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CENTRE TECHMQUE NAïïONALD'ETUDES ET DE RECHERCHES SUR LES HANDICAPS ET LES INADAPTATIONS2, rue Auguste Comte - BP 47 - 92173 Vanves cedexDeuxième EditionDU CRI AU SILAttitu<strong>des</strong> défensives<strong>des</strong> intervenants médico-sociauxface à l'enfantvictime de mauvais traitementsElisabeth HADJIISKV,psychiatre, psychanalisteDominique AGOSTINI,pyschologue clinicien, psychothérapeuteFlorence DARDEL,psychologue clinicienne, psychothérapeutChristiane THOUVENIN,psychologue clinicienne, psychanaliste


EXTRAIT DU CATALOGUE- LES ABUS SEXUELS A L'EGARD DES ENFANTSMontes de Oca (M.), Ydraut (C.), Markowitz (A.)- LA DEFENSE DE L'ENFANT EN JUSTICEBongrain (M.), Chaillou (P.), Davidson (Cl,), Neirinck (Cl.)- LA LOI AU SECOURS DE L'ENFANT MALTRATE2ème éditionBongrain (M.)- LES SEVICES INSTITUTIONNELSAnalyse thématique4ème Congrès International AFIREMIISPCANLambert (TH.)VIENT DE PAKAÎTRE :- DE LA SEGREGATION A L'mEGRAmONL'kducation <strong>des</strong> enfants inadaptés de 1909 à 1975Roca (J.)Toute reproduction doit être soumise à l'autorisation du Directeur du CTNERH t


A$n de garantir l'anonynaat <strong>des</strong> informationsque les professionnels et les respofls&le~dlinsfitutioas nous ont fournies, nous noustrouvons cmfraints de ne citer aucun nomd'dtablissements, de services ou de persorenesayant particbd h cette recherche.Nous regrenoas de ne pouvoir les associeroflciellement h cette publica tion.@te tous cem qui ont partiew rà cetteenquête, nous pemettant de collecter lesdon<strong>des</strong> ilulipnsables qu'eeu seds, confrontésde l'intérieur au prottt2me de la maltraitance,pouvaient nous fournir, trouvent ici nos PIUSvvs remerciements pour leur collaboration.Cette ttude n 'auraib pu se faire sans eta.


Préface de M . ie professeur LEBOVICI ................................... P. 3Introduction ..................................................................... P* 7Chapitre 1 : LE WUTE.par Chriiftiane mOWEMN ........................... p 23. Introduction .......................................................... p 25. Definition du doute .................................................... p 25. Témoignage <strong>des</strong> auteurs ..................................... . p 27Temoignages <strong>des</strong> intemnmts ....................................... p 29Conclusion ................................................................ p 48. Bibliographie du chapi@e 1 ........................................... p . 511Chapitre II : mEMX OU LA MORT.par Elisabdh WJIISK'II. Toute puissance . imguiss~~aace.............................. p . 55........................................ p . 57Le discours de la toute puissmce ................................... p 601Le discours de Il'impuissance ......................................... p . 63. Le discours a adéquat s ................................................ P 6%Variation <strong>des</strong> attiais<strong>des</strong> selon Ie secteur d'activitt? ................. p 65Explication m&apsychologique ....................................... p 67. Cas clinique confirmant ]l'allégation théorique .................... p 72. Bibliographie du chapitre Il ........................................... g . 79Chapitre III : LES DEFENSES D'EN PMLEIR.par Dominique AGOSTirM ............................. p . 811Description et conpr6hensiow ............................... ........ p . 85<strong>Les</strong> m6cmismes de dcSfense iraconscients <strong>des</strong> iritewenants ...... p . 95. ConcIusion ............................................................. p . 10%. Bibliographie du chapiwe IlII ........................................ .p. 107


Chapitre IV : LA BANALISATION.par Florence DARDEL .................................p. f 11. Banalisation ou dramatisation ................................... p . 116. Bibliographie du chapitre IV .......................................p. 127.....................................................Conclusions générales p . 129Causes de non-signalements relevées dans notre &tude...........p. 133Le syndrome u maltraitance m .................................. .......p. 136L'interaction intervenant-parent maltraitant ..p. 140.......................Bibliographie .................................................................p. 149..................................................................... ............................................................Annexes p 159Annexe 1 : Methode de d~pouillement .p. 16 1. Annexe II : Identification de la population conctactee .p. 163. Annexe III : Analyse de contenus .............p. 167


<strong>Les</strong> médias donnent une grande place :Q la violence et b l'indiflorencehapparente de ceux qui en sont tklpîaoin~ : on sait le silence et l'absence decograge de ceux qui assistent d <strong>des</strong> crime#, d <strong>des</strong> viols et &t <strong>des</strong> agressions.Ils s'éloignent prdemi~nt en abandonnant les victimes. Qtceconduite incivique est SQUV@Rt aéerabutle d la peur qui paralyse lesthoins : ils craignent CQ1&tre les victimes <strong>des</strong> coups <strong>des</strong> agresseurs, dela vengeance de leurs$mi6les, etc.&te explication, sans doute assez superjicielle, pae saurait, en toutcas, 8~9-e retenue en ce qui concerne b silence <strong>des</strong> oplor~teursociaw adu covs de santt! cn cas de mltr~iftlfice dcdns Eafm*l6e.<strong>Les</strong> auteurs, chercknâ b sompreBKBre se qui, fkam certains cas, Qal$&-& Eeur prQpre mdmoire o~e %mrs tCmktignages s~r de tels c~s, ofifde~t.lrtd&& as: éntemenants de disc~eer avec em de leur silence et de leurSLJP~~SS deva@ le cri dejeu~es ~B~QB~S maleralde&s.l/l ne s'gg3e p ~s 28 d1@didiice de 8~ ~.J!cb~~od~aéss@nce <strong>des</strong> teses @aipr.J!voien& legr i~tempaoio~ QU de Beur ddsér de gai pk~$ les apgliqwer.La rechercha a &E& plus b é a ~ elle md en cmse les resso~gs Ees~PO~OPZ~S de redation aMPe f&1miiliod ~n~lt~ddif@paP@~~ sliolentesvkégligenfr;, et les reprksepdtaag du E~&vG~& social a saraitaire.Il s'ggissait de &voiler les ressoas intimes de ce que les auteursqpellent %es co~tre-mit<strong>des</strong> (et le contre-eran@er;~) <strong>des</strong> intervenants.Elles aboutissent d <strong>des</strong> i&anal&atratrum, et donc d ka méconnaissance, ou hla dmWatiation, qui rend le signalement dérisoire.Impuissant ou tout-puissant, l'intervenant n'a pas d signaler nonplus la famille coracernle.


Il y a donc « dkfense de {d'en) parler », et ceci parce que la maltraitanceest diflcile à cerner et parce que, de ce fait, elle met en causenotre vécu : la dissimulation <strong>des</strong> parents, leur culpabilitk les conduisenth donner un sens à leurs réactions tran~krentielles devant les intervemntsrevêtus à leur yeux de la tunique, redoutke et recherchée, dujustickr.Ces intervenants sont alors mus par leur contre-tran@ert, qui est taconskquence du transfrt dont ils sont l 'objet : 2dentiJ.é~ à <strong>des</strong> parentstout-puissants, punissant ou pmdonnant, ils vivent intens.ément l'horreurde lu faille narcissique <strong>des</strong> parents, mise en évsence par les auteurs.Cette derniére se révéle par la violence qui ne s'organise pas dgns l'mbivalence<strong>des</strong> investissements pulsionnels. Tous les parents vouent, eneflet, leurs enfants am gémonies et D. Winnicorr l'a montré dans sonckl2bre travail intitudé : * IA haine dans k contre-tranflert 1 w (IP47).Mais en Mme temps, l'enfant est capable de les regarder, de les stimuler,de s'harmoniser et de s'aceurder avec eux pour <strong>des</strong> &changesheureux, ce qui les fait accgder à l'~mbit>alence.On vient d 'évoquer le contre-transfen <strong>des</strong> intervenants ; cette notiondenit ici leurs attitu<strong>des</strong> qui peuvent être, au moins en partie, uneréponse au vdritable transfert <strong>des</strong> parents maltraitants. Elles rev&ent dece fait <strong>des</strong> formes très contradictoires avec les intentions conscientes quisont bridées par les d&clarations de confiance <strong>des</strong> parents, ces dernierscherchant h retrouver enfin de bons parents chez les professionnels auxquelsils ont d faire. Dans d'autres cas, les intervenants doiventdépioyer <strong>des</strong> dgenses contre les agects parentaux gui leur donnent lesentiment d'être soupçonnks de m~beillance : ainsi ceux-Id risquent-ils,comme les enfants qu'ils veulent prutkger, de dkvelupper, d l'occasionde leur intervention, les sentiments de culpabilité - inconscients - qu'ilsavaient organisés autrement à l'dgard de leurs propres parents. Cesquelques consS4rations montrent la complaitt <strong>des</strong> liens qui s'&-Missent entre les parents maltraitant~, leurs enfants et les intemenann,qui, englués par <strong>des</strong> attit<strong>des</strong> et <strong>des</strong> contre-attitu<strong>des</strong> contradictoires,1. Wncr~scon @.W.), La haine dans Ie corttre-transfert, p. 47, in De la pédiam'e ri lu psychanulyse.- trad. française KAtM~~ovrnrr (J.). - Pans : Payot, 1978.


isq~ent de ne pas oser ~ccaser <strong>des</strong> parents, pas pl~s qu'ils liat'auraienkos6 accuser durant leur enfance les leurs.diette vision allégorique que les intervenants pourraient avoir de lacowrexité de kur contre-Uentgcation d l'kgard <strong>des</strong> parents maltraitantsinclut donc, me semble-t-il, les grads-parents qui ont maltraité etPtEcgligè ceun qui vont devenir les parents nocifs, et les enfants provocancsparce qu'ils se re@ent d investir et (( aimer * leurs parents,Cdpabilitt et honte, viotence non dtgagée de ses aspects les plusbruts contribuenr peut4tre à expliquer le silence gêné ou négligent <strong>des</strong>intervenants.a m e 1 '&crivent les auteurs, les retenues contre-ident@catoires nepelrtvent que traduire l'emprise <strong>des</strong> maltraitants sur les irtrepvenants.CZIle-d s'abtbnuera s'ils collaborent avec d'autres opérateurs suciampar l'échange de kurs ilaformatiom et la discussion de leur positioraprofond.Ces rkflmions, inspir4es par la comprkhension de la relation fmilialedans la maltraitance, d partir de l'qérience et de la thbrie psychanalytiques,ne doivent naturellement pas faire oublier le rate de lamisbre et <strong>des</strong> probl4mes multiples qui msaillent ces familles de gknkrationen gkntlration.C'est le faisceau de ces facteurs étiologiques qui doit gtre pris enconsidération pour deceler les idicateurs de risques qui sont aussisocio-tlconomi~ues et culturels et pour prkciser le danger que courentpartic~lic?rement certains enfants dont la vdnérabilittl traduit la failfXrenarcissique de leurs parents.Serge LEBUVICrProfesseur kméritede pqchiatrie de l'enfmtd l 'universittl Paris-Nord.


Introduction


<strong>Les</strong> mises au point nécessaires 2 l'introduction de cette nouvelleédition nous permettent de constater une 6volution nette dans le secteurde l'enfance maltraitee.En 1986, date de la première édition de cet ouvrage, nous avons crudevoir faire etat de l'oubli dans lequel etait maintenue I'enfance maltraitee.Nous evoquions la u loi du silence , dans laquelle se trouvaitenferme sans signalement le plus grand nombre d'enfants maltraités.Cette loi du silence est 6voquée par la plupart <strong>des</strong> auteurs qui ontabord6 le problème de l'enfance maltrait&, quels que soient leur formationd'origine et leur domaine d'intervention.Pierre Straus et Dominique Girodet, parlant <strong>des</strong> cas mortels, utilisaientle terme u chiffre noir l B. u Le nombre d'enfants mrtluaités nesera probabtement jamais cornu B, Ccrit Harry Kempe, les chifies obtenusvarient a selon la definition restrictive ou extensive que l'on donne<strong>des</strong> mauvais traitements, selon leur visibilitc? sociale et le degré de r&istance<strong>des</strong> structures qui devraient les signaler B. Michet Manciauxconstate que, u jusqu'h un passe récent, les médecins et autres professionnelsde la protection de l'enfance refusaient tout simplement, parignorance ou par répugnance, d'envisager la possibilitc? de tels problbmeset allaient jusqu'à en nier l'existence ,. Jean-Claude Xuereb,ancien président du tribunal pour enfants de Paris, constatait le faiblepourcentage de cas d'enfants maltraites signalés la justice.. . a si l'on serc?fère aux données quantitatives degagées par les enquêtes effectuees,tant en France que dans divers pays B, et constate egaiement le trèspetit nombre de signalements provenant de maecins qui exercent dansun cadre liberal B... bien que le secret professionnel soit levc? dans ce casprécis par l'article 378 du Code ptnal. Pour lui, a la méfiance envers lajustice paraît tenir :a - d'une part, b une sous-information et une réticence <strong>des</strong>"signaieurs" potentiels I'egard <strong>des</strong> diverses modalités d'intewentionjudiciaire ;1. Toutes les citations sont extraites de I'ouvrage de Pierre STRAUS, Michel MANCIAUX et ~011.(1982), L'Enfmt mal1rai16, Paris, 6d. Fleurus.


« - d'autre part, B une absence de politique judiciaire cohérente enmati&re de mauvais traitements B enfants et ii. l'imprévisibilité <strong>des</strong>suites qui peuvent &tre données ii. un signalement. sDominique Girodet note encore « que beaucoup de cas ne sont passignalés par les personnes ayant en charge le jeune enfant n, pour <strong>des</strong>motivations variables :« - la méconnaissance <strong>des</strong> systèmes de protection de l'enfance auxquelson peut s'adresser, de leurs rdles et de leurs limites ;« -l'absence de confiance dans ces structures : certains assistantssociaux polyvalents n'accordent qu'une valeur très limitée au signalementià la PMI ... Certaines travailleuses familiales craignent, en faisantun signalement aux assistantes <strong>sociales</strong>, de perdre la confiance de lafamille, ou de ne pas etre 6coutées ;- le sentiment d'outrepaser le rdle qui leur est imparti ;« - la mauvdse qualitCe de lihaluation, souvent associée une idéaiisationdu lien familial. uCes citations montrent bien que les diR6rents speciaîistes qui sesont préoccup6s au plus pr#s du problbme de ia maltraitance n'ont puignorer, B un moment ou B un autre de leurs recherches, le silence quientoure l'enfant victime de sévices.Mais il semble que pour aucun d'eux ce silence n'&tait attribuable àune carence fondamentale du cadre juridique. <strong>Les</strong> textes déj8 en vigueurdomaient ii. I'autoritc! judiciaire <strong>des</strong> moyens d'intervention très diversifiés,en fonction de Ia gravité <strong>des</strong> sévices subis par l'enfant et de lasituation de la famille,Dès 1959, l'assemblife g&nifrale <strong>des</strong> Nations unies a adopté & i'unaninitt?la d6claration <strong>des</strong> « Droits de l'enfant2 n qui faisait suite etreprenait en partie la Dt'clmtion universelle <strong>des</strong> droits de l'homme de1948, bien consciente <strong>des</strong> besoins spéciaux de l'enfance et de l'urgencede leur application.En 1986, en France, on estime ii. environ 6 000 les cas de sévicesgraves par an, avec un taux de mortaiite de 1 % (soit plus de 1,6 parjour !).2. Signée par ia France en date du 20 novembre 1989.


Or, les sanctions phales prdmes par l'article 312 du Code p6naivisant les coups et blessures volontaires sur mineurs de moins de quinzeans, Ia privation volontaire d'aliments ou de soins compromettant lasant6 de l'enfant et toute violence ou voie de fait, sont environ de 1 500par an.<strong>Les</strong> dechéances d'autorite parentale, fondées sur les articles 378 à381 du Code civil, sont encore moins nombreuses (38 en 1977) ettombent en désudtude.Dans leur grande majorittf, les cas de mauvais traitements sont d6f&rés au juge pour enfants, dont le rdle n'est pas de r@ression <strong>des</strong> parents,mais de protection de l'enfant. En France, les enfants maltrait& n'ontpas de statut particulier, contrairement à ce qui se passe dans d'autrespays, au Canada par exemple. Ils sont considerés comme <strong>des</strong> enfants endanger p mi d'autres et bénéficient & ce titre <strong>des</strong> dispositions concernantl'assistance educative, telles qu'elles sont prévues par les articles375 et suivants du Code civil. Ces textes permettent aux pere et mbre ou& l'un d'eux, ou gardien ou tuteur, au mineur lui-m8me ou au procureurde la République de saisir le juge <strong>des</strong> enfants lorsque la santé, la st?curitdou la moralittf d'un mineur sont en danger ou si les conditions de l'éducationde ce mineur sont gravement compromises, L'assistance aucativeconcerne 45 000 mineurs par an, dont un nombre non dtffini d'enfantsmaltraites.Qui doit signaler aux autorités judiciaires ou administratives les casd'enfants maltraités ?L'aaicie 62 du Code ptfnat fait obligation à tout citoyen qui a euconnaissance de sévices ou de privations infligés à <strong>des</strong> mineurs de moinsde quinze ans d'en informer Ies autorites administratives ou judiciaires.Le non-respect de ces prescriptions constitue un dtffit. L'article 378 duCode pend Iéve l'obligation de secret professiomeI qui lie certaines professions(médecins, sages-femmes, travailleurs sociaux) dans le cas demauvais traitements à enfants dont elles ont eu connaissance à l'occasionde l'exercice de leur fonction.


Combien d'enfants sont concernés par ces dispositions ? Recensanttous les cas de mauvais traitements connus <strong>des</strong> differents services(qu'ils aient éte signalés ou non aux autorités compétentes) dans deuxcomnunes de la rbgion parisienne, l'équipe du professeur Straus adénombré 130 cas par an, soit un pour mille habitants. L'extrapolationde ce chiffire sur I'ensembfe de la population donne un r&uttat de 50 000cas de mauvais traitements par an, comme le suggérait le dossier techniquedu ministkre <strong>des</strong> Affaires soci<strong>des</strong> en 1987.Tout en admettant que ce nombre est hasardeux, il souligne maigrétout l'existence d'un chiffre noir », si on le compare au nombre <strong>des</strong>ignalements qui ont effectivement lieu chaque année en France.D'ailleurs, Ies travaux <strong>des</strong> pays comme la Grmde-Bretagne, te Canada,les EQts-Unis.. ., confirment cette tendance.Devant cette situation, où le cadre juridique est suffisant nais nesemble pas utilise, le ministkre <strong>des</strong> Affaires <strong>sociales</strong> et de la Solidariténationale a publié les circulaires <strong>des</strong> 16, 18 et 21 mars 1983. Elles ontpour but d'informer chacun sur ses responsabilités propres et sur lesrBles et fonctions <strong>des</strong> autres intervenants, de rappeler à chacun <strong>des</strong>intervenants (particuliers, enseignants, travailleurs sociaux, médecins)que le signalement <strong>des</strong> cas de mauvais traitements b enfants dtfcouIed'une obligation légale (art. 62 et 63 du Code pénal, art, 378 du Codepénai).En 1987, le Conseil de l'Europe, dans un colloque sur w La violenceau sein de la famille, mesures dans Ie domaine socid P, insiste surcertaines recommandations aux Etats membres, de prGvention, d'informationet de traitement.Parmi celles-ci, nécessité pour les travailleurs sociaux :- de travailler en équipes pluridisciplinaires ;- de bénéficier d'une assistance leur permettant de mieux comprendreleur propre ambivaIence face à la violence dans les familles ;- de btfnéficier d'une formation initiale et continue incluant une préparationau travail interdisciplinaire et interinstitutionnel.Ce colioque fait d'ailleurs état d'une réticence compréhensible àsignaler.


<strong>des</strong> Buttes-Chaumont 3 (janvier 1990). Ce texte ferme et précis semblebien contrecarrer l'ensemble de nos attitu<strong>des</strong> défensives.Tous ces efforts, dont nos rdfdrences sont loin d'être exhaustives,ont-il eu un effet appréciable ? Ont-ils suffi rompre cette loi du silencedont nous faisions état en 1986 ?Cet effort suffit-il pour qu'une action efficace d'aide aux enfantsvictimes de mauvais traitements se mette en place ?M. Gabel, dans son article u Définir la maltraitance : limites <strong>des</strong>étu<strong>des</strong> épidémiologiques n (septembre 1991), dit encore : u II faut bienreconnaître que les mauvais traitements envers les enfants sont un problkmequi s'appréhende mal par <strong>des</strong> chiffres, pour plusieurs raisons :« - le silence de l'enfant maltraité comme le déni du parent maltraitantou complice ;*: - les rdticences conscientes ou inconscientes d'un grand nombre deprofessionnels concernés B admettre que les troubles que présente unenfant sont consécutifs de mauvais traitements (déni) ;u - l'insuffisance de la formation professionnelle et de la capacité dechaque intemenmt évaluer une situation de maltraitance de la placeoù il se trouve ;* - le grand nombre <strong>des</strong> intervenants médicaux, sociaux et éducatifsautour d'une famille et leur difficulté se coordonner pour poser undiagnostic.« <strong>Les</strong> données épidémiologiques se heurtent encore une héterogénéitédans les définitions <strong>des</strong> mauvais traitements, <strong>des</strong> critères de rep6-rages et le manque de coordination interinstitutionnelie. »De ce fait, malgré un réel effort, le nombre <strong>des</strong> enfants maltraitésreste 2 ce jour largement un chiffre noir, et ceci malgré, au cours de cescinq années, la prise de conscience <strong>des</strong> sociétés, les recommandationsgouvernementales, Ies multiplications <strong>des</strong> recherches effectuées (500 enFrance en 1989).Le problt?me du silence est toujours d'actualité, ce qui en accentuel'importance et l'intérêt a comprendre les mdcanismes qui le soustendent.3. Centre <strong>des</strong> Buttes-Chaumont, 15 me de Bellevue, 75019 Paris.


Monique Bauer disait encore, au congres de Toulouse en 1990, quele concept maltraitance dans le champ socio-éducatif continue A êtrepassé sous silence. <strong>Les</strong> professionnels restent sourds aux signaux reçus.« Trop souvent, dit-elle, ils recherchent le silence et la solitude d'unsavoir non partagé. *Dans ce travail, nous tenterons justement de montrer certains de cesmécsuiismes à l'oeuvre chez les intervenants psycho-medico-sociaux, Apartir <strong>des</strong> interviews que nous avons effectuées. Et nous verrons que laproblématique ne se situe pas dans une dynamique juridique (légale ouillégale), mais au coeur même de la relation qui s'instaure entre l'intervenantet la famille mdtraitante.Mous nous sommes deman<strong>des</strong> si le silence qui entoure le ph4nom5nede mauvais traitements n'était pas induit dans une certaine mesure par lesyndrome lui-même.Cette question s'est imposee aux auteurs de cet ouvrage dans leurspratiques d'intervenants psycho-sociaux : siIence de la mémoire, de lasienne propre ou de celle <strong>des</strong> autres travailleurs sociaux, aussi honnêtessoient-ils dans leur démarche professionnelle. Le projet de cetterecherche est nt2 d'un désir commun <strong>des</strong> auteurs de mieux comprendreles causes de ce silence et d'éclairer les mécanismes psychologiques quise mettent en place dans le face a face avec les familles maltraitantes. Lamise jour <strong>des</strong> réactions les plus secretes et souvent inconscientes <strong>des</strong>professionnels dont la tâche est de soutenir l'enfant et ses parents dansleur cjvoiution vers un meilleur fonctionnement pourrait aider toutepersonne qui, un jour, serait confrontee lt la maltraitance.Nous ne souhaitons pas entreprendre une oeuvre théorique, maisutiliser les témoignages <strong>des</strong> professionnels sur le terrain. Pour cela, nousavions besoin de leur accueil et nous remercions tous ceux qui ont bienvoullu accepter de nous recevoir et nous consacrer un peu de leur précieuxtemps de travail. Nous nous sommes adressés A tous les intervenantsd'un arrondissement d'une grande ville, susceptibles de rencontrer<strong>des</strong> familles mdtraitantes dans leur pratique quotidienne : maecinsexerçmt en liberal, PMI, crkches, koles maternelles et primaires (lesinterventions qu'exigent les adolescents maltraites nous semblaient d'unordre different, car & cet âge, l'enfant fait dcjjlt plus ou moins partie


prenante de la d6marche), Brigade <strong>des</strong> mineurs, travailleurs sociaux dela mairie. Nous avons contacte 292 professionneh de l'enfance, parlettre ou par téI6phone. 72 personnes ont accepte de nous rencontrer,nous avons obtenu 67 interviews utilisables selon nos critkres dedrfpouillement.Ce nombre peut paraître mo<strong>des</strong>te, statistiquement partant. Nousavons ét6 limités par deux facteurs. D'une part, nous avons rencontre uncertain taux de refus de la part <strong>des</strong> personnes concernées. D'autre part,la méthode de dépouilIement choisie, l'analyse de contenu la plus finepossible ne permettait pas, matériellement pariant, de décrypter unnombre très élevé d'interviews en sachant que chacune d'entre ellesdurait en moyenne une heure. Etant donne la cornplexit6 <strong>des</strong> rflementsque nous souhaitions dégager, il nous a semblé que le choix d'une anaiysefine <strong>des</strong> discours <strong>des</strong> intewenants symposait et qu'une approcheplus globale et plus superficielle aurait gom6 la richesse du materielobtenu. Mais à partir <strong>des</strong> axes que nous avons degagés d'un nombrerestreint d'interviews, nous pensons qu'il serait <strong>des</strong>ormais possible deconcevoir un questionnaire écrit et pré-codé qui pourrait s'adresser ii unéchantillon bien plus large et plus représentatif sur le plan national, quidonnerait une assise statistique solide aux hypotfikses que nous émettonsdans cet ouvrage. Notre travail represente une premikre approche,adaptée à la complexité du phénom&ne. Elle nous paraît avoir toute savaleur scientifique.Qu'il soit clair dans L'esprit de chacun que notre propos n'est pas dejuger du bien-fondé de telle ou telle intervention, ou de tel ou tel fonctionnementinstitutionnel, mais de comprendre pourquoi une interventiona ét6 préfér6e à une autre. Face h <strong>des</strong> cas de mauvais traitementssemblables apparemment, les solutions apport<strong>des</strong> varient selon les intervenants,selon leur experience, leur degrrf de connaissance du probl5mede la maltraitance, leur sensibilité, Ies soutiens qu'ils pensent pouvoirtrouver ii I'interieur et à l'extérieur de leur propre institution.Nous remercions tous ceux qui ont répondu favorablement à notredemande d'interview pour la confiance qu'ils nous ont accordCe : ilsnous ont pari6 librement de leurs expériences, de leurs échecs comme de


leurs réussites, de leurs doutes et, parfois, de Ieur souffrance face à unprobléme social profondement douloureux.Nous avons strictement tenu notre promesse d'anonymat : seule lapersonne chargee de I'enquiote connait I'identite <strong>des</strong> interviewés. Cettegarantie est d'autant plus nécessaire que l'objet meme de I'enquete - lescontre-attitu<strong>des</strong> <strong>des</strong> intervenants sociaux face aux familles maitraitantes -ne pouvait être dévoilé sans fausser les donnees recueiilies.Nous avons procéde en demandant aux personnes qui nous ontreçus de nous parler <strong>des</strong> cas d'enfants maitrait& qu'elles avaientrencontrés dans feur pratique professionnelle, <strong>des</strong> contacts qu'ellesavaient eus avec les parents de ces enfants, de l'action qu'elles avaientmende ou en collaboration avec les services speciaiisés, de la décisionqu'elles avaient prise de procéder ou de renoncer h un signatement, eninsistant sur deux moments-çlé : la d6couverte <strong>des</strong> mauvais traitementsa la decision de procaer un signaiement avec tous les doutes qui ysont lies : y a-t-il r6eHement mauvais traitements ou non? <strong>Les</strong>igndement representera-t-il un bénefice pour l'enfant et pour safamilie ?ka mtSthode adoptée etait l'entretien semi-directif qui laissait auxpersonnes interrogees un maximum de liberté pour exprimer leursdemarche, leurs sentiments et les difficultés rencontrées, tout en permettantau chercheur de centrer l'inte~iew sur l'objet de son &tude et enlui fournissant <strong>des</strong> points de repbre pour le décodage <strong>des</strong> interviews.Mous avons tout de suite rencontré deux dificultes majeures dedefinition qui coïncident avec les deux moments-cl6 citb plus haut ;qu'appelle-t-on les mauvais traitements et que signifie u signaler B ?Pour plus de clarté, Ies chercheurs limitent leur définition auxsévices laissant <strong>des</strong> traces sur le corps de l'enfant : violence ou n4gIigenceextrames, ignorant ainsi voIontairement le domaine bien diffidIeà repérer <strong>des</strong> mauvais traitements moraux et <strong>des</strong> abus sexuels,Mais la majerite <strong>des</strong> personnes interrogh nous ont donn6 spontanémentleur propre definition <strong>des</strong> mauvais traitements, sans se préoccuper de lanôtre que nous leur rappelions en cours d'entretien. Mous avons constat4que Hes cas de mauvais traitements, oia les personnes interrog6s exprimentun souhait dyntervention, vont du plus extensif: les enfants du


divorce, les enfants que les parents n'embrassent jamais, au plus restrictif: l'enfant en danger de mort dans sa famille. Mais, plus générafement,les mauvais traitements sont associh aux coups et la violence, moinssouvent la negligence grave, encore plus rarement aux sévices sexuelsqui restent un sujet tabou, ce que souligne encore M. Gabel aujourd'hui.Ainsi, une définition précise <strong>des</strong> mauvais traitements -si elle existe -demeure un probléme majeur pour les professionnels, même les plusavertis et les plus sensibilisés. Pour y voir plus clair, certains utilisentles notions de u dose * de violence, de répetition de mauvais traitements,d'intentionnalité chez le parent maltraitant. Deux chiffres éciairent leflou qui predornine encore la definition <strong>des</strong> mauvais traitements et lapart de subjectivité laissee au travailleur social. Ils ont été recueillis dansdeux institutions géographiquement voisines, accueillant une populationsemblable par l'âge et par l'origine socio-culturelle et cités par deux personnesexerçant la même profession : l'une depiste une dizaine de caspar an d'enfants victimes de sévices ; l'autre, un tout les trois ans.Un autre facteur important d'incertitude est celui <strong>des</strong> diffdrencesculturelles. Faut-il utiliser la même definition <strong>des</strong> mauvais traitementspour les familles d'origine etrangere pour qui la notion d'education obeità <strong>des</strong> rbgles differentes <strong>des</strong> nôtres ?Certains intemenam affrontent le problbme en tentant de faire lapart <strong>des</strong> choses, suscitant le dialogue avec les parents immigres, leurmanifestant leur respect du droit parental, tout en leur signifiant clairementles limites tol6rabIes dans le pays d'accueil, dont iIs sont euxmêmesgarants en tant que travaiIIeurs sociaux. D'autres, peu nombreux,trouvent dans le culturel une excuse facile à <strong>des</strong> actes manifestementsadiques, tels que les brûlures systematiques de cigarettes. Mais laplupart <strong>des</strong> intervenants restent perplexes et dbmunis face la dimensionculturelle <strong>des</strong> mauvais traitements, et nous pensons que ce thbrne meriteraitd'être approfondi lors <strong>des</strong> echanges et <strong>des</strong> reunions entre professionnels.Bien entendu, notre ddfinition <strong>des</strong> mauvais traitements s'est heurteeau problème <strong>des</strong> limites <strong>des</strong> châtiments corporeis, <strong>des</strong> abus sexuels et<strong>des</strong> mauvais traitements moraux, qui peuvent difficilement se quantifier.


