LA PAROLE AUX ASSOCIATIONSLA PAROLE AUX ASSOCIATIONSDans les coulisses du Grenelle à BesançonInterview <strong>de</strong> Gilles Sené, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Franche-Comté Nature EnvironnementLe Grenelle <strong>de</strong> l’environnement se termine. A Besançon, le 8 octobre, s’est déroulée l’une <strong>de</strong>s réunions délocalisées <strong>de</strong> ce Grenellecomme dans 17 autres villes en France. A cette occasion, Gilles Sené, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Franche-Comté Nature Environnement nouscommente l’envers du décor…FCNE : Dans quel contexte s’est organisée cette réuniondécentralisée ?Gilles Sené : Le débat sur Besançon a été organisé dans l’urgencemais pour certaines régions, les préparations <strong>de</strong> ces réunions sesont faites dans une opacité et une inertie remarquables. L’objectif<strong>de</strong> ces Grenelles délocalisés n’étaitpas <strong>de</strong> reproduire le processus <strong>de</strong>débats et échanges, mais <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>rles propositions issues <strong>de</strong>s sixateliers présents au niveau national: climat, biodiversité, santé,agriculture, démocratie écologiqueet compétitivité emploi. Or, pource Grenelle bisontin les atelierstraitant du climat, thème très largequi comprenait les problématiquesénergie, transports et urbanisme, etcelui <strong>de</strong> la gouvernance, n’étaientinitialement pas prévus. Il a fallu négocieravec la préfecture pour qu’aumoins le groupe climat soit présent.FCNE : Concrètement, comment s’est déroulée cette journée ?Gilles Sené : Elle s’est déroulée en <strong>de</strong>ux temps, sur la seule journéedu 8 octobre. L’après-midi a été consacré à la discussion et audébat entre les membres <strong>de</strong>s cinq groupes et une séance plénièreen soirée, ouverte au public, a permis <strong>de</strong> restituer la synthèse <strong>de</strong>sdébats <strong>de</strong> l’après-midi.Les travaux <strong>de</strong> l’après-midi n’ont pas été facilités par la dispositionmagistrale <strong>de</strong>s salles : les participants étaient installés face à uneestra<strong>de</strong> et l’usage obligatoire du micro n’a pas rendu possible <strong>de</strong>stravaux en «table ron<strong>de</strong>». Il y a eu <strong>de</strong>s échanges corrects et sansanimosité sur tous les sujets mais cette disposition n’a pas permis<strong>de</strong> véritables dialogues, ni d’abor<strong>de</strong>r le fond <strong>de</strong>s problèmes, le tempsétant trop limité.FCNE : Et comment avez-vous ressenti la séance plénière ?Gilles Sené : <strong>La</strong> séance plénière a rassemblé près <strong>de</strong> 800 à 1 000personnes. Contrairement aux débats très ouverts du Grenellenational, la partie formelle et magistrale <strong>de</strong> cette réunion, ponctuéed’une heure <strong>de</strong> discours officiels, a été ressentie comme un obstacleà l’expression libre <strong>de</strong> tous les participants.Les thèmes comme les OGM, les grands chantiers d’infrastructures<strong>de</strong> transports, les agrocarburants, l’énergie nucléaire, les pestici<strong>de</strong>sou les incinérateurs ont été évoqués. Mais la salle, composée pourERRATUM : Actifs et vigilants !Dans le précé<strong>de</strong>nt <strong>Empreintes</strong> (Eté <strong>2007</strong>), nous présentions l’associationVergers Vivants (Au chevet <strong>de</strong>s vergers, page 10). En référence au travailréalisé par les Croqueurs <strong>de</strong> Pommes, une malheureuse formulationles a rendus à tort « inactifs dans la sensibilisation, l’éducation et lapréservation ». C’est bien sûr tout le contraire que nous avons vouludire, puisque le travail engagé aujourd’hui dans <strong>de</strong> nombreuses régionsest en très gran<strong>de</strong> partie dû à leur dévouement pour les fruits et vergers<strong>de</strong>puis trente ans. Toutes nos excuses à ces vigilants pionniers aussiprompts à i<strong>de</strong>ntifier les variétés <strong>de</strong> fruits que les coquilles !10EMPREINTES n°8 - Automne <strong>2007</strong>la majorité d’invités <strong>de</strong> la Préfecture, s’est parfois montrée très en<strong>de</strong>çà <strong>de</strong> l’importance et <strong>de</strong> l’urgence <strong>de</strong>s enjeux : <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> routessupplémentaires, impossibilité <strong>de</strong> se passer d’OGM ou <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s…On mesure le travail <strong>de</strong> sensibilisation et