>t que le THC pourrait être utilisé <strong>en</strong> combinaison avecd’autres médicam<strong>en</strong>ts antiémiques <strong>en</strong> vue de retarderl’apparition des nausées (Meiri, 2007).En 1995, Alexander Remmele, fondateur d’une associationd’aide aux malades pour l’utilisation médicale du cannabis àBerlin, décédé <strong>en</strong> 1997 à la suite d’une <strong>for</strong>me maligne de cancerdes ganglions lymphatiques, nous a laissé son témoignage :« Depuis bi<strong>en</strong>tôt deux ans, j’utilise de manière régulière ducannabis pour combattre d’une part les effets secondaires de lachimiothérapie comme les nausées, la perte d’appétit et lesvomissem<strong>en</strong>ts, et, d’autre part, pour stabiliser, voire améliorermon état psychique. Mon expéri<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> tant que consommateurrégulier de cannabis date d’il y a dix ans déjà. À cette époque,le haschich et le cannabis n’étai<strong>en</strong>t alors pour moi que desdrogues psychotropes, utilisées à des fins récréatives. Au débutde ma maladie, je n’ai ri<strong>en</strong> changé à mes habitudes. J’aicontinué à fumer des joints de temps à autre et j’avoue qu’àchaque fois, après avoir consommé, je me suis s<strong>en</strong>ti mieux.Aujourd’hui, par contre, je me pose davantage de questionsquant à ma consommation régulière de cannabis et aux risquespot<strong>en</strong>tiels qu’elle prés<strong>en</strong>te pour ma santé. J’ai l’impression quela campagne diffamatoire contre le cannabis, m<strong>en</strong>ée depuisplusieurs déc<strong>en</strong>nies, qui représ<strong>en</strong>te le cannabis comme unedrogue créant une <strong>for</strong>te dép<strong>en</strong>dance favorisant la desc<strong>en</strong>teinfernale vers les drogues dures, ait laissé des traces malgrémes propres expéri<strong>en</strong>ces contraires. Pourtant, même l’attitudede mes par<strong>en</strong>ts a évolué depuis : jadis du côté de l’<strong>en</strong>nemi puret dur, ils sont passés du côté des partisans pour un débatrationnel sur l’utilisation médicale du cannabis. Mes par<strong>en</strong>tsont remarqué que, dans mon cas, la consommation de cannabisa apporté une grande amélioration au niveau de ma qualité devie de malade ».102


VIH/sidaEn 2000, lors du cinquième Congrès sur les traitem<strong>en</strong>tsmédicam<strong>en</strong>teux des infections par le VIH, les résultats d’uneétude traitant des effets secondaires liés à une thérapie anti-VIHont été prés<strong>en</strong>tés. Dans cette étude écossaise (Glasgow),85 % des pati<strong>en</strong>ts qui, <strong>en</strong> plus de leur traitem<strong>en</strong>t antirétroviral,ont reçu du Dronabinol pour atténuer les nausées et lesvomissem<strong>en</strong>ts, ont vu diminuer de moitié l’int<strong>en</strong>sité des leurssymptômes.Les nausées et les vomissem<strong>en</strong>ts figur<strong>en</strong>t parmi les effetssecondaires qui apparaiss<strong>en</strong>t fréquemm<strong>en</strong>t dus aux traitem<strong>en</strong>tsantirétroviraux. Dans l’étude, les pati<strong>en</strong>ts ont reçu des gélulesde Marinol® cont<strong>en</strong>ant un mélange de Dronabinol synthétiquedissout dans de l’huile de sésame. « Le Marinol® s'est révéléefficace contre les nausées pour les pati<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> cours dechimiothérapie. L’étude que nous vous prés<strong>en</strong>tons aujourd’huirévèle que le Marinol® peut égalem<strong>en</strong>t être bénéfique dans letraitem<strong>en</strong>t des nausées et des vomissem<strong>en</strong>ts que prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t lespersonnes qui suiv<strong>en</strong>t un traitem<strong>en</strong>t anti-VIH. Il s’agit là d’unedécouverte de taille, car de nombreux pati<strong>en</strong>ts ne pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pasrégulièrem<strong>en</strong>t les médicam<strong>en</strong>ts antirétroviraux afin d’éviter leseffets secondaires, tels que les nausées ou les vomissem<strong>en</strong>ts », adéclaré le directeur de l’étude, le professeur Roger Anderson dePittsburgh (États-Unis), lors d’une confér<strong>en</strong>ce de presse.Dans cette étude, 27 pati<strong>en</strong>ts ont reçu au hasard soit une dose de2,5 mg de Dronabinol deux fois par jour (une heure avant laprise du médicam<strong>en</strong>t antirétroviral), soit une dose unique de5 mg de Dronabinol par jour (avant d’aller se coucher). Uneamélioration de plus de 50 % de l’int<strong>en</strong>sité des symptômes(nausées et vomissem<strong>en</strong>ts) a été observée par 93 % des pati<strong>en</strong>tsayant reçu deux doses quotidi<strong>en</strong>nes et par 77 % des pati<strong>en</strong>ts quiayant reçu une dose unique le soir. L’int<strong>en</strong>sité des nausées a étéatténuée chez 96 % des pati<strong>en</strong>ts.Autres maladies accompagnées de nauséesComme la littérature anci<strong>en</strong>ne et les expéri<strong>en</strong>ces cliniquesd’aujourd’hui le laisse suggérer, les produits issus du cannabissont égalem<strong>en</strong>t bénéfiques dans le traitem<strong>en</strong>t des nausées et des103


vomissem<strong>en</strong>ts provoqués par d’autres facteurs, comme lesanesthésies générales. À ce sujet, aucune étude n’est <strong>en</strong>coredisponible à ce jour. Néanmoins, il semble évid<strong>en</strong>t quel’efficacité des produits issus du cannabis dans le traitem<strong>en</strong>t desnausées dans le cadre d’une chimiothérapie ou dans celui de laprise de médicam<strong>en</strong>ts contre le sida, puisse égalem<strong>en</strong>ts’appliquer aux autres <strong>for</strong>mes de nausées.Le témoignage suivant, d’un pati<strong>en</strong>t qui a suivi un traitem<strong>en</strong>t àbase d’interféron p<strong>en</strong>dant quatorze mois, permet d’illustrer cepropos. L’interféron est une substance qui est égalem<strong>en</strong>tproduite par l’organisme et qui exerce une fonction naturelledans la régulation du système immunitaire. Les thérapies à based’interféron sont utilisées pour traiter un certain nombre demaladies, comme la leucémie myéloïde chronique, l’hépatite Cet la sclérose <strong>en</strong> plaques. « Au début de mon traitem<strong>en</strong>t, j’ai prisquotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant plus de trois mois un médicam<strong>en</strong>tpour calmer mes nausées (Paspertin®), un autre médicam<strong>en</strong>tpour calmer mes douleurs au niveau des os et des articulations(Vioxx®) et un troisième médicam<strong>en</strong>t pour calmer madépression nerveuse (Zoloft®). Ensuite, p<strong>en</strong>dant douze mois,j’ai pris du Dronabinol pour lutter contre les effets secondairesde l’interféron, et p<strong>en</strong>dant un mois contre ceux de l’imatinib.Globalem<strong>en</strong>t, j’ai constaté que mon expéri<strong>en</strong>ce avec leDronabinol a été positive ».Perte d’appétit et amaigrissem<strong>en</strong>tLe manque d’appétit et la perte de poids qui <strong>en</strong> découle, sontdes symptômes liés à de nombreuses maladies graves comme lecancer, le sida et l’hépatite C. L’amaigrissem<strong>en</strong>t marque uneaggravation de la maladie et affaiblit l’état du pati<strong>en</strong>t. Cesraisons sont suffisantes pour agir, même indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t de lamaladie principale.Pour cela, divers mécanismes sont connus dans lesquels lescannabinoïdes peuv<strong>en</strong>t être bénéfiques. Le système cannabinoïde<strong>en</strong>dogène, localisé dans l’hypothalamus, fait partie dusystème cérébral <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t complexe qui contrôle l’appétit. Lesleptines, hormones protéiques, jou<strong>en</strong>t le rôle réducteur del’appétit, contrairem<strong>en</strong>t à celui des <strong>en</strong>docannabinoïdes qui offre104


des effets stimulateurs de celui-ci. Les leptines sont libéréesdans le tissu adipeux sous l’impulsion du gène responsable del’obésité. Ces hormones jou<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t un rôle importantdans le trouble de l’obésité.L’effet stimulateur de l’appétit observé avec les cannabinoïdespeut être expliqué <strong>en</strong> partie par le fait qu’ils offr<strong>en</strong>t unemeilleure perception du goût des alim<strong>en</strong>ts et, de ce fait, cesderniers seront consommés avec plus de plaisir. Au cours d<strong>en</strong>ombreuses maladies, accompagnées d’une perte de l’appétit,un véritable s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de dégoût <strong>en</strong>vers la nourriture estfréquemm<strong>en</strong>t ress<strong>en</strong>ti par les pati<strong>en</strong>ts. Il est donc intéressant deconstater que de nombreux récepteurs cannabinoïdes se situ<strong>en</strong>tdans les intestins et que, lorsque la s<strong>en</strong>sation de faim semanifeste, le nombre d’<strong>en</strong>docannabinoïdes augm<strong>en</strong>te dans cettepartie du corps. En revanche, après avoir mangé, laconc<strong>en</strong>tration d’<strong>en</strong>docannabinoïdes se normalise de nouveau.Cela signifie que de tels mécanismes périphériques particip<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t à la régulation des s<strong>en</strong>sations physiologiques, commela faim ou l’impression de satiété.L’effet stimulateur du cannabis sur l’appétit est connu depuislongtemps. Ainsi, le pionnier des recherches sur l’usage médicaldu cannabis, l’écossais Sir W. O’Shaugnessy, a décrit « uneaugm<strong>en</strong>tation spectaculaire de l’appétit » dans un ouvragepublié <strong>en</strong>tre 1838 et 1840, comme un effet secondaire chezl’<strong>en</strong>semble des pati<strong>en</strong>ts ayant reçu un traitem<strong>en</strong>t à base deteinture de cannabis. Quant aux effets du cannabis dans letraitem<strong>en</strong>t des troubles gastro-intestinaux, ils ont été résumés <strong>en</strong>1890 par le médecin français, le Dr G. See : « Le cannabis offreun effet constant de suppresseur de la douleur et de la reprisede l’appétit, peu importe la cause des troubles ».Au début des années soixante-dix, les recherches sur les effetsdu cannabis se sont amplifiées <strong>en</strong> raison du phénomènecroissant de consommation de cannabis parmi les adolesc<strong>en</strong>ts etles jeunes adultes. Quelques-unes de ces études ont révéléégalem<strong>en</strong>t l’effet stimulateur sur l’appétit du cannabis et leschercheurs se sont mis à <strong>en</strong> rechercher les causes. Une étude aété réalisée sur l’action du cannabis sur la prise de poids et surl’assimilation des calories chez deux types de consommateurs105


de cannabis, des consommateurs réguliers et des consommateursoccasionnels (Gre<strong>en</strong>berg, 1976). Au sein des deuxgroupes, les observations ont révélé une prise de poids cheztous les sujets, notamm<strong>en</strong>t au cours des cinq premiers joursd’observation, sur une durée totale de vingt-et-un jours. Lorsd’une étude m<strong>en</strong>ée sur vingt-cinq jours, une autre équipe derecherche a rapporté une meilleure assimilation des calorieschez les consommateurs de cannabis, surtout lorsqu’ilspr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t de petites collations <strong>en</strong>tre les repas et que les sujets setrouvai<strong>en</strong>t dans un contexte social favorisant la consommationde cigarettes de cannabis.Par ailleurs, de nombreux témoignages de consommateurs decannabis soulign<strong>en</strong>t que le goût des alim<strong>en</strong>ts et des boissons estmeilleur sous l’influ<strong>en</strong>ce du cannabis et que même la nourriturede tous les jours peut se trans<strong>for</strong>mer <strong>en</strong> véritable déliceculinaire.Certains auteurs p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t que le THC du cannabis était àl’origine d’une baisse du taux de glycémie stimulant ainsil’appétit. Une étude conduite il y a plus de cinquante ans auprèsde 62 volontaires, a montré que le cannabis n’influ<strong>en</strong>çait pas demanière significative, le taux de glycémie (All<strong>en</strong>tuck, 1944).Parmi les personnes testées, 18 personnes n’ont <strong>en</strong>registréqu’une faible baisse du taux de glycémie, 36 une légèreaugm<strong>en</strong>tation et 8 autres aucune variation. Par conséqu<strong>en</strong>t, lemécanisme par lequel le cannabis augm<strong>en</strong>te l’appétit n’est pas<strong>en</strong>core connu avec certitude. Il est néanmoins probable que leTHC agisse au niveau des c<strong>en</strong>tres nerveux régulant le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tde faim et de satiété.Une telle stimulation de l’appétit peut aussi être utilisée dans letraitem<strong>en</strong>t de diverses maladies. Dans le cas de cancers avancés,les besoins énergétiques, tout comme les exig<strong>en</strong>cesmétaboliques, augm<strong>en</strong>tés par la croissance des tumeurs, sontépuisants pour l’organisme. Les malades du sida souffr<strong>en</strong>tplutôt d’un manque d’appétit qui est à l’origine de l’importantamaigrissem<strong>en</strong>t. On parle alors du syndrome d’amaigrissem<strong>en</strong>tlié au sida, ou Aids-Wasting-Syndrom. Chez ces mêmesmalades, on pourra égalem<strong>en</strong>t rechercher l’effet calmant exercépar le THC sur les nausées et les vomissem<strong>en</strong>ts.106


CancersLa première étude clinique sur l’effet stimulateur de l’appétitchez des personnes atteintes d’un cancer a été publiée <strong>en</strong> 1976(Regelson, 1976). Dans cette étude, 54 personnes ont reçu troisfois par jour des doses de 2,5 à 5 mg de THC ou un placebo.Sous l’effet du THC, une prise de poids comprise <strong>en</strong>tre 200 et400 g a été <strong>en</strong>registrée tandis qu’avec le placebo, une perte depoids comprise <strong>en</strong>tre 600 g à 1 000 g a été observée.Au début des années quatre-vingt-dix, plusieurs autres étudesont été m<strong>en</strong>ées auprès de pati<strong>en</strong>ts atteints d’un cancer ou dusida. Dans ces études, les traitem<strong>en</strong>ts à base de THC pour luttercontre la perte de poids ont <strong>en</strong>registré des succès similaires(Beal, 1995 ; Gorter, 1992 ; Plasse, 1991 ; Wadleigh, 1990 etautres). L’effet stimulant sur l’appétit et la prise de poids à undosage quotidi<strong>en</strong> de seulem<strong>en</strong>t 5 mg de THC a égalem<strong>en</strong>t étémis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce. En revanche, une étude d’<strong>en</strong>vergure, conduite<strong>en</strong> Allemagne <strong>en</strong> 2002, a révélé que le traitem<strong>en</strong>t à base deTHC et d’un extrait de cannabis à un dosage de seulem<strong>en</strong>t 2,5mg deux fois par jour, était insuffisant pour faire évoluersignificativem<strong>en</strong>t le poids des pati<strong>en</strong>ts.SidaUne étude m<strong>en</strong>ée p<strong>en</strong>dant six semaines auprès de139 malades du sida a permis d’ét<strong>en</strong>dre les applications duMarinol® (préparation à base de THC autorisée aux États-Unis)pour lutter contre la perte de l’appétit (anorexie) ou la maigreurextrême (cachexie) des pati<strong>en</strong>ts (Beal, 1995). Comparé auplacebo, le Marinol® a stimulé l’appétit et a réduit la perte depoids. De plus, il a atténué les nausées et amélioré le moral desparticipants à l’étude.Une <strong>en</strong>quête m<strong>en</strong>ée par l’<strong>Association</strong> allemande d’aide auxmalades du sida a permis d’étudier 136 autres cas. Sur laquestion de leurs expéri<strong>en</strong>ces personnelles <strong>en</strong> matière deconsommation de cannabis, 55 % des personnes interrogées ontdéclaré avoir une grande expéri<strong>en</strong>ce, 16 % peu d’expéri<strong>en</strong>ce et29 % aucune expéri<strong>en</strong>ce (Barsch, 1996). Parmi les consommateursde cannabis expérim<strong>en</strong>tés, 72 % ont jugé l’effet ducannabis positif, 21 % parfois positif et parfois négatif et107


7 % seulem<strong>en</strong>t négatif. En résumé, les pati<strong>en</strong>ts atteints du sidautilis<strong>en</strong>t surtout du cannabis pour réduire les angoisses et lest<strong>en</strong>sions, pour retrouver de l’appétit et du poids ainsi que pouratténuer les douleurs.Maladie d’AlzheimerEn 1997, une première étude a été publiée sur l’effet duDronabinol sur 15 pati<strong>en</strong>ts atteints de la maladie d’Alzheimer(Volicer, 1997). Il s’agit d’une maladie dégénérative du cerveau<strong>en</strong>traînant une détérioration des facultés cognitives, comme lamémoire et le s<strong>en</strong>s de l’ori<strong>en</strong>tation, et parfois aussi des étatsdépressifs ou d’autres symptômes. Les 15 pati<strong>en</strong>ts choisis pourparticiper à cette étude refusai<strong>en</strong>t tous de se nourrir. Au coursdes six semaines de durée de l’étude, les pati<strong>en</strong>ts ont reçu soitune préparation à base de THC, soit un placebo. Les résultatsglobaux ont révélé une prise de poids plus importante avec leTHC qu’avec le placebo. Les effets secondaires observés ont étéfaibles, compr<strong>en</strong>ant, <strong>en</strong>tre autres, des états euphoriques ou de lafatigue.Une deuxième étude, m<strong>en</strong>ée auprès de 9 pati<strong>en</strong>ts d’unemoy<strong>en</strong>ne d’âge de 83 ans, a obt<strong>en</strong>u des résultats similaires. Ellea été prés<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> mai 2003 lors du Congrès annuel de laSociété américaine de gériatrie. Avant l’étude, tous les pati<strong>en</strong>tsavai<strong>en</strong>t maigri suite à la perte de l’appétit. Après le traitem<strong>en</strong>t àbase de THC, tous avai<strong>en</strong>t repris du poids.Inflammations et allergiesLes actions du THC sur le système immunitaire sontextrêmem<strong>en</strong>t complexes et, à ce sujet, de nombreusesrecherches sont actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cours. En cas d’hyperactivité(ou hypers<strong>en</strong>sibilité) du système immunitaire, les produits issusdu cannabis peuv<strong>en</strong>t jouer le rôle d'antagonistes. Aucune étudeclinique chez l’homme n’est disponible à ce jour. Néanmoins,des témoignages de nombreux pati<strong>en</strong>ts, souffrant de diverstroubles immunologiques et chez qui les traitem<strong>en</strong>ts à base deTHC ont été bénéfiques, similaires à ceux observés dans larecherche fondam<strong>en</strong>tale, sont prés<strong>en</strong>tés dans ce chapitre. Parmices troubles figur<strong>en</strong>t l’asthme, la polyarthrite, la colite108


ulcéreuse, la maladie de Crohn, les allergies aux poussièresdomestiques, le rhume des foins et la neurodermite. À cetteliste, il faut ajouter la sclérose <strong>en</strong> plaques, du fait de l’action ducannabis sur le ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t du processus inflammatoire de lamaladie.InflammationsLe professeur Grinspoon de l’université de Harvard arapporté <strong>en</strong> 1994 le cas d’une pati<strong>en</strong>te atteinte de la maladie deCrohn. Le cannabis , <strong>en</strong> plus d’un effet calmant sur les douleursabdominales, a égalem<strong>en</strong>t permis de réduire la posologie dutraitem<strong>en</strong>t anti-inflammatoire.La maladie de Crohn, tout comme la colite ulcéreuse, consiste<strong>en</strong> une inflammation chronique de l’appareil digestif, dont lacause reste <strong>en</strong>core mal connue. L’inflammation peut porter surn’importe quel organe du système gastro-intestinal. Le plussouv<strong>en</strong>t, elle se localise sur la partie située <strong>en</strong>tre l’intestin grêleet le gros intestin. Des diarrhées fréqu<strong>en</strong>tes, parfois accompagnéesde crampes intestinales, notamm<strong>en</strong>t du côté droit du basv<strong>en</strong>tre,caractéris<strong>en</strong>t cette affection. Après plusieurs années demaladie, la plupart des pati<strong>en</strong>ts développ<strong>en</strong>t des complications,telles que des occlusions et des ulcérations intestinales r<strong>en</strong>dantune interv<strong>en</strong>tion chirurgicale souv<strong>en</strong>t nécessaire. Le traitem<strong>en</strong>thabituel est basé sur des médicam<strong>en</strong>ts anti-inflammatoires, parexemple la cortisone, ainsi que des médicam<strong>en</strong>ts antidiarrhéiques.En 2004, un pati<strong>en</strong>t atteint de la maladie de Crohn a été acquittépar une cours de justice <strong>en</strong> Allemagne. Il est aujourd’huiautorisé à utiliser du cannabis pour traiter ses symptômes. Selonses témoignages, il s’agit pour lui du meilleur médicam<strong>en</strong>t pourréduire les crampes intestinales, ouvrir l’appétit et traiter le fondde son inflammation chronique. En 2002, avec d’autres pati<strong>en</strong>ts,il s’est confié au magazine allemand Stern. Tous les pati<strong>en</strong>tsétai<strong>en</strong>t considérés comme des consommateurs illégaux decannabis.En outre, un traitem<strong>en</strong>t à base de produits issus du cannabispeut égalem<strong>en</strong>t être bénéfique pour les pati<strong>en</strong>ts souffrant decolites ulcéreuses ou d’arthrite (inflammations des articu-109


lations).Les maladies inflammatoires sont très souv<strong>en</strong>t accompagnéesd'autres troubles. « J’avais constamm<strong>en</strong>t la diarrhée, j’étaisdépressif et sans <strong>en</strong>train et je maigrissais l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, maissûrem<strong>en</strong>t. J’avais perdu l’appétit. D’ailleurs, je ne pouvaisavaler quelque chose qu’après avoir consommé du cannabis. Ily avait des jours avec et des jours sans. Chaque matin je medemandais, si j'allais ou non passer toute ma journée auxtoilettes. L’effet le plus spectaculaire du cannabis a été pourmoi celui exercé sur mes intestins. Parfois le matin, je nepouvais même pas rester au lit parce qu’il me fallait aller à laselle tous les quarts d’heure. En revanche, après avoirconsommé du cannabis, je retournais <strong>en</strong>core une fois auxtoilettes et puis j'étais tranquille p<strong>en</strong>dant plusieurs heures.Dans mon cas, le THC est bénéfique pour traiter le colonirritable tout comme les crampes musculaires. Grâce à lui, jepeux me passer des médicam<strong>en</strong>ts antispasmodiques (atropine)qui, de toute façon, n'avai<strong>en</strong>t pas beaucoup d’effets », atémoigné un homme atteint de la maladie de Crohn.J’aimerais <strong>en</strong>core ajouter un autre témoignage. Il m’est parv<strong>en</strong>upar courrier électronique, de la part d’un homme qui a observédes effets positifs du cannabis pour prév<strong>en</strong>ir l’épisclérite, unemaladie inflammatoire des yeux qui cause d’importants désagrém<strong>en</strong>ts.« P<strong>en</strong>dant huit ans, je souffrais d'apparitions de plus<strong>en</strong> plus fréqu<strong>en</strong>tes d’épisclérite. Au début seulem<strong>en</strong>t deux àtrois fois par an, et puis cinq à huit fois. Les deux dernièresannées, les sclérites nécessitai<strong>en</strong>t même des traitem<strong>en</strong>ts à based’ultracort<strong>en</strong>ol à <strong>for</strong>tes doses (une préparation à base decortisone) parce que les gouttes d’antibiotiques ne suffisai<strong>en</strong>tplus. Le traitem<strong>en</strong>t à base du nouveau médicam<strong>en</strong>t miracleallemand, l’ecolicin, (un antibiotique à base d’érythromycine)provoquait même une progression galopante du processusinflammatoire. Aucun médecin n'a réussi à me guérircomplètem<strong>en</strong>t. Je représ<strong>en</strong>te le type même du sujet atopique :allergies à divers poll<strong>en</strong>s, acari<strong>en</strong>s et moisissures, eczémaséborrhéique et crises d’asthme de faible int<strong>en</strong>sité. Lesophtalmologistes étai<strong>en</strong>t à bout de leur sci<strong>en</strong>ce. L’hémogramm<strong>en</strong>e donnait aucune indication médicale supplém<strong>en</strong>taire pour110