<strong>Les</strong> mauvais traitements moraux peuvent, bien sûr, grever tout aussilourdement, sinon plus, l'avenir psychique d'une enfant. Pour cerner demanière plus précise le sujet, nous avons choisi de nous préoccuper, enpremier lieu, <strong>des</strong> mauvais traitements laissant <strong>des</strong> traces sur le coqs del'enfant, Là oit la constatation d'une réalité physique devrait, a priori,apporter une facilite? plus grande au constat.Nous regroupons les traces telles que hematomes, fractures,brûlures et troubles graves de l'état générai.Or, meme la constatation de ces traces ne semble pas produirel 'effet attendu chez bon nombre d 'intemenants .Notre hypothbse de travail part de notre pratique quotidieme, Notreéquipe est constituk de medecins wnsultants et psychothérapeutes dansun internat et dans un centre mt5dico-psycho-paqogique, recevantessentiellement <strong>des</strong> enfants dont la famille est ddjà signalbe et prise encharge par les travailleurs sociaux mandat& deaucation en miiieuouvert : mandats administratifs et judiciaires.Depuis quinze ans, nous recevons et essayons de traiter <strong>des</strong> cas demaltraitance (15 !% <strong>des</strong> cas dde Ia clientete). Nous avons I'habiade detravailler en equipe pIuridiscip1inaire avec les travailleurs sociaux <strong>des</strong>équipes d'AEMO ; régulièrement, <strong>des</strong> synthèses ont lieu, reunissant tousles intervenants auprès <strong>des</strong> familles, enseignants compris.Bien qu'exerçant en fin de course, lorsque tout Je travail de signalementet d'év&uation est pratiqué (consultation COE comprise), nousavons perçu un malaise relatif dans notre pratique.Un regard autocritique nous permet de constater, il notre grandeconfusion, qu'un oubli s'infiltrait dans ncrs mernoires.On ne se souvenait plus du motif du signalement, on en avait oubliel'origine, on avait oublié que, peu de temps avant, l'enfant avait étéhospitalisé pour fracture.. ., que 1'6eole avait encore constat6 un hdmatome.De là, nos rdflexions et initiatives se trouvaient faussées, et entachéesd'inceftitu<strong>des</strong>.Ceci nous fit penser au fameux .w silence B qui s3nstaure autour <strong>des</strong>mauvais traitements et nous poussa à explarer ce qui peut se passer aussi


chez tout intervenant dans la circonstance bien particulière oh il estamené a suspecter », 2t u découvrir B un mauvais traitement.Nous supposons que la constatation du mauvais traitement produit uneffet tel chez l'intervenant qu'il rfcagit à son insu par une contre-attitudedéfensive.Notre hypothèse serait que cette contre-attitude qui instaurerait cefameux silence regrettable laisserait l'enfant en danger et les famillessans soutien.Pour mieux comprendre l'intervenant dans son discours, nous pourrionsnous mettre en situation, au, moins par la pensée, et imaginerquelles seraient nos rkctions.Nous sommes instituteurs, un tffbve de notre classe est souventabsent, il a un petit visage pâle, les yeux enfonces dans les orbites, il esttriste et trop sage. If arrive un jour avec la joue tum6fiée et l'arca<strong>des</strong>ourcilitfre entamh. Nous demandons comment cela s'est passé. 11repond évasivement qu'il s'est cogne au coin d'une table.AlIons-nous le croire et attendre ?Nous sommes médecin et un enfant brûlé gravement est amend enconsultation. S'agit-il, comme le dit la mère, d'un poêle dont l'enfants'est approché ?Vous avez, dans votre entourage, <strong>des</strong> voisins bruyants : les enfantscrient vraiment trop et tous les soirs.Allez-vous penser qu'il ne faut pas se mêler <strong>des</strong> affaires <strong>des</strong> autres ?Ces situations et d'autres nous ont été décrites par les intemenants.C'est gr$ce à leur honriêteté et leur collaboration que nous avons puobtenir ce qu'ils pouvaient nous révéler de leur vfccu. Nous tenons à lesremercier encore.Qu'ils nous pardonnent le travaiI de décryptage et d'analyse auquelnous avons dû nous livrer pour mieux comprendre.Que cette violence ne nous soit pas reprochée si elle aboutit, dansun effort de lucidite, â une plus grande compréhension et, aussi, au


grand soulagement de tous ceux qui ont ou auront encore à s'occuper demauvais traitements,Le discours ne nous interesse, d'ailleurs, qu'en tant qu'il témoigned'un vécu. <strong>Les</strong> mesures prises nous restent étrangères. En effet, nousnous sommes heurt& à la definition du signalement qui varie d'un sujetà l'autre, d'un secteur l'autre. Nous n'avons pas pu savoir avec assezd'exactitude pour en tirer une conclusion si les sujets signalaient ou non,et a qui. Un flou apparazt dans la manibre dont on peut, ou doit signaler,et ob. Certains pensent en avoir d4jà trop fait en signalant au service dePMI ; pour d'autres, signaler, c'est avertir Ie juge <strong>des</strong> enfants, ou leprocureur. II y a une grande confusion et aucun intervenant n'a pu direavec precision combien d'enfants il a signales par rapport au nombred'enfants suspectés de mauvais traitements. Beaucoup pensaient nejamais avoir vu d'enfants maltraites, tout en racontant, ensuite, l'histoirede trois ou quatre cas. te r81e du juge pour enfants est egaiement malconnu et trks souvent assimile à ceIui d'un juge pend. A notre avis, letheme du signalement meriterait une &de à lui seul.Nous avons dQ nous en tenir à essayer d'andyser les affects, représentationset artitu<strong>des</strong> qui nous ont et6 livrt5s.Un certain nombre de thèmes sont revenus assez souvent pour quenous ayons envie d'en tenir compte, les regrouper et les coder.Un grand nombre d'intervenants se disent envahis par le doute.Quelle est la signification, l'origine de la trace en question ? On necherche pas tellement à tirer au clair. On attend que cela se reproduise.Puis, on suspecte, mais est-ce i3 tort ? Presque tous manifestent uneomniscience et un tout-pouvoir sans qu'apparemment ils nous montrentque ce soit avec raison.D'autres, au contraire, paniqués, font état d'un <strong>des</strong>arroi d'impuissanceet d'ignorance tout aussi exagbre que peut l'être l'attitude inversede toute-puissance.Dans toutes les interviews, on se rend compte qu'une dichotomies'etablit entre les bons et les mauvais, que ce soit au sein de fa familleou dans les institutions. II y a ceux qui sont censés pouvoir agir et lesautres. Ces derniers sont denigrés, inefficaces, voire dangereux.


Pour finir, dans l'ensemble, l'intervenant paraît banaliser le dramequi s'offre à lui.Parfois, au contraire, il dramatise en exagerant et attaque lesparents.Nous allons essayer de comprendre ces reactions dmotionnelles qui,reunies, nous semblent constituer un v4ritable syndrome. Nous noteronsau passage comment est v6cu le signalement.Chacun a pris le abme qui correspond le: plus il ses prbccupationset il ses intdrêts. Nous souhaitons que nos chapitres, parfois violents, nedéconcertent pas les lecteurs et espérons que notre approche ambne à uneplus grande efficacitd du travail auprès <strong>des</strong> famiIIes maltraitântes etqu'elle oeuvre à un meilleur confort dans l'exercice de ces fonctions,


Chapitre 1Christiane THOWENIN


On ne frequente pas impuindment les familles maltraitantes. Ellesconstiwent un tesrain de @avai% dificile, déconcertant, décourageantparfois. <strong>Les</strong> énigmes sur lesquelles elles nous font buter peuvent &trevtscues comme aaeinte à l'estime de soi et atteinte au sentiment decoraipetence sur lequel on a besoin de s'appuyer. La honte serait-ellecontagieuse ?Entreprendre le suivi domicile d'une famille 09 un enfant a dt6gravement maltraité, ceci ayant éte dQment constate et signdd, et envenir à douter <strong>des</strong> faits et de I'identit6 de leur auteur, voila bien de quoimettre I%bord choisi sdrieusement en question.Une expdrience de ce genre, vécue avec <strong>des</strong> travailleurs sociauxexerçant <strong>des</strong> mesures drAEMO (Action educative en milieu ouveert) judiciaires,a contribue à I1t?faboration de notre projet de recherche, aprèsavoir fait l'objet d'une cornunication au congres de Montrdd sur lesenfants maltraith et négligés en 1984.DEFINITION DU DOUTEQu'est-ce que le doute ? Le Robe# nous dit : « Etat de l'esprit quidoute, qui est incertain de la vérité d'une dnonciation, de la conduite Badopter dans une circonstance pârticuli&re. Jugement par lequel on doutede quelque chose. * « Sans doute : certainement, ou par extension, selontoutes les apparences. w « Douteux » voudrait dire « incertain w, maisencore « ambigu et contestable et, par extension, faible, sale, mauvaiset, de toute façon, suspect *,11 s'agit donc d'un état mental, d'un jugement qui conditionnera unacte. Doute s'oppose à certitude. <strong>Les</strong> apparences et leur perception permettent,si on les considkre, de ne pas douter. Et si quelque chosedevient « douteux &, c'est dans un sens pdjoratif compomnt le rejet,pour raison de saleté, éventuellement.


Ces indications du Robert vont nous aider definir le doute tel quenous l'aborderons : un état mental menant la remise en question d'unecertitude pourtant déjà etabfie concernant <strong>des</strong> faits. Ces faits sont, enl'occurrence, <strong>des</strong> mauvais traitements subis par un enfant, de gravesnégligences ayant laisse <strong>des</strong> traces sur son carps '.Le problkme de leur réaiite, corne s'il s'agissait d'un mirage, sepose répétitivement. Et pourtant, c'est bien à cause du caractkre particulikrementanxiogkne <strong>des</strong> situations abord& que <strong>des</strong> personnes exerçant<strong>des</strong> professions diverses l'éprouvent. 11 s'agit à la fois d'une con%sionde la pensée et de l'oscillation entre deux croyances (est-ce vrai, oufaux ?), pouvant entraîner le dt5ni.Cette difficultt! d'apprkier la rWité, ce malaise, peuvent danscertains cas compromettre I'exercice d'une mission de protection enamenant à banaliser les faits, à sous-estimer le danger jusqu1& ce qu'il yait à nouveau parfois <strong>des</strong> stSvices graves mettmt en danger 1a vie del'enfant. Le doute concerne directement fa décision de faire un signalement.Le doute pourrait constituer une reaction défensive liée à fa patho-Iogie <strong>des</strong> familles maltraitantes, On sait que son effet peut se manifesterdans divers cadres de travail : dans la famille bien sOr, mais aussi dansdiEérents lieux d'accueil et de soin et aussi quand les professionnels serdunissent pour parler de la familte, par exemple, lors de réunions ditesde u synthkse B.Après avoir étd pidgé dans cette problématique, on peut ressentirune certaine culpabilité, de ]"irritation, on est tent6 de rejeter en bloc ledoute, Ie terrain de son travail, les familles maftraitantes, avoir envie dechanger de metier.,. Ce sont <strong>des</strong> manifestations de l'usure, du « liurnoutP. N'oublions pas que * doute », dans le dictionnaire Rolierr, am&neu douteux Y, : qui n'est pas de bonne fréquentation.1. On y ajoutera les abus sexuels, mieux connus depuis ces dernieres annees.


LE TEMOIGNAGE DE§ AUTEVraSDans un sursaut de curiosit6, on peut aussi se tourner vers laauteurs qui auraient pu nous en dire quelque chose. On se trouve alorsen bonne compagnie.Outre les philosophes @escartes, Spinoza), les légistes, les psychanalystesnous disent &, ce spijet <strong>des</strong> choses intéressantes. Si nous nous entenom aux psychanafystes, Harold Searles 0) soutiendra le débat de nosquestionnements. II nous re~voie B an arûicle de 1952, O& il traite dudoute et de 1â gerplexit6.pl1 insiste sur le faid que l'on doit considérer ces dhts mentauxcorne <strong>des</strong> indices pr6cSeasx de proc~sais dynamiques : la Butte purmaintenir dans I'lsnconscient <strong>des</strong> seHl$imen@ imuppoâeables. Le troublede Ia pendde, le douée en SOI@ issus. 11 y a un lien entre la pem& d 1%émotions profon<strong>des</strong>.Georges Devereux, ethnologue et psychmalyste, dans De 1 'afigoissed Ede mtlthorfe dans les <strong>sciences</strong> dg comportement @13,, parle du matériauanxiogène que constitue l'humain dmdié par I'ethnologue. 11 fait état <strong>des</strong>défenses professionnelles, dm metho<strong>des</strong> <strong>des</strong>tin<strong>des</strong>adduire l'angoisse&veillée par les donnks que l'on recueille sur le terrain pour arriver atravailler de façon efficace. L'impact traumatique, dit-il, décrolt si l'onest prepare par sa formation. En lisant ce livre très vivant et demonstratif,on se sent très proche de l'ethnologue dont parle Georges Devereux.A un point de 11exp6rience - et c'est wmun toute recherche - unévénement est converti en une perception. u Et c'est cela que jeperçois ! B dit le chercheur. Cette perception peut atteindre les frontièresdu Moi et les menacer de rupture, dans le cas où un matériel angoissantcrée un effet de traumatisme. Il cite en particulier <strong>des</strong> exemples concernantl'étude de blessures symboliques.L'bvocation de ka violence cree <strong>des</strong> réactions violentes en nous.Nous pouvons sait %tre provisoirement débordés par un effet de r6sonancedans notre inconscient, soit 'recourir B <strong>des</strong> defenses qui Zt Ieur tourfont que nos perceptions subissent une distorsion, de façons diverses,selon notre personnalité, Ces perturbations sont <strong>des</strong> indices pr&ieux, Anous de les connaftre et de les utilises d pour mieux nous comprendre;


nous-mêmes et pour mieux comprendre le matériel qui fait l'objet denotre étude (et ajoutons, de notre intervention).José Bleger (4), psychanalyste argentin, décrit et distingue <strong>des</strong> étatsmentaux voisins du doute dans Symbiose et Ambiguïté. L1ambiguït6 sedéfinit par le fait que deux groupes d'id& apparaissent conjointementsans se contredire tout en étant diffërentes. Elle n'implique pas laconuadiction, mais la coexistence de ternes différents non discriminésentre eux, comme si la contradiction etait perdue ou effacée. Ceci existedans un fonctionnement mental psychotique, mais comme le Moi est unestructure dynamique, <strong>des</strong> phénornbnes ambigus peuvent réactiver cheztout sujet <strong>des</strong> aspects immatures et provoquer ce genre de régression.On n'est pas loin du malaise du doute v6cu dans certaines familtes.On n'est pas loin non plus de l'impression d'u inquiétante &angeté* dont parle Freud dans ses Essais de psychanaZyse appliquée.On peut l'éprouver, dit-il, devant les crises d'épilepsie, certaines manifmlationsde la folie, devant les automates. Pour los4 Bleger, toutefois,l'inquiétante 6trangeté est, comme I'ambiguïté, différente du doute et del'incertitude, en ce que le Moi (dans le doute) ne subirait pas une désorganisationtelle qu'il ne puisse rester observateur. Et pourtant, il noussemble retrouver un écho de quelque chose de v6cu Zi certains momentsdans le cadre familial, Zi domicile, lorsque nous lisons : * Ce n'est pas latotalité du familier qui devient ambiguë ..., mais <strong>des</strong> choses cachées,c'est ce qui n'a jamais été discrimin6 qui fait surface. » Jos6 Blegerajoute : « Une partie inconnue, pleine de fantOnies, que dans notre viede tous les jours nous ignorons être contenue dans le familier. *Le doute est un phénombne eompiexe. D'autres auteurs pourraientnous aider Zi le cerner et en patticulier ceux qui ont contribué; & élaborerune thbrie de la psychanalyse familiale. Nous évoquerons plus loinleurs travaux.Pour terminer cette introduction, on ne peut manquer de citer BrunoBettelheim (6) qui dvoque, dans Survivre, les réactions de ceux qu'il tentad'intéresser aux u situations extrêmes * vécues en camp de concentration,lors de sa libération, dans un rapprochement avec le doute concernantIes violences sur <strong>des</strong> enfants de la part de leurs parents.


II est saisissant de trouver au début de ce livre <strong>des</strong> pages O& il décritla force du doute et du deni chez ceux auprès <strong>des</strong>quels il entreprit dedécrire l'horreur <strong>des</strong> camps de concentration. A sa lib&ation, aux USA,ses eolli?gues psychiam et psychanai ystes lui faisaient reproche.. , den'avoir pas pris de notes sur place. a Mon histoire fut accueitlie avec feplus grand scepticisme ... B, dit-il. Son essai fut longemps refus6 it lapublication. Lorsqulun film documentaire fut présent4 au public, i1 provoqua<strong>des</strong> reactions telles que Bruno Bettelheim note : u Le fait de voirde leurs propres yeux un film documenaire qui montrait ces atrocith etd kntendre <strong>des</strong> ternoignap semblait creer, . . <strong>des</strong> sentiments insupportablesde r+ulsion et de désespoir. Cela peut expliquer pourquoi cesgens reagissaient Zi cette experience en se distançant d'elle affectivementet ers niant toute relation Bmotiomelle et intellectuelle entre ces abominationset l'ici et maintenant.Notons en passant la force <strong>des</strong> dBfenses qui ont agi devant la pr4-sentation visuelle, au cinema, de documen& <strong>des</strong>tinés convaincre etémouvoir 1 "pinion.Comment s'4tonner, dès lors, du fait que le syndrome de Sylvermann'ait et6 decrit que dans un temps relativement recent, attribuant a leurcause réeile, les coups port&, un ensemble de signes visibles Zi Ikxamenradiologique de certains enfants ?LES TEMOIGNAGm ffES IWERWNWAprès cette brbve et incomplbte consultation de la bibliogrwhie,nous nous tournons enfin vers les intervenmts de notre tlchantiflon, Ontilsdout&, eux ? Que pwvent-ils dire du doute, s'ifs l'ont éprrouve, &moins qu'ils n'aient connu que ila certitude.Cette reaction <strong>des</strong> intervenants nous a semble papticuli&rement difficileB présenter sur un mode quantitatif* ce qui explique le cxactbreréduit de nos domees statistiques. <strong>Les</strong> sujets interroges detaiflent peuI'expdrience du doute lui-même, ce qui est facile L comprendre, puisque


B - L'écast entre le mode de communication attendu et celui quiest dominant (verbailnon verbal). L'importance du visuel et ie malaise<strong>des</strong> intervenants dans ce contexte particulier.C - Le paradoxe et la paradoxalité,piégd.déjouer afin de n'y pas resterCes points choisis limitent notre abord et le délimitent, Nous justifieronsnotre choix à partir du materiel. Ensuite, nous essaierons <strong>des</strong>ituer ces données par rapport B une théorie : la théorie psychanalytique,en essayanr de ne pas faire un usage abusif <strong>des</strong> mots. <strong>Les</strong> théories de lacornunication @do-Alto) qui nous ont aussi apport6 <strong>des</strong> moyens d'étudierles relations dans et avec les familles. Nous nous tourneroins égaiement vers la psychmdyse fmilide qui se développe de façon dynamiqueen France depuis quelques ann<strong>des</strong>.Notre compréhension suimentera aussi de ce que disent les enfmtsdans les psychothérapies psychanatytiques que nous entreprenons aveceux parfois. Tout ceci dans un mouvement de va-et-vient et d'emichissementconstant.A - <strong>Les</strong> interdits et les id&ux selon le cadre institutionnel et laprofession exerd- L'id6al officie! ou inconscient d'un individu ou d'un groupeconcourt B lui donner son identite. Chaque institution a les siens, cornechaque individu. Il skgit de la plus belle image de soi que l'on puisseavoir dans sa profession.- L'abord de l'enfant dans tel ou tel milieu où ii est accueilli ousoigné, seul ou avec ses parents, va &e influencé par ces idéaux, Unpouvoir s'exercera sur lui & partir de la, donnant une tondit6 à l'actionet la limitant, Ici, nous sornes pour ceci et pas pour cela B, nous dirat-on.Dans notre sibcIe, l'enfant est valorisé au-delà de ce qu'il a jamais6fé. La publicit6 Ie dit u phenomène culturel B, ce qui est bien ambigu.On se soucie de gui, on le connaît mieux dans son évolution, II est plus


are avec la dénatalité, on attend plus de lui. On le protége et on lemenace peut-être plus ii la fois, mais, en même temps, tout ce qui metson existence en danger fait l'objet d'une plus grande divulgation.Civilisation d'exhibition, contre civilisation du secret dit PhilippeArib 0. Cornent expliquer autrement le debordement d'inter& dansles médias pour les sévices physiques et, plus récement, pour lessdvices sexuels ?<strong>Les</strong> parents sont soucieux d'apprendre (B mieux s'occuper de leurenfant, il en est de même pour les enseignants et pour tous ceux qui legardent. Une grande exigence rbgne. <strong>Les</strong> abus sont aussi beaucoup plussouvent rendus publics. Par ailleurs, la socidté intervient plus qu'autrefois dans les familles avec le risque que telle ou telle idéologie marquecette action. Le rejet, si l'on ne peut entrer dans le cadre dslimité parl'idéai ou l'idéologie, est rapide.Idéaux et interdits sont liés au choix professionnel mais surtoutl'institution. Par exemple, médecins et enseignants peuvent avoir <strong>des</strong>r&ctions voisines ou similaires en milieu scolaire.Nous examinerons separément divers secteurs institutionnels et étudieronsiI part le cadre <strong>des</strong> psychologues, qui exercent souvent dans <strong>des</strong>institutions très diverses.a) Le secteur scolaireOn a l'impression que le probléme <strong>des</strong> mauvais traitements sert derév6lateur aux idbux de l'école.A quelque formation professionnelle qu'ils appartiement (instituteur,psychologue, assistante sociale), nos interviewes sont mat a l'aise,comme si l'école, dispensatrice d'enseignement, était mise en danger.<strong>Les</strong> directeurs refusent les interviews ou, s'ils acceptent, plusieurs nientla problematique <strong>des</strong> mauvais traitements pour ensuite faire btat dudoute. En tout cas, ils sont plus que reticents 2 ce qu'on discute de ceschoses iI l'tfcole.


a Il n'y a pas d'enfant maltraité dans mon école, ce n'est pas lapeine d'en parler. Ba C'est une chose cachée, et tant mieux. »u <strong>Les</strong> problbmes ici sont pMagogiques et tant mieux. Si on parle <strong>des</strong>mauvais traitements avec les enseignants, ils ne penseront qu'a ça. wa Pas d'incertitude en Mucation, le remède c'est la discipline. »u Ce n'est pas Ie r61e de l'école, mais celui de l'hôpital. Je regarde moimemeet j'y conduis l'enfant tout de suite. wu J'exige <strong>des</strong> regles de vie. »On a l'impression que les personnes en charge d'établissementsessayent 2 tout prix d'endiguer quelque chose qui risque de déborder :curiosité, zble pour autre chose que la formation intellectuelle ou encoreviolence en écho à celle <strong>des</strong> parents ou en réponse à la sollicitation <strong>des</strong>enfants.Et tous, à part de rares exceptions, font, malgré tout, état de doute,d'une rencontre personnelle avec cette problématique.1Dyo.ii provient cette angoisse et que sont ces interdits ?11s concernent l'approche du corps de l'enfant. Ce sont <strong>des</strong> interditsdont Ie respect est d'une grande importance. Ils déterminent un cadre àla relation et mettent <strong>des</strong> limites aux <strong>des</strong>irs de l'adulte dont l'enfant peutfaire l'objet. 11 y a du respect de sa personne, de sa vie psychique, nousdit. Didier Anzieu (8). N'oublions pas que, étant donné le nombre considerabled'heures consacrh chaque jour B la scolarit4, dès la maternelle,si l'enseignant basculait dans Ia transgression, son influence pourrait êtrenotoire.Comment concilier le respect de ces interdits et l'obligation deprendre les moyens de vérifier s'il y a ou non traces de sévices ? Celadevrait être simple dans un partage <strong>des</strong> responsabilités et une attitude derespect de 1 'enfant.On compte sur la séance de piscine ou de gymnastique, si l'enfantn'en a pas été dispensé sur la demande de ses parents.. .Cet embarras souligne à la fois la forte sollicitation, Ia fascinationmême, exercée par ces cas et un conflit avec les idéaux de l'école


concernant sa mission d'enseignement alors que son r81e social s'étendde plus en plus.On passe par le doute et l'école n'étant u pas là pour ça *, on envoiel'enfant se u faire voir ailleurs n, avec un sentiment de regret sincère oud'exaspération.Bien sQr, le rejet de I'kole va se justifier par un souci de soin (versI'hBpital), d'orientation (vers un internat spécialisé) ou vers le CMPP,qui y u verra plus clair n. Ceci dans une distribution bien compartimentéede rdles oil u on a le droit de.. . B.Il s'agit aussi la de tenter de faire face à l'obligation de signalementquand on est aux prises avec le doute. Mais en fait, l'enfant maltraiteest rejeté parce qu'il est embarrassant.Et pourquoi est-il embarrassant ?On est surpris de trouver, dans un nombre très 4levé dientr&iens,l'assimilation de l'enfant maltraite l'enfant sale.a On se savait plus si c'était <strong>des</strong> traces de coups ou de Ia saîeté. *« Sur la peau noire, ça ne marque pas beaucoup.. . .a Cet enfant maltraite venait d'une famille malpropre. »Il sentait mauvais à distance. »La fréquence de ce théme est telle qu'il faut le souligner. Cesremarques indiquent bien comment la perception est mise en doute (lestraces) et comment un déplacement se fait sur la salete, peut-tftre plussupportable à 6voquer aprbs-coup.En anticipant sur la suite de notre exposé, nous pouvons dire aussique c'est un élernent de communication non verbale qui est pris encompte, mais non pas pour qu'on lui trouve un sens (ideal d'hygiéne etpropret6 oblige !), mais pour entraîner Ie rejet. II est certain que ne pasêtre propre est asocial, mais ce peut être aussi la marque de n6gligencesgraves, qui risqueront de rester m~connues.On se débarrasse de toute façon du doute et de l'objet douteux enmême temps.


) D'autre institutions B but socialTel centre d'accueil, par exemple, se défendra contre l'abord d'unerelation violente entre mkre et enfant par un reglement : expulsionimediate, sans avertissement. Là, il n'y a pas de place pour le doute etl'on peut maintenir un travail idealisé sur une relation mkre-enfantidéalisée,c) La travailleurs sociaux en milieu auvertIls ont aussi leurs ideaux. Ils sont aussi pris entre ceux-ci, entre lanécessite d'entrer en relation avec <strong>des</strong> parents diffîciles et l'obligation deprotéger <strong>des</strong> enfants malmenés. Ils naviguent aussi entre doute (58 5%) etcertitude (26 5%). Un idtlal de profondeur B du travail, dont plusieursse réclament, semble ne pas leur rendre plus facile qu'à d'autres I'evaluationde la réalité <strong>des</strong> sévices. Cet idéai de « profondeur w dans larelation aurait-il pris le relais de l'a assistance B si decri& ? Et pourraitbien se situer au meme niveau de lien symbiotique à leur insu.Ne purrait-on pas voir la, issue de fa pluridisciplinarité dans sesécueils, la tentation de s'identifier un therapeute. Thérapeute qui feraitl'économie de connaître la dynamique relationnelle en jeu dans cettepathologie ainsi que celle d'un contrôle, par un tiers compdtent, de sontravail. On sait que ce sont <strong>des</strong> conditions qui peuvent amener l'impmdentà I'enfemement dans une relation duelle, sans distance et sti!rile,quand ce n'est pas à <strong>des</strong> ddnouemerits parfois dramatiques,d) LR CBS <strong>des</strong> psycholuguesII est la fois voisin et diarent. Ils semblent aussi marqués par Iesideaux de leurs institutions, nous l'avons souligné. Toutefois, ils s'ysentent surtout mal ii l'aise et en critiquent plus que les autres l'id&-logie. Ils pensent qu'ils travailleraient mieux ailleurs. Ils doutent aussiplus que les autres (67 75) et ne sont pas mieux placés pour faire <strong>des</strong>signalements. Ifs sont peut-Qtre particulikrement dtSsorientés par une


dientkle dont la pathologie s'exprime dans le passage & l'acte. Ils exprimentl'attente d'une a demande a, confondant demande et expressionverbaie nuancée. Le manque de temps, l'absence de capacité de parierchez les parents et les enfants les déroutent. N'y aurait-il pas 1& aussireflet d'un idéai, leur a écoute B ne pouvant s'exercer que dans la référenceun certain cadre de consultation.Idéal que limite l'initiative et la curiosité.11 est étonnant B cet égard de constater dans le texte <strong>des</strong> entretiensque le doute est souvent evoqué après avoir abordé ce qui peut avoir étévécu comme mise en acte culpabilisée d'une curiosité concernant l'enfantmaltraité.Certains parlent alors d'avoir u dérivé sur ce plan a aprk avoirbeaucoup évoqué l'interdit concernant le corps de l'enfant. é( On ne peutaller au-dela d'un constat d'apparence. B D'où nécessité de limiter lesterritoires d'intervention : u On ne prend pas en charge sur ce plan. BIl y aurait peut-être, lors de l'abord de ces cas oh sont transgresséspar les parents <strong>des</strong> interdits fondamentaux concernant en définitive l'inceste,comme en écho une sollicitation très forte & la violence. Ceci peutremettre les interdits en question et entraîner soit plus de rigidité dbfensive,soit un vacillement, avec le doute, concernant la réaiité même duproblème.En concluant sur ce point, disons que l'aboutissement de la peséeinstitutionnelle consiste certes & protéger l'enfant d'une certaine violence,mais en même temps à l'éjecter, ce qui est aussi une forme deviolence.Pour René Kaes cg), u l'idéologie fonctionne comme sécurite (psychique,groupaie, sociale) contre le doute, l'ambivalence et le risque B.Si les idéaux peuvent garantir apaisement et cohbrence dans une sainedistribution <strong>des</strong> rôles, ils peuvent aussi amener le rejet de ceux qui sontdésignés comme indhirables.II est pIus facile d'invoquer une idklogie que de supporter Ie doute,avec l'angoisse et la culpabilité.


