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L E P R E M I E R M I N I S T R E N ° 8 3 - Pouvoirs

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D I R I G E R L E P A R L E M E N Td’autres temps allait de soi n’est pas bon signe. Jean-Michel Belorgey,député de 1981 à 1993, a raison d’écrire dans Le Parlement à refaire 20 àpropos de la circulaire Rocard qu’on peut « y lire en creux une dérisiondes pratiques effectivement suivies ». Ce qui frappe aussi dans cestextes, c’est une sorte de condescendance pour un parent pauvre quimériterait plus d’égards : « Vous savez, “ils” ne sont pas si nuls qu’onle dit ; et même, à l’occasion, “ils” peuvent rendre des services… » Direque le Parlement contribue à la « maturation » ou à l’« élaboration » dela loi, c’est se borner à un éloge technique.Le malaise parlementaire est si aigu que Premiers ministres ouministres estiment souvent nécessaire de défendre les élus contre leurpropre désenchantement. Selon Valéry Giscard d’Estaing, en novembre1970, l’efficacité du travail parlementaire sur le budget ne se mesure pasau volume des crédits déplacés, mais à la qualité des suggestions adresséesau gouvernement, et dont celui-ci ne manquera pas de tenir comptel’année suivante. Le 17 décembre 1980, en discours de fin de session,Raymond Barre, frappé de la « convergence des propos selon lesquelsle travail législatif, ainsi que le rôle des assemblées, serait d’intérêtmédiocre et irait en déclinant » affirme qu’« il n’en est rien ».Dix ans après, Michel Rocard, répondant à une motion de censure,affirme que la mélancolie des députés est sans cause : d’une part, ils nesont pas logés à pire enseigne que leurs collègues allemands ou britanniques; d’autre part, ils doivent, au lieu de se dénigrer, proclamer qu’ilstravaillent très bien : « Si vous-mêmes taisez, voire niez l’intensité et laqualité de votre propre travail, comment s’étonner que beaucoup lesignorent ? »Cette défense et illustration du Parlement par le gouvernement n’apas mis fin à la doléance parlementaire, continue depuis quarante ans.Elle s’est exprimée par des déclarations individuelles, innombrables, desmanifestes, etc. On peut lire dans les allocutions de fin de session prononcéesen présence du Premier ministre par les présidents des assembléesla protestation des élus contre leurs conditions de travail. Leursgriefs ont porté en particulier sur l’ordre du jour qui laisse trop peude temps pour délibérer sur des textes mûris par l’administration pendantdes mois, parfois des années. Le rythme imposé par le gouvernementrend impossible une contre-expertise, ont dit et redit Gaston5120. Jean-Michel Belorgey, Le Parlement à refaire, Gallimard, 1991, p. 145. Cette descriptionamère et objective d’un dépérissement est sans doute le meilleur livre écrit sur leParlement de la V e République.

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