expliquer mon cas. Pareillem<strong>en</strong>t pour les médecins généralistes.J’ai donc <strong>en</strong>trepris des recherches approfondies surinternet où j’ai appris que le cannabis a aidé plusieurspersonnes atopiques à soulager leurs problèmes de santé. J'aidécidé de l'essayer égalem<strong>en</strong>t. Depuis maint<strong>en</strong>ant exactem<strong>en</strong>tdeux ans, je n'ai plus eu d'épisclérite. Je fume du cannabis unefois par semaine, bi<strong>en</strong> que je p<strong>en</strong>se qu’une cigarette tous lesquinze jours serait suffisante. Une fois, j’ai arrêté maconsommation de cannabis p<strong>en</strong>dant trois mois et l’inflammationdes yeux est apparue de nouveau. Mais cette fois, j’ai pustopper rapidem<strong>en</strong>t le processus inflammatoire <strong>en</strong> fumant unecigarette de cannabis et <strong>en</strong> appliquant p<strong>en</strong>dant toute unejournée des gouttes d’inflaneran ».Dans les années soixante-dix et quatre-vingts, les propriétésanti-inflammatoires du THC et des produits extraits du cannabisont été expérim<strong>en</strong>tées sur les animaux. En 1973, Sofia et al. ontété les premiers à découvrir que, dans un modèle animal, leTHC réduisait les réactions inflammatoires de cinq substancessur onze testées (Sofia, 1973). Globalem<strong>en</strong>t, le THC n’a pasobt<strong>en</strong>u autant de bons résultats que les deux autres substancesanti-inflammatoires (aspirine et cortisone). Par contre, danscertaines <strong>for</strong>mes d’inflammations, le THC a été plus efficaceque l’aspirine et dans un cas a montré des résultats équival<strong>en</strong>ts àla cortisone.Beaucoup d’études expérim<strong>en</strong>tales ont démontré le pot<strong>en</strong>tielanti-inflammatoire des cannabinoïdes. Des recherches ont <strong>en</strong>effet démontré que le THC exerce une influ<strong>en</strong>ce sur laconc<strong>en</strong>tration des cytokines. Les cytokines sont des médiateursintercellulaires sécrétés par des leucocytes spécifiques, leslymphocytes T. Elles jou<strong>en</strong>t le rôle de messagers du systèmeimmunitaire dans le cas de certaines réactions allergiques etinflammatoires (Melamde, 2001). Le THC réduit la quantité deces cytokines pro-inflammatoires, tels que le TNF-alpha etl’interféron-gamma <strong>en</strong> bloquant une sécrétion anormalem<strong>en</strong>timportante de la part des lymphocytes-T. Un taux tropimportant de ces cytokines est observé lors d’arthrites rhumatoïdeset d’inflammations intestinales chroniques comme lacolite ulcéreuse et la maladie de Crohn. Il contribue ainsi au111


développem<strong>en</strong>t du processus inflammatoire. Comme il a déjàété souligné, le nombre de récepteurs cannabinoïdes augm<strong>en</strong>tedavantage dans un intestin <strong>en</strong>flammé que dans un intestin sain,afin de prés<strong>en</strong>ter plus de sites de liaison aux cannabinoïdes.Des propriétés anti-inflammatoires du THC-COOH, l’un desprincipaux métabolites du THC, ont égalem<strong>en</strong>t été mises <strong>en</strong>évid<strong>en</strong>ce (Burstein, 2001). Son mécanisme d’action ressemble àcelui de l’aspirine. Il bloque une <strong>en</strong>zyme appeléecyclooxygénase. Toutefois, l’action du THC-COOH est plusspécifique du fait qu’il n’inhibe pas toutes les <strong>for</strong>mes decyclooxygénases, mais uniquem<strong>en</strong>t celles qui provoqu<strong>en</strong>tl’inflammation. C’est la raison pour laquelle le THC-COOHn’<strong>en</strong>traîne pas les effets secondaires connus de l’aspirine, àsavoir des lésions intestinales pouvant aller jusqu’auxsaignem<strong>en</strong>ts. Le THC est trans<strong>for</strong>mé <strong>en</strong> THC-COOH dans lefoie. Celui-ci est donc un produit de dégradation biochimiquedu THC dont les traces peuv<strong>en</strong>t être retrouvées dans l’urineaprès consommation de cannabis ou de THC. Des essaiscliniques avec un produit de synthèse dérivé du THC-COOH,appelé CT-3 ou acide ajulémique, ont montré que cettesubstance réduit les inflammations et les douleurs chez despati<strong>en</strong>ts atteints d’arthrite (Karst, 2003).À ce jour, il n’est pas <strong>en</strong>core prouvé que le THC ou d’autrescannabinoïdes puiss<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t offrir des bénéfices dans lestraitem<strong>en</strong>ts du processus inflammatoire chronique de la SEP.Actuellem<strong>en</strong>t (2009) une étude d’<strong>en</strong>vergure sur trois ans est <strong>en</strong>cours <strong>en</strong> Angleterre pour évaluer l’influ<strong>en</strong>ce du THC surl’évolution de la maladie. Dans deux études m<strong>en</strong>ées <strong>en</strong> 2003 surle modèle animal de la SEP, l’effet des cannabinoïdes a étéétudié par rapport à l’activité inflammatoire et aux dysfonctionnem<strong>en</strong>tsneurologiques. Un groupe de travail espagnola montré que, sur des animaux, plusieurs cannabinoïdessynthétiques, prés<strong>en</strong>tant des effets <strong>en</strong> partie similaires à ceux duTHC, réduis<strong>en</strong>t l’activité inflammatoire et les dysfonctionnem<strong>en</strong>tsneurologiques à long terme (Arevalo-Martin, 2003).Un autre groupe de chercheurs de Chicago a rapporté uneréduction des troubles neurologiques parallèlem<strong>en</strong>t à une baissedu nombre de cytokines pro-inflammatoires, tels que les TNF-112


alpha, les interleukine-1-beta et les interleukine-6 obt<strong>en</strong>ue grâceaux cannabinoïdes (Crox<strong>for</strong>d, 2003).L’un des modèles animal de la sclérose <strong>en</strong> plaques estl’<strong>en</strong>céphalomyélite allergique expérim<strong>en</strong>tale (EAE). En 1989,Lyman et al. ont publié une étude conduite sur des rats chez quia été introduite artificiellem<strong>en</strong>t l’EAE. Ces animaux ont reçu duTHC soit peu avant, soit peu après l’incubation de la maladie.Tous les animaux du groupe témoin ont développé, dans les dixà douze jours après l’incubation, une EAE sévère et 98 %d’<strong>en</strong>tre eux <strong>en</strong> sont morts <strong>en</strong> l’espace de deux semaines. Parcontre, les rats qui ont reçu un traitem<strong>en</strong>t à base de THC ontmontré peu, voire aucun symptôme d’EAE et 95 % d’<strong>en</strong>tre euxont survécu aux tests. Plusieurs années après cette étude, uneautre équipe de chercheurs a répété le protocole avec du delta-8-THC et a obt<strong>en</strong>u des résultats similaires (Wirguin, 1994).Toutefois, il est <strong>en</strong>core trop tôt pour savoir si les résultats issusdu modèle animal peuv<strong>en</strong>t s’appliquer à la <strong>for</strong>me humaine de lasclérose <strong>en</strong> plaques. Pour l’instant, mieux vaut rester prud<strong>en</strong>t <strong>en</strong>ce qui concerne les att<strong>en</strong>tes dans ce cas particulier.AllergiesDe nombreux pati<strong>en</strong>ts m’ont fait part de leurs expéri<strong>en</strong>cespositives avec des produits issus du cannabis pour traiterdiverses allergies, comme les allergies aux poussières domestiques.En cas d’allergies, les symptômes sont généralem<strong>en</strong>t plusmarqués le soir ou p<strong>en</strong>dant la nuit, lorsque le taux naturel decortisone est au plus bas de la journée. D’après les témoignages,quelques bouffées d’une cigarette de cannabis suffirai<strong>en</strong>t pouréviter ces symptômes.En janvier 2003, une étude conduite à l’université du Michigansur des souris a démontré que les deux cannabinoïdes, le THCet le cannabinol (CBN), réduisai<strong>en</strong>t la réaction allergique desanimaux, s<strong>en</strong>sibilisés préalablem<strong>en</strong>t à une substance à based’albumine. Les sci<strong>en</strong>tifiques, de manière contrôlée, ontprovoqué chez ces animaux une réaction pro-allergique à uneprotéine avant de les vaporiser avec cette même substance. Lessouris ont réagi dans les vingt-quatre heures par une importanteaugm<strong>en</strong>tation du nombre de cytokines pro-allergiques dans les113


poumons ainsi que par d’autres symptômes allergiques commeun taux élevé d’immunoglobuline E (IgE) dans le sang et dansle mucus des poumons. L’<strong>en</strong>semble de ces symptômesinflammatoires a donc pu être réduit significativem<strong>en</strong>t par leTHC et le CBN. « Les cannabinoïdes offr<strong>en</strong>t un pot<strong>en</strong>tielthérapeutique dans le traitem<strong>en</strong>t des affections respiratoiresd’origine allergique à cause de l’action antagoniste del’expression anormale de cytokines par les lymphocytes T et àl’inhibition du processus inflammatoire associé », ont conclules chercheurs dans une revue sci<strong>en</strong>tifique.D’après une étude réalisée par des chercheurs de l’université deBonn (Allemagne) sur des animaux, l’application d’unepommade cont<strong>en</strong>ant du THC est capable de réduire les réactionsallergiques de la peau. Le rôle des <strong>en</strong>docannabinoïdes s’estavéré être important dans le processus inflammatoire.L’augm<strong>en</strong>tation du niveau d’<strong>en</strong>docannabinoïdes réduit lesréactions inflammatoires alors que l’abs<strong>en</strong>ce de récepteurscannabinoïdes les augm<strong>en</strong>te (Karsak, 2007).Dans le traitem<strong>en</strong>t des affections des voies respiratoires, lespropriétés antiallergiques du THC peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>terd'autres effets thérapeutiques. Ainsi, l’effet broncho-dilatateurdu THC a eu du succès dans une étude clinique chez un certainnombre d'asthmatiques. Il existe une autre action thérapeutiquedu THC, qui, pour l’instant, n’a pu être prouvée que sur desanimaux, mais qui mérite un certain intérêt. En effet, une étudeconduite <strong>en</strong> 2000 a démontré que les cannabinoïdes <strong>en</strong>dogènesempêch<strong>en</strong>t la toux et les contractions douloureuses au niveaudes voies respiratoires (Calignano, 2000). Les <strong>en</strong>docannabinoïdesont exercé un effet relaxant sur les muscles à chaque foisque ceux-ci se contractai<strong>en</strong>t sous l’effet du stimulus capsaïcine.DémangeaisonsDivers troubles peuv<strong>en</strong>t causer des démangeaisons, <strong>en</strong>dehors bi<strong>en</strong> sûr de la prés<strong>en</strong>ce de parasites, tels que des pucesou des acari<strong>en</strong>s. Il s’agit <strong>en</strong>tre autres de neurodermite, dediabète, d’allergies, de maladies du foie ou de leucémie. Dans lecas d’une neurodermite par exemple, l’altération de la peauprovoque les démangeaisons et dans le cas des maladies114


internes, le trouble est causé par des taux anormaux desubstances irritantes dans le sang.Parmi ces substances figure l’acide biliaire, qui, chez lespersonnes <strong>en</strong> bonne santé, est transporté <strong>en</strong> même temps que labile dans les intestins afin de stimuler la digestion. Danscertaines maladies du foie, cet acide passe dans le sang. Ildevi<strong>en</strong>t alors souv<strong>en</strong>t très difficile de traiter ces <strong>for</strong>mes dedémangeaisons.En 2002, une étude conduite à l’université de Floride a eu pourobjet d’étudier l’efficacité du Dronabinol dans le traitem<strong>en</strong>t dedémangeaisons induites par une hépatite choléstatique,jusqu’alors résistantes à tout autre traitem<strong>en</strong>t (Neff, 2002). Pourcette étude, 3 pati<strong>en</strong>ts ont été choisis. Tous avai<strong>en</strong>t déjà suividiffér<strong>en</strong>tes thérapies, notamm<strong>en</strong>t à base de médicam<strong>en</strong>ts,comme la rifampicine, le phénobarbital, la naltrexone, lacholestyramine, la diphénhydramine et la doxépine, ainsi que demultiples lotions, des radiothérapies et des plasmaphérèses(<strong>for</strong>mes d’hémodialyses). Pour ces personnes, les <strong>for</strong>tesdémangeaisons ont causé une détérioration considérable de leurqualité de vie, des insomnies, des dépressions, des idéessuicidaires <strong>en</strong> plus d’une inaptitude au travail. Au début, ils ontreçu un traitem<strong>en</strong>t dosé à 5 mg de THC <strong>en</strong> allant se coucher.Les 3 pati<strong>en</strong>ts ont rapporté une atténuation des démangeaisonset une amélioration considérable de la qualité de leur sommeil.2 pati<strong>en</strong>ts ont égalem<strong>en</strong>t vu disparaître leur état dépressif. Unpati<strong>en</strong>t a remarqué l’apparition de troubles de la coordination.Même après avoir été réduit à un dosage de 2,5 mg deDronabinol, le traitem<strong>en</strong>t est resté efficace. Chez les3 pati<strong>en</strong>ts, l’effet antiprurigineux a duré <strong>en</strong>tre quatre et sixheures. A part des témoignages de pati<strong>en</strong>ts et de médecins, iln’existe aucune étude clinique sur d’autres <strong>for</strong>mes dedémangeaisons. Le professeur Grinspoon a rapporté le cas d’unhomme âgé de 52 ans qui souffrait d’une neurodermiteimportante (Grinspoon, 1994). Sous automédication à base decannabis, ce pati<strong>en</strong>t a pu calmer significativem<strong>en</strong>t sesdémangeaisons et ses symptômes inflammatoires. A chaque foisqu’il arrêtait son traitem<strong>en</strong>t, les symptômes repr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t avec lamême int<strong>en</strong>sité qu’avant le traitem<strong>en</strong>t. Selon d’autres115


témoignages, recueillis par l’<strong>Association</strong> <strong>International</strong>e pour le<strong>Cannabis</strong> Médical (IACM), le cannabis est aussi utilisé avecsuccès dans le traitem<strong>en</strong>t d’autres types de démangeaisons, parexemple chez des malades atteints du sida.Les démangeaisons importantes étant liées à des causes trèsdiffér<strong>en</strong>tes, il est peu probable que les produits issus ducannabis soi<strong>en</strong>t systématiquem<strong>en</strong>t efficaces dans le traitem<strong>en</strong>tde toutes les <strong>for</strong>mes de démangeaisons.Toux et asthmeLe Dronabinol (THC) et d’autres cannabinoïdes psychotropespossèd<strong>en</strong>t des propriétés broncho-dilatatrices. Notamm<strong>en</strong>tdans le traitem<strong>en</strong>t de l’asthme, les préparations à base decannabis se sont assuré une place importante dans lapharmacopée de la médecine occid<strong>en</strong>tale à partir du milieu duXIXe siècle. Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, lescigarettes contre l’asthme, cont<strong>en</strong>ant notamm<strong>en</strong>t des produitsissus du cannabis (appelé à l’époque chanvre indi<strong>en</strong>), étai<strong>en</strong>ttrès largem<strong>en</strong>t utilisées. En Inde, le cannabis est utilisécouramm<strong>en</strong>t depuis de nombreux siècles pour calmer la toux.AsthmeDans les années soixante-dix, des études cliniques ont étéconduites avec du THC et d’autres cannabinoïdes auprèsd’asthmatiques et de sujets bi<strong>en</strong> portants. Dans une de cesétudes, des réactions asthmatiques ainsi que des contractionsdouloureuses des bronches ont été provoquées après inhalationchez huit pati<strong>en</strong>ts (Tashkin, 1975). Dans les dix minutes qui ontsuivi l’inhalation de cannabis, les spasmes se sont atténués.Néanmoins, il n’est pas recommandé de fumer du cannabis àcause de son effet irritant sur les muqueuses. En revanche, ilpeut très bi<strong>en</strong> être utilisé par voie orale, par exemple <strong>en</strong> thé oumélangé dans des gâteaux. Puisque dans le traitem<strong>en</strong>t del’asthme, le mécanisme d’action du THC est différ<strong>en</strong>t de celuides remèdes communs, il est tout à fait possible d’associer leTHC à d’autres <strong>for</strong>mes de traitem<strong>en</strong>t. En 1984, une étude arévélé que l’effet thérapeutique reste constant à un dosage de 20mg de THC oral p<strong>en</strong>dant vingt jours. Cela démontre qu’il est116


possible d’administrer le THC même à long terme (Gong,1984).De plus, les actions antiallergiques et anti-inflammatoires duTHC peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t être très bénéfiques dans le traitem<strong>en</strong>tde l’asthme.TouxEn l’an 2000, un groupe de chercheurs a découvert la raisonpour laquelle, chez de nombreuses personnes, le cannabisprovoque la toux tandis que chez d’autres, il la calme <strong>en</strong> mêmetemps qu’il réduit les spasmes douloureux des bronches.Dans un article paru dans le journal sci<strong>en</strong>tifique Nature, il estrelaté que chez des rats et des cochons d’Inde, l’<strong>en</strong>docannabinoïdeanandamide exerce une action calmante sur lesmuscles respiratoires uniquem<strong>en</strong>t quand ces derniers ont étépréalablem<strong>en</strong>t contractés par une stimulation à la capsaïcine(Calignano, 2000). En revanche, si les muscles de l’appareilrespiratoire sont initialem<strong>en</strong>t décontractés, l’anandamide peutau contraire provoquer un accès de toux. « Nous p<strong>en</strong>sonspouvoir soigner des toux liées à différ<strong>en</strong>tes causes grâce auxeffets du THC sur les récepteurs cannabinoïdes prés<strong>en</strong>ts dansles voies respiratoires supérieures », a expliqué lors d’uneinterview le professeur Daniele Piomelli, un des chercheurs del’université de Cali<strong>for</strong>nie participant à l’étude. « Cette découverteest fondam<strong>en</strong>tale puisqu’aujourd’hui la plupart destraitem<strong>en</strong>ts habituels se focalis<strong>en</strong>t sur une seule région ducerveau qui est le c<strong>en</strong>tre de la toux et qui réagit au contact dela codéine et d’autres médicam<strong>en</strong>ts similaires ».GlaucomeEn Allemagne, près de trois millions de personnes prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tune pression intraoculaire trop élevée et 800 000 personnessouffr<strong>en</strong>t de glaucome. La fréqu<strong>en</strong>ce d’apparition du glaucomeaugm<strong>en</strong>te avec l’âge : dans la tranche d’âge des plus de 40 ans,<strong>en</strong>viron une personne sur quarante est concernée tandis quechez les plus de 75 ans, il s’agit d’une personne sur quinze. Près117


Amélioration de la capacité respiratoire après inhalation de 100 µg desalbutamol (ligne continue) ou de 200 µg de THC (ligne discontinue).(Reproduction Wiliams et al., Thorax 1976; 31 (6) : 720-723.de 10 % des cécités acquises sont dues à une perte de la vueinduite par le glaucome. En Allemagne, cette maladie est ladeuxième cause de cécité.Les différ<strong>en</strong>ts types de glaucome sont caractérisés par unedégradation l<strong>en</strong>te du nerf optique. Ce processus se déroule defaçon insidieuse et la plupart du temps sans douleur. C’est laraison pour laquelle le glaucome est souv<strong>en</strong>t diagnostiquétardivem<strong>en</strong>t, à un mom<strong>en</strong>t où le nerf optique est déjà <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dommagé et où la fonction visuelle est déjà considérablem<strong>en</strong>tréduite.La dégradation du nerf optique liée au glaucome est souv<strong>en</strong>tcausée par une augm<strong>en</strong>tation de la pression intraoculaire. Chezles sujets sains, cette pression varie <strong>en</strong>tre 10 et 21 mm demercure. Une pression oculaire au-delà de 21 mm de mercureest souv<strong>en</strong>t liée à un dysfonctionnem<strong>en</strong>t de l’élimination duliquide à l’intérieur du globe oculaire. La pression intraoculairepeut atteindre 30 à 40 mm de mercure, voire plus. Cette augm<strong>en</strong>tationpeut se produire de façon progressive, ou plus118


arem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> l’espace de quelques heures seulem<strong>en</strong>t à la suited’une inhibition accrue de l’évacuation du liquide intraoculaire.Dans le deuxième cas, on parlera de crise aigüe de glaucomequi est généralem<strong>en</strong>t accompagnée de <strong>for</strong>tes douleurs au niveaude l’œil. La pression anormalem<strong>en</strong>t élevée est transmise au nerfoptique, via le corps vitré, une masse aqueuse qui estresponsable de la <strong>for</strong>me arrondie de l’œil. Ainsi, une <strong>for</strong>tepression exercée sur le nerf optique peut, à terme, <strong>en</strong>dommagervoire détruire ce dernier.Parmi les personnes atteintes de glaucome, <strong>en</strong>tre 30 et 40 % despati<strong>en</strong>ts prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une lésion du nerf optique sans qu’uneaugm<strong>en</strong>tation anormale de la pression intraoculaire <strong>en</strong> soit lacause. Dans ce cas là, on parlera de glaucome sans t<strong>en</strong>sion, oumaladie de Von Graefe. Pour ce type de glaucome, la véritablecause de la lésion nerveuse reste inconnue. Néanmoins, onsuppose que l’un des facteurs majeurs dans l’expression de cetrouble est une mauvaise circulation sanguine dans les petitsvaisseaux qui alim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le nerf optique <strong>en</strong> oxygène et <strong>en</strong> substancesnutritives.Les traitem<strong>en</strong>ts possibles du glaucome sont les collyres ou uneinterv<strong>en</strong>tion chirurgicale, év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t par laser, afind’améliorer l’évacuation du liquide intraoculaire. Cep<strong>en</strong>dant,les médicam<strong>en</strong>ts ne sont pas toujours tolérés et l’interv<strong>en</strong>tionchirurgicale ne réussit pas systématiquem<strong>en</strong>t. C’est pourquoi,<strong>en</strong> Allemagne, un certain nombre de pati<strong>en</strong>ts atteints deglaucome recherch<strong>en</strong>t les effets positifs du Dronabinol ou ducannabis.En m<strong>en</strong>ant des recherches sur l’effet du cannabis sur l’œil audébut des années soixante-dix, le Dr Robert Hepler et le Dr IraFrank de Los Angeles ont découvert par hasard que l’inhalationde cannabis diminuait la pression intraoculaire. Lors de cesétudes, chez les onze volontaires ayant consommé du cannabis àun dosage de 18 mg de THC, la pression intraoculaire a diminué<strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne de 25 % une heure après l’inhalation (Hepler,1971). Chez deux participants pratiquem<strong>en</strong>t aucunemodification n’a pu être observée, tandis que chez les autres,une diminution significative, pouvant atteindre 45 % a étéconstatée. Par conséqu<strong>en</strong>t, l’action du THC sur la pression119


intraoculaire peut agir différemm<strong>en</strong>t selon les personnes. Ceconstat a déjà été fait dans d’autres applications thérapeutiquesdu cannabis. Je connais personnellem<strong>en</strong>t 2 pati<strong>en</strong>tes chez quil’application d’un dosage de seulem<strong>en</strong>t 5 mg de Dronabinol parjour, depuis plusieurs années, offre un effet thérapeutiqueconsidérable pour réduire une pression intraoculaire trop élevée.Chez d’autres pati<strong>en</strong>ts aucun effet n’a pu être <strong>en</strong>registré, mêmeà un dosage plus important. D’autres essais ont été conduitsavec le THC sous <strong>for</strong>me de collyres, puisque de nombreuxrécepteurs cannabinoïdes se trouv<strong>en</strong>t au niveau des yeux. C’estd’ailleurs au travers de l’application locale par gouttes que l’onpeut empêcher au mieux les effets psychotropes du cannabis. Orle THC, tout comme d’autres cannabinoïdes, n’est pas solublesdans l’eau et il est difficile de trouver un excipi<strong>en</strong>t adapté. Lesessais d’applications locales n’ont pas eu le succès thérapeutiqueescompté. Actuellem<strong>en</strong>t aucun traitem<strong>en</strong>t de ce type n’estdisponible.Des études ont pourtant révélé que le THC réduit la productiondu liquide intraoculaire tout comme il augm<strong>en</strong>te l’écoulem<strong>en</strong>tde ce dernier. En plus de l’effet réducteur de la pressionintraoculaire, les cannabinoïdes offr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t d’autreseffets bénéfiques permettant de préserver la capacité visuelle(Pate, 2001). En effet des récepteurs cannabinoïdes sontlocalisés sur les vaisseaux sanguins. Les cannabinoïdes ont uneffet dilatateur de ces petits vaisseaux permettant ainsi unemeilleure irrigation sanguine. Ils jou<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t le rôle decapteur de radicaux libres et d’antagoniste de la libération deglutamates protégeant ainsi les nerfs (Hampson, 2001). Leglutamate est l’un des neurotransmetteurs libéré <strong>en</strong> grandequantité lors d’une mauvaise circulation sanguine, accompagnéed’un manque d’oxygène et de substances nutritivespouvant conduire à une intoxication de l’organisme, et parconséqu<strong>en</strong>t, à une dégénéresc<strong>en</strong>ce progressive du nerf optique(neurotoxicité). C’est la raison pour laquelle, les cannabinoïdesoffr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t un bénéfice thérapeutique considérable <strong>en</strong> casde glaucome dit sans t<strong>en</strong>sion. Dans ce cas, il est toujoursconseillé de baisser prév<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t la pression intraoculaire,même si elle se situe à un niveau normal.120


