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L E P R E M I E R M I N I S T R E N ° 8 3 - Pouvoirs

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D I R I G E R L E G O U V E R N E M E N Tdes carrières, le président de la République dispose d’une capacitéd’influence qui ne se borne pas à celles des ministres mais s’étend à toutle personnel dirigeant de l’État, de sorte qu’il entoure le Premierministre d’une invisible tutelle. Ce n’est sans doute pas un hasard si lesconflits les plus aigus qu’aient connus les cohabitations s’élevèrent àl’occasion des nominations.L E D ILEMMEIncontournable, parce que la structure du pouvoir lui confère, et à luiseul, la capacité de diriger l’action du gouvernement, le Premierministre ne peut exercer pleinement sa mission constitutionnelle sansprendre une place qui le fait apparaître comme « l’homme fort » que lescollaborateurs de Michel Debré avaient le dessein d’installer au cœur durégime en 1958. S’il ne l’exerce pas pleinement, par scrupule ou parimpuissance, le fonctionnement de l’exécutif s’en ressent inévitablement.Maire du Palais dans un cas, il se réduit dans l’autre au rôle dedirecteur de cabinet du chef de l’État, sans parvenir jamais à une positiond’équilibre, sinon à travers la précarité de sa fonction : c’est cequ’avait théorisé Georges Pompidou avec pragmatisme au moment durenvoi de Jacques Chaban-Delmas en 1972 11 . Peut-être la récurrence descohabitations, qui révèle l’épuisement de la formule (six Premiersministres se sont succédé en neuf ans !), contraindra-t-elle à expérimenterun autre dosage des influences 12 et, en ramenant la novation del’élection présidentielle à de plus raisonnables proportions, à développerune pratique utilisant autrement l’instrument constitutionnel de1958 ?3911. «Ou bien le Premier ministre, au long des années, au contact direct de l’administration[…] finira par devenir tout-puissant et réduira le président à un rôle d’apparence, ou bien,par excès de scrupule, il finira par devenir une sorte de directeur de cabinet du président dela République. Et les deux formules sont également mauvaises. Je puis le dire, ayant pratiquéles deux postes », conférence de presse du 21 septembre 1972, cit. dans notre V e République,op. cit., p. 149.12. Voir les observations finales de Jean-Louis Quermonne et Dominique Chagnollauddans la dernière édition du Gouvernement de la France sous la V e République, Dalloz, 1991,p. 600.

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