B - Le mode de communication dumlnaint, son &art avec celàli qui estattend@L'bute privilégik du langage verbal au détriment du non-verbalnous est apparue essentielle Zt traiter. En effet, Zt fa lecture <strong>des</strong> interviews,ce facteur nous a sembl6 particulièrement important pour tenterde cerner le doute et l'abord difficile <strong>des</strong> cas de mauvais traitements. Dufait que l'usage du langage verbal est survaloris4 dans la plupart <strong>des</strong>milieux enseignants et soignm, on s'attend à ce que les 6ehanges sefassent ir ce niveau. Or, ce n'est que partiellement juste, quand ce n'estpas un véritable leurre. Liexp6rience clinique nous a appris ce que toutle monde sait maintenant, 3i savoir que c( les enfants maltraités ne seplaignent pas r+, Ce que l'on sait moins, mais iI est important de le souligner,c'est la subtilité de l'usage de Ia wmunication non verbale danscette pathologie relationnelle. <strong>Les</strong> traitements psychanalytiques d'enfantset de parents le confirment constment.<strong>Les</strong> auteurs qui s'intéressent B la relation pr6coce de l'enfant avecsa famille @.W. Winnicott, T, Berry Brazelton), ceux qui s'interessenttout particuli5rement au narcissisme, parmi eux Guy Rosolato, Andr6Green, Didier Anzieu, en France, mettent en. 6vidence l'importance dulangage non verbal qui sera la voie d'accès à l'expression symboliquedans le langage verbal,La « demande s peut empmnter <strong>des</strong> voies diverses. Que nous levoulions ou non, nous baigrrcms dans I9nfra-varbal et nous y sommesplus ou moins consciement sensibles.Or, if se trouve que i-, interdits 6voqu& plus haut portent pr6cis6-ment sur certaines voies qukmprunte fe langage non verbal, un langagetrès près du corps. Il s'agit de messages concernant partieulibrement lavue et le toucher. Si nos perceptions n'étaient pas refoulées, déformées,par suite de conflits et d'interdits, nous ieur ferions confiance pour rep6-irer <strong>des</strong> Béments de la realite gui signalent la nécessit6 de protéger et <strong>des</strong>oigner un enfant, nous ne douterions pas. Si l'on est très attentif, ons'apercevra que l'enfant utilise <strong>des</strong> moyens subtils pour nous conduiresur le chemin de sa soufffance. Il montre silencieusement, enlève wmmepar hasard le vêtement qui devrait camoufler la marque, recherche lecontact physique de t'adulte, au besoin le contact violent dans la provo-


cation et l'identification t~ l'agresseur. Mais tout ceci est angoissant parles remous que cela cause en nous et I'on est en proie au doute ou,encore, on annule la perception tout simplement, entre autres défenses.L'analyse du texte <strong>des</strong> interviews laisse à penser qu'être sensibiliséà l'abord non verbal n'annule pas le risque d'éprouver le doute. Dans lamesure oit les interdits sont rigi<strong>des</strong>, Ies positions conflictuelles, la tentatived'utiliser cette voie peut provoquer une grande culpabilité. <strong>Les</strong>entiment d'une transgression amknera le doute. La croyance en la seulecommunication verbaie est renforcee et I'on est quelquefois tenté derejeter l'ensemble du problbme, selon l'expression : u Jeter le béb4 avecl'eau du bain. »Privilégier la demande exprimtre verbafement est pôfticulibrementsurprenant lorsque la u barrière de la langue » (cela est souvent soulign6)en rend quasi impossible la compréhension. Parfois, il est mbme soulignéque le non-dit est maintenu volontairement par l'enfant alne quirefuse de continuer à jouer son habituel r61e d'interprète, quand onaborde ces probibmes.Nous aiions maintenant examiner ce qu'il advient <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> nonverbaiisées l'aide de rkponses qui, pour certaines, reviennent plusieursfois.1) On les sous-estime et on les rejette, sans faire le lien entre verbalet non verbai.u Elle ne fait pas de demande, elle ne parle pas B (et vient pourtantmontrer son enfant la consultation).Cet enfant venait très sale à l'bcole ... On a vu aussi qu'il était couvertde brûlures de cigarettes. On s'est posé <strong>des</strong> questions. On a ét6 trèssoulagés quand il est parti de l'école. »u Sale B vient avant u brûlé » et motive le rejet (ceci est tr&s souventexprimé). Pourtant, être sale pourrait bien être une façon d'attirer I'attentionsur un corps souffrant, au moins du fait de la ntrgligencematernelle.2) Parfois, tout est dénié, le doute seul est exprime dans une généraiisationqui évite d'y voir de pris.u <strong>Les</strong> strvices visibles ne sont pas evidents. Bu Est-ce que Ie sévice le plus grave est celui qui se voit ? On ne va pas


quand meme chercher la petite bete !<strong>Les</strong> exprasians utilish par les intemiewés montrent combien 1'416ment visuel est présent, combien ils sont sollicités à ce niveau.C'est ainsi que le renfemement de la mère et de l'enfant, et de I'intervenantavec eux, est décrit :u Je sentais que l'enfant avait peur face à sa mère. Ce face à face esaitdevenu insupportabte entre eux... et puis je me suis trouvk nez it nezavec.. . C'était l'affrontement perpétuel. au Je ne voyais que <strong>des</strong> petits signes, de doutais. Et puis, il y ai eu <strong>des</strong>gros trucs. Quand on va loir dans les fmilles, on est tellement assaillantsur elle qukn peut provoquer <strong>des</strong> choses graves, *u L'enfant avait les yeux au beurre noir.,. Alors, là, j'ai dout é. Laseule fois. »Ailleurs, un tableau très visuelIement dtferit aboutit la conclusion :.(Y On ne pouvait signaier sans certitu<strong>des</strong> ni références, * Comme si plusl'accent était mis sur le visuel, plus augmentait le doute.,. et le silenceparfois.Et encore :Quand on a vu ça, on s'est pose <strong>des</strong> questions et puis on a envoyé fairefaire <strong>des</strong> radios. aOn cherche avec les yeux (ies traces), on voit <strong>des</strong> yeux battus. La mbredit : "Je t'aime", ses yeux disent le contraire. su Je ne suis pas sQre de ce que j'ai w ou entendu., , Quelque chose defaux ... J'étais pourtant présente. aNous reviendrons sur ce u quelque chose de faux n, qui est peut-e&eessentiel. Voudrait*n intimement, devant I'horrible, que ce soit faux ?Le vécu est si difficile que le r81e contenant du regard 6chappe àI'intenrenant, il a le sentiment d'être devenu le persécuteur. 11 a l7mpressionde vivre une expérience tragique et s'exclame : u ça ablrnequelque chose en nous », sans savoir qu'il a pris en lui probablementtoute la souffrance, par le jeu de fa projection propre à ces relations enmiroir.Pfusieurs interview& font part de cette expérience u tragique P.D'autres simations que celle d'interview permettraient de connaître les


fantasmes associés aux mauvais traitements sur <strong>des</strong> enfants. Quelquesckne primitive archaïque que l'on verra représentde dans tel ou telmyîhe lointain, Médke par exemple, chez les Grecs, meurtrikre de sespropres enfants.Parmi les causes qui axnbnent les défenses qui nous interessent, ilfaut souligner l'excitation interne propre & ces situations. Tout grouped'intervenants ou de personnes qui réflechissent sur ces problbmes l'aconnue 2 un moment de son histoire. Cela se manifeste souvent par unesurenchkre dans l'evocation de l'horreur.Un autre aspect important dans ce que nous ont confié nos interviewésconcerne les traces, les marques qui s'adressent & la vue biensQr .<strong>Les</strong> élements relationnels insupportables sont ainsi u chosifih s,transformés en signes. Cela pourrait 6viter le fantasme, mais n'empêchepas toujours l'interpretation trop directe ou l'intervention hative dans larédite.« J'ai vu <strong>des</strong> petits signes. »u . . . <strong>des</strong> traces un peu bizarres.. . »u . . . <strong>des</strong> marques suspectes. nu . .. peu importe la trace, il y a inconsciemment <strong>des</strong>ir de mort, nu ... un jour, on a vu <strong>des</strong> traces, on a tout de suite envoyt? la brigade <strong>des</strong>mineurs. »Mais le doute peut accompagner une attitude rCserv6e et prudente :... Moi qui vois beaucoup d'enfants ainsi, je doute. Je ne peux parlerque de ce que j'ai vu. Par précaution, en cas de doute, je laisse une traceLScrite dans le dossier. »Cette sage precaution ne devrait-elle pas être une obligation ?Pour tenter de mieux comprendre la dificulte de communiquer avecles enfants marqués dans leur famille par la violence de leurs parents, ilfaudrait considerer les points suivants :1) Leurs parents ont d'une façon quasi gdnerale subi le même sortdans leur enfance. Ce serait une pathologie transmise de génération eng6n6ration (Dominique Agostini et Elisabeth Hadjiisky (10)).


2) En élucidant la faille qui existe chez eux depuis une époqueprdcoce de leur développement, nous pourrons mieux comprendre lesmoyens compensatoires qu'utilise l'enfant maltraité pour provoquer I'attentbnet tenter de communiquer avec sa mbre et les personnes de sonentourage.3) Qu'il y va de son sentiment d'être réel, de son identité.4) Que si l'adulte, par la rigidit4 de ses défenses, m6connatt cebesoin de l'enfant d'être contenu en particulier par le regard, ilcontribue maintenir la pathologie, Notre sentiment de doute, de miseen question de la réalité de notre perception pourrait être vécu en écho 2l'interrogation de l'enfant par rapport au sentiment d'être réel, d'êtrevrai.D. Winnicott cl'>, dans son article u R61e de miroir de la m%re et dela famille dans le développement de l'enfant B, pose cette question :u Que voit le bébé quand il tourne son regard vers la mère ? Géneraiementce qu'il voit c'est lui-même. » II parle ici d'un temps prtococe dudéveloppement, avant le stade du miroir de Lacan ('21,D. Winnicott explique que ceci est essentiel et que si, pour uneraison quelconque - dépression de la mère par exemple (Cf, Ies films deBrazelton) -, l'enfmt ne reçoit pas en retour ce qu'il est en train dedonner, 4 il adoptera un autre moyen pour que sa mere ou d'autres personnesde son entourage lui réfléchisse quelque chose de lui-même s.E'agrasivité, la maladie, provoquent en général une repense. Si levisage n'est pas un miroir, le bébe peut renoncer tr t'espoir ou se mettreà scruter les visages u corne le ciel pour savoir quel temps il va faire B.If apprend & oublier ses besoins. II s'habifue à regarder les miroirscomme <strong>des</strong> choses sans se regarder dedans. Ili peut passer sa vie 8chercher à etre vu. Psychoùlérapeute, membres de Ira famitle, personneld'un milieu d'accueil, scolaire ou autre, sont so'IIicit6s h ce niveau dansle questionnement de l'enfant qui cherche se sentir reei, Bien sûr, ledéveloppement niormai amkne lkutonomisation, mais Bes traumatismespeuvent laisser unie faille paur le rèste de l'existence.Dans les ùldrapies psychanalfliques d'enfants, le problème du vraiROUS est pos6 d'une façon frdquente par les enfmts dont nous parlons.


Corine a dix ans. Elle est dans un internat depuis deux ans, un placementayant et6 necessaire cause <strong>des</strong> sevices graves dont la mbre &aitl'auteur. Avant d'être capable d'etablir <strong>des</strong> relations plus harmonieusesavec eux, Corine a provoqutS les adultes et les enfants de l'institution.Corine dit de sa mbre : « Je ne sais pas ce qui se passe, je laregarde seulement et elle me frappe dors que j'etais gentille. r 'Corinecherche aussi à &tre vue par sa rnkre, elle met volontairement teileschaussures abîmées dont Ia vue va fa rendre furieuse.En psychothérapie, quand elfe ne va pas bien, parfois, elle pose satête sur une feuille de papier et trace le contour de son profil, Four6tre plus sûre, dit-elle, qu'il reste là » (et que sa thérapeute la voitaussi),Plus tard, apres un jeu de rôles inventé par elle, elle demandera :« Est-ce que c'&ait vrai tout à l'heure, quand tu jouais comme si tu &.aisma maman quand elle est méchante ? BCorine doute, comme nous alors ?C'est aussi probablement fa question muette que pose l'enfant maltrait6et que f'on a tant de peine à percevoir dans les moyens nonverbaux qu'il utilise pour communiquer avec nous. De faits banaux, ilparlera avec <strong>des</strong> paroles ou, plus tard, <strong>des</strong> sévices qu'il a subis, Ledoute que nous ressentons pourrait être pour nous un signaid'alarme du risque de passer B chté de quelque chose d'important.C - Paradoxe et paradoxalitéTout ce qui précède nous amhne à parler d'un facteur extrêmementprégnant et particuIi&rement lit? au doute dans nos interviews. II caracterisela <strong>des</strong>cription que font les interview& de fa famille mâltraitante,dans la relation qu'ils etablissent avec elfe, ainsi que quelquefois le stylede leurs réactions à l'égard de l'interviewer.Le paradoxe caractérise la communication dans les familles trèsperturbées. 11 est decrit par Paul Watzlawick (i3f et t'Ecole de Palo Atto.


Liant deux interlocktteurs en position dominant-domine, il est appeléu double-bind S. <strong>Les</strong> psychanalystes français parleront de u doubleentrave B (Guy Ros~lato(~~)) ou de transfert paradoxal (DidierAnzieu (15). <strong>Les</strong> psychanalystes spécialistes de la psychanalyse familialeparleront de paradoxaiitt? (Jean-Pierre Caillot, Gérard Decherf (16)) ià lasuite de Paul-Claude Racamier cl7), ceci étant tout à la fois un moderelationnel et un fonctionnement mental.Dans le dictionnaire Robee, paradoxal est defini comme suit :u Bizarre, qui heurte ile bon sens, absurdite. B Selon Paul Watzlawick,non seulement le paradoxe peut envahis B'interaction et affecter notrecomportement et notre sant6 mentale, mais il est un défi A notrecroyance en la cohdrence et donc finalement en la soliditt! de notre univers.C'est une situation intenable. Mais pour cet auteur, cela se situe auniveau de la communication, sans la dimension de causalit6 genetique etintra-psychique que considbre Ia psychanalyse.Guy Rosolato souligne son lien avec le narcissisme et avec unerelation de pouvoir 6 ... focalisation mentale sur une impasse, un choixindecidable, tel qu'il envahit toute Ia vie psychique, au point soit de laparalyser, soit d'obliger à recourir ià <strong>des</strong> solutions de rupture par laviolence, soit à en sortir par un recours ià une voie originale, extérieureau systbme. * (p. 164, op. cit.),Pour Didier Anzieu ('51, quand il dvoque le transfert paradoxal :u Le paradoxe est un cercle sans fin. Le vrai n'est plus le contraire dufaux. La verité se transforme en faussete, ia fausseté devient A son tourvgrit6. Nous sommes dans la logique de I'ambiguïte, non plus dans cellede l'ambivalence et il n'y a plus de place pour une formation decompromis. PL'mbiguït4, Ia confusion, qui sont à la racine de toute demarcheparadoxaie (conmunication, injonction, transfert), constituent le vrai etle faux, Xe bien et le mai, I'mour et la haine, la vie et la mort, noncome <strong>des</strong> termes contradictoires s'exctuant muwellement, mais come<strong>des</strong> termes permutables Ie long d'uh cercle sans An. BEn psychanalyse familiale, Jean-Pierre Caillot et Gérard Decherfmettent en relief le paradoxe qui regit certaines familles profondémentperturbées et incestueuses (celles gui nous intéressent dans cette


echerche) : un fantasme de famille idéalement unie : a Vivre ensemble,c'est impossible, nous séparer serait mortel. P Ce paradoxe meme estexprimt! par un bon nombre d'interviewés, quand ils font part de leursefforts pour entrer en relation, de leur enfermement dans cette relation(souvent avec les mères), de leur malaise et du doute qui ne fait ques'accroître, avec un vécu de disqualification.L'impasseII nous a semblé que plus les intewenm& exercent à l'intérieur dela famille (visites à domicile <strong>des</strong> puéricultrices ou <strong>des</strong> travailleurssociaux) ou en milieu instihitionnel clos, plus ils risquent dS&e« pi6gés P, réduits à l'impuissance. Par ailleurs, cette forme de travailest convoitée, idéafisée (certains psycholo@es) ou à l'oppos6 rejetée(certains médecins). A croire que 1'embQche exerce une certaine fascination.LSexpt!rience nous apprend, d'autre part, qu'on y subit un vt'ritablebombardement de stimuli de toutes sortes et de projections, dans unerelation d'une extrême complexit6, du fait de la surabondance d'élémentsnon verbaux.Le contrat qui régirait cadre et relation y est <strong>des</strong> plus difficiles àdtablir et à maintenir.Nous allons examiner cornent les intervenants évoquent Ie paradoxe,l'engluement dans celui-ci, avec le doute et, finalement, cornentils tentent de s'en dégager.Nous reserveronî une place part au travail à domicile et à ses difficultésparticuli5res.Un certain nombre de travailleurs sociaux intemenônts pouftantaprès signalement (en particulier en AEMO) exposent ainsi les choses :« Dans notre action, parfois on passe sous silence les mauvais traitements,mais il faut que cela soit dit au juge. Or, on ne signale au jugeque ce qui a été dit aux parents. Mais ce sujet aurait dQ être ditd'abord. »


D'autres : u Lorsque l'hdpital signale, pas de problbme. L'enfantest blessé, donc on peut parler aux parents. P Et plus loin : u Lorsque lesenfants se plaignent, il faut en prendre et en laisser. *S'il s'agit d'exercer un pouvoir par le paradoxe, qui l'exerce et surqui ? Nous sommes dans l'incapacite d'en decider et, probablement, aucoeur même du doute.. .11 était difficile de repérer et de soumettre aux épreuves statistiquesla présence du paradoxe. Une série de remarques d'intervenants, quiavouent tous leur doute, va montrer la situation paradoxale où ils setrouvent.a Il faut dire les mauvais traitements ; il faut que les mauvais &aitementssoient dits. * Qui dira ? On sait l'extrême capacite ii denier Iaréalité <strong>des</strong> parents maltraitants par crainte ou par non-inscription chezeux d'actes accomplis dans un dtat d'obnubilation @orninique Agostiniet Elisabeth Hadjiisky (IR), Dominique Arnoux (19)).« L'enfant ne disait rien. Pa . . . et ces coups ont éveille ies soupçons de plusieurs personnes.. .La question est de savoir si ce sont <strong>des</strong> coups insupportables. Ba Cet enfant avait sur les bras et les jambes <strong>des</strong> "bleus" et <strong>des</strong>bosses ... Le problbme est de savoir si I'on a le droit de déshabillerI'enfant à 1'4cole en l'absence <strong>des</strong> parents. BCertains nous font part d'une sorte de sidération :* On a un mandatde protection de l'enfant, mais on doit attendre que les choses se déroulent.B fe demande <strong>des</strong> explications, oui, mais je n'entre jamais dansles details. n Ce qui est une bonne façon de rester dans le doute.Certaines institutions comportent <strong>des</strong> éléments paradoxaux dans leurr&glement intérieur. Par exemple, %& où l'on procure B de jeunes meresun accueil attentif et chaleureux, il y a exclusion sans préavis pour toutemanifatation de violence. Ainsi que dans la genealogie, le cadre institutionnel,pas plus que la mbre d'autrefois, ne peut contenir les pulsionsagressives. Mbre et enfant son rejetes, renvoyés à leur solitude.


Comment s'en dtSgager ?Le meilleur moyen serait de s métacommuniquer r, parler du paradoxe,mais en fait peu d'interviewés évoquent l'impasse dans laquelle ilsse tsouvent inconsciemment piégés.Aucun, bien sar, n%voque de violence physique, mais on a I'impressionque la violence marque tout de même la solution adoptée.- Attitude de maîtrise dans un mouvement de slsduction puis derejet : u Il s'agira de faire la part de ce qu'on voit et de ce qui est. Damce cas, c'tftait le piège. » Suit l'énumeration <strong>des</strong> moyens <strong>des</strong>tinés fairedisparaltre tout doute, u On dit que les enfants disent la vtsrité, jfai lapreuve que non, P- Interprétation sauvage du désir mortifère inconscient.- Renvoi à d'autres, qui « verront plus clair B.- Rejet &équent, B I'exteSrieur de l'école en particulier. L'enfantmaltraité est devenu enfant sale, insupportable : « On ne souhaitaitqu'une chose, c'est qu'il s'en aille. » Telle mère qui résiste à l'offred'entretien, fiiit, est aussi cataloguée comme « sale et repoussante B.Retournement de l'apitoiement en haine.- Ou la ruse : u J'ai fait hospitaliser l'enfant quand il a eu les oreillons,pour en avoir le coeur net, ainsi, il a pu être examiné et radiographie.. On reste dans le nondit et le sous-entendu.D'autres moyens sont évoques pour sortir du paradoxe dans unerelation de soins où les sévices auront ét6 reconnus et oh l'interventiond'un tiers aura et6 integrée dans la prise en charge. II est étonnant quede rares tdmoîgnages en soient donnés : u Mettre <strong>des</strong> mots sur Iessignes r, u noter les 6k?rnents positifs dans la relation entre la mère etl'enfant et voir les choses changer. P En somme, integrer amour et hainedans ia relation.


Le probtkme du suivi B domicileIl était intéressant de se demander si les personnes faisant <strong>des</strong> interventionsà domicile rbgulibres dans une famille étaient, plus qued'autres, sous l'emprise du doute et du paradoxe.En effet, nous constatons que 64 % <strong>des</strong> professionnels chatrgés <strong>des</strong>visites à domicile sont dans 16: doute, contre 55 % pour Iknsemble <strong>des</strong>personnes intewiewh. Mais ils sont dgalment plus dans la certitude,définie corne d6négatiors du doute : 27 % (contre 24 %), Ils sont aussimoins nombreux, 9 % (contre 13 A), à pouvoir oscifler entre le doute etIa certihrde, c'est-à-dire à puvois adopter <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de ddfenses moinsrigi<strong>des</strong>.En fait, peu d9ntenrenants nous apportent <strong>des</strong> témoignage detaillés12-<strong>des</strong>sus. Mais on peut dire que plusieurs auraient tendance à idealiserce genre de travail, Notre expdrience et <strong>des</strong> témoignages corne ceux deSelma Fraiberg (20), relatês dans son article e Fantômes dans la chambredknfant B, nous ont convaincu du coté très difficile et peut-etre illusoirede cette entreprise, La positian <strong>des</strong> psychanalystes observant la relationparfois perturbée d'une mbre et de son enfant est tout à fait digisrente, IIs'agit d'une situation d'oh le contrat est clairement déterminé par deuxparties volontaires. <strong>Les</strong> observatrices peuvent y jouer le r61e qui leurserait prêté de bonnes grand-mbres devant qui on peut jouer à la bonnemère », selon l'expression d'E. Kestemberg (21).Dans la situation d'intervenant à domicile, il semble que Ie paradoxeet le doute jouent au maximum, Il arrive que l'intrusion dans lecadre familial, selon certaines personnes, les livre à <strong>des</strong> impressionsétranges. Ne pourrait-on pas faire un parallèle avec ce que AfbertoEiguer G2) note dans a Un divan pour la famille * ? II dit que dans 'Iecas de la thtfrapie familiale, nous pouvons penser qu'un ordre bien spécifiquede réactions du therapeute correspond aux difficultés familiajes eramat de verbalisation et de pensée ... B. a Le therapeute ne se trouve pasen condition de reconnaître d'emblde que ses productions psychiquesviennent de la famille. B Alberto Eiguer explique que a ceci produit uneffet ue surprise et que le thérapeute rattache hâtivement à sa propre personne<strong>des</strong> impressions qui viennent d'ailleurs ». Q< Le miroir s'inverse B~dit-ii.


Nos intervenants qui vont à domicile doutent beaucoup et restent,semble-t-il, dans le doute, souvent proche de la confusion. Plus pres <strong>des</strong>angoisses catastrophiques, vcScues avec la famille, contre lesquelles ledoute et l'oscillation permettent de se defendre.<strong>Les</strong> mots .« bizarre u, « étrange s, u suspect » reviement frcfquemmentdans le texte <strong>des</strong> mtretiens, On tzvoquerait volontiers I'u inquiamte 4trrangete dont parXe Freud f5jeGe terrain d'observaflon prkmc' idM semble en fait cefui oh il estle plus difficile d'i?tre objectif. <strong>Les</strong> mauvais traitements y deviennent <strong>des</strong>âçcidcnQ minimisés, on y doute plus qu'ailleurs. 11 semble que lrts fanternesy grouifient. Ceux de t'intervenant autant que ceux de fa famille.,.Certains avouent vivre ce travail comme un risque et évoquent leurangoisse, u On a peur de dire les mots. w « On aurait besoin d'litre 2deux. Quand il y a 6cliec dans la protection de l'enfant, cela est vécuavec une grande culpabilité : « On assiste B une experience dramatiquesans pouvoir l'interdire, * Ceci en dit long sur l'effet de siderationtrprouvé. Effet de fascination aussi, au point que les petits signes sontminimis&, jusqu'b ce qu'apparaissent de u gros trucs u pour attirer l'atteatiandm une aggravation, qui se joue l'insu de l?ntewenmt, cedmier pouvant &prouver l'illusion d'une b0~e » relation avec fa mbrede t'enfant.CONCLUSIONL'enfant dans son individudit& comme sujet, semble étrangementabsent de tuut ceci. Peut-&tre est-ce une preuve de l'action de I'étreirrtaparadoxale lit% au Wme même de fa « maltraitance B. Ne serait-il pasabsent et prêsent iZ1 la fois ?C'est un contexte naeissique qui entoure te doute avec le paradoxe,les idéaux, le langage non verbal. Nous avons vu en quoi un effet defascination se joue <strong>des</strong> intewenants, rendant deatoire leur action quidevrait concerner la protection de l'enfant en dmgw. Ceci plus ou


moins, selon leur compétence et leur souci de ne pas travailler dans1 'isolement.Enfant en souffrance, a corps en souffrance B selon l'expression deMicheline Enriquez m). Comme si, dit-elle, le corps envahissait toutl'espace, mais en même temps ne semblait pas avoir de propriétaire, Anous de lui donner vie et de le rendre qui il appartient. sDepuis 1986, où fut publiée cette recherche, nous avons prisconscience, en France, de l'ampleur du problkme <strong>des</strong> abus sexuels surles enfants, particulihrement en ce qui concerne les sévices intra-farniliaux.A notre propre niveau d'intervention(24), notre réflexion s'estemichie d'un va et vient entre cette clinique si particulière de la maltraitanceet la référence a une thkrisation, issue de la réflexion psychanalytique,élaborée il partir de contextes proches.Ainsi, un récent congrès organisé par l'Institut français de thérapiefamiliale psychanalytique (1991) a eu comme thème : a La pensée perverse(25) s. Ce fut l'occasion de retrouver évoqués <strong>des</strong> risques que nousconnaissons bien lorsque nous rencontrons <strong>des</strong> familles maltraitantes etde mieux les comprendre. De mieux comprendre aussi ce quoi estsoumis l'enfant impliqué dans la relation d'emprise avec un adulte.Le thérapeute retrouve 12 également un élément de son contre-transfert,le doute, et plus spécialement, I'u impression de faux B Béja &Oqut?e,si embarrassante.]Bernard Penot (1989), dans Figures du Déni (26), nous dit que quandil y ai doute, c'est qu'il y a du déni, avec sa caracteristique de transmissioninter-générationnek et de risque de contamination par ce mode dedéfense.Cet auteur souligne qu'une attitude de recherche dans une équipe estune solide protection contre le déni. Ne pas en prendre conscience neferait que perpétuer un fonctionnement familial pathogène <strong>des</strong>tructeur dusens et de la capacitt? symboliser.C'est probablement la force du déni à laquelle se réfère un auteurqui appartient un horizon tout a fait different, l'Am6ricainSummit (1983) (29 (in Thouvenin (1989) @SI), en décrivant le u syndromed'adaptation de l'enfant victime d'abus sexuels B. Cet enfant pris au


pikge d'une relation mafquee par le sceau du secret, s'il tente de devoilerla situation dans laquelle il se trouve, est en grand risque de serétracter s'il ne rencontre pas une confiance suffisante chez l'adulte & quiil s'adresse.II pourra retourner alors, et pour longtemps, à son adaptation silencieuseque I'on peut considérer comme un mode de survie dans unesituation extrême.C'est probablement B cela que nous touchons, et que nous n'eprouvompas sans culpabilite, lorsque, confident occasionnel, intervenm outhefapeute même, nous ressentons une impression de faux B. L'enfantpourrait bien nous parler alors de son faux-self B (Cf, Winnicott,1970(291), de choses psychiquement inintegrables pour lui. On conçoitque le faux-self de ces enfants ayant vécu de tels traumatismes puisseêtre hypertrophitl,Si nous prenons les maya de connaître nos contre-attitu<strong>des</strong>, notrecontre-transfert, nous pourrons, le moment venu, mieux rdpondre à I'enfantqui nous parle de sa souffrance et qui merite bien que les adultesprement le reIais alors qu'il a effectué seul un difficile chemin.H faut faire çonfiance à <strong>des</strong> sentiments incertains, savoir les analyserpour pouvoir passer du doute à use douter de quelque chose w(Thouvenin, 1988 (3O)).


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Chapitre IIPHENIX OU LA MORTElisabeth HADJIISKY


AtZatlna - Tu vois, Ulysse, la puissance <strong>des</strong> dieun. Personne nemontrerait-il jamais plus de prudence ? Plus de bravoure aussi aumoment d'agir ?Ulysse - Personne que je sache. Le malheurew: a beau être monennemi, j'ai pitie! de lui quand je le mis ainsi plier sous le désastre. Eten fait, c'est à moi plus qu'à lui que je pense. Je vois bien que, nous nesomes, nous tous qui vivons ici, rien de plus que <strong>des</strong> fanrhs ou qw<strong>des</strong> ombres lt!g2re.ss.Ajax - SophocleQuels détours allons-nous emprunter pour nous donner l'illusion deréussir là où les dieux eux-mêmes plient sous le désastre ?TOUTE PUISSANCE - IMPUISSANCECes termes ce sont imposés a nous lorsque les intervenants nous ontmanifesté leurs désirs de prise de pouvoir et cela dans un registre duTout ou Rien.Entre ces attitu<strong>des</strong> extrémistes, marquées du sceau de l'affectif, sesituent <strong>des</strong> prises de position plus nuancées, plus difficiles 3 vivre sansaucun doute, mais pourtant probablement a la base d'une plus grandeefficacité.Le Petit robe^ part d'une dbfinition pratique ; puissance : u Moyengrâce auquel on peut faire quelque chose. n Il effectue ensuite un parcoursa travers la littérature, philosophie et politique. « Etat de celui quia une grande action sur 'tes autres, domination qui en résulte. »e La puissance de Dieu est infinie. B Balzac.« Puissance que la parole transporte. P Sainte-Beuve.u Puissance - personnification d'un pouvoir occulte, religieux. rEn termes de mathématiques, le chiffre se multiplie par lui-meme.


Le dictionnaire psychologique de Chaplin spdcifie qu'il s'agit d'unehabilité, autorite à controler les autres.Au contraire de fa puissance, I'impuissance se voit caractériséeessentietlement dans les avatars de l'exercice sexuel,Lors de la suspicion de mauvais traitements, situations que nousdtudions, il est très difficile d'obtenir une certitude immédiate quant B laréalité <strong>des</strong> faits. Confrontes & <strong>des</strong> marques sur ie corps de l'enfant,ceiui-ci en géndral ne nous aide gubre il en découvrir l'origine. Nousnous heurtans à son silence ou & quelques alibis plus ou moins plausibles.La vdritd ne se dévoile que grâce & une enquête n&essitantl'apport d'intervenants de categories professionnelles différentes : ceuxqui peuvent aller au domicile familial par exemple complè;tent I'information<strong>des</strong> autres, etc.Nous avons vu que, meme lorsque notre opinion est suftismentétayée, nous doutons encore.. .Or, contrairement à nos attentes, dans 83 96 <strong>des</strong> cas, les intervenantsmanifestent un tout savoir, se pensent comp6tents et ddnigrent lesopinions et les possibilités d'aide <strong>des</strong> autres disciplines.D'autres, à l'inverse, s'imaginent totalement incompbtents etimpuissants.Bien entendu, ces attitu<strong>des</strong> extrémistes ne nous paraissent pas sousentendreun comportement adéquat qui viserait la protection de l'enfantet i'6volution de la famille.<strong>Les</strong> mauvais traitements se multiplient parfois sans que l'intervenantpense à signaler le cas. Or, chacun sait qu'il peut 4tre accusé de nonassistance& personne en danger et que I'dvaluation du danger encourupar l'enfant n6cessite un travail pluridisciplinaire (C$ circulaires 16-18et 21 mars 1983). Or, nous avons à faire & <strong>des</strong> intervenants valeureux,aimant leur travail, soucieux au plus haut point du bien de l'enfant quileur est confié.Nous n'analyserons d'ailleurs qu'un discours. La réafité <strong>des</strong> pratiquesnous est étrangère.


Dans cette situation, come ailleurs, nous pouvons imaginer quenos attitu<strong>des</strong> derivent d'une résultante tenant compte de notre personnalité,<strong>des</strong> caracteristiques de notre situation et du r81e que nous y jouons.L'ideal professionnel induit ce que nous pensons pouvoir nous permettreou non. Nous essayerons de voir en quoi il diversifie le discours.A la lecture <strong>des</strong> interviews, un certain nombre de thèmes revenaientde manibre repetitive ; ceci nous permit de les coder et de les regroupercomme suit :les items no 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 69 relèvent <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> detout savoir, c'est-adire :n O <strong>des</strong> items- L'intervenalar dit ne pas chercher à savoir ce queles autres en savent- L 'intervenant dit tout savoir 59- L'intervenant dit tout faire lui-mdme 60- L 'intervenantfait tout avec son équipe 61- L 'intervenant ressent les autres comme incapables,ineficaces 62- L'intervenant ressent tes autres corne dangereux 63- L'intemenant ressent les autres comme envahissantspar rapporr h lui 64- L'intervenant veut menacer les parents 69<strong>Les</strong> items de l'impuissance sont 67, 68, c'est-à-dire :- L'intervenant dit se sentir incompétent 67- L'infervenant veut se dkcharger de ses responsabilit6s 68<strong>Les</strong> items 65 et 66 nous paraissent relever d'une attitude plus ad&quate. Ils montrent que l'intervenant a reflechi et a pu s'ouvrir auxautres catdgories professiomelles et peut çollaborer.


En effet :. pour l'item 65 : - L'intervenant reconnaft la compbtence <strong>des</strong> autres,. pour l'item 66 : - L'intervenant veut collaborer avec les autres.En faisant parler les chiffres, la toute-puissance prise globalementse retrouve dans 84 % <strong>des</strong> cas.L'impuissance dans 7,4 % <strong>des</strong> cas.<strong>Les</strong> réponses adequates dans If % <strong>des</strong> cas. Nous avons tenu pouradéquates les repenses faisant état de rtSflexion à l'appui d'un changementde position, Frappés par la massivité <strong>des</strong> réponses dans fa toutepuissance,nous allons essayer d'en analyser lie discours.LE DISCOURS DE LA TOWSPUISSMCED'une manikre géndraie, ces intervenants semblent faire leur diagnosticeux-mhes et ils agissent seuls ensuite. Nous serions rapidementprgts a leur faire confiance si leurs dires correspondaient A une objectivitétraduite en eficacitd. Mais leurs opinions traduisent <strong>des</strong> idées personnelleset leur action ou inaction se solde souvent par la repétition <strong>des</strong>mauvais traitements, parfois par le suicide d'un parent, ou l'eparpillementde la famille, Bizarrement, ils ne semblent pas faire Ie Iien entreleurs attitu<strong>des</strong> et ce qui se passe alors dans fa famille.Leur discours, truffë de paradoxes apparemment inconscients,révèle que même lorsque Ia preuve <strong>des</strong> mauvais traitements est faite, ilsne signalent toujours pas. Dans l'ensemble, ils semblent attribuer unpouvoir presque magique la relation de confiance » qui éventuellements'&ablit avec le parent : si la mère coopère, tout va bien. L'intervenantdans ces cas ne se remet pas en cause, même s'il fait état, 2 taphase suivant, de l'évolution cat-rtrophique de la famille.Ensuite, la relation se poursuit sans qu% aucun moment il ne soitquestion <strong>des</strong> mauvais traitements : en u parler » est rapporté comme unefaute lourde de conséquence : c'est acculer Ies gens au désespoir !


