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la Coccinelle asiatique

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Ces deux formes de <strong>Coccinelle</strong>s appartiennent bien à une seule et même espèce :Harmonia axyridis - Cliché L. Tedders/USDA ARS à www.insectimages.orgPar Gilles San Martin, Tim Adriaens, Louis Hautier et Nico<strong>la</strong>s Ottart .<strong>la</strong> <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong>Harmonia axyridisÀ <strong>la</strong> fin du mois d’octobre 2004, des milliers de coccinelles se sont rassembléesau même moment, un peu partout en Belgique. De tels rassemblementsont suscité l’étonnement de bien des particuliers : “on n’avait jamaisvu ça !”. En effet, c’est nouveau : trois ans après les premièresobservations de <strong>la</strong> <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong> dans <strong>la</strong> nature, nous avons assistéaux premiers rassemblements dans les habitations privées. Et il faudra s’yfaire : ces rassemblements risquent fort de s’intensifier dans les années àvenir. Entre les propos sensationnalistes d’une partie de <strong>la</strong> presse et lescommuniqués minimalistes de certaines entreprises de lutte biologique,nous tentons ici de répondre, le plus objectivement possible, aux questionsqui nous ont été posées sur cette nouvelle venue.■ Qui est-elle ?Harmonia axyridis (ColéoptèreCoccinellidé) est une coccinelleoriginaire du Sud-Est de l’Asie quiprésente une très grande variabilitéde couleurs entre individus,d’où son nom en ang<strong>la</strong>is de multicolouredasian <strong>la</strong>dybird 1 .1 Une p<strong>la</strong>nche couleur illustrant les principalesformes d’Harmonia axyridis peut être téléchargéeà www.ent.orst.edu/urban/Harmonia.html■ Comment vit-elle ?Comme toutes les coccinelles, <strong>la</strong><strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong> passe l’hiver àl’état adulte. Le printemps venu,l’accouplement a lieu et <strong>la</strong> femelledépose des œufs par petitsgroupes à proximité d’une sourcede nourriture. Au bout de quatre àcinq jours, les œufs éclosent etdonnent naissance à une <strong>la</strong>rve auLa <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong>, un redoutableprédateur utilisé en lutte biologiqueCliché Frans Vandemaelecorps mou, d’allure très différentede l’adulte (mais de régime alimentairesimi<strong>la</strong>ire). Elle passe parquatre stades avant de se transformeren nymphe, stade immobileet fixé au feuil<strong>la</strong>ge. Après quelquesjours, le nouvel adulte émerge et lecycle recommence. Plusieurs générationspeuvent se succéder aucours d’une même année.Insectes 7 n°136 - 2005 (1)


Ponte - Cliché Frans VandemaeleComment reconnaître Harmonia axyridis ?La détermination de <strong>la</strong> <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong> n’est malheureusement pas évidente à cause desa très grande variabilité de couleurs. Notre <strong>Coccinelle</strong> à 2 points, qui hiverne aussi dans lesmaisons, est également très variable ! La combinaison de deux caractéristiques permet dedistinguer <strong>la</strong> <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong> :- sa taille plus grande que celle de <strong>la</strong> plupart des espèces indigènes : 5 à 8 mm ;- son pronotum qui peut présenter trois types dessins : c<strong>la</strong>ir avec un dessin en forme de“M”, c<strong>la</strong>ir avec “patte de chat” (une tache centrale avec 4 autres taches en demi-cercleautour) sans taches supplémentaires et, enfin, noir avec deux <strong>la</strong>rges bandes c<strong>la</strong>ires.Il existe une espèce indigène avec un dessin en patte de chat mais elle est plus petite et lesespèces indigènes qui mesurent plus de 5 mm ont un dessin différent sur le pronotum.Larve d'Harmonia axyridis en quête d'unrepas - Cliché Frans VandemaeleLa <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong> se nourritessentiellement de pucerons(Hémiptères Aphidoidés) etd’autres petits insectes à corpsmou. En automne, elle peut égalementse nourrir de fruits. Elle estcapable de vivre dans pratiquementtous les milieux, aussi biendans <strong>la</strong> strate herbacée que dansdes arbres feuillus ou résineux.