d’éducation quenos associations ont encore à réaliser. « Vivre mieux avec moins »est encore loin d’être compris et accepté.FCNE : Sous quelle forme lesassociations ont-elles participé audébat ?Gilles Sené : <strong>La</strong> représentationassociative comprenait quatrepersonnes par atelier et certains <strong>de</strong>nos membres étaient présents à titred’experts. Les délais <strong>de</strong> préparationont été très réduits puisque la mise àdisposition préalable <strong>de</strong>s documentsémanant du Grenelle national ne fut que<strong>de</strong> quatre jours.FCNE : Comment l’association FCNE a-tellepréparé cette journée ?Gilles Sené : Grâce à un bénévolat intense, FCNE a élaboré undocument <strong>de</strong> travail préalable très riche sur la base du document<strong>de</strong> notre fédération nationale France Nature Environnement. Lescontributions ont été assurées par <strong>de</strong> nombreuses associations,bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> celles fédérées à FCNE : l’Ajena, une associationjurassienne spécialisée sur les enjeux énergétiques, Interbio, uneassociation d’acteurs <strong>de</strong> la filière bio franc-comtoise, le réseauCocagne, association couplant insertion sociale et agriculture bio,et la LPO Franche-Comté. Le recueil <strong>de</strong> nos contributions estconsultable sur la page <strong>de</strong> l’association du site www.mre-fcomte.fr.FCNE : Désormais, qu’atten<strong>de</strong>z-vous du gouvernement ?Gilles Sené : Globalement, les participants ont bien conscience queles problèmes sont importants et urgents à traiter et ils atten<strong>de</strong>nttous du gouvernement <strong>de</strong>s mesures et objectifs précis ainsi qu’unéchéancier bien défini. Comme pour les débats nationaux, cetexercice démocratique reste <strong>de</strong> portée très limitée, loin d’unevéritable démocratie participative. Il n’est pas possible <strong>de</strong> résoudreen quelques heures <strong>de</strong>s problèmes environnementaux locauxen suspens <strong>de</strong>puis plusieurs dizaines d’années. Comme ceci aété plusieurs fois rappelé par <strong>de</strong>s intervenants, « la crédibilité duGrenelle sera jugée aux décisions fortes et courageuses prises parle gouvernement ».Bilan carbone bisontinAfin <strong>de</strong> montrer l’exemple, la Préfecture <strong>de</strong>région avait décidé d’évaluer les conséquencesenvironnementales d’une telle réunion et <strong>de</strong>procé<strong>de</strong>r à une compensation carbone. Sur les800 personnes présentes, 416 seulement ontrépondu au questionnaire. 358 participants sontvenus en voiture dont 89 en covoiturage, 35 onteu recours au bus, 14 au train, 5 au vélo et 5 à lamotocyclette. 1 seul courageux s’est rendu à piedà Micropolis. 700 kg <strong>de</strong> papier ont été utilisés et2 200 kWh ont servi au chauffage et à l’éclairage<strong>de</strong> la salle. Au total, 14 tonnes <strong>de</strong> CO 2ont étérejetées lors <strong>de</strong> cette soirée, soit 210 euros encompensation carbone.
CARTE BLANCHE AUX BÉNÉVOLESCARTE BLANCHE AUX BÉNÉVOLESLucie a rencontré pour nous...le Père Noël écoloCette année, le Père Noël ne sera pas une ordure : les beaux joujouxqu’il se prépare à collecter pour nous seront plein <strong>de</strong> sens. Il s’engagepour le respect <strong>de</strong> ses semblables, <strong>de</strong> leurs conditions <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong>l’environnement en privilégiant tous les produits éthiques,écologiques, équitables et solidaires. Bien au chaud dans sacabane en <strong>La</strong>ponie, il surfe sur le net pour réunir les meilleurssites commerciaux impliqués dans ces démarchesécocitoyennes. Il visite ainsi le site « Eco-Sapiens »(www.eco-sapiens.com) pour les consommateursraisonnables, intéressés par la mo<strong>de</strong>, la décoration,la santé, le bricolage, l’alimentation ; comman<strong>de</strong> lecatalogue <strong>de</strong> la FRAPNA, Fédération régionale <strong>de</strong>s associations<strong>de</strong> protection <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> Rhône-Alpes, (www.frapna.org)pour d’autres idées ca<strong>de</strong>aux, notamment <strong>de</strong>s jeux éducatifs écolospour les enfants. De ses voyages autour du mon<strong>de</strong>, le Père Noël a vubafouer bien trop souvent les droits <strong>de</strong> l’Homme : via une économiesolidaire respectueuse du développement durable, Artisansdu mon<strong>de</strong> (www.artisansdumon<strong>de</strong>.org) travaille avec <strong>de</strong>petits