Même lorsque les enfants sont décrits brûfes aux cigarettes ou aufer a repasser, porteurs d'hématomes ou les membres cassés, il fauta comprendre la mbre w.En général, lies parents sont a blanchis r : 4 11s sont au bout durouleau P su « immatures w, 4 md I~gtOs ta, 4 étrangers W , ce sont u leursmétho<strong>des</strong> éducatives S. On laisse u stagner B. On csmprend que dans cecontexte : signaler est culpabilismt, l'intervenant.,.signale 81 contrecoeur!( Quand on signale, on coupe la relation on prefêre laissercette sale besogne a d'autres B. a Signaler c'est ouvrir un parapluie w,revient souvent dans la bouche da intervenants. a Parler, agir ressemblent2 <strong>des</strong> mauvais traitements infligés cette fois à la famille. u Penser rmême parfois paraft dommageable. a forsqu'on soupçonne les mauvaistraitements ils le sentent d ne reviennent plus. B On voit commentdevient suspecte toute demarche utile 2 la protection de l'enfant commesi tout dévoilement, même le plus secret, était interdit.Parallblement, les autres services avec lesquels ils semblerait que lacallâhration s'impose sont dgcrits comme inefficaces et dangereux. AI'hBpital, l'enfant y u subirait B <strong>des</strong> radios, le personnel est contre lesparents. <strong>Les</strong> juges placent Ies enfants ...A aucun moment, un regard lucide ne semble porte sur le parent.<strong>Les</strong> services habilités à le faire sont dkvalorisés : a On va avoir lesservices sociaux sur le dos. r,<strong>Les</strong> centres medico-psychotogiques sont taxés de supeSiciels :a Pour savoir, il faut vivre dans les familtes », déniant ainsi le travailélaboratif et le pouvoir de détection <strong>des</strong> consultations médicales.La relation 6tablie avec le parent maltraitant doit être 3 l'origine decet etat d'esprit. Cette relation idklisée garait sans doute immobiliserdans une attente inactive les travailleurs medico-sociaux.Nous allons donc essayer de. recherches les raisons de cet 6tat defait,Parler <strong>des</strong> mauvais ~aibements est deaigré par sertairas. C'est parcontre valorisé par d'autres : a SB 1'011 parle, on peut aiareter les mauvaistraitements. P, Lii encore9 Ci est doragt6 B Iba parole un pouvoir magique.C'est aussi une manaikre de bmdiser que de croire que les mauvais Brai-


tements sont une violence sans plus et qu'admonester les parents arrangeraittout. Dans ce cas, le trouble profond n'est pas pris en compte.RtMuire le symptûme évite d'en connaître la source. Il faudrait sansdoute s'interroger sur ce que nous cherchons li fuir ainsi.Mais, par ailleurs, a aucun moment l'intervenant ne semble supposerque te parent s'arrange pour que les traces de coup ne soient plusvisibles. u <strong>Les</strong> pervers, ça doit bien exister mais je n'en ai pas rencontré.» Cette phrase revient souvent. L'intervenant ne dit pas comment ilreconnaît un pervers mais il semble signifier qu'il souhaite que le parentmaltraitant ne Ie soit pas. Ah, s'il pouvait être un bon parent !En somme, tout nous paraît de& l'envers. Le parent violent estdédouané. C'est l'enfant qui se fait donner <strong>des</strong> coups, qui est mauvais,sale et criard.De plus, toute initiative capable d'assurer la protection de l'enfantest cutpabilisée. Seul est id4alise ce lien captateur dans lequel se trouveimobilise 15ntervenant entra6 dans sa pensee et ses actions. Sansdoute le désir d'être un bon enfant réparateur prime par sa puissance surle désir réel de protéger l'enfant. Or, dans le discours de l'intervenant,peut-etre qu'une clé nous est donnée ? En effet, nous avons aussi relevédans le discours <strong>des</strong> intervenants de nombreux exemples de paradoxes.u Ils aiment leurs enfants, ils s'en occupent bien. » a Ils sont violentsmais ce n'est pas agressif. N Je ne sais pas mais je suis r6solurnentcontre ... NOn connaît l'effet irnmobilisateur de I'induction paradoxale, prisentre deux injonctions contradictoires, que décider? Fort de cesconstats, nous avons voulu affiner notre analyse et c'est pourquoi nousavons essaye de coder les incohérences du discours.Or, si le tout-savoir se marie bien avec le tout-pouvoir (77 % deceux qui pensent tout savoir disent agir seuls), par contre, ceux quivivent les autres comme dangereux se déchargent quand même de leurresponsabilitc! sur eux et ceci dans 58 % <strong>des</strong> cas.Trb peu menacent les parents (15 % <strong>des</strong> cas seulement). Ceciserait-il dQ au pouvoir de cette relation de confiance ?


DISCOURS DE L"muSSmCIEUn nombre beaucoup moins grand (7,4 % <strong>des</strong> cas) d'intervenantsmanifestent un état d'impuissance, Leur discours dépressif confine audésespoir. 11s nous assurent ne pas savoir que penser : u On ne peut passe fier à ce que disent les enfants, quant aux parents, ils sont fuyants. YOn ne peut rien faire non plus. <strong>Les</strong> parents ne parlent pas - bien sOr,il faudrait qu'ils soient traités, mais s'ils ne viennent pas... Ils apparaissentune fois ou deux et on ne les revoit plus. *Notre intervenant se sent incompétent : c'est toujours une autrecatégorie professionnelle qui aurait I'efficacité. Parfois, la responsabilitt!<strong>des</strong>cend les echelons hiérarchiques pour en arriver aux dmes <strong>des</strong>ervice.. . Ou bien ce sont les autres services qui pourraient faire quelquechose, mais ces derniers u attendent pour mieux voir.., a Pour finir,personne ne fait rien, ies uns parce qu'ils vont 2 domicile, tes autresparce que ce n'est pas leur rôle. Wme les psychologues ne se sententpas concernés, On envoie la mbre u parler a chez un psycho&érapeute,mais il n'y a pas de demande. 11 attend qu'elle parle, elfe ne dit rien.Personne ne remarque qu'elfe manifeste sa demande de manibre infraverbale,ou bien ailleurs, Cette mbre réclame <strong>des</strong> gratifications dans leconcret l~sistante sociale, mais son attitude n'est pas reconnue, pasinterprétde. 11 arrive que cette femme soit traitée de névrosée, alorsqu'elle manifeste un transfert psychotique.Le discours se fait dans l'oubli, l'intervenant cherchant sans cesse<strong>des</strong> repères, Il a perdu ses dossiers, ses fiches de classement. 11 a un4 trou w dans la mémoire. Or, l'instant d'apres, il peut exprimer demanibre vigoureuse ses bonnes qualités professionnelles s'il évoqued'autres activités. Il est abondamment fait état d'un vécu de morcellementdans l'institution. Un cloisonnement infranchissable se produitmême dans les reunions de synthèse où pourtant Ies intervenants sontcensés réunir leurs infomations. Cet état peut alter parfois jusqu'8 Iaconfusion.Or, se décrétant impuissant et incompétent, cet intervenant peut êtreattendu comme quelqu'un faisant appei aux autres disciplines : il n'enest rien.


25 % seulement parmi les personnes interrogées demandent l'avis<strong>des</strong> autres.26 % déclarent vouloir collaborer,Finalement, tout comme dans la toute-puissance, la pensée est attaquée,l'intervenant ne se sentant ni en etat de parler ni en etat d'agir.S'il envoie au centre médico-psychologique, il ne signaie pas : le centreest dors reprbsenté comme le sauveur tout-puissant, mais l'enfant restetoujours en danger.Certains reconnaissent que le juge pourrait t?tre une bonne solutionde sécurite, mais il est en même temps vécu comme une menace semblet-il.Il s'agit 1ZL encore d'un paradoxe.LE DISCOURS AûEQUAT b*Dans 11 % <strong>des</strong> réponses concernant ce theme, les intewenan&manifestent leur malaise, mais ils se montrent humains, pleins de sensibilitéet luci<strong>des</strong>. Certaines de ces interviews mériteraient une publication,tant leur pouvoir 6vocateur est émouvant. Leur propre opinion peutêtre remise en cause et ils font preuve d'une véritable objectivitd ; leurdemarche pourrait être qualifiée de scientifique tant l'ouverture estgrande. La reconnaissance de la compétence <strong>des</strong> autres y est manifeste,ce qui prbpare h une collaboration harmonieuse avec <strong>des</strong> intervenantsetrangers leur institution. Il est possible de s'interroger sur cetteraison. Peut-être avons-nous lZL <strong>des</strong> intervenants qui avaient rencontre<strong>des</strong> cas moins gravement atteints ? Peut-être leur insertion institutionnelleleur permet-eIle de se vivre suffismment stScuris& pour pouvoir seremettre en cause ? C'est le cas de certains responsables, Ce n'est pas:l'explication, puisque nous avons recueilli aussi ces interviews danstoutes les disciplines et h tous les echelons hiérarchiques.


VARIATIONS DES A'iTITUDES SELûN LE SECTEURD' ACTIVITEPour simplifier notre exposé, nous avons regroupé les secteursd'activité en quatre secteurs : scolaire, crèche-PMI, hdpitaux et servicessociaux.Chaque secteur a, bien entendu, un rdle, une vocation différente.<strong>Les</strong> uns s'occupent plut& du corps, les autres ont plus en charge l'éducationou l'évolution intellemelle de l'enfant. <strong>Les</strong> intervenana ont uneidée précise de leur mission et nous l'ont souvent exprimée. Parmi eux,les services sociaux ont une place a part. Considérés comme référents ence qui concerne la maltraitance, ils sont souvent chargés de signaler oude faire évoluer les familles après signalement. 11 serait bon de s'interroger: notre organisation sociale ne se décharge-t-dle pas trop de sesresponsabilités sur eux, sans toujours leur donner les moyens de lesexercer ?Serait-ce pour cette raison que 97 % d'entre eux ont un discoursdans Ia toute-puissance ? Alors que seulement 3 % ont <strong>des</strong> réponses plusnuancées, correspondant davmtage & la réaiité,Par contre, c'est dans les hdpitaux et les crkches que nous rencontronsle plus de personnes se sentant impuissantes (40 % dans les hdpitaux,40 % dans les crkches).On peut comprendre que ces secteurs, dont la vocation prend encharge le corps de l'enfant, se sentent plus démunis lors de l'apparitionde la violence et lors de la nbcessitd d'analyser les Iiens relationnelsfamiliaux. Bon nombre de méùecins se disent dcipassés et demandent <strong>des</strong>grilles afin d'établir rapidement un diagnostic le plus précis possible.Ceux qui fournissent les rbponses les pius adéquates se trouventparmi les intervenants scolaires avec 71 % . On peut penser que le milieuenseignant, qui n'a pas I'abord du corps de l'enfant (on n'a pas le droitde déshabiller), cherche ii trtablir ses opinions par une plus grandeconcertation.C'est dans 'tes créches que nous trouvons ceux qui recomaissent leplus la compétence <strong>des</strong> autres et ceux qui veulent collaborer de manière


plus étendue. 11 est vrai qu'kole et crbche prenant en charge essentiellementl'enfant se situent peut-8tre plus preis de lui que <strong>des</strong> familles.Il nous semble que les distorsions constatées dans les interactionsque nous venons de décrire, qu'elles soient de Ifordre de la toute-puissanceou de l'impuissance, se retrouvent davantage chez ceux qui prennenten charge la famille. Ceci n'est pas pour nous étonner car c'est biendans le jeu interréactionnel familial que se mobilisent les défenses contreun changement dventuel.Variation <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> seion les cat6gories proft)ssionnellesDans ces dieérents secteurs d'activitrfs, <strong>des</strong> catégories professionnellesdiverses sont & l'oeuvre : puéricultrices, médecins, infirmieres,psychologues, assistants sociaux, instituteurs,. .Nous avons donc aussi essayé de coter leurs attitu<strong>des</strong> en fonction deleur profasion puisque leur idéal professionnel devrait 8tre indépendaritdu lieu institutionnel occupé.C'est l'assistant social qui se manifeste Ie plus dans la toute-puissance(100 %) ; viennent ensuite les puéricultrices. Ceci peut secomprendre en fonction <strong>des</strong> raisons énoncées pIus haut, Nous nepensons pas qu'une assistante sociale puisse se montrer impuissante sanspenser déchoir k sa fonction. fi en est de même chez les différentsdirecteurs rencontres.Par contre, ce sont les médecins et les psychologues qui admettentle plus leur impuissance. Leur r61e institutionnel le Ieur permet sansdoute davantage. <strong>Les</strong> psychologues, dont la pratique privilégie l'abordverbal, ne se montrent pas très à l'aise dans la communication infraverbale<strong>des</strong> parents maltraitmts. La (< demande * de soins se manifestesurtout par <strong>des</strong> comportements et s'exprime plutôt & d'autres membresde I'équipe, Pour répondre B l'appel de la maltraitance, il faudrait doncqu'une équipe pluridisciplinaire et intersectorielle fonctionne, dansl'idéal, avec un &change régulier <strong>des</strong> informations. Ceci semble très peusouvent le cas.


Clnt <strong>des</strong> réponses plus adequates :- les medeêins 57 76 ;- les directeurs de crèches 28 ijr, p- les instituteurs 15 46.Manifèstent <strong>des</strong> qudit& pour travailler en &pipesnaires :- les assistantes <strong>sociales</strong> 35 96 ;- les m&ecins 16 % ;- les psychologues 12 5%.pluridiscipli-Il s'avbre donc &vident que les categories qui se disent toutes puissbtessont en même temps désireuses de collaborer et parfois doutent leplus, comme cbt le cas <strong>des</strong> responsables d14quipe.Nous venons de voir que ces attitu<strong>des</strong> de toute puissance-impuissancese manifestent de manI&re generale chez les plus valeureux <strong>des</strong>intewenmts et dans tous les secteurs d'activitb, Nous en pârlonsd'autant plus aisifment que ces agia<strong>des</strong> furent les nûtres un momentdonnt3 de notre pratique.Nous ne pemom pas que ces agitu<strong>des</strong>, que nous pounions appelercontre-attini<strong>des</strong>, ne se pratuisent qu'au contact <strong>des</strong> pwena maluaitan@.Neus Ies avons remuquh dans <strong>des</strong> cirmnstmces diverses, maistoujours dans l'exercice d'un rdle instihrtiomel et surtout quand ce r61eimplique une relation d'aide. II y aurait toujours s interaction *lorsqu'on tient un r6le. Sandler, hdiant le transfert et le contre-transfertdans l'analyse, parie d'interaietion dynmique, Nous pouvons extrapolersans employer le terme de transfert r&erv& au cadre bien précis del'analyse. En eftet, nous avons no9s-mêmes constate que notre v6cu dif-%re selon les persornalit& que nous recevons dans notre pratique. <strong>Les</strong>interview& nous le rtcvèlent 2 leur insu quand, pour nous parler de cette


expérience, ils quittent le registre de la dépression. Subtilement, le tonchange et ils peuvent retrouver leur vigueur et leur empathie.Nous émettons l'hypothèse que les mauvais traitements nous fontvivre, à tous, un état mental particulier qu'il est nécessaire de comprendrecar il s'agit, h notre avis, d'une induction piegeante.<strong>Les</strong> traces sur le corps de l'enfant nous font imaginer <strong>des</strong> scbnes deviolence probables. EIles sont jugées insupportables, insoutenables partous, II y a <strong>des</strong> chances qu'a notre insu nous nous en défendions avectoute l'énergie possible, Ce sont les pediatres d'ailleurs qui les premiersont observe à quel point il était difficile d'im-iner que tes parents puissentse comporter ainsi. Le mythe de la bonne mbre serait omniprkenten nous. S'il nous arrivait dY.itre ternoin oculaire de mauvais traitemen&,sans doute chercherions-nous nous interposer ou h quérir de l'aide,mais intemenmt dans l'après-coup, nous avons peut-être la chanced'avoir le temps de laisser se dresser en nous <strong>des</strong> défenses concemantcet « insoutenable ».Nous avons entendu les intervenants se livrer h une sorte de retournementde situation. <strong>Les</strong> parents bourreaux sont décrits comme victimes,les enfants comme les véritables responsables <strong>des</strong> mauvais traitements.u Ces enfants-la se mettent en danger », nous dira-t-on, u c'est eux quisont sales, méchants, turbulents ». Qr, ce paradoxe nous en &voque unautre : entendant parler dans notre pratique les parents maltraitantsdepuis une quinzaine d'années, nous somes obligés de constater, avecétonnement, que le diseeurs de l'intervenant reprend int6gralementcelui du parent maltraitant !Ces parents qui nous sont d6ja pr&ent& par le rappofl socialcorne exerçant <strong>des</strong> sevices sur l'enfant manifestent souvent une hargne&norme envers lui, u C'est lui le mauvais, if les pousse tant à bout qu'ilsvont le jeter par la fenêtre, le tuer. » Certains intervenants reprennentd'ailleurs le même discours. La discordance entre le discours et lecomportement de l'enfant nous intrigua et nous incita à pousser plus loinnos investigations, C'est alors que, la reticence surmontée, les parentsnous ont livre5 le contenu dkne projection massive sur l'enfant. Vécucomme un adulte (projection « adultomorphe B), l'enfant est le supportde leur <strong>des</strong>ir meurtrier. Le moindre geste, la moindre manifestation


émotionnelle sont pour eux porteurs d'une intention maligne : u Elfe selbve la nuit pour ouvrir le gaz et nous asphyxier w (a cinq ans). u II meregarde comme son pbre quand il a failli m'étrangler. (huit ans). u Elleveut me prendre mon mari w (trois ans). Tout rapprochement à I'enfantlors <strong>des</strong> soins : changes, bains, repas, est vécu comme dangereux,L'amour se transforme en haine. L'adulte, sans se rendre compte quecette haine émane de lui, la vit comme venant de la part de I'enfant, secroit en danger et frappe, casse, tue pour se défendre. <strong>Les</strong> parentssemblent fuir dans les passages à. l'acte toutes les reprhentatiom fantasmatiqusdues au rapprochement de l'intimité avec l'enfant.. Or, tout ceci n'est pas dit. Le parent, sans doute grâce à une partd'autocritique à l'dgard de lui-même, a une réticence énorme à Iivrer sonvdcu. C'est peut-être pour cela que nous sommes abusés.Retrouver le même discours chez l'intervenant, malgré notre réticenceà le faire, pourrait etre la preuve de leur induction dans cetteinteraction. L'empauiie peut, en effet, aller jusqu'à nous faire vivre lesémotions de l'autre et nous faire prendre son parti.Mais il y a plus. Nous avons vu que tout ce qui pouvait venir enaide I'enfant, penser, parler, agir, est décrit comme mauvais et trèsculpabilisé. Nous pensons que la personnalité du maltraitant, dont lacaractéristique est le passage à I'acte court-circuitant la pensée, projettesur Ifintemenant la difficulté qu'il ressent lui-même. La totale impuissanceO& se trouvent ces parents à. r4gler leurs problèmes semble seretrouver chez l'intervenant. Cefui-ci, se croyant en état de toute-puissanceou non, est immobilisé, n'agit pas dans te sens qui serait le siens'il ne subissait pas cette projection.Nous nous demandons si nous ne devons pas rapprocher la toutepuissancede l'omnipotence. Freud a le premier introduit la notiond'omnipotence infantile. Chacun connaît l'impuissance totale dunouveau-né. Freud (1972) pense que les bons soins maternels lui permettentde continuer se croire omnipotent (1). Ce sentiment seraitnécessaire à la maturation psychofogique. D.W. 'Winnicott (19621, aprèslui, travailla l'importance <strong>des</strong> bons soins maternels qui doivent se prolongersuffisamment longtemps pour que I'enfant ne fasse pas trop t6tI'expt'rience de l'indépendance t2). Si cela n'est pas, il peut garder à titre


de séquelle une illusion d'omnipotence comme défense en face d'uneréalité apparemment trop dure à affronter.Or, Harold Searles (1977), qui a une longue expdrience de thérapeutede patients psychotiques, nous dit que l'omnipotence qui se manifestechez <strong>des</strong> mala<strong>des</strong> serait une manikre de tuner contre le sentiment deddpendance 0).Nous savons que les parents maltraitants recherchent, tout commeles mala<strong>des</strong> de Harold Searles, <strong>des</strong> gratifications dans le concret (donnemoi un bonbon - donne moi une robe) et nous avons vu qu'en contrepartie,I'intervenânt semble répondre par une attitude d'omnipotence oude totale impuissance. Nous pouvons imaginer que ces parents maltraitantsqui ont presque tous, selon leur dire, étt5 maltraités eux-mêmes,n'ont pas eu de mkre suffisamment bonne, capable de fes faire sortirgraduellement de leur omnipotence et de Ieur apprendre ainsi, peu à peu,à accepter sans dommage les fnistrations,Nous pouvons donc etablir que ces parents carenctSs restent accrochésà leur omnipotence infantile, ce qui expliquerait pourquoi ilsrecherchent chez tout intervenant la mkre toute puissante, toujours disponible,et ceci expliquerait aussi pourquoi celui-ci essaie de pourvoir ace qui lui manque.Il ne faut donc pas s'étonner que cette image corresponde à celle deu Dieu w. Certains intervenants découvrent une projection bien spéciale,semblant être vecue comme « divinitt! B. * Il a fait <strong>des</strong> prikres pour quej'intervienne. w u 11 a fait <strong>des</strong> gestes rituels pour que je ne l'accuse pas. »« Elle m'a fait <strong>des</strong> cadeaux pour que je lui sois favorable. » Pris au piègede ces incantations dont certaines sont du ressort de fa sorcellerie, l'intervenantdit qu'il est u Ie seul à comprendre la mere *. Nous pensons laqu'il s'agit d'une relation idéatisante. II y a de fortes chances pour quedans l'inconscient, l'intervenant soit vdcu comme une r puissance » quel'on désire bdnéfique.Nous pensons qu'il y a chez tes maltraitants une faille du narcissisme,dans le sentiment de s'éprouver bon. L'estime de soi nécessitepour se former <strong>des</strong> gratifications libidinales. Vivre <strong>des</strong> expériences deplaisir, de joie, pour se sentir bon.


u Une part du sentiment d'estime de soi est primaire, c'est 1e restedu narcissisme infantile, une autre partie a son origine dans ce quel'expérience confirme de notre toute puissance. * (Accomplissement deI'idéai du moi (l).)Plus Ioin : u La paranola est causée par une atteinte du moi, par unefrustration de la satisfaction dans le domaine de I'ideal du moi (11.Or, le tableau clinique <strong>des</strong> parents maltraitants 6voque toujours plusou moins la paranoïa, par la persecution et la projection, mais d'unemanikre spéciale, car la projection est focalisée sur leur enfant. C'estpourquoi on peut dire que ces patients se situent entre t 'idéalisation et lapèrsécution : l'idéalisation pour se defendre de la perstscution.D'une part, ces parents se sentent ou se croient persécut6s parl'enfant et, d'autre part, ils lui demandent de ressembler un idéal quiserait une poupée en extase, toujours souriante, immobile, parfaite. Cetenfant, pour être parfait, devrait être dt5vitalise. Tout ce qui est charnelserait péché. Tout rapprochement intime avec l'enfant leur fait courir unrisque de u dbapage s délirant. Peut-être peut-on trouver 18 une clef quinous introduit dans la projection pour I'intervenmt d'une image idéalede toute-puissance divine.Le discours d'impuissance ne nous surprend guère, car en fait, toutse joue dans une sorte de va-et-vient dans ce type de relation, oh, tant&I'intesvenant, tant& te patient, reprennent a leur propre compte I'omipotenceou 1 'impuissance.En ce qui concerne le paradoxe, nous en connaissons la définition etles effets d'imbilisation sur celui qui en est I'objet. Entre deux <strong>des</strong>irscontradictoires, cornent agir pour rester satisfaisant ? Puisque quoiqu'itarrive, on garde son statut de a mauvais B ?Didier Anzieu (1975) nous dit : u E1arnbigoi'tt(, la confusion quisont ?A la racine de toute démarche paradoxale (communication injonction,transfert) conîtituent le vrai et le faux, le bien et le mal, l'amour etla haine, Ia vie et la mort non comme <strong>des</strong> termes contradictoires,s'excluant mutuellement, mais comme <strong>des</strong> termes permutables le longd'un cercle sans fin. Le clivage essentiel est alors celui, non du bon etdu mauvais, mais de IiideaIisation et de la perskution (4). B


Nous avons vu çomment le parent nous montre à quel point il sesent persécutd par l'enfant qu'il voudrait idbai, comment l'intervenantcroit devoir se conformer à une mbre idéale toute-puissante et, s'il n'ysouscrit pas, a peur d'être persdcuté par son patient (qui disparaîtra dansla nature.. .).L'impuissance, par contre, semble reprendre celle de i'enfantvictime.En effet, dans tout parent, il y a un enfant et dans l'enfant ... unparent. Tant& l'intervenant semble s'identifier au parent tout puissantdont a besoin l'enfant, tant& il s'identifie ti l'enfant agressé qui protkgele parent.. .Mais, Phénix tout puissant ou la mort-impuissance, ne sommes-nouspas, tous qui vivons ici, rien de plus que <strong>des</strong> fantômes ou <strong>des</strong> ombreslegkres.. . ?UN CAS CLIMQUE, CONRRMANT L'ALLEGATIONTHEORIQUELe cas clinique choisi est extrait d'un travail d'intervenants spkiaiisésd'un secteur de province trb reconnu pour ses excellentes capacitésprofessionnelles.Nous y verrons Ies effets de collusion à la patEtologie familiale dansune double prise en charge judiciaire et thérapeutique, confirmant quelpoint les contre-attitu<strong>des</strong> relevées chez les intervenants interview6 seretrouvent bien en chacun d'entre nous.Comme nous pensons que les échecs nous apprennent plus que nosrbussites, nous présentons un cas qui, pour l'enfant, peut être considérécomme une réussite, mais pour la mke, un échec retentissant. Cet échecmet en cause la collaboration <strong>des</strong> Cquipes judiciaires et thérapeutiques,nonobstant la bonne volonté et les capacitbs professionnelles <strong>des</strong> uns et<strong>des</strong> autres.Il s'agit du u judiciaire R sous deux formes puisque la mixe a dtéincarcérée trois mois, avant que la famille fasse l'objet d'une mesure


d'aucation en milieu ouvert sous mandat du tribunat pour enfants.Nous disposons d'un rapport de police et d'un jugement en chambre duconseil. Nous alions exposer les erreurs et tatonnements du début del'intervention et essayer de les comprendre.Après une premikre hospitalisation pour fracture du crâne, il y euten effet remise d'enfant B la famille. Il a fatlu une deuxiéme fracture ducrbe pour qu'un placement soit fermement decide et maintenu.Une prise en charge thérapeutique de la mbre fut entreprise après leplacement de l'enfant pour que la deuxikme remise s'effectue dans demeilleures conditions psychologiques.Le protagonistesIl s'agit d'une petite fille de deux ans et demi que nous appelleronsSonia.La famille est constituée d'un père - bon ouvrier, jugé sérieux etstable -, d'une mkre au foyer, appréciee pour sa proprete, sa gentillessepar ses voisins et sa bonne volonté par les services de Protection maternelleet infantile.Le service de maternité qui a suivi la mkre lors de la grossesse etl'accouchement ne signale rien de particulier. Partout, elle est traitée deac charmante jeune femme B.Or, Zt deux mois et demi, l'enfant est hospitalisée en urgence par lesparents qui se présentent ensemble B l'hôpital pédiatrique de secteur.L'enfant a une fracture du crâne, Le service hospitalier soupçonne lesmauvais traitements, mais comme les parents nient fermement, les responsableslaissent repartir l'enfant'dm son milieu familial.


Mais trois mois aprbs, nouvelle hospitalisation d'urgence pourfracture du crâne. On constate alors une fracture de la branche il&-pubienne droite en consolidation, donc anterieure.La mkre, interrogée, explique w être énervée par les pleurs del'enfant et être tombée avec l'enfant dans les bras. B C'est alors que leservice de 1'hBpital p&iatrique fait un signalement au parquet.Un rapport de police expose les faits mais reconnaît les parentsirresponsables dans cette affaire. Le procureur, lui, juge l'etat del'enfant serieux et demande B ce que ltint6ressee lui soit dCf6rée.L'enfant est consignee d'abord dans le milieu hospitalier par mesurede protection urgente, puis il y a enquête de la brigade <strong>des</strong> mineurs. Cesderniers concluent leur rapport par : u Jeune mkre dCpassée par ses obligations.N Le requisitoire dbfinitif attribue tout de même les lésions à <strong>des</strong>violences provoquées, mais juge u la mbre accessible à une sanctionpdnale mesurée ». Elle lui paraît u réadaptable, sous couvert d'une priseen charge médico-sociale r, La mère, quand elle sort de ses trois moisde prison, est l'objet d'une mesure dlEducation en milieu ouvert ordonnéeen vue de procéder à Ia remise de l'enfant à la famille. Lors del'enquête sociale, les services de pédiatrie recontactés, pourtant auteursdu signalement, disent qu'u au terme de mauvais traitements B, ils préfèrentcelui de u soins inexpdrimenteS B.L'enfant est remis aupr&s de ses parents.Un an et demi après, Sonia est devenue anorexique. <strong>Les</strong> parentsgavent l'enfant qui est également encaprésique. Ils reviennent B I'hOpitdqui refait un signalement. Le magistrat ordonne a nouveau une mesured'Education en milieu ouvert. C'est seulement alors qu'un placementnourricier va être organisé et qu'une prise en charge therapeutique de lamkre sera fermement désiree par les travailleurs sociaux.Quand nous les voyons pour la premibre fois, les parents et Soniaentrent tous les trois ensemble. La petite fille parait delurée, bougebeaucoup et touche a tout. La mbre ne supporte visiblement pas I'agitationde sa fille. Efle se montre tout à fait exaspbrée et se plaint de I'encoprésiede sa fille (comme s'il s'agissait d'un crime de lèse-majestt').Une intention maligne est clairement attribuée à la fillette. <strong>Les</strong> mauvais


traitements sont compl&temeant ni&. Le pere veut \ara placement pour queu sa fille retrouve l'appétit ! B La mkre se tient raide, l'oeil mauvais et seplaint de sa fille u qui ne mange pas B.Quand nous abordons ]la gestion <strong>des</strong> mauvais traitements, lesparents se montrent d'abord furieux, puis soulagés. Ils acceptent devenir régulibrement pour comprendre ce qui se passe et aller mieux u.Pourtant, quand ils reviennent, c'est pour continuer à denier, ii semontrer les meilleurs parents possibles. Ils sont réticents et n'associentpas. Leur discours sert à nous demontrer que la jeune femme est guérieet qu'on peut leur rendre l'enfant. Ils nous confondent, nous therapeutes,avec l'équipe d'intervention ! Ils viennent aux consultations comme s'ilsse rendaient à <strong>des</strong> convocations du juge. Le pbre, quand il se montreplus ouvert, nous dit que u sa femme a n'a rien, qu'elle nous raconteseulement <strong>des</strong> histoires !Au bout de trois mois, la m&re vient seule et nous parle plus librement.Après quelques mois de travail de renarcissication, elle se met iiaborder les mauvais traitements. Pour elle, les relations sexuelles sontdouloureuses. Pendant la grossesse, elle se sentait rongée de I'intérieurB. <strong>Les</strong> mouvements du b4b4 l'inquiétaient et, pour le faire tenirtranquille, elle le frappait à travers la paroi abdominale ! A la naissancede Sonia, elle voit à la place de sa fille * un géant qui voulait coucheravec elle B. La levée du déni correspond à une transformation de lademande de prise en charge : elte se sent soulagge aprbs ses s6ances etvient maintenant pour ça B.Or, peu de temps après, une nouvelle ordonnançe prescrivant lemaintien du placement de I'enfant nous est apportée par la mbre : il yavait, à notre grande surprise, dans les u attendus B, l'affirmation quea notre 6quipe l'avait préconisée * !Nous n'avons jamais plus revu la mbre : ce qui peut se comprendre !Mais était-ce si grave, 6tant donné que I'enfant plac4e en nourrice se mità prospérer ? L'Gpilogue nous remplit cependant de honte et de confirsion.


