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Observer les circuits courts pour accompagner ... - INRA Montpellier

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M O N T P E L L I E R , M A R S 2 0 1 0 , N ° 3LESCAHIERS DEL’ OBSERVATOIRECOXINEL<strong>Observer</strong> <strong>les</strong> <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> <strong>pour</strong> <strong>accompagner</strong>leur développement régionalApports d’une démarche territoriale enLanguedoc-Roussillon et autres exemp<strong>les</strong>S O M M A I R EQu’est-ce qu’un observatoire?1Pourquoi un observatoiredes CC2Comment fait-on ? 3Étude sur le Pays 4HLVAutres lieux, autres 10démarchesBilan 12L es <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> représententaujourd’hui un thèmede prédilection <strong>pour</strong> lapresse. Au-delà de ce succèsmédiatique, une réflexion defond se développe autour dela réappropriation de laquestion alimentaire par<strong>les</strong> territoires.En Avril 2009, le MAAP* adéfini officiellement un circuitcourt (CC) en tant que modalitéde vente mobilisant auplus un intermédiaire entre leproducteur agricole et leconsommateur intégrant ainsila remise directe par l’agriculteurou la vente via unseul intermédiaire.Les différents acteurs desterritoires possèdent toute-fois peu d’informations sur<strong>les</strong> CC locaux leurs dynamiques.Plus largement, Laconnaissance et le suivides systèmes alimentairesterritoriaux 1 semblent aujourd’huiimportants <strong>pour</strong>définir un projet collectif autourde l’alimentation etconstruire des outils adaptés.Le projet PSDR-COXINEL,qui fait suite au projet Equal-CROC, cherche à caractériserl’importance économique des<strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> de commercialisationen Languedoc-Roussillonet leur contribution audéveloppement durable de laRégion. Dans ce cadre, sepose la question de l’observationdynamique et territorialede ces <strong>circuits</strong>.Qu’est-ce qu’un observatoire ?A travers ce cahier, nousallons chercher à montrer cequ’est un observatoire, enquoi une démarche d’observationdes CC peut être pertinente<strong>pour</strong> agir en concertation<strong>pour</strong> le développementd’un territoire. Enfin une troisièmepartie nous permettrad’aborder des exemp<strong>les</strong> :nous nous baserons sur uneétude menée dans le PaysHaut-Languedoc et Vignob<strong>les</strong>en LR, afin d’illustrer la façondont nous proposons deconstruire un observatoiredes CC <strong>pour</strong> l’action et nousprésenterons également <strong>les</strong>démarches d’observatoiresdéveloppées sur deux autresterritoires français.* Sig<strong>les</strong> etAbréviations *CC: Circuit CourtCL : Circuit LongCIVAM : Centre d’Initiative<strong>pour</strong> Valoriser l’Agricultureet le Milieu RuralEA : Exploitation AgricoleFEADER: Fonds EuropéenAgricole <strong>pour</strong> le DéveloppementRuralMAAP: Ministère de l’Alimentation,de l’Agricultureet de la PêcheOTEX : Orientation Technico-économiquede l’ExploitationA ujourd’hui, de nombreuxobservatoires sontcréés en France et dans leMonde sur différents thèmes: observatoires économiques,sociaux (emplois,retraite…), techniques, environnementaux(pollution deseaux…). Leurs échel<strong>les</strong> sontaussi variées qu’il existe d’échelonsterritoriaux : du bassinversant au canton, de larégion au territoire nationalvoire supranational.Au niveau agricole, desobservatoires ont été mis enplace, notamment <strong>pour</strong> suivrel’impact des pratiquesagrico<strong>les</strong> sur l’environnement.Un Réseau Mixte© Diane PellequerMaraîcher près de BédarieuxTechnologique (RMT) surl’Observatoire des ActivitésAgrico<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> Territoires(OAAT 2 ) s’est montéeen 2007. Ce réseau regroupede nombreux acteurs dumonde agricole qui, à traverstrois projets, visent à établirune méthodologie de coconstructiond’observatoiredes pratiques agrico<strong>les</strong>.J.M. Vinatier, coordinateurgénéral du RMT OAAT et chefdu pôle « Agronomie, environnementet Territoires » àla Chambre Régionale d’Agriculturede Rhône Alpes, définiten 2008 l’Observatoiredes Pratiques Agrico<strong>les</strong>comme un « dispositif structuré(base de données) d’observationset d'analyses(indicateurs) <strong>pour</strong> décrire etsuivre l’évolution des pratiquesagrico<strong>les</strong> dans le tempset dans l’espace ».PHLV : Pays Haut-Languedoc et Vignob<strong>les</strong>SIG : Système d’InformationGéographique1système alimentaire territorial : entendu selon Denéchère (2007) comme « l’ensemble de la production/transformation/distribution/consommation sur un territoire donné, dont <strong>les</strong> limites géographiques sont déterminéespar la consommation. Il est influencé par des habitudes alimentaires, des politiques publiques, des savoirfaireen matière de production ou transformation, des caractéristiques territoria<strong>les</strong>… Cela correspond à la manièredont une société s’organise <strong>pour</strong> s’alimenter. ».2http://www.obsagri.fr/


Page 2 Les Cahiers de l’Observatoire COXINEL N°3, Mars 2010Dans le cas des <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong>, ils’agit d’observer ces <strong>circuits</strong> de commercialisationsous toutes leurs formes qu’el<strong>les</strong>soient traditionnel<strong>les</strong> (marchés, foires) ouplus récentes (AMAP, livraison par Internet)mais aussi selon différents approches.<strong>Observer</strong> <strong>les</strong> CC d’un territoire impliquenon seulement mieux connaître <strong>les</strong> pratiquesde commercialisation des agriculteursmais aussi de comprendre <strong>les</strong>pratiques de consommation de la populationde ce territoire. De même, il est nécessaired’identifier <strong>les</strong> différentes actionset attentes en rapport avec la thématique: actions publiques, de la sociétécivile, des associations, des entreprisesprivées…Les partenaires du projet PSDR-COXINEL essaient de comprendre, à l’é-chelle de la Région Languedoc-Roussillon,quels sont <strong>les</strong> impacts de ces CC sur leplan économique, social et environnemental.Dans ce cadre, ces acteurs cherchent àmettre au point des méthodes de créationet d’analyse de données sur <strong>les</strong> <strong>circuits</strong><strong>courts</strong> des territoires, notamment à traversdes enquêtes et des activités d’échange.Parallèlement, le Réseau Rural Français,dispositif co-piloté par le MAAP et laDIACT, cherche à capitaliser <strong>les</strong> expériencesautour du développement local : <strong>les</strong>liens complexes entre agriculture et alimentationdans <strong>les</strong> territoires sont l’unedes priorités.Quels intérêts y a-t-il, localement, àcréer un observatoire territorial des <strong>circuits</strong><strong>courts</strong> ?Pourquoi un observatoire territorial des CC ?L a question de l’alimentation apparaîtcomme une préoccupation de plus en plussoulevée face aux problèmes de santé publiquequi se développent. Certaines collectivitésterritoria<strong>les</strong> sont en recherche dealternatives <strong>pour</strong> améliorer l’alimentationde leurs concitoyens. Parallèlement, certainsterritoires sont confrontésà un non renouvellementde la populationagricole et à un abandondes terres productives.Des solutions sont proposées<strong>pour</strong> à la fois offrir3La gouvernance alimentaire territorialeest définie comme « nouvel ensemblede coopérations entre <strong>les</strong> différentsacteurs et <strong>les</strong> échelons d’interventiongéographiques, dont l’arènecommune est l’enjeu alimentaire ».Définition issue lors du séminaire d’inaugurationdu Réseau Rural Françaisà Bordeaux en 2008 (atelier 3)1. P our mutualiser des compétences dispersées…une meilleure qualité de l’alimentation descitoyens et lutter contre la désertificationagricole. Ceci amène à repenser conjointementproduction agricole et consommationalimentaire dans <strong>les</strong> territoireset à réfléchir au développement d’unegouvernance alimentaire territoriale 3face à la multiplicité desacteurs impliqués dans <strong>les</strong>ystème alimentaire territorial1 : consommateurs,agriculteurs, entreprises,associations, agents dedéveloppement, collectivités…Agir, décider appellent une information« globale », à l’échelle du territoire. Or laquestion du développement des <strong>circuits</strong><strong>courts</strong> met en relation une multitude d’acteursdiversifiés. Chacun détient des informationsclés sur le fonctionnementet l’organisation des CClocaux. En mutualisant leursconnaissances et compétencesà travers un outil commun, i<strong>les</strong>t possible de passer d’uneinformation fractionnée à une© Diane PellequerConsommateurs de « ZenAMAP »à Pézenas (34)vue d’ensemble du territoireen termes d’alimentation localeet de <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong>.Cette étape suppose donc un diagnosticde la situation et des acteurslocaux agissant autour de cette thématique.Organiser un observatoire des <strong>circuits</strong><strong>courts</strong> permettrait de rassembler et de capitaliser<strong>les</strong> données à l’échelle du territoire.Plusieurs projets de recherche et développementsont arrivés à ce constat,comme celui porté par <strong>les</strong> acteurs du projetSALT en Bretagne (cf. encadré p.droite) qui vise, à terme, la création d’unobservatoire régional des <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong>.Une des premières actions en 2008 s’esttournée vers la cartographie des initiativescollectives de CC à l’échelle de leur région.2. P our co-construire de nouveaux indicateurs…Peu de données sont disponib<strong>les</strong> sur lefonctionnement précis des CC. Le dernierRecensement Général Agricole de 2000 apermis d’aborder la vente directe du pointde vue de l’exploitant agricole, mais <strong>les</strong>réponses se limitent à déclarer pratiquer lavente directe sans mention de volumes oude chiffre d’affaires. Pour intégrer leur re-nouvellement et leur potentiel, <strong>les</strong> CC doiventaujourd’hui faire l’objet de créations,collectes et productions de donnéesdans une perspective de développementdes territoires.C’est <strong>pour</strong>quoi, au-delà de cette mutualisation,il est nécessaire de réfléchir


Page 3 Les Cahiers de l’Observatoire COXINEL N°3, Mars 2010localement aux indicateurs pertinents à mesurerafin d’être en capacité de comprendre <strong>les</strong>dynamiques en cours et d’évaluer <strong>les</strong> impactsterritoriaux des CC sur <strong>les</strong> plans économique,social mais aussi environnemental.Le projet SALT propose des indicateurs à lafois économiques (CA…) et géographiques. Dansle projet COXINEL, une réflexion est menée <strong>pour</strong>rendre compte aussi des liens entre acteurscomme vecteur de changement, c’est-à-dire d’aborderle fonctionnement d’un système d’organisationd’une manière globale.Deux types d’indicateurs sont à combiner :des indicateurs usuels (revenu, marge brute…) etdes indicateurs d’impacts plus innovants : au niveauéconomique (contribution à l’économie locale),social (fierté, reconnaissance…) ou environnemental(forme d’agriculture pratiquée, transport…).Cette évolution des indicateurs est discutéeau niveau national et international, à traversnotamment le rapport de la commission Stiglitzqui reprend l’idée de «nouveaux indicateurs derichesse» (source : www.idies.org). Les auteursde ce rapport appellent à mettre en place desdispositifs participatifs <strong>pour</strong> définir et valider collectivementces indicateurs. Cette pratique est àenvisager <strong>pour</strong> aborder la question de la gouvernancealimentaire d’un territoire avec <strong>les</strong> différentsacteurs du système alimentaire.Un exemple, le projet SALT en BretagneDéfinition…Le projet Systèmes Alimentaires Territorialisésassocie, entre 2007 et 2011, organismes derecherche (Agrocampus Ouest, Université Rennes 2, UniversitéRennes 1, CNRS, <strong>INRA</strong>, ISARA Lyon, ESA Angers),associations de développement rural (FR CIVAM Bretagne,FRAB, Agrobio 35, Accueil Paysan, AFIP) et collectivitésloca<strong>les</strong> (Pays de Dinan, Rennes Métropole, Pays duCentre Ouest Bretagne) dans un objectif général deconnaissance des <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> <strong>pour</strong> « favoriser l’émergencede systèmes alimentaires territoriaux » en Bretagne.A terme, l’objectif opérationnel est de lancer unobservatoire territorial des CC afin de suivre l’impactéconomique des <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> sur le territoire et de proposerun outil de compréhension <strong>pour</strong> l’élaboration destratégies loca<strong>les</strong>. En effet, <strong>les</strong> acteurs font le mêmeconstat : il existe aujourd’hui peu d’informations économiquessur <strong>les</strong> CC à une échelle territoriale.Outils et indicateurs mobilisés : Les dynamiques territoria<strong>les</strong>sont comprises à travers des approches géographiqueset sociologiques mais aussi par une approcheéconomique avec le relevé et le suivi d’indicateurscomme le chiffre d’affaires ou <strong>les</strong> emplois générés par <strong>les</strong>CC.Étapes du projet <strong>pour</strong> aboutir à l’observatoire :3. E t se coordonner <strong>pour</strong> agir !Une démarche d’observatoire permet de fairetravailler en réseau des structures qui ne le fontpas forcement, amenant probablement une certainecohésion sur le territoire. Un observatoireterritorial des <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> peut donc être compriscomme un lieu de négociation, de coopération,d’échange entre acteurs locaux et non pascomme un simple outil de création de données.L’objectif d’un observatoire territorial des <strong>circuits</strong><strong>courts</strong> est de replacer l’action organisée au centrede la démarche d’observation : observer etmutualiser <strong>pour</strong> développer le territoire.Un observatoire, comment fait-on?L e terme « observatoire » désigne des dispositifsdiversifiés dont <strong>les</strong> modalités de fonctionnementdépendent des besoins des acteurs etpeuvent être co-construites en fonction des situations.Les travaux menés par le RMT OAAT ontabouti à une méthodologie générique de constructiond’observatoire des pratiques agrico<strong>les</strong> àpartir l’étude de cas réels d’observatoires qui sesont mis en place en France.Quelques questions initia<strong>les</strong> qu’ils soulèventpeuvent être relevées : Que veut-on observer ?Pour quel<strong>les</strong> finalités ? Qui observe ? Commentobserve-t-on (quels outils sont nécessaires, commentrecueille-t-on l’information, comment latraite-t-on) ? A quelle fréquence observe-t-on ?Comment communique-t-on <strong>les</strong> informations et àÉtape 1 : définition des concepts clés, élaboration etvalidation sur 3 territoires tests d’un protocole d’analyseéconomique des CC, publication d’un premier guide méthodologique,Étape 2 : lancement structure de pilotage, réalisationd’une grille d’analyse socio-économique adaptée à l’échelleterritoriale, diffusion des résultats (supports variés:artic<strong>les</strong>, séminaires…),Étape 3 : lancement d’un observatoire régional des CCavec fonctionnement coopératif, collecte de données,création interface publique, d’un SIG* scientifique etd’aide à la décision, publications.Plus d’infos : www.civam-bretagne.org.qui ? Des questions se posent aussi sur <strong>les</strong> lienset <strong>les</strong> acteurs qui participent à l’observatoire :comment <strong>les</strong> choisit-on, comment participent-ils,quels partenariats, quel partage des tâches, quel<strong>les</strong>implications ?Dans le cas d’un observatoire des <strong>circuits</strong><strong>courts</strong> territorial, plusieurs démarches sont encours. Le projet SALT se décline en trois étapes<strong>pour</strong> atteindre l’objectif de construction d’un observatoirerégional : une première étape théorique,puis la construction d’une grille d’indicateurs<strong>pour</strong> l’analyse des CC et la diffusion des résultatsauprès d’acteurs à travers différents momentsd’échange (colloques…).Trois autres exemp<strong>les</strong> de démarches d’observationdu système alimentaire local réalisées en2009 vont permettre d’illustrer cette questiondans <strong>les</strong> paragraphes suivants.