Diverses autres maladiesLe cannabis et le Dronabinol sont utilisés avec succès pourtraiter de nombreuses maladies qui n'ont pas été évoquées dansles paragraphes précéd<strong>en</strong>ts. Dans tous les cas, aucune étudeclinique sur l’efficacité des produits issus du cannabis n'estdisponible à ce jour. En revanche, il existe de nombreuxtémoignages écrits, sans négliger pour autant quelquesindications issues de la recherche fondam<strong>en</strong>tale sur les possiblesapplications thérapeutiques du THC. Toutefois, ces indicationsdoiv<strong>en</strong>t être interprétées avec précaution. D’un côté, il peuts’agir de cas isolés et qu’<strong>en</strong> réalité, seulem<strong>en</strong>t peu de pati<strong>en</strong>tsatteints du même trouble pourront bénéficier des mêmes effetspositifs ; de l’autre côté, il ne faut pas négliger ces témoignageset expéri<strong>en</strong>ces. De nombreuses études cliniques ont étéconduites à partir d’expéri<strong>en</strong>ces personnelles et les résultats ontsouv<strong>en</strong>t été confirmés plus tard par d’autres pati<strong>en</strong>ts prés<strong>en</strong>tantla même symptomatologie.En ce qui concerne d’autres maladies, comme le lupusérythémateux ou la sclérose latérale amyotrophique, lessymptômes peuv<strong>en</strong>t varier considérablem<strong>en</strong>t d’un pati<strong>en</strong>t àl'autre. Dans ces cas précis, l’efficacité des produits à base decannabis dép<strong>en</strong>d <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t des symptômes à traiter.HoquetIl y a quelques années, la revue spécialisée Lancet a publiéun article sur un pati<strong>en</strong>t souffrant d’une infection fongique del’œsophage et qui, à la suite d’une interv<strong>en</strong>tion chirurgicale, adéveloppé un hoquet persistant (Gilson, 1998). Le pati<strong>en</strong>t asuivi divers traitem<strong>en</strong>ts médicam<strong>en</strong>teux (chlorpromazine,nifédipine, acide valproïque), qui se sont montrés peu, voire pasdu tout efficaces. L’acupuncture, les sixièmes et neuvièmesjours après l’apparition du hoquet, a permis de faire disparaîtrece dernier p<strong>en</strong>dant une heure. Le huitième jour, le pati<strong>en</strong>t avaitfumé une cigarette de cannabis pour la première fois de sa vie etle hoquet a disparu jusqu’au l<strong>en</strong>demain. Le dixième jour, lepati<strong>en</strong>t a r<strong>en</strong>ouvelé l’expéri<strong>en</strong>ce et le hoquet a aussitôt disparuet n’est jamais réapparu. « Puisque le hoquet réfractaire auxtraitem<strong>en</strong>ts est une maladie rare, il est peu probable qu’un jour121


une étude clinique contrôlée sur l’utilisation du cannabis pourcette pathologie soit m<strong>en</strong>ée. Bi<strong>en</strong> que la législation interdisel’utilisation du cannabis, ce cas devrait permettre de pr<strong>en</strong>dresérieusem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compte le pot<strong>en</strong>tiel thérapeutique des produitsà base de cannabis dans le traitem<strong>en</strong>t du hoquet des personneschez qui tous les autres médicam<strong>en</strong>ts ont pas été inefficaces »,ont conclu Gilson et Busalacchi, les auteurs de l’article.NystagmusDes neurologues d’une clinique de Londres ont rapportédans la revue spécialisée Neurology le cas d’un pati<strong>en</strong>t atteintde sclérose <strong>en</strong> plaques souffrant de nystagmus p<strong>en</strong>dulaire(Schon, 1999). Il s’agit d’un trouble de la motricité des yeux,caractérisé par une succession de mouvem<strong>en</strong>ts involontaires etgénéralem<strong>en</strong>t rythmés, des globes oculaires. De tellesoscillations des yeux handicap<strong>en</strong>t <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t les personnesconcernées. Le pati<strong>en</strong>t cité a remarqué qu’<strong>en</strong> fumant deuxcigarettes de cannabis, les symptômes diminuai<strong>en</strong>t significativem<strong>en</strong>tet que l’effet durait <strong>en</strong>tre quatre et cinq heures. Lesmédecins britanniques ont pu <strong>en</strong>registrer p<strong>en</strong>dant plusieursjours ces effets, notamm<strong>en</strong>t à l’aide d’une caméra vidéo. Grâceaux moy<strong>en</strong>s techniques, ils ont égalem<strong>en</strong>t observé uneamélioration de l’acuité visuelle du pati<strong>en</strong>t. Avec les cigarettesde cannabis, le nystagmus n’a pas disparu, mais l’int<strong>en</strong>sité desmouvem<strong>en</strong>ts oculaires a pu être réduite considérablem<strong>en</strong>t. Enrevanche, un dosage élevé, allant jusqu’à 40 mg de Dronabinolpar jour n’a pas apporté une amélioration plus importante dessymptômes.Acouphène (perception auditive anormale)Je connais personnellem<strong>en</strong>t deux pati<strong>en</strong>ts qui ont pubénéficier des effets des produits à base de cannabis pourtraiter l’acouphène. L’un des deux a indiqué qu’après avoirfumé du cannabis il était débarrassé des perceptions auditivesanormales p<strong>en</strong>dant plus de vingt-quatre heures, c’est-à-dire bi<strong>en</strong>au-delà de la durée de l’effet psychoactif du cannabis. Untroisième pati<strong>en</strong>t, égalem<strong>en</strong>t concerné par ce trouble, m’a<strong>en</strong>voyé <strong>en</strong> novembre 2002 un courrier électronique. « Depuis au122


moins trois ans, je souffre d’acouphène chronique. Fumer ducannabis me donne l’impression que les sifflem<strong>en</strong>ts disparaiss<strong>en</strong>t.De plus, les troubles du sommeil causés par cesdésagrém<strong>en</strong>ts incessants ont égalem<strong>en</strong>t disparus. Auriez-vousplus d’in<strong>for</strong>mations pour confirmer mes suppositions ? »D’autres médecins, intéressés par l'utilisation thérapeutique ducannabis, ont égalem<strong>en</strong>t rapporté quelques succès isolés dans letraitem<strong>en</strong>t des acouphènes. Cette maladie est liée à toute unesérie de facteurs et il est probable que seulem<strong>en</strong>t un petitnombre de pati<strong>en</strong>ts puiss<strong>en</strong>t bénéficier des effets positifs desproduits issus du cannabis.Dans un modèle animal du tinnitus, le nombre de cellulesnerveuses prés<strong>en</strong>tant des récepteurs CB1 est apparu <strong>en</strong> plusfaible quantité dans une région particulière du cerveau (nucleuscochlée v<strong>en</strong>tral). Cette région du cerveau joue un rôle importantdans le processus auditif. Des chercheurs de Nouvelle Zélandeont conclu de leurs résultats que « les récepteurs CB1 dunucléus cochlée peuv<strong>en</strong>t jouer un rôle important dans lesfonctions auditives » et « qu’une sous régulation des récepteursCB1 du nucleus cochlée v<strong>en</strong>tral peut expliquer le développem<strong>en</strong>tdes symptômes de la maladie » (Zh<strong>en</strong>g, 2007).Vision scotopiqueLe Dr Ethan Russo (États-Unis), conjointem<strong>en</strong>t avec descollaborateurs espagnols et marocains, a dirigé une étude surl’effet possible du THC et du cannabis sur l’amélioration de lavision nocturne (Russo, 2003). Cette étude avait été soulevéepar des pêcheurs jamaïcains et marocains qui, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>tles uns des autres, ont témoigné qu’après avoir fumé ducannabis ils pouvai<strong>en</strong>t mieux voir la nuit quand ils pêchai<strong>en</strong>t.L’étude a démontré que le cannabis fumé et le THC, consomméoralem<strong>en</strong>t à un dosage de 2,5 à 20 mg de Dronabinol,améliorai<strong>en</strong>t la capacité visuelle scotopique (vision nocturne)<strong>en</strong> fonction du dosage. Ainsi, les médecins <strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t uneapplication thérapeutique du cannabis pour traiterl’héméralopie, ainsi que d’autres maladies similaires. Un article,paru <strong>en</strong> 1998 dans le magazine Nursing Standard a relaté le casd’un pati<strong>en</strong>t atteint de rétinite pigm<strong>en</strong>taire, une maladie des123


yeux, pour qui l'inhalation de cannabis a considérablem<strong>en</strong>tamélioré la fonction visuelle.Aide à l’accouchem<strong>en</strong>tDe nombreuses civilisations, ainsi que la médecineoccid<strong>en</strong>tale du XIXe siècle, ont reconnu les effets des produitsnaturels issus du cannabis pour activer les contractions lors del’accouchem<strong>en</strong>t. À ce jour, aucune étude clinique n’a étém<strong>en</strong>ée. Toutefois, des résultats remarquables, issus d’essaisdirigés par des sci<strong>en</strong>tifiques de l’université de Floride, ont étéprés<strong>en</strong>tés <strong>en</strong> 2001 lors du Congrès de l’<strong>Association</strong> <strong>International</strong>epour le <strong>Cannabis</strong> Médical (Berkley, 2001). Selon eux,les cannabinoïdes ont d’une part inhibé l'activité vésicale etd’autre part stimulé l’activité utérine.« Peu avant la naissance de mon fils (c’est-à-dire dèsl’apparition régulière des contractions), j’ai comm<strong>en</strong>cé à fumervolontairem<strong>en</strong>t du cannabis. Le travail à l’accou-chem<strong>en</strong>t aduré plus de douze heures. P<strong>en</strong>dant tout ce temps, je n’ai eubesoin d’aucun analgésique. J’ai ainsi vécu la naissance demon fils comme un événem<strong>en</strong>t merveilleux. Le cannabis n’a passupprimé les douleurs, mais il a réduit leur int<strong>en</strong>sité », atémoigné une femme sur les effets antidouleurs descannabinoïdes.CancersDiverses études révèl<strong>en</strong>t l’efficacité du THC et d’autrescannabinoïdes pour ral<strong>en</strong>tir l’évolution de certains cancers.Ainsi, lors d’un test in vitro, les cannabinoïdes ont empêché lareproduction des cellules cancéreuses (Melck, 2000). Dans unessai sur le modèle animal d’une tumeur maligne du cerveau(rats), le glioblastome multi<strong>for</strong>me, le THC a pu guérir<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t un tiers des animaux et allonger considérablem<strong>en</strong>tla durée de vie d’un autre tiers (Galve-Roperh, 2000). Dans cetessai, le THC a été introduit directem<strong>en</strong>t dans la tumeur par unesimple interv<strong>en</strong>tion chirurgicale.On ne sait toujours pas si les résultats obt<strong>en</strong>us chez les animauxpeuv<strong>en</strong>t être généralisables pour l’homme, ou <strong>en</strong> d’autrestermes, si une thérapie anticancéreuse à base de cannabinoïdes124


sera bi<strong>en</strong>tôt disponible. À ce jour, les connaissances pourdéterminer les cancers qui pourrai<strong>en</strong>t répondre à certains typesde traitem<strong>en</strong>t et avec certains dosages, rest<strong>en</strong>t insuffisantes.La première étude clinique avec du THC pour traiter despati<strong>en</strong>ts atteints d’un cancer du cerveau a été m<strong>en</strong>ée à l’hôpitalde Ténériffe, Espagne. Les résultats ont été publiés dans larevue sci<strong>en</strong>tifique British Journal of Cancer <strong>en</strong> 2007. Lespati<strong>en</strong>ts souffrai<strong>en</strong>t de glioblastome, une tumeur du cerveau trèsagressive, contre laquelle toutes les thérapies conv<strong>en</strong>tionnellesavai<strong>en</strong>t échouées (chirurgie et radiothérapie). Le temps desurvie moy<strong>en</strong> des pati<strong>en</strong>ts était de 24 semaines et près de deuxans pour deux d’<strong>en</strong>tre eux. Le THC a été administré directem<strong>en</strong>tdans la tumeur au travers d’un petit cathéter. La dose initiale de20 à 40 mg par jour a été augm<strong>en</strong>tée de 80 à 180 mg par jour.Les pati<strong>en</strong>ts ont été traités de 10 à 64 jours et ce traitem<strong>en</strong>t étaittrès bi<strong>en</strong> toléré. Les tumeurs des neufs pati<strong>en</strong>ts prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t desniveaux de récepteurs CB1 et CB2 différ<strong>en</strong>ts qui ne pur<strong>en</strong>t êtremis <strong>en</strong> corrélation avec la durée de survie. En raison duprotocole de l’étude, il n’a pas été possible de faire decorrélation <strong>en</strong>tre les effets du THC et le temps de survie. Ungroupe témoin de personnes sans traitem<strong>en</strong>t, ou avec untraitem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>t, aurait été nécessaire au protocole. Encomparant les résultats de cette étude avec d’autres études etd’autres traitem<strong>en</strong>ts, un effet bénéfique du THC peut êtresupposé. Les chercheurs ont indiqué que le THC « ne facilitepas le développem<strong>en</strong>t de la tumeur et ne réduit pas le temps desurvie ». Ils suggèr<strong>en</strong>t de m<strong>en</strong>er d’autres études plus approfondiessur les effets des cannabinoïdes, utilisés seuls ou <strong>en</strong>combinaison avec d’autres médicam<strong>en</strong>ts, sur ces tumeurs, ainsique sur d’autres types de tumeurs cancéreuses (Guzman, 2006).Sclérose latérale amyotrophiqueLa sclérose latérale amyotrophique (SLA) est une maladi<strong>en</strong>eurologique caractérisée par la dégénéresc<strong>en</strong>ce musculaire etl’affaiblissem<strong>en</strong>t progressif de l’<strong>en</strong>semble des muscles.Souv<strong>en</strong>t, les personnes concernées ne peuv<strong>en</strong>t plus se déplacer,ni se servir de leurs mains, et parler leur devi<strong>en</strong>t difficile. Dans75 % des cas, l’espérance de vie, suite au diagnostic, ne dépasse125


pas trois à cinq ans. Des personnalités, comme Mao Tsé-tounget l’astrophysici<strong>en</strong> britannique Stev<strong>en</strong> Hawking, par exemple,ont développé cette maladie.Comparée à la sclérose <strong>en</strong> plaques, caractérisée par uneparalysie spastique des muscles, la paralysie de la SLA seprés<strong>en</strong>te dans la plupart des cas par un ramollissem<strong>en</strong>tmusculaire. C’est la raison pour laquelle, le cannabis n’apportegénéralem<strong>en</strong>t pas de bénéfice thérapeutique, à moins que lamaladie ne soit accompagnée de raidissem<strong>en</strong>ts musculaires, despasticité ou de douleurs locomotrices. D’autres symptômespossibles de la SLA peuv<strong>en</strong>t être réduits avec les produits àbase de cannabis comme les difficultés respiratoires, les sécrétionssalivaires trop abondantes, les pertes d’appétit et lestroubles du sommeil. Les effets antispasmodiques, antalgiques,bronchodilatateurs, sur l’appétit et réducteurs de la salivation ducannabis peuv<strong>en</strong>t alors être très utiles. Dans une moindremesure, les produits naturels du cannabis pourrai<strong>en</strong>t aussi êtreappliqués pour lutter contre les causes de la SLA (Carter, 2001).Il semblerait <strong>en</strong> effet que la surproduction des neurotransmetteursglutamates et la sécrétion de radicaux libresjou<strong>en</strong>t un rôle majeur dans la dégénéresc<strong>en</strong>ce des nerfs liée à laSLA. Le cannabis offre justem<strong>en</strong>t des effets inhibiteurs sur laproduction de ces deux substances.HémodilutionPlusieurs cannabinoïdes naturels, comme le CBG et le CBD,et dans une moindre mesure le THC et le CBN, empêch<strong>en</strong>t lacoagulation des plaquettes sanguines (Formukong, 1989). Grâceà cette propriété, il est possible de modifier la viscosité du sanget améliorer la circulation sanguine. Toutefois, l’efficacité resterelativem<strong>en</strong>t faible.Lupus érythémateux multi systémiqueLe lupus érythémateux disséminé (LED), ou multi systémique,figure parmi les maladies auto-immunes les plussévères. Le LED se caractérise par la fixation des complexesauto-immunitaires circulants sur la paroi des vaisseauxsanguins, décl<strong>en</strong>chant ainsi le processus inflammatoire des126


tissus ainsi que d’autres troubles, tels que des lésions cutanéesou des troubles articulaires et rénaux. Les pati<strong>en</strong>ts souffr<strong>en</strong>t deperte d’appétit, d’amaigrissem<strong>en</strong>t, d’affaiblissem<strong>en</strong>t général, defièvre, de dépression et de douleurs. « Après avoir <strong>en</strong>t<strong>en</strong>duparler du cannabis à plusieurs reprises, il y trois ans, j'aidécidé d'essayer pour la première fois. Quand je fume ducannabis, mes douleurs articulaires, musculaires et osseusesdisparaiss<strong>en</strong>t, je veux dire qu’elles sont toujours là, mais ellesdevi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t supportables. De plus, les diarrhées et les crises depanique ont totalem<strong>en</strong>t disparu. Je me s<strong>en</strong>s de nouveau <strong>en</strong><strong>for</strong>me et je peux quitter mon lit. Mes douleurs à l'estomac sesont égalem<strong>en</strong>t atténuées et mon appétit est rev<strong>en</strong>u », écrit unepati<strong>en</strong>te. Un témoignage supplém<strong>en</strong>taire d'un autre pati<strong>en</strong>t LED,qui souffrait égalem<strong>en</strong>t de fréqu<strong>en</strong>ts besoins d'uriner p<strong>en</strong>dant lanuit, a aussi énuméré un grand nombre de symptômes qui ontpu être traités avec succès grâce au cannabis. Ce pati<strong>en</strong>tsouffrait, <strong>en</strong>tre autres, de troubles fonctionnels des reins et de lavessie, l’obligeant à se lever plusieurs fois dans la nuit poururiner. Il explique que le cannabis lui a permis à nouveau dedormir toute la nuit sans devoir se lever.OstéoporoseDes observations réc<strong>en</strong>tes révèl<strong>en</strong>t une stimulation de la<strong>for</strong>mation de matière osseuse par les <strong>en</strong>docannabinoïdes(Mechoulam, 2003). Chez des souris ayant reçu régulièrem<strong>en</strong>tl’<strong>en</strong>docannabinoïde 2-AG, la <strong>for</strong>mation osseuse a augm<strong>en</strong>téproportionnellem<strong>en</strong>t au dosage du traitem<strong>en</strong>t. Pour m<strong>en</strong>er cetessai, des sci<strong>en</strong>tifiques se sont inspirés du fait que la leptinejoue un rôle régulateur, d'une part de l'activité des <strong>en</strong>docannabinoïdessur l'appétit et sur la s<strong>en</strong>sation de faim et, d’autrepart, de l'activité des ostéoblastes, les cellules bâtisseuses des os(Di Marzo, 2001). Pour l’instant, il serait prématuré de concluresi ces observations peuv<strong>en</strong>t valider, à elles seules, uneutilisation future des cannabinoïdes pour prév<strong>en</strong>ir ou traiterl’ostéoporose. La leptine est une protéine quasi antagoniste des<strong>en</strong>docannabinoïdes lors du processus de la <strong>for</strong>mation osseuse oude la faim.127


Troubles respiratoiresL’apnée du sommeil est un trouble respiratoire qui secaractérise par de brefs arrêts de la respiration p<strong>en</strong>dant lesommeil. Ces pauses apnéiques sont presque toujours alternéespar des phases de ronflem<strong>en</strong>ts, bi<strong>en</strong> que les personnes quironfl<strong>en</strong>t ne souffr<strong>en</strong>t pas systématiquem<strong>en</strong>t d’apnée dusommeil. Ces fréqu<strong>en</strong>tes interruptions du sommeil profond etrécupérateur conduis<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t à un état de fatigue marquée aucours de la journée. Elles peuv<strong>en</strong>t parfois être associées à desbattem<strong>en</strong>ts irréguliers du cœur, de l’hypot<strong>en</strong>sion, des crisescardiaques ou des attaques cérébrales.Des chercheurs du C<strong>en</strong>tre des troubles du sommeil et de lav<strong>en</strong>tilation de l’université de Chicago dans l’Illinois ont m<strong>en</strong>édes études sur des animaux (rats) pour suivre les effets du THCet d’un <strong>en</strong>docannabinoïde sur le sommeil, le schéma respiratoireainsi que l’apnée du sommeil (Carley, 2002). Les auteurs desessais ont découvert que les deux cannabinoïdes stabilisai<strong>en</strong>t larespiration p<strong>en</strong>dant toutes les phases du sommeil et réduisai<strong>en</strong>tle phénomène d’apnée. Par conséqu<strong>en</strong>t, les cannabinoïdes<strong>en</strong>dogènes pourrai<strong>en</strong>t jouer un rôle important dans le mainti<strong>en</strong>de la stabilité du sommeil. De plus, la découverte de l’effet duTHC et de l’<strong>en</strong>docannabinoïde sur l’atténuation de l’apnée dusommeil est prometteuse dans la mise au point de nouveauxtraitem<strong>en</strong>ts des troubles du sommeil liés à des difficultésrespiratoires.Accid<strong>en</strong>t vasculaire cérébral (AVC) et traumatisme crâni<strong>en</strong>Les cannabinoïdes bloqu<strong>en</strong>t le processus de dégénéresc<strong>en</strong>cedes cellules nerveuses lors de la phase aigüe d’un accid<strong>en</strong>tvasculaire cérébral (AVC) ou d’un traumatisme crâni<strong>en</strong>. EnAllemagne, chaque année près de 150 000 personnes subiss<strong>en</strong>tde tels accid<strong>en</strong>ts graves. Parmi elles, 50 000 personnes meur<strong>en</strong>tà la suite de l’accid<strong>en</strong>t et 50 000 personnes rest<strong>en</strong>t handicapéesà vie. Les traitem<strong>en</strong>ts médicam<strong>en</strong>teux disponibles à ce jour pourlimiter les effets graves sur la santé n’offr<strong>en</strong>t pas de résultatssatisfaisants. Il faut noter que les heures et les jours qui suiv<strong>en</strong>tl’accid<strong>en</strong>t cérébral sont décisifs quant à l’évolution de lamaladie et aux séquelles.128


La libération excessive de glutamates, les principauxneurotransmetteurs excitateurs, joue un rôle primordial dans ladégénéresc<strong>en</strong>ce des cellules. Les conséqu<strong>en</strong>ces sont, parexemple, la sur-activation des divers récepteurs et la libérationde nombreux <strong>en</strong>zymes. On pourrait même dire que les celluless’activ<strong>en</strong>t à l’extrême. D’autres facteurs, comme le processusinflammatoire et la production de radicaux libres, particip<strong>en</strong>t audéveloppem<strong>en</strong>t de la dégénéresc<strong>en</strong>ce cellulaire. Outre destroubles de la circulation sanguine, accompagnés localem<strong>en</strong>t parun manque d’oxygène et de substances nutritives (par exemplelors d’un AVC), on doit aussi ajouter des réactions <strong>en</strong> chaîneprovoquées par toutes les étiologies aboutissant à une ischémiecérébrale : un arrêt cardiaque, un manque d’oxygène localisé <strong>en</strong>cas d’arrêt respiratoire ou ses équival<strong>en</strong>ts, une lésion cérébraletraumatique.Si des cellules nerveuses <strong>en</strong> culture sont mises <strong>en</strong> contact avecune conc<strong>en</strong>tration élevée de glutamate, les lésions cellulairesprovoquées sont plus importantes que si on y ajoute <strong>en</strong> plus uncannabinoïde comme le CBD ou le THC (Hampson, 2001). Lescannabinoïdes offr<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t un important effet antioxydantcapable de protéger le matériel génétique, les protéineset les membranes cellulaires de la <strong>for</strong>te puissance destructricedes radicaux libres des structures cellulaires ess<strong>en</strong>tielles(Hampson, 2001).Maladies cardio-vasculairesUn autre domaine de recherche sur les cannabinoïdesconcerne les maladies cardio-vasculaires. Des sci<strong>en</strong>tifiques del’université de Würzburg (Allemagne) ont m<strong>en</strong>é des tests surdes rats chez qui un infarctus du myocarde avait été décl<strong>en</strong>ché.Plusieurs symptômes liés à l’insuffisance cardiaque ont pu êtreévités chez ces animaux grâce à l’administration quotidi<strong>en</strong>ned’un cannabinoïde (Wagner, 2003). L’insuffisance cardiaque estune conséqu<strong>en</strong>ce grave possible d’une crise cardiaque oud’autres maladies du cœur. Elle se manifeste lorsque le cœurperd progressivem<strong>en</strong>t sa fonction de pompage. Chez les rats,elle s’est développée <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne au cours des douze semainesqui ont suivi la crise cardiaque. Le traitem<strong>en</strong>t à base de canna-129


inoïdes, après un infarctus du myocarde, a empêché une chutede la t<strong>en</strong>sion artérielle ainsi qu’un dysfonctionnem<strong>en</strong>t desartères (dysfonctionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>dothélial). En parallèle, cetraitem<strong>en</strong>t a augm<strong>en</strong>té la pression de remplissage du v<strong>en</strong>triculegauche, qui, si elle reste trop faible, peut avoir à long terme desconséqu<strong>en</strong>ces néfastes sur la santé. « En conclusion, le système<strong>en</strong>docannabinoïde et les cannabinoïdes peuv<strong>en</strong>t être utiles dansla perspective d’une thérapie après un infarctus du myocarde »,a-t-il été conclu dans un article paru dans le British Journal ofPharmacology au sujet de l’étude m<strong>en</strong>ée par les chercheurs deWürzburg.Des chercheurs anglais et américains travaill<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t surdes substances pouvant être utilisées à des fins thérapeutiques etqui influ<strong>en</strong>cerai<strong>en</strong>t le système cannabinoïde naturel pour traiterles maladies cardio-vasculaires. Un domaine prometteurconcerne l’usage des cannabinoïdes dans le traitem<strong>en</strong>t del’hypert<strong>en</strong>sion. D’après une étude m<strong>en</strong>ée à l’université deNottingham, Angleterre, publiée <strong>en</strong> 2009, l’<strong>en</strong>docannabinoïdeanandamide et un cannabinoïde synthétique (WIN55,212-2) ontréduit l’hypert<strong>en</strong>sion chez des rats hypert<strong>en</strong>dus artificiellem<strong>en</strong>tpar l’administration d’une substance nocive. Ces effets ont étéassociés à une vasodilatation des artères. Chez les rats normaux,les cannabinoïdes n’ont provoqué aucune de baisse de t<strong>en</strong>sionartérielle (Ho, 2009).Un membre de l’<strong>Association</strong> pour le <strong>Cannabis</strong> Médical, qui ad’abord fait l’expéri<strong>en</strong>ce des effets antalgiques du cannabis, atémoigné à ce sujet. « Depuis <strong>en</strong>viron dix ans, je consomme ducannabis pour lutter contre les douleurs au niveau desarticulations talo-calcané<strong>en</strong>nes (articulatio talocalcanea) et dug<strong>en</strong>ou. Après avoir observé une atténuation de mes douleurs,j’ai arrêté le cannabis p<strong>en</strong>dant plus d’un an. Une t<strong>en</strong>sionartérielle supérieure à la normale m’a alors été diagnostiquée.J’avais fréquemm<strong>en</strong>t 27/16 de t<strong>en</strong>sion. Malgré de nombreuxtraitem<strong>en</strong>ts conv<strong>en</strong>tionnels (ebrantil, cynt, beloc, nebilet, delix,norvasc) ainsi qu’un régime alim<strong>en</strong>taire adapté, ma t<strong>en</strong>sionrestait toujours élevée à 16/10. C’est alors que j’ai recomm<strong>en</strong>céà consommer du cannabis. Je le fume, j’<strong>en</strong> fais du thé et, detemps <strong>en</strong> temps, je le mélange aux ingrédi<strong>en</strong>ts quand je130


confectionne des gâteaux. Grâce aux effets du cannabis, mat<strong>en</strong>sion s’est stabilisée à 13,5/7,5. Je mes s<strong>en</strong>s de nouveau bi<strong>en</strong>et hormis quelques restrictions, j’ai pu repr<strong>en</strong>dre le travail.Quant aux traitem<strong>en</strong>ts médicam<strong>en</strong>teux, j’ai pu réduireconsidérablem<strong>en</strong>t les doses depuis, et je suis persuadé que dansquelques temps, je n’<strong>en</strong> aurai plus besoin du tout ».En règle générale, la prud<strong>en</strong>ce est de mise face à destémoignages comme celui-ci puisqu’il n’est pas exclu qu’uneréelle baisse de la t<strong>en</strong>sion aurait pu se produire sansconsommation de cannabis. Des études futures nous diront siles cannabinoïdes représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une alternative thérapeutiqueintéressante dans le domaine des maladies cardio-vasculaires.131