EpilogueQuatre ans plus tard, le pkre demande iui-même une consultation, Ils'est remarié aprh son divorce, l'enfant lui a été remise et il vient nousvoir parce qu'elle a <strong>des</strong> dif%icultés scolaires. Nous apprenons qulapr&s larupture de la thérapie, le couple a eu encore trois enfants, dont deuxsont morts !La mére les a empoisonnés en mettant quelque chose dans le biberon,dit le pere qui a ce mot sublime : « Vous saviez qu'elle etaitmalade, pourquoi vous ne l'avez pas dit ? .A quelque temps de la, nous avons reçu une lettre de la mére où,avec énormement de virulence, elle avoue les mauvais traitements avecprécision et exprime sa haine envers sa filte : si je la revois, je Ia mettraien pièces.A notre grand regret, nous n'avons jamais revu cette mere.ConclusionTout d'abord, nous avons vu le louvoiement <strong>des</strong> premiers intervenants:1" - La maternité n'a pas du tout soupçonné une future mere maltraitante.Pourtant, il y avait un vecu caractéristique mais il a étéexprime seulement aprks.2" - L'hôpital pédiatrique ne pose pas de diagnostic fermementetabli au début. II faut deux hospitalisations et la constatation de fracturesanciennes pour qu'un syndrome de Silverman soit détecté et que leparquet en soit saisi. Le déni <strong>des</strong> parents est pris en compte comme unfait de redite.3" -La même collusion se retrouve dans le rapport de police :puisque les parents nient ... Il n'y a pas de mauvais traitements : u Lamere est seulement dépassée par ses obligations ! D4" -<strong>Les</strong> pédiatres ensuite ne veulent pas entendre parler demauvais traitements. Ils préfbrent le terme de « soins inexpérimentés * !


5" - M he le réquisitoire définitif du juge conclut avec prudence à<strong>des</strong> violences provoqu6es7 mais relève que la mére est accessible LL unesanction pende mesurée car elle paraît readaptable !Or, la jeune mére, mentiomk dans tous les rapports commegentille et bien mise, aidée par les assistantes <strong>sociales</strong> à récupérer sa filleLL sa sortie de prison, qui U: tient si bien sa maison », un jour frappe safille à nouveau. Cette derniére doit être hospitalisée pour une deuxiemefracture du crâne et, quelque temps aprés, cette même charmante jeunefemme tue deux de ses enfants puînés.Comme dit le pbre : « Ma femme nous a tous roulés. »Ensuite, nous constatons que les services d'intervention ont faitcollusion avec Le pbre en banalisant corne lui quand ii disait : u Mafemme ne délire pas, elfe raconte tout ça pour nous empoisonner. » Eneffett, le médecin psychiatre expert qui avait port6 le diagnostic dedélire paranoïaque centre sur sa fille a n'est pas entendu. Lorsque lamère adhére enfin à un traitement, le magistrat, matgr6 lui, fait uneerreur qui alimente le délire de la mixe.Comment expliquer cette serie de maladresses, d'erreurs, de retardsà y voir clair ?<strong>Les</strong> contre-attitu<strong>des</strong> relevées chez les premiers intervenants ne seretrouvent-elles pas au sein <strong>des</strong> différentes équipes d'intervention ? Nousavons pu retrouver chez tous le doute et même le deni <strong>des</strong> mauvais traitementsà l'origine du retard au signalement <strong>des</strong> services pédiatriquesqui pourtant auraient dû être au fait <strong>des</strong> signes de mauvais traitements ethabitués à signaler. Même après deux fractures de crâne, une fracturepelvienne, Ii6quipe u travaille » LL la remise de I'enfant chez sa mère !Ensuite, cette sorte de clivage en bon et mauvais objet s'est établiau sein <strong>des</strong> autres équipes : le psychiatre n'a jamais et6 entendu <strong>des</strong>équipes d'intervention ... Il y a les « bons * qui faisaient confiance à lambre et les « mauvais * qui la soupçonnaient de delirer. <strong>Les</strong> équipesd'intervention font alors collusion avec les paroles du pére : a Mafemme ne délire pas, c'est seulement une "empoisonneuse". » Il s'agit làd'une banalisation.


Ensuite, 3 y eut l'acte manqué du magistrat qui alimente le delirede la mkre et nous fait penser qu'une ver-ritable induction fmtsmatique@ue les équipes et ta pmjection se produit. àt notre insu.Nous prhnisons, pouf dejouer cette sorte de manipulation qui seproduit d'inconscient B inconscient, f'tSEabiissement d'un cadre trb strictconstitue par un horaire de rhuriions, rythnntl de manière precise oQchaque membre de ces &uipes r6u.unie.s se fait un devoir d'exprimw sonv&u par rappoa Ia fâmilte. Lit prtlsence de chacun est indispensable,=&me sYi pense n'avoir rien it y dire.Si ceci ne stBtablit pas, Ie pouvoir inducteur de Ia famille pautologiqueest si fort que nos Quipes ne font que rejouer le même schdmaque celui qui existe déji dans Ies interrelations familiates 1.11 est bien entendu que chaque membre de I'équipe doit jouer de sonentibre liberté quant f f'impression de son v6cu, de son ressenti parrapport iî la farnilfe prise en charge, A aucun moment II ne doit se sentir+t jug$ s par ses collègues ou ses rapansabIes. Si la haine contretransfdrieliene peut en effet skxprirner dms une ifguipepluridisciplinaire composée d'intervenants d'origines institutionnetlt?sdiff6rentes, l'hquipe demeure inopetante.1. Note de I'éditeur : une éiude d'évafuatian de ce type de fanctiamment d'me stnrctun dedination men& avec <strong>des</strong> acteurs interinstitutîonmlr concernCs par le signalement et la prdvcntian<strong>des</strong> maruvais tmitemnts conetate maheureusement amon un fonctio~emeni collectif dans ledaS. BAUGR M. aad ai. (1990)


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- SANDLER (J.), (1976).Contre-transfert et rôle en résonnance. Revue flangaise de psychanalyse,« Le Contre-transfert P, mai-juin 1976.- STRAWS (P.), MANCIAUX (M.), DESCHAMPS (G,),(1978).<strong>Les</strong> jeunes enfants victimes de sc?vices. - Paris : <strong>Les</strong> Publications duCTNERHI. - Série « Recherches >a.


Chapitre IIIii LES DEFENSES D'EN PARLER ,


-La propre mère de l'cnf~laâ comment en est-elle ~rrivke à cetteCFMQU~& ?- Effe ~vait getlr dl&n or~cle <strong>des</strong> diem.Sophocle - Oed@e RoiVers B 173-1 174Hous étayerons notre réflexion sur quatre constats de base, qui sedégagent d'une lecture <strong>des</strong> r6ponses au questionnaire :1) Une nette majorité de gro%èssionnels interviewes ont étécon&ontés dans le cadre de leur travail B <strong>des</strong> familles dans lesqudles <strong>des</strong>enfants présentaient <strong>des</strong> signes de maitraitance répetée : fractures,brûlures, morsures, etc.2) Un nombre significatif de ces intervenants éprouve une profondedifficulté à percevoir les mauvais traitements en tant que tels, ç'est-àdireen tant qu'emanant <strong>des</strong> parents.3) M&me ceux qui situent la maltraitance dans la relation parentenfantn'en 6vaIuent pas, bien souvent, la gravite et se montrent refractairesau signalement <strong>des</strong> instances exterieures (assistante socide <strong>des</strong>ecteur, juge <strong>des</strong> enfants).4) Ce refus de signaler est dans la majorité <strong>des</strong> cas couplés à <strong>des</strong>r6ticences à aborder verbalement ce grave problkme avec les parents.La conjonction de ces quatre constatations met en exergue la difficulte<strong>des</strong> intervenants 2i assigner <strong>des</strong> limites B cet extrême conflit parentenfant.Tout se passe comme si cette violence ne pouvait être pensée, ce quila maintient hors du champ du langage.Cette relation parent-enfant, désastreuse, semble paralyser le Moi etla pensée verbale de t'intervenant, qui ne peut plus lier psychiquementce qu'il perçoit de l'enfant à ses perceptions du parent. II surinvestitalors certaines perceptions, qui captent toute son attention et lui fontperdre de vue la réalité : l'enfant non protég6 et exposé à la violence.


Un conflit aussi nrurt:ifère semble susciter chez I'intemenant <strong>des</strong>isffixts hmntenables, qui althnt ses reprbenwions et ses percqtions,Cm dernieres ne peuvent pfas s'organiser en w sens commua B (Bian,1983 ('1). Le Mai perd ;ttr>rs sa fenction de syn&&se,Avec lil? type de cas, nous sommes effectivement confront& B unepa&ologle extremement narcissique, qui met l'autre B nide éprw en leniant, <strong>Les</strong> mecanismes de defense d4mesur6s <strong>des</strong> parents mdmitm@attaquent en m4me temps que Ie corps de l'enfant, la pensée, la di@&race, Ia raite. Ces mtlcanismes peuvent 6tre inducteurs chez le profatsiomelde cantre-attitu<strong>des</strong> par lesqueHi- II se nie en tant que persam@entlbre et ckçonvient f "preuve de rt5alitt5 qu'il- aurait effecmer.Dm ce travail, nuus allons essqer de dtfgag~ 13inrpact que wtteprubl&matique a mdtraitance peut avoir sur fe fonctiomement. meaM<strong>des</strong> intervenants, afin de cotnprendre leurs réactions. Pour ce faire, rioasadopterons trr plan suivant :- La prmibre partie sera d'&rd <strong>des</strong>criptive : nous exIraicons <strong>des</strong>rtfponsm au questionnaire les principaux traits <strong>des</strong>criptifs attrtbuk parles intervenants aux parents et aux enfants, Dans un second temps,ROUS andyserons ces <strong>des</strong>criptions afin d'essayer de comprendre leknctionnement psychique <strong>des</strong> parents mattraitants ainsi que tes cons&quenees de f eurs ag tgissemenrs sur l kfmant,- Noas examinerons ensuitep toujt~urs % partir <strong>des</strong> rgpnses au qustiorrnaire,les mkanismes de dtsfense inconscients <strong>des</strong> inti:menm&, quiinhibent en eux toute décision, toute cornprébernion et Ies plonge&dans l'incapacité d'utiliser leur pensb verbale. Aprb avoir constat4que bien souvent, les reactions <strong>des</strong> intervenants sont en écho <strong>des</strong> &a&internes dm parents, nous proposemm <strong>des</strong> explications de ce phdno-=&ne d'induction.


- Dans une propoabn hpfimte <strong>des</strong> cas présentés, la m&re vitSF?BI$@ avec le@) enfmt(s).- Lorsqu'iifi y a comple, p&re n'a jamais une fonction demçf$iateur, de tiers. 11 est souvent decrét comme « violent u, irritable u,avec un seuil de bol6rance trh faible 2 l'égard de sa femme comme kl'éggard de l'enfant : « Il le battait car il ne supportait pas les cris. u Lamésentente familiale est constante, FI r&gne dans les familles décrites undimat de u eonfiictualit6 permanente B (Caillot, DecherC, 1982 0))).Ainsi, par exemple : u Le p&re bat la mare, qui se venge sur l'enfant. nC'est une violence en circuit fermto.- @es parents sont d'ailleun prt5sent6s comme isolés a, « tri%seuls ss n'osant u pas sortir B. Ils semblent craindre le monde extérieur,les autres, les communications, Ba vie. Hols n%prouvent aucun intérêtdkrdre cuImrel, et dviterst tout plaisir. Cette t< anorexie de vivre u(Green, 1983 (3)) gr&vs lourdement leur relation & Il'enffant : 4 Elle nesupportait pas que son fils vive, tout simplement, tout était en ordre chezelle. n- Iff ne peuvent envisager <strong>des</strong> changements chez l'enfant : a 11 serafouiours comme ça I u Ils sont fix& h ce mode de relation sans ouverture,sans espoir. Cette « fidélité d'investissement B (Freud, 1937 (41)leur fait appréhender le changement comme une perte, comme un deuilimpossible, Ceci renvoie à leur fond dépressif trés fréquemment repért'par les intervenants : C'est une mére Iasse, déprimée », « elle est aubout du rouleau », « elle se montrait délaissée B, a elle somatisait, passaitses journées alitée. » <strong>Les</strong> enfants sont vécus par ces parents sans ressourcespsychiques comme u épuisants », cause de leurs difficultés »,pers6cuteurs : « Elle baîtait par ras le bol » dit un intervenant à proposd'une mixe manifestement déprimée.- L'incapacité & s'adapter aux besoins les plus etémentaires del'enfant est massive. <strong>Les</strong> soins sont très souvent négligés : « Elle nelavait pas I'enfant D, cr elle ne s'occupait pas de ses repas B. <strong>Les</strong> soins


peuvent .être aussi r mkaniques », vi<strong>des</strong> de relation rru encore namenicontamin& par i'agressivitd manifeste : teffe mère u habille et lave safille de fagon agressive w, telfe autre u secoue i'enfant de façon bmsquelorsqu'elle doit le porter P. La violence peut etre beaumup plus évidenteet les besoins de l'enfant sont dors attaques car vécus par projectioncome menaçants : Il est dégoûtmt, il fait trop., ., pipi .et caca (K: ifbouge trop a, u il mange trop », I< il fait du bmit etc.- <strong>Les</strong> principes tfducatifs draconiens, le dressage sphinct6rien ewahissentet chassent la relation : (K: Ils mettent l'enfant très longtemps sur., le pot w, u ils ne supportent pas une tache sur un cahier a. il faut quetout soit rmg6 et en ordre. Ifs sont e@ect:tlvernent trop exigm& »comme le dit un intemenmt.- Cene u morale formdte a (Grunberger, f 973 [SI) Iaisss bien pwd'espace aux jeux, qui sont ex5renement contrOfés ou refus& mmme sices parants craignaient que l'enfant ne d6passe 1% limites. Ils ne peuventappraender le jeu en tant qu'expression symbolique n6cessaire audtSveloppement psychique de l'enfant, Ils trouvent le jeu inutile »,voire dmgerwx car Jehappant tt leur contrdle,- Ces parents présentent un tableau d'inhibition inteitectuelfe, utilisenttrès peu la communication verbale, Lorsqu'ils s'adressent orafmentLt l'enfant, c'est le plus souvent pour le menacer ou lui donner <strong>des</strong>ordres. L'intelligence, le langage, tes progrb, fe d6vetoppt:ment del'enfant ne sont pas sollicités, stimulés. II y a & la fois discours rt'prasifet r4pression du discours,- Derrikre cette répression, lt; fantasme de l'enfant dmgereuxsemble toujours présent comme si les parents réprimaient Iknfant pourne pas gtre ddtniits par lui. Ainsi, une mbre voyant son fils jouer avec,un couteau interprbte immédiatement cela come une menace pour elle,Une autre *t attache son fils par crainte quY1 ne devienne un dbon a.Nous cctnst'dtons lit fa puissance <strong>des</strong> mtixJanisrne~ projectifs,- Bien souvent, Ggalerxiexzt, ces parents peettent dans I'enfmt Isfmtame de r lkenfdnt pervers en prêtant à son compfiemest une.« intention mdigne 9. (Rouyer, 1978 ("1 : It fait sa pour que vous mejugiez mal *, r( il fait ça pour que mon mari me batte A, etc.


- Certains parents manifestent de la jalousie lorsque l'intervenants'intkresse B l'enfant : a Ne vous occupez pas de lui, il fait du cinéma !»dit une mkre. Cette exclusion da I'enfant sur 1e mode lui OU moi wmasque, semble-t-il, la demande de cette femme d'être maternde par l'intervenant.Sa jalousie, contaminde par l'envie qui attaque le lien affectifadulte-enfant, entrave Ies propres deman<strong>des</strong> infantiles de cette mère.Dans cette sdquence, nous voyons dgaiement combien la triangulation estattaquée par ces parents,- L'inauthenticite, l'absence de spontanéité, la soumission sontpartie integrante de ce tableau d'extrême rdpression et de projectionmassive : u Ils viennent par obéissance. w 11s sont mdfiants, ne peuventvraiment faire confiance à l'intervenant : a On ne sait pas ce qu'ellepense a, 6 elle nous cache tout..B Four eux, a s'ouvrir à l'objet est dangereuxsous peine d'empiétement (Green, 1983 t3>).- La plupart <strong>des</strong> parents, dtfcrits par les intervenants, dissimulent etgardent secrets les mauvais traitements : a C'est très rare qu'ils parlentde Ieurs actes. » 11s cèlent la v6rit6 et disent à l'intervenant que I'enfants'est fait mal tout seul, qu'il est l'auteur de son malheur : l'enfant w esttombe », u il s'est fait mal en tombant ». Cette rationalisation évoque laperte brutale et prématurée d'une protection, d'une contention -l'oiseau tombe du nid ». C'est l'incapacité du parent h contenir les pulsions,les siennes et donc celles de l'enfant, qui fait tomber celui-ci.- Ils évoquent peu lieur histoire. Leur memoire est lacunaire, fragmentée; Ils ne se souviennent pas vraiment. B Ces parents relatentcertains dvénements de leur histoire sans pouvoir les situer dans uncontinuum, leur donner un sens utilisable pour I'expdrience et la croissancepsychique.Tout se passe comme s'ils figeaient le temps par la répétition, cequi implique <strong>des</strong> relations ddfectueuses avec Ieurs propres parents. Relationsdont ils n'ont pu faire le deuil. Des intervenants ont repere cetterdpdtition : u La mére avait dté elle-même battue par son propre pére m,1. Projection : dans le aens pmprement psychanalytique, u opération par laquelle ie sujetexpulse de soi et localise dans I'autne, personne ou chose, <strong>des</strong> qualit&, <strong>des</strong> sentiments, <strong>des</strong> désirsvoire <strong>des</strong> "objeis" qu'il méconnaît ou refuse en fui B. LAPLANCHE (J.), BONTALIS (].-B.), Vocabuluirede la psychanalyse.


u elle avait elle-même dt6 &levée en institution a, u la mbre avait perdu samère à trois ans ; c'est peut-être parce qu'elle a brutalement perdu samère qu'elle rejette son enfant. » Un intervenant remarque qu'une mèrene battait plus sa fille lorsqu'elle reprenait contact avec sa propre mère.D'autres professionnels ont constat6 que la grande majorite <strong>des</strong> mbresmaltraitantes qu'ils prennent en charge u ne voient plus leurs parents ».11 y a donc une cassure profonde entre les générations, une rupture decontinuitd qui se répète dans la maltraitance. Ces parents ont effeetivement<strong>des</strong> histoires scandées par <strong>des</strong> carences multiples, <strong>des</strong> ruptures, <strong>des</strong>pertes brutales et donc <strong>des</strong> d&illusions prématurées, <strong>des</strong> déceptionsmassives. Etant enfants, ils sont eux-mêmes u tombes » prematurément,2, L'enfantSa présentation est le reflet de la personnalit6 du parent. L'enfantest manifestement écrase par la violence et l'absence d'amour.<strong>Les</strong> différents traits caractérisant l'enfant relevés par les intervenants,sont :-La crainte, la peur manifestees à i'egard du parent : Y Il tremblaitB, u il était replié et d&s que sa mkre approchait, i1 faisait pipi etcaca sous lui a, u elle était effraybe par sa mkre. *- <strong>Les</strong> évitements et la peur du regard : u Il ne regardait jamais samkre a, il pleure lorsque sa mère le regarde. * Le regard est donc unmauvais regard directement lie aux mauvais traitements. Ces enfants nepourront introjecter un bon regard interne permettant I'insight. Leregard de l'autre sera pers6cuteur, malveillant. L'enfant qui * ne regardejamais sa mère B tente de la faire disparaître magiquement - deni deu l'objet-trauma a (Green, 1983- en réduisant d'autant son champperceptif et son Moi.- Certains se cramponnent à leur mbre en prbence de l'intervenantet développent une massive .« peur de l'&ranger B.- Une tendance se faire maltraiter, à rechercher les mauvais traitements: u 11 se débrouille toujours pour être attaquB a, « il se fait battre


*suoplnd smaI qualuoa ap safqedeau! auop )a ((8 anbfy36sd neadsws quaad sana1 auIwo3 JuoJas sluejua sa3 '(QJ ~ 861 'na!zuv) a nead-!OH B np a%eAei?,p uortauoj aon slewef luo,u la sjpar& smo[no~iuos p~ie%ar al 'nead q nead q3eiuo3 sa1 %i?w el ap X!OA ai : sasna$-aiuep la saoenbapeu! 'sanp~ois!p iuos luejua-a~qur sa~ieuri~d suo~~es~u-nwwos sa! la aldur03 ua s!rd sretmf luos au )ugua,i ap suiosaq sa3.a!vdura, p %ssa~pual ap 'rnom, p lua~ydiet 3a uo!lalaa rnal ~uass!~~ua sauxqrrxa sa~!ofnqs~ad sasslo8ue sa^. 'sy-que asle,p a3euaw eg: snos xnap snoi luaAp iuaJed ay ta 1uejua,3'wps an9,p 'sauawd ssnag ap Jayua.z?pp as ap sa1qe&3ul"uajua sa3 ap uo!syuoa ausis elal) u 'pucrou e3 1uaAnoaj si1 B : luas-s!qns sl!,nb stuawaiiefi s!ennew s p ~a~red iua~nad qmjua,p nad -*m%cwwopua ~uawa~e.t% luos naf np uqtesl~-!ln,p 'a%ess!~ua~dda,p 4uo!ias~~oqurks ap spfacde~ sa? .a~puasdrYI!uap .inad au 11 Q aloa9,l q uap au '6 sed aped au 1! » 'a nada~md 11 B : aqielo;is 32439 ;7aArr apqrah Ja aIIanisffa1u! uop!q!~!,~ -.apy pJe8a~ ai 'sdmat a1ln01 1y5uepq as II[ R : apluaua aa!afpB,I ap uo~suadstns DaAe saqepuowssagais!10~9-o$n~ sap q sasuad 8t.g 83 paojoad sqd a~oma $sa qe$ta;a a{%o!gd!s3sap, sau!wa:, sma a -93~~3@e@ 1s P % ap3 @os smp aa!ggoww?8!eosal 1; s 'a ~d q.q I~W%~POQ 11 * :@a8-g 2 ,o3?~)0m ~=o;s;q!qu~,lp.uayqe;tne A,u I! ~anbnp sioqap ua s)uazd ms 3 a oiq%.v ~ ~ rno!p.?p.~ ap aiqpounal qnpo~dam 11 *sanb?ydo~~m@ge:, sass~o3ua sap q a3ej pas an? sed au ~nodam03 inaln39sïlad un q ~addy~3e,s afqmas rwjua,? ~b 'sapasem3 sas sec%-


Cette répression du plaisir <strong>des</strong> contacts peau à peau, nécessaires audéveloppement du tout petit, fait vivre à l'enfant un décramponnementprématuré, brutal et inintégrable, L'enfant nbt pas porté et tenu maisarraché brusquement du giron maternel - w il tombe n - une réalité uniquementviolente, qui sera ultérieurement pour lui le modkle de laréalité 3.Ces parents vivent les besoins et les pulsions de I'enfant comme <strong>des</strong>attaques réellement dangereuses auxquelles ils ne pourraient survivre etqui nécessiteraient d'être réprimées par Iégitime défense. Tout se passecomme si Ie parent renvoyait à I'état brut a les projections de I'enfanttelles <strong>des</strong> balles de tennis sans les intérioriser préalablement daris uneffort d'élaboration n (Begoin, 1978 (9)). Ifs apparaissent donc saris protection,& vif, extrêmement vulnérables, sous l'emprise d'un danger imaginairequ'ils vivent comme s'il était réel. Leur a peau psychique n estmanifestement trouée, fissuree et ne leur permet pas de contenir leurspropres pulsions infantiles qu'ils projettent et agissent sur l'enfant. Cetteevacuation violente <strong>des</strong> pulsions barre I'inte~ation du Moi. Ces pulsionsdemeureront sans lieu psychique pour I'enfant corne pour le parent,elles seront toujours haïes et réprimées car jamais reconnues et confurmées.Efles affaibliront toujours le Moi et perp6tueront unedésintégration alors de leur intdgration est constitutive de la forte du Moinécessaire I'apprehension de la réalité.Par <strong>des</strong> reprkailles agies en écho aux pulsions de l'enfant, le r&lse rend complice de l'imaginaire de I'enfant » (Mac Dougall, 1978 (Io))et le fantasme demeure concret pour l'adulte comme pour l'enfant. Ils'btablit entre eux une relation collusoire, qui confine à la a foliedeux n (Meltzer, 1984 (Il)). <strong>Les</strong> différenciationr fantasme-réalité, objet3. ils haïront donc la réalité et se tourneront vers. I'ilIusion du r paradis perdu r, de la vieintra-utérine. Ces enfants vivent une rupture extrêmement brutale entre la vie intra- et extra-ulérine.Ils n'ont pas l'expérience d'une r nidation externe 0) r pwude par les soins maternels, quioblroient A t'enfant le sentiment de continuit6, d'unit6 ntcessaim b aon inhfgration. Ces enfanta nepourront grandir, ils garderont la nostalgie du giron maternel idéalis6 et refirsemnt la &alité vécuepersécutrice.4. Pour que la relation soit satisfaisante, le Moi de la mère nécessite d'être integré pour qu'ellepuisse s'identifier aux besoins de I'enfant, accueillir ses projections. Pour cela, elle doit w fairejouer B plein l'amour d'Objet(') r. Seul l'amour de la mère peut atténuer la culpabilitd, lesangoisses perdcutoires de l'enfant. Par cet amour, elle permettra h l'enfant d'introjecter un Objetaimant et pensant qui sera l'axe organiseteur de son Moi, son a holding r interne.


el-objet fant~nzratiqela et dose sujet-objd ne pourront advenir. k"t4-rité a 9 ni& : I'eirfmb: ans$. gour le pake:at un .I Autse-Meme P (Green,1983 (3)) mdcofhgtu, &rihn&er. Hj y 8 eonfUsion d'identité entre l'adulte etH'e~fmt. Le puent ne 6:econnaÎit plus ses proprm pu1siom, $1 est ug~double de Iknfmt, sms mMiatiow psychique, sans distance. Aussi peutonpenser qu'en ara65mtissmt l'enfantt, c'est égalernena lui-même que leparent continue d'zuiéantiir en s'identifiant B son propre parent, qui n'apas confirme son omnipotence infantile lorsqu'il &ait enfant. Le parentn'a manifestement pas eu une t< mère suEsamment bonne P Winnicott,11970 ('2)). 11 s'ensuit que ni le parent ni l'enfant ne pourront renoncer aIl'omipotence infantile, en faire le deuil et accéder


face a la difsrence, a l'absence et se développer. Le Moi restera immature,incapable de tolbrer la frustration, la dépression, d'blaborer lesangoisses de sdparation et donc de crder <strong>des</strong> symboles 6.<strong>Les</strong> dommages psychiques causés par la maitraitance sont manifestementtrb profonds. Le parent et I'enfant sont fixh dans un registre oùles actes ne sont pas encore a traduisibles en pens6es et communicationsw (Mac Dougall, 1978 ('O)), oii les mots ne peuvent contenir lesémotions et les sentiments.Pour l'enfant comme pour le parent, la réalit6 est mauvaise, empiétante,menaçante, II en dhule, semble-t-il, une haine de la réalit6intdrieure et extérieure(') B. Ils haïront donc les émotions - rait6interne - qui n'ont pas dtd wntenues et transfomées par l'objet etseront de ce fait trop intenses pour être contenues par leur Moi immature.Ils haïront tous les appareils qui permettent l'appréhension de larhlité, Ainsi la pensée verbale en tant qu'u appareil de prise deconscience de la réalité (0 a sera endornagée et attaquée. La communicationverbale, qui implique une relation tt <strong>des</strong> objets totaux et ndcessiteune distance suffisante & l'Objet pour pouvoir penser a lui (Meltzer,1980 (l?), subit un profond prbjudice. Le langage est un maiateur sanscontact imediat, dont ta condition sine qua non est que le sujet parlantsoit u hors de(*? w l'objet. Or, dans la maitraitance, il y a relationd'u inclusion r&iproque w (Racamier, 1978 (Ig)), qui deracine le symbole.Comme le dit Hanna Segai : <strong>Les</strong> problkmes de la formation dusymbole doivent toujours être exmin& dans le contexte de la relationdu Moi avec ses Objets (19) S. Lorsque le parent renvoie brutalement 2l'enfant ce qu'il ressent de mauvais en lui - enfant et parent -, le sujetn'arrive plus a parler avec certitude de lui quelqu'un, ni m2me êtresQr pour lui de ce qu'il ressent ('7, B.Nous avons le sentiment que la maltraitance est une repétitioncompulsive d'un « désastre primitif S, que l'enfant et le parent sontproches d'une mort psychique, qu'ils ne sont, comme dit Bion (1983),ni vivants ni morts (1) w : il n'y a chez eux aucune temporisation, aucunprojet, aucun processus. Leur lien Ia réalité est, comme nous l'avons6. <strong>Les</strong> symboles permettent d'étnbfir un lien entre la &alité interne et la réalité externe. * <strong>Les</strong>ymbole est utilisé non pour nier mis pour surmonter la perte (19) ., écrit Ham Segal.


vd, ext~Cam(~%e~t vi&. Acx dER6rences g$sr$raaionnel%a et sexuel%es quiêo~siit~ent t( :e r3c et ~ E C I r$a*,3t$ n (Chasse@et-Smi~ge~, 19'73 Go)) se~ri;3s:*,taa araa %te E",=&XG :s:e Ees g&a&raGoass. Tout sa passe comme si--W. ,A g$~ei&*:~;c sl\exg~it G~leceemepze de mort t'au@@. C'est une ddndec-Ç:P-.G ., dsr; tyya i i'm s.2 b'mtre n (Be~enoJY, 1984 (2if), me: épreuve een,orce sms mxc6, s12s tiens pefiszat, saas m$C%BatEon psychique, smElmites SOUS %e sce~ gie &a Foi dea glus fort. L'eniiseat et le p8ent noasciSOBA 2ppms att travers <strong>des</strong> dmc~~iptiol~s faites pax les intemenmbcomme deux ennemis.Il nous a sembk5 que les ineemenariits ont peu repéré la honte de cesparents, Or, cet affect nscissiquo est masque? tout comme leursdécep5ons et leurs blessures. Ces blessures narcissiques sont liées àl'échec de leur relation avec leurs propres parents et demeurentcomme une plaie non cicatrisee - u Moi peau B troue. Aussi tiennent-ilsti dissimuler l'absence d'amour, les empiétements qu'ils ont subis et dontils ont honte par crainte que ces mauvaises relations originaires ne seréphtent .%Is ne peuvent s'exposer, montrer leurs failtes, par peur d'êtreanéantis. III y a chez eux une méfiance de base, qui entrave touteconfiance 8 f 2gard d'un Objet exterieur par peur d'une ddception, d'unerépétition du traumatisme. Ils ne pourront plus u accepter les gratificationsnarcissiques ni les solliciter de manihre efficace x, (Grunberger,1975 (2%). Ils se sentent indignes, sans videur, ne peuvent s'aimer, nepeuvepiî: aimer. Ils se savent plus ou moins confus6ment immatures,incapabtes de faire face aux sollicitations pulsionneiles et perçoivent lecaractbre infantile <strong>des</strong> mauvais traitements. C'est sans doute pour cetteraison qu'ils les cachent. <strong>Les</strong> mauvais traitements désignent IeurspuBsiolns non résolues, le deuil non effectue, la mauvaise relation avecleurs parents, * Ils vivent donc crhroniquement sous le signe de lapdsiow non résolue B (Haynd, 8977 (239, de l'anachronisme, Cetteinintegration Ieur barrera le franchissement <strong>des</strong> étapes de la vie.Ces déceptions constituent la racine de leur dépression w (Green,6983 03) qui, elle, est souvent perçue, voire surinvestie par les intervenants.Ils surmontent toutefois le traumatisme en le niant, en le cachant,La honte s'oppose 2a %a verbalisation : l'autre ne doit pas savoir, Mais levif


traum&srne effacer, oublier est prhent dans les mauvais traitementswme ua WtBnre qui surgkait du passé, wme un mauvais espritqu3i.s ae phment pas &mir, Par les maavais traitemena qu'ifsagissmt, üs sont recr>&nt& à leur déplaisir originaire .eqilef ils sontfixes, dont as ae peuvent faire le deuil,LR sujd IrQnteux désire la dispaf.ltion dm temoins de sa dkeption,de son humiiiatdtion, X'anéantissernent de ceux gui lui rappellent $sablessure nwdssique. L'enfant, lui, la r4vetlte en pemmence, ü dt?mnc@le pwent, lui rappefle son enfance, ravive sa daufeur. II est donc Banéantir. Lknfmt rappelle trop au parent son mmqw de w ~Itirmationnmissique@z~ r. Attaquer I'enbt paa& &f: un moyen extr$mementpath


déni de la réalit6 interne et externe, I'idedisation, l'identification projectiveexcessive,Eiintervenara$ est confiont6 avec ces clients h une pathologie sansouverture masquant une grande mlnérabilitd. Leur omnipotence estré.actionnelle aux blessures n~ascissiques vécues dans leur enfance. Ifsauendent peu cide la vie et craignent de s'exposer h l'étranger qu'ils s'efforcerontde manipuler. Nous avom vu combien toutes leurs relationssont conflictuelles. Dms leur vie, ils choisissent <strong>des</strong> proches commeeux. OF, ils ne s'aiment et ne peuvent aimer ceux avec qui iIs vivent.LES MECANISMES DE DEFENSE INCONSCIENTSDES ZmERWNGNTSPour 56 % <strong>des</strong> intervenmts, les parents maltraitants sont e quandmême a de bons parents,Leur relation avec ces clients apparaît bien souvent incomplkte, artificielleafin d't5viter la désillusion et le doute : u Je n'arrive pas ycroire n, a ça abîme trop quelque chose en nous W, un pBre qui fait ça,comment est-ce possible ? BLeur désir de maintenir une illusion leur fait perdre tout repBre etadopter <strong>des</strong> positions extrêmes bien souvent semblables a celles de leursclients, Leur « activité de pensée >P (Bion, 1979 (24)) se dénature dans lafabrication d'idéologies : s Je suis resolument contre le placement >r,u chaque culture a son mode de punition, or la punition n'est pas unsevice B, u c'est parce que %es loyers sont trop eIev6s qu'ils battent leursenfants B, u ils ont <strong>des</strong> logements exigus s, etc.Dans ces cas, le conflit n'est pas pris en considération, il est situe 2I 'extdrieur .8. Iliusion : a Croyance motivée par la réalisation d'un <strong>des</strong>ir et qui n'a pas besoin d'êtreconfinn6e par la réalité *, écrit Freud dans L'Avenir d'une ilfusion en 1927.


