FOOTBALL LIGUE 1 (29 e journée)–PARIS-SG-MARSEILLE:0-012 3 4Arrivée des Marseillais vers midi à Paris gare de Lyon, sous la protection d’un impressionnant cordon de CRS (photo 1) ● Comme l’avaient annoncé les dirigeants de l’OM, la tribune du Parc des Princes réservée à leurs supportersétait bel et bien vide (photo 2) ● Les joueurs marseillais saluent les joueurs parisiens sous le regard de jeunes arborant des sweat-shirts de l’association Foot citoyen, qui prône le respect des valeurs fondamentales dans le<strong>football</strong> (photo 3) ● Au coup de sifflet final, c’est l’explosion de joie. Mission accomplie pour les minots marseillais, qui repartent de Paris avec le point du match nul (photo4).(Photos Richard Martin et Didier Fèvre)Une journée particulièreDu départ matinal gare Saint-Charles au coup réussi au Parc des Princes, les réservistes marseillais se souviendront de leur voyage à Paris.MARSEILLE –de notre envoyé spécialUN SEUL SUPPORTER marseillaisau départ, zéro grabuge en gare deLyon, un point levé inespéré à l’arrivée,en forme d’exploit, et une primespéciale de victoire pour l’œuvre duParc. L’inédite délégation marseillaisen’a pas fait le voyage pourrien àParis. « Les jeunes se sont défoncés,ils sont allés au-delà de la fatigue »,souligne leur entraîneur AlbertEmon. « On était vraiment venuspour faire quelque chose, et mêmepour essayer de faire un petit holdup», assura le défenseur Alain Cantareil,pur Marseillais, qui apprit qu’ilserait le capitaine d’un soir lors de lacauserie précédant l’arrivée au Parc,hier après-midi. Au-delà de la fatigue.« On s’est levés à 6 heures dumatin, rappelait Cantareil à l’issuedu match. Et je pense qu’on vaprendre le temps avant de s’endormir.»De la gare Marseille-Saint-Charles àParis gare de Lyon, le voyage en TGVdes Marseillais, qui se comptaient35, fut paisible. Il dura tout de mêmevingt-trois minutes de plus par rapportà l’horaire d’arrivée prévu(11 h 50) en raison des conditionsmétéo neigeuses. Thomas, qui avaitrusé pour savoir le moment dudépart, a voulu souhaiter bon courageaux Marseillais quelquesminutes avant leur départ, à 8 h 31précises. C’était le seul supporterprésent sur le quai aux abords de lavoiture n o 13, entièrement réservéeau contingent bucco-rhodanien.Arrivée à 7 h 50 sous la houlette deJosé Anigo, Albert Emon et GuyCadazamont, le responsable de lasécurité, la troupe marseillaise étaitdéjà installée dix minutes plus tarden première classe, au premier étagedu modèle duplex. Le service d’ordrede la délégation olympienne n’a paslaissé entrer les encouragements deThomas dans le train. « Soit ils vonttenir, soit ils vont prendre une tôle,prédisait ce dernier en songeant aumatch. En tout cas, je ne les vois pasgagner. »Le train file. Aucune interview dejoueur n’est autorisée. La sécurité,très présente, n’empêche pas lesallées et venues des usagers dans lavoiture où sont entassés les joueurs.Cantareil s’amuse de se découvrir àla une de L’Équipe. On feuillette journauxet magazines, le défenseurAlexis Pradié (19 ans) bouquineL’assassin royal, on joue sur consoleportable, on s’assoupit en écoutantson baladeur MP 3 ou on regardeAngel Eyes sur portable DVD. Emon,sollicité sur l’ambiance du groupe :« Rien de spécial à signaler, dit-il. Cematch, c’est bien pour les jeunes. »Dans quel état d’esprit se trouve Anigoen ce matin si particulier de PSG-OM ? Le directeur sportif marseillaisest-il toujours sûr que l’OM a eu raison? « À partir du moment où