Page 4 Les Cahiers de l’Observatoire COXINEL N°3, Mars 2010En Languedoc-Roussillon, étude surLe Pays Haut-Languedoc et Vignob<strong>les</strong>Un besoin deconnaissancesur le systèmealimentairelocal <strong>pour</strong>structurer <strong>les</strong>actions...1. L a démarche de l’étudeLe besoin d’acteurs locauxSitué sur l’ouest héraultais, le PaysHLV a été créé en 2005. Son contrat dePays est axé autour de quatre grands objectifs: renforcer l’identité commune, développeret valoriser <strong>les</strong> productions économiques,répondre aux besoins de meilleuresconditions de vie, maîtriser l’aménagementde l’espace et de l’environnement(source : http://www.payshlv.com).Dans le cadre du développement et dela valorisation des productions, le Payss’est engagé à soutenir une agricultureraisonnée, à travailler sur le post arrachagedes vignes et le développement des<strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> de son territoire. Les responsab<strong>les</strong>du PHLV ont alors ressenti lanécessité de réaliser un état des lieux desCC de leur territoire.Outils d’analyseLa sociologie des organisations<strong>pour</strong> observer et comprendre…Parallèlement, des agriculteurset agents du réseau desCIVAM* de l’Hérault, FDCIVAM34,s’interrogent sur <strong>les</strong> CC. La FDCI-VAM34 décide de travailler en partenariatavec le Pays HLV sur cette question afin dedégager des pistes d’actions <strong>pour</strong> le développementdes CC en PHLV.L’étude proposée initialement visait àconnaître la perception et l’engagement<strong>pour</strong> <strong>les</strong> CC à la fois chez <strong>les</strong> producteurs,<strong>les</strong> consommateurs mais aussi <strong>les</strong> professionnelsde l’alimentaire et <strong>les</strong> élus du territoiredu PHLV. L’enjeu consistait doncà révéler un système alimentaire territorial(SAT) en prenant en compte la diversitédes acteurs qui l’influencent.Les étapes du travail1. Recensement de l’information et des actions sur<strong>les</strong> <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> territoriauxA75A9Différentes approches permettent de mieux comprendrecomment <strong>les</strong> acteurs du territoire construisent et coordonnentleurs activités. J.P.Darré montre que l’adoptiond’innovations chez <strong>les</strong> agriculteurs se fait au traversd’un « groupe professionnel local », qui construit, ajusteet valide collectivement la nouveauté, à travers <strong>les</strong> réseauxde dialogue entre producteurs. Le concept « d’acteurstratégique » de Crozier et Friedberg amène toutefoisà penser que l’acteur agit aussi selon sa logiqued’action propre. En reprenant <strong>les</strong> termes du sociologueMax Weber, trois types de logiques ou « rationalités »peuvent être distinguées : la logique traditionnelle, quiréfère aux actions menées par habitude, la rationalitéen valeur, motivée par des valeurs que l’on souhaitedéfendre et la rationalité en finalité, qui privilégie <strong>les</strong>objectifs à atteindre.La sociologie des régimes d’actions<strong>pour</strong> approfondir <strong>les</strong> logiques d’actions…Une autre approche permet de compléter l’analyse deslogiques d’actions : Thévenot, notamment, développele concept de régime de justification qui permet d’identifierdes « grandeurs » auxquel<strong>les</strong> se réfère un individu<strong>pour</strong> justifier ses choix. 6 grandeurs ou « conventions »ont été identifiées : la convention marchande qui faitprévaloir <strong>les</strong> lois du marché, l’inspirée qui renvoie augénie créateur, la civique où l’intérêt général est privilégié,celle de l’opinion où le principal fondement est leregard de l’autre, l’industrielle qui place la performanceet l’efficacité au premier plan et enfin la domestique où<strong>les</strong> figures de référence sont la famille et la tradition.La sociologie de l’innovation<strong>pour</strong> <strong>accompagner</strong> <strong>les</strong> acteurs…La sociologie de l’innovation développée par Callon etLatour, amène à concevoir un processus d’innovationcollectif, tel que la mise en place d’un observatoire territorialpar exemple, comme la construction d’un réseauassociant des acteurs et des objets, réunis par l’actiond’intermédiaires à même de traduire <strong>les</strong> intérêts dechacun au service d’un projet collectif et capab<strong>les</strong> detisser des alliances.En savoir plus sur ces approches : cf. Amblard (1996)Chercher à comprendre un système alimentaire territorial nécessited’identifier quelle structure détient quelle information et agit enlien avec la commercialisation des produits agrico<strong>les</strong>. Il s’agit aussi derecenser <strong>les</strong> dispositifs de transformation et de commercialisation(marchés, boutiques, foires...) du territoire. Les pratiques et attentesdes différents opérateurs ayant un lien avec la commercialisation desproduits en CC (producteurs, consommateurs, associations, coopératives,entreprises privées…) sont à identifier. Enfin, dans une perspectivede développement durable, il semble important de connaîtreégalement quel<strong>les</strong> pratiques de l’agriculture et quel<strong>les</strong> qualités sontvalorisées à travers ces modalités de vente en CC.2. Entretiens auprès d’un échantillon de producteurs du territoireet de leurs réseauxIl a été choisi d’approfondir le volet « offre alimentaire » encherchant à comprendre le stratégie et <strong>les</strong> pratiques de commercialisationdes producteurs. 49 agriculteurs du PHLV et 2 responsab<strong>les</strong>de collectifs de producteurs ont été interrogés sur la situation actuellede leur système de commercialisation (volume et CA par modalité devente, complémentarité entre modalités...). Nous avons aussi cherché,à travers la compréhension de leur trajectoire de vente, à identifier<strong>les</strong> facteurs qui <strong>les</strong> ont amenés à changer ou à rester stab<strong>les</strong> enmatière de commercialisation. L’objectif était de dégager <strong>les</strong> facteursqui forment des leviers ou des freins au développementdes CC.Cette étude de l’offre alimentaire locale ne comprenait pas lerecensement de l’offre en vin (domaines, coopératives) malgré laprépondérance de l’activité viticole sur ce territoire (80% des exploitations).Néanmoins elle a pris en compte <strong>les</strong> exploitations diversifiées,qui peuvent produire à la fois duraisin <strong>pour</strong> la coopérative ou du vin etun autre type de production.L’analyse des facteurs de stabilitéou de changement de commercialisationa permis de construire une typologiede producteurs en fonction de leurslogiques d’action et ainsi de structurer© Diane PellequerLe village d’Olargues en PHLV


Page 5 Les Cahiers de l’Observatoire COXINEL N°3, Mars 2010une diversité de comportements autour de castypes. A ce niveau, nous avons essayé de relierstructures d’exploitation, pratiques de commercialisationet insertion dans <strong>les</strong> réseaux sociaux.3. Entretiens auprès d’un échantillon deconsommateurs du territoire et de leursréseauxLe 3 ème temps de la démarche s’intéresseaux consommateurs du territoire : comment secaractérise la population, quels sont <strong>les</strong> bassinsde vie et de consommation du territoire, quelsont leurs pratiques et besoins alimentaires,sont-ils sensib<strong>les</strong> aux produits locaux ? Lesmotivations et réticences des consommateursà s’approvisionner en produits du territoiresont à étudier <strong>pour</strong> identifier le potentielde développement. Ce travail peut se matérialiserpar des enquêtes auprès d’un panel représentatifde consommateurs du territoire et par2. Q uelques résultats…Les connaissances et actions sur <strong>les</strong> <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong>par des focus sur des publics en particulier : populationà petit budget, personnes seu<strong>les</strong>… Untravail sur <strong>les</strong> réseaux déjà structurés deconsommateurs