La iddulogis implliqumt i'expufsirrn de ce qui peut entraver I'üiusionde a purelem S. E1Ia sont une e rationafisation de I%üEsion w(Petot, 1879 (z6)) et foat * f ' hmie de i'évofution (Se& @QI). Lewrolfaire de t'idéologie dm ta projetion de la pubion, Or, msavom pu corntater dm le premier &&pitre Xes puissata ten~tivw <strong>des</strong>pwenb md~aitmts pour rmuver un fantasme de puretrf amnflic&dIe,antenaMe, en projetant la mauvaise. pulsion.Cette rdation semble induire chm les intervenants un clivage entrele natcissisme et la pulsion sembl&le it celui de leur client, qui est parce jeu de mimir un « Autre-Meme n,<strong>Les</strong> m&anism~ de défense cpe nous allons approfondir ri-<strong>des</strong>smssont int@rwn61& et saus Ie sceau d'un profond clivage du Moi avecidaisation et projaon,La violence <strong>des</strong> parents peut &&e minimisée et d&i& : u C'&aitmme $a car il etait nerveux », a ça pouvait etre de la maiadrwsinconscionte B, u c'est ia si&atiun biliale qui peut expliquer fa firisressede l'enfant ssans que les mauvais traitemena soient e~ encause +, *< ta situa*tiun n'est pas brillante mais Ies refrtriosls affectivm sont tfés importantesa, etc.Bmacoup de riéporises peuvent sts rauire b celies-ei :* Nfdgr4 tout,ils aiment leurs enfants *, ils lui ont brûle les genoux mais ilsI'aimalent S, (c il y avait de multiples fractures mais les paents fztaientaimm&, imocents », ta mère &ait ~ 2 5tri% s bien. »L'illusion que fa mbre est toujours aimante et bonne est pr&m& btout: prix, La violence est irreprkentable, La mauvaise Imago g, ccdfe de9, bgo : r Pmtotype inconscierit de pemmges qui oriente 6lect.ivemr:nt la fagm dos fsujet appdheade autiui ; il. eat 6tabod h pattjr <strong>des</strong> pmmiirrea relations intessubjective# &lh?.s rttfan&$mliques avec l'entoumge familiai. a 1. LAHANCHE, J,-B. PONTALIS, VocabJrrinr dr. ktrnhW$#b


la mkre infanticide, est tenue distance, 6vacuée afin qu'elle n'envahissepas la relation.Le déni peut être massif et nous pouvons voir combien il attaque la. .pensée verbale.: u Je ne sais pas ce qu'on appelle mauvais traitemena.Certains pensent d'ailleurs que a mauvais traitements devrait êtreenfeve » du diçtiomaire afin que cette reprbentation soit toMementanéantie : u 11 faudrait trouver un autre mot. BTout un pan de représenations psychiques est donc rfvacutf, ce quimutile le Moi et inhibe tout désir de savoir : a II ne faut pas chercher lapetite bête », u je n'entre jamais dans les détails m, il ne faut pas toutsuspecter. BL'imago du u bon parent t+ doit être coQte que cotîte prevalente, cequi implique la <strong>des</strong>truction de la mauvaise imago Io.Dans ces reiations, le fonctionnement psychique de l'intenrenant estIe reflet de celui du parent maltraitant : il s'établit une relation en miroiravec exclusion et attaque du tiers, du temoin, du Moi, Tout comme leparent maitraitant, l'intervenant est atteint d'une véritable cécitrf psychique,qui dénie le traumatisme et le laisse se repéter sans limite.La dénegation est un procédé par lequel le sujet, tout en formulantun de ses désirs, pensées ou sentiments jusqu'ici refoule, continue à sedefendre en niant qu'il lui appartienne » (Laplanche, Pontalis (29).Quelques exemples : u Elle le secouait de façon brusque ..., rien àvoir avec le rejet *, u on ne peut pas dire qu'il n'y avait pas d'amour »,u les mauvais traitements ne sont pas en cause B, un enfant dresse àcoup de gifles c'est pas bien mais c'est pas <strong>des</strong> mauvais traitemennts. B10. s Le ddni omnipotent de I'existence de l'objet mauvais et de ia situation douloureuse équivautpour i'inconscient B leur anéantissement par la pulsion <strong>des</strong>tntctrice ... Ce n'est pas seulement lasituation et t'Objet qui sont déniés et andantis, c'est une relation d'Objet qui souffre ce <strong>des</strong>tin et parconséquent une partie du Moi, celle d'où Cmanent les sentiments B I'igard de t'Objet est elle-mêmedéni& et andantie fa). r


Ce mécanisme, tout comme le précedent, coupe les liens avec <strong>des</strong>représentations insupportables afin de maintenir l'illusion de la trèsbonne mbre (i'idéaiisation).3. IdCFalisation de la relation avec le parent<strong>Les</strong> intervenants ont souvent tendance ?it idéaliser leur place auprèsde ces parents : « Je voudrais tout arranger, être efficace. » Ils désirentalors une relation parfaite, sans conflits, non contaminée par la violence.Ils veulent e un travail gratifiant *, c'est-&-dire propre, non sali par lapulsion.Ces relations sont établies sur l'illusion que tout peut s'arrangermagiquement, sans en parler. La relation doit être maintenue pure, nonentachée par <strong>des</strong> paroles sales. « Moi, je n'aborde pas le problkmeCru. *<strong>Les</strong> intervenmts captés par cette relation ne veulent pas être« délog& d'une place si gratifiante » (Soulé, Noël, 1971 (29)). Ils neveulent pas trahir la confiance <strong>des</strong> parents N, être <strong>des</strong> contrôleurs B.C'est aux autres ?it intervenir, s'occuper de la pulsion : w Ce n'est pasnotre r61e s, « chacun son territoire B, « il ne faut pas les culpabiliser &mort corne le fait le juge ll. »Toutefois, la crainte latente que l'imago persecutoire projetée audehors ne réapparaisse peut se manifester. <strong>Les</strong> intervenants deviennentalors méfiants 3 l'égard de leurs clients : « Je ne veux pas qu'ilsviennent me demander <strong>des</strong> comptes *, il ne faut pas qu'ils puissentétablir une relation entre le fait d'être venus nous voir et un signalement», * j'utilise toujours <strong>des</strong> prtftextes scolaires pour les voir.. , Il fautque ça reste sur ce planJ&, que ça ne derive pas.Cette relation ne peut donc contenir, ?it l'instar du Moi <strong>des</strong> parentsmaltraitants, la culpabilité, l'agressivittf et la souffrance psychique. Ces11. Comme te disent Michel Soufé et Jeannine Noël : r Le client devient l'enfant paztht5nogénétiquedu roman famifial de chacun et chacun redoute que l'autre ne soit ta fée Carabosse quifera peur et mal ("1. *


affects doivent demeurer à l'extérieur. L'intervenant fonctionne commele parent avec un Moi clivé, qui ne peut lier l'Objet iddalist? 2 I'Objetpersécuteur et donc percevoir l'enfant,Une <strong>des</strong> craintes qui inhibe Ia verbalisation du conflit est celled'une mpture avec le parent si Ia mdtraitance est paride : S'a on leurdit : vous battez vos enfants, ils risquent de ne plus revenir, B Ladistance introduite pax la cornunication verbale provoquerait brutalementune distgnce catastrophique, une cassure et ferait resurgir concrétemeniile traumatisme au lieu de le contenir.Parler réliritroduirait la mauvaise imago non symbolisable : 4 Ilsvont partir dans la nature, c'est encore plus dramatique. w L'intervenantprend dors la place du mauvais parent qui ne protège pas son enfant,I'expose et l'abandonne aux cruelfes puisions d'une mkre-nature winfanticide, On pense à Oedipe exposé sur le Cythéropi.La mauvaise imago est donc vecue comme une u chose b soi w.Dans cette communication, oh les mots cessent d'être <strong>des</strong> signes, lamauvaise imago est en fait très proche : Je n'accule jamais les gens audhespoir en disant : vous battez vos enfants, vous êtes un monstre, BLe fantasme archaïque du monstre 8, de la mère toute-puissante, dumauvais objet combine, de la Sphynge dévoreuse P, du cauchexnz estdonc omniprésent. Mais, comme chez le parent maltraitant, il estproche, trop envahissant pour être mentalisé. Dans cette relation, ilattaque I'activitt? de pensée de 1 "ntewenânt sur le même mode que celledu parent. La collusion entre eux est extrême,Toutefois, cette sideration du moi, cette suspension de l'activitementale peut être angoissante : u Jiaurais pu établir un dialogue pendant<strong>des</strong> années, mais pour deboucher sur quoi ? t>4. Une formation réactionnelle : la compassion pour le parentLa formation réactionnelle est u une attitude psychologique de sensoppose à un désir refoulé et constitue en réaction à celui-ci P (Laplanche,Pontalis (2p).


., . <strong>Les</strong> aspects impuissants a démunis u gépuisés <strong>des</strong> parents sontsurinvestis : a II faut comprendre cette femme fatigutle *, la mère estépuisée, elle est victime et inconsciente de ce qu'elle fait. * Ce parent,dépourvu, ne peut être perçu maltraitant, sa colossale ornipotence estniée.La dtlpression de l'enfant n'est par contre pas prise en compte. Lareconnaître impliquerait de la Iier a l'omnipotence du parent. De toutefaçon, l'enfant doit être sacrifié : « II faut bien voir que l'enfant maitraitéest un enfant remède pour les parents, il les soigne de leur mal devive. P<strong>Les</strong> intemenants tout comme les parents ne peuvent plus faire lelien entre la violence et la dépression. Or, comme nous avons pu le voir,les deux vont de pair dans cette pathologie. C'est l'inintégration de laviolence qui est 2 l'origine de la dépression.Le parent, « victime ., est hyperprotéggé et il ne faut surtout pasr6evoquer son histoire, parier de ses parents : u Admettre que c'&ait maide battre ses enfants, c'était penser que ce qu'elle avait vtlcu pendant sonenfance était mauvais pour elle. Elle aurait dQ remettre en cause sapropre enfance S. L'éternel retour du traumatisme premier doit être nie,Michel Soule et Jeannine Noël (1971) situent cette compassion 2l'tlgard du parent par rapport au roman familial, Pour ces auteurs, * laformation rhctionnelle Iiée à la culpabilité que réactive en nous le faitd'avoir a proteger et 2 remplacer leurs parents conduit parfois par renversementen son contraire à vouloir protéger ces parents lt toutprix (29) M. Cette extrême indulgence peut octroyer tous les droits auxparents : « Après tout, ils sont les parents, ils élbvent leurs enfantscomme ils veulent. »5, Le clivage psyché-fomaCertains intervenants minimisent outrancikement le traumatisme ditu physique w aux depens du u moral B. II s'ensuit que seuls les cas létauxsuscitent leur attention : * Moi, je me base sur un danger de mort ., si


je ne pense pas que l'enfant est en danger de mort, il est quand mêmemieux chez ses parents. »Le corps l2 est alors deprkié, perçu comme négligeable sans intérêtcar porteur <strong>des</strong> pulsions. Le coqs est sale alors que Ie psychisme seraitpur, beau. La psyche sans ancrage corporel serait une psycht? etale,cosmique, Le corps pulsionnel lui est sacrifie. C'est le corps du défit, lecorps e démon . brûles, comme on brûlait les sorciéres. Le corpsapparaît corne la part du feu pour sauver la psyché.Nous avons pu voir que ce fantasme d'une psyche désincarnée est6galement prhent chez les parents maltraitants, qui haïssent la pulsion etsouhaiteraient un enfant dt!vitdist!. Pour eux, la corporéite est mauvaise.Ce clivage corps-psycht? correspond au clivage narcissisme-pulsion.a L'idéal humain un certain niveau est Ia pureté absolue.qui sepresente dors comme antagoniste de la solution pulsionnelle (25) écritBela Grunberger (1984). La purete implique la projection de la pulsionpuis la répression de ceux sur lesquels elle a ett? projetee. Mais enréprimant les souillés, le pur agit la pulsion qu'il condamne. II est alorspiégé dans le a mauvais cercle. paradoxal de la a haine de la haine a, quiengendre <strong>des</strong> attaques sans fin sous le couvert d'une hyper mordit6 :Sur-Moi archaïque. Nous voyons combien ce fonctionnement auxe conséquences mortifères B (Klein, 1966 (28)) est familier aux parentsmaltraitants et comme la « purett! » peut être dangereuse !Le corollaire de ce clivage psyché-soma est qu'il ne faut surtout passdparer les enfants <strong>des</strong> parents : Ils sont quand même mieux avec leursparents ., on dit que les séparer <strong>des</strong> parents leur cause un traumatismemoral, c'est leur avenir qui est alors atteint tandis qu'un trauma physiquec'est moins grave, on peut toujours réparer à l'hôpital. *L'unique traumatisme serait en fin de compte celui de la séparation: <strong>des</strong> intervenants apprehendent celle-ci comme un vide qui suscite<strong>des</strong> angoisses catastrophiques. Nous avons déjà pu remarquer que lesparents et les enfants décrits fonctionnent sur le même mode. La pré-12. II est nécessaire d'insister sur l'importance de l'unité psychosomatique que Winnicottrenomme le Soi : dans une bonne relation mére-enfant, la psych6 s'intégre dans le soma et la peauconstitue une frontibre entre le dedans et le dehors. Le Moi s'étaye sur <strong>des</strong> expériences corporelles.


sence du mauvais Objet est perçue comme bénefique car elle colmateraitsoi-disant ces angoisses. En somme, il vaudrait « mieux être fixe aumauvais parent qu'être orphelin 0°) B. Nous pensons comme J. Begoin(1984) que de a mauvaises expériences dans la rtfafitt? sont dangereusesdans la mesure où elles renforcent la puissance du mauvais Objet et leSurmoi talionîque 00) ».6, Projection de Ia mauvaise image sur les autres inttcrvenanbsComme l'&rivent Michel Soulé et Jeannine Noël (1971) : « Nousdevenons infiniment bons puisque nous projetons notre agrasivite enl'attribuant uniquement aux autres (29). »C'est donc aux autres a signaler : u C'est te risque de leur travail a,ce n'est pas mon rôle de détecter, d'intervenir, c'est aux autres <strong>des</strong>ignaler au juge. »Le signalement, qui pourrait être une introduçtion de Ia rWit8, unetriangufation, est souvent dt5nié en tant que tel et est capté par le registreidealisation-persécution, qui octroie au juge un r61e d'inquisiteur :u C'est affreux pour eux », u c'est la loi du talion. » Au niveau <strong>des</strong> fantasmes,les parents vont être à leur tour tortures, maltraités par lajustice. D'oii le refus <strong>des</strong> intervenants d'endosser ce r61e de délateur etde bourreau.Nous voyons Iti combien le Surmoi <strong>des</strong> intemenânts devient identique2 celui <strong>des</strong> parents - Surmoi archaïque talionique. La projection dece Surmoi archajque and sur le juge est parfois évidente : « La structurejudiciaire est culpabilisante, c'est un moule. » Le dressage sphinctQienextrême <strong>des</strong> parents maltraitants est projeté sur le juge,.Ne pas informer les instances exterieures dans <strong>des</strong> cas aussi graves,c'est mettre le fantasme sur le même plan que la réalité, comme le fontles parents maltraitants. La triangulation inexistante dans cette problématiquenécessite dlt.tre introduite afin de limiter I'omnipotence de cesparents : « Le juge d'enfants est rel6gu6 au rang de croquemitaine dorsque son rôle pourrait être d'apporter la solennite du tribunal dans <strong>des</strong>


entreprises vou& 2 l'échec dans la mesure oû prgcisément elles supposentla coopération de familles, qui sont souvent en fait plus soucieusesde manipuler l'intervenant pour limiter les dt'gâts que de profiter de sonaide. B (Soule, Noël, 1971 (29)).7, Projection de la mauvaise imago dans l'enfant79 % <strong>des</strong> intervenants ont situé l'enfant comme origine de lamauvaise relation. 20 % ont peine évoqué l'enfant.L'enfant est fréquemment perçu par les intervenants comme « peuattrayant a, « mauvais B, « sale r, u encoprésique a, a passif a, u turbulentB. C'est un enfant décevant et responsable <strong>des</strong> difficultés de sesparents : « 11 ne laisse jamais sa mère tranquille s, a il est désolant a,« d6investissant. D Nous retrouvons l'enfant pulsionnel mauvais,I'enfant caca qui gâche tout, est responsable de la mauvaise relation.II arrive exceptionnellement que l'enfant parle <strong>des</strong> mauvais traitements.Certains intervenants pensent alors qu'il ment : * C'est unmenteur D, u est-ce qu'on peut croire ce que dit un enfant ? L'extrêmeindulgence à l'tfgard <strong>des</strong> parents l'emporte encore aux dbpens del'enfant : « Il peut croire que c'est sa mhre qui l'a blessé et puis c'esttellement facile de casser le bras d'un enfant par inadvertance a, u ilaccuse sa mhre qui l'a laisse tomber par inadvertance, , La relation estsous l'emprise du faux.8. Clivage extrême : i'un ou l'autreComme nous avons pu le voir, certains intervenants n'envisagent unsignalement que si l'enfant est en danger de mort.Dans ces cas, ils participent à la « violence fondamentale (21) rn <strong>des</strong>parents maltraitants. Celle-ci ne laisse u pas de place dans l'imaginaire 2la fois pour les parents et pour l'enfant (21) D : u On est partage entre les


deux s, « il n'y a retrait de l'enfant qu'après la mort de l'un d'eux, celasauve les autres. s Donc l'un vit aux depens de l'autre, l'un doit &esacrifie pour que l'autre vive. <strong>Les</strong> intervenants ne peuvent souvent sedegager <strong>des</strong> rets de cette violence, qui immobilise leur pensée : u On a laconfiance de la part <strong>des</strong> parents, on a une responsabilitd a I'6gard del'enfant. B Lequel doit être sacrifié ?Cette loi du langage binaire r (Bergeret, 1984 @'))exclut A I'4vi-dence tout médiateur, tout lien, toute fonction du Moi et peut paralyserl'intervenant, qui se situe alors en spectateur passif d'une tragédieantique ou d'une épreuve ordalique : « On attend que la situation s'améliore,que les choses se deroulent.. . . Le jugement de Dieu en somme.CONCLUSIONNous avons essaye de comprendre l'inhibition massive que peuventvivre <strong>des</strong> intervenants face a une pathoiogie bien en deça de l'ambivalenceet de la triangulation du complexe d'oedipe. Cet organisateurcentral de la vie psychique est attaqué avec virulence par la maltraitance.Celte-ci endommage toutes les refations. Nous avons effectivementconstat6 <strong>des</strong> attaques du lien pkre-mkre, du lien parent(s)-enfant, del'enfant en tant que lien entre les deux parents. <strong>Les</strong> assises du Moisubissent un grave prdjudice précoce : le Moi maltraite ne peut comptersur un bon Objet interne - le sein, la mkre - et sur l'introjection <strong>des</strong>deux parents reunis - u triade narcissique @2) m. Ces bases du Moi quipermettent ulterieurement les differenciations et les amenagements identificatoiresplus évolués manquent au parent et a l'enfant. Ce fonctionnementmortifere barre tout processus évolutif tant la faille narcissiqueoccasionn6e par ces agirs est btante et se perp6tue. L'absence decontention, de « peau psychique s de ces clients est extrêmement importante.Le Moi ne peut contenir et utiliser la pulsion pour sa croissance.Ils vivent sous le diktat de la pulsion non resolue, qui s'exprime sur unmode omnipotent.


Le refus de la réalité est massif dans cette pathologie : de mauvaisesrelations précoces ont vicié leur relation à la réalité, aux sentiments. Cesparents ont souffert de l'absence de médiatisation psychique, de contentionet de limite dues aux défaillances de leurs propres parents. Aussi,utilisent-ils leurs défenses omnipotentes pour que rien ne change, pours'agripper 2i Ii'u intempoiralit6 narcissique ip (Haynal, 6977 (23)), afin dedenier leurs traumatismes qu'en fait ils infligent 2i leurs enfants. II y atransmission transgénératio~elle de cette grave pathologie.Leurs mécanismes de défense sont <strong>des</strong> u agirs psychiques cla) * parlesquels ils attaquent la wmmunication verbale, la pensee, afin demaintenir la relation dans le registre archalque du a tout ou rien *, de6 l'un ou l'autre B. Par ces agirs psychiques, ils substinient u l'actionexercés? sur autrui d la prise de conscience B (Racamier, 1978 (1%)). Laforce de ces défenses peut sidérer Ie Moi de 1 'intervenant.<strong>Les</strong> repenses au questionnaire ont montre <strong>des</strong> çoI1usions extremesparent-intervenant dans lesquelles ce dernier avait une relation en miroirau parent. L'intervenant perd alors toutes ses capacités d'établir <strong>des</strong>liens et de trianguler. Son contact & la réalite s'altkre d'autant. Nousavons pu constater qu'éviter d'aborder le conflit verbalement maintenaitcelui-ci dans le registre mortigre de u la compulsion de repétition (31) B,cet u &terne1 retour du même B (Freud, 1920 QI)) qui triomphe dans lamaltraitance. Le respect excessif de La honte <strong>des</strong> parents, qui voudraientcacher leurs propres traumatismes expos6 en fait dans leur relation àI'enfant, est préjudiciable l'epreuve de rQlité.En n'étant pas attentif à t'enfant, en iddalisant le parent, en nianttout traumatisme, f'intervenant n'élimine pas la violence réelle : elle estprojetée sur les autres intervenants - qui pourraient fonctionner en tiers -et sur I'enfant. C'est en fait toujours ce dernier qui demeure la cible decette violence puisqu'ii n'est jamais protége.<strong>Les</strong> intervenants pris dans les rets de cette pathologie peuvent vivrele juge <strong>des</strong> enfants comme une puissance archaique exerçant la loi dutalion alors qu'en réalit6 ce magistrat se situe (n au coeur du conflit -droits <strong>des</strong> parents - besoins <strong>des</strong> enfants (29) B. Michel Soulé et JeannineNoël (6976) insistent sut la fonction stmcturante plus que traumatisante... * e de la soiennite de la fonction et du lieu (z9) W.


Nous 6voquerons pour terminer une représentation mythologique dela maltraitance afin d'illustrer la profondeur de ce conflit. L'enfant maltrait4nous entraîne dans le registre de Ia demesure, de l'enfant expos6 &la mort car malaque pour ses patents. C'est Oedipe expose sur leCythéron après avoir et6 maltrait6 - pieds percés - car sa vie menaçaitcelle de ses parents, qui avaient u peur d'un oracle <strong>des</strong> dieux B(Sopfi~cfe@~)). Sa vie impliquait selon t'oracle d'Apollon la mort deJocaste et de Laios. Cet enfant expose la violence reactive massivementle roman familial <strong>des</strong> intervenants.Nous voyons l'effort psychique à fournir face à cette problématique,afin d'établir <strong>des</strong> liens jamais établis par ces parents et ces enfma. Latrianplation nous apparaît fondmentale avec ce type de client quimwent en acte une omnipotence infantile devenue extremement dangereusecar jamais contenue ni parMe.


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- KAES @.), (1976).L'appareil psychique groupal. - Paris : Ed. de Minuit.


Chapitre IV


Dans cette dtude, nous n'insisterons jamais assez sur II'langoisse quesuscite chez l'intemenmt la reiation avec les fannifis mdtraltantes,Chaque categorie paofssiome1Be est dlfftsremenrt prépmée Zt aborderle travail d'obsemation d d'inte~entiorii que necessite lia suspicionde mauvais traitemenB. Si nous prenons par exempte le cas d'un maecin,dont Ira vocation prernibre est dg? soigner, de reimedier aux défailIlancegtbysiologiques de Fi'individu malade, la dkouvete de traumatism~ chezl'enfant qui seraieae& caustls par une persorne proche ne peut être qu'extrêmementdiecile B assumer, Serait-ce fa raison essentielle <strong>des</strong>nombreux refus que cette professiow a oppostls Zt notre recherche, lereks 6tant une forme extrhe et particulière de réaction à notre enquête ?11 en va de même pour les intewenmts d'un autre domaine professionnel: le scolaire. L'école représente un jieu privilégie pour le depistage<strong>des</strong> enfants victimes de sévices. Pountant, Ie choix d'enseignern'implique pas, loin de là, le désir de se prhccuper <strong>des</strong> problèmes dumilieu O& vit l'enfant, Mais c'est un fait de société et l%volution <strong>des</strong>notions psycho-pédagogiques obligent prendre en compte le vécu deIt'élbve dans la fonction pédagogique. Il est génératement admis que leclimat affectif et matériel peut favoriser ou freiner tes acquisitions intellectuelles.Cette constatation exige une attention pIus grande de la part<strong>des</strong> instituteurs & ce que vivent les enfants en dehors du temps scolaire.Dès lors, il est possible de supposer que le travailleur sociai au senslarge (assistants sociaux, puéricultrices, etc.) est mieux préparé à aborderla problématique de la maltraitance, puisqu'il est présent auprés <strong>des</strong>failles dans un but d'aide et de soutien. Mais l'idéologie qui a marquéla création <strong>des</strong> diverses professions <strong>sociales</strong> a fondamentalement évolu&.fl ne s'agit plus seulement d'aider matériellement une famille, l'assistanata été dénoncé et ne correspond plus au souci premier du travailleursociai. Avec l'extension <strong>des</strong> connaissances psychologiques et psychanalytiques,le travail social a change de visage. <strong>Les</strong> professionnels seprbccupent d'offrir une prise en charge globale et approfondie, depassantle cadre socio-6conomique. Or, le travailleur sociai a le plussouvent affaire à <strong>des</strong> familles qui expriment leur besoin d'aide sous


formeas de demandear mat6riefles et qui se montrent reticentes touteapproche psychofogique. C'est tout parricu1iP:rement le cas <strong>des</strong> parentsdtraitants. * En effet, dans la majorite <strong>des</strong> cas, les parents ne sont pasdemandeurs pur eux-mlimes.. . Cette aide est subie plus qu'acceptrjtr parip;~ pwents- La menace d'un retrait de l'enfant ou le désir de son retourd a la fmilfe, s'il a 4tb separé, fausse ent la relation. *(Rouyw, f978r1)). XI y a donc cassure entre l'offre et la dmde e-teonfiit ineviMle. Conflit souvent latent, si naus mus rep


Georges Devereux (1980) @), ethnologue et psychanalyste, affirmeque u sur un plan subjectif, l'angoisse est suscitée par un matériau qui :u a) - menace la vulnérabilité fondmentde de tout être humain (péril demort ou de mutilation, menace de castration, etc.) ;b) - ravive les angoisse idiosynerasiques en rapport avec <strong>des</strong> expériencespassh ;u c) - menace de saper les défenses ou les sublimations principales ;a d) - rend ses problemes actuels plus aigus, etc. .II nous semble que la maltraitance remplit ces conditions, point parpoint.a) - En effet, l'intervenant est confront6 sans doute possible avec le d&irde mort d'un être humain sur un autre, même s'il n'est pasconscient chez l'un ou I'autre <strong>des</strong> protagonistes. Plusieurs personnesinterviewées nous ont cité <strong>des</strong> cas où, & la suite de multiples petitsindices de mauvais traitements diagnostiques comme tels ou d&ni&,la mere était arrivk avec l'enfant demandant 2 ce qu'on le luienibve parce que sinon elle ailait le tuer ;b) - la maitraitance renvoie l'intervenant Zt l'ambivalence ressentie ousupposk chez ses propres parents, 2 ses peurs infantiles de <strong>des</strong>truction;c) - elle le renvoie égaiement Zt sa propre violence sublimée en fonctiond'aide. a ... Nous nous sentons touchés dans notre propre fibre.agressive, nous voyons chez les parents maltraitants ce que nous nevoulons pas voir en nous-memes.. . ;d) - elle pose avec acuite le problbme de la compétence professionnellede I'intervenônt, de ses devoirs et de ses limites.Ces effets de la problématique de fa maltraitance dans la relationd'aide nous ont étté confirmes par le contenu très riche <strong>des</strong> interviewsrecueillies.Comme l'a développé Christiane Thouvenin, la maitraitanceconfionte sans cesse le travailleur social Zt <strong>des</strong> situations paradoxales,Comment aider Zt la fois l'enfant et ses parents ? Comment respecter ledroit de l'enfant et celui <strong>des</strong> familles ? Comment u comprendre tes


parents sans tolerer leurs actes de violence ? Cornent sauvegarder leurconfiânce tout en signalant les sévices ?Le signalement est vécu fantasmatiquement comme ?i la fois nécessaireet interdit, ce qui ravive l'angoisse qui, si elle n'est pas reconnue,renforce les systemes de dbfense. Ainsi la boucle est bouclée et tout estpret pour que le silence s'installe.CONTRE L'ANGOISSE : BANALISATION ET DRAMATISATIONNotre propos dans ce chapitre est d'étudier l'un de ces systemes dedéfense, très fi@uement rencontré, et qui signe la réussite de l'dvitementde l'angoisse. Il s'agit de la banatisation <strong>des</strong> mauvais traitements.Plus rarement rencontrée, mais servant les mêmes intdrêts, nous y avonsopposé la dramatisation, bien que les deux termes ne soient pas strictementantinomiques.La « banalisation * est un néologisme peu utilise, qui dérive de« banaliser * (rendre banal, ordinaire) et est apparent6 ?i u banal * (quiest extremement commun, ordinaire, sans originalitb) et 3 « bandit6 s(caractère de ce qui est banal ou cliché, évidence, lieu oommun, platitude,poncif),Au niveau du discours, nous avons relev6 trois types principaux debanalisations.<strong>Les</strong> gh&alisations, qui consistent en une op6ration intellectuellepar laquelle on étend 2 l'ensemble d'une classe, ou ?i une classe, les proprietéset les caracteres observ& sur un nombre Iimitc! de cas ou d'individus.<strong>Les</strong> poncifs ou themes dénu& d'originaiitd, clichés, lieuxcommuns.<strong>Les</strong> atténuations qui dedramatisent 2 l'extrême, neutrdisentl'impact du mauvais traitement.