■ Comment est-elle arrivéechez nous ?La <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong> a été volontairementimportée en Belgique etrelâchée dans <strong>la</strong> nature commeagent de lutte biologique. Elle estutilisée par les horticulteurs dansdes serres mais des particulierspeuvent également se <strong>la</strong> procurerpour lutter contre les puceronsdans leur jardin. Les entreprises delutte biologique <strong>la</strong> recommandentaussi pour <strong>la</strong> lutte en plein champ.Cette espèce doit son “succès” à certainescaractéristiques qui fontd’elle un prédateur très intéressantpour <strong>la</strong> lutte biologique : elle est extrêmementvorace et polyphage, safécondité est très élevée et elle estcapable de vivre dans de nombreuxmilieux différents et sous des climatsassez variés. En outre, elleQuatre formes parmi les plus courantes d’Harmonia axyridis. On remarque les trois typesdessins sur le pronotum (de gauche à droite) : patte de chat, “M”, noir avec 2 <strong>la</strong>rges bandesb<strong>la</strong>nches. Il s’agit en fait d’un continuum : les taches de <strong>la</strong> patte de chat fusionnent pourdonner le “M” qui donne le 3 ème dessin si <strong>la</strong> fusion est encore plus importante.NB : le nombre de taches est très variable.Adalia bipunctata, <strong>la</strong><strong>Coccinelle</strong> à 2 points. Lerisque de confusion estmaximal avec cette espèce.En effet, comme H.axyridis,elle est très variable et elles’agrège dans les maisonsen hiver. Elle est plus petite(< 5 mm), les dessins dupronotum sont différentset ses pattes sont toujoursnoires (souvent bruneschez H. axyridis)peut être facilement élevée en masseet nourrie avec les œufs d’unLépidoptère des denrées, dont l'élevageest industrialisé, contrairementaux autres espèces de coccinellesqui nécessitent un apport de puceronsfrais. La <strong>Coccinelle</strong> à 2 points,Adalia bipunctata, indigène, estaussi efficace mais plus coûteuseen raison des difficultés de son élevage(fécondité moindre, difficultésliées à <strong>la</strong> nourriture) et de sa voracitéplus faible (nécessité d’utiliserun plus grand nombre d’individuspour un résultat identique).Adalia 10-punctata, <strong>la</strong><strong>Coccinelle</strong> variable, estcomme son nom l’indiquetrès variable et ressembletrès fort à H. axyridis (coloration,y compris le pronotum).Les seules différencessont sa plus petitetaille et le fait qu’elle nes’agrège pas dans les maisonsen hiver.Harmonia 4-punctata est <strong>la</strong>cousine indigène d’H. axyridis.Elle a <strong>la</strong> même taillemais elle vit uniquement surles pins et le dessin de sonpronotum est différent : unepatte de chat avec une sériede taches supplémentairesautour. En outre, elle nerentre jamais dans les maisonsen hiver. Le nombre detaches sur ses élytres esttrès variable.La première observation dans <strong>la</strong>nature en Belgique remonte à septembre2001 dans les environs deGand. Depuis <strong>la</strong> fin de l’année2002, elle a commencé à se répandreà une vitesse extraordinaire(voir graphique). Au départ, elleétait essentiellement observée àBruxelles et en F<strong>la</strong>ndre dans desvilles comme Anvers, Gand,Louvain (ou à proximité). À <strong>la</strong> finde l’année 2004, elle semble avoircolonisé toutes les régions deBelgique à l’exception du Sud del’Ardenne et <strong>la</strong> Lorraine (voir carte).Insectes 8 n°136 - 2005 (1)


Nymphe - Cliché Frans VandemaeleElle a également été observée dansle Sud des Pays-Bas, dans le Nordde <strong>la</strong> France, en Allemagne et enAngleterre.■ Quels sont les problèmesposés par cette espèce ?La <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong> pose touteune série de problèmes. Le premierest d’ordre environnemental.H. axyridis est considéré commeune espèce invasive : d’origine exotique,elle se répand à très grandevitesse et représente une menacepour les espèces indigènes et pourl’équilibre des écosystèmes. La menacesur nos espèces de coccinellesest particulièrement importante.En effet, <strong>la</strong> <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong>entre non seulement en compéti-Nombre de localités2502001501005002001 2002 2003 2004Figure 1 - Nombre de localités où Harmoniaaxyridis a été trouvée en Belgique pour chaqueannée depuis 2004.Données : Groupe de travail Coccinu<strong>la</strong>Depuis 2001Depuis 2002Depuis 2003Depuis 2004Évolution de <strong>la</strong> répartition d'Harmonia axyridis en BelgiqueDonnées : Groupe de Travail Coccinu<strong>la</strong> - Réalisation de <strong>la</strong> carte : Dirk Maestion (pour <strong>la</strong> nourriture, l’espace…)avec les coccinelles prédatrices indigènesmais, en plus, elle est capablede se nourrir directement deleurs <strong>la</strong>rves, se comportant ainsi enprédateur intraguilde 2 . Des étudesaméricaines ont déjà démontrél’impact négatif qu’elle peut avoirsur les espèces indigènes. AuCanada, plus de 60% des coccinellesobservées aujourd’hui appartiennentà deux espèces importées,dont H. axyridis. L’UniversitéLibre de Bruxelles mène actuellementune étude pour évaluer l’impactprécis de cette espèce dansnotre pays ; les premiers résultatssont assez a<strong>la</strong>rmants.Deuxième problème : malgré sonétiquette d’insecte “utile 3 ”, par sonaction de prédation sur les pucerons,<strong>la</strong> coccinelle <strong>asiatique</strong> peutprovoquer des nuisances vis-à-visde l’homme et devenir un insecteindésirable. En effet, elle peuts’agréger par centaines, voire par2 Une guilde est un ensemble d’espèces utilisant les mêmes ressources (Harmonia axyridis fait partie de<strong>la</strong> guilde des espèces dévorant les pucerons). Les membres d’une même guilde sont donc en compétitionpour cette ressource. L’acte de prédation sur un membre sa propre guilde présente un avantage direct: gain énergétique sous forme de nourriture et un avantage indirect : élimination d’un compétiteur.Le fait qu’H. axyridis soit un prédateur intraguilde très efficace rend donc cette espèce invasive particulièrementdangereuse pour les popu<strong>la</strong>tions de coccinelles indigènes.3 NB : <strong>la</strong> notion d’espèce utile ou nuisible est aujourd’hui obsolète : toute espèce a sa p<strong>la</strong>ce et joue unrôle qui participe à l’équilibre subtil de nos écosystèmes. On parle de ravageurs pour les espèces quisont susceptibles de provoquer une perte économique pour l’homme et d’auxiliaires pour les espècesqu’il utilise pour lutter contre les ravageurs.milliers, d’individus dans les maisonspour passer l’hiver. Elle ne représenteaucun danger sanitaire(pas de transport de ma<strong>la</strong>dies, trèsrares cas d’allergies ou d’irritations)Coccinu<strong>la</strong>Le GT Coccinu<strong>la</strong> est ungroupe de travail actifau niveau belge quirécolte des donnéessur l’écologie et <strong>la</strong>répartition des coccinelles en Belgique.Nous y suivons de près <strong>la</strong> progression de <strong>la</strong><strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong> et effectuons un travailde sensibilisation et d’information sur lesproblématiques liées à cette espèce et à <strong>la</strong>conservation de nos espèces indigènes. LeGT Coccinu<strong>la</strong> diffuse également une clé dedétermination des coccinelles et publie unefeuille de contact semestrielle téléchargeableà l’adresse suivante :www.instnat.be/content/page.asp?pid=FAU_LHB_NieuwsbrievenLe GT coccinu<strong>la</strong> est coordonné pour <strong>la</strong> partiefrancophone par l’asbl 4 Jeunes etNature (www.jeunesetnature.be) et pour <strong>la</strong>partie néer<strong>la</strong>ndophone par le Jeugdbondvoor Natuurstudie en Milieubescherming(www.jnm.be). Coccinu<strong>la</strong> est en partiefinancé par <strong>la</strong> Région f<strong>la</strong>mande.Si vous êtes intéressés par le travail deCoccinu<strong>la</strong> ou que, vous aussi, vous avezobservé des coccinelles <strong>asiatique</strong>s, faitesvousconnaître…GT Coccinu<strong>la</strong>, c/o Jeunes & Nature, BP 91,1300 Wavre oucoccinu<strong>la</strong>@jeunesetnature.be4 asbl = association sans but lucratifInsectes 9 n°136 - 2005 (1)


En fin de saison, <strong>la</strong> <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong> peut s’attaquer aux fruits endommagésCliché E.C. Burkness, University of Minnesotaet elle n’abîme rien dans <strong>la</strong> maison(mis à part d’éventuelles tachesjaunes sur les murs lorsqu’elle estdérangée ou écrasée) mais <strong>la</strong> cohabitationpeut s’avérer très désagréable: les insectes peuvent setrouver partout, en grand nombreet émettre une substance jaunâtremalodorante et toxique (mais sansdanger pour l’homme).De ces deux premiers points découlentune série d’autres problèmes.Les coccinelles sont le symbolemême de l’insecte utile et de <strong>la</strong> luttebiologique ; or, <strong>la</strong> commercialisationirréfléchie de cette espècepourrait discréditer <strong>la</strong> lutte biologiqueaux yeux du