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Ordonnance du Roi du 20-23 novembre 1822 - le cercle du barreau

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Sire, la profession d’avocat est si nob<strong>le</strong> et si é<strong>le</strong>vée ; el<strong>le</strong> impose à ceux qui souhaitentl’exercer avec distinction tant de sacrifices et tant de travaux ; el<strong>le</strong> est si uti<strong>le</strong> à l’Etat par <strong>le</strong>slumières qu’el<strong>le</strong> répand dans <strong>le</strong>s discussions qui préparent <strong>le</strong>s arrêts de la justice, que jecraindrais de manquer à l’un de mes devoirs <strong>le</strong>s plus importants, si je négligeais d’attirer surel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s regards bienveillans de votre majesté.Cette profession a des prérogatives dont <strong>le</strong>s esprits timides s’étonnent, mais dontl’expérience a depuis long-temps fait sentir la nécessité. L’indépendance <strong>du</strong> <strong>barreau</strong> estchère à la justice autant qu’à lui-même. Sans <strong>le</strong> privilège qu’ont <strong>le</strong>s avocats de discuter, avecliberté, <strong>le</strong>s décisions mêmes que la justice prononce, ses erreurs se perpétueraient, semultiplieraient, ne seraient jamais réparées, ou plutôt, un vain simulacre de justice prendraitla place de cette autorité bienfaisante, qui n’a d’autre appui que la raison et la vérité. Sans <strong>le</strong>droit précieux d’accorder ou de refuser <strong>le</strong>ur ministère, <strong>le</strong>s avocats cesseraient bientôtd’inspirer la confiance, et peut être de la mériter. Ils exerceraient sans honneur uneprofession dégradée. La justice, toujours condamnée à douter de <strong>le</strong>ur bonne foi, ne sauraitjamais s’ils croient eux-mêmes à <strong>le</strong>urs récits ou à <strong>le</strong>urs doctrines, et serait privée de lagarantie que lui offrent <strong>le</strong>ur expérience et <strong>le</strong>ur probité. Enfin, sans une organisation intérieurequi l’affranchisse <strong>du</strong> joug inuti<strong>le</strong> d’une surveillance directe et habituel<strong>le</strong>, cet ordre ne pourraitplus espérer de recevoir dans ses rangs <strong>le</strong>s hommes supérieurs qui font sa gloire ; et lajustice, sur qui rejaillit l’éclat de <strong>le</strong>urs vertus et de <strong>le</strong>urs ta<strong>le</strong>ns, perdrait à son tout ses plussûrs appuis et ses meil<strong>le</strong>urs guides.Il y aurait peu de sagesse à craindre <strong>le</strong>s dangers de ces privilèges. On a vu sans doute desavocats, oubliant la dignité de <strong>le</strong>ur ministère, attaquer <strong>le</strong>s lois en affectant de <strong>le</strong>s expliquer, etcalomnier la justice, sous prétexte d’en dévoi<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s méprises. On en a vu qu’un sentimentexagéré de l’indépendance de <strong>le</strong>ur état accoutumait par degré à n’en respecter ni <strong>le</strong>s devoirsni <strong>le</strong>s bienséances. Mais que prouveraient ces exemp<strong>le</strong>s qu’on est contraint de chercherdans <strong>le</strong>s derniers rangs <strong>du</strong> <strong>barreau</strong>, et faudrait-il, pour un petit nombre d’abus, abandonnerou corrompre une institution nécessaire ?Votre majesté, qui cherche avec tant de soin <strong>le</strong>s occasions d’honorer <strong>le</strong> savoir et <strong>le</strong>s ta<strong>le</strong>nsde l’esprit, ne partageant point <strong>le</strong>s préventions que cette institution a quelquefois inspirées,et jugeant bien plutôt qu’il convient de la consacrer et de l’affermir.Dans un temps déjà éloigné et auquel l’époque actuel<strong>le</strong> ressemb<strong>le</strong> si peu et entreprit deconstituer l’ordre des avocats, et de <strong>le</strong> soumettre à une organisation régulière. C’était <strong>le</strong>moment où <strong>le</strong>s diverses classes de la société, fatiguées de la confusion dans laquel<strong>le</strong> larévolution <strong>le</strong>s avait plongées, éprouvaient je ne sais quel besoin de subordination et dediscipline, qui <strong>le</strong>s rends en général plus doci<strong>le</strong>s aux devoirs qu’on se hâtait de <strong>le</strong>ur imposer.Un lourd oubli des formes protectrices de l’ordre et de la décence semblait exiger alors unesévérité plus constante et plus rigoureuse, afin de plier sous des habitudes nouvel<strong>le</strong>s cereste d’esprits inquiets que <strong>le</strong> spectac<strong>le</strong> de nos malheurs n’avait pas encore désabusés, etpour qui la règ<strong>le</strong> la plus salutaire n’était que gène et que servitude. Le Gouvernement,d’ail<strong>le</strong>urs préoccupé des obstac<strong>le</strong>s qui l’environnaient, était contraint par l’illégitimité mêmede son origine, d’étendre perpétuel<strong>le</strong>ment ses forces et son influence. L’instinct de saconservation l’entraînait à n’accorder aux hommes unis par des intérêts communs et par destravaux analogues, que des privilèges combinés avec assez d’artifices pour lui donner à luimêmeplus de ressort et d’activité.Tel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s causes auxquel<strong>le</strong>s on doit attribuer <strong>le</strong> fâcheux mélange de disparitions uti<strong>le</strong>set d précautions excessives dont se compose <strong>le</strong> décret <strong>du</strong> 14 décembre 1810. Ce fut ainsique la formation <strong>du</strong> premier tab<strong>le</strong>au fut attribuée aux chefs des tribunaux et des cours, etque la volonté des procureurs généraux fut substituée pour la composition <strong>du</strong> conseil del’ordre, à cette désignation si respectab<strong>le</strong> et si naturel<strong>le</strong>, qui, sous l’empire des vieux usages,

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