Effets secondairesLes effets thérapeutiques du cannabis ne sont pas ciblés maisaffecte l’<strong>en</strong>semble de l’organisme. Cela signifie que l’effetrecherché dans un cas, peut être considéré comme étantindésirable dans un autre cas. Par exemple, une personne quirecherche uniquem<strong>en</strong>t l’effet relaxant sur les muscles, sansvouloir pr<strong>en</strong>dre du poids, peut ress<strong>en</strong>tir l’effet stimulateur surl’appétit comme un effet secondaire. Dans d’autres cas, lespropriétés sédatives ou modificatrices de l’humeur peuv<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>ter des effets indésirables. C’est ce qui seproduit souv<strong>en</strong>t lorsque des doses élevées de cannabis sontnécessaires pour obt<strong>en</strong>ir les effets thérapeutiques recherchés. Ildevi<strong>en</strong>t alors indisp<strong>en</strong>sable d’évaluer chaque dosageindividuellem<strong>en</strong>t, au moy<strong>en</strong> d'essais, afin de définir lecompromis le mieux adapté pour le pati<strong>en</strong>t.« Le cannabis n’est pas une substance <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t bénigne.C’est un médicam<strong>en</strong>t puissant qui offre un large spectred’effets. Cep<strong>en</strong>dant, à l’exception des effets négatifs associésaux produits de combustion, les effets secondaires indésirablesdu cannabis rest<strong>en</strong>t comparables aux effets tolérés d'autresmédicam<strong>en</strong>ts », a déclaré <strong>en</strong> 1999 l’Institut de <strong>Médecine</strong> desÉtats-Unis sur le pot<strong>en</strong>tiel des effets secondaires du cannabis.Cet avis est aujourd’hui largem<strong>en</strong>t partagé et explique que lecannabis n’est effectivem<strong>en</strong>t ni très dangereux, ni complètem<strong>en</strong>tinoff<strong>en</strong>sif pour la santé.Le principal avantage d’un traitem<strong>en</strong>t à base de cannabis est sagrande sécurité. Selon des estimations issues de tests suranimaux, le rapport dose létale/dose thérapeutique par voieorale est de 20 000/1 et au minimum 1000/1. Néanmoins, lecannabis est déconseillé chez des personnes souffrant detroubles cardiaques, à cause de son action sur le système cardiovasculairequi peut provoquer une accélération du rythmecardiaque ou une baisse de la t<strong>en</strong>sion artérielle. Si ces personnesdésir<strong>en</strong>t utiliser les produits issus du cannabis, il estindisp<strong>en</strong>sable qu’elles pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t toutes les précautions nécessaireset qu’elles comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t le traitem<strong>en</strong>t à un dosage trèsfaible <strong>en</strong> ne l’augm<strong>en</strong>tant <strong>en</strong>suite que progressivem<strong>en</strong>t afin132


d’éviter au maximum d’év<strong>en</strong>tuels effets secondaires indésirables.Le cannabis offre l’avantage de ne pas troubler le fonctionnem<strong>en</strong>tphysiologique de l’organisme et de ne pas léser lesorganes internes, à condition que le dosage soit modéré. Unepersonne qui ne manifeste pas immédiatem<strong>en</strong>t une intoléranceaux produits issus du cannabis ne court aucun risque de santémême lors d’un traitem<strong>en</strong>t sur plusieurs années.Risques liés au cannabisLe niveau de tolérance au cannabis à long terme estdémontré ici au moy<strong>en</strong> d’un exemple issu de d’expérim<strong>en</strong>tationssur des animaux. Au début des années quatre-vingtdix,des sci<strong>en</strong>tifiques américains ont conduit des tests sur desrats. P<strong>en</strong>dant deux années, les animaux ont reçu quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t50 mg de THC par kg de masse corporelle, ce quicorrespond à un dosage très élevé (équival<strong>en</strong>t à 3500 mg deTHC par jour pour une personne de 70 kg). À la fin des tests, ladurée de vie était considérablem<strong>en</strong>t plus élevé chez les animauxtraités avec du THC (taux de survie de 70 %) que chez lesanimaux non traités (45 %). Le taux de survie plus élevé desanimaux traités au THC a surtout été expliqué par un plus faibletaux de cancers. Cette étude a été le point de départ despremières recherches sur les propriétés anti-cancérigènes descannabinoïdes.Dans des études épidémiologiques chez l’homme, aucunerelation <strong>en</strong>tre une importante consommation de cannabis et untaux de mortalité plus élevé n’a pu être mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce à cejour. Cela signifie que les gros consommateurs de cannabisprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la même espérance de vie que les non consommateurs.Entre 1999 et 2001, l’<strong>Association</strong> allemande pour le <strong>Cannabis</strong>Médical a m<strong>en</strong>é auprès d’utilisateurs deux <strong>en</strong>quêtes sur leseffets secondaires des traitem<strong>en</strong>ts à base de Dronabinol ou deproduits naturels de cannabis auprès d'utilisateurs. 70 %(75 % <strong>en</strong> 2001) des pati<strong>en</strong>ts interrogés ont déclaré n’avoirobservé aucun effet secondaire, 20 % (25 % <strong>en</strong> 2001) ont parléd’effets secondaires moy<strong>en</strong>s et 1 % (3 % <strong>en</strong> 2001) d’effets133


secondaires importants. Quant à la question sur l’int<strong>en</strong>sité dusyndrome de sevrage, les résultats de l’<strong>en</strong>quête sontpratiquem<strong>en</strong>t similaires.Effets secondaires aigusLes effets secondaires aigus du cannabis concern<strong>en</strong>tprincipalem<strong>en</strong>t le psychisme et les facultés intellectuelles despersonnes. Quant aux effets physiques aigus, ils touch<strong>en</strong>tsurtout le système cardio-vasculaire.Effets psychoactifsLes consommateurs de cannabis récréatifs, <strong>en</strong> bonne santé,recherch<strong>en</strong>t <strong>en</strong> premier lieu des effets psychoactifs agréables.Les effets psychotropes du cannabis sont généralem<strong>en</strong>t décritscomme des expéri<strong>en</strong>ces relaxantes accompagnées d’une légèreeuphorie (high), de bi<strong>en</strong>-être, d’un état proche de celui du rêve,de modifications de la perception temporelle avec l’impressionque le temps dure plus longtemps, d’associations d’idées parfoisassociées à des troubles de la mémoire à court terme et deperceptions s<strong>en</strong>sorielles accrues. Or, surtout suite à un dosageélevé de cannabis, il n’est pas rare que des effets désagréablesse produis<strong>en</strong>t, tels que des peurs et de l’anxiété pouvant parfoisprovoquer des crises de panique. Des phases de grand bi<strong>en</strong>-êtrepeuv<strong>en</strong>t succéder à des phases de <strong>for</strong>t mal-être. Certains consommateurstémoign<strong>en</strong>t d’effets de fatigue et de sommeil,tandis que d’autres rapport<strong>en</strong>t des effets stimulants.Le cannabis et le THC provoqu<strong>en</strong>t des troubles de la mémoire,de l’att<strong>en</strong>tion, de la réactivité, de la motricité fine et de lacoordination locomotrice, diminuant ainsi considérablem<strong>en</strong>t lacapacité d’effectuer un travail physique complexe, commeconduire un véhicule ou effectuer des tâches nécessitant unimportant ef<strong>for</strong>t intellectuel.Effets secondaires physiquesParmi les possibles effets secondaires physiques aigusfigur<strong>en</strong>t la réduction de la salivation accompagnée de s<strong>en</strong>sationsde bouche et de gorge sèches, l’accélération du rythmecardiaque, le rougissem<strong>en</strong>t des yeux et la baisse de la t<strong>en</strong>sion134


artérielle <strong>en</strong> position debout. Cette dernière peut égalem<strong>en</strong>tprovoquer des s<strong>en</strong>sations de vertige pouvant être réduites <strong>en</strong>s’allongeant. L'accélération du rythme cardiaque et la baisse dela t<strong>en</strong>sion artérielle peuv<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>ter des effets dangereuxpour des personnes souffrant de troubles cardiaques graves. Uneatt<strong>en</strong>tion toute particulière doit être apportée à ces personnes sielles consomm<strong>en</strong>t du cannabis.La plupart des pati<strong>en</strong>ts qui utilis<strong>en</strong>t du cannabis ne ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tpas, ou peu, l’effet sur la circulation sanguine car les dosagesutilisés habituellem<strong>en</strong>t pour les applications thérapeutiques nemodifi<strong>en</strong>t que très légèrem<strong>en</strong>t la t<strong>en</strong>sion artérielle et le pouls.De plus, l’organisme s’adapte rapidem<strong>en</strong>t et crée généralem<strong>en</strong>tun phénomène de tolérance aux effets cardio-vasculaires <strong>en</strong>quelques jours seulem<strong>en</strong>t. Ainsi, <strong>en</strong> cas d’usage régulier, il estpossible d’observer un rythme cardiaque plutôt l<strong>en</strong>t. Lesapparitions de céphalées, de nausées ou de vomissem<strong>en</strong>ts sonttrès rares.Effets secondaires à long termeDe nombreux effets sur le système immunitaire, leshormones, les voies respiratoires, le psychisme et la faculté dep<strong>en</strong>ser ont déjà été décrits. Des effets nocifs sur les voiesrespiratoires apparaiss<strong>en</strong>t uniquem<strong>en</strong>t si des cigarettes decannabis sont fumées. Les effets indésirables sur le systèmeimmunitaire et hormonal sont minimes.Risques associés à la fumée de combustionLe risque majeur d’apparition d’év<strong>en</strong>tuels troubles chroniquesn’est pas lié au cannabis <strong>en</strong> lui même, mais à la manièredont il est consommé de nos jours, sous <strong>for</strong>me de cigarettesappelées joints. Les produits de combustion qui résult<strong>en</strong>t dumatériel végétal brûlé, qu’il s’agisse de tabac ou de cannabis,sont susceptibles d’<strong>en</strong>dommager les muqueuses. C’est ainsiqu’une toux chronique, voire un cancer, peut se développer. Aucours du XIXe siècle, l’utilisation médicale du cannabis, demême que son usage récréatif, consistait principalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> uneabsorption par voie orale, sous <strong>for</strong>me de teinture par exemple.Lorsqu’on veut évaluer les risques du cannabis pour la santé, il135


est ess<strong>en</strong>tiel de faire la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre les composantsvégétaux et leurs produits de combustion. Bi<strong>en</strong> qu'à ce jour lesconséqu<strong>en</strong>ces de la consommation de cannabis fumé sur lasanté ne soi<strong>en</strong>t pas suffisamm<strong>en</strong>t connues, il faut considérer quela fumée de cannabis est aussi nocive pour la santé que celle dutabac. Selon la méthode utilisée par le consommateur (avec ousans filtre, <strong>en</strong> gardant la fumée plus ou moins longtemps dansles poumons), une cigarette de cannabis équivaudrait à quatrecigarettes de tabac. Un grand consommateur de cannabis, quifume tous les jours cinq joints, est alors exposé aux mêmesrisques pour la santé que le consommateur de tabac qui fume unpaquet de cigarettes par jour. Néanmoins, jusqu’à aujourd’huiaucune étude ne démontre que le cannabis fumé augm<strong>en</strong>te lerisque de cancer. En 2005, la plus vaste étude jamais réalisée aporté sur 611 pati<strong>en</strong>ts atteints d’un cancer du poumon,601 atteints d’un cancer de la tête ou du cou, et 1040volontaires <strong>en</strong> bonne santé. Les résultats n’indiqu<strong>en</strong>t pasd’augm<strong>en</strong>tation du risque de cancer du poumon après un usageprolongé de cannabis. Le Dr Donald Tashkin de l’université deCali<strong>for</strong>nie, Los Angeles, a déclaré au magazine Sci<strong>en</strong>tificAmerican : « Nous p<strong>en</strong>sions trouver chez les gros usagés decannabis, ayant consommé <strong>en</strong>tre 500 et 1000 joints, uneaugm<strong>en</strong>tation du risque de cancer réduisant leur espérance devie de quelques années à plusieurs dizaines d’années ». Lessci<strong>en</strong>tifiques ont noté que même les personnes qui avai<strong>en</strong>t fuméplus de 20 000 cigarettes de cannabis dans leur vie neprés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t pas d’augm<strong>en</strong>tation de risque de développer uncancer du poumon (Hashibe, 2006).Psychisme et facultés intellectuellesDes études très précises montr<strong>en</strong>t que le cannabis peutdécl<strong>en</strong>cher une schizophrénie, ou psychose schizophrénique,chez des personnes prédisposées à ce type de trouble. Ellessuggèr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t que les adolesc<strong>en</strong>ts sont plus particulièrem<strong>en</strong>tconcernés. La consommation de cannabis peutaggraver l’évolution de la schizophrénie.En parallèle, il faut égalem<strong>en</strong>t évaluer dans quelle mesure uncertain nombre de troubles psychologiques comme la136


dépression, la peur, l’apathie et le repli sur soi, prés<strong>en</strong>ts chezdes consommateurs réguliers de cannabis, représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t desconséqu<strong>en</strong>ces de leur consommation , des symptômes concomitantsà d’autres troubles, ou plutôt une <strong>for</strong>me d’automédication.Des résultats issus de recherches dans le domaine de laneuropsychologie ont fourni des indications sur les personnesconsommant du cannabis de manière int<strong>en</strong>sive et régulière etqui, <strong>en</strong> fonction de la durée ou de l’int<strong>en</strong>sité de la consommation,prés<strong>en</strong>terai<strong>en</strong>t de légers troubles de la mémoire, del’att<strong>en</strong>tion et de la faculté d’organiser des in<strong>for</strong>mationscomplexes. Plusieurs études ont révélé qu’après trois à quatresemaines d’arrêt de cannabis, les facultés intellectuellesredev<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t normales. En revanche il peut <strong>en</strong> êtredifféremm<strong>en</strong>t chez les <strong>en</strong>fants et les adolesc<strong>en</strong>ts pour qui leseffets du cannabis peuv<strong>en</strong>t durer plus longtemps.Développem<strong>en</strong>t d’une toléranceLe développem<strong>en</strong>t d’une tolérance a été observé et décritpour l’<strong>en</strong>semble des effets du cannabis, incluant les effetsphysiques comme la tachycardie, psychiques et thérapeutiques.Le développem<strong>en</strong>t d’une tolérance signifie une baisse del’int<strong>en</strong>sité des effets d’une substance lorsque son dosage resteinchangé dans la durée. C’est donc la réponse du systèm<strong>en</strong>erveux autonome qui se trouve modifiée : accélération duprocessus de dégradation des cannabinoïdes, augm<strong>en</strong>tation duseuil de stimulation des récepteurs cannabinoïdes et, parallèlem<strong>en</strong>t,diminution du nombre de récepteurs aux cannabinoïdes.Dans un contexte de consommation prolongée de cannabis, ilest question de neuro-adaptation, c'est-à-dire d’une adaptationdu système nerveux aux nouvelles conditions.Toutes ces modifications sont <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t réversibles une foisque la consommation de cannabis est arrêtée. En quelquessemaines, l’organisme se réadapte aux nouvelles conditions etrétablit l’état initial avec un nouvel équilibre. Avec certainsmédicam<strong>en</strong>ts, comme les somnifères, il existe une tolérancecroisée partielle. Cela signifie que le développem<strong>en</strong>t d’unetolérance à une substance se produit partiellem<strong>en</strong>t à cause d’uneautre substance. Cela est valable pour de nombreux produits,137


comme l’alcool et les b<strong>en</strong>zodiazépines. En revanche, cettetolérance n’existe pas pour les amphétamines, ni pour lesopiacés, ni les hallucinogènes comme le LSD ou la mescaline.Le développem<strong>en</strong>t d’une tolérance pour le cannabis estrelativem<strong>en</strong>t faible. Celle-ci est fonction du dosage et de ladurée de la consommation. Dans le cas de nombreux usagesthérapeutiques, par exemple la relaxation des muscles ou l’effetstimulateur de l’appétit, où des dosages faibles sont suffisants, iln’y a quasim<strong>en</strong>t pas de développem<strong>en</strong>t d’une tolérance, mêmeaprès plusieurs mois de traitem<strong>en</strong>t.Lors d’une <strong>en</strong>quête m<strong>en</strong>ée par l’<strong>Association</strong> pour le <strong>Cannabis</strong>Médical auprès d’utilisateurs de Dronabinol ou d’autresproduits issus du cannabis à des fins thérapeutiques, 76,9 % despersonnes interrogées ont déclaré ne pas avoir modifié ledosage de leur traitem<strong>en</strong>t au cours des trois mois précéd<strong>en</strong>tsl’<strong>en</strong>quête, 15,4% de l’avoir réduit et 3,5% de l’avoir augm<strong>en</strong>té.AccoutumanceLe risque d’accoutumance au cannabis est faible. Néanmoins,après une consommation prolongée, des syndromes desevrage sous <strong>for</strong>me de troubles du sommeil, de rêves, desudation excessive et d’irritabilité d’origine nerveuse peuv<strong>en</strong>tapparaître p<strong>en</strong>dant quelques jours. Une dép<strong>en</strong>dance psychiqueest possible si la personnalité du consommateur montre unefragilité à ce sujet.En matière de propriétés psychotropes du cannabis, les effetsrecherchés par les consommateurs concern<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>tune satisfaction précise ou une perception plus large à unmom<strong>en</strong>t donné.Concernant l’usage de cannabis à des fins médicales, les risquesde dép<strong>en</strong>dance psychique sont faibles. Les modifications dupsychisme, le recul face à la souffrance et à la douleur, les<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de bonheur, même obt<strong>en</strong>u artificiellem<strong>en</strong>t, sont desfacteurs qui permett<strong>en</strong>t aux personnes atteintes de maladiesgraves de repr<strong>en</strong>dre des <strong>for</strong>ces et donner à nouveau un s<strong>en</strong>s àleur vie.Globalem<strong>en</strong>t, même si le cannabis est consommé pour ses effetspsychotropes, le nombre de personnes qui risqu<strong>en</strong>t d’importantsproblèmes d’accoutumance est peu élevé. À la demande du138


ministère fédéral allemand de Santé publique, le professeurDieter Kleiber et al. de Berlin, a conduit <strong>en</strong> 1997 une étude surles risques d’accoutumance au cannabis. Parmi les 1458consommateurs de cannabis de l’étude, testés sur la manière etla fréqu<strong>en</strong>ce de leurs prises, seulem<strong>en</strong>t 2 à 10 % des consommateursont été considérés comme étant dép<strong>en</strong>dants ducannabis. De plus, si les personnes consommai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> plusd’autres drogues, le taux d’accoutumance augm<strong>en</strong>tait alorsconsidérablem<strong>en</strong>t. La durée de la consommation n’a pas joué unrôle significatif par rapport à la probabilité de réussite dusevrage lors d’un arrêt du cannabis. Cela signifie donc que lerisque d’accoutumance n’est pas fonction de la durée de laconsommation.Effet rebondEn médecine, l’effet rebond (nom anglais : rebound effect)signifie l’int<strong>en</strong>sification des symptômes après l’arrêt d’unmédicam<strong>en</strong>t. La plupart des médicam<strong>en</strong>ts qui agiss<strong>en</strong>t sur lesystème nerveux c<strong>en</strong>tral provoqu<strong>en</strong>t des effets rebond. Parexemple, il est fréqu<strong>en</strong>t qu’après l’arrêt de somnifères, lesinsomnies devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t plus importantes p<strong>en</strong>dant quelques joursou qu’après l’arrêt d’un médicam<strong>en</strong>t pour calmer les peurs,celles-ci s’int<strong>en</strong>sifi<strong>en</strong>t de nouveau.Les phénomènes de rebond sont égalem<strong>en</strong>t connus du cannabis.Par exemple, le cannabis baisse la pression oculaire. Dans le casde gros consommateurs de cannabis qui arrêt<strong>en</strong>t leur consommation,il est possible qu’ils observ<strong>en</strong>t les jours suivant unelégère augm<strong>en</strong>tation de cette pression, qui, au bout de quelquestemps, redevi<strong>en</strong>t normale. Après l’arrêt de cannabis, il estégalem<strong>en</strong>t possible que la spasticité, alors traitée avec succès,réapparaisse.Les effets rebonds sont comparables aux effets de tolérance ettout comme ces derniers sont fonction du dosage. En cas deconsommation importante et prolongée de cannabis, les risquesde voir apparaître des phénomènes de rebond sont, parconséqu<strong>en</strong>t, plus élevés.139


