Ah oui. J’ai aussi appris que les Français étaient super malheureux. Par exemple, certains désirent changer de look pour avoir une nouvelle vie, et pour ça, ils passent à la télé et se font déguiser par une barbie sur le retour qui s’extasie et glousse sans arrêt avec un accent merdique. Ils ressortent de l’émission deux fois plus moches avec la cer5tude que c’est une révéla5on ! En fait, ils sont malheureux parce qu’ils ne s’aiment pas eux-‐mêmes. D’autres cherchent l’âme sœur en live parce qu’ils habitent dans des endroits ruraux tellement sinistrés qu’ils ont déjà dû fauter avec la moi5é de leur étable. Enfin, il y a les super malheureux qui font carrément l’objet d’une émission et à qui on réapprend à sourire. Pourtant, sur l’échelle des malheurs humains, ils n’ont pas non plus la palme. On s’immisce dans la vie des gens comme des voyeurs malsains et eux s’exhibent. Un roi sans diver5ssement est un homme plein de misère, et notre société, malgré tout, doit sacrément s’emmerder pour proposer des diver5ssements pareils. Mais quand quelque chose marche…Bref, je me cul5ve. Je suis aussi, de loin, l’actualité de la course. Il paraît qu’il y a des courses où on court à poil, d’autres où on défie un parcours du combaPant, d’autres encore où on se fait recouvrir de peintures de couleurs par le public, des courses sur plein de jours avec plein de bornes et plein de dangers, des courses pour filles, des courses où on bouffe, où on boit, où on rampe dans la boue, des courses où on se déguise, le jour, la nuit, dans la neige, dans le désert, des montées, des descentes, des ver5cales, des horizontales, en équipe, en relais, en individuel, en couple. Mais quand on aura gravi un volcan en érup5on avec des plumes d’autruches dans le derrière, de nuit, sans lampe et les yeux bandés, sur un sen5er infesté de crotales, qu’est-‐ce qu’on pourra encore inventer ? Seul Jésus aura eu le privilège de courir sur l’eau ! Encore un défi ! Quand quelque chose marche… que je suis pe5te et terne face aux super héros de l’extrême, moi qui enchaîne des tours de stade en marche athlé5que pour retrouver une condi5on physique sous les regards parfois incrédules et moqueurs des coureurs !Toute cePe exubérance d’anima5ons est bien commode pour notre société d’assistés qui a du mal à se prendre la main au quo5dien pour les choses les plus simples : préparer un repas, passer un bon moment avec des proches, travailler à être heureux, tous les jours, malgré les aléas de la vie, et faire quelque chose avant tout pour soi, pour avancer, en savourant un foo5ng au lever de soleil, en vérifiant s’il y a de la brume aujourd’hui du côté de la mer du haut d’une colline. Je sens que je vais inventer un concept novateur quand je serai guérie : le « happy running », une toute nouvelle méthode de développement personnel. Courir en se concentrant sur ses sens et sensa5ons, en s’ouvrant au paysage environnant et en travaillant sur sa propre image. Avec un peu de bol, je passerai à la télé dans « un foo5ng presque parfait » et je serai coach de célébrités. Je pourrai alors démissionner de ce foutoir indescrip5 ble qu’est devenue l’éduca5on na5onale, parce que c’est bien connu, quand quelque chose marche…Lisel Merello
AVANTAPRESEt si on regardait notre têteavant une séance ou unecompétition, pendant et ouaprès? Au cinéma l’acteurpeut courir à fond dans unecourse poursuite et arriverfrais et dispo, la réalité esttout autre, la preuve parl’image !Anais BoucansaudMaryline Rossi