vousêtes certain d’être du côté des justes,vous êtes plus soulagés avec votreconscience. Tout ça ne peut que renforcerl’unité marseillaise. On a voulunous mettre à l’épreuve de force,alors que nous souhaitions aller versun compromis. Ce n’est pas parceque des énarques s’agitent qu’il fautleur donner raison. »Carrasso : « Commesi on avait gagnéun trophée »Gare de Lyon. Un impressionnantcordon de CRS attend et escorte lesMarseillais jusqu’à leur car. Ils nesont pas chahutés. Ils rejoignent leurhôtel, le Sofitel Sèvres, où les attendPARIS. –José Anigoet Pape Diouf,tout sourire(à gauche),partagent la joiede leurs jeunesjoueurs. En obtenantle nul au Parcdes Princes,les minots,pour la plupartpensionnairesde CFA 2,ont réaliséun véritable exploit.(Photo Pascal Rondeau)LA QUESTION DU JOUREst-il logique que l’OMne puisse pas être sanctionné ?Pour voter, connectez-vous sur www.lequipe.fr entre6 heures et 22 heures ou envoyez OUI ou NON par SMS au61008 (0,34 euro + coût d’un SMS).Pape Diouf, arrivé la veille. Déjeuner,petite sieste d’une heure et réunion,c’est le programme jusqu’au départpour le Parc. Le convoi arrive uneheure vingt avant le coup d’envoi.Dans cet ordre : deux motards, cinqvoitures banalisées, le car marseillais,et… huit véhicules de police.Sur la pelouse, Pape Diouf aimanteles journalistes et déroule encore sonraisonnement. Trois heures plustard, les Marseillais lèvent les brasau ciel, félicités par une partie dupublic parisien. « On a réussiquelque chose de grand, dit doucementun Cantareil trop fier d’avoirporté le brassard, en précisant, endemi-finaliste de la Coupe de France2005 : « Avant le match, j’ai reparlédes exploits nîmois la saison passéeface à des équipes de L 1, martelantque sur un match tout est possible.Le temps passé en tenant le 0-0 ajoué en notre faveur. Le plus stressantet le plus dur, ce fut le premierquart d’heure de la seconde période.Tactiquement, ce fut la rentrée deRothen. À la fin, c’était difficile pourParis, sifflé. »« On n’avait pas mis de pression durésultat, raconte Emon. Notre dispositifdéfensif a été performant sur lescôtés et dans l’axe avec nos grandsgabarits. C’est la famille olympiennequi a pris un point, et il a le goûtd’une victoire. Les jeunes ont faithonneur à leurs supporters, aveccourage et beaucoup de qualités collectives.» Défensives, surtout.« Déjà, c’est un très bon résultatpour nous, constate le gardien Carrasso.Ça fait quelque temps quel’OM n’avait pas pris un point ici.Après, il y a des aventures où l’onsent qu’il peut se passer quelquechose, même si on avait une chancesur 100 au départ de ne pas perdre.Voir tous ces jeunes accomplir ça,c’est formidable, comme si on avaitgagné un trophée. On ne s’est pasplongé dans les histoires, mais il yavait un peu d’appréhension audébut dans la tête des plus jeunes.C’était quand même PSG-OM. Aufinal, Paris qui nous applaudit, c’estla preuve qu’il n’y a pas que de lahaine dans les stades. » Ce matin, à9 heures, les Marseillais devaientreprendre le TGV. Retour au bercail.JOHAN RIGAUD (avec S. Ta.)Les nouveaux minotsAlain Cantareil, capitaine de l’OM hier soir, présente les huit jeunes joueursde l’exploit marseillais.VU DE MARSEILLEUn hommage unanimeVINGT-DEUX ANS APRÈS l’aventuredes Minots, qui, en trois ans, assurèrentla montée de l’OM en D 1 en1984, une nouvelle génération dejeunes joueurs marseillais fait de nouveauparler d’elle, pensionnaires habituelsde la CFA 2, entourés hier soir parsix pros (Cantareil, Carrasso, AndréLuis, Civelli, Delfim, Gimenez). AlainCantareil, né à Marseille, présente sesjeunes coéquipiers dont quatre sontnés à Marseille comme lui.Gary BOCALY (latéral droit, né le 19avril 1988 en Martinique) : « Il estinternational en moins de 18 ans avecun énorme potentiel. Il a été très bonen première mi-temps, ensuite cela aété plus dur pour lui quand Rothen estentré en jeu parce que les Parisiensvenaient à deux pour lui, mais il degrosses qualités, physiquement entechniquement. »AlexisPRADIÉ(défenseur central,néle 21 juillet 1987 à Lyon) : « C’est ungaucher, qui évolue en défense centrale,titulaire en CFA 2, un très bondéfenseur. Il a commencé comme moià Sainte-Marguerite à Marseille, c’estun joueur qui promet car il a bien tenuPauleta. »Vincent GASTINE (milieu axial, né le6 juin 1982 à Marseille) : « C’était ungrand espoir du club, puis il est parti enNational (Martigues et Valenciennes)avantd’avoir desennuis de santé.Là, ila retrouvé son niveau, on l’a vu contreParis, c’est un bon technicien, vaillantdans les duels, il perd peu de ballons,un super joueur. »Mame N’DIAYE (milieu gauche, né le11 janvier 1986 à Thies au Sénégal) :« C’est un accélérateur de jeu commeGary Bocaly. Il sait créer le danger enayant le dribble assez facile et c’est, enCFA 2, un bon finisseur. »Mohamed DENNOUN (milieu droit,né le 9 mai 1981 à Marseille) : « Lui,c’est un enfant des quartiers de Marseille.Pour nous tous, c’était un matchspécial. Il est très bon technicien avecune bonne vision du jeu. »Papa Moustapha DIOP (milieuaxial, né le 1 er mai 1987 à Saint-Louis) :« Il est très athlétique. Quand il estrentré, on a pu constater la qualité desa présence aérienne. Il bouge bienavec un gros volume de jeu. »Anthony FLACHI (milieu axial, né le6 février 1982 à Marseille) : « Encoreun bon technicien, pas très grand, vifdans sesgestes. Dommagepour lui,ilaavait fait une bonne rentrée en coursde jeu, mais il s’est claqué. »Jimi N’GOM (attaquant) : «Je leconnais peu, car il est arrivé endécembre au club. Mais sur ce que j’aivu de lui contre Paris, il n’est pas trèsgrand mais costaud. »Marek AMIRI (défenseur, né le20 février 1987 à Marseille) : « Il n’estpas entré en jeu contre le Paris SG,mais il ne faut pas l’oublier, il a faittoutesacarrièreà l’OM,c’est unlatéralgauche de grande qualité. »Alain CANTAREIL (22 ans), un dessix pros marseillais hier soir sur lapelouse, évolue depuis l’âge de neufans à l’OM, à part un prêt la saison dernièreà Nîmes (National). Il s’est comportéhier soir en vaillant capitaine surson côté gauche, avec quelques duelshomériques avec Rodriguez. Dans lesbuts, Cédric CARRASSO a alterné lebon et le moins avec deux sortiesaériennes ratées et une interventionmalvenue suite à une mini-altercationentre Cantareil et Rodriguez. ANDRÉLUIS et Renato CIVELLI ont remportéquasiment 100 % des duels aériensdéfensifs, DELFIM a été précieux parson volume de jeu, son courage et sonexpérience, tandis que ChristianGIMENEZ, sacrifié en pointe, a faitpreuve de vaillance mais en retenantpeu de ballons qui auraient soulagéses coéquipiers.DOMINIQUE ROUSSEAUL’autre réserve s’incline à CorteSANS PLUSIEURS DE SES TITULAIRES habituels, la réserve de l’OM, qui évolueen CFA 2, s’est inclinée à Corte, samedi (0-1). Le groupe marseillais était lesuivant : Borel, Mendy, Camatte, Rodriguez, Benetia, Sabo, Lao, Barkallah, UrasSergio, Pichet, Baloojou, Mohammed, Baiyjema et Salvat. L’équipe de Gambardellaa, elle, été éliminée, hier