engagés sur l’achat de produitsalimentaires locaux (associations formel<strong>les</strong> ouinformel<strong>les</strong>) peut permettre de dégager <strong>les</strong> facteursde succès de ces démarches. Il sembleaussi intéressant de passer par d’autres rassemblementsde citoyens, pas forcément liés auxquestions alimentaires (ex association desport…), <strong>pour</strong> comprendre dans quelle mesureces réseaux déjà structurés <strong>pour</strong>raient être moteursdu développement d’un approvisionnementlocal.4. Enquêtes auprès des autres acteurs économiqueset politiques du territoireDans le cadre de l’étude du système alimentaireterritorial, il semble important de connaîtrele point de vue des acteurs économiques locaux: transformateurs, commerçants, mais aussides élus.4 typesd’acteurs àconnaître <strong>pour</strong>caractériser unSAT: <strong>les</strong>producteurs, <strong>les</strong>consommateurs,<strong>les</strong> acteurséconomiques et<strong>les</strong> élus.Les résultats de cette démarche, notamment ceux de l’étape 1 et 2, vont être présentés. Ils sontissus d’un stage de fin d’étude réalisé au cours de l’été 2009 au sein de la FD CIVAM 34 et encadrépar l’<strong>INRA</strong>. Le tableau n°1 présente <strong>les</strong> organismes connaissant des producteurs et des lieux de venteen CC sur le Pays Haut-Languedoc et Vignob<strong>les</strong>. Ceci permet un premier aperçu de la multiplicité desacteurs impliqués et de la dispersion des connaissances. Néanmoins, ce tableau ne prétend pas à l’exhaustivitéet il mériterait d’être complété :Organismes publics ouDomaines d’expertise et liens privilégiésparapublicsChambre d’Agriculture - Producteurs des marchés de « producteurs de pays »- Réseau des agriculteurs « Bienvenue à la ferme » : 80 producteurs sur l’Hérault dont29 sur le PHLV (12 vin, 17 autres)- Label Qualité Hérault : 1 producteur, 2 boutiques sur le PHLV- Réseau des Boutiques PaysannesConseil Régional, GénéralCollectivités territoria<strong>les</strong> :com de com, pays,PNR Haut LanguedocOffice du tourismeMairie,services municipaux,Organismes économiquesCollectifs d’agriculteurs :coopératives, SICAGrossistes, marchés gareLieux de vente de produitsde producteursRéseau associatifSyndicats de produits, defilière : GDS, LRE, AOCAssociation de producteurs :CUMA, FR CUMAConfédération PaysanneFD CIVAM 34ADTV 34Association des marchéspaysans de l’HéraultAssociation mixte consommateurset producteursLR AMAP, FDFR34...Annuaire des marchés de l’Hérault- Listing et cartes d’agriculteurs proposant des produits de terroir- Guide des productions agrico<strong>les</strong> du PNR Haut Languedoc : 79 producteurs en ventedirecte sur l’exploitation recensés dont 49 sur le PHLV (17 vin, 32 autres)Expertise sur <strong>les</strong> lieux de vente de produits locaux, <strong>les</strong> foires...- Certains sites internet de mairies : agriculteurs en vente directe- Placiers de marchés : agriculteurs des marchésListe des membres ou des adhérents du collectif (parfois magasin de coopérative)Producteurs fréquentant le marché gareAgriculteurs vendant des produits dans la boutiqueNombre d’adhérents des réseaux, expertise sur <strong>les</strong> <strong>circuits</strong> utilisésListe des adhérents de matériel de transformation et de commercialisation en communet connaissance de projets collectifs- Réseau « Accueil Paysan », 13 producteurs sur l’Hérault, dont 6 sur le PHLV- ARDEAR : expertise sur <strong>les</strong> projets d’installation et <strong>les</strong> installations récentesExpertise sur <strong>les</strong> CC, connaissance de projets (par Equal CROC), www.mangetic34.org- CIVAM Racines : 29 producteurs en Hérault dont 14 sur le PHLV- CIVAM BIO 34 : Annuaire des marchés, foires, magasins et producteurs biologiques del’Hérault, orientation, lieux principaux de commercialisation, 106 prod dont 42 sur PHLVExpertise sur <strong>les</strong> projets d’installation et <strong>les</strong> installations récentesRépertoire des marchés de producteurs, Connaissance de projets collectifsExpertise et connaissance des réseaux de producteurs-consommateurs et des projetsTableau 1 : Organismes ayant des connaissances et des actions sur <strong>les</strong> CC en Pays HLV, source auteur


Page 6 Les Cahiers de l’Observatoire COXINEL N°3, Mars 2010La compilation des données permet de construire une carte des outils de commercialisation du territoireet de ses alentours. Cette carte a été construite à partir des connaissances des différents organismesprécédemment cités et de l’enquête sur <strong>les</strong> pratiques de vente des agriculteurs enquêtés.Figure 1 : Les outils de commercialisation sur le Pays Haut-Languedoc et Vignob<strong>les</strong>, source auteurDeux types d’outils de commercialisationont été recensés : des outils de « gros volumes» (coopératives, marchés gare…) et <strong>les</strong> outilsde vente au détail (marchés, boutiques,exploitations en vente directe… ). Les outils degros volumes ont été répertoriés de façon à intégrerla complémentarité entre CC et CL pratiquéspar <strong>les</strong> producteurs. Certains outils de volumesimportants ont mis en place des filières courtes,comme la SICA du Caroux près de Bédarieux quipossède un magasin de vente au détail des produitsde ses adhérents : cerises, pommes, châtaignessont <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> productions loca<strong>les</strong> commercialiséesdans ce magasin. Cette structure amême contractualisé avec des producteurs nonadhérents <strong>pour</strong> offrir une gamme de produits diversifiés.Les outils de commercialisation de détailsont nombreux et de modalités variées : 31 marchésde plein vent dont 2 à 100% paysan, 2 boutiquesde producteurs, 2 paniers collectifs ontnotamment été recensés.Les ventes ponctuel<strong>les</strong> de produits locauxreprésentent un volume non négligeable de l’activitééconomique en lien avec le tourisme estival.Leur importance économique n’est pas à négligercomme le souligne Pujula (2007) dans son étudedes foires et salons agrico<strong>les</strong>. El<strong>les</strong> sont illustréessur cette cartographie du PHLV par un premierrecensement des foires agrico<strong>les</strong> (hors foires vitico<strong>les</strong>).Les ventes aux bords des routes n’ont enrevanche pas été répertoriées, parce qu’el<strong>les</strong> mêlentproducteurs et revendeurs et que leur localisationest difficile. Pourtant ces ventes ne sontpas négligeab<strong>les</strong>.Ces initiatives sont plus ou moins récentes etissues de dynamiques individuel<strong>les</strong> (vente à laferme…) mais aussi collectives : associations deproducteurs s’étant constituées <strong>pour</strong> monter unmarché, une boutique… Certaines émanent devolontés citoyennes partagées entre producteurset consommateurs comme <strong>pour</strong> <strong>les</strong> panierscollectifs de produits locaux à Bédarieux età Capestang. El<strong>les</strong> naissent aussi de volontésd’élus comme la création du marché bio à Bédarieux.Cartographier <strong>les</strong>données du territoiredu Pays HLV a permisde visualiser <strong>les</strong> zonesde chalandise où laconcentration de lieuxde vente de produitslocaux est conséquente(cerc<strong>les</strong> pleins)et <strong>les</strong> zones à© Diane PellequerAgricultrice vendant ses abricots sur lebord de route