Système immunitaireDes recherches m<strong>en</strong>ées sur des cellules <strong>en</strong> culture, ainsi quesur des animaux ont révélé que le THC influ<strong>en</strong>ce le systèmeimmunitaire de plusieurs façons. Chez l’homme, même <strong>en</strong> casd’importante consommation de cannabis, cette influ<strong>en</strong>ce restefaible posant une fois de plus la question du niveau de risqueréel sur la santé. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) arésumé <strong>en</strong> 1997 les effets des cannabinoïdes sur le systèmeimmunitaire de la manière suivante : « Nombreux de ces effetssembl<strong>en</strong>t être relativem<strong>en</strong>t faibles et totalem<strong>en</strong>t réversiblesaprès disparition des cannabinoïdes. Ils sont uniquem<strong>en</strong>tprovoqués par une consommation à des conc<strong>en</strong>trations et desdosages plus élevés que nécessaires pour obt<strong>en</strong>ir les effetsthérapeutiques ».Vu l’importance des effets immunosuppresseurs du THC, desconséqu<strong>en</strong>ces aggravantes serai<strong>en</strong>t à att<strong>en</strong>dre sur l’évolution desinfections virales comme le VIH (sida) ou d’autres maladiesinfectieuses. Or ce n’est pas le cas. En revanche, il est possibleque certains effets puiss<strong>en</strong>t avoir une utilité clinique pour despersonnes souffrant d’immuno-défici<strong>en</strong>ce. Il semble que l’effetimmunosuppresseur du THC soit plus marqué dans les casd’inflammations chroniques au cours desquelles le systèmeimmunitaire est déjà <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t stimulé. Cet effet peut êtreintéressant <strong>en</strong> vue d’applications thérapeutiques du THC.Système hormonal et fertilitéDes tests sur animaux ont révélé l’effet du cannabis et duTHC sur un grand nombre de processus hormonaux, sur laproduction de nombreuses hormones comme les hormonessexuelles ainsi que sur le métabolisme du sucre. Quelquesétudes, conduites auprès de consommatrices de cannabis, ontindiqué une légère perturbation du cycle des règles, d’autresétudes ont révélé le contraire. Dans le cas de consommationimportante de THC chez la femme, des effets passagers etgénéralem<strong>en</strong>t faibles sur certaines hormones (prolactine,hormone lutéinisante) ont été constatés, tandis que sur d’autreshormones (hormone folliculostimuline, progestérone, œstrogène)l’effet a été inexistant. Chez l’homme, à la suite d’une140


consommation plus importante de THC, aucun effet significatifsur les taux hormonaux n’a été observé. Même à un dosageélevé, le développem<strong>en</strong>t d’une tolérance s’est produit contre leseffets du THC sur les hormones. C’est la raison pour laquelleles femmes et les hommes qui consomm<strong>en</strong>t régulièrem<strong>en</strong>t ducannabis prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t des taux hormonaux pratiquem<strong>en</strong>t normauxqui vari<strong>en</strong>t peu avec les prises de cannabis.Dans des essais sur animaux, à la suite d’une prise élevée deTHC, une légère baisse de la qualité du sperme a été constatée.Lors d'une autre étude, m<strong>en</strong>ée auprès de participants volontairesayant fumé <strong>en</strong>tre huit et dix cigarettes de cannabis par jourp<strong>en</strong>dant plusieurs semaines, une légère diminution du nombrede spermatozoïdes a été observée sans pour autant modifier nileur fonction, ni le taux de spermatozoïdes anormaux.À ce jour, aucune indication ne prouve que le cannabis, ou leTHC, puisse troubler la fertilité chez la femme ou chezl’homme.Dans une étude m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong> Inde, 150 hommes mariés, ayantcomm<strong>en</strong>cé à consommer du cannabis soit avant, soit peu aprèsleur mariage, ont été comparés au même nombre de consommateursd'opium et de non-consommateurs de drogues. Voici lerésultat du nombre d’hommes restés sans <strong>en</strong>fants : 1 % chez lesnon-consommateurs, 2 % chez les consommateurs de cannabiset 10 % chez les consommateurs d’opium. De manièresignificative, la stérilité, avec un taux de 0,4 %, était plus faiblechez les consommateurs de bhangs (feuilles de cannabis),consommant <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 150 mg de THC par jour (ce quireprés<strong>en</strong>te une dose relativem<strong>en</strong>t élevée) que chez les nonconsommateursde drogues. En revanche, elle était de 5,7 %chez les consommateurs de ganja et de charas (sommitésfleuries et résine), consommant <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 300 mg de THCpar jour.Un autre groupe de chercheurs a étudié les effets du cannabissur la fertilité féminine. Selon eux, le nombre de consommatricesde cannabis stériles était légèrem<strong>en</strong>t plus élevé quecelui des non-consommatrices. Or le risque était plus élevéseulem<strong>en</strong>t chez des consommatrices occasionnelles et non paschez les grandes consommatrices. Dans une étude complé-141


m<strong>en</strong>taire, 2817 femmes ont été suivies à partir du mom<strong>en</strong>t oùelle exprimait leur désir d’avoir un <strong>en</strong>fant jusqu'au mom<strong>en</strong>t oùelles étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>ceintes. Les premières à être <strong>en</strong>ceintes étai<strong>en</strong>t lesconsommatrices régulières de cannabis, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne après 3,7mois. Chez les femmes qui ne consommai<strong>en</strong>t aucune drogue, ladurée moy<strong>en</strong>ne était de 4,3 mois et chez les fumeuses de tabacde 5,1 mois.GrossessePlusieurs études m<strong>en</strong>ées à ce jour auprès d’<strong>en</strong>fants dont lesmères ont consommé du cannabis p<strong>en</strong>dant la grossesse, ontrévélé l’abs<strong>en</strong>ce de risque de mal<strong>for</strong>mations chez les nouveaunésliées à la consommation de cannabis. Tout au plus, quelquesétudes ont démontré que les nouveau-nés de mères consommatricesde cannabis pesai<strong>en</strong>t un peu moins lourd à lanaissance. D’autres études ont révélé le contraire. Il faudrait <strong>en</strong>réalité se poser la question de la pertin<strong>en</strong>ce d’une différ<strong>en</strong>ce depoids de 50 à 100 g à la naissance.De légers troubles du développem<strong>en</strong>t du cerveau, accompagnésde troubles de la faculté intellectuelle chez les <strong>en</strong>fants de mèresconsommatrices de cannabis ont fait l’objet de publications.Dans ce domaine, l’opinion des chercheurs est très divisée. Lesuns sont persuadés d’un effet nocif, tandis que d’autres p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>tqu’aucun effet nocif important ne peut être directem<strong>en</strong>t attribuéau cannabis. Toutefois, il semble que les troubles intellectuelsassociés au cannabis ne se manifest<strong>en</strong>t que lorsque les <strong>en</strong>fantssont scolarisés. Quant aux effets nocifs causés par la consommationde cannabis p<strong>en</strong>dant la grossesse, ils sont sans doutemoins graves que ceux causés par la consommation d’alcool etde tabac.Effets secondaires du statut d’illégalitéDans la plupart des pays, les produits naturels issus ducannabis sont considérés comme des substances illicites. Trèssouv<strong>en</strong>t, d’un point de vue législatif, aucune distinction n’estfaite <strong>en</strong>tre la consommation récréative et l’utilisation thérapeutique,bi<strong>en</strong> qu’au cours des dernières années, de véritableschangem<strong>en</strong>ts positifs ai<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>cé à s’amorcer.142


Les principaux effets indésirables associés à l’utilisationmédicale du cannabis sont aujourd’hui à ram<strong>en</strong>er sur le planjuridique, c’est-à-dire vers l’illégalité de toute consommation decannabis. Les cas se sont répétés où la justice n’a interprétél’utilisation médicale du cannabis que comme un prétexte pourun usage à des fins récréatives, créant ainsi de sérieuxproblèmes juridiques aux pati<strong>en</strong>ts concernés.Or, les problèmes ne port<strong>en</strong>t pas uniquem<strong>en</strong>t sur les problèmesjuridiques associés aux délits, mais égalem<strong>en</strong>t sur la dangerositépour la santé des produits achetés sur le marché noir, surl’impossibilité de doser correctem<strong>en</strong>t la substance afin d’obt<strong>en</strong>irl’effet médical recherché ainsi que sur le manque de recherchesur le pot<strong>en</strong>tiel thérapeutique du cannabis.Le cannabis et le haschich, achetés sur le marché noir,prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t des conc<strong>en</strong>trations de THC très variables. C’est laraison pour laquelle le consommateur maîtrise difficilem<strong>en</strong>t ledosage des produits consommés. Il n’est donc pas rare que despati<strong>en</strong>ts consomm<strong>en</strong>t involontairem<strong>en</strong>t des doses provoquantd’importants effets psychoactifs, tandis qu’au départ, seull’effet relaxant des muscles était recherché, effet que l’on saitobt<strong>en</strong>u à un dosage <strong>en</strong> dessous du seuil psychotrope. Au XIXesiècle, les médecins évoquai<strong>en</strong>t déjà le problème du dosage.Aujourd’hui, il est facile d’écarter cette difficulté grâce auxproduits à base de cannabis à t<strong>en</strong>eurs <strong>en</strong> Dronabinol (THC)standardisées.Comparaison <strong>en</strong>tre le cannabis et les autres droguesDiverses études ont t<strong>en</strong>té de comparer les risques liés auxdrogues les plus consommées, qu’elles soi<strong>en</strong>t légales ouillégales. Une grande att<strong>en</strong>tion a été portée au fameux rapportRoques, réalisé <strong>en</strong> 1998 par le professeur Roques et sescollaborateurs à la demande du ministère français de la Santé età une étude préparée <strong>en</strong> vue du dernier rapport de l'OMS,conduite sous la direction du professeur australi<strong>en</strong> Wayne Hall,et dont l’ouvrage a été publié <strong>en</strong> 1999. Les deux rapports sontarrivés aux mêmes conclusions. Parmi les drogues les pluscommuném<strong>en</strong>t consommées, le cannabis, même à <strong>for</strong>tes doses,comporte moins de risques pour la santé que les autres drogues143


Opiacés Cocaïne AlcoolB<strong>en</strong>zodiazépines<strong>Cannabis</strong>TabacDép<strong>en</strong>dancephysique ..... .. ..... ... .. ......... .... ..... .... .. .....Dép<strong>en</strong>dancepsychiqueTroubles.. .... .... - - -neurologiquesToxicité .... .... .... . .globaleRisquessociaux ..... ..... .... .. .. -- : effet nul . : effets très faibles .. : effets faibles ... : effets moy<strong>en</strong>s.... : effets importants ..... : effets très importantsTableau comparatif des risques liés aux drogues (Source : Rapport duprofesseur Bernard Roques à la demande du secrétaire d'Etat à la santé,Paris, 1998).Marijuana Alcool Tabac HéroïneAccid<strong>en</strong>ts de la route et autres accid<strong>en</strong>ts* ** *Viol<strong>en</strong>ces et suicides**Mort par overdose* **VIH et maladies du foie* **Cirrhose du foie**Troubles cardiaques* **Troubles des voies respiratoires* **Cancers* * **Maladies psychiatriques* **Dép<strong>en</strong>dance/toxicomanie** ** ** **Risques pour le développem<strong>en</strong>t du foetus* ** * ** : effet moins importants ou moins bi<strong>en</strong> établis ** : effets très importantsTableau comparatif des effets nocifs des drogues (Source : W. Hall, R. Room,S. Bondy; « Comparing the health and psychological risks of alcohol,cannabis, nicotine and opiate use » ; publié dans H. Kalant, W. Corrigan, W.Hall, R. Smart, eds. dans The health effects of cannabis, Tronto, Ed. AddictionResearch Foundation, 1999).144


légales ou illégales. Selon Hall et all., toutes les drogues testéespeuv<strong>en</strong>t d’une certaine manière conduire à une accoutumance.Dans le cas des personnes qui ne consomm<strong>en</strong>t que du cannabis,les risques majeurs pour la santé rest<strong>en</strong>t faibles, exceptées peutêtrepour les personnes qui consomm<strong>en</strong>t du cannabis quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>tp<strong>en</strong>dant plusieurs années. Les risques associés sontalors le développem<strong>en</strong>t du syndrome d’accoutumance, labronchite chronique ainsi que le risque d’être impliqué dans unaccid<strong>en</strong>t de la circulation si un véhicule est conduit sousl’influ<strong>en</strong>ce d’une consommation exagérée. Ce dernier risqueconcerne aussi les consommateurs occasionnels de cannabis.145


Contre-indications et précautions d’emploiEn médecine, on distingue les contre-indications absolues quiindiqu<strong>en</strong>t que certains médicam<strong>en</strong>ts sont à proscrire absolum<strong>en</strong>tet les contre-indications relatives qui préconis<strong>en</strong>t un médicam<strong>en</strong>tseulem<strong>en</strong>t sous certaines conditions.Contre-indications absoluesLe THC et le cannabis sont à proscrire <strong>en</strong> cas d’allergie aucannabis, bi<strong>en</strong> que cette dernière soit un phénomène rare.Cep<strong>en</strong>dant, des réactions allergiques à d’autres composants ducannabis, comme le poll<strong>en</strong>, peuv<strong>en</strong>t se produire.Contre-indications relativesParmi les contre-indications relatives d’une thérapie à basede produits issus du cannabis figur<strong>en</strong>t les troubles psychiatriquesgraves, principalem<strong>en</strong>t la psychose schizophrénique, àcause d’une possible aggravation des psychoses. En particulierchez les jeunes pati<strong>en</strong>ts, les cannabinoïdes doiv<strong>en</strong>t être utilisésavec précaution. Le cannabis peut néanmoins prés<strong>en</strong>ter deseffets bénéfiques pour certaines personnes atteintes de gravestroubles psychologiques comme les troubles bipolaires(maniaco-dépression).Pour les femmes <strong>en</strong>ceintes ou qui allait<strong>en</strong>t les produits issus ducannabis doiv<strong>en</strong>t être utilisés avec réserve. Les év<strong>en</strong>tuelsrisques sur la santé des nouveaux nés sont faibles. Néanmoinstoute consommation de médicam<strong>en</strong>ts ou de drogues doit êtreévitée p<strong>en</strong>dant la grossesse et le temps de l’allaitem<strong>en</strong>t. Enrevanche, pour traiter les vomissem<strong>en</strong>ts de la grossesse, la perted'appétit ou d'autres symptômes répondant positivem<strong>en</strong>t auxproduits issus du cannabis, je conseillerais cep<strong>en</strong>dant untraitem<strong>en</strong>t à base de cannabis approprié à chaque pati<strong>en</strong>te. Dansces cas précis, le cannabis et le Dronabinol apport<strong>en</strong>t unbénéfice thérapeutique. Cette utilité pour la santé prévautprobablem<strong>en</strong>t sur les risques minimes <strong>en</strong>courus par le fœtus.Un chercheur du Départem<strong>en</strong>t de Neurologie de l’université duMichigan, États-Unis, a prés<strong>en</strong>té le cas d’une femme, âgée de24 ans et atteinte d’un trouble hyperkinétique des mouvem<strong>en</strong>ts146


are dû à un dysfonctionnem<strong>en</strong>t cellulaire (cytopathiemitochondriale) qui utilisait des produits issus du cannabis.L’usage de cannabis fumé, ainsi que de Dronabinol administréoralem<strong>en</strong>t (5 mg trois fois par jour), se sont avérés efficaces.Elle prés<strong>en</strong>tait une tumeur, une dystonie généralisée et untrouble kinétique moteur. Elle avait de la difficulté à maint<strong>en</strong>irson poids au dessus de 36 kg principalem<strong>en</strong>t dû à la dép<strong>en</strong>secalorique liée aux mouvem<strong>en</strong>ts hyperkinétiques combinés à uneperte modérée de l’appétit.À l’âge de 26 ans, elle est dev<strong>en</strong>ue <strong>en</strong>ceinte. Du Dronabinol(THC) a été utilisé comme moy<strong>en</strong> de contrôle des mouvem<strong>en</strong>tshyperkinétiques involontaires et pour favoriser la prise de poidsp<strong>en</strong>dant la grossesse. Les autres médicam<strong>en</strong>ts qui aurai<strong>en</strong>t puêtre utilisés étai<strong>en</strong>t contre-indiqués p<strong>en</strong>dant la grossesse. Elleconstata l’amélioration de ses troubles grâce à l’usage régulierde Dronabinol, sans prés<strong>en</strong>ter de signes de tolérance ni debesoins d’augm<strong>en</strong>ter la dose. Le Dronabinol s’est avéré efficacesur la stimulation de l’appétit et la prise de poids. Durant sagrossesse, elle a finalem<strong>en</strong>t pris 20 kg durant sa grossesse etaccouché d’un bébé <strong>en</strong> bonne santé ne prés<strong>en</strong>tant aucunecomplication (Farooq, 2009).Dans le cas d’une maladie du cœur, comme l’artériosclérosecoronaire (coronaropathie), de troubles faisant suite à uninfarctus du myocarde, de troubles du rythme cardiaque oud’insuffisance cardiaque, il faut éviter des doses élevées. Enrègle générale, des effets nocifs sur le système cardio-vasculair<strong>en</strong>’apparaiss<strong>en</strong>t pas lorsque le dosage reste modéré, compris<strong>en</strong>tre 5 et 15 mg de THC. Toutefois, certaines personnesréagiss<strong>en</strong>t à partir d’un dosage très faible. Par exemple, unepersonne qui, <strong>en</strong> marchant un à deux kilomètres, ress<strong>en</strong>t déjàdes douleurs au niveau du cœur ou qui observe des troubles dela circulation sanguine, doit être très vigilante si elle décided’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre une thérapie à base de produits issus ducannabis.Les pati<strong>en</strong>ts âgés sont parfois plus s<strong>en</strong>sibles aux effetspsychotropes du cannabis. Ainsi, il n’est pas rare que des effetspsychiques désagréables apparaiss<strong>en</strong>t déjà après une seule priseà un dosage relativem<strong>en</strong>t faible de 2,5 à 5 mg de THC. La147


faculté de conduire des machines ou des véhicules est fonctionde la dose et de la personne. Pour cette raison, il est conseillé depr<strong>en</strong>dre des précautions particulières jusqu'au mom<strong>en</strong>t où lapersonne maîtrise l'int<strong>en</strong>sité des effets et leur évolution. Latolérance à la thérapie est atteinte lorsque le pati<strong>en</strong>t peutrepr<strong>en</strong>dre des activités sans <strong>en</strong>courir de risque lié au traitem<strong>en</strong>t.Chez des pati<strong>en</strong>ts atteints de la chorée de Huntington (choréerhumatismale), une dégradation passagère de l’état du pati<strong>en</strong>tpeut être observée à la suite d’une consommation de THC ou decannabis. C’est ce qu’a révélé une étude conduite à la faculté demédecine de Hanovre (Allemagne). Dans cette étude, lessymptômes d’une pati<strong>en</strong>te se sont considérablem<strong>en</strong>t aggravésaprès une prise unique de nabilone (Müller-Vahl, 1999). Enrevanche, dans un autre cas, le nabilone s’est avéré bénéfiquesur cette maladie (Curtis, 2006).Deux études épidémiologiques réalisées <strong>en</strong> France et auxÉtats-Unis ont montré que l'usage régulier de cannabispourrait augm<strong>en</strong>ter le risque de fibrose du foie chez despati<strong>en</strong>ts atteints du virus de l'hépatite C (Ishida, 2008 ;Hezode, 2005). D'un autre côté, le cannabis pourraitréduire les effets secondaires et améliorer l'efficacité desmédicam<strong>en</strong>ts habituellem<strong>en</strong>t utilisés pour le traitem<strong>en</strong>t dece virus (Sylvestre, 2006). Cela indique que l'utilisation decannabinoidoïdes pour le traitem<strong>en</strong>t de cette affection doitêtre bi<strong>en</strong> évaluée, notamm<strong>en</strong>t au niveau de la balancebénéfice/risque.148


Comm<strong>en</strong>t utiliser les produits à base decannabis ?En ce qui concerne l’administration de produits à base decannabis, les novices r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t de nombreusesincertitudes. Le rôle de ce chapitre est d’exposer la meilleurefaçon d’absorber du cannabis afin d’éviter au mieux les effetssecondaires indésirables. En règle générale, il est conseillé decomm<strong>en</strong>cer le traitem<strong>en</strong>t à un dosage modéré, voire faible,avant de l’augm<strong>en</strong>ter progressivem<strong>en</strong>t, chaque jour, voire tousles deux jours, jusqu’à l’obt<strong>en</strong>tion de l’effet recherché. Cettephase exploratoire est indisp<strong>en</strong>sable pour tirer le meilleurbénéfice thérapeutique du cannabis et l’appliquer de la façon laplus sûre.Différ<strong>en</strong>ts modes d’absorptionLes produits dérivés du cannabis sont généralem<strong>en</strong>t ingérés(voie orale), assimilés sous la langue (voie sublinguale), fumésou inhalés (voie respiratoire). Il existe d’autres moy<strong>en</strong>sd’absorption, peu communs et seulem<strong>en</strong>t étudiés dans le cadred’essais cliniques, comme les suppositoires, la perfusion, lesapplications cutanées ou le collyre dans le traitem<strong>en</strong>t duglaucome.Voie respiratoireAprès avoir fumé ou inhalé du cannabis, les effets semanifest<strong>en</strong>t beaucoup plus rapidem<strong>en</strong>t qu’après l’avoir ingéré.C’est la raison pour laquelle la plupart des pati<strong>en</strong>ts choisiss<strong>en</strong>tce mode d’absorption, qui leur permet notamm<strong>en</strong>t de mieuxdoser l’effet du cannabis. Cet effet se manifeste au boutd’<strong>en</strong>viron cinq minutes. Il atteint son maximum vingt à tr<strong>en</strong>teminutes après le début de la prise et disparaît <strong>en</strong>viron aprèsdeux à trois heures. Un avantage supplém<strong>en</strong>taire de l’absorptionpar voie respiratoire par rapport à la prise orale est celui d’unemeilleure absorption thérapeutique des cannabinoïdes. Si lecannabis est fumé, près de 15 à 25 % du THC cont<strong>en</strong>us dans lacigarette pass<strong>en</strong>t par le sang, le reste étant perdu par les voies149


parallèles et lors du processus de combustion.Le principal inconvéni<strong>en</strong>t de fumer est l’irritation et la lésiondes muqueuses par les produits de combustion du matérielvégétal brûlé.Le cannabis peut être fumé soit <strong>en</strong> roulant une cigarette decannabis (appelée égalem<strong>en</strong>t joint) soit <strong>en</strong> utilisant une pipe oude nouveaux appareils spécialem<strong>en</strong>t conçus à cet effet. Lorsquela personne fume une cigarette de cannabis, elle absorbe unequantité importante de substances toxiques. L’utilisation d’unfiltre à cigarette ne protège malheureusem<strong>en</strong>t pas des produitsnocifs puisqu’il reti<strong>en</strong>t davantage les cannabinoïdes que legoudron. Les cigarettes de cannabis sont souv<strong>en</strong>t constituéesd’un mélange de tabac, de cannabis sous <strong>for</strong>me végétale, ou dehaschich. Ce mélange est <strong>en</strong>suite roulé dans du papier àcigarette ordinaire ou dans des feuilles plus grandes conçuespour cet usage.Lorsqu’une pipe à eau est utilisée, la fumée, avant d'êtreinhalée, traverse l'eau qui permet de la refroidir pour l’inhaler<strong>en</strong>suite plus profondém<strong>en</strong>t. Comme c’est le cas avec les filtres àcigarettes, la quantité de produits nocifs est réduite, maiségalem<strong>en</strong>t la conc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> cannabinoïdes. De plus, lacigarette de cannabis simple, sans filtre, offre un meilleurrapport cannabinoïdes/carcinogènes que la pipe à eau, c'est-àdireest moins cancérigène.Du point de vue de la santé, la solution de la petite pipe, quipermet de fumer le cannabis pur, semble être la moins nocive.Grâce à son utilisation, moins de produits toxiques sont inhaléspuisque le cannabis, ou le haschich, sont fumés purs. Ces pipesspéciales permett<strong>en</strong>t de réduire la conc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> substancestoxiques. Ces dernières se dépos<strong>en</strong>t sur le métal dont estfabriquée la pipe. Le nettoyage des parois est très facile. Il suffitd’essuyer les parois avec un bout de coton imbibé d’acétone oude mettre la pipe dans le lave-vaisselle.En règle générale, la fumée est inhalée par une inspirationprofonde. De nombreux consommateurs de cannabis, aprèsavoir inhalé la fumée profondém<strong>en</strong>t, reti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t leur respirationp<strong>en</strong>dant quelques secondes <strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tant ainsi la pression au150


Effetsubjectif1098765432100 1 2 3 4 5 6Temps après la prise (heures)…. Intraveineuse ---- : fumé ___: voie oraleDurée des effets subjectifs selon les trois modes d’absorption. Les participantsaux études ont évalué l’int<strong>en</strong>sité des effets psychiques sur une échelle de 1 à10. (Source : Hollister et al., Journal Clin. Pharmacol. 1981; 21(8-9 Suppl) :171S-7S; Ohlsson et al., Clinical Pharmacol. Therapy 1980; 28(3) : 409-16).niveau des poumons. De cette manière, ils espèr<strong>en</strong>t obt<strong>en</strong>ir unmeilleur effet thérapeutique. En médecine, cette techniques’appelle la manœuvre de Valsalva. Je la déconseille pour troisraisons. Premièrem<strong>en</strong>t, elle ne favorise que faiblem<strong>en</strong>tl’absorption du THC ; deuxièmem<strong>en</strong>t, elle augm<strong>en</strong>te la quantitéde toxines déposées dans les poumons ; et, troisièmem<strong>en</strong>t ellepeut provoquer un év<strong>en</strong>tuel pneumothorax, ou affaissem<strong>en</strong>tpartiel du poumon. Ce dernier se traduit par l’éclatem<strong>en</strong>t d’unealvéole pulmonaire laissant s’<strong>en</strong>gouffrer l’air <strong>en</strong>tre la faceinterne de la cage thoracique et la face externe du poumon. Unpneumothorax avec collapsus pulmonaire nécessite des soinshospitaliers.En termes de santé, la meilleure technique consiste finalem<strong>en</strong>t àinhaler le cannabis à l’aide d’un inhalateur (ou vaporisateur).Des appareils spéciaux sont disponibles dans le commercedepuis quelques années. Le cannabis est chauffé à <strong>en</strong>viron180°C à 200°C, permettant l’évaporation et l’inhalation des151


cannabinoïdes et des huiles ess<strong>en</strong>tielles sans brûler la matièrevégétale. La combustion de celle-ci ne se produit qu’à partir de230°C. Grâce à cette technique innovante, on évite la <strong>for</strong>mationde produits de combustions <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t nocifs. Il est important deveiller à ce que l’appareil atteigne et mainti<strong>en</strong>ne réellem<strong>en</strong>t180°C à 200°C au niveau du réservoir. D’importantes variationsde température ont été observées avec différ<strong>en</strong>ts appareils,notamm<strong>en</strong>t à cause de la circulation de l’air lors du processusde vaporisation.Voie oraleLorsque le cannabis est absorbé par voie orale, les effets semanifest<strong>en</strong>t plus tard que lorsqu’il est fumé ou inhalé, au boutde tr<strong>en</strong>te à quatre-vingt-dix minutes, parfois même après deuxheures. Les effets dur<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant plus longtemps, près dequatre à six heures, et plus longtemps <strong>en</strong>core si le dosage esttrès élevé. L’int<strong>en</strong>sité des effets diminue <strong>en</strong>suite progressivem<strong>en</strong>t.Bi<strong>en</strong> qu’absorbé <strong>en</strong> premier lieu par l’estomac et les intestins(une partie sera détruite par le suc gastrique), la majeure partiedu THC administré par voie orale passe dans le sang avantd’atteindre le foie, où il est rapidem<strong>en</strong>t dégradé, sans pouvoir niatteindre les sites de liaison spécifiques, comme les récepteursaux cannabinoïdes sur les cellules nerveuses, ni agir efficacem<strong>en</strong>t.Le sang qui irrigue l’estomac et l’intestin grêle transited’abord par le foie avant d’atteindre le cœur, puis les autresorganes. Ainsi, seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>viron 5 à 10 % du THC absorbéarriv<strong>en</strong>t aux autres organes, ce qui signifie une biodisponibilitésystémique de 5 à 10 % bi<strong>en</strong> inférieure à celle du cannabisabsorbé par voie respiratoire (15 à 25 %).Le mode d’absorption habituel du Dronabinol est celui par voieorale, sous <strong>for</strong>me de gouttes ou de gélules. Une goutte, issued’une solution huileuse de Dronabinol à 2,5 %, conti<strong>en</strong>t <strong>en</strong>viron0,83 mg de Dronabinol, trois gouttes <strong>en</strong>viron 2,5 mg, et ainsi desuite. Les t<strong>en</strong>eurs <strong>en</strong> Dronabinol des gélules disponiblesexist<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 2,5 mg, 5 mg et 10 mg.152


