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le Verzine Solitaire - Cerbere.org

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Vermine : <strong>le</strong> ver b<strong>le</strong>meTu vois, avant je raisonnais comme toi. Un temps pareil, j’auraisdis que c’était du pain béni : de la flotte à en noyer un troupeaude mérous et une température assez fraîche pour convaincre lavermine de rester planquée dans ses trous puants mais tolérab<strong>le</strong>pour nous autres avancer. L’idéal pour barouder sur la lande sanscraindre de mauvaises rencontres. Enfin c’est ce que je croyais,mais c’était avant que ma cohorte croise des vers blêmes. Tu asdéjà entendu par<strong>le</strong>r des vers blêmes, petit ? C’est une putaind’aberration de la nature. Un kamikaze informe qui vomit sesentrail<strong>le</strong>s pour te...Mais je vais trop vite. Est-ce que tu sais ce que c’est qu’unnématode ? Non ? Tu vois c’est un biologiste qui m’a expliqué,Pique-la-bru qu’il s’appelait, un brave type un peu distrait qu’ona retrouvé collé à un arbre un matin, <strong>le</strong>s membres écartelés par dulierre sombre, la bouche remplie des feuil<strong>le</strong>s de cette saloperie. Ilcherchait ses lunettes à ce qu’il paraît, et il s’est appuyé là où ilne fallait pas. Bref. Il m’a expliqué qu’un nématode c’est unmachin primitif semblab<strong>le</strong> à un ver minuscu<strong>le</strong>, tel<strong>le</strong>ment primitifen fait qu’il n’a que deux <strong>org</strong>anes : la bouche et <strong>le</strong> cul. Le reste,c’est du vide, du creux : pas de cœur, de poumons, d’estomac,rien qu’une vague caricature de sang qui <strong>le</strong>ur cou<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> corpset c’est tout. Du coup ils se reproduisent vite, c’est pas comme si<strong>le</strong> cahier des charges était diffici<strong>le</strong> à respecter tu comprends. Laseu<strong>le</strong> chose qu’ils craignent, c’est <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il : un coup de tropchaud et ils se dessèchent et crèvent en quelques minutes.Des nématodes il y en a partout il paraît : dans <strong>le</strong> sol, dans <strong>le</strong>splantes, même dans nos tripes, des discrets dont on se rend mêmepas compte de la présence. Mais dans <strong>le</strong> tas tu en asquelques-uns de vicelards, des teignes qui se multiplient àl’intérieur des hôtes qu’ils parasitent et <strong>le</strong>s crèvent de l’intérieur.Les vers blêmes sont de ceux-là. Mais forcément <strong>le</strong> problèmequand tu es microscopique et que tu te déplaces d’un centimètrepar jour en vitesse de pointe c’est que c’est pas évident dechercher des proies qui font cent fois ta tail<strong>le</strong>, tu vois ? Les versblêmes ont résolu <strong>le</strong> problème en produisant, je ne sais comment,des spécimens géants qui servent de moyen de transport auxautres. Ouais, tu m’as bien compris : à l’intérieur de chacun deces vers géants il y en a des milliers de plus petits qui semultiplient ! Une vraie nourricière de dégueulasses, des petitesbouches affamées qui se nourrissent de ce que <strong>le</strong>ur gros paquebotde frère ingère à l’extérieur et copu<strong>le</strong>nt comme des dératés. Lesgros, ce sont eux qu’on appel<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s vers blêmes : ils sortent parun temps comme celui-ci, quand il fait assez mouillé pour qu’ilss’aventurent sans risquer un coup de trop sec.A première vue, ils ne ressemb<strong>le</strong>nt à rien de menaçants : desserpents de caoutchouc obèses rampant gauchement sans rienpercevoir de ce qui <strong>le</strong>s entoure…Des ébauches grotesques qu’uncréateur bourré aurait abandonné sur la lande comme dans unedécharge. Mais si tu as <strong>le</strong> malheur de <strong>le</strong>s toucher avec quoi quece soit de pointu, <strong>le</strong>ur peau trop tendue explose dans un bruit depastèque qui éclate et libère la horde de sa<strong>le</strong>tés qui crèchent àl’intérieur en un geyser translucide. En une seconde tu en aspartout, des millions de petits vers comme autant boucheshurlantes qui p<strong>le</strong>uvent sur <strong>le</strong> paysage et se tortil<strong>le</strong>nt dans l’espoirde trouver une proie. S’ils te tombent dessus tu es foutu ; ils terampent sur <strong>le</strong> corps, sous <strong>le</strong>s vêtements, à la recherche de lamoindre fail<strong>le</strong>, la moindre ouverture qui <strong>le</strong>ur donnera un ticketpour l’intérieur : <strong>le</strong> nez, la bouche, <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> cul, <strong>le</strong>s

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