Mesures économiques et bancaires de SellalEntre réajustementet ruptureLes récentes décisions prises par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans ledomaine économique, sont interprétées comme une remise en cause de la politiquede son prédécesseur, Ahmed Ouyahia.Abderrahmane Mebtoul, spécialiste en économie :«Les banques doivent s’adapteraux nouvelles mesures»Les dernières mesures prisespar le Premier ministre,ordonnant aux banquesd’alléger la procédured’ouverture d’un comptebancaire pour les particuliersou l’octroi de crédit, est unedécision qui vise à encouragerles particuliers à se familiariseravec les banques. Cependant,ces dernières sont appelées às’adapter aux nouvelles tâchespar une meilleure organisation.<strong>Algérie</strong> <strong>News</strong> : Le Premier ministre vientd’ordonner aux banques d’alléger certainesprocédures bureaucratiques liées àl’ouverture d’un compte et l’octroi decrédits. Que valent exactement ces mesures?Abderrahmane Mebtoul : C’est unebonne mesure,notamment pour les clientsqui vont bénéficier d’un nouvel allègementde la part des banques. Seulementles banques, à leur tour, doivent suivre ense dotant d’instruments qui leur permettrontde bien exécuter cette tâche. Nosbanques, actuellement, sont encore trèscentralisées. Les directeurs d’agences neaccordée à nouveauaux entreprisespubliques L’autorisationd’adhérer au Forum des chefsd’entreprises (FCE), la luttecontre le commerce informel etla toute dernière mesure visantl’assouplissement des procéduresd’ouverture d’un comptebancaire, tranchent avec lestyle Ouyahia, réputé plusrigide et qui justifiait ces mesuresqualifiées d’«impopulaires»par l’impératif de souveraineté.Au-delà de la différence destyle, y a-t-il réellement continuitéou changement de capdans l’action gouvernementale? Le Premier ministre Sellal aclairement indiqué, lors de laprésentation de sa déclarationde politique générale, que l’actionde son gouvernements’inscrivait dans la poursuite del’application du programme duprésident de la République.Dans les faits, chaque action deSellal est décortiquée dans lesens de l’opposer à son prédécesseur.Tout cela est encouragépar le fait que depuis sondépart de la Chefferie du gouvernement,Ahmed Ouyahian’assume aucune fonctionautre que celle de chef de parti,le RND. Ainsi, la mesure relativeà l’éradication du commerceinformel qui a été suivie,quelques semaines plus tard,par les facilitations accordéesaux particuliers pour l’ouverturede comptes bancaires, sontdécrites comme des actionscomplémentaires dont le butest d’éponger le maximum dela masse monétaire qui circuledans le circuit parallèle et quiest nuisible à l’économie formelle.Des analystes privilégient lalogique de rupture pour expliquerle lien entre les deux politiques.Selon cette analyse, legouvernement Sellal tente dedesserrer l’étau qui enserrel’action du gouvernement enraison des règles trop prudentiellesqui avaient été prisespour se prémunir de la crisefinancière mondiale et qui sontmatérialisées par la loi definances complémentaire (LFC2009). Selon cet éclairage, cen’est pas innocent qu’onreparle de la restauration ducrédit à la consommation, endépit du démenti officiel, émisdans ce sens, et de la règle51/49 pour l’investissementétranger en <strong>Algérie</strong> D’autrespréviennent contre ce genre de«raccourcis» dangereux et préfèrentparler de réajustement.Selon ces derniers, la décisiond’aller au bras de fer, en 2010peuvent pas prendre de décision sansl’aval de la direction générale. Le systèmebancaire nécessite une réorganisationinterbancaire où les circuits bancairesdeviennent plus souples.Dans ce cas, les banques sont-elles prêtesà appliquer ces mesures ?Ces mesures doivent être appliquées parles banques, car réduire le papier ne signifiepas automatiquement réduire la solvabilitédu client. Cependant, les banquesauront raison d’exiger des garanties quandelles accordent des crédits. Il faut un fondsde garantie qui assure les clients et qui estgaranti par l’Etat. Par ailleurs, la Chambrede compensation (chargée d’effectuer lesopérations interbancaires) devra elle aussijouer son rôle d’intermédiation entre lesbanques. A partir de là, on peut espérerune performance plus importante du systèmebancaire qu’actuellement.Pensez-vous que ces mesures contrarientla loi concernant la lutte contre la corruption,ou bien sont-elles une sorte de ruptureavec la politique du gouvernementOuyahia?Non au contraire, vous savez que le dernierrapport de l’organisationTransparency international concernant laen instituant l’obligation del’utilisation du chèque bancairepour toute transaction commercialede 500 000 DA et plusa eu comme effets les émeutesde janvier 2011 qu’on a voululier au «printemps arabe». Faceà cette réponse violente desmilieux d’affaires hostiles àtoute régularisation, il a falluchanger de stratégie. Il est indiquéque cette mesure visant àrendre moins difficile l’ouvertured’un compte bancaire estune revendication des entrepriseselles-mêmes qui buttentcontre