Bien qu'utilisant ces trois mbmes mécanismes de pensk, nousavons code part une forme particulikre de la banalisation, la banalisationrulturelle, car P1 nous a semble que ce thkme etait problematiquepour les intervenants que maous avons rencontrés, confrontes unepopulation pluri-&nique.Dans 1' ensemble <strong>des</strong> 67 interviews traitées statistiquement, les gent$ralisationsapparaissent 148 fois, suivies <strong>des</strong> attenuations (99 fois), <strong>des</strong>poncifs (96 fois) et d<strong>des</strong> banalisations culturelles (49 fois).La banalisation, sous une forme ou une autre, apparalt chez 79 96<strong>des</strong> intervenants interrogés.A première vue, la àramatisation semble se situer à 110ppos6 de labanalisation. Elle peut etre simple, amplifiant ou aggravant une conduiteparentale. Elle peut generaliser à l'extr&me les mauvais traitements, les6tendant aux u enfants du divorce *, aux « enfants que les parents n'embrassentjamais B, y incluant tes dificultés éducatives inhérentes auxrelations parents-enfants. EIIe peut encore poser en principe I'incapacite<strong>des</strong> services de protection de l'enfance, qui « ne font jamais rien. ouqui, au conwaire, arrachent les enfants à leur famille de manière inconsidéree.Elle est présente chez 12 % <strong>des</strong> interviewés.Apparemment oppos6es au niveau du contenu du discours, labanalisation et la dramatisation servent les mêmes intérêts pourl'intervenant. Elles favorisent, en Ie d&ulpabilisant, un certain silence,soit parce que le sévice n'est pas vraiment grave (U fa mère frappait,mais pas pour le frapper, seulement pour le punir, sans intentionmkhante s 9 6 on peut être battu et heureux. ») soit, au contraire, parceque toute situation est fondmendement et incurablement tragique(6 Tout enfant souffre et on n'y peut rien * ; « si l'enfant reste dans safamille, il souffre, mais si on signaIe, il est retire, place, et it souffreencore plus. B).Mous avons tfgalement pointe ce que nous avons appelé les thèmeshors-sujet, lorsque l'intervenant nous entretient longuement d'un sujetqui est etranger au cadre de l'enquête.Dans les cas extremes, cette attitude se rapproche du rehs de participerà l'enquête, mais nous ne pouvons assimiler l'une à l'autre <strong>des</strong>


deux réactions, car dans le cas <strong>des</strong> *: hors-sujets a, l'intervenant aaccepte de nous recevoir. Mais face 21 la situation anxiogkne que représentepour lui, consciement ou non, 1'~vocation <strong>des</strong> mauvais traitements,il choisit 21 certains moments de *: sortira du cadre de l'enquête.Cette attitude se retrouve chez plus de fa moitié <strong>des</strong> intemen- interviewés(58 %).Comment la banalisation et la dramatisation rencontrent-elles, dansle discours, les autres types de defense déj21 évoqués dans cet ouvrage ?Mais aussi, comment s'en distinguent-elles ?La banalisation rejoint les attitu<strong>des</strong> de toute-puissance etd'omiscience par le biais <strong>des</strong> g4néralisations et <strong>des</strong> poncifs. Ainsi,87 % <strong>des</strong> banalisations se retrouvent chez les *: tout-puissants w, seulement9 % chez les *: adequats . et 4 % chez les u impuissants .. Cettedernibre catégorie a une tendance plus nette 21 dramatiser les situations(38 %).La banalisation et la dramatisation sont dgalement très fortementprésentes chez les intervenants qui ont tendance 21 percevoir les autresprofessionnels ou les parents comme mauvais objets. Elles sont associéesau clivage, 21 l'etrangete radicale de l'autre.La banalisation culturelle soutient efficacement Ia denégation dumauvais traitement. Même si l'enfant est marque, zébré de coups, éventuellementblesse ou brûlé, il ne s'agit pas de mauvais traitements,puisque les actes violents sont assimil& 21 une méthode éducative propre2 une ethnie donnée.Il aurait été intéressant, mais impossible dans les délais attribues ànotre recherche, d'étudier la succession de l'apparition <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> dedéfense au cours <strong>des</strong> entretiens. L'expression du doute sur l'existence<strong>des</strong> mauvais traitements n'utilise pas la banalisation, mais nous avonsremarqué que cette dernibre suit l'gmergence du doute, agissant commedeSfense contre lui. Nous en donnerons un exemple parmi tant d'autres :une fltfette, d'un milieu tri% aise, se plaint d'etre battue par ses parents.L'intervenant nous dit que les parents &aient <strong>des</strong> gens très bien, trèscooperants et qu'il n'a jamais pu savoir la vérité. L'enquêteur 6voquealors le doute et la dificulte pour l'intervenant de connaître la réalit6 <strong>des</strong>faits. Celui-ci répond par une banalisation i *: <strong>Les</strong> enfants ne sont pas


<strong>des</strong> anges, vous savez w, et continue par un long a hors-sujetd6faut.s <strong>des</strong> enfants et leur approche psycho-pédagogique.sur lesCet extrait d'une interview montre l'enchaînement <strong>des</strong> d6fensescontre le surgissement de l'angoisse, de manikre exemplaire.En effet, l'&vocation de ce cas est pénible pour I'intervenant, d'unepart parce que le niveau socio-culturel <strong>des</strong> parents et leur contact positifne lui pemettent pas la distanciation necessaire. 11 y a identification auxa bons B parents. D'autre part, parce que le doute subsiste, L'intervenantest-il passé a coté d'un cas r6el de mauvais traitements sans intervenir,ce qui serait source de culpabilité? Lorsque le doute est nom6 parl'enquêteur et associé par lui a une angoisse possible, le mécanisme de labanalisation entre immediatement en jeu, associé au rejet de l'enfant(celui-12t, mais tous les autres aussi) dans ta catégorie du mauvais objet,manipulateur. L'agressé bventuel devient agresseur. La mise distancede l'affect se poursuit pendant plus de dix minutes par le a bors-sujet m.En quoi Ia banalisation se distingue-t-elle <strong>des</strong> autres mo<strong>des</strong> dedéfense ?A un premier nivwu, par son degré d'efficacite sur te pian socialg6néral et pour l'intervenant lui-même.La banalisation fait appel à <strong>des</strong> normes de pensée dont le contenu,sous le couvert du a bon sens n, du rationnel ou du technique, est facilementaccepté. En utilisant généralisations et poncifs, on se rassure eton rassure tout autre interlocuteur, et même Ie parent, parce qu'on &vitede prononcer les mots qui engageraient à une réflexion créative, voiregênante, et qu'au contraire, on réactive le consensus établi. En dédramatisantune situation, on satisfait son propre besoin d'atténuer le problémeet la souffrance qu'il provoque et on touche un désir identiquechez l'autre.La bandisation offre <strong>des</strong> avantages par rapport aux autres mo<strong>des</strong> dedéfense. Elle réussit préserver I'integrité psychique de I'intervenant laoh justement les autres défenses échouent.La toute-puissance, qui est toujours illusoire, rencontre ses limitesdans la réalité <strong>des</strong> évt5nements (t!chec d'un suivi d'AEMO, décisionautoritaire d'un juge.. .). Son contraire, fa position d'impuissance, ne


satisfait pas non plus l'intervenant, même si elle lui &te le poids de lacutpabititt! : il ne peut pas agir, mais il voudrait pouvoir le faire. Quantau doute, il laisse l'intervenant devant une interrogation particulikrementpénible, qui peut perdurer <strong>des</strong> années, comme nous l'ont montrt!certaines interviews.A ce point de nos constats, deux questions peuvent s'imposer àl'esprit du lecteur :LA BANALISATION : UNE DEFENSE REUSSIECornent la banalisation rtlussit-elle si efficacement (3. colmaterf 'angoisse ?Cornent peut-on u banaliser » les sévices sur enfant, actes reeonnusen soi comme horribles et condamnables ?Pour y repondre, nous tenterons de cerner de plus prks les mécanismesen jeu dans la banalisation.Celle-ci ne procède pas seulement par u clichés B (a mieux vaut unemauvaise mke que pas de mkre du tout .) ou par dedramatisationoutrance (U il était battu mais ce n'&tait pas vraiment grave, parce qu'onsentait que sa mère l'aimait ») ou encore par gt!nt!ralisations quelque peuhâtives et souvent contradictoires (Uil faut éviter de signaler, parce queça culpabilise la famille et que l'enfant est immédiatement retiré ... B ;u (i quoi bon signaler : le juge, ça ne fait même plus peur auxparents ... » ; 4 les petits Africains, ils sont flagellt?~, mais ils ontl'habitude » ; u les Africains ne battent jamais leurs enfants, mais ilssont d6nutris ... a). La banalisation n'est pas toujours grossière, elle a<strong>des</strong> ressources de subtilité. Nous admettons qu'elle est bien difficile 2icerner avec precision, parce qu'elle utilise le discours ambiant, social oumême technique, qu'elle 6nonce <strong>des</strong> faits intégrés intellectuelIement,reconnus comme vrais. Par exemple, savoir et dire que statistiquementles mères maltraitantes ont 6t6, sont encore parfois maltraitees, nedevient une banalisation que si ce savoir justifie une absence d'interven-


tion. u Je ne pouvais pas lui dire : "Vous battez votre enfant", celaaurait été terrible pour die, cela aurait remis en cause tout son passé,elle avait eIIe-même été battue.. . >BAinsi, 40 % <strong>des</strong> intervenants interviewés pensent qu'une <strong>des</strong> causesactuelles <strong>des</strong> mauvais traitements réside dans les mo<strong>des</strong> d'éducation,associ4s aux différences culturelles. 78 % de ceux qui dvoquent cettecause u banalisent w le mauvais traitement : dans ces cas, parfois gravissimes,ils n'agissent pas, invoquant le droit de la famille, le droit à ladifférence, 20 % résistent k la banalisation et interviennent, soit personnellementauprès <strong>des</strong> parents, soit par le biais du signalement.La banalisation n'est pas une fatalité, mais une tentation !Freud (1971) avait décrit ce mécanisme dans le travail du r&ve :a Du point de vue de la psychologie du réve, le banal r&ulte, pour lesbesoins de la censure, d'un double processus de déplacement : ducontenu (du plus ou moins important) et de l'affect (du plus ou moinsvif) 0). s. . . Le banal est I'expression par excellence.. . [<strong>des</strong>] forces organisatriceset organisées qui, dans une sociétt! donnée, poussent à l'unifor-mit&. Uniformitt! de penser, de sentir et d'être.. . [il 3 nous interroge sursa double appartenance la pensée la plus essentielle et ce qui en tientlieu dans <strong>des</strong> formules toutes faites. Ces formules sont le répetitif et lestandardisé ... L'exigence de pensée est désormais exigence de conformité... Le réel, qui est k la fois le rationnel et la technique, tend de plusen plus ii prendre la place de l'imaginaire (4). sLe réel n'est plus que le réel, tout ce qui n'est pas réel n'offre pasd'inttcrét. a Malgré ce qu'il disait, l'enfant n'tctait pas battu, car je n'aijamais vu de traces w ; u ce petit garçon est battu, tabassé méme, mais iln'est pas maltraitb, parce que c'est le mode d'éducation choisi par lepbre ... *Le contenu de l'expérience est schématisé pour aboutir au stdréotype,au typique. Ce qui nous paraît essentiel, c'est que si le reel n'estplus que le réel, il y a alors disparition de Ia projection comme si I'inconscientn'existait pas ou comme si seul le reel existait (4) S. La banaiisationexprime le refoulement massif et reussi de toute activitb projective


et imaginaire. Ainsi peut &tre exputsi5 de If~enup6rience I'affeet, tecontenu émotionnel.Ceci est essentiel, parce que nous pouvons alors tenter de repondreà nos deux questions.La bandisation colmate efficacement l'angoisse parce que f'intervenant,grâce à elle, peut se contenter de constater <strong>des</strong> faits objectivables :par exemple, l'absence ou la pr&ence de traces sur le corps de l'enfant.Sa responsabilité est limitée par la stricte observance <strong>des</strong> droits que luioctroie sa fonçtion, S'il n'a pas le droit de dhhabiller l'enfant, parexemple, il peut ignorer les traces qui sont cachées par les veements.De même, la maltraitance peut être séparée de son contenu affectif chezle parent et considérée comme un trait de comportement (55 % <strong>des</strong> personnesinterrogées évoquent cette cause, ce qui ne signifie pas qu'ellesexcluent les autres causes) qui peut être rééduqué, supprimé par unsimple entretien ou par une thérapie de type comportemental.Comment peut-on u banaliser » les mauvais traitements? Noussoma tentés de r4pondre par une autre question. Comment peut-on nepas banaliser un acte qui 6veiile tant d'emotions extrêmement pénibleschez le.,témoin ? C'est à l'hôpital, où l'enfant arrive u cassé », en morceauxque la réaction première peut se dire. Question : u Qu'est-ceque vous ressentez quand vous rencontrez <strong>des</strong> parents maltraitants ? »Réponse : u Le premier sentiment : on a envie de casser la figure auxparents,,. et après, on pense qu'on va trop loin, on est "drmatis6". »Phrase exemplaire. Soudain, l'affect se fige dans la dramatisation ; ledouble deplacement de contenu (<strong>des</strong> parents sur fe sujet) et d'affect (del'agressivité à la culpabilisation) a lieu comme dans un rtzve.En psychologie projective, les r6ponses u banales » sont signed'adaptation aux normes <strong>sociales</strong>. Leur absence dans un protocole poseprobtème sur la structuration de la personnalité, tout autant que leur présenceexcessive. De même, dans les interviews recueillies, c'est l'envahissementdu discours par la banalisation qui nous interroge et non pasle recours occasionnel 2i <strong>des</strong> sch6mas de pensee communs au groupesocial. Même si cela était possible, nous nous garderions de dresser uneéchelle * normative » du * trop ou du a trop peu » de banalisations.Nous preférerions émettre I'hypothhe qu'un intervenant peut répondre


de manière u ad@uate » à la demande tragique et angoissante du parentmaltraitant et de l'enfant victime de stSvices en tendant à rétablir lecontact entre les diE6rents systbmes de son appareit psychique (inconscient,prt.conscient, conscient). Cela se produit certes au prix d'uneaugmenBtion de tensions et d'un difficile travail d'anaiyse de soi, maisaussi avec l'aide <strong>des</strong> autres intervenants. Le face face solitaire avecune famille maitraitante paraît etre une gageure.Le mauvais traitement pour %'enfant Bquivaut une situationextrême, telle que la definit Bruno Bettelheim (1984) : u Nous noustrouvons dans une situation extrême quand nous sommes soudain catapuitttSsdans un ensemble de! conditions de vie oQ nos valeurs et nosm6canismes d'adaptation anciens ne fonctionnent pIus et que certainsd'entre eux mettent en danger la vie qu'ils étaient cens& proteger. Noussoma alors, pour ainsi dire, depouiIl& de tout notre système dtrfensifet nous touchons Ie fond ; nous devons nous forger un nouvel ensembled'attitu<strong>des</strong>, de valeurs et de façons de vivre, selon ce qu'exige lanouvelle situation (5). BMis face 2 face avec une famille maitraitante, t'intervenant voitremises en cause ses notions de la famille, de la parentalite, <strong>des</strong> rapportsentre les êtres, bref ses convictions les plus profon<strong>des</strong>. Ne risque-t-il paslui aussi d'être entraîn6 dans une situation extrême ? D'où I'impoamcevitale pour lui de se raccrocher <strong>des</strong> normes, <strong>sociales</strong>, professionnelleset institutionnelles,Nous avons constatcf dans I'enquête que les normes institutionndlessont extrêmement fortes. En etudiant statistiquement les reactions <strong>des</strong>intemenants par secteur d'activie6 (PMI, creches, Ccoies, servicessociaux, hôpitaux), nous avons constat6 <strong>des</strong> recoupements significatifsdans les discours sur la maltraitance selon les divers secteurs, independamment<strong>des</strong> fonctions professionnell~.Ceci a dementi notre hypothèse de départ qui consistait 2 penserqu'6ventuellement les recoupements se feraient en fonction <strong>des</strong> diversesprofessions représentées. II se crée donc un discours propre 8i chaqueinstitution, qui se rajoute i la parole originale de l'intervenant, la banalisantau niveau du sous-groupe.


<strong>Les</strong> normes sont efficaces parce qu'elles sont clairement definiespar une socidte donnée. Mais, paradoxalement, cette notion de normeaide un autre aspect de la banalisation en la retativisant. Nos normes nesont pas celles <strong>des</strong> autres, dont il faut respecter la difference. Celle del'éducation en France suivent certaines règles et permettent, avec plus oumoins de clam!, de fixer une limite audelb de laquelle il y a mauvaistraitement. Le depassement de cette limite n9am&ne pas toujouts ausignaiement si l'impression de toute-puissance de l'intervenant laissecroire celui-ci qu'il peut régler seul le problème, mais la normedemeure, au moins en filigrane. <strong>Les</strong> mauvais traitements sur les enfantsetrangers (banalisation culturelle) permet de reintroduire magistraiementle silence, au nom du respect <strong>des</strong> normes (supposees) <strong>des</strong> autres. Donnerune réponse à ce problème n'est certes pas simple et mériterait réflexion.Mais peut-atre faut-il insister sur le constat suivant que dans de nombreusesinterviews, <strong>des</strong> sévices graves et <strong>des</strong> conduites sadiques étaientramenés à un simple fait culturel. Nous avons demontré statistiquementcette attitude de banalisation, en ce qui concerne les etrangers en France,mais la question se pose &gaiement au sein de la soci6té française.La tendance faire équivaloir milieu social défavoristl et mauvaistraitements est généralisée. Pourtant, il est sllr qu'a existe <strong>des</strong> enfantsmaltraith dans <strong>des</strong> familles régulières, de conditions socio-culturellesnormales voire 61evees. <strong>Les</strong> conditions <strong>sociales</strong> et familiales n'ont riende spécifiques, toutes se trouvent banalement dans la psychopathologiede l'enfance. De surcroît, l'immense majorité <strong>des</strong> populations victimesde la pauvreté dconomique ou culturelle sont hors de tels passages al'acte (6). s Plusieurs cas nous ont &té cités où l'appartenance <strong>des</strong> parentsa un milieu sociai efevc! et à <strong>des</strong> professions proches <strong>des</strong> nôtres ont favorisele déni <strong>des</strong> mauvais traitements, et ceci en dépit de signes cliniquesévidents, de radiographies parlantes.Georges Devereux (1980) (2) a relevt? ce phenornene de distanciation.Face à <strong>des</strong> actes traumatisants pour I'observateur occidental, celuicise défend contre l'angoisse par u un relativisme culturel naif, quiconçoit 11humanit6 comme un "musée de coutumes", reconnaît I'existenced'êtres humains mais ... refuse d'appliquer les normes éthiquesordinaires à leur comportement.. . Le relativisme culturel cherche ainsi àrauire l'angoisse en considérant les données culturelles dans un vide


humais.. , De mema nous pouvom ruuire: miAcidliement nos mgoissmen comidérant la torture <strong>des</strong> pisorniers corne une u coutume B enniant donc implicitement que ces pratiques aient quelque rapport. avec<strong>des</strong> êtres de chair et de sang avec lmquels nous aurions à nous identifier.B On agit de meme en a augmentant les distances sociaies *.Loasqu'en 1939 Bruno Bettelheim sort <strong>des</strong> camps nazis et veutalerter lbppiion ambricaine sur ce qui s'y passe, il est obligé de constaterla mêmes rdticences. On refuse de publier ses articles : « Tout enexprimant verbatement I'honeur de telies abominations, ces personnessemblaient press& de tout refouler et de tout nier comme s'il s'agissaitde quelque chose de banal tS), RLa banalisation nous paraît &e une <strong>des</strong> possibilitês qu'explore l'intervenantpour se mettre i distance de ta situation extrême, EIle est unelutte contre I'identification qu'a traitge Dominique Agostini ci-<strong>des</strong>sus,une tentative de retmuver la parole, de dire l'indicible, non pas auparent, mais a l'enquêseur, en passant par le discours normatif, quineutralise îa wufiarice.La dramatisation parle cette souffrance. Mais elle la généralisejusqu'k l'envahissement de l'acte et de la pensée, jusqu'à la paraiysie(f-scination de 1"orreur) de I'intemenant. Peut-on dire qu'elle est unebandisation « rat& m ou une étape vers celle-ci 3Nous wnclurons en rappelant que la bandisation, comme sonpendant la drmatisation, signe l'appartenance une norme sociale. Elteest le lieu d'un discours commun, conformiste.Bien que distincte <strong>des</strong> autres mo<strong>des</strong> de défense mis en place parl'individu, la banalisation se m&ie intimement 8 ceux-ci, afin de les soutenir,1% où ils risquent de faillir à leur tache de consenration de l'int6-grit6 psychique.Son apparition dans le discours marque la réussite du refouiement etle maintien de celui-ci, La bandisation tsloigne I'intemenmt du surgissement<strong>des</strong> affects penibles et rcScrfuit l'activité projective b un minimumqui Ie croupe de sa vie fantasmatique, mamentanémeat ou durablement.


Le sujet qui banalise exprime une pensee qui est privee de sessources inconscientes, qui donc se contente du déjàdit ou du dbja-pensé,répétitive l'infini. Lorsque la banalisation quitte les poncifs et les lieuxcommuns, c'est pour se diriger vers le rationnel et le technique.L'intervenant qui a tltb mis en face de la situation extrême (au sensoir l'entend Bruno Bettelheim) que vit l'enfant maltraité, a eu le sentimentde risquer & tout instant d'être lui-même entraîne dans une situationsemblable. <strong>Les</strong> images ideaies internes ont bte gravement menacées.Quoiqu'il ait fait alors (dm la realitt5) pour aider L'enfant, son discoursa posteriori trahit, parfois son insu, l'angoisse dont il a et6 l'objet.La dramatisation semble souligner cette angoisse & travers toute ladistance de la depression.La banalisation l'efface en reintegrant un dvenement hors-norme, lemauvais traitement, dans les cadres normatifs de la penstle sociale outechnique.


(1) ROUER (M.), (1978).Essai de prise en charge <strong>des</strong> parents maltraitants. In Mére mortitere,Mére meurtriére, Mére mortifi6e. - Paris : Ed. ESF.(2) DEVEWUX (C.),(1980).De l'angoisse li la methode dans les <strong>sciences</strong> du comportement. -Paris : Fimarion.(3) FREUD (S.), (1971).L'inteopretation <strong>des</strong> rQves, - Paris : Ed. PUF.(4) SWI (A.), (1980).Le band, - Paris : Ed. Gallimard.(5) BETTELHEIM (B.), (1984).Survivre. - Paris : Ed, Robert Lagont. - Col!. .r PlurieI R.- BEAUVOIS (J ,-L.), (1985).Psychologie quotidienne. - Paris : Ed. PUF.- Cmo~iG.), NOBILI p.), (1975).La mauvaise mhre. - Paris : Ed. Pâyot (PBP).- CN~MBART DE LAUW (hl.-J.), (6979).Un monde autre : l'enfance, - Paris : Ed. Payot.- FREUD (A.), (1972).Le Moi et les mécanismes de d6fense. - Paris : Ed. PUF.- GIRARD @.), (1989).La violence et le sacrtr. - Paris : Ed. Gracet,- GO~MAN @.), (1979).La mise en sc&ne de la vie quotidienne, - Tome Il : <strong>Les</strong> relations enpublic. - Paris : Ed. de Minuit.


- KREISLER a.), (1978).Le corps meurtri, - In Mfire mortifère, Mère meurtrière, Mère mortifiée.- Paris : Ed. ESF.- LEULLIE~E (P.), (1978).<strong>Les</strong> enfants martyrs - Enqu&e. - Paris : Ed. du Seuil.- STRAUS (P.), MANCIAUX (M.), (1982).L'enfant maltraité. - Paris : Ed. Fleurus.


Conclusions générales


Pour conclure, il nous paraît encore souhaitable de rappeler l'esprit<strong>des</strong> circulaires interminist6rielles de 1983, 1984 et 1985 ayant pour objetl'enfant en danger, victime de sévices : elles soulèvent un certainnombre de points qui, dix ans après lieur parution, ne semblent toujourspas appliques par Ies intervenants ! Nous pensons apporter, en partie, unéclairage sur cette non-observance volontaire ou involontaire.Dans la circulaire du 18.3.1983, il était rappelé avec insistance que,X toute action isolee risque d'4tre vouée à 1'6chec ... n, d'où u ... lanécessaire compl6mentaritd <strong>des</strong> actions.., s et que u ... les consequences(sont) tragiques (à cause) du cloisonnement <strong>des</strong> institutions W .Soucieux de lutter contre un certain etat de fait, le législateurinsiste : u 11 est imperieux de donner aux diverses parties prenantes l'habitudede travailler en commun. *Instruit ddjà de la non-reconnaissance du travail de certains secteurs,il prend soin de rappeler que le signalement ii la justice de situationsde violence à f 'enfant nkntraîne pas systématiquement l'incarceration,voire la poursuite <strong>des</strong> parents, ni même le placement automatique del'enfant B.Trois causes sont relevk comme nécessaires à l'origine du signalement.Nous en retenons les deux premières :Cette demarche implique :s 1) que soient identifiés les mauvais traitements ;e 2) surmontées les réticences informer les autorités compétentes. nII semble que notre étude mette particulièrement en evidence lesbarrages inconscients ii l'oeuvre lors de ces deux circonstances.Plus loin, les textes officiels celevent déjh :Il n'y a pas de signalement :6 - soit par rdpugnance à signaler ;- soit parce que la personne qui a connaissance <strong>des</strong> mauvais traitementscroit pouvoir prendre en charge el!&-même la situation. BEnfin, la circulaire du 9.7.1985 fait etat pIus Iwgement du probiernequi nous prbccupe : (( ... L'enfant en danger et la paùlologiefamiliale sous-jacente eprouvent grofondement l'adulte soignant.. . ua ... Deux écueils existent en permanence : la banalisation pouvant faire


écran au dépistage et la dramatisation pouvant conduire a <strong>des</strong> décisionshiltives dictées davantage par l'anxiété que par une juste évaluation de lasituation. BOn ne peut que louer le lc'gislateur de sa clairvoyance, notre c'tudeprouvant amplement la fréquence de ce type de comportement chez lesintervenants.Nous pensons dgalement nous rdfdrer il l'étude de Straus,Mmciaux, Deschmps, parue en 1978 l, qui signale dc'ja les failles dudysfonctiomement du systéme de la protection de l'enfant en danger etconclut qu'un u meilleur travail n'est possible qu'au prix d'un systèmed'échanges intersectoriels rapi<strong>des</strong>. sEn relisant les interviews de cette &de sept ans aprks, noussommes frappés de leur ressemblance aux n8tres. <strong>Les</strong> mêmes parti pris,les meme incertitu<strong>des</strong> émaillent les diffdrents dismurs 2.fl semble donc que les recherches et les circulaires n'aient pasencore pu fbnder le terrain. Nous sommes obligés de constater que faloi ne s'applique pas.Ii faut en chercher la raison. Loin de nous l'idée d'accuser lesintervenants, dont les qualit& de bons citoyens, la bonne volonté et lescapacités professionnelles ne font aucun doute. 11 s'agit d'un phénombnedéjil perçu par Straus semble-t-il, car il prtstend a I'époque que ta formationne doit pas se borner 2 une simple transmission de connaissances.<strong>Les</strong> objectifs doivent porter également sur l'acquisition d'attitu<strong>des</strong> mentaiesdifférentes permettant le dialogue avec les familles, le travail enéquipes pluridisciplinaires et les liaisons intersectorielles.En effet, ces attitu<strong>des</strong> mentales pourraient 6tre escamotées par <strong>des</strong>contre-attitu<strong>des</strong> internes se produisant notre insu. Il nous est apparuexcessivement important que ce phenombne cachc' soit dévoile pour quenous puissions en prendre conscience et ainsi nous en libérer. Une fois1. Op. cif.2. Une étude menée plus gcemment dans un service d'AN0 constate la persistance <strong>des</strong>attitu<strong>des</strong> de déni et de bans-tisation : CJ. Un aum regand sur ta niarion m2n/cnfm>, & paraÎtre auCrNWTI.


allégtks de ces réactiom parasita, les attitu<strong>des</strong> adéquates pourraientsurgir d'elles-mêmes.CAUSES DE NON-SIGNALEMENT RELEVEESDANS NOTRE EI'UTlEBien entendu, nous avons délimitb les contre-attitu<strong>des</strong> les plus frappantespour mieux les cerner et les étudier. En réalite, ces differentesattitu<strong>des</strong> peuvent s'amalgamer ou se dérouler diversement dans le temps.Quoi qu'il en soit, elles permettent de distinguer plusieurs types demotifs de signalement :1) Dans le doute ou la banalisation, il ne peut y avoir de signalement,puisqu'il n'y a pas de reconnaissance précise du mauvais traitement.Celui qui doute reste sur te qui-vive de l'hésitation & agir, tandisque celui qui banalise a peut-être une chance de se dédouaner li peu defrais.En contrepartie, lorsque le sujet dramatise, la reconnaissance dumauvais traitement peut être si &rasante, les réactions affectives d'uneintensité telle que le signalement prend une allure derisoire.Dans tous Ies cas, la non-observance <strong>des</strong> circulaires se comprendaisément. Mais lorsqu'il y a eu reconnaissance confirmée de mauvaistraitements, pourquoi n'y a-t-il toujours pas d'intervention, pas <strong>des</strong>ignaiement ?Dans Ie chapitre u Toute-puissance - impuissance a, nous avons vucomment l'intervenant peut se sentir capté par cette fameuse * bonnerelation privilegiée P et en être le jouet. Aveuglé, il ne voit plus l'enfantet ne pense pas devoir signaler car sa croyance en son absolue toutepuissancelui suggère qu'il r n'y a plus de mauvais traitements B.Lorsque le sujet se sent impuissant, on comprend qu'il ne se sentepas non plus l'âme li agir.. .


Cependant, qu'il se sente impuissant ou tout-puissant, I'intervenântpeut encore glisser dans une alternative d'inaction. L'attitude étudi& parDominique Agostini dans <strong>Les</strong> B4feme.s d'e~ pdet nous montre à quelpoint le sujet peut etre pris au pikge d'une attitude moralisante. Dansnotre tête, un démarcage s'instaure à notre insu entre les bons * et lesu mauvais a. II y a les bons et les mauvais parents, les bons parents etles mauvais enfants, les bonnes et les mauvaises familles. Il y a doncaussi les bons thérapeutes et tes mauvaises assistantes sociaies, les bonsmédecins et les mauvais psychiatres et les radiologues toujours oubli&,parents pauvres de la constellation, aiors qu'ils sont l'origine du diagnostic6tant donne la précision de leur critkre.Le rhultat obtenu divise Ies services en bénefiques et nocifs. Or, iIsemble que c'est justement celui qui est cens& être fe plus quaIifiC qui,bizarrement, est vécu comme le plus dangereux. L'analyse <strong>des</strong>discours <strong>des</strong> intervenants a montré à quel point signaler signifie nuire :d'où le refus du signalement.11 faudrait aussi se demander pourquoi meme pas une lueur d'objectiviténe vient contrecarrer le vécu et les pensbes induites par ces familles.Nous ne pensons pas avoir pu tout cerner ; sans doute bon nombrede réactions internes on dût rester cachées. Notre dévoilement, restépartiel, temoigne d'ailleurs de notre respect, de notre désir de non-intrusionlors <strong>des</strong> investigations initiales. Ces familles pathologiques, parcontre, ne se privent pas, presque toujours à leur insu, d'exercer leuremprise. Faut-il reconnaître là une explication ?A notre avis, la relation d'emprise exercée par ces familles peutexpliquer l'état mental qui s'instaure en nous et nous prive de nos réactionshabituella. L'emprise va parfois jusqu'a une sorte d'envoiltementet le sujet peut être envahi même la nuit en n'arrêtant pas de rêver à cesfamilles. De meme, il arrive à <strong>des</strong> travailleurs sociaux de douter de faréalité <strong>des</strong> mauvais traitements même après signalement, au cours del'exercice d'une Action d'education en milieu ouvert. <strong>Les</strong> dbfenses s'&tablissenten nous quelle que soit notre profession et aussi complète quesoit notre formation. Sans doute ont-elles été à l'oeuvre lors de ce travailet responsables de nombreux refus à nous recevoir.