Page 7 Les Cahiers de l’Observatoire COXINEL N°3, Mars 2010potentiel de développement <strong>pour</strong> ce typed’activité (cerc<strong>les</strong> en pointillés).Deux localités présentent un nombreélevé de modalités de vente en CC : lazone de Bédarieux-Hérépian-Villemagne(rond noir) et, dans une moindre mesure,celle de Saint-Pons de Thomières (rondrouge). Les « zones blanches », ou zonefaiblement investie par <strong>les</strong> lieux de venteen CC, se situent vers principalement aunord-est du territoire du Pays, vers Avène,station thermale, et au sud-ouest, versOlonzac.Un partenariat entre <strong>les</strong> établissements thermauxaccueillant des centaines de curistes paran, <strong>les</strong> lieux de restauration et <strong>les</strong> producteurslocaux <strong>pour</strong>rait être mené. De même, la zonesud-ouest du pays est traversée par un axeroutier assez fréquenté (D11 appelée « La Minervoise») et présente des sites touristiquesattractifs : Minerve, La Caunette.Les enquêtes, données sur <strong>les</strong> systèmes de commercialisation des producteurs49 entretiens de producteurs du Pays HLV ontété réalisés soit environ 18% de la population agrico<strong>les</strong>upposée du PHLV hors viticulteur ou vigneronnon diversifiés 4 . L’encadré ci-contre présente l’identitédes enquêtés.Sur cette cinquantaine d’agriculteurs, 88%déclarent vendre en circuit court dont 20 personnes(41%) à 100% de leurs volumes et 23combinant CC et CL (47%). En moyenne un agriculteurcommercialise ses productions à travers2,6 <strong>circuits</strong> de vente. On peut différencier troissituations de commercialisation :• soit l’agriculteur ne mobilise qu’un seul circuit devente, c’est le cas <strong>pour</strong> 10 personnes (20%) [6 à100% grossiste ou coopérative, 4 que le marché],• soit 1 circuit principal <strong>pour</strong> 80% des volumes etdes <strong>circuits</strong> de diversification. 70% des producteurssont dans cette situation dont plus de lamoitié vendent 80% de leurs volumes en coopérativeet le reste par de la vente directe sur l’exploitationou des tournées de revendeurs,• 5 producteurs (10%) ont un système commercialqui combine CC et CL sans prédominance d’unemodalité sur l’autre.Les producteurs ont été interrogés sur l’évolutionde leur commercialisation. 61% des enquêtésdéclarent avoir fait évoluer leur systèmede commercialisation, soit 30 personnes. La majoritéde ces changements relatés se sont faitsdans le sens d’une augmentation des CC dansleurs systèmes de vente. Ces changementsIdentités des producteurs enquêtés● Reprise exploitation- 23 personnes (47%) création d’EA- 26 p. (53%) ont repris une EA● Statut43 p. (88%) exploitant à titre principal● Âge18 p. entre 35-45 ans (37%), 15 p. entre45-55 ans (31%) et 9p. entre 55-65 ans18,4% des enquêtés=>plus de 88% des enquêtés > 35 ans● Main d’œuvre sur l’EA15 p. sont seuls (31%), 10 EA composées d’unchef d’exploitation et de son/sa conjoint (20%)6 EA (12%) déclarent de la main d’œuvre salariée => moyenne travail par EA à 2 UTH● Orientations de l’EA (OTEX)*2 en Bovin Viande (4%), 12 en Autres herbivores(24%), 1 en Bovin lait (2%), 1 en porc(2%), 9 en Maraîchage horti (18%), 5 en Arbo(10%), 17 classées comme Autres (35%) : EAdiversifiées….● SurfaceSuperficie de 50% EA < 20 hectares dont 10EA < 2ha, 3 EA > 300ha● Labels, signes de qualitéAucun, 23 p. (47%), AB 9 p. 18% et 4p. Enconversion AB, AOC 6 p. (12%), appellationd’origine 5 p. (10%), label rouge 2 p. (4%)se sont opérés soit dans <strong>les</strong> années quisuivent l’installation ou la reprise soit 10 à15 ans après. Le tableau ci-dessous relate<strong>les</strong> différents éléments mentionnés <strong>pour</strong>expliquer ce changement de commercialisationvers <strong>les</strong> CC.88% desproducteursenquêtésdéclarent vendretout ou une partiede leur productionen circuit court.Données sur <strong>les</strong> facteurs de changement de commercialisationÉlément mentionnéFacteurn°1Facteur2aireFacteurs territoriaux Prix payé par la coopérative 5 4 21 %Relation avec d’autres agriculteurs 2 3 12 %Création, destruction de lieux de vente 2 3 12 %Demande de consommateurs locaux 0 3 7 %Facteurs individuels Investissement dans un atelier de transformation 1 3 10 %Fidélisation Client /démarche commerciale 2 2 10 %Arrivée d’un nouvel associé 2 0 5 %Accès au foncier 1 1 5 %Envie de faire de la vente directe 0 2 5 %%Le prix payé parla coopérative estressorti comme lefacteur principald’explication duchangement decommercialisationvers <strong>les</strong> CC.Tableau 2 : Nombre de citations des éléments principaux pris en compte dans le changement de commercialisationvers <strong>les</strong> CC, d’après des déclarations spontanées, sur la base de 30 enquêtes de producteurs, source auteur4Les calculs ont été réalisés sur la base du nombre d’exploitants agrico<strong>les</strong> par commune (donnéesSRISE issues du RGA de 2000) en sélectionnant seulement <strong>les</strong> 89 communes du Pays HLV puis en nesélectionnant que <strong>les</strong> exploitations à OTEX* non vitico<strong>les</strong>.


Page 8 Les Cahiers de l’Observatoire COXINEL N°3, Mars 2010© Diane PellequerApiculteur ayant investi dansune miellerie et vendant sonmiel dans des boutiques deterroirLe changement de commercialisationvers plus de <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> est expliquéavant tout par <strong>les</strong> facteurs suivants : mécontentementvis-à-vis du « prix payépar la coopérative », influence des relationsavec d’autres agriculteurs, évolutiondes lieux de vente et demandede consommateurs locaux. Le facteur« prix payé par la coopérative » peut êtrecompris comme un phénomène subi de lapart des producteurs, il s’agit d’un constatvis-à-vis duquel ils se sentent impuissants.Les facteurs « liens avec d’autres producteurs», création de « lieux de vente »et « demande de consommateurs » peuventêtre, en revanche, interprétés commedes processus où <strong>les</strong> producteurs sont acteurs.De même, investir dans un atelier detransformation ou savoir fidéliser sa clientèlepeuvent être interprétés comme d’autresleviers qui ont permis à ces producteursde conforter leurs ventes en <strong>circuits</strong><strong>courts</strong>.On peut poser l’hypothèse que <strong>pour</strong> développer <strong>les</strong> CC sur le PHLV, il est possibled’activer certains leviers : animation du réseau local d’agriculteurs, création delieux de vente et émergence d’une demande locale de consommateurs, sans oublierde remobiliser <strong>les</strong> outils collectifs comme <strong>les</strong> coopératives.Parallèlement, des freins au changement de commercialisation vers <strong>les</strong> CC ont été explicités par<strong>les</strong> producteurs n’ayant pas changé de commercialisation :Élément mentionnéFacteur Facteur2aireFacteurs généraux Les règ<strong>les</strong> sanitaires sont trop contraignantes 1 2 10%Facteurs territoriaux Difficulté de trouver <strong>les</strong> débouchés 1 2 10%Facteurs individuels Manque de main d'œuvre 7 1 26%Incompatibilité de valeur : mon métier c'est deproduire, pas de vendre%5 2 23%Nécessité d’investir dans un atelier de transformation 1 2 10%Nécessité d’investir dans du matériel 1 1 6%Je produis de trop gros volumes 0 2 6%Je n'ai pas <strong>les</strong> compétences 0 2 6%Le manque demain d’œuvreest perçu par<strong>les</strong> producteurscommele frein principal<strong>pour</strong> allervers plus decircuit court.Tableau 3 : Nombres de citations des principaux éléments pris en compte dans <strong>les</strong> freins au changement vers<strong>les</strong> CC, d’après des déclarations spontanées, sur la base de 19 producteurs enquêtés, source auteurLe manque de main d’œuvre estperçu comme le frein principal à un changementde commercialisation vers plus de<strong>circuits</strong> <strong>courts</strong>. L’incompatibilité de valeurapparaît aussi comme un facteur nonnégligeable : 7 producteurs enquêtés ontune vision de leur métier n’intégrant pasd’autres fonctions que celle de la production.Ce constat révèle que <strong>pour</strong> ces agriculteurs,le terme de circuit court resteassocié uniquement à la notion de ventedirecte, où il y a effectivement un acte devente de la part du producteur. Il seraitpertinent de communiquer sur <strong>les</strong> autresformes de <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> mobilisant unintermédiaire et sur <strong>les</strong> formes collectives.Tous <strong>les</strong> agriculteurs enquêtés n’ontpas fait appel aux mêmes justifications<strong>pour</strong> expliquer