les règles prudentiellesdraconiennes qui sont appliquéespar les banques.Selon un expert économique,la mesure Sellal en faveurde plus de souplesse dans l’ouverturedes comptes bancaires«est une mesure à saluer».Cependant, ajoute-t-il, «elle estnécessaire mais pas suffisante»pour extraire l’économie et lasociété de l’informel. Ce qu’ilfaut, indique la même source,c’est «mettre en branle lesmécanismes visant à canaliserce flux monétaire et dont laréactivation de la mesureOuyahia sur le paiement parchèque des transactions allantde 500 000 DA et plus en faitpartie».Kamel Aït Bessaïcorruption classe l’<strong>Algérie</strong> parmi les paysles moins transparents du monde (10 eplace au monde). Certes, la corruptionfreine le développement économique, maisce qu’il faut maintenant, c’est l’instaurationd’une bonne gouvernance. Après 50ans d’indépendance, on est toujours dansun système bureaucratique et une économierentière basée sur les hydrocarbures.Moi, je crois que ces mesures ont un objectif: récupérer l’argent de l’informel vers lasphère réelle ( 40% des échanges s’effectuenthors circuit bancaire). Ainsi, elleencourage les gens à utiliser la monnaiescripturale voire même électronique à laplace de la monnaie fiduciaire.Entretien réaliser par Khelifa Litamine> A C T U5Grèves des corpscommuns etparamédicaux«Le débrayage suivi à65%», selon la FNTSLa grève de trois jours, annoncée par laFédération nationale des travailleurs de lasanté (FNTS), affiliée au Syndicat nationalautonome des personnels del’administration publique (Snapap), ailleRachid Malaoui, a été différemment suivie,hier, à travers le territoire national. Lesinitiateurs du débrayage estiment le tauxnational à 65%. Dans la capitale, même pasle moindre indice n’a été constaté. Aucuntravailleur concerné par l’appel du Snapapn’a débrayé, a-t-on qbservé lors d’une viréeau CHU Mustapha-Pacha. Corps communs,agents de sécurité et d’entretien, chauffeurset paramédicaux, exerçaient leurs missionscomme de coutume. Renseignement prisauprès du secrétaire général de la FNTS,Miloud Benmessaoud, ce dernier dénoncerad’emblée «des parties étrangères à lafédération qui ont essayé, par tous lesmoyens, de casser la grève». «Nos adhérentsont observé la grève aux premières heuresde la matinée, avant qu’une personne ne seprésente comme étant syndicaliste endéclarant que les responsables nationauxont décidé de suspendre le débrayage aprèsavoir eu des assurances du ministre de laSanté, que les doléances seraient prises encharge dans les meilleurs délais», nous aexpliqué le même interlocuteur. Pour lui, cespratiques ne datent pas d’aujourd’hui et ilfallait s’y attendre. Cependant, se défendantd’une réussite relative de la grève nationale,le SG de la fédération citera des exemplesoù, le taux de suivi a atteint despourcentages élevés. «On a enregistré unsuivi de 100% à Tlemcen, 80% à Béjaïa et65% dans la wilaya d’Oran», a-t-il déclaré.L’ensemble des paramédicaux de la wilayade Tlemcen dont les infirmiers brevetés, lesanesthésistes et les infirmières exerçant à lapédiatrie a répondu à l’appel de la FNTS.C’est le cas aussi, dit M. Benmessaoud, desfonctionnaires de l’administration au niveaude différentes structures sanitaires. Pour lamoyenne nationale, notre source estime quele taux de suivi avoisine les 65% surl’ensemble des adhérents affiliés à la FNTS.Selon nos sources locales la grève n’a pasfait tache d’huile à Tizi Ouzou, encore moinsà Boumerdès où les mouvements deprotestation sont généralement suivis.Malgré le débrayage, il faut dire que lesecteur de la Santé n’a pas été vraimenttouché ou pénalisé, d’autant plus que lesmédecins sont exclus de ce mouvement. Lesprotestataires réclament «la révision dustatut particulier des corps communs,ouvriers professionnels, agents etchauffeurs», «l’augmentation et lagénéralisation de la prime de contagion et derisque à tous les fonctionnaires du secteur»,ainsi que «l’intégration de tous lestravailleurs contractuels et ceux exerçantdans le cadre du filet social». Par ailleurs, «lestatut particulier des anesthésistes doit êtrerévisé», insiste le SG de la fédération,appelant, par la même occasion, le ministèrede tutelle à promulguer un autre statut pourles infirmiers brevetés et infirmières exerçantau niveau des services de pédiatrie.Grève du SNPSPle 18 décembreUn autre mouvement se profile à l’horizon ausecteur de la Santé, de la Population et de laRéforme hospitalière. Le Syndicat nationaldes praticiens de la santé publique (SNPSP)a décidé, à l’issue de son conseil nationalouvert depuis jeudi dernier, d’une grèvenationale pour le 18 du mois en cours. «Elle(la grève, ndlr) se veut telle une alerte à latutelle pour l’amener à la table desnégociations», a déclaré avant-hier, LyèsMerabet, lors d’un point de presse à Alger. Lemême syndicat compte saisir le tribunaladministratif, pour pousser le départementde Abdelaziz Ziari à honorer sesengagements en termes de respect desarticles 19 et 25 du statut particulier.Aïssa MoussiALGERIE NEWS Mardi 11 décembre 2012