après-midi, en seizième de finale à Bastia (1-1, 5-6aux t.a.b.).Les Marseillais se sont sentis très fiers de leurs minots mais sans excès. Ils seront fêtésaujourd’hui à leur retour.MARSEILLE –de notre correspondante« QUI SAUTE PAS n’est pas marseillais, llais ! »Les supporters de l’OM ont entonné avec leurs« minots », par télévision interposée, la chansondes tribunes du Stade-Vélodrome. Sans débordementsexcessifs – leurs protégés n’ont tout demême pas gagné la Coupe d’Europe –, mais avecbeaucoup de fierté. Car aujourd’hui, ils peuventbien le dire, ce n’est pas sans appréhension qu’ilsont vu envoyer à Paris cette équipe de CFA 2 encadréepar cinq joueurs plus aguerris mais tout demême habituellement abonnés au banc.Les fans de l’OM n’avaient pourtant rien changé àleurs habitudes, hier, en fin d’après-midi. Ils sesont réunis chez les copains ou dans les bars de laville pour suivre ce qui devait être le match del’année sur le plan émotionnel. Les supporters quidevaient, eux, se retrouver dans les travées du Parcdes Princes ont choisi, parfois, de se regrouper ausiège de leur section pour communier ensemble etsoutenir à distance les jeunes du centre de formation.Sans grand espoir au fond, mais tout demême, « parce qu’en <strong>football</strong>, un hold-up est toujourspossible ». Ils n’en ont pas eu besoin. «Onavu des jeunes de qualité qui se sont battus avectout leur cœur, ils ont fait honneur au maillot bleuet blanc, assure Christian, abonné dans la tribuneGanay. Et puis Paris, peuchère, ils nous ont faitpitié… »À leur grande surprise, les supporters marseillaisn’ont jamais vraiment eu peur. Ils craignaient surtoutqu’ils ne tiennent pas la distance physiquement.«Maisils sont courageux, ces petits, affirmeGeorges. Et puis ce Bocaly, quelle santé. » Cetabonné d’Endoume (quartier du centre-ville deMarseille) a juste un peu tremblé sur la dernièrefrappe de Paolo Cesar, mais Civelli a dégagé« d’un pointu de Mazargues » (un autre quartierde Marseille), du meilleur effet. Les supporters ontdécouvert avec les Parisiens que l’OM possédaitun réservoir de talent. Et c’est ce qui a aussi faitplaisir à Jean Fernandez. L’entraîneur marseillaisqui n’avait pas pu regarder les matches de sonéquipe pendant sa récente convalescence a cettefois pu aller jusqu’au bout. Il a apprécié le spectaclechez lui avec sa femme. « Les jeunes ont faitun match extraordinaire sur le plan défensif. LesParisiens ont joué sur nos points forts, le jeu aériennotamment dans l’axe, mais nous sommes restésbien en place. Les Parisiens n’ont jamais su mettredu rythme et les joueurs ont fait ce qu’il fallait.Nous sommes soulagés, nous restons ainsi sur unebonne dynamique. »Samir Nasri a aussi regardé le match en famille. Ilest moins surpris, lui, de la bonne prestation de cesjeunes qu’il connaît bien. « Ils ont fait preuve debeaucoup de solidarité et d’abnégation et nousramènent un très bon point de Paris. Ça n’hypothèqueaucune de nos chances pour une qualificationen Ligue des champions. Il faudra faire la fêtepour eux, jeudi soir, avec les supporters au Stade-Vélodrome pour la venue de Saint-Pétersbourg. »Les supporters se sont déjà donné rendez-vousaujourd’hui à la gare pour fêter leur retour. Dommagequ’ils ne soient pas totalement les héros dujour. La mort d’un cygne sauvage, victime de lagrippe aviaire, dans les Bouches-du-Rhône, leur avolé la une des journaux.HÉLÈNE FOXONETPAGE 4 LUNDI 6 MARS 2006
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