Voie respiratoireVoie oraleBiodisponibilitésystémique10 – 30 % 5 – 10 %Dosage seuil pour leseffets psychoactifs1 - 3 mg 5 – 15 mgDosage pour les effetspsychotropes <strong>for</strong>ts10 – 20 mg 30 – 40 mgDébut des effets 2 – 8 mn 30 – 90 mnEffet maximal 20 – 30 mn 2 – 4 hDurée de l’effetpsychoactif2 – 3 h 4 – 8 h et plusQuelques différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre l’utilisation du THC fumé ou inhalé (voierespiratoire) et celle du THC ingéré (voie orale). Le dosage seuil pour obt<strong>en</strong>irdes effets psychiques et psychotropes est, <strong>en</strong>tre autres, fonction de la duréed’utilisation. Le début et la durée des effets dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t du dosage.Les produits naturels du cannabis peuv<strong>en</strong>t être consommés, parexemple, sous <strong>for</strong>me de thé (infusion ou décoction avec ou sansmatières grasses) ou des gâteaux. Il est égalem<strong>en</strong>t possibled’élaborer des teintures à base de cannabis, d’<strong>en</strong> mangermélangée à du yaourt ou de l’utiliser dans d’autres boissonschaudes, telles le cacao ou le bouillon. Avant de consommer cesproduits naturels, il est conseillé de les chauffer ; lescannabinoïdes se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t sous la <strong>for</strong>me nonactived’acides carboxyliques, qui, grâce à l’action de lachaleur, se trans<strong>for</strong>m<strong>en</strong>t <strong>en</strong> phénols actifs par décarboxylation.Dans les feuilles de cannabis cultivé <strong>en</strong> Europe c<strong>en</strong>trale, lescannabinoïdes se trouv<strong>en</strong>t à plus de 90 % sous <strong>for</strong>me d'acides.Les effets sont modérés si elles sont consommées crues. Dans lehaschich, <strong>en</strong> revanche, il est n’est pas rare de trouver la moitiédes cannabinoïdes déjà trans<strong>for</strong>més <strong>en</strong> phénols actifs. S’il estconsommé cru ou mélangé à un yaourt, il peut avoir des effetstrès bénéfiques. Le haschich est produit différemm<strong>en</strong>t selon lescoutumes et les pays. S’il est chauffé, il conti<strong>en</strong>dra plus de THCphénolique.153


Voie sublingualeD’importantes études ont été m<strong>en</strong>ées ces dernières années <strong>en</strong>Grande-Bretagne avec un produit dérivé du cannabis sous <strong>for</strong>mede spray. Ce produit s’appelle Sativex®. Il est disponible surprescription médicale au Canada depuis 2005, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tpour le traitem<strong>en</strong>t de la sclérose <strong>en</strong> plaques. Au mom<strong>en</strong>t del’écriture de cet ouvrage (2009), la société qui produit ce médicam<strong>en</strong>ttravaille à l’obt<strong>en</strong>tion d’autorisations de mise sur lemarché dans plusieurs pays europé<strong>en</strong>s dans le cadre du traitem<strong>en</strong>tde la sclérose <strong>en</strong> plaques. La substance active estdirectem<strong>en</strong>t vaporisée dans la bouche du pati<strong>en</strong>t où elle estgardée quelques instants avant d’être avalée. Cette méthodepermet notamm<strong>en</strong>t une meilleure absorption des cannabinoïdespar les muqueuses buccales. Il s’agit d’une absorption par voiesublinguale (du latin : sub = sous et lingua = langue). Ses avantagessont un effet beaucoup plus rapide que lorsque lesproduits sont administrés par voie orale (transitant par l’estomacet les intestins), et une réduction considérable des risques pourles muqueuses (contrairem<strong>en</strong>t au cannabis fumé). Chaquevaporisation conti<strong>en</strong>t une petite conc<strong>en</strong>tration de cannabinoïdespermettant au pati<strong>en</strong>t d'adapter facilem<strong>en</strong>t le dosage à sesbesoins.Autres modes d’absorptionDans certaines études, le THC a été administré sous <strong>for</strong>mede suppositoires. Du fait que le sang qui circule dans le rectumne passe pas directem<strong>en</strong>t dans le foie, mais est conduit dans laveine cave inférieure au cœur, la biodisponibilité systémique apu être multipliée par deux dans certains cas, <strong>en</strong> comparaisondu THC administré par voie orale. Certains consommateurs decannabis m’ont raconté qu’ils avai<strong>en</strong>t chauffé du cannabis dansdu beurre de cacao pour <strong>for</strong>mer, une fois le mélange refroidi,des suppositoires. Leurs témoignages relat<strong>en</strong>t des effetsthérapeutiques bénéfiques de l’utilisation de ces suppositoires.Dans d’autres études, des cannabinoïdes ont été testés sous<strong>for</strong>me de collyres (traitem<strong>en</strong>t des glaucomes), de pansem<strong>en</strong>tsappliqués sur la peau ou de perfusions. Néanmoins, aucune<strong>for</strong>me de ces médicam<strong>en</strong>ts à base de cannabinoïdes n’est154


disponible à ce jour.Comm<strong>en</strong>t tester et définir le dosage approprié ?La réaction au cannabis et au Dronabinol varie <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>td’une personne à l’autre. Pour cette raison, il est indisp<strong>en</strong>sablede rechercher individuellem<strong>en</strong>t le dosage approprié. Si possible,et afin d’éviter des effets secondaires indésirables, il estconseillé de tester les doses de façon progressive. On peutcomm<strong>en</strong>cer, par exemple, avec deux fois 2,5 mg de THC parjour et augm<strong>en</strong>ter les doses de 2,5 mg tous les deux, voire tousles trois jours. Chez des personnes très s<strong>en</strong>sibles, ou chez des<strong>en</strong>fants, il est possible de comm<strong>en</strong>cer avec des doses <strong>en</strong>coreplus faibles, par exemple deux gouttes d'une solution à base deDronabinol, correspondant à 1,6 mg. Les doses moy<strong>en</strong>nesefficaces vari<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 10 et 20 mg de THC par jour, bi<strong>en</strong> quecertaines personnes ne tolèr<strong>en</strong>t qu’un dosage maximum de 5 mgpar jour. En résumé, mieux vaut essayer progressivem<strong>en</strong>t.Quant à la fréqu<strong>en</strong>ce des prises, elle doit égalem<strong>en</strong>t être définieau cas par cas. Certains pati<strong>en</strong>ts préfèreront pr<strong>en</strong>dre duDronabinol <strong>en</strong> deux prises quotidi<strong>en</strong>nes, matin et soir. D’autrespréfèreront quatre prises à dosage faible, tandis que d'autrespréfèreront une seule prise plus <strong>for</strong>te, le soir, pour traiter destroubles qui apparaiss<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant la nuit.Le Dronabinol peut être consommé aussi bi<strong>en</strong> à jeun qu’aprèsun repas. Il semble néanmoins que l’effet soit plus importantlors de prises à jeun, du fait que le transit par l’estomac duremoins longtemps et que le Dronabinol n’est pas dégradé troprapidem<strong>en</strong>t par le suc gastrique. Puisque l’absorption du THCest fonction du mode de consommation et de l’état deremplissage de l’estomac, il est préférable d’utiliser le cannabiset le Dronabinol le plus souv<strong>en</strong>t possible dans les mêmesconditions afin d’obt<strong>en</strong>ir des effets réguliers et répétables.S’agissant de prises de produits à base de cannabis nonautorisés,il est difficile de connaître la t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> THC. Il fautdonc comm<strong>en</strong>cer avec un dosage très faible afin de ne pas êtresurpris par de <strong>for</strong>tes réactions psychiques. Il est possible decomm<strong>en</strong>cer avec 0,05 ou 0,1 g de cannabis ou de haschich.Lorsque le cannabis est fumé, il est plus facile de déterminer le155


dosage que lorsqu’il est consommé par voie orale, car l’effet seproduit plus rapidem<strong>en</strong>t. Le cannabis peut être inhalé <strong>en</strong> petitesquantités, à l’aide d’un vaporisateur. Il suffit d’att<strong>en</strong>drequelques minutes pour que l’effet se produise. Si ce dernier estinsuffisant, il est possible d’inhaler de nouveau une petitequantité. Lorsque le cannabis est consommé comme thé ou dansdes gâteaux, il est indisp<strong>en</strong>sable d’effectuer une phaseexploratoire plus longue <strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tant les doses de manièreprogressive. Par exemple, il faut faire chauffer 0,5 g decannabis dans un demi-litre d’eau. Lors d’un premier essai, ilest conseillé de ne boire, par exemple, que 50 ml de cetteboisson. Si aucun effet ne se produit après plusieurs heures, ilest possible de boire de nouveau 100 ml de la préparation.Généralem<strong>en</strong>t, la méthode qui consiste à rechercher le meilleurdosage se déroule de la même manière que quand le médecinprescrit du Dronabinol, c'est-à-dire un dosage faible au débutqui est augm<strong>en</strong>té progressivem<strong>en</strong>t. Une <strong>en</strong>quête m<strong>en</strong>ée parmiles membres de l’<strong>Association</strong> pour le <strong>Cannabis</strong> Médical a révéléque les consommateurs de cannabis utilisai<strong>en</strong>t des dosagescompris <strong>en</strong>tre 0,05 et 3 g de cannabis par jour.Le dosage est fonction de la maladie, de la s<strong>en</strong>sibilité de chaqueindividu par rapport aux effets secondaires ainsi que de laréaction à l’effet thérapeutique recherché. Certains effetssecondaires indésirables, comme la fatigue ou la tachycardie,peuv<strong>en</strong>t disparaître complètem<strong>en</strong>t au cours de la thérapie. Desmédecins du service antidouleur de l’université de Cologne(Allemagne) ont rapporté le cas d’un pati<strong>en</strong>t paraplégique,souffrant de nombreuses douleurs. Un traitem<strong>en</strong>t de 5 mg deTHC n’a provoqué aucun effet analgésique, seulem<strong>en</strong>tl’apparition de symptômes de fatigue. Après une augm<strong>en</strong>tationdu dosage à 10 mg de THC, l’int<strong>en</strong>sité des douleurs a pu êtreréduite considérablem<strong>en</strong>t pour la première fois. Cet effetantidouleur s’est maint<strong>en</strong>u tout au long des dix moisd’observation du pati<strong>en</strong>t, tandis que l’effet secondaire(symptômes de fatigue) a disparu avec le temps.Un pati<strong>en</strong>t âgé, souffrant de rhumatismes, m’a rapporté lesexpéri<strong>en</strong>ces personnelles suivantes : « Des fleurs de cannabismacérées dans de l’huile de lin, mélangées par exemple à du156


fromage blanc (honnêtem<strong>en</strong>t, pas vraim<strong>en</strong>t un délice), m’ontpermis d’obt<strong>en</strong>ir un faible soulagem<strong>en</strong>t supplém<strong>en</strong>taire. Lecannabis fumé (joint ou pipe à eau) n’a eu sur moi comme seuleffet une <strong>for</strong>te quinte de toux accompagnée de maux de tête (ilfaut dire que je ne suis pas fumeur). Mais, il y a <strong>en</strong>viron huitsemaines, le pari du succès thérapeutique a pu être gagné grâceà du thé de cannabis (1 cuillère à café de fleurs de cannabisd’une t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> THC d’<strong>en</strong>viron 2 %) ajouté à une tisaneépuratrice et antirhumatismale chauffée avec du sucre. Aprèsavoir bu cette boisson pour la première fois, un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t desoulagem<strong>en</strong>t s’est fait ress<strong>en</strong>tir au niveau de mesarticulations. »Le dosage peut varier et être adapté selon les jours et l’int<strong>en</strong>sitédes symptômes. Une pati<strong>en</strong>te, qui pratique depuis longtempsl’automédication, m’a raconté au téléphone que « quand mesdouleurs sont très int<strong>en</strong>ses, je suis obligée d’augm<strong>en</strong>ter lesdoses, quitte à subir l’effet secondaire qui me fait tourner latête ». Néanmoins de plus grandes quantités ne sont pastoujours synonymes d’effets thérapeutiques plus importants.C’est du moins ce qu’a rapporté un pati<strong>en</strong>t souffrant de douleurschroniques à la nuque à la suite d’un accid<strong>en</strong>t lui ayant causéune rupture des ligam<strong>en</strong>ts de l’épaule et une hernie discale auniveau des cervicales : « J’ai remarqué que le cannabis, àfaible dosage, <strong>en</strong>-dessous du seuil des effets psychotropes, sous<strong>for</strong>me de joint ou de biscuits, a une action relaxante à longterme sur mes muscles au niveau de la nuque. En revanche, sij’augm<strong>en</strong>te les doses, les douleurs repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ».Que faire <strong>en</strong> cas de surdosage ?En cas de surdosage accid<strong>en</strong>tel, surtout chez des consommateursde cannabis peu expérim<strong>en</strong>tés, des crises d’angoissepeuv<strong>en</strong>t se manifester pouvant s’int<strong>en</strong>sifier jusqu’à provoquerdes peurs paniques. Cep<strong>en</strong>dant, des manifestations de <strong>for</strong>tespeurs peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t se produire chez des consommateursexpérim<strong>en</strong>tés. Souv<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> s<strong>en</strong>tant l’angoisse monter, cesderniers sav<strong>en</strong>t qu’elle ne sera que passagère. La peur de mourirest une des caractéristiques possibles d’un surdosage decannabis. Il peut être utile de se souv<strong>en</strong>ir, à ce mom<strong>en</strong>t-là,157


qu’on ne peut pas mourir d’overdose au cannabis. CharlesBaudelaire, membre du Club des Hachichins fondé à Paris <strong>en</strong>1843, n’a pas caché dans ses célèbres écrits sa préfér<strong>en</strong>ce pourles grandes quantités : « …gros comme une noix…vous pouvezavaler sans crainte ; on n’<strong>en</strong> meurt pas ». Baudelaire a <strong>en</strong> effetvécu des ivresses cannabiques qui durai<strong>en</strong>t toute une journée,p<strong>en</strong>dant lesquels des mom<strong>en</strong>ts de bonheur absolu alternai<strong>en</strong>tavec des phases de <strong>for</strong>tes peurs et d’anxiété.Certains consommateurs récréatifs absorb<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant les week<strong>en</strong>dsdes quantités de cannabis parfois si importantes qu’ellesprovoqu<strong>en</strong>t des hallucinations et de l’ivresse durant deux jours.Dans ces cas là, les prises peuv<strong>en</strong>t dépasser le dosage de1, voire 2 g de haschich, c'est-à-dire jusqu’à 100 mg de THC ouplus <strong>en</strong> une seule prise.Lors d'un surdosage de cannabis, il est ess<strong>en</strong>tiel de garder soncalme ! Les peurs et les s<strong>en</strong>sations de mal-être disparaiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>général <strong>en</strong> même temps que l’ivresse. Elles dur<strong>en</strong>t rarem<strong>en</strong>t trèslongtemps. Dans le cas contraire, mieux vaut consulter unmédecin.Si l’un de vos proches fait l’expéri<strong>en</strong>ce d’un surdosage decannabis, il faut le rassurer et lui parler pour le récon<strong>for</strong>ter. Onpeut lui expliquer que l'effet diminuera tout seul avec le temps,qu’on restera auprès de lui le temps qu’il faudra et les effetspsychiques désagréables disparaîtront bi<strong>en</strong>tôt. Si la personneconcernée le souhaite, on peut lui proposer quelque chose àmanger, à boire ou même lui administrer un sédatif. Unmédecin peut év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t lui administrer comme calmant unb<strong>en</strong>zodiazépine, par exemple 5 mg de diazépam par voieintraveineuse. L’accélération de la fréqu<strong>en</strong>ce cardiaque peutêtre réduite par la prise d'un béta-bloquant, par exemple lepropanolol par voie intraveineuse.Interactions du cannabis avec d’autres médicam<strong>en</strong>tsDans de nombreux cas impliquant différ<strong>en</strong>tes maladies, lecannabis et le Dronabinol ont été utilisés <strong>en</strong> association avecd’autres médicam<strong>en</strong>ts sans que d’importantes manifestationsd’interaction, ni d’intolérance ne se soi<strong>en</strong>t produites. Des étudescliniques, datant du début du XIX ème siècle, ont souv<strong>en</strong>t158


démontré que l’association de préparations à base de cannabisavec d’autres médicam<strong>en</strong>ts augm<strong>en</strong>tait le bénéfice thérapeutiquedes différ<strong>en</strong>tes substances administrées. Aujourd’hui,des concepts thérapeutiques innovants, qui associ<strong>en</strong>t le cannabiset le Dronabinol à d’autres médicam<strong>en</strong>ts, pourrai<strong>en</strong>t êtrebénéfiques pour traiter de nombreuses maladies.Aujourd’hui, certaines interactions et leurs mécanismes sontbi<strong>en</strong> connus. Par exemple, quelques interactions du cannabisavec d’autres médicam<strong>en</strong>ts ou drogues se bas<strong>en</strong>t simplem<strong>en</strong>tsoit sur des effets similaires à ceux obt<strong>en</strong>us séparém<strong>en</strong>t parchacune des substances, soit sur la manière dont le cannabis, ouun autre médicam<strong>en</strong>t, est dégradé dans le foie. Il est égalem<strong>en</strong>tpossible que l’association avec certains médicam<strong>en</strong>ts augm<strong>en</strong>teles effets bénéfiques du cannabis, ou au contraire, que lecannabis r<strong>en</strong><strong>for</strong>ce ou réduise l’effet bénéfique d’autressubstances. De plus, certains effets particuliers peuv<strong>en</strong>t êtreamplifiés ou réduits. Des chercheurs ont découvert que, chezdes pati<strong>en</strong>ts traités par chimiothérapie contre le cancer,l’association de Dronabinol avec un autre médicam<strong>en</strong>t antiémétique(prochlorpérazine) empêchait davantage les nausées etles vomissem<strong>en</strong>ts que chacun des médicam<strong>en</strong>ts pris séparém<strong>en</strong>t.Parallèlem<strong>en</strong>t, la prochlorpérazine a réduit les effets psychiquesdu Dronabinol (Lane, 1991).De nombreux effets d’interaction sont volontairem<strong>en</strong>trecherchés. Ainsi, des opiacés (morphine) peuv<strong>en</strong>t aisém<strong>en</strong>t êtreutilisés <strong>en</strong> même temps que le cannabis, car leurs effetsanalgésiques sont complém<strong>en</strong>taires. De plus le cannabisempêche les nausées qui sont parfois provoquées par lesopiacés. Des médicam<strong>en</strong>ts qui relax<strong>en</strong>t les muscles, qui calm<strong>en</strong>tl’asthme ou qui réduis<strong>en</strong>t la pression oculaire peuv<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t être administrés <strong>en</strong> association avec le cannabis.Les plus importantes interactions du cannabis et duDronabinol avec d’autres substances : meilleur effet calmant et somnifère de substancessédatives comme les somnifères, les antidépresseurstricycliques, les opiacés et l’alcool grâce au THC. réduction, par des beta-bloquants, de l’augm<strong>en</strong>tation du159


ythme cardiaque provoqué par le THC.augm<strong>en</strong>tation mutuelle de l’effet analgésique desopiacés et du THC.meilleur effet antidépresseur de certains médicam<strong>en</strong>tsinhibiteurs de recapture de sérotonine (fluoxétine) grâceà l’association avec le THC.augm<strong>en</strong>tation de l’effet antiépileptique des b<strong>en</strong>zodiazépinespar le THC.réduction de la pression oculaire par l’association decertains médicam<strong>en</strong>ts utilisés dans le traitem<strong>en</strong>t desglaucomes avec certains cannabinoïdes.possibilité de réduire l’action antipsychotique desneuroleptiques par le THC. Cep<strong>en</strong>dant, l’action de cessubstances semble être plus efficace <strong>en</strong> cas de troublesde la motricité.Les associations à éviter avec le cannabis et le Dronabinol :Tout médicam<strong>en</strong>t susceptible d’augm<strong>en</strong>ter le rythme cardiaque.Parmi eux, on notera les amphétamines, l’adrénaline, la cocaïneet l’atropine. L’effet accélérateur du pouls peut être amplifié etdev<strong>en</strong>ir gênant lorsque le dosage est relativem<strong>en</strong>t élevé. Dans lecas où aucun trouble cardiaque n’est diagnostiqué, les risquespour la santé liés à cette association rest<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>tfaibles. Cep<strong>en</strong>dant, il est déconseillé de trop solliciter lesystème cardiovasculaire.160


Recommandations sur l’utilisation du <strong>Cannabis</strong>et du DronabinolDans ce chapitre, j’ai rassemblé quelques conseils pratiques surl’utilisation médicale du cannabis et du Dronabinol. D’une part,ils sont issus de résultats de mes propres expéri<strong>en</strong>ces, acquisgrâce au travail auprès de nombreux pati<strong>en</strong>ts et de médecins.D’autre part, ils provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de la littérature sci<strong>en</strong>tifique et detémoignages d'autres personnes ayant des compét<strong>en</strong>ces dans cedomaine. Par exemple, je ne suis pas expert dans les domainesde la culture, des modes de trans<strong>for</strong>mation et de la préparationdu cannabis. Les connaissances d’autres personnes m’ont ététrès précieuses dans l’élaboration des chapitres consacrés à cesdomaines précis.Manger et boire du cannabisComme il a été décrit au chapitre précéd<strong>en</strong>t, pour unemeilleure utilisation thérapeutique du cannabis administré parvoie orale, il est conseillé de chauffer ce dernier afin detrans<strong>for</strong>mer le THC sous <strong>for</strong>me d'acide non actif, <strong>en</strong> THCphénolique actif. Cette réaction biochimique est appelée ladécarboxylation, du nom des acides THC qui sont des acidescarboxyliques. Or la cuisson détruit égalem<strong>en</strong>t une partie duTHC par oxydation. C’est pourquoi, il est ess<strong>en</strong>tiel de choisir latempérature et le temps de cuisson les plus appropriés.De plus, si le cannabis est chauffé sans précaution au-delà de140°C, l’évaporation des cannabinoïdes comm<strong>en</strong>ce à seproduire.Des recherches expérim<strong>en</strong>tales ont été conduites par le servicerégional de chimie et le service national de médecine vétérinairede Münster (Allemagne) avec l’aide de l’Institut fédéral de lasanté publique, de la protection des consommateurs et de lamédecine vétérinaire, ayant pour objet de déterminer lesmeilleures conditions de décarboxylation du THC. Les essaisont permis de varier des facteurs comme la nature du solvant, latempérature et le temps de cuisson. Aucune recette satisfaisanteunique n’a pu être déterminée car, à une température supérieure161