producteurs et <strong>de</strong>s salariés <strong>de</strong>toutes origines et vend du café, du thé,du chocolat, <strong>de</strong>s vêtements, <strong>de</strong>s sacséthiques très «tendance», <strong>de</strong> la vaisselle,<strong>de</strong>s bijoux et même <strong>de</strong>s jouets. Le sitewww.voice-tm.com est plus axé surla <strong>maison</strong> et la mo<strong>de</strong> et celui <strong>de</strong>« won<strong>de</strong>rful mon<strong>de</strong> » (www.won<strong>de</strong>rfulmon<strong>de</strong>.com),la boutique <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> éthique,propose une collection <strong>de</strong> qualité, respectueuse<strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong>s salariés, biologique et sanstraitement chimique. Pendant ce temps, ses lutins démarchent lesautres commerçants engagés.Lucie Gran<strong>de</strong>mangeLes photos mystères<strong>de</strong> Magalie et Lucie1. punaise <strong>de</strong>s baies – 2. araignée – 3. pissenlitRetrouvez les photos dans leur intégralitésur : www.mre-fcomte.fr<strong>La</strong> chronique historique <strong>de</strong> Lucie :il était une fois l’écologie…DERNIER CHAPITRE ET FINEn ce jour du 28 août 1613, au Parlement <strong>de</strong> Dole, messire Luc <strong>de</strong>Saint Mauris, Procureur Général <strong>de</strong> leurs Altesses Sérénissimesdu Comté <strong>de</strong> Bourgogne, continue d’accuser Guillaume Nardin :en 1601, lors <strong>de</strong>s procès <strong>de</strong> 14 personnes accusées d’avoircoupé du bois en toute illégalité dans les forêts <strong>de</strong> Chaux et <strong>de</strong>Dampierre pour le compte <strong>de</strong> Nardin, celui-ci n’avait pas voulus’en porter garant. Ensuite, le procureur se remémore sa visitemenée dans la forêt <strong>de</strong> Chaux, près <strong>de</strong> Fraisans le 26 juin 1612,qui avait mal tourné ; François Nardin, neveu <strong>de</strong> Guillaume, avaitinjurié les représentants <strong>de</strong> la loi en refusant <strong>de</strong> les suivre et<strong>de</strong> répondre aux accusations. Après l’outrage à magistrat, sontdéveloppés plusieurs points concernant la manière frauduleusequ’il avait, lui et toute sa famille, d’exploiter les bois alentoursen ne tenant pas compte <strong>de</strong>s interdictions concernant le bois <strong>de</strong>hêtre (sélection <strong>de</strong>s arbres, grosseurs <strong>de</strong>s troncs autorisées) et enobtenant du charbon <strong>de</strong> bois en construisant en trop grand nombre<strong>de</strong> gros fourneaux. Des pans entiers <strong>de</strong> forêt laissant <strong>de</strong>rrière eux<strong>de</strong>s clairières furent détruits, privant les habitants usagers <strong>de</strong>sproduits <strong>de</strong> la forêt : le bois <strong>de</strong> chauffage et les glands, nourritureessentielle <strong>de</strong>s porcs. Le reste <strong>de</strong>s accusations abor<strong>de</strong> tous lesprofits qu’il a pu accumuler sur le dos <strong>de</strong>s souverains propriétaireset <strong>de</strong>s villageois : il vendait à ces <strong>de</strong>rniers du charbon <strong>de</strong> bois àprix d’argent tandis qu’il trompait publiquement les Souverains ensous évaluant la somme <strong>de</strong> la rente, dont il était re<strong>de</strong>vable, enéchange <strong>de</strong> son usage <strong>de</strong>s moulins, <strong>de</strong>s écluses, <strong>de</strong>s foules etbattoirs.Informée <strong>de</strong> tous ces outrages et délits, la Cour le condamne àplusieurs amen<strong>de</strong>s : 50 000 francs <strong>de</strong> dommages et intérêts, 400à 500 livres <strong>de</strong> rente pour sa concession entière, 400 livres pourles concessions <strong>de</strong>s moulins, foules, battoirs, étangs et tailles et500 pour le droit <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s forges, couper du bois, prendre duminerai <strong>de</strong> fer et dresser <strong>de</strong>s chemins. Il sera aussi privé et déchudu fruit <strong>de</strong> ses concessions.Ce procès marque la prise <strong>de</strong> conscience et le souci <strong>de</strong>s autoritésd’entretenir et <strong>de</strong> conserver la forêt <strong>de</strong> Chaux afin qu’elle puissese rééquilibrer et continuer à alimenter en matière première lesindustries naissantes ; un nouveau mo<strong>de</strong> d’exploitation réfléchis’installe et tout désordre est menacé <strong>de</strong> punition. FINLucie Gran<strong>de</strong>mangeEMPREINTES n°8 - Automne <strong>2007</strong>11