leurs choix de commercialisationet de trajectoires. Afin de représenterleur diversité, une typologie a été proposéeavec comme critères : structuresd’exploitation, trajectoire de commercialisation,système commercial actuel, logiqueet conventions évoquées lors des explicationsdu changement ou non changementde commercialisation :Type deproducteurStructured’EATrajectoire decommercialisationSystème devente actuel (V)Logiqued’actionConventionsL’attachéau métierReprise d’EAfamiliale,Pas de changement100% CL ou gros Vsur marché +grossisteTraditionnelleIndustrielle etdomestiqueLe preneurd’opportunitéReprise d’EAplutôt élevage100% CL -> dvpt CCvers 2000CL + CC(- de 50% V en CC)En finalitémarchandeLe reconvertipédagogueReprise d’EA CL + un peu CC ->dvpt CC vers 2000CL + CC(- de 50% V en CC)En finalité eten valeurDomestique, marchandeet civiqueLe chercheurd’équilibreCréation EAPetit volumeCL+ un peu CC -> dvptCC depuis 20ans100% CC En finalité eten valeurMarchande etdomestiqueL’engagéconvaincuCréation EASurtout F&LTrès vite 100% CCdepuis 20 ans100% CC En finalité eten valeurInspirée, marchande,civiqueL’originalidéalisteCréation EAPetit volumeTrès vite 100% CC100% CC voire100% VDEn valeurInspirée,opinion


Page 9 Les Cahiers de l’Observatoire COXINEL N°3, Mars 2010Par la suite, nous avons cherché à comprendre plus finement comment s’imbriquent <strong>les</strong> différentsfacteurs de changement de commercialisation évoqués par un producteur à travers une analyse de satrajectoire de commercialisation. L’exemple ci-dessous présente l’exemple de la trajectoire d’un engagéconvaincu :Monsieur X s’est installé en 1995 sur 0,5 ha enmaraîchage biologique. Ne venant pas du milieuagricole, il a dû se former aux techniques de cultures.Il avait décidé de vendre ses productions sur lemarché, mais n’ayant pas une production sur l’année,il éprouve des difficultés à s’organiser <strong>pour</strong>vendre et à se faire connaître auprès des clients. Ilse tourne alors vers une coopérative <strong>pour</strong> se libérerde la contrainte de la commercialisation et se consacreruniquement à la production. Très vite, MonsieurX est mécontent du prix payé par la coopérative.Plus assuré techniquement, il se résout à investirdans une serre froide <strong>pour</strong> augmenter ses volumeset ses surfaces jusqu’à 1 ha. Il retourne alors vendresur le marché. Proposant désormais une offrerégulière sur l’année grâce à sa serre, il se faitconnaître et se constitue un réseau de clients. Lesplus fidè<strong>les</strong> sympathisent avec Monsieur X et viennentdésormais directement acheter <strong>les</strong> légumes surl’exploitation. Depuis 2004, une quinzaine de cesclients l’ont sollicité <strong>pour</strong> mettre en place des paniersde légumes, « mais c’est informel ».Figure 2 : Trajectoire et choix de commercialisation de Monsieur X, source auteurCet exemple révèle comment s’imbriquent<strong>les</strong> différents facteurs qui ont amenéMonsieur X à son système de commercialisationactuel. Ce travail illustre le rôle cléque joue la coopérative au démarrage del’activité : elle sécurise <strong>les</strong> débouchés, permettantau nouveau producteur de se focalisersur le technique et ainsi de se professionnalisersur <strong>les</strong> méthodes de culture.Plusieurs leviers de développement etde pérennisation des <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> se dégagentde cette trajectoire. C’est l’investissementdans le système de production quia permis de pérenniser dans un premiertemps l’exploitation, combiné aux effortsde fidélisation de la clientèle, compétencequi n’est pas acquise par tous.Zoom sur un levier de développement des <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> : <strong>les</strong> liens entre agriculteursOn l’a vu, <strong>les</strong> relations entre agriculteurs sont citées comme un des leviers au changement de commercialisation.Comment fonctionnent-el<strong>les</strong> ? Une analyse des réseaux sociaux synthétise <strong>les</strong> liens répertoriéslors des enquêtes entre <strong>les</strong> différents producteurs enquêtés. Trois types de liens ont été considérés :échange de conseils, collaboration et amitié, ces types ayant été déterminés comme influençant <strong>les</strong>comportements individuels et collectifs (Grave, Chiffoleau, 2008). La figure 3 présente ce réseau de liens :Chaque numéro représente un producteurenquêté. L’épaisseur des liens est fonction dunombre de types de relations : plus le trait estépais plus <strong>les</strong> liens sont nombreux. La couleurest fonction de la typologie des agriculteursprécédemment définie.Cette analyse de réseau montre qu’il existede nombreux liens entre <strong>les</strong> producteurs duPays HLV. Globalement, ces agriculteurs formentun groupe relativement structuré, pouvants’apparenter à un Groupe ProfessionnelLocal ou GPL tel que le décrivent Darré et al.(1989). Plusieurs groupes restreints de producteursse détachent en fonction d’un nombreimportant de liens qui <strong>les</strong> relient (ronds oranges).Ces « grappes » regroupent plutôt despersonnes étant dans <strong>les</strong> mêmes logiques (n°18/17/28) mais d’autres sont davantage liées àune proximité géographique (n°20/48/44 sontvoisins).Certains des individus font la jonction entredeux «grappes » ou vers d’autres agriculteursliés à d’autres réseaux non décrits sur la figure(ex n°12). Il est nécessaire de d’identifier cespersonnes clés ou « ponts » car el<strong>les</strong> sont capab<strong>les</strong>de faire du lien entre des positions contrastées.352546304532229442059311682118423317431014156972819553626605811322453437235154484950Figure 3: Réseau local entre <strong>les</strong> agriculteurs enquêtés, source auteur13562412275753413839524740Les « attachés au métier » :Les « preneurs d’opportunité » :Les « chercheurs d’équilibre » :Les « reconvertis pédagogues » :Les « engagés convaincus » :Les « originaux idéalistes » :1Pajek


Page 10 Les Cahiers de l’Observatoire COXINEL N°3, Mars 2010Cetteanalysepermet demettre enévidence desleviers dedéveloppement des CC surle PHLV.BILAN : de l’observation à l’action,quel<strong>les</strong> pistes <strong>pour</strong> le PHLV ?Ce travail est un premier pas dans l’étatdes lieux et l’analyse des CC sur le territoiredu Pays Haut-Languedoc et Vignob<strong>les</strong>.Il permet de mettre en évidence <strong>les</strong>facteurs de changement et de réticencedes producteurs à vendre en circuit court.Cette démarche met en avant l’importancedu rôle des réseaux dans la diffusionde nouvel<strong>les</strong> pratiques de commercialisationmais aussi dans la structurationde ces nouvel<strong>les</strong> pratiques. Ces réseauxreprésentent un espace de dialogueet de projets encore fort dans le PHLV.Nous avons pu faire ressortir des enjeuxspécifiques et des pistes d’actionsadaptées selon le type de producteurs.Quatre enjeux peuvent être soulignés :l’information, la formation et l’accompagnementsur l’installation ou <strong>les</strong> initiativescollectives. Il semble par exemple pertinentd’explorer une mutualisation au niveaude l’emploi (groupements d’employeurs)face au frein « manque de maind’œuvre » qui a souvent été cité :Information sur <strong>les</strong> différentes modalités de CCFormation, différents niveaux :- temps d’échange sur des expériences du territoire,avec <strong>les</strong> autres acteurs (conso, élus…)- formation sur des outils de pilotage économiques outechniques (ex suivi des marges brutes/lieux de vente)- voyage d’étude sur d’autres territoiresAccompagnement d’initiatives collectives (ex outils collectifsen transformation, points de vente, organisationcollective de la distribution, groupement d’employeurs…)Accompagnement d’installations : travail sur le foncier(ex : favoriser foncier agricole, pépinières d’activitésagrico<strong>les</strong>…) et le techniqueTableau 4 : Pistes d’actions selon le type de producteurs du PHLV,source auteurAutres