à 75°C, parallèlem<strong>en</strong>t à la trans<strong>for</strong>mation des acides THC <strong>en</strong>THC phénolique, ces derniers sont égalem<strong>en</strong>t dégradés. Si latempérature est inférieure à 75°C, le processus dure près dequarante-huit heures. Dans ce cas, aucun essai approfondi n’a<strong>en</strong>core été m<strong>en</strong>é.Le professeur Br<strong>en</strong>neis<strong>en</strong> (Suisse) a suggéré que les conditionsoptimales de décarboxylation consistai<strong>en</strong>t à chauffer le THCp<strong>en</strong>dant cinq minutes à une température comprise <strong>en</strong>tre 200°Cet 210°C. Ainsi, le THC ne s’oxyde quasim<strong>en</strong>t pas. Le principeest le suivant : lorsque la température est basse, il faut plus detemps pour la décarboxylation ; lorsque la température estélevée (comme c’est le cas à l’extrémité allumée d’une cigarettede cannabis) quelques secondes suffis<strong>en</strong>t.Dans les variétés de chanvre cultivées <strong>en</strong> Europe c<strong>en</strong>trale, plusde 90 % de la t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> THC sont prés<strong>en</strong>ts sous <strong>for</strong>me d’acidesTHC non actifs. Dans les variétés issues des régions situées plusau sud et plus chaude, par exemple le Maroc ou l’Inde, le THCphénolique actif est déjà prés<strong>en</strong>t dans la plante à plus de 30 %.C’est la raison pour laquelle, <strong>en</strong> Inde, des boissons froidespréparées à partir de feuilles de cannabis (bhang) sont déjà trèsbénéfiques.La conc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> THC phénolique peut être <strong>en</strong>core plusélevée dans la résine de cannabis, ou le haschich. Ainsi,certaines analyses ont révélé des taux pouvant atteindre <strong>en</strong>tre15 et 65 %. C’est pourquoi le haschich ingéré tel quel peutégalem<strong>en</strong>t offrir d’importants effets, bi<strong>en</strong> qu’<strong>en</strong> règle générale,ce soit la chaleur qui permette d’augm<strong>en</strong>ter l’effet recherché.Conseil pratique:Si le cannabis est chauffé sans précaution préalable, latempérature à l’intérieur du four ne doit pas dépasser 130°C,afin de procéder au processus de décarboxylation sansévaporation des cannabinoïdes. Malheureusem<strong>en</strong>t, aucuneindication n’est disponible à ce jour sur le temps de cuissonidéal. Je crois qu’il ne faut pas prolonger la cuisson plus devingt à tr<strong>en</strong>te minutes.Pour éviter l’évaporation des cannabinoïdes, il est possible deprotéger les feuilles <strong>en</strong> les immergeant, une fois émiettées, dans162


de la graisse fondue ou de l’huile. Ainsi, le THC est ret<strong>en</strong>u dansla matière grasse et ne peut plus s'évaporer aussi facilem<strong>en</strong>t.Par exemple, on peut chauffer un peu de graisse dans une poêleavant d’ajouter le cannabis (marijuana ou haschich). Il estconseillé d’utiliser un produit à point d’ébullition élevé, parexemple les matières grasses solides qui durciss<strong>en</strong>t auréfrigérateur, telles que l’huile de palme ou l’huile de coco(point d’ébullition <strong>en</strong>tre 260°C et 290°C contrairem<strong>en</strong>t à celuidu beurre qui est de 150°C). Concernant la température, il estpossible de se repérer à celle recommandée pour la cuisson desfrites et des beignets, c’est-à-dire <strong>en</strong>tre 175°C et 190°C.Si vous ne possédez pas de thermomètre spécifique, voici uneastuce très simple, bi<strong>en</strong> connue dans le monde des chefscuisiniers : placez le manche d’une cuillère <strong>en</strong> bois dans l’huilechaude. Quand des bulles comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à se <strong>for</strong>mer rapidem<strong>en</strong>tle long du manche, l’huile est à la bonne température. Att<strong>en</strong>tionaux éclaboussures quand vous ajoutez le cannabis. Un temps decuisson de 5 à 10 minutes est alors suffisant. De cette manière,les conditions optimales suggérées par le professeur Br<strong>en</strong>neis<strong>en</strong>sont quasim<strong>en</strong>t remplies. Pour consommer l’huile ainsi fabriquée,il est possible de l’ajouter à un yaourt parfumé ou à du laitchocolaté.Une autre recette facile est celle des Roses des Sables aucannabis et au chocolat. Pour la réaliser, il suffit d’ajouter lecannabis dans du chocolat fondu. Intégrer dans cette crème despétales de Corn Flakes ou d’autres flocons (flocons d’avoine oupréparation pour muesli), déposer ce mélange sur une plaque etlaisser durcir. Seulem<strong>en</strong>t l’utilisation de haschich, dont le THCa déjà subi la trans<strong>for</strong>mation par décarboxylation, est conseilléeici.La confection de truffes au cannabis et au rhum permet de bi<strong>en</strong>doser le produit. Voici la recette : faire macérer toute une nuit100 g de raisins secs hachés dans 2 à 3 cuillères à soupe derhum. Mélanger dans un saladier 200 g de sucre glace et200 g de chocolat pâtissier râpé. Faire fondre dans une casserole100 g d’huile de coco solide et ajouter 5 g de haschich émiettéou d’herbe de cannabis hachée finem<strong>en</strong>t. Faire bouillir le toutp<strong>en</strong>dant cinq minutes (voir au-dessus). Laisser tiédir ce mélange163


avant de l’ajouter dans le saladier avec le chocolat et le sucreglace. Essuyer la casserole avec les raisins secs au rhum afin derécupérer les restes de graisse et de cannabis pour les ajouterdans le saladier. Bi<strong>en</strong> mélanger le tout et laisser durcir dans leréfrigérateur jusqu’à obt<strong>en</strong>tion d’une pâte facile à travailler. Ilne reste plus qu’à <strong>for</strong>mer des petites boules et à les rouler dans200 g de chocolat râpé. Si vous <strong>for</strong>mez 50 truffes, chacuneconti<strong>en</strong>dra 0,1 g de cannabis.En règle générale, pour confectionner des gâteaux au cannabis,il suffit de suivre les recettes traditionnelles des gâteaux et petitsbiscuits de Noël.Inhalation du DronabinolCertains appareils conçus spécialem<strong>en</strong>t pour l’évaporation(ou vaporisation) et l’inhalation du cannabis permett<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t d’inhaler du Dronabinol. Il est alors préférable quevotre pharmaci<strong>en</strong> vous propose une préparation à base d’alcoolplutôt que du Dronabinol dissout dans de l’huile comme c’esthabituellem<strong>en</strong>t le cas. Les gouttes qui conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t leDronabinol, introduites dans le réservoir de l’appareil,s’évapor<strong>en</strong>t à la température conseillée, <strong>en</strong>tre 160 °C et 200 °C,et peuv<strong>en</strong>t ainsi facilem<strong>en</strong>t être inhalées.Conseil pratique:Un pati<strong>en</strong>t m’a rapporté une technique très simple pour inhalerla solution de Dronabinol à base d’alcool, sans avoir recours àun appareil spécifique. Il utilise une pipe dans laquelle il aglissé préalablem<strong>en</strong>t une grille fine. Il y verse deux gouttes de lasolution à base de Dronabinol et les chauffe à l’aide d’unbriquet. Il inhale <strong>en</strong> même temps qu’il chauffe la solution. « Jepratique toujours la technique de pyrolyse avec un briquet, laplupart du temps avec deux gouttes de Dronabinol dans unepipe normale, dans laquelle j’ai disposé une petite grille <strong>en</strong>acier servant de support aux gouttes. Cette techniquefonctionne toujours sans provoquer de complications, comme labronchite. Au bout de quelques mois, un dépôt résineux se<strong>for</strong>me à l’intérieur de la pipe, comme dans une pipe àhaschich», a-t-il expliqué dans un courrier.164


Préparation de teinture à base de cannabisLes conseils du Dr Manfred Fankhauser, docteur <strong>en</strong>pharmacie <strong>en</strong> Suisse, se bas<strong>en</strong>t sur d’anci<strong>en</strong>nes <strong>for</strong>mules depréparation de médicam<strong>en</strong>ts. La préparation de teinture estidéale si on ne possède pas d’équipem<strong>en</strong>t pharmaceutiquespécifique. Pr<strong>en</strong>dre dans votre pharmacie <strong>en</strong>tre 3 et 5 partsd’alcool (par exemple eau de vie ou alcool éthylique de40 à 70 %) et 1 part de feuilles ou de fleurs de cannabis (parexemple 25 g de cannabis pour 100 ml d’alcool). Laisserreposer <strong>en</strong>viron 10 jours dans un lieu à l’abri de la lumière et dela chaleur. Secouer le mélange de temps <strong>en</strong> temps. Filtrer àl’aide d’une passoire. Conserver toujours la teinture ainsiobt<strong>en</strong>ue dans un <strong>en</strong>droit sombre et frais (par exemple dans leréfrigérateur) afin de préserver les principes actifs p<strong>en</strong>dantplusieurs semaines, voire plusieurs mois.Voici une autre recette : émietter le cannabis et le déposer dansun bocal. Couvrir <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t d’alcool (alcool éthylique <strong>en</strong>tre96 à 99 %, disponible <strong>en</strong> pharmacie). Faire reposer une semainedans un <strong>en</strong>droit frais et à l’abri de la lumière <strong>en</strong> secouant lebocal quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t. Filtrer à l’aide d’un filtre à café ou d’unmorceau de tissu. Presser au maximum les gouttes d’alcoolrestées dans le matériel végétal. Il est possible de répéter cegeste plusieurs fois, au moins une fois, mais deux fois val<strong>en</strong>tmieux. Remettre le cannabis dans le bocal et recouvrir d<strong>en</strong>ouveau d’alcool. Verser <strong>en</strong>suite l’alcool dev<strong>en</strong>u vert dans uneassiette creuse et la poser dans un <strong>en</strong>droit tempéré et aéré afinde faciliter l’évaporation de l’alcool et d’augm<strong>en</strong>ter ainsi laconc<strong>en</strong>tration des cannabinoïdes de la teinture. Cela peutpr<strong>en</strong>dre dix jours. Une fois que l’alcool s’est suffisamm<strong>en</strong>tévaporé, verser la teinture dans une bouteille équipée d’unbouchon compte-gouttes.Conseil pratique:Pour obt<strong>en</strong>ir de l’huile de cannabis, il faut laisser évaporer toutl’alcool jusqu’à obt<strong>en</strong>tion d’une sorte de pâte sombre(ressemblant à du goudron). Il est possible de poser le bocaldans un <strong>en</strong>droit chaud afin d’accélérer le processus. Il estdéconseillé de l’exposer directem<strong>en</strong>t aux rayons du soleil, carces derniers détruirai<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t le THC, et de le chauffer165


afin d’éviter que l’alcool ne s’<strong>en</strong>flamme. La conc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong>THC de cette huile peut atteindre <strong>en</strong>tre 20 et 50 %.Et si les troubles s’int<strong>en</strong>sifi<strong>en</strong>t ?Il arrive parfois que l’int<strong>en</strong>sité des troubles ou dessymptômes ne diminue pas, et qu’au contraire, elle augm<strong>en</strong>te.Ainsi, chez certaines personnes, les produits issus du cannabispeuv<strong>en</strong>t provoquer des nausées. Chez certains pati<strong>en</strong>ts souffrantde douleurs, le mal peut empirer et chez quelques pati<strong>en</strong>ts SEP,les spasmes peuv<strong>en</strong>t s'int<strong>en</strong>sifier provisoirem<strong>en</strong>t.L’action des produits dérivés du cannabis dép<strong>en</strong>d égalem<strong>en</strong>t del’état du système cannabinoïdes <strong>en</strong>dogène de l’organisme. Deplus, <strong>en</strong>tre le système cannabinoïde <strong>en</strong>dogène et d’autressystèmes internes, diverses interactions se produis<strong>en</strong>t, provoquantl’inhibition ou la stimulation de ces derniers et qui, selonl’état initial de ces systèmes, peuv<strong>en</strong>t avoir des réactions trèsdiffér<strong>en</strong>tes. Selon mes expéri<strong>en</strong>ces, toutes les personnes chezqui une première consommation de cannabis a provoqué desnausées, ont continué à réagir de cette manière. Par conséqu<strong>en</strong>t,l’administration de cannabis dans ces cas n’est pas conseillée. Il<strong>en</strong> va de même lors de certaines douleurs qui s’int<strong>en</strong>sifi<strong>en</strong>t à lasuite du traitem<strong>en</strong>t. J’ai égalem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>contré quelques cas, dontun pati<strong>en</strong>t consommateur de cannabis atteint d’une lésion auniveau de l’épaule qui a observé avec étonnem<strong>en</strong>t que sesdouleurs s’int<strong>en</strong>sifiai<strong>en</strong>t sous l’influ<strong>en</strong>ce du cannabis. Desobservations id<strong>en</strong>tiques ont été faites lors de <strong>for</strong>tes douleurschez des paraplégiques. Dans ces cas, il s’agit de douleurs ditesneuropathiques induites par des lésions nerveuses, dont lestraitem<strong>en</strong>ts à base de produits issus du cannabis sontgénéralem<strong>en</strong>t très bénéfiques. En revanche, il peut <strong>en</strong> êtreautrem<strong>en</strong>t avec l’effet sur la spasticité. Quelques personnesconcernées m’ont confié que dans leur cas, l’effet était fonctiondu dosage. C’est au cours de la phase d’essai qu’ils ontfinalem<strong>en</strong>t trouvé le dosage idéal avec lequel l’int<strong>en</strong>sité desspasmes diminuait de manière satisfaisante.166


Acheter du cannabis à l’étrangerIl est plus facile de se procurer du cannabis aux Pays-Bas ou<strong>en</strong> Suisse, qu’<strong>en</strong> France ou <strong>en</strong>core <strong>en</strong> Grèce. Aux Pays-Bas, lapossession d’une petite quantité de cannabis est autorisée. Lecannabis est d’ailleurs <strong>en</strong> v<strong>en</strong>te libre dans les fameux coffeeshops,établis dans toutes les grandes villes et où l’on peutégalem<strong>en</strong>t obt<strong>en</strong>ir de bons conseils. Très souv<strong>en</strong>t, les pati<strong>en</strong>tsinexpérim<strong>en</strong>tés <strong>en</strong> matière de consommation de cannabis et quisouhait<strong>en</strong>t essayer, y sont très bi<strong>en</strong> r<strong>en</strong>seignés. Certains coffeeshopsv<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t du cannabis à moitié prix à tous les pati<strong>en</strong>tspouvant prés<strong>en</strong>ter une prescription médicale correspondante,établie par un médecin néerlandais.Depuis 2003, les médecins néerlandais sont autorisés à prescriredu cannabis médicinal à leurs pati<strong>en</strong>ts. La production decannabis, destiné à la v<strong>en</strong>te <strong>en</strong> pharmacie, est autorisée par leministère néerlandais de la Santé Publique et des Sports. Legouvernem<strong>en</strong>t néerlandais, comme le gouvernem<strong>en</strong>t canadi<strong>en</strong>, aconstitué, au sein de son ministère, un Bureau du <strong>Cannabis</strong>Médicinal <strong>en</strong> charge du respect de la réglem<strong>en</strong>tation relative àl’utilisation médicale du cannabis. Les pati<strong>en</strong>ts de nationaliténéerlandaise sont autorisés à importer <strong>en</strong> Allemagne unequantité de cannabis correspondant à un mois de traitem<strong>en</strong>t. Parcontre, les pati<strong>en</strong>ts allemands n’ont pas le droit d’<strong>en</strong> ram<strong>en</strong>ermême sur prescription d’un médecin néerlandais.En Suisse et <strong>en</strong> Allemagne, la réglem<strong>en</strong>tation sur les stupéfiantsest similaire.Conseil pratique:Un séjour aux Pays-Bas permet d’essayer les produits à base decannabis sans crainte de faire l’objet d’une év<strong>en</strong>tuelle poursuitejudiciaire. Ainsi, vous pouvez tester si l’effet médical recherchépeut être obt<strong>en</strong>u.Produits issus du cannabis chez l’<strong>en</strong>fantIl est ess<strong>en</strong>tiel de distinguer l’utilisation thérapeutique desproduits issus du cannabis chez les <strong>en</strong>fants et les adolesc<strong>en</strong>ts, del’usage récréatif du cannabis comme il est pratiqué par lesjeunes. Sur le plan du développem<strong>en</strong>t psychologique des jeunes,167


le cannabis est <strong>en</strong> effet <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t déconseillé si sa consommationdépasse le stade occasionnel ou d’essai.Dans le traitem<strong>en</strong>t de certaines maladies, les cannabinoïdes etles produits naturels du cannabis ont été utilisés avec succèschez l’<strong>en</strong>fant. Certains exemples ont déjà été prés<strong>en</strong>tés dans leschapitres correspondant aux troubles pouvant bénéficier d’untraitem<strong>en</strong>t à base de cannabis. Il s’agit principalem<strong>en</strong>t demaladies neurologiques (épilepsie, spasticité d’originesdiverses, accid<strong>en</strong>t de noyade, etc.), de syndromes d’hyperactivité(TDAH) et d’effets secondaires de chimiothérapiesanticancéreuses. Le nombre de récepteurs cannabinoïdes dans lecerveau de l’<strong>en</strong>fant est inférieur à celui de l’adulte et, de ce fait,le dosage doit être adapté <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce.Conseil pratique:Il est conseillé d’utiliser les produits issus du cannabis chezl’<strong>en</strong>fant exclusivem<strong>en</strong>t pour traiter des maladies graves. Dansces cas sévères, le cannabis n’est généralem<strong>en</strong>t pas contreindiqué.Il est possible de déterminer le dosage <strong>en</strong> fonction dupoids. Le Dr Rüdiger Lor<strong>en</strong>z, pédiatre allemand, a qualifié de« bi<strong>en</strong> toléré » et de « efficace », un dosage compris <strong>en</strong>tre 0,04et 0,14 mg de THC par kilo de masse corporelle, chez des<strong>en</strong>fants âgés de 3 à 14 ans. Pour un <strong>en</strong>fant de 20 kg, celaéquivaut à un dosage de 1 ou 2 mg de THC. Ses expéri<strong>en</strong>ces sebasai<strong>en</strong>t sur des cas d’<strong>en</strong>fants souffrant <strong>en</strong>tre autres d’épilepsie,de paraplégie, de spasticité et de spasmes musculaires liés à descauses inconnues.168


Chènevis, huile et farine de chanvreLorsqu’il est question d’utilisation médicale des produits issusdu cannabis, on p<strong>en</strong>se généralem<strong>en</strong>t aux constituants de laplante qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une <strong>for</strong>te conc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> cannabinoïdes,c’est-à-dire aux feuilles et aux fleurs. Les graines de chanvre,égalem<strong>en</strong>t appelées chènevis, ainsi que l’huile qui <strong>en</strong> estextraite par pressage, ne conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t que des quantités infimesde THC, insuffisantes pour provoquer des effets psychotropes.La noix t<strong>en</strong>dre des graines de chanvre ne révèle que desquantités infimes de THC, raison pour laquelle p<strong>en</strong>dant trèslongtemps, on ne savait pas si elle <strong>en</strong> cont<strong>en</strong>ait réellem<strong>en</strong>t oupas. De plus, des feuilles protectrices, cont<strong>en</strong>ant du THC,pouvai<strong>en</strong>t rester autour des graines, augm<strong>en</strong>tant <strong>en</strong>core le doute.Or, ces traces de THC disparaiss<strong>en</strong>t quasi totalem<strong>en</strong>t lorsque lesgraines sont bi<strong>en</strong> nettoyées avant le pressage. La t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> THCdu chènevis ou de l’huile de chanvre, <strong>en</strong> v<strong>en</strong>te dans lesmagasins d’alim<strong>en</strong>tation diététique ou de produits biologiques,reste ainsi extrêmem<strong>en</strong>t faible et ne peut donc pas provoquerd’effets pharmacologiques, même <strong>en</strong> cas de consommationélevée.Le chènevis peut être dégusté cru ou grillé, comme lescacahuètes, ou être utilisé <strong>en</strong> tant que farine pour la fabricationde pains ou de gâteaux, voire être mélangés dans du muesli. Letourteau pressé, à partir duquel est fabriquée la farine, estégalem<strong>en</strong>t un alim<strong>en</strong>t très nutritif. Il est constitué des résidusdes graines après pressage et extraction de l’huile. Le tourteauconti<strong>en</strong>t très peu de matières grasses, mais est très riche <strong>en</strong>albumines. Comme la farine de chanvre, le tourteau est uningrédi<strong>en</strong>t idéal pour toutes sortes de pâtes. L’huile de chanvreest une huile de table de premier choix et de même finesse queles fameuses huiles de noix ou de noisettes.Principes nutritifs de baseD’un point de vue botanique, les graines de chanvre sont despetites noix mesurant seulem<strong>en</strong>t quelques millimètres dediamètre. Elles sont moins allongées, mais plus épaisses que lesgraines de tournesols. La noix t<strong>en</strong>dre est protégée par une169


coquille comestible, fine et croustillante à la fois. Pourl’extraire, il suffit de décortiquer délicatem<strong>en</strong>t la graine. Lat<strong>en</strong>eur moy<strong>en</strong>ne est de 28 à 35 % <strong>en</strong> matières grasses et de20 à 24 % <strong>en</strong> protéines.Une grande partie de l’intérêt porté aujourd’hui aux graines dechanvre concerne son huile qui est utilisée autant dansl’alim<strong>en</strong>tation que dans les produits de soins corporels.D’ailleurs, la plupart des données analytiques disponibles à cejour r<strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t sur le large spectre des acides gras des produitsà base de chènevis. Bi<strong>en</strong> que la répartition des acides dép<strong>en</strong>de<strong>for</strong>tem<strong>en</strong>t de la variété et du mode de culture de la plante, il estpossible de dresser un tableau représ<strong>en</strong>tant les caractéristiquesde base de l’huile de chanvre. Ainsi, la t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> acides grasess<strong>en</strong>tiels (acide linoléique et acide alpha-linoléique) de75 à 85 % du total des acides gras cont<strong>en</strong>us est remarquable.Les principales huiles végétales et leurs t<strong>en</strong>eurs <strong>en</strong> acides graspolyinsaturés (%)Huile végétaleAcideoléiqueAcidelinoléique(oméga-6)Acide alphalinoléique(oméga-3)Acidegammalinoléique(oméga-6)Chanvre 10 – 16 50 - 70 15 -25 2 - 4Lin 13 - 23 17 - 31 44 - 54 -Olive 64 -86 4 - 15 1 -Colza 54 - 60 24 – 28 9 - 11 -Tournesol 30 - 40 50 - 64 Traces -Soja 20 - 34 49 - 55 4 - 12 -Onagre 12 - 20 55 - 65 - 6 - 14Bourrache 14 - 18 25 - 40 > 1 21 - 25170


L’organisme humain ne peut pas synthétiser les acides grasess<strong>en</strong>tiels. Ils doiv<strong>en</strong>t donc être apportés de l’extérieur par lebiais des alim<strong>en</strong>ts. Parmi tous les acides gras cont<strong>en</strong>us dansl’huile de chanvre, l’acide alpha-linoléique polyinsaturé(oméga-3) est très prés<strong>en</strong>t (15 à 25 %). L’huile de chanvreconti<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>ts acides gras à longue chaîne, c’est-à-dire desacides qui sont trans<strong>for</strong>més par l’organisme à partir des deuxacides gras ess<strong>en</strong>tiels. Parmi eux, les principaux sont l’acidegamma-linoléique et l’acide stéarique.La plupart des huiles de consommation courante (tournesol,soja, colza et maïs) offr<strong>en</strong>t un apport suffisant <strong>en</strong> acideslinoléiques. En revanche, seulem<strong>en</strong>t l’huile de soja et l’huile decolza apport<strong>en</strong>t de petites quantités d’acide alpha-linoléique(oméga-3). L’huile de lin, pourtant riche <strong>en</strong> cet acide, n’estadaptée ni à la cuisson, à cause de la grande s<strong>en</strong>sibilité àl’oxydation de ses acides gras, ni à la consommation froide, àcause de son goût déplaisant. Puisque ni les viandes, ni lescéréales n’offr<strong>en</strong>t une source suffisante <strong>en</strong> acides alphalinoléiques,ou <strong>en</strong> autres acides gras oméga-3 à longue chaîne,les habitudes alim<strong>en</strong>taires dans les pays occid<strong>en</strong>taux sont doncgénéralem<strong>en</strong>t pauvres dans ces acides. Des indications laiss<strong>en</strong>tsuggérer qu’une car<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> acide gras oméga-3 peut représ<strong>en</strong>terun des facteurs responsable de nombreuses maladies chroniqueset aigues aujourd’hui largem<strong>en</strong>t répandues. Le rapport acidelinoléique / acide alpha-linoléique (3/1) qui caractérise l’huilede chanvre, est proche du rapport optimal préconisé par leschercheurs <strong>en</strong> nutrition (<strong>en</strong>tre 4 à 1 et 6 à 1). Or, <strong>en</strong> dehors del’huile de colza, la plupart des huiles végétales, habituellem<strong>en</strong>tutilisées <strong>en</strong> cuisine, ont un rapport bi<strong>en</strong> trop élevé.De plus, l’huile de chanvre conti<strong>en</strong>t des antioxydants de lafamille des vitamines E, de conc<strong>en</strong>trations moy<strong>en</strong>nes à <strong>for</strong>tes(<strong>en</strong>tre 100 et 150 mg par 100 g d’huile, dont principalem<strong>en</strong>t lagamma-tocophérol), ainsi que divers autres composants, <strong>en</strong>faible conc<strong>en</strong>tration, et qui sont égalem<strong>en</strong>t <strong>for</strong>tem<strong>en</strong>tnécessaires, voire ess<strong>en</strong>tiels (phytostérols, phospholipides,carotènes et divers minéraux).171


