DÃ©veloppement des mÃ©dias en Tunisie Conclusions de l ... - amarc

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Il ressortait aussi clairement de la visite d’avril à des groupes engagés dans des activités médiatiquesen dehors de la capitale que plus on s’éloignait de Tunis, moins les gens étaient au courant etcapables d'utiliser le nouveau paysage médiatique en formation. Il était également évident que c’étaitles jeunes qui avaient particulièrement exploré les possibilités de continuer ou bien de remodeler ladiffusion des émissions radiophoniques sur l’internet qu'ils avaient lancées pendant la révolution.En juin de cette année, 12 nouvelles stations de radios, majoritairement situées en dehors de Tunis,se sont vues recommandées par l’INRIC. AMARC et IMS ont fourni un soutien technique àl’organisme consultatif de régulation en ce qui a trait à la procédure d’attribution de licences. Lerésultat attendu suite aux recommandations faites par l’INRIC au gouvernement tunisien intérimaireest une expansion du secteur de la diffusion. Puisque des stations de radio locales, certaines avec unprofil médiatique communautaire, font parties des radios recommandées, IMS et l’AMARC ont conduitune série d’ateliers du 2 au 12 juillet pour évaluer les possibilités afin de soutenir l'établissement desradios associatives et de centres de médias communautaires hors des centres urbains principaux dela Tunisie.La mission était composée de deux représentants d'IMS, Lotte Grauballe et Kasper Ly Netterstrøm(consultant), d’une représentante de l'AMARC, Bianca Miglioretto, ainsi que d'Aymen Rabai, duSyndicat tunisien des radios libres (STRL) et de Radio 6.Les ateliers ont été conduits dans cinq municipalités : Le Kef, Kasserine, Gafsa, Gàbes etBizerte. L’AMARC, IMS et le STRL/Radio 6 ont présenté le concept des médias associatifs et facilitéla discussion parmi les participants/es de la société civile et les journalistes des médias existants et/oudes projets de médias.Le concept de médias communautaires est défini comme étant un large spectre composé dedifférents types de médias (radios, théâtres, télévision, lettres d’envoi, sites internet, etc.) avec uneforme et un contenu modelé par le contexte, mais avec comme dénominateur commun d’être sous lecontrôle et d’être mis en place avec la participation d’une communauté (géographique ou bien basésur une vision commune et des secteurs de la société, ou bien les deux).L'objectif visé par la tenue de ces ateliers était d'informer et inspirer les gens ainsi que de découvrirleurs visions aussi bien que leurs plans concrets pour de nouvelles initiatives de médias dans lesdifférentes régions de la Tunisie. Ce rapport présente les résultats de la mission.2. Contexte2.1 Contexte nationalLa Tunisie est en transition d’un régime autocratique avec un parti unique à une démocratie pluraliste,avec des élections multipartites prévues en octobre 2011. La phase de transition que traverse le paysdepuis la chute de Ben Ali s'applique au système politique, à l'administration du gouvernement, à lasociété civile et, dernier point mais non le moindre, aux médias.Les limitations en matière de liberté d'expression persistent toujours en Tunisie, de même quel'absence d'un journalisme critique. De surcroît, la période de transition est marquée par desprocessus continus et fastidieux de réformes des médias, alors que plusieurs des directeurs demédias en place sous le régime de Ben Ali ont conservé leurs postes après sa chute. Ceci tend àsuggérer qu’une certaine orientation et censure des communicateurs/trices persistent, constatationappuyée par des preuves factuelles offertes par plusieurs médias.Deuxièmement, l'autocensure apparaît comme un trait commun parmi les journalistes tunisiens. Leurmanière de travailler, de penser et de rapporter s’est constituée sous le règne de Ben Ali — et les2
vieilles habitudes persistent. Un exemple du manque de journalisme critique peut être tiré de lacouverture de la politique actuelle par la chaîne de télévision publique tunisienne. Contrairement à cequi était le cas sous Ben Ali, des politiciens de différents partis sont actuellement invités pourprésenter leurs programmes. L'interrogation critique des candidats n'a cependant pas lieu. Lespoliticiens parlent directement à la caméra et les journalistes les écoutent au côté du public.Changer les médias en Tunisie n’est donc pas simplement une question de soutenir des alternativesaux médias existants tant publics que commerciaux. C'est également une question de combattre lacensure par l'appui aux initiatives de réforme des médias et d'alléger l'autocensure en introduisant unprofessionnalisme et une confiance professionnelle dans les médias existants et naissants.2.1.2 Nouveautés : 12 nouvelles stations de radio recommandées pour l'autorisationLe 29 juin 2011, l’Instance nationale pour la réforme de l'information et la communication (INRIC) arecommandé au bureau du premier ministre l'autorisation de 12 nouvelles radios locales etrégionales. Les recommandations ont été émises après un processus approfondi visant à examiner74 applications. Il est prévu que l'appel afin de présenter des dossiers ait lieu annuellement enTunisie. Les 12 stations de radio recommandées s’ajoutent aux quatre radios nationales, privées etcommerciales existantes qui ont été autorisées par le gouvernement de Ben Ali.Parmi les nouvelles stations de radio, au moins trois d’entre elles sont des radios associatives.Aucune législation spécifique pour les radios associatives n'est actuellement en place en Tunisie.Pour ce qui est du processus de réforme des médias, l’INRIC recommande la législation mise enplace pour des médias associatifs.L’INRIC n'a pas encore abordé les problématiques réglementaires relatives à la puissance d'émissionpour les nouvelles radios et si elles seront autorisées à importer des émetteurs ou bien si ellesdevront passer au travers de l'Organisation nationale de télécommunications (ONT), détenantjusqu’ici le monopole sur la gestion de fréquences, expédiant des émetteurs et déterminant les fraisde radiodiffusion.2.1.3 DécentralisationHormis les cinq stations locales de Radio tunisienne, presque tous les médias tunisiens étaient basésdans la capitale sous l'ancien régime. Plusieurs des principales villes en dehors de la région du GrandTunis n'ont aucun journal ou autre forme de médias locaux. La décentralisation des médias apparaîtcomme un objectif important à l’heure actuelle. Comme le directeur de Radio Gafsa, Ben HamadZackair, l’a souligné pendant l'atelier tenu à Gafsa :« La démocratisation des médias signifie également la décentralisation des médias. Elle signifie ladiversité et le choix du journal que les gens veulent lire ou de la station de radio qu’ils désirentécouter. »2.2 Observations généralesLe concept de médias associatifs a beaucoup intéressé les participants/es dans les cinq atelierstenus. L'intérêt pour participer aux ateliers était grand. Dès que l'invitation pour les ateliers a étédistribuée, la mission a reçu des appels et courriels en provenance de villes non programmées pourdes visites afin de demander leur inclusion (Jendouba, Sidi Bouzid et Tataouine). Des contraintes detemps ne nous ont néanmoins pas permis des ateliers additionnels, mais, en guise d’illustration duniveau d'intérêt, plusieurs participants/es ont voyagé plus de 100 km afin de participer à l’atelier tenule plus proche de leur ville.Dans les groupes de discussion pendant les ateliers, quelques projets intéressants ont été élaborés etdes initiatives de médias déjà existants ont été présentées. Généralement, la radio associative a étéidentifiée comme étant le média le plus approprié. Les participants semblent percevoir de prime abordla radio comme étant le média le plus accessible à la majorité de la population, rejoignant aussi celleset ceux sans accès à l'Internet.3
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