4 ■■■FranceMercredi 22 mai 2013FAITS DIVERS L’homme qui s’est suicidé à Notre-Dame de Paris était une figure de l’extrême droiteUne scène « apocalyptique »William Moliniéen train d’entrerdans la cathédrale quand«J’étaisj’ai entendu une détonation.On m’a dit de sortir rapidement. »Cet homme d’une cinquantaine d’annéesa « d’abord cru à un acte terroriste», avant que des policiers l’informentqu’il s’agissait d’un suicide. Acôté de lui, une femme, la quarantaine,habituée des lieux, était assise en trainde prier, proche du chœur. « J’ai entenduun coup de feu. Je me suis retournéeet je l’ai vu par terre avec dusang à côté », raconte-t-elle.Selon les premiers éléments de l’enquête,il était peu après 16 h, mardi,quand Dominique Venner, un essayistede 78 ans présenté comme un prochedes milieux nationalistes d’extrêmedroite (lire l’encadré), s’est tiré une balledans la mâchoire, face à l’autel de lacathédrale Notre-Dame de Paris, avecun pistolet à un coup de fabrication belge.Un gardien aurait alors tenté de lui prodiguerun massage cardiaque. « Il n’yavait plus rien à faire », a raconté devantl’édifice M gr Patrick Jacquin, le recteurarchiprêtre de la cathédrale, qui a décritune scène « apocalyptique ».Un courrier de plusieurs pagesLe préfet de police et le ministre de l’Intérieurse sont rendus rapidement surplace. Manuel Valls a évoqué « un dramesans précédent à Notre-Dame ». Selonlui, 1500 fidèles et touristes s’y trouvaientalors. Une source policière a confirméqu’il n’y avait eu « aucun mouvement defoule ni de panique ».Selon M gr Jacquin, Dominique Venner« n’était pas un habitué ». Des lettres ontété retrouvées sur l’autel, dans l’esprit,selon une source policière, des derniersmessages postés sur son blog dans lesquelsil dénonçait la « loi infâme » quiouvre le mariage aux couples homosexuelset « l’immigration a<strong>fr</strong>o-maghrébine». Le courrier a été joint à la procédureouverte par le parquet de Paris.Si les messes ont été annulées, une« veillée pour la vie », a été maintenue.« On va prier pour cet homme, commepour tant d’autres qui sont à bout », aajouté M gr Jacquin. WV. Wartner / 20 MinutesLe corbillard est venu récupérer le corps en fin d’après-midi.Dominique Venner, 78 ans, nationalisteNé en 1935, cet historien et polémiste était une figure de l’extrême droitedepuis les années 1950. Entre deux livres sur les armes à feu, il avaitnotamment reçu un prix de l’Académie <strong>fr</strong>ançaise pour son Histoire del’Armée rouge. Mais d’autres de ses ouvrages ont été plus polémiques.Ces dernières années, il s’était lancé dans un combat contre l’« islamisationde l’Europe » et le mariage homosexuel.FRANCK PERRAIS/PROCES DE TONY MEILHON« Mon deuil ne sera jamais fini » A partir de ce mercredi, et jusqu’au7 juin, Tony Meilhon, 33 ans, va êtrejugé en cour d’assises pour la mort deLaëtitia Perrais, 18 ans, en janvier2011. Le corps de l’adolescente deLa Bernerie-en-Retz (Loire-Atlantique)avait été retrouvé découpé dansdeux étangs. Franck Perrais, le pèrede la victime, témoigne.Comment avez-vous géré ce drame ?Il y a eu des hauts et des bas… A un moment,je voulais en finir avec la vie, jepensais trop à ma fille. Aujourd’hui, jepeux encore avoir des crises d’angoisse.Depuis, avez-vous fait votre deuil ?Mon deuil ne sera jamais fini… Je mereconstruis une autre vie, autour desdisparitions inquiétantes : j’ai lancé surFacebook un « Mémorial pour les personnesassassinées », pour leurrendre hommage. J’ai aussi créé unewebradio, et je fais des appels à témoinssur ma chaîne YouTube : j’aurais aiméque des gens fassent pareil pour Laëtitia.Qu’attendez-vous de ce procès ?Je veux une peine lourde, exemplaire,pour montrer que le crime ne reste pasimpuni. Si Meilhon pouvait prendretrente ans, avec une peine de sûreté deF. Elsner / 20 Minutesvingt-cinq ans, ça m’irait très bien.Après le suicide de votre avocat OlivierMetzner, qui vous représentera ?Sa mort a été un choc : on s’était vus unedizaine de fois, on avait bien avancé surle dossier. Finalement, c’est un avocatde son cabinet, Aurélien Andine, qui apris le relais. Nous serons aussi défenduspar M e Benoît Poquet, du barreau deNantes. W A Nantes, propos recueillispar Guillaume FrouinFranck Perrais et sa fille, Laëtitia.