INTRODUCTION GENERALE - Niger

INTRODUCTION GENERALESelon les résultats définitifs du troisième recensement général de la population et del’habitat, le Niger a enregistré 547 303 naissances vivantes entre le 1 er juin 2000 et le 31 mai2001. Le nombre moyen d’enfants par femme (ou indice synthétique de fécondité) est de 7,2en 2001. Il était estimé, à travers les résultats des enquêtes démographiques et de santé, àenviron 7,5 enfants par femme au milieu des années 90. Les résultats de l’enquête àindicateurs multiples (MICS2), réalisée en 2000, estiment la descendance atteinte par lesfemmes âgées de 45-49 ans à 8,01 enfants par femme. Selon les Nations unies, le Nigerdispose du nombre moyen d’enfants par femme le plus élevé au monde. Compte tenu de ceséléments, la population nigérienne devrait doubler dans les 20 prochaines années.L’accroissement très rapide de la population nigérienne s’explique donc avant tout parle niveau élevé de la fécondité car les niveaux de mortalité infantile, après une baisse initiale,ont stagné durant les années 1990 du fait d’une détérioration des services de santé. Toutefois,ceci n’a pas réduit la croissance de la population. La forte fécondité a aussi contribué aurajeunissement de la structure par âge. Avec près de 50% de la population au dessous de 15ans et près de 70% en dessous de 25 ans, le Niger a l’une des structures par âge les plus jeunesdu monde. Cette jeunesse de la population nigérienne, combinée à la forte fécondité, alimenteune forte natalité qui contribue ainsi à perpétuer la spirale de la croissance démographique.Elle favorise également le maintien des ratios élevés de dépendance qui pèsent lourdement surles efforts de développement du pays étant donné que la population à charge demeure, et pourlongtemps encore, nettement supérieure à la population potentiellement active.Le maintien de cette forte fécondité est le résultat d’un ensemble de facteurs parmilesquels les valeurs traditionnelles jouent un rôle important. Celles-ci favorisent, en effet, lemariage précoce, les grossesses nombreuses et un nombre élevé d’enfants. Aussi, la pauvretéet l’ignorance du grand nombre, le statut inférieur de la femme au sein du couple et dans lasociété contribuent-ils au maintien de ces comportements pronatalistes. Au milieu des années1990, moins d’une femme adulte sur 10 est instruite et le mariage précoce est la règle, enparticulier, en milieu rural ou vit 84% de la population totale. En fait, la fécondité désirée étaitencore plus élevée que la fécondité observée: 8,5 enfants chez les femmes et 12,5 enfants chezles hommes selon les résultats de l’Enquête démographique et de santé de 1998.

Ce comportement nataliste explique certainement le faible niveau d’utilisation desméthodes de contraception, en particulier des méthodes modernes. En effet, en 2000,seulement 4,6% des femmes nigériennes utilisaient une méthode de contraception moderne.Néanmoins, une femme sur 5 a exprimé (en 1998) des besoins non satisfaits en planificationfamiliale. Mais, il s’agissait surtout des besoins pour espacer les naissances et non pas pourarrêter d’avoir des enfants. Il faut, cependant, souligner que le faible niveau d’utilisation de lacontraception au Niger est aussi le résultat de l’insuffisance de la disponibilité et de la qualitédes produits et des services de santé de la reproduction et de planification familiale.Au cours des décennies à venir, les défis de développement auxquels le Niger estactuellement confronté seront encore plus difficiles à relever si la forte croissancedémographique actuelle se poursuit. Les objectifs de développement du millénaire (ODM) etde la Stratégie de réduction de la pauvreté (SRP) apparaissent quasiment impossibles àatteindre en l’absence d’une maîtrise de la croissance démographique du pays. Soulignons,cependant, que la situation démographique ci-dessous décrite provient essentiellement desenquêtes démographiques et de santé (de 1992 et 1998), des enquêtes à indicateurs multiples(1996 et 2000) et des estimations périodiques de la Division de la Population des NationsUnies. Ces enquêtes ne peuvent pas fournir les estimations de fécondité nécessaires àl’appréciation des programmes de développement au niveau local. Les dernières informationsdémographiques exhaustives remontent au deuxième recensement général de la population etde l’habitation réalisé en 1988. C’est pourquoi, le Niger a entrepris la réalisation du troisièmerecensement général de la population et de l’habitat dont les opérations de dénombrement onteu lieu en mai-juin 2001. L’analyse de ces informations détaillées permet d’avoir une idéeprécise des niveaux de la fécondité. Elle fournit aussi les bases de départ des indicateurssociaux pour la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de la stratégie de réduction de lapauvreté et des objectifs du millénaire pour développement.En effet, depuis l’indépendance du Niger en 1960, plusieurs politiques économiques etsociales ont été élaborées et mises en œuvre afin de réduire le niveau de pauvreté de lapopulation. Ces plans de développement économique et social ainsi que les politiquessectorielles de développement ont le plus souvent été confrontées à l’insuffisance desressources financières et humaines et à l’hostilité de l’environnement. Situé en pleine régionSaharo-sahélienne, le Niger est limité au Nord par l’Algérie et la Libye, au Sud par le Nigeria

et le Bénin, à l’Ouest par le Burkina Faso et le Mali et à l’Est par le Tchad. Cette situationgéographique témoigne des conditions climatiques difficiles qui caractérisent le mode de viedes populations nigériennes fondé en grande partie sur l’agriculture et l’élevage.L’insuffisance de la mécanisation des moyens de production pour assurer la subsistance despopulations favorise une forte demande de main-d’œuvre et donc une fécondité élevée.L’analyse des données collectées sur la fécondité lors du 3 ème RGPH-2001, comparéeaux résultats des observations antérieures, permet de satisfaire l’essentiel des besoins eninformation sur la fécondité liés à la formulation, à la mise en œuvre et à l’évaluation despolitiques, programmes et projets de santé de la reproduction. Le thème sur la natalité et lafécondité a ainsi pour objectif d’estimer l’intensité et le calendrier de la fécondité au Niger, dedécrire la structure de la fécondité au niveau national, régional et départemental, et enfin dedégager l’influence de certaines caractéristiques démographiques, socioéconomiques etculturelles (âge, situation matrimoniale, niveau d’instruction, milieu de résidence, activitééconomique et appartenance ethnique) sur l’évolution de la fécondité.Ce travail s’articule donc autour de quatre chapitres. Le premier traite du contextepolitique, socioéconomique et culturel de la fécondité ainsi que des objectifs et de laméthodologie de l’étude. Le second chapitre procède à la mesure du niveau, de la structure etdes tendances de la natalité et de la fécondité selon la région et le milieu de résidence. Letroisième chapitre étudie les variations de la fécondité au cours de l’année 2001 selon lescaractéristiques économiques et socioculturelles des femmes. Il fait également le point del’évolution de la fécondité au Niger jusqu’en 2001 à partir des différentes sources de donnéesdisponibles. Le quatrième chapitre s’intéresse à l’évolution récente et aux disparitésrégionales de la fécondité des adolescentes et des femmes âgées de plus de 35 ans. L’accentest surtout mis sur le niveau, la structure et les facteurs économiques et socioculturels de lafécondité des adolescentes et des femmes âgées, à haut risque de mortalité maternelle. Nousterminons l’étude de la natalité et de la fécondité par un résumé des principaux résultatsobtenus et des recommandations tirées des données du 3 ème RGPH-2001.