L’acide gamma-linoléiqueLa prés<strong>en</strong>ce d’acide gamma-linoléique et de d’acidestéarique <strong>en</strong> petites quantités dans l’huile de chanvre offre, <strong>en</strong>plus de sa composition optimale <strong>en</strong> acides gras ess<strong>en</strong>tiels (acidelinoléique et acide alpha-linoléique), un bénéfice supplém<strong>en</strong>tairechez les personnes dont l’organisme ne synthétise pas,ou insuffisamm<strong>en</strong>t, les acides gras ess<strong>en</strong>tiels à long chaîne(trouble génétique, dysfonctionnem<strong>en</strong>t nutritif ou autrescauses).En règle générale, l’organisme <strong>en</strong> bonne santé n’a pas besoind’un apport complém<strong>en</strong>taire <strong>en</strong> acide gamma-linoléique puisquel’<strong>en</strong>zyme delta-6-désaturase trans<strong>for</strong>me l’acide linoléique <strong>en</strong>acide gamma-linoléique.Pour une parfaite exploitation de l’acide linoléique, il faut quel’organisme trans<strong>for</strong>me cet acide <strong>en</strong> d’autres substances. Latrans<strong>for</strong>mation de l’acide linoléique <strong>en</strong> acide gamma-linoléiquepar le delta-6-désaturase est la première étape du processus.Cette étape est longue et représ<strong>en</strong>te chez l’homme l’étapelimitante. Si, pour une quelconque raison, l’activité de l’<strong>en</strong>zymedelta-6-désaturase est réduite, d’év<strong>en</strong>tuels troubles de santépeuv<strong>en</strong>t apparaître. Dans ce cas, un apport de ces métabolitespar l’alim<strong>en</strong>tation peut représ<strong>en</strong>ter une mesure appropriée pourrétablir le bon fonctionnem<strong>en</strong>t de l’organisme.La comparaison <strong>en</strong>tre la composition de l’huile de chanvre etcelle des autres huiles végétales révèle la prés<strong>en</strong>ce d’acidegamma-linoléique dans l’huile de chanvre. L’huile de bourracheet l’huile d’onagre, <strong>en</strong> revanche, offr<strong>en</strong>t des conc<strong>en</strong>trations plusélevées. D’autres paramètres comme l’instabilité, le goûtdésagréable ou le prix, font que ces huiles ne sont pas adaptéesà la consommation courante. Il est néanmoins possible de se lesprocurer sous <strong>for</strong>me de gélules.Les graines de chanvre, par contre, offr<strong>en</strong>t une huile trèsgoûteuse, à condition qu’elle soit préparée avec soin et presséeà froid. Elle est l’ingrédi<strong>en</strong>t idéal pour des salades, desgarnitures, des sauces, des soupes et des grillades, mais elle nedoit être ni cuite, ni frit. La richesse de cette huile s’expliqued’une part dans sa composition quasi idéale avec son rapportoméga-6/oméga-3 d’<strong>en</strong>viron trois pour un (3/1), avec sa172


composition riche et complexe tant sur le plan physiologiqueque nutritif, sa bonne t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> acide gamma-linoléique (2 à4%) et son goût agréable. Toutes ces composantes font del’huile de chanvre un alim<strong>en</strong>t fonctionnel qui aura toute sa placeau sein de la nutrition de demain.Au-delà de la nutrition, grâce à sa composition unique <strong>en</strong> acidesgras ess<strong>en</strong>tiels, l’huile de chènevis est excell<strong>en</strong>te dans ledomaine des soins corporels (pommades et huiles pour la peau).D’autres huiles végétales riches <strong>en</strong> acides gamma-linoléiques,comme l’huile de bourrache ou l’huile d’onagre, ont un rapportoméga-6/oméga-3 défavorable (<strong>en</strong>viron 30 à 1) qui ne convi<strong>en</strong>tpas à l’épiderme humaine (4 à 1).L’utilisation thérapeutique des acides gras ess<strong>en</strong>tielset de l’huile de chanvreNeurodermiteLes recherches m<strong>en</strong>ées <strong>en</strong>tre les années tr<strong>en</strong>te et cinquanteont démontré que les défici<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> acides gras ess<strong>en</strong>tielsoméga-6 provoqu<strong>en</strong>t une altération de la peau de natureinflammatoire chez les animaux comme chez les humains. Plustard il a été découvert que chez des personnes atteintes d’un<strong>en</strong>eurodermite, la conc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> acide linoléique dans le sanget dans les tissus adipeux était très souv<strong>en</strong>t plus élevée, tandisque le taux des métabolites de l’acide linoléique étaitgénéralem<strong>en</strong>t plus faible que chez les personnes <strong>en</strong> bonne santé.Il a égalem<strong>en</strong>t été constaté que la composition des acides grasdans les globules rouges et dans les cellules mononucléairesétait modifiée. Dans le cas de la neurodermite, il est probablequ’il s’agisse d’une inhibition de l’activité de l’<strong>en</strong>zyme delta-6-désaturase limitant ainsi le processus de trans<strong>for</strong>mation del’acide linoléique <strong>en</strong> acide gamma-linoléique. Par conséqu<strong>en</strong>t, ilest possible qu’il s’agisse d’un trouble héréditaire dumétabolisme des acides gras.Chez des pati<strong>en</strong>ts atteints de neurodermite, l'administrationd’acides gamma-linoléiques permet d’augm<strong>en</strong>ter, dans lescellules cutanées, le rapport acides gras insaturés/acides grassaturés (Schafer, 1991). Une chance pour la prév<strong>en</strong>tion des173


maladies atopiques , c’est ainsi que Melnik a titré un articletraitant du pot<strong>en</strong>tiel de l’utilisation thérapeutique des acidesgamma-linoléiques (Melnik, 1990).Selon les résultats pour la plupart issus d’études cliniques, lestraitem<strong>en</strong>ts à base d’acides gamma-linoléiques <strong>en</strong> prise oraleont un effet très bénéfique pour lutter contre le traitem<strong>en</strong>t dessymptômes d’altération de la peau (d’après des étudescliniques), de la rugosité de la peau (d’après des observationsobjectives) ainsi que de l’augm<strong>en</strong>tation de la conc<strong>en</strong>tration descatécholamines plasmatiques chez des pati<strong>en</strong>ts atteints d<strong>en</strong>eurodermite (Andreassi, 1997 ; Biagi, 1994 ; Fiocchi, 1994 ;Bordoni, 1988 ; Biagi, 1988 ; sauf H<strong>en</strong>z, 1999 ; Borrek, 1997).Dans des études m<strong>en</strong>ées <strong>en</strong> 1997 par Borrek et al., 10 des 24pati<strong>en</strong>ts ont ress<strong>en</strong>ti des effets positifs avec ce type detraitem<strong>en</strong>t. Le besoin quotidi<strong>en</strong> <strong>en</strong> acides gamma-linoléiques,administrés par voie orale, correspondait, d’après ces études, àquelques cuillères à café d’huile de chanvre.De plus, une étude <strong>en</strong> double-aveugle a été m<strong>en</strong>ée auprès de12 pati<strong>en</strong>ts souffrant de neurodermite, ayant pour objet letraitem<strong>en</strong>t externe de la neurodermite, avec une pommade àbase d’acides gamma-linoléiques (Anstey, 1990). Après lesquinze jours de la phase de traitem<strong>en</strong>t, les pati<strong>en</strong>ts ont observéun meilleur effet thérapeutique avec la pommade à base d’huiled’onagre, qu’avec le placebo.L’huile de chanvre pour les soins corporelsEn plus de son utilisation dans l’alim<strong>en</strong>tation, l’huile dechanvre est de plus <strong>en</strong> plus utilisée <strong>en</strong> tant que composant dansles produits de soins corporels comme les savons, les crèmes,les lotions, les shampoings ou les gels douche. Ces produitsoffr<strong>en</strong>t une grande souplesse et une parfaite adaptation à lapeau. En application externe, les acides gras polyinsaturés ontégalem<strong>en</strong>t des vertus calmantes sur les problèmes de peau sècheet des effets stabilisants sur le processus de vieillissem<strong>en</strong>t de lapeau (Leson, 2001).174


Acide gamma-linoléique et autres maladiesDe nombreuses études ont permis d’évaluer l’influ<strong>en</strong>ce duprocessus d’absorption des acides gras sur le développem<strong>en</strong>t decertaines maladies fréqu<strong>en</strong>tes dans les pays occid<strong>en</strong>taux. Enrésumé, les résultats démontr<strong>en</strong>t qu’un déséquilibre dansl’absorption des acides gras oméga-3 et oméga-6, et parconséqu<strong>en</strong>t, un déséquilibre de leurs produits métaboliques, lesprostaglandines, est souv<strong>en</strong>t un facteur responsable de l’apparitionde ces maladies.En plus de la neurodermite, de nombreuses autres applicationsthérapeutiques pot<strong>en</strong>tielles sont <strong>en</strong>visageables avec l’huile dechanvre, particulièrem<strong>en</strong>t pour les acides gras polyinsaturés,notamm<strong>en</strong>t les acides alpha-linoléiques (oméga-3) et gammalinoléiques(oméga-6). Voici quelques uns des domainesd’application pot<strong>en</strong>tiels <strong>en</strong>visageables :Maladies cardio-vasculairesLes pati<strong>en</strong>ts qui ont suivi un régime alim<strong>en</strong>taire thérapeutique,basé sur des prises quotidi<strong>en</strong>nes d’acides linoléiqueset d’acides gamma-linoléiques, correspondant à 5 cuillères àcafé d’huile de chanvre, ont vu leur taux de LDL et decholestérol dans le sang baisser rapidem<strong>en</strong>t (Guivernau, 1994).Une autre étude a démontré que la consommation d’acides grasoméga-3 diminuait considérablem<strong>en</strong>t le risque de mort subitepar arrêt cardiaque chez des pati<strong>en</strong>ts ayant survécu à uninfarctus du myocarde (Sellmeyer, 1998).Arthrite rhumatoïde et autres maladies inflammatoiresL’acide gamma-linoléique et les prostaglandines possèd<strong>en</strong>tdes vertus anti-inflammatoires. Des études ont montré que desprises quotidi<strong>en</strong>nes d’acide gamma-linoléique, à un dosageallant de 1,2 à 1,4 g p<strong>en</strong>dant douze à vingt-quatre semaines, ontpermis de réduire significativem<strong>en</strong>t les symptômes de l’arthriterhumatoïdes, sans provoquer d’effets secondaires (Lev<strong>en</strong>thal,1993 ; Pullman-Mooar, 1990).175


Syndrome prém<strong>en</strong>struelCe syndrome se manifeste chez de nombreuses femmes lorsdes m<strong>en</strong>struations. Des études ont montré que des femmesprés<strong>en</strong>tant ce syndrome souffr<strong>en</strong>t d’un trouble du métabolismedes acides gras, qui, de plus, ral<strong>en</strong>tit la trans<strong>for</strong>mation desacides linoléiques <strong>en</strong> acides gamma-linoléiques et donc <strong>en</strong>prostaglandines correspondantes. Dans une étude clinique,l’administration d’acides gamma-linoléiques, à un dosagequotidi<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre 150 et 200 mg p<strong>en</strong>dant douze semaines, aconduit à une nette réduction du syndrome (Horrobin et Manku,1989).176


App<strong>en</strong>diceGlossaireAnandamideL’anandamide est l’un des <strong>en</strong>docannabinoïdes synthétisénaturellem<strong>en</strong>t par l’organisme humain. Son nom provi<strong>en</strong>t dusanscrit ananda qui signifie bonheur suprême. En chimie,l’anandamide est appelé N-arachidonoyl éthanolamine.CannabinoïdesLes cannabinoïdes sont des substances actives spécifiques à laplante <strong>Cannabis</strong> Sativa L. À ce jour, près de 80 cannabinoïdesdiffér<strong>en</strong>ts, propres au cannabis, ont été rec<strong>en</strong>sés. D’un point devue pharmacologique, le THC (delta-9-tétrahydrocannabinol)est le cannabinoïde le plus important, suivi du CBD (cannabidiol).<strong>Cannabis</strong> Sativa L.Le cannabis Sativa L., ou plus communém<strong>en</strong>t cannabis, est l<strong>en</strong>om latin donné au chanvre indi<strong>en</strong>. La plante ressemble de loinà l’ortie. Le cannabis, tout comme le houblon, apparti<strong>en</strong>t à lafamille des cannabinacées.CBDLe cannabidiol, ou CBD, est d’un point de vue quantitatif, leprincipal cannabinoïde prés<strong>en</strong>t dans le chanvre textile. Il agitcontre l’effet <strong>en</strong>ivrant du THC et possède de nombreusespropriétés médicinales dont des effets anti-inflammatoires,antipsychotiques et antioxydants. Cep<strong>en</strong>dant, pour obt<strong>en</strong>ir ceseffets, des doses relativem<strong>en</strong>t élevées sont requises.ChanvreLe chanvre est une plante verte qui est, dans la plupart des cas,une plante annuelle (nom latin : <strong>Cannabis</strong> Sativa L.). Les177


plantes femelles ont une conc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> fibres et <strong>en</strong> THC plusélevée que les plantes mâles. Les variétés de chanvre pauvres <strong>en</strong>THC sont communém<strong>en</strong>t appelées chanvre textile. Près de30 pays dans le monde, y compris l’Allemagne et la France,autoris<strong>en</strong>t la culture du chanvre industriel. Ce type de chanvreest utilisé dans l’industrie pour ses fibres et dans l’alim<strong>en</strong>tationpour ses graines (chènevis). Les variétés de chanvre riches <strong>en</strong>THC sont égalem<strong>en</strong>t appelées chanvre psychotrope. Ce sont cesvariétés dont sont extraits la marijuana et le haschich.Delta-9-tétrahydrocannabinolLe delta-9-THC ou THC, est le composant actif le plusimportant du point de vue pharmacologique. Il est responsablede l’ivresse cannabique, le high, mais aussi de la plupart deseffets thérapeutiques du cannabis. Il est égalem<strong>en</strong>t connu sousle nom de Dronabinol.DronabinolLe Dronabinol est une autre appellation du THC, le composantactif naturel du cannabis. En Allemagne, la prescriptionmédicale de Dronabinol est autorisée depuis 1998, à conditionque le médecin utilise un carnet à souche spécialem<strong>en</strong>t réservéaux produits inscrits au tableau B. En Autriche et <strong>en</strong> Suisse, lesmédecins sont égalem<strong>en</strong>t autorisés à le prescrire. En Suisse parexemple, il faut pour cela une autorisation spéciale délivrée parl’Office Fédéral de la Santé publique. Sur l’<strong>en</strong>semble duterritoire germanophone, il est possible de se procurer soit unepréparation à base de Dronabinol prov<strong>en</strong>ant des États-Unis(Marinol®), soit du Dronabinol des laboratoires BionoricaEthics ou THC Pharm.EndocannabinoïdesLes <strong>en</strong>docannabinoïdes, ou cannabinoïdes <strong>en</strong>dogènes, sont dessubstances produites par l’organisme humain et qui se li<strong>en</strong>t auxrécepteurs cannabinoïdes de la même manière que celles issuesdu cannabis. Ils ne sont actifs que p<strong>en</strong>dant quelques minutes.Parmi les <strong>en</strong>docannabinoïdes figur<strong>en</strong>t l’anandamide et le2-arachidonoyl glycérol (2-AG).178


HaschichLe haschich, ou résine de cannabis, est le nom commun de larésine sécrétée par des glandes spécifiques du cannabis. Cetterésine est très riche <strong>en</strong> THC, avec une conc<strong>en</strong>tration pouvantaller de 3 à 25 %. Ce sont dans les régions chaudes du globeque les plantes produis<strong>en</strong>t le plus de résine, raison pour laquellele haschich est surtout produit dans ces pays. Souv<strong>en</strong>t, lehaschich se prés<strong>en</strong>te pressé, sous la <strong>for</strong>me de tablettes.MarijuanaLa marijuana, ou herbe de cannabis, est composée de feuilles etde fleurs séchées issues du chanvre psychotrope. Les partiesvégétales sont séchées, de la même manière qu'est séché le thé,et parfois ferm<strong>en</strong>tées. La plupart du temps, pour obt<strong>en</strong>ir de lamarijuana, seules les plantes femelles sont utilisées puisqu’ellessont plus riches <strong>en</strong> THC (<strong>en</strong>tre 1 et 25 %). Les fleurs prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tune conc<strong>en</strong>tration plus élevée <strong>en</strong> THC que les feuilles.Marinol®Le Marinol® est un médicam<strong>en</strong>t de synthèse à base deDronabinol commercialisé sous la <strong>for</strong>me de gélules par lelaboratoire Solvay Pharmaceuticals. Les pharmacies <strong>en</strong>Allemagne sont autorisées à importer ce médicam<strong>en</strong>t des États-Unis. Pour simplifier l’importation, les pharmaci<strong>en</strong>s peuv<strong>en</strong>ts’adresser directem<strong>en</strong>t à une société importatrice de médicam<strong>en</strong>ts,déjà <strong>en</strong> possession d’une lic<strong>en</strong>ce d’importation pour leMarinol®, accordée par l’Institut fédéral des médicam<strong>en</strong>ts etdes dispositifs médicaux. Les pati<strong>en</strong>ts français peuv<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t demander une autorisation auprès de l’Ag<strong>en</strong>ceFrançaise de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé(AFSSAPS).Récepteurs cannabinoïdesLes récepteurs cannabinoïdes sont des sites de liaisonspécifiques prés<strong>en</strong>ts à la surface de nombreuses cellules,notamm<strong>en</strong>t sur les cellules nerveuses et les leucocytes, auxquelsse li<strong>en</strong>t les cannabinoïdes ou les <strong>en</strong>docannabinoïdes pourprovoquer de multiples effets.179


THCTHC est l’abréviation de Tétrahydrocannabinol, qui désigne laplupart du temps la substance végétale naturelle (-)-transisomère du delta-9-THC, égalem<strong>en</strong>t connue sous le nom deDronabinol.180


BibliographieCette partie du guide répertorie plus de 300 référ<strong>en</strong>cessci<strong>en</strong>tifiques dont les plus réc<strong>en</strong>tes dat<strong>en</strong>t de l’année de parutionde cet ouvrage (2009). Les référ<strong>en</strong>ces inclu<strong>en</strong>t des publicationsde la presse spécialisée relatives aux études cliniques, auxrecherches et aux rapports d’études de cas sur les traitem<strong>en</strong>ts àbase de cannabinoïdes et de cannabis, prés<strong>en</strong>tés dans le chapitre« Les applications médicales des produits issus du cannabis ».Littérature spécifique (<strong>en</strong> anglais)British Medical <strong>Association</strong>: Therapeutic uses of cannabis. HarwoodAcademic Publishers, Amsterdam 1997.<strong>Cannabis</strong>. The sci<strong>en</strong>tific and medical evid<strong>en</strong>ce. Select Committee onSci<strong>en</strong>ce and Technology. House of Lords, 9th Report session,1997-98. London: The Stationery Office, 1998.Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> F, Russo E, eds. <strong>Cannabis</strong> and cannabinoids.Pharmacology, toxicology, and therapeutic pot<strong>en</strong>tial. Binghamton/NewYork: Haworth Press, 2002.Joy JE, Watson SJ, B<strong>en</strong>son JA, eds. Marijuana and medicine:Assessing the sci<strong>en</strong>ce base. Washington DC: Institute of Medicine,National Academy Press, 1999.Russo E, Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> F, Hrsg. The Handbook of <strong>Cannabis</strong>Therapeutics: From B<strong>en</strong>ch to Bedside. Binghamton/New York:Haworth Press, 2006.Une partie de la littérature spécifique est disponible sur le site internetde l’IACM.Nausées et vomissem<strong>en</strong>tsAbrahamov A, Abrahamov A, Mechoulam R. An effici<strong>en</strong>t newcannabinoid antiemetic in pediatric oncology. Life Sci<strong>en</strong>ces1995;56:2097-2102.Artim R, DiBella N. Tetrahydrocannabinol (THC) plusprochlorperazine (PCZ) <strong>for</strong> refractory nausea and vomiting (N/V).Proceedings of the American Society <strong>for</strong> Clinical Oncology1983;2:84.Chang AE, Shiling DJ, Stillman RC, Goldberg NH, Seipp CA,Barofsky I. Delta-9-tetrahydrocannabinol as an antiemetics in181


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In<strong>for</strong>mations complém<strong>en</strong>taires et coordonnéesSur ce site vous trouverez toutes les in<strong>for</strong>mations régulièrem<strong>en</strong>tmises à jour, notamm<strong>en</strong>t sur l’évolution politique etjuridique de l’utilisation médicale du cannabis. Vous pouvezégalem<strong>en</strong>t vous abonner gratuitem<strong>en</strong>t au bulletin d’in<strong>for</strong>mationde l’IACM (IACM Bulletin) qui est publié gratuitem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>plusieurs langues tous les quinze jours et égalem<strong>en</strong>t disponiblesur le site internet de l’IACM.Adresse internet de l’IACM :http://www.cannabismed.org<strong>Association</strong> <strong>International</strong>e pour le <strong>Cannabis</strong> Médical(IACM)Am Mild<strong>en</strong>weg 659602 Rüth<strong>en</strong>AllemagneTéléphone : +49 (0)2952 970 8571Fax : +49 (0)2952 902 651E-mail: info@cannabis-med.orgInternet: http://www.cannabismed.org210


À propos de l’auteurLe Docteur Franjo Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> est présid<strong>en</strong>t de l’<strong>Association</strong>allemande pour le <strong>Cannabis</strong> Médical ACM (Arbeitsgemeinschaft<strong>Cannabis</strong> als Medizin) fondée <strong>en</strong> 1997 et initiateur del’<strong>Association</strong> <strong>International</strong>e pour le <strong>Cannabis</strong> Médical IACM(<strong>International</strong>e Arbeitsgemeinschaft <strong>Cannabis</strong> als Medizin).Chercheur à l’Institut Nova de Cologne (unité « matièrespremières végétales ») et auteur de nombreux articles etouvrages sur le pot<strong>en</strong>tiel thérapeutique du cannabis et descannabinoïdes, Franjo Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> est un spécialiste der<strong>en</strong>ommée internationale, conseiller et expert pour tout ce quiconcerne les aspects pharmacologiques et toxicologiques descannabinoïdes. Il est égalem<strong>en</strong>t membre du comité sci<strong>en</strong>tifiquede relecture du Journal of <strong>Cannabis</strong> Therapeutics et éditeur dela revue <strong>Cannabis</strong> and <strong>Cannabinoid</strong>s : Pharmacology, Toxicologyand Therapeutic Pot<strong>en</strong>tials, publiée <strong>en</strong> allemand, <strong>en</strong>anglais et <strong>en</strong> espagnol, ainsi que de la revue <strong>Cannabis</strong>,Straß<strong>en</strong>verkehr und Arbeitswelt (<strong>Cannabis</strong>, conduite routière etau travail).211


Du même auteurGrot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> F. <strong>Cannabis</strong> como medicam<strong>en</strong>to. Barcelona,Spani<strong>en</strong>: Canamo Verlag, 2007.Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> F, Reck<strong>en</strong>drees B. Die Behandlung mit <strong>Cannabis</strong>und THC. Solothurn, Schweiz: Nachtschatt<strong>en</strong> Verlag, 2006.Russo E, Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> F, Hrsg. The Handbook of <strong>Cannabis</strong>Therapeutics: From B<strong>en</strong>ch to Bedside. Binghamton/NewYork: Haworth Press, 2006.Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> F, Hrsg. <strong>Cannabis</strong> und <strong>Cannabinoid</strong>e.Pharmakologie, Toxikologie und therapeutisches Pot<strong>en</strong>tial.Götting<strong>en</strong>: Hans Huber, 2001 (1. Aufl.), 2004 (2. erweiterteund ergänzte Ausgabe).Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> F. Hanf als Medizin. Ein praktische Ratgeber zurAnw<strong>en</strong>dung von <strong>Cannabis</strong> und Dronabinol. Bad<strong>en</strong> undMünch<strong>en</strong>: AT Verlag, 2004.Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> F, Russo E, Ricardo Navarrete-Varo, eds.<strong>Cannabis</strong> y cannabinoides. Farmacología, toxicología ypot<strong>en</strong>cial terapéutico. Castellar de la Frontera, Spani<strong>en</strong>:Castellarte, S.L., 2003.Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> F, Karus M, Hrsg. <strong>Cannabis</strong>konsum,Straß<strong>en</strong>verkehr und Arbeitswelt. Heidelberg: Springer, 2002.Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> F, Russo E, eds. <strong>Cannabis</strong> and cannabinoids.Pharmacology, toxicology, and therapeutic pot<strong>en</strong>tial. Binghamton/NewYork: Haworth Press, 2002.Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> F, Huppertz R. Hanf als Medizin. Heidelberg:Haug-Verlag, 1997. 182 Seit<strong>en</strong>.Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> F, Karus M. <strong>Cannabis</strong> als Heilmittel: einmedizinischer Ratgeber. Verlag die Werkstatt, Götting<strong>en</strong>1998.Grot<strong>en</strong>herm<strong>en</strong> F, Karus M. <strong>Cannabis</strong> als Heilmittel - EinePati<strong>en</strong>t<strong>en</strong>broschüre. Hürth: nova-Institut, 1995.212


Éditions Indica7, Impasse de l’arg<strong>en</strong>t67600 Sélestat, FranceE-mail : info@editions-indica.comInternet : www.editions-indica.comDépôt Légal : Septembre 2009Copyright © 2009 Éditions Indica


Achevé d’imprimer <strong>en</strong> septembre 2009Sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery58500 ClamecyImprimé <strong>en</strong> France

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