Mais il est une constante, signalée par les auteurs, retrouvk danstoutes les interviews quel que soit le mode de ddfense étudié : il s'agitdu discours paradoxal. L'interviewé ne semble remarquer ni ses incohdrencesni ses contradictions. Nous savons, par ailleurs, que ceci peut seproduire en nous quand momentanément la faculte d'établir <strong>des</strong> liens estcoup&. La pens& est Ars attaquk et bien entendu : w qui ne peutpenser ne peut agir a.Cette induction paradoxale signe h elle seule le caractère div6 dupsychisme de ces patients, Le parent maltraitant nous fait donc vivre iinotre insu ce qu'il vit lui-meme. Pourquoi s'en etorner ? Nous savonsque 1 'analyse du u contre-transfert » constitue Ie repbre du w travail » del'analyste. Il a compris que ce que lui fait vivre son patient tient au typememe de la relation que ce patient &ablit avec lui.Nous pourrions 6tendre cette dom6e it l'ensemble de nos relationsprofessionneltes lorsque nous travaillons sur et grâce à la relation,Bien entendu, on ne devrait pas parler ici de u contre-transfert »,terme très codifie correspondant it un travail au reperage très précis.Mais nous pourrions nous servir d'une extension de ce processus. Noussavons que de chacun de nous émane une ambiance particuliè.re. Uncertain u ressenti a s'instaure en nous-mêmes l'dvocation <strong>des</strong> personnagesque nous connaissons. Nous avons fait l'experience que certainsnous irritent et nous depriment, nous font du bien ou du mai, II s'agit dela constatacion du vécu dmotionnel induit par l'autre. Or, ce vécu est luimêmeinducteur de pensb.Est-ce ainsi que nous pourrions comprendre que la maltraitanceinduit en nous un système de d6fense correspondant à sa pathologie ?Là, on pourrait parler d'une v6ritable fascination, comme si l'intervenant,presque hypnotisé, perdait l'usage de sa pensee et de ses réactionshabitueiles, Pour se defendre de I'insoutenable, ii doit utiliser lesmoyens de défense les plus archaïques. Alors qu'il se veut secourable, ilse retrouve immobilisé, ligote par cela m&me qu'il veut fuir.Pour mieux comprendre, nous allons reprendre le syndrome maltraitance» et comparer son interaction d celle de l'intervenant - parent -maltraitant.


ETUDE DE LA MALTRAITANCE A TRAVERS LE DISCOURSDU PARENT MALTRAITANTCe qui frappe et trompe en même temps dans le discours du parentmaltraitant est son aspect apparemment raisonnable : tout apparaîtlogique : l'enfant est jugé dur, mauvais, méchant ; les alibis aux passages& l'acte immédiatement et irrémédiablement plausibles. Or, & laréflexion, rien ne tient, ni les alibis qui ne tiennent pas compte de laréalité physique de l'enfant, ni les reproches qui ne prennent pas encompte les étapes de son évolution physiologique : un bebé de six moisse voit reprocher de souiller ses couches.. . , un autre de dix mois de malmanger, de crier la nuit.Un observateur habitue peut discerner la discordance entre l'intensitéde la violence de l'affect et la bandit6 <strong>des</strong> faits reprochés.Si l'interlocuteur poursuit le dialogue, les reproches semblentprendre une allure plus signifiante : la petite filie de trois ans est suspectéede vouloir prendre le mari de sa m&re ! Et il n'est pas questiond'ironiser sur l'oedipe ! Une autre, & six ans, est accusée u de se leverla nuit pour ouvrir le gaz et tous nous tuer I » D'un bébé de six mois, ilest dit : w 11 crie la nuit, comment ne comprend-il pas que j'ai besoin derepos ? BQuand on demande au parent ce qu'il craint, on s'entend répondre :+t Mais voyons, vous ne voyez pas qu'elle prépare un mauvais coup ? BDans son discours, le parent charge l'enfant de ce qu'on a appelél'intentionnalité maligne. Cette attribution provient d'une projectionmassive du mauvais objet sur lui. La part agressive, <strong>des</strong>tructrice duparent s'est d6placée sur l'enfant.Cette projection a un caractere rigide et permanent : la convictionen est absolue. Si nous essayons de contredire, nous devenons suspect etl'ennemi de 1'interlocuteur.L'entretien se poursuit sur les raisons qui poussent l'enfant & seconduire de la sorte : u Elle emporte son goQter pour le manger dehorset ... montrer 2 tout le monde que je suis une mauvaise m&re !


D'un esfant de quinze mois, sans couches, dans un appartement nonchauft4 en ptein hiver - les fesses sont bleuies paf Ie froid - la m&redit : a II. p1ef~f-e- p r me faire prendre p m une mauvaise mkre, a L'inefprcféhttian<strong>des</strong> soi-dis=# mauvais compmments de l'enfant se shedans un regis&e persBeutif visant 4lasgir une faille narcifsique.propos d'&e bon ou mauvais parent. C'est la pzuentatitt! qui est enmuse mais elle retentit, ce faisant, sur le: sujert - si je ne suis pas bmem&re, c'est que je ne suis pas bonne,Quand on fait prêciser au parefit cr?. qu'il craint rhllemrsnt, aiorssurgisst=nt les btasmm nan explicit& au d&ut par rtfticence, A I%nfmtest amibu4 une force: et une puissarrce, <strong>des</strong> proje@ d'adulte (pmjwtionadultomorpke), Le pweat, en fait, se dèfd par lm coups d'en enfantvetiu mnrm un adulte meurtxier. * Nuus a@ mangeam pius ernsemble,quzurld efl~ s'=soit, elfe prend le regmd de sen père qui it voulu tausnous hrer, »Cet enfmt e dangereux s doit trtro maltrise et contf616. En Bit,l'adulte projene à Ikxterieur son propre d&ir de tuer I'enfmt : d&irdeni4 car il ns peut Ie prendre en cctmptt? ; il le wntr(fle en essaymt demaîitriser 8 *enfant.Après cela, en ggneraf, l'entretien tourne vifte c-ourt, Le parest. fsit&& d'une vie syst6matique Mtdt obturk par fe travail (bauaeat~ de trava@,tant8t morne sans crhtivite, sans oumre. 11 vit hIt5 : fe mntaet<strong>des</strong> autres le surcharge vite car ii se montre incapable d'assumer #es differences: a Si tu n'as pas le m&me dieu que moi, tu es mon ennemi * modisait une m&e. Pas de discussion si on n'a pas te meme avis ... Et puisc'est le vide, empmnt d'absurdité, Le silence s'6titbIit dans un sentimentimuppomb1e d'inanitè.f ~terragdsur les moments 05 X 'enfmt lm irrite le pfus et 09 surgissentIes mauvais traitements, les parents font part de ltrur vecu paradoxdlors <strong>des</strong> mments de rapprochement & I'e~fmt que constituent fa soins :mg^ de couches, bains, repas, lm dwirs scofairas: quand ils santplias grmds. Des cris la mit (souve~t b l'origine de mm &'enfa&) ilest dit par une mkre : rr Quand il criait, je devenais foffe, j%tais hors demoi, j'aurais fait n'importe. quoi ! a Elfe fui avait fiacars6 les jambespiusieurs reprises. L'enfant u sous terreur W, on peut s'en douter, ne


parle pas en consultation ou bien se limite à quelques <strong>des</strong>sins soumis àun controle de stricte banalisation.L'interaction parent maltraitant - enfant maltraité nous donne àvoir, à entendre un scénario aux allures de u scbne primitive. archaïqueet agie. Ce corps à corps se joue entre deux objets. Tous les auteurss'entendent sur la projection massive du mauvais sur l'enfant. 11 endecoule un clivage dans le psychisme qui se scinde en deux parts. Lapremibre, la u bonne ., voudrait se conserver à l'interieur pour leurpermettre de se vivre en tant que bon sujet et lutter contre leur faillenarcissique. Pour ce faire, l'autre, la mauvaise a, est projetée à I'extérieursur le corps de l'enfant. Mais cette mauvaise part leur revient del'ext4rieur : ils se sentent persecutés, ils cherchent à lutter contre cettepersécution par l'idéalisation. C'est dkrire le concept « d'idéalisationprojective s de Melanie Nein (1966) ('6). Tout y est : la projection, leclivage, le deni et l'idéalisation, Le déni comme le clivage d6coulant dela projection : déni de cette part clivde. Mélanie Hein décrit ces moyensde défense comme étant schuo-paranoï<strong>des</strong>, à la base <strong>des</strong> états psychotiques.Nous nous demandons quant à nous si, dans le monde de la maltraitance,nous ne trouvons pas toute une gamme d'organisations selonl'intensittr du traumatisme en cause : depuis la faifle narcissique au seind'un psychisme névrotique jusqu'à l'organisation narcissique dont leplus grave irait jusqu'à la structure psychotique ou perverse. Le caracterepsychotique du clivage et de la projection nous en est donne par sonaspect rigide et permanent - ainsi que par la conviction qui en est absolue.Si nous essayons de antredire, nous devenons à la fois suspect etfou Y à l'interlocuteur. On pourrait dire que nous clivons tous mais leclivage chez le n6vrosé a la quaiité d'être réversible.Dans notre thèse (1971) (14), nous avions, sur un mode psychiatrique,essaye de classer les personnalités mattraitantes, Aucune cat6-gorie de la nosographie ne convenait, mais on retrouvait à <strong>des</strong> degrésdivers <strong>des</strong> fonctiomement de la paranoïa, de la psychopathie, de la perversion.C'est sans doute ce bigarrisrne qui rend si difficile le diagnosticet par cons6quent la conduite à tenir qui en d6couIe.Pour mieux comprendre, il faut revenir à lf6tio1ogie de Ia maltraitance.Avec d'autres auteurs, Winnicott (1944) (24> a beaucoup insisté sur


l'importance <strong>des</strong> soins maternels dans le développement psychique deI'enfant. Lebovici (1983) ('3 a décrit en détail les interactions mbrenounisson.A ce niveau, il est clair que la mbre maltraitante n'apportepas les soins suffisants B l'édification du psychisme. La mbre suffisammentbonne de Wimicota dispense <strong>des</strong> soins U: suffisamment a régulierspour que l'enfant ne subisse pas ces états de détresse envahissants,d&tructurants de la mère absente, Elle n'est pas capable de çreer 1esystème parexcitation, cette sorte de barribre contenante à l'intérieur delaquelle I'enfant pourra créer son (u espace psychique a. Son fondiomementmental ne lui accorde pas les capacitds de rêverie décrites par Bion(1991) @), ne fui permettent pas d'intégrer tes mouvements agressifs <strong>des</strong>on enfant. <strong>Les</strong> cris Ia transpercent : ils ne peuvent pas prendre sens.En écho, elle crie et frappe et le Moi de l'enfant s'expulse danscette trouée non signifiante. La peau, support de trop d'excitation, nefigurera pas le symbole de contenant psychique (Anzieu, 1985, 1987Le regard de la mbre charge de haine sera en contradiction avec sessoins. Pour Lebovici, en effet, le regard de la mère serait le miroir danslequel I'enfant constituerait sa propre image - à condition qu'elle luirenvoie un regard d'amour,. .On peut se demander pourquoi ces mécanismes de défense si aliénants,<strong>des</strong>tructeurs, ont pour cible essentiellement I'enfant. A. Frejaille(1991) nous a parlé de I'enfant comme w objet pathogène (11) a. 11 seraitdifficile d'accepter que f 'enfant imaginaire ne corresponde pas à I'enfantréel. L'enfant rêvé est détrôné par l'enfant surmoïque, celui qui empêchesa mère de se réaliser, de travailler, etc. Quand le surmoi chez la mèreest resté primitif, c'est l'enfant qui est vecu comme exigeant, cagtateur,envahissant, vampire (PereI Wilgowicz, 1991 @)). C'est le cas dans lamaltraitance oh I'enfant est suspecté d'anéantir ses parents.Le modèle d'interaction pour Bleger (1986) constituerait un étatde symbiose bruable à I'individuation) dans lequel l'enfant serait ledépositaire du mauvais - symbiose signifiant un état oh les frontikesMoiltlon Moi ne seraient pas très franches, ce qui nous semble bien êtrele cas dans la maitraitance. Cette symbiose implique un fonctionnementpsychique de type objets partiefs où les contraires ne s'opposent pasencore, mais sont juxtaposés (ambigufté). Là, nous retrouvons le vécu


paradoxal inflige aux intervenants. Dans ce modéle d'interaction, le pole.passif, ici l'enfant, est cens6 rdpondre au désir de la projection de l'autreme. Ceci a le mérite de soulever le probléme de l'induction fantasmatique,mais aussi le demérite de risquer le glissement vers le fantasme del'enfant mauvais bien retrouve chez nos intervenants. Mais nedevons-nous pas comprendre qu'il puisse exister un certain fiou dansune interaction où Ie parent non encore vraiment individualiseinterpenktre avec un Moi infantile non encore individudis6 ?RELATIONS PARENT-MALTRAITANT-INTERVENANTEn analysant les interviews, nous avons vu que nous avonsregroupe <strong>des</strong> themes tels que doute, deni, toute-puissance, impuissance,clivage, deferse d'en parler, banalisation, Ces m&anismes de defensesemblent alterner les deux fies <strong>des</strong> defenses maniaques et depressives :- tantût ils correspondent aux m6canismes de défense <strong>des</strong> parents maltraitants: projections, deni, clivage, prise de position maniaque decontrôle et d'omnipotence ;- tantôt ils sombrent dans la depression avec confusion, coupure <strong>des</strong>pensées et victimisation.C'est corne si l'intervenant ne pouvait que s'identifier à l'un oul'autre <strong>des</strong> partenaires en action dans la maltraitance et que, réactivédans ses propres positions schizo-paranoi<strong>des</strong>, pour éviter ia depressiondans laquelle s'enfoncent certaines impulsions, il prendrait le partimaniaque de la toute-puissance.Ce faisant, que devient le Y désir w de l'intervenant : dksir altruisteapparemment traduit en terme de relation d'aide ou de désir de changement?. . . chez l'autre (celui-ci parait d6ja plus contestable vu la blessurenarcissique qu'il infi ige).Quel que soit le désir conscient de l'intervenant, tout semble sepasser comme s'il ne pouvait que s'identifier, soit l'enfant agressedkpressif, soit pour s'en défendre l'enfant (parent) agresseur,


Malheureusement, sans le savoir et sans le vouloir, le voila engagédans une relation dite de u burn out B qui donne ce qu'on a appel6 lesinterventions blanches (Agostini, 1990(1)). Ce processus relationneln'mkne aucune mobilisation et s'engage dans une r6p4tftion sans fin.Lt- psyckanalystw de groupe cornaissent bien ,tes interrelationrs.Cl. Pigo@ (lm)(18) nous d&rBt Bs interactions group<strong>des</strong> d'un groupe&drapeutique d8@nfm& qui essaie de sortir d'un fantsme d'imagomaterns?IHe toute-paaissmte 119% mmque da, contenarat. L'alternance <strong>des</strong>objets pageiels bons et mauvais est immobilis6 dans 141 garadoxalit6 ettous %a enfan& suni cap& pis l'ego& de maîarise de l'un dkux. Toussont saisis tels nos intemenanB dans les filets de son contr6le. Dans cecas, nous dit C. Pigoa, l'identification projective n'a pas le pouvoird%Iabosation de Ira repr&en&tion imagoïque maternelle primaire, Elien'aboutit pas et taisse le sujet prisonnier d'une imago maternelle encoreplus primitive cloaque ou chaos - congiom4rat d'objets partiels (Piaogrmede Piera Aulagnier, 1978 ",On a par16 du transfert massif, envahissant <strong>des</strong> psychotiques : laqualité du transfea a ici la même puissance. Voici ce qu'en ditJ,G. Badarocio : Dans la condition psychotique, deux tendances oubesoins imp6rieux coexistent : un besoin réet de I'appareil psychique defusionner avec un autre exterieur réel, en cherchant etablir une symbiosequi lui permette de se servir <strong>des</strong> ressources du Moi de l'autrecome si elles iui étaient propres (corne celle d'une m&re avec un petitenfant) et une autre tendance au moyen de laqueile sont rhctivées etactuaiish <strong>des</strong> experiences traumatiques douloureuses, <strong>des</strong> angoisses depersécution intenses, <strong>des</strong> v6cus de vide et de mort. Le patient se voitainsi compulsivement conduit à calmer 1 'angoisse psychotique au moyendu contrOle omnipotent de la relation objectale, ce qui s'exprime alorsdans les wnduites sadomasochistes, les cornplicith perverses, Ies misesen actes psychotiques.., sOn comprend ainsi la sorte de captation que subit l'intervenant et satentation toute fhérapeutique d'y céàer.Mais le contrtlle qui nous est administré a le pouvoir de nous subjuguer,saisir, sidérer, de nous barrer nos pens6es, de nous couper nosliens associatifs. Nous devenons come l'enfant, <strong>des</strong> objets sous


terreur » à manipuler si besoin est. <strong>Les</strong> psychanalystes de psychotiquesont très bien decrit à quel point pour être therapeutique, il faut savoir selaisser atiéner (Seales, 1981 (22) ; Racarnier, 1986 (20) ; Green, 1990 (13)).Pour rkumer, dans le cas d'une interaction de maltraitance, l'intervenant,pris en résonnance dans le jeu de ses mécanismes de défense,constituant la base de la stnicturation du Moi (Rodion, 1991 (19)) :- est imobilisé dans un transfert paradoxai ;- est contraint à correspondre 2 une part clivée et projet& sur lui : partdtfniee et qui ne peut se faire entendre (défense d'en parler),11 decoule de source que I'intentenmt ne pourra se u rt5tablir B,endommagé, qu'il est dans sa relation au parent maltraitant que grilce àune tierce personne, jouant le rôie de mldiateur. Il lui faudra sansdoute choisir ce médiateur parmi ceux qui s'y connaissent en fantasmes -ceci en toute liberté. On voit ici B quel point Im exigences d'une autoritéhi4rarchique serait alignante quant B l'expression du v&u del'intervenant...Nous souhaitons ainsi déculpabiliser complètement I?ntervenant,l'klairer sur nos motivations et nos fonctionnements, car il n'y a pas detravail relationnel sans étude de ce qui se passe en nous en reflet del'autre.En effet, pour rhumer, d'une part, une pathologie grave est décriteavec clivage de la personnalit&, forclusion du delire, bouffées impulsivesdangereuses, meurtrières, et de l'autre, un murmure d'insinuations *,perclus de dtcnbgations bandisantes, C'est un silence où nos pas s'ensevelissentdans la neige.. . Or, quand on dégage ce revêtement cd feutrant,on découvre avec stupefaction le même tableau mortifère !C'est sans doute le mérite scabreux de notre étude ...11 est permis de penser que ceux qui auront le courage de realisercette prise de conscience pourront se défaire plus facilement de cescbntre-attitu<strong>des</strong> et s'en déculpabiliseront par Ia mhe occasion. Pourcela, il faut aller parfois très loin. Il nous apparaft utile, en effet, quel'intervenant auprès de ces familles soit capable d'une démarche intérieureparticulière qui n'est pas donnée tous : paradoxalement, il nedoit pas se sentir coupable de la n haine » que I'autre lui fait vivre.


Julia Kristeva (1980) l nous instruit du pouvoir de l'horreur, ellenous montre par quels chemins elle arrive à exercer une véritable fascinationsur nous. Cette fascination n'existe sans doute que parce qu'elleripond au même sadisme cache et profondement refoulé en nous. <strong>Les</strong>psychismes lpparemment mieux constniits que nous sommes nesemblent pas avoir trouvé de reponse plus adéquate sans faire l't?conomiede la culpabilité. Or, nous savons tous que la culpabilité est mauvaiseconseillbre. Cela peut etre etrange en effet de terminer par une recommandationqui vise à déculpabiliser non pas le parent, mais l'intervenantlui-même.Quoi qu'il en soit, il s'agit peut-être avant tout d'attraper le bon.S fil B et savoir que la bonne demarche serait d'agir contre le systbmeparadoxal en cherchant avant tout à retablir tes liens.Pour cela, quelques u réflexes P pourraient déjà se forger en nous :- Dans le doute.,. ne pas s'abstenir, selon l'adage médical bien connu,qui a dejh sauve bien <strong>des</strong> vies humaines ;- Dans fe doute,.. se renseigner : appeler les équipes spécialisées. Personnalisernos relations professionnelles. Ne pas hésiter nous dbcloisonner,vaincre notre peur. Ne pas rester sur nos a priori concernantles u autres a.Dans le cas contraire, même lorsqu'on a le sentiment de tout savoir,communiquer tout de même : il a et6 amplement demontre qu'il est discilede se forger seul une opinion.Se rappeler qu'il est utile de signaler, même en cas de soupçons demauvais traitements. Ne pas oublier de reunir dans ces cas une équipeintersectorielle en vue de réflechir, d'évaluer ensemble,Que le lecteur nous pardonne ces recommandations, sans aucundoute devaIorisantes car elles paraissent s'attaquer A la valeur fondamentalesur laquelle repose tout notre systeme institutionnel. Notrecapacité professionnelle repose, en effet, sur notre a savoir s, nos aptitu<strong>des</strong>2 trouver les solutions sans en referer aux autres. II est demande làune qualité contraire, 2t savoir s'adresser à l'autre, sans pour autant sesentir déchoir dans ses qualités professionneiles.1. Julia Kristeva, (1980). Le Pouvoir de I'horreur - &soi sur l'abjection. - Paris : Seuil.


S'agit-il d'être un saint ? Reconnaissons que la maltraitance nous yoblige ... Que nous avançons en terrain mouvant, de pieges en pieges.Ne nous laissons donc pas ddprimer, car derrière ces sentiers iifusoiresse trouve I'enfant oubli6 entre temps, qui attend notre aide, que nous lereconnaissions et (L qui nous pouvons sauver la vie dans l'humilitt? denotre action.


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AnnexesAnnexe 1 : Mdthode de d6pouillementAnnexe II : Identification de la population contactéeAnnexe III : Analyse <strong>des</strong> contenus


Dans un premier tew8gsp en pssession d'une bnne partie <strong>des</strong> interviewsemegistrées ou mmuscrites (obtenues à partir du guide d'enaretienci-aprhs), nous avons tenté de dégager les gran<strong>des</strong> lignes qui structuraientles discours <strong>des</strong> intemenm.Ces axes forment le mqus de cet ouvrage : nous avons retenucorne <strong>des</strong> constantes l'expression de la position de la toute-puissance/impuissance, du clivage, du doute, de la banalisation.Dans un deuxiame temps, nous avons affiné notre approche dechaque th&me en deteminant pour chacun les divers items qui peuventêtre considérés comme s'y rapportant (Cf, griIle de décodage,mexe III).En possession de ces items, nous avons lu et relu chaque interviewet codé l'un ou l'autre item chaque fois quY1 appâraissait un momentou h un autre de l'interview,Ainsi, si chaque thbme est prdsent dm t'ensemble <strong>des</strong> interviews,car ifs reprhentent <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de défense ccrmmuns Zt chacun d'entrenous, c'est leur rbp6tition dans le discours qui nous a permis d'obtenirun 21 profil » de chaque interviewé et de dégager une courbe statistique.Faute de temps, nous avons négligé une autre forme d'analyse : tasuccession dans le temps <strong>des</strong> divers mo<strong>des</strong> de défense (nous avons donnéun exemple concret de cette possibilité d'analyse dans Ie chapitre consacreh la banafisation).


GUIDE D'ENTmTIEN UTILISE LORS DES INTERVIEWSAuPm IlES INTERVENrnS1, Avez-vous rencontré <strong>des</strong> enfants qui vous semblaient maltraités ?2. Comment avez-vous été amen6 lî penser qu'il y avait mauvaistraitements ?3. Quelles ont ét6 vos réactions durant le temps où vous êtes restt!seul avec vos suppositions ? (Combien de temps ? Qu'est-ce quivous a fait hésiter le plus ? Qu'est-ce qui a btayt! le plus vos mitu<strong>des</strong>?)4. Etes-vous rat6 seuI avec vos suppositions ou avez-vous consuit6d'autres personnes ?5. Quelle a éte la nature de votre intervention ?6. Que s'est-il passé aprb votre intervention ?7. Avez-vous pu par la suite avoir <strong>des</strong> informations sur la situation del'enfant 28. Etiez-vous d'accord avec la suite donnée ?9. Quelle était la situation familiale de l'enfant ? (âge, fratrie, sexe,classe sociale, autre indications., .).10. Qui était, d'aprb vous, Ie parent maltraitant ?11. Cornent parlait-il de son enfant? Coment réagissait-il parrapport l'enfant ?12, Quelles raisons invoquait le parent pour expliquer les traces <strong>des</strong>mauvais traitements ?13. Quelles raisons invoquait-il pour expliquer son comportement ?14. Quelle interprétation faisiez-vous, vous-même, sur ces traces ?15. Quelies raisons invoqueriez-vous au comportement du parent ?16, Avez-vous repéré <strong>des</strong> traits particuliers chez le parent? Chezl'enfmt ?17, Comment êtes-vous entré en contact (verbal) avec le parent ?


1) <strong>Les</strong> secteurs dfaetivit&a) Scolaireb) CrhheslPMfc) Services sociauxIPrévention/F~yecs d'accueildl) Hopiauxe) AutresNombred'interviewsTotal2) Professionsa) Directrices de crkhesb) Directrices d'kcolesc) Directrices de foyers d'accueil qkiafisdsd) Médecinse) Infirrnibrsf) Assistants sociauxg) Psychologuesh) Instituteursi) Puéricultrices, educ. de jeunes enfants, auxitiairesj) Policek) Secrétaire médideTotal


ENSEMBLE DES PROFESSXONNELS CONTACTESMédecins (lettre)Médecins (contact direct)Infirmières à domicileInfirmières (hSp., scol,)Directrices de crèchelPM1Directrices d'écoleAssistants sociauxDirecteurs de foyers d'accueil specialisdPsychologuesInstituteursPuéricultricesPoliceSecretaire médicaleTotalNombretotalReponsespositivesLm médecins généralistes et pédiatresNous avons contacté 100 médecins g6n6raiistes et 26 pédiatres.RecrutementNous avons contacté tous les pédiatres de l'arrondissement et untiers <strong>des</strong> médecins generalistes, choisis au hasard sur la liste <strong>des</strong> médecinsexerçant sur cet arrondissement.ContactLe contact s'est fait par lettre et questionnaire en demandant unerencontre.


Analyse <strong>des</strong> ri5ponsesNombre de réponses : personnels autres qu'assistants sociaux : 48,Ont-ils rencontré <strong>des</strong> enfants maitrait& ?oui: 11 9 96 du total 23 % <strong>des</strong> réponsesNon: 33 26 % du total 69 56 <strong>des</strong> rtlponsesN.R. : 4 3 % du totai 8 % <strong>des</strong> rclponsesAcceptent-ils de nous rencontrer pour en parler ?ûui : 4 3 % du total 8 % <strong>des</strong> repensesMon : 40 32 % du total 83 % <strong>des</strong> réponsesM.R. : 4 3 Z du total 8 % <strong>des</strong> réponsesSouhaitent-ifs <strong>des</strong> informations comp16mentaires sur lie problkme del'enfance maltraitée ?Oui : 7 6 % du total 15 46 <strong>des</strong> réponsesPeut-être :2 2 % du total 4 95 <strong>des</strong> réponsesMon : 19 15 % du totd 39 % <strong>des</strong> rf'ponsesN.R. : 20 16 96 du total 42 % <strong>des</strong> réponsesUn certain nombre de médecins rependent anonymement (16, soit38 96 <strong>des</strong> réponses).Sur les 11 qui ont rencontré <strong>des</strong> enfants maltraités, 6 donnent leurnom, nous les avons recontactés par téléphone, mais ils ont persisté dansleur refis, parce qu'ils ne voyaient pas l'utilité d'en parler, parce qu'ilsont fait ce qu'il fallait ou encore parce qu'ils sont tenus au secret professionnd.<strong>Les</strong> infirmières B domicileNous avons contacté par lettre et questionnaire toutes les infirmieresà domicile de l'arrondissement, soit 60.Nous avons reçu 8 réponses (13 %).


Deux personnes avaient rencontre <strong>des</strong> enfants maitrait&, acceptaientet soühaitaient nous rencontrer. Mais Ibn <strong>des</strong> numtfros de tdit5pbonesbt révélé inexact et nous n'avons rencontré qukne seule personne.Ont rencontre <strong>des</strong> enfants maltrait6 :Oui : 2Non: 5N.R. : 1Acceptent une rencontre :Oui : 2Non: 5N.R. : 1Connaissent un coIl&@e qui a rencontrt! <strong>des</strong> enfants maftraites :Oui : 1Non: 5N.R. : 2Jugent qu'une infornation serait utile :Oui : 1Non : 5N.R. : 2


IIIMUYSE DES CONTENUS- Le doute exprid 70 50- LB doute potte sur la daiiti5 <strong>des</strong> muv&s t~tements 71 3 1- Le doute porte sur les dires <strong>des</strong> autres(erafant, parent, autre intemmt.. .) 72 IO- Le doute porte sur la d6finition <strong>des</strong> muvaiskalkmts 73 f 6Ddn6~~on du doute qui s'exprime par une certitude 74 40Certitude qu'il y a muv&s traitean& sami preuve 75 6- Certitude de muva& traitements parce qu'ils ant dtt3affim& par d'autres 75 18Item du doute : 70, 71, 72, 73,Idem de la certimde : 74,75,76.No d'item- L'intenenmt àit ne pas chercher 8i avoir ce queles aritres en savent 58- E'h$enenan$ sait tout 58- Vintenenant fait fout lui-même BO- L5ntemenant fait tout avec son Quipe QI- L'inientenant ressent 'les autres come incapables,&efficaces 62- L' &tervenant ressent les autres corne hgereux 43- L'interveatnnr ressent les auautres corne envâhissesirspaf mppoirt à lui 64


No d'itemFréquence- L'intemenaat reconnaît la compétence <strong>des</strong> autres 65 42- L'intervenant veut collaborer avec les autres 66 46- L'intervenant se sent inconqpétent 67 8 1- L'intervenant veut se décharger <strong>des</strong> responsabilités 68 91- L'intervenant veut menacer les parents 69 15Item de la toute-puissance : 58, S9,6û, 61,62,63, 64,69.Idem de l'impuissance : 67,68.Item de l'attitude adéquate * : 65, 66.. Problématique familialea) Discours sur le parentP BP M BM A- Eléments positifs 10 20 30 40 50 n'd'item69 3 191 4 12 nb. rdponses- Eldments nhgatifs 11 21 31 41 51 n'd'item141 20 197 18 15 nb. réponses-Elhmentsné5gatifs atthuRs 12 22 32 42 52 no d'itempar tentatives d'excuse 104 2 293 6 4 nb. réponsesP =: Pere ; M = Mkre ; BP = Beau-pkre ; BM = Belle-mkre ;A = Autres (grand-pkre, grand-mère, oncle, tante.. ., nourrice).b) Discours de f 'enfantNo d'item FdquenceL'enfant est juste évoqu6 O 159L'enfant est décrit B travers sa muffrance 1 214L'enfant est d&nt comme nom1 2 47L'enfant est décrit comme une victime 3 106- L'enfant est d&rit comme manipulateur, provocateur 4 82


Banalisation exprimée par une gh4mlimtionBanalisation exprimée pr un poncif- Banalisation exprimée par <strong>des</strong> atûrSImtions- Banalisation euIhtmlie- D-tisation- Difficdh ou al& tsdueatifs assimil&8 <strong>des</strong> mauvais tnsitemts- Dmtisation sadiqueNo d'itemFréquence148969949Item de la bmdisation : 80, 81, 82, 87.Item de la dramatisation : 83, 84, 85.Causes invoquées <strong>des</strong> mauvais traitmm&Causes socio75conodquesCauses compofiemntalesCauses psychologiquesCauses pychiatziques- Causes en rapport avec <strong>des</strong> pmbliimesde couple ou de dyna~que fa~lialeCauses culturellies- Causes mystériew fir magiques .):fatalité, différence dicale <strong>des</strong> pamnnts mltrslEantsNo d'itemFréquencePrablématique du signalementNa d'itemfréquence- Cas signal& par I'inlervenant. A qui ? 95 103- Cas non signalé 95 84- Cas déjA signalé 97 42


L.e Centre Technique National d'Etu<strong>des</strong> et de Recherches sur lesHandicaps et les Inadaptations (mEMl), association Loi de 1901,remercie vivement tous les organismes qui, par leur participationfinancie?re, lui permettent d'accomplir ses missions :- Ministkre <strong>des</strong> Affaires <strong>sociales</strong> et de I'Intégration- Ministère de la Recherche et de I'Ebpace- Caisse Nationale d'Assurance Maladie <strong>des</strong> Travailleurs salariés(CNMS)- Mutualité Sociale Agricole (h4.S.A.)- Secrétariat d'East aux Anciens Combattants- Association Française contre les Myopathies (A.F.M.)- Service d'Etu&s et de Recherches sur les Transports (SERT)- Institut National de la Santé et de la Recherche MtSdieale (INSERM)- L'Association de Fonds de Gestion pour l'Insertion Rofessionnelle<strong>des</strong> personnes handicapees (AGmPH)- Direction inkminist~elle <strong>des</strong> Villes (D.I.V.)- Ministère de la Justice- Fondation de France


Edité par le CTNERHlTirage par la Division ReprographieDépôt légal : Février 1993IÇBN 2-87710-069-3JSSN 0223-4686CPPAP 60.1 19Le Directeur : Annick DEVEAU

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