grand public. Il ya également un problème éthiquedes plus délicats à discuter :l’homme a-t-il le droit de jouer àl’apprenti sorcier en manipu<strong>la</strong>nt <strong>la</strong>nature comme il le fait et surtoutsans prendre de précautions élémentaires? Ce choix et les risquesqui y sont liés impliquent non seulementles citoyens d’aujourd’huimais également les générations àvenir. Un autre problème estd’ordre politique : plusieurs paysont importé et commercialisé sansprécaution une espèce invasive quise répand dans des pays voisins quine l’ont jamais introduite. Enfin,elle pourrait poser un problèmeQue dit <strong>la</strong> loi belge ?En Wallonie, selon <strong>la</strong> nouvelle loi sur <strong>la</strong>conservation de <strong>la</strong> nature (2001), l’introductiondans <strong>la</strong> nature d’espèces non indigènesest interdite à l’exclusion des espècesservant à l’agriculture et à <strong>la</strong> sylviculture.L’introduction d’Harmonia axyridis sembledonc légale en Wallonie puisqu’il n’existepas de loi traitant du cas particulier de <strong>la</strong>lutte biologique. Cependant, <strong>la</strong> directiveeuropéenne Habitats indique que les Étatsmembres devront veiller à réglementer l’introductionintentionnelle d’espèces nonindigènes de manière à ce qu’elles ne portentaucun préjudice aux habitats naturelsou aux espèces indigènes sans distinguerles espèces utilisées pour l’agriculture.En F<strong>la</strong>ndre, toutes les espèces de coccinellesindigènes sont protégées (KB 22-09-1980). Il est interdit de les tuer, chasser,garder en captivité, transporter, perturber,détruire leurs habitats, etc. Quant auxespèces exotiques, une décision de l’exécutifde <strong>la</strong> communauté f<strong>la</strong>mande(21/04/1993) interdit l’introduction dans <strong>la</strong>nature d’espèces non indigènes sauf aprèsl’octroi d’un permis. Ce permis ne peut êtreattribué qu’après avoir étudié les conséquencesde l’introduction sur <strong>la</strong> faune indigène.Comme ceci n’est pas le cas, ilsemble donc que l’introduction d’Harmoniaaxyridis soit illégale en F<strong>la</strong>ndre ! Les circonstancesexactes dans lesquelles cetteespèce a envahi nos écosystèmes sontcependant difficiles à mettre en évidence.Toute légis<strong>la</strong>tion devrait donc non seulementréglementer l’introduction (l’actionde relâcher) des espèces non indigènesmais aussi leur commercialisation.économique supplémentaire àcause de son habitude de se nourrirde fruits en fin de saison. Il a étémontré que <strong>la</strong> <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong>ne s’attaque qu’aux fruits déjà endommagés.Cependant, des problèmesont déjà été rencontrésdans des vignobles américains : lescoccinelles sont récoltées avec leraisin lors des vendanges et les substancesqu’elles émettent modifientle goût du vin.La commercialisation de <strong>la</strong><strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong> est d’autantplus malheureuse qu’une espèce indigène<strong>la</strong> <strong>Coccinelle</strong> à deux points,produite en masse et commercialiséeauprès de particuliers, ne poseaucun des problèmes que l’onconnaît avec H. axyridis (mais elleest plus chère, comme on l’a vu plushaut…). De plus, <strong>la</strong> <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong>a été importée il y a une di-La <strong>Coccinelle</strong> à sept points, Coccinel<strong>la</strong> 7-punctata, est un hôte naturel fréquent dans nos jardins.De même taille que <strong>la</strong> <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong>, elle s’en distingue par <strong>la</strong> couleur du pronotum.Cliché J. MentensInsectes 10 n°136 - 2005 (1)


Une coccinelle indigène utilisée en lutte biologique : Adalia bipunctata - Cliché P. Ve<strong>la</strong>y – OPIEzaine d’années aux États-Unis oùelle pose les problèmes que nousavons décrits. Ce qui s’est passé étaitdonc tout à fait prévisible.