lieux, autres démarches…Un observatoire des produits fermiers en Charente MaritimeD’après l’étude réalisée par Aline Delpeuch, 2009Le Pays Saintonge Romane (PSR) travaille depuis 2002 sur laquestion des producteurs fermiers en partenariat avec la Chambred’Agriculture (CA) de Charente-Maritime. Un recensement des exploitationsdu territoire pratiquant la vente directe sur la base des listingsde la CA et du Groupement d’Agriculture Biologique (GAB 17)complété par des enquêtes auprès des mairies a été réalisé et est actualiséchaque année. En 2009, 123 exploitations pratiqueraient lavente directe, soit 12% des exploitations présentes sur le territoire duPSR. De plus, un guide à destination des consommateurs(touristes et locaux) présentant ces producteurs et leurs produits a étécréé et diffusé depuis 2005 –45 000 exemplaires-. Dans ce cadre unecharte éthique de la production fermière a été élaborée.En 2009, le PSR et la CA ont souhaité connaître l’impact de cetteaction et ajuster leurs stratégies de soutien à la production fermièreen <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong>. Pour cela ils ont cherché à mieux connaître <strong>les</strong> situationsque vivent <strong>les</strong> producteurs et ont réfléchi à la création d’unobservatoire de la production fermière à l’échelle du territoirequi réunirait <strong>les</strong> différents organismes en lien avec la thématique<strong>pour</strong> générer de l’information partagée. Par observatoire, lePSR et la Chambre entendent un espace partagé entre plusieursAu-delà de ce travail avec <strong>les</strong> producteurs,d’autres pistes d’actions en faveurdes autres acteurs du système alimentaireslocal sont apparues :• Il serait utile d’informer <strong>les</strong> coopérativessur <strong>les</strong> possibilités de ventes en local, de<strong>les</strong> aider à mieux communiquer sur leursactions loca<strong>les</strong> et à renouer le dialogueavec leurs adhérents.• On l’a vu, lorsque <strong>les</strong> consommateurslocaux s’organisent et se mobilisent, ils’agit d’un levier puissant <strong>pour</strong> motiver<strong>les</strong> producteurs à s’engager dans <strong>les</strong> CC.Sensibiliser et informer <strong>les</strong> citoyens duterritoire font partie des enjeux <strong>pour</strong> unealimentation plus locale.• Un travail d’information et de formationdes élus sur <strong>les</strong> questions d’alimentationlocale semble aussi une des pistes d’action.Il y a donc un enjeu d’information,de débat et d’échange autour de l’alimentationlocale sur le territoire du PHLV. Deplus, travailler avec cette diversité d’acteursserait un gage de création d’unebonne gouvernance locale autour de l’alimentationet permettrait de structurer undéveloppement concerté des CC sur le territoiredu PHLV.Enfin, il nous semble utile de coconstruireun dispositif de suivi de toutesces actions, à l’échelle du territoire, <strong>pour</strong>évaluer leurs impacts au niveau des modalitésde CC (création , destruction, pérennisation…),des collectifs d’agriculteurs(facteurs de succès…) et des partenariatsentre producteurs avec d’autres acteurs.Le Pays de Saintonge Romane :• Au centre de la Charente-Maritime• Syndicat mixte de 5 communautés decommunes et 1 commune• Population : 79 000 habitantsSes missions : activités d’étude, d’animationet de gestion nécessaires à la réalisationdes projets économiques, sociaux,environnementaux, culturels et touristiques,Il est aussi en charge de l’élaboration duSchéma de Cohérence Territorial (SCOT) etporte le programme Leader du Pays.


Page 11 Les Cahiers de l’Observatoire COXINEL N°3, Mars 2010structures permettant la collecte et le traitementde données sur le sujet des producteurs fermiers.Les thèmes privilégiés que souhaitaientaborder la CA et le PSR sont :• l’économie de l’exploitation• le parcours d’entreprise• l’implication des producteurs dans <strong>les</strong> réseauxprofessionnels et leur participation• <strong>les</strong> modes de commercialisationUne étude a donc été lancéeen 2009 <strong>pour</strong> répondre à deuxquestions : Quel est l’impact <strong>pour</strong><strong>les</strong> producteurs, <strong>les</strong> consommateurset le territoire des actionsmises en place <strong>pour</strong> la promotion etle développement de la productionfermière ? Pour y répondre 21 agriculteurs(dont 19 sont dans leguide) ont été interrogés sur lefonctionnement de leur exploitationagricole et leur avis sur le guide. Laseconde question : Quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong>conditions et modalités de mise enplace d’un observatoire d’un point de vue méthodologique,organisationnel, partenarial, financieret humain ?Le travail d’Aline Delpeuch propose, <strong>pour</strong> laconstruction de l’observatoire, une méthodologieen deux étapes : la 1ère consiste à réaliserun état des lieux de la production fermière en<strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> sur le Pays Saintonge Romane, laseconde cherche à étudier <strong>les</strong> conditions deUn observatoire territorial des <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> dans la DrômeD’après l’étude réalisée par Elisa Tabet, 2009construction de l’observatoire à proprement parler.Sur la base des travaux du RMT OAAT citésprécédemment, Delpeuch expose l’intérêt de laconstruction de cet observatoire face à la diversitéet à la multiplicité des organismes qui s’intéressentaujourd’hui à la question de la productionfermière. Cet outil permettrait une meilleurecompréhension du rôle de chacun et de créerLes structures potentiellement partenaires<strong>pour</strong> l’observatoire en PSR :- Bureau National Intersyndical du Cognac- Comité National du Pineau des Charentes- MSA- Groupement de développement Agricoleet Rural féminin- ADASEA- Groupement d’Agriculture Biologique 17- Accueil Paysan- Fédération Régionale des CIVAM- Confédération Paysanne- FDSEA- Association Solidarité Paysanneune information partagée.Dans <strong>les</strong> recommandations<strong>pour</strong> la construction de l’observatoire,Delpeuch insistesur l’emploi d’une méthodologiede constructionparticipative où producteurset consommateurs<strong>pour</strong>raient être associés auprojet au delà des seulsorganismes de développementlocal.L’encadré présente <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> structuresqui <strong>pour</strong>raient être partenaires. Cette liste a étédéterminée en fonction des réponses des producteursà la question sur <strong>les</strong> « réseaux auquels ilsfont appel dans leur vie professionnelle ». Uneconsultation des différentes structures associéesvisant à établir <strong>les</strong> attentes de chacune et à définirdes objectifs communs sera donc primordiale.Le département de la Drôme comprendune diversité de <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> qui peut êtrecomplexe à appréhender <strong>pour</strong> <strong>les</strong> organismesde développement local. Face à ceconstat, la FR CIVAM Rhône-Alpes, en partenariatavec la Chambre d’agriculture de laDrôme et le Conseil Général, a donc montéun projet d’« Observatoire des <strong>circuits</strong><strong>courts</strong> dans la Drôme ».Il s’agit d’un dispositif partenarial<strong>pour</strong> des échanges de savoirs et d’expériencesà deux niveaux : horizontaux,entre <strong>les</strong> organismes de développementagrico<strong>les</strong> et ruraux du département et transversauxentre producteurs en <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong>et organismes.L’objectif est d’observer <strong>les</strong> producteursen <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> aider à développerleurs modes de commercialisation sur leterritoire. Des financements FEADER et duConseil Général ont été accordés <strong>pour</strong> ceprojet.La démarche enclenchée en 2009 s’estconcrétisée par un premier diagnosticauprès d’un échantillon de producteurs<strong>pour</strong> comprendre « comment