Compte-rendu de la rencontre - ANRT

ANRT – FutuRIS – Les RencontresMardi 8 février 2011Monsieur Jean-Claude LEHMANN(Académie des technologies)L’évaluation du travail individuel des chercheurs permet d’en assurer la promotion, de leurallouer les moyens adéquats et de les accompagner en cas de besoin. L’évaluation des projets,laboratoires et établissements poursuit également un objectif économique et financier ; elle sertpar ailleurs à l’information des étudiants et chercheurs, notamment étrangers, et aide lesstructures à améliorer leur fonctionnement. C’est pourquoi l’utilité de l’évaluation ne fait aucundoute, puisqu’elle permet d’obtenir une bonne photographie de la recherche nationale publiqueà un instant donné et d’orienter ainsi les décisions politiques.Les objectifs assignés à la recherche publique sont multiples :- la progression des connaissances ;- la participation à la formation supérieure ;- l’apport des connaissances qui permettront le développement technologique et laréponse aux grands enjeux socio-économiques.L’optimisation du dispositif de recherche actuel suppose, d’une part que la communautéscientifique s’approprie ces enjeux et d’autre part, que les moyens financiers soient alloués enfonction de ces objectifs.L’obtention de moyens financiers et leur évaluation personnelle sont les principalespréoccupations des chercheurs. Il est donc souhaitable d’utiliser ces deux leviers pour obtenirque la recherche atteigne les objectifs qui luis sont assignés.1

ANRT – FutuRIS – Les RencontresLes limites des critères d’évaluation actuelsJean-Claude Lehmann a pu observer à l’étranger les alliances et les connivences entre mondeacadémique, entreprises et collectivités territoriales. Il a mesuré les bénéfices que l’ensembledes parties retiraient de cette proximité. Cependant la culture française ne permet pasaujourd’hui de développer ce travail collectif. D’ailleurs, les méthodes actuelles d’évaluation sefondent essentiellement sur la notion de « qualité », sans que soient pris en compte ce que sontles différentes missions de la recherche. Certes, certains critères d’évaluation sont choisis enfonction des disciplines ou des applications possibles, mais cette tendance a pour conséquencede scinder la communauté scientifique entre recherche fondamentale et recherche appliquée,alors même que seule une infime part de la recherche publique a pour unique objetl’accroissement des connaissances (par exemple l’astrophysique) ; la majeure partie poursuiten réalité une finalité explicite ou implicite (on pourrait évidemment élaborer plus en détail surce point).L’ouverture aux enjeux socio-économiquesLe problème majeur de la recherche reste celle de l’ouverture aux grands enjeux du monde,même si la sensibilité aux questions socio-économiques a permis de belles avancées, depuisles colloques de 1982 jusqu’aux récents pôles de compétitivité. Pour autant, les enjeuxsociétaux ou économiques deviennent toujours plus importants dans un monde en accélérationconstante. Tout en n’étant pas les seules responsables de leur situation, les universitésfrançaises prennent conscience de leur retard.Conjuguer excellence et pertinenceDans ces conditions, il est essentiel que les chercheurs prennent conscience du positionnementde leurs travaux dans les missions de la recherche publique, c’est-à-dire de leur pertinence.Cette réflexion serait prise en compte dans leur évaluation, quel que soit le type de travauxpoursuivis, et favoriserait la cohésion au sein de la communauté scientifique.L’excellence est un critère pertinent en soi, surtout pour la recherche la plus fondamentale, maisd’autres critères peuvent être également pris en compte, même pour celle-ci :- test d’une nouvelle théorie ;- développement d’un concept nouveau ;- validation d’une théorie ;- mesure d’un paramètre clé ;- utilisation de technologies ou d’idées nouvelles pour la mise en œuvre d’un travail original…Les critères de pertinence sont bien sûr beaucoup plus facile à définir pour la recherche la plusappliquée.2