■ Que peut-on faire pour nosespèces indigènes ?La <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong> est très résistanteau froid et on ne luiconnaît pas, pour le moment, deprédateur ou de parasite suffisammentspécialisé. Son imp<strong>la</strong>ntationdéfinitive en Belgique (et enEurope) est donc très probablementinéluctable. Il est donc inutilede tuer les individus de<strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong> que l’on rencontre.La seule réaction que nouspuissions avoir est d’en tirer lesleçons pour l’avenir, afin d’éviterque ce<strong>la</strong> se reproduise, notammenten mettant en p<strong>la</strong>ce un systèmelégis<strong>la</strong>tif qui permettraitd’exercer un contrôle et d’évaluerl’impact des agents utilisés enlutte biologique. rPourquoi s’agrège-t-elle en hiver dans les maisons ? Et que faire ?Toutes nos espèces de coccinelles passent l’hiver à l’état adulte à un rythme de vie ralenti, àl’abri dans les feuilles mortes, au pied des p<strong>la</strong>ntes, dans les mousses, entre les aiguilles depin ou d’épicéa, dans les crevasses des écorces ; quelques-unes hivernent dans des cavitésnaturelles (arbre creux…) ou leurs équivalents modernes : les habitations humaines. Les individusde certaines espèces sont solitaires mais beaucoup se rassemblent, parfois en trèsgrand nombre. Elles déposent à cet effet un signal chimique odorant (phéromone) qui leurpermet de se regrouper sur un même site, lequel est souvent réutilisé d’une année sur l’autrepar des coccinelles de générations successives. Il n’est pas rare d’observer des rassemblementsde plusieurs espèces différentes. Les coccinelles possèdent, en général, des couleursvives (aposématiques) pour prévenir un éventuel prédateur de leur mauvais goût et de leurtoxicité. En se rassemb<strong>la</strong>nt comme elles le font, elles renforcent ce signal coloré et auraientmoins de chance de subir un acte de prédation durant l’hivernation. Les rassemblements de<strong>la</strong> <strong>Coccinelle</strong> <strong>asiatique</strong> débutent généralement en octobre, dans les jours plus chauds qui suivent<strong>la</strong> première période de froid.Dans les maisons, les coccinelles ne se reproduisent pas et ne se nourrissent pas. Elles s’eniront dès les premiers jours du printemps. On peut donc les <strong>la</strong>isser en p<strong>la</strong>ce si elles negênent pas. Dans le cas contraire, on évitera l’emploi d’insecticides. À <strong>la</strong> lutte chimique, nocive,on préférera <strong>la</strong> lutte mécanique curative : ba<strong>la</strong>i et/ou aspirateur 5 . Une fois capturées, lescoccinelles peuvent être tuées ou relâchées à l’extérieur ou dans un endroit où elles negênent pas. Une fois mises à <strong>la</strong> porte, les coccinelles risquent cependant de revenir, attiréespar le signal chimique dont elles ont marqué l’habitation. Pour éviter ce problème, il faut lestuer en les p<strong>la</strong>çant quelques heures au congé<strong>la</strong>teur. Quant à <strong>la</strong> lutte préventive par moustiquaire,bouchage de trous, etc., même en étant très minutieux, le résultat est décevant 6 . Onveillera à ne pas persécuter à l’occasion <strong>la</strong> <strong>Coccinelle</strong> à deux points, Adalia bipunctata, indigènequi s’agrège également dans les maisons en hiver, mais en groupes bien plus restreints, etqui subit déjà durement <strong>la</strong> concurrence avec Harmonia axyridis.5 Sur les usages de l’aspirateur en entomologie, on (re)lira l’article paru dans Insectes n°124 (2002),en ligne à www.inra.fr/opie-insectes/pdf/i124fraval2.pdf6 Le problème est analogue à celui des mouches dans les greniers : voir dans Insectes n°126 (2002),en ligne à www.inra.fr/opie-insectes/pdf/i126fraval.pdfUn agrégat de coccinelles s’apprêtant à passerl’hiver dans une habitation en BelgiqueCliché Jeroen MentensEn vente à l’OPIE…L'OPIE propose d'avril à septembre,des adultes de <strong>la</strong><strong>Coccinelle</strong> à deux points, Adaliabipunctata, c<strong>la</strong>ssique et autochtone,efficace dévoreuse de puceronsdans les arbustes etarbres fruitiers.Les auteursr T. Adriaens est écologiste àl'Instituut voor Natuurbehoud, institutionscientifique de <strong>la</strong>Communauté f<strong>la</strong>mande.r L. Hautier est chercheur au départementLutte biologique et ressourcesphytogénétiques du Centre wallon derecherches agronomiques, institutionscientifique de <strong>la</strong> Région wallonne.r G. San Martin et N. Ottart étudientl’impact d’Harmonia axyridissur <strong>la</strong> faune indigène à l’UniversitéLibre de Bruxelles au sein du <strong>la</strong>boratoired’Éco-éthologie évolutive .T. Adriaens et G. San Martin participentégalement à <strong>la</strong> coordination dugroupe de travail Coccinu<strong>la</strong>.Insectes 11 n°136 - 2005 (1)

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