et <strong>pour</strong>quoi <strong>les</strong>agriculteurs drômois intègrent <strong>les</strong> CC dansleur projet agricole » de façon à cerner commentet <strong>pour</strong>quoi <strong>les</strong> CC se développent surle territoire de ce département.21 producteurs qui commercialisenten circuit court ont été enquêtés sur lefonctionnement de leur exploitation maisaussi sur leurs pratiques socia<strong>les</strong> (lienssociaux, emplois...)Par la suite, une analyse de quelquespoints du contexte institutionnel et <strong>les</strong> élémentsdégagés précédemment ont donnélieu à des recommandations <strong>pour</strong> la miseen oeuvre effective du projet d’observatoire,voir encadré ci-dessous.Enfin l’étude précisetout l’intérêt de laconstruction d’un observatoireterritorial entant qu’ « espace depositionnement faceaux politiques publiquesmais aussi de reconnaissance» <strong>pour</strong><strong>les</strong> organismes des réseauxtravaillant surl’agriculture durable(ex. Réseau Inpact enR-A) dans un contextenational qui met l’accentsur <strong>les</strong> questionsd’alimentation de proximitéet de développementlocal.Les recommandations <strong>pour</strong>l’observatoire :• sSappuyer sur <strong>les</strong> travaux existants :SALT, EQUAL CROC COXINEL , OAAT<strong>pour</strong> la méthodologie• Construire solidement <strong>les</strong> partenariats• Définir la vocation et <strong>les</strong> objectifs del’observatoire• Bien communiquer• Recueillir <strong>les</strong> informations à deux niveaux: exploitation agricole et niveauméso du territoire notamment <strong>les</strong> expériencescollectives par modalités et parzone.• Définir <strong>les</strong> outils d’analyse et de support( SIG*…)


Page 12 Les Cahiers de l’Observatoire COXINEL N°3, Mars 2010B IL A N:C es différents exemp<strong>les</strong> de démarched’observatoire territorial des CC montrentqu’il ne s’agit pas d’observer <strong>pour</strong> observermais de construire, à partir de concertationsentre acteurs et d’un suivi de la situation,un projet cohérent d’alimentation pluslocalisée.Face à la diversité des acteurs concernés,il est utile de créer un outil d’informationet de diffusion commun <strong>pour</strong> pouvoirsuivre et évaluer l’évolution des <strong>circuits</strong><strong>courts</strong> et plus largement le système alimentaireterritorial. Une concertation etune coordination entre <strong>les</strong> acteurs enjeu <strong>pour</strong>raient être mises en place afin dedéfinir le rôle de chacun dans la création etla gestion de cet outil partagé.Il se pose néanmoins la question desindicateurs pertinents à mesurer <strong>pour</strong>évaluer l’impact des <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> sur leterritoire. En effet, au-delà du simple recensement,est-on en mesure de comprendrequel sont leurs impacts locaux en termesd’emplois ou d’économie mais aussien termes d’images sur le territoire, de liensocial ? Autant de questions à soulever enconcertation avec <strong>les</strong> acteurs locaux et àinstrumenter <strong>pour</strong> être en mesure detirer des conclusions sur ces systèmesd’organisation.Cette démarche de co-constructiond’un outil partagé s’insérerait alors dansune vision plus globale d’une alimentationdurable c’est-à-dire qui se « réfère àdes pratiques et des choix alimentairesqui respectent une série de critères environnementaux(économie d’énergie,préservation de la biodiversité…), éthiques(accessibilité <strong>pour</strong> tous à une nourriturede qualité, rémunération équitabledes producteurs, respect des animaux)et de santé (alimentation saine et équilibrée)» (Redlingshöfer, 2006).Un nouveau système alimentaireterritorialisé est à réfléchir où l’observatoireserait un « support privilégié <strong>pour</strong>replacer <strong>les</strong> acteurs agrico<strong>les</strong> au coeur dedébats locaux sur <strong>les</strong> impacts de l'activitéagricole mais aussi sur leur rôle dans lavie des territoires » (Levrault et al.2007).Références bibliographiques :AMBLARD, BERNOUX, HERREROS, LIVIAN 1996, Les nouvel<strong>les</strong> approches des organisations, éd Seuil, 244 p.DARRE J.P., LE GUEN Y., LEMERY B., 1989, Changement technique et structure professionnelle locale. EconomieRurale, n°192-193, juillet-octobre 1989, pp. 115-122.DELPEUCH A., 2009, Valorisation de la production fermière en <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong>, Premiers éléments d’évaluation etd’observation sur le territoire de la Saintonge Romane. <strong>Montpellier</strong> SupAgro, <strong>Montpellier</strong>.106 p.DENECHERE, F., 2007, Repères <strong>pour</strong> une approche économique des <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> dans leur territoire: Concepts etméthodes <strong>pour</strong> leur compréhension et évaluation. AgroCampus Rennes, 89 p.DUBOIS E., 2006. Observatoires de pratiques agrico<strong>les</strong> et enjeux territoriaux : élaboration d’une typologie, <strong>INRA</strong>SAD, Rapport de Maîtrise des Sciences et Techniques en Aménagement et Environnement, 70 p.GRAVE E., CHIFFOLEAU Y., 2008, Rôle et dynamique des réseaux sociaux dans <strong>les</strong> <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong>, Résultats d’enquêtes,cahier CROC n°7, <strong>Montpellier</strong>LEVRAULT F., RENOUX N., VINATIER JM., 2007, OTPA Guide de recommandations <strong>pour</strong> l'élaboration d'un observatoireterritorial des pratiques agrico<strong>les</strong>, 66p.PUJULA A., 2007, Les foires agrico<strong>les</strong>, des organisations socio-techniques à mieux valoriser : le cas de l’Aude etdes Pyrénées-Orienta<strong>les</strong>, <strong>Montpellier</strong> Supagro, 157 p.REDLINGSHOFER B., 2006, Vers une alimentation durable? Ce qu’enseigne la littérature scientifique, Le courrier del’environnement de l’<strong>INRA</strong>, n°53 pp 83 à 102.TABET E., 2009, Les usages des <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong> par <strong>les</strong> producteurs : analyse des composantes du métier et desimpacts sur le territoire, Master 2 de Sociologie Appliquée au Développement Local, 121p.VINATIER JM., 2008, Présentation « Observatoire des Activités Agrico<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> Territoires » Séminaire interrégionaldu 18 novembre 2008 « observatoire des activités agrico<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> territoires »FR CIVAM Bretagne, 2008, L’observatoire des <strong>circuits</strong> <strong>courts</strong>, un outil d’aide à la décision <strong>pour</strong> <strong>les</strong> acteurs des <strong>circuits</strong><strong>courts</strong>, fiche « observatoire territorial » (http://www.civam-bretagne.org) 2p.FR CIVAM Bretagne, 2008, documents de projet SALT : Systèmes alimentaires territorialisés (SALT) : stratégieséconomiques d’approvisionnement de proximité, 15p.Site de l’Institut <strong>pour</strong> le Développement de l’Information Économique et Sociale http://www.idies.orgRédaction du cahier : Diane PellequerEd. Scientifique : Diane Pellequer, Yuna Chiffoleau, sociologue àl’<strong>INRA</strong>, UMR Innovation / Crédits photographiques : Diane PellequerPour en savoir plus : http://www.psdr-coxinel.frLe projet COXINEL est un projet de recherche-développement mené dans le cadre du programme"Pour et Sur le Développement Régional", co-financé par l’<strong>INRA</strong> et la Région Languedoc-Roussillon.L’objectif de ce projet est d’analyser, à partir de l’exemple du secteur fruits et légumes en Languedoc-Roussillon, l’importance économique des CC de commercialisation en agriculture et agroalimentaire(parts de marché, débouchés, potentiel de développement).Le partenariat : Recherche (<strong>INRA</strong>, CIRAD, SupAgro, Univ <strong>Montpellier</strong> 3, IAM/CIHEAM), et partenairesde développement : CR LR, CRA , FR CIVAM LR , FRAB LR, FR CA LR, FR FL, FR Foyers Ruraux

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