VIOlENCEs CONjugalEs - Province Nord

PortraitLéo Varnier,entreprendrepour les femmesElle aurait pu profiter de sa retraite aprèsune vie professionnelle bien remplie.Au lieu de quoi, Léo Varnier a crééson entreprise pour mettre en pratique,dans le domaine économique,l’intégration des femmes qu’ellea prônée durant plus de 20 ansdans le cadre politiqueet associatif.10Tour à tour éducatrice sanitaire,agent comptable à l’Aviation civile,fonctionnaire provinciale, élue politiqueen Province Nord et largement impliquéedans le mouvement associatif pour la promotionde la condition féminine, Léo Varniera poursuivi son parcours par la créationd’une entreprise chargée du nettoyagedes locaux sur le site de Vavouto. Le savoirfaireacquis au sein de ces différentes affectationsen matière de gestion financièreet de ressources humaines a trouvé sonapplication dans un domaine qui lui tient àcœur : l’émancipation des femmes kanak.« Mes racines sont à Oundjo et Gatope,même si je suis une enfant naturelle etque mon mariage avec un métropolitainm’a amenée à vivre à cheval entre deuxcultures. Au moment des Evénements, j’aiquitté Nouméa, en me mettant en disponibilité,pour m’installer dans le Nord etj’ai constaté le fossé qui existait entre lacapitale et la Brousse. A la création desprovinces, j’ai demandé ma réintégrationpour travailler avec les femmes que j’avaiscôtoyées au cours de mes tournées deconseillère rurale » résume Léo Varnier.Après avoir mis sur pied la Mission de laFemme et contribué à la création de l’Associationpour la prévention des abus d’alcool(APAA) et de SOS Violences sexuelles,elle met le pied dans le monde del’économie solidaire en 1993 par le biaisde Batefo. Cette structure qui vise à procureraux femmes des tribus des revenuspar la vente d’artisanat est restée inscritedans la mémoire collective bien après safermeture en 2003. « Batefo achetait toutce que produisaient les femmes dans toutesles communes de la Province Nord. Ily avait un atelier à Koné pour transformerles produits et la matière première et onorganisait des défilés de robes Mission. Ona aussi lancé les activités de restaurationpar les associations pour permettre auxfemmes de gagner de l’argent. Quand j’entreprendsquelque chose, je veux qu’il y aitun résultat au bout. Ça m’a valu le surnomde la Chinoise » poursuit l’entrepreneuse.La notoriété de Batefo va amener LéoVarnier à la politique en 1999. Mais alorsqu’elle relance le Conseil des Femmes,elle se voit contrainte de lâcher les rennesde la petite coopérative qui va lentements’éteindre. « Ce mandat politique a étél’erreur de ma vie » déplore-t-elle, sanstrop s’appesantir sur le sujet. Il lui faudradeux ans pour retrouver le goût de l’actionlorsque son cousin, mandataire du GDPLTaa ma Pwanefuk, ayant-droit coutumiersur les terres de Vavouto, l’invite à monterune société pour les travaux de nettoyagedes bureaux de l’usine du Nord dont laconstruction commence. Ce sera Maabula,« persévérant » en langue Haveeke.Elle recrute son personnel chez les mèrescélibataires, ou les femmes dont le conjointne travaille pas, et développe des principesd’économie solidaire pour améliorer lesort de ces foyers. « Dans le monde kanak,l’entrepreneur est considéré commeayant de l’argent et devant donner autourde lui. Ça ne me gène pas car j’ai toujoursaidé, mais la gestion de certains patronsmélanésiens me fait peur car ils confondentchiffre d’affaires et bénéfice » observeLéo Varnier. Mais le goût d’entreprendreest toujours là et elle envisage la créationd’une galerie d’art avec les bénéfices généréspar Maabula.Deux femmes d’honneurDéwé Gorodey et Léonie Varnier ont été décorées de la Légiond’Honneur au mois de janvier dernier. Cette distinctionrépublicaine traduit la reconnaissance de l’Etat pour l’engagementmanifesté tout au long de leur vie par ces deuxCalédoniennes au profit des femmes et en particulierdes femmes Kanak. Nos félicitations aux deux récipiendaires.