12> C U L T U R E4 e édition du Salon du livre DjurdjuraÉmouvants témoignagessur Oussedik et OuahiounePas moins de 22 maisons d’édition ont pris part à la quatrième édition du Salondu livre Djurdjura, inauguré jeudi par le wali de Tizi Ouzou.Le programme de cesalon organisé <strong>en</strong>hommage au défuntécrivain TaharOussedik, et à l’honneurd’une autre figure de la littératurealgéri<strong>en</strong>ne ChabaneOuahioune, se poursuivrajusqu’au 21 novembre, sousle slogan «Le livre délivre».Au m<strong>en</strong>u, les organisateursont prévu des confér<strong>en</strong>ces-débats,des v<strong>en</strong>tes-dédicaces,des r<strong>en</strong>contres littérairesavec des écrivains et desprojections de films docum<strong>en</strong>taires.A la veille del’inauguration officielle,deux <strong>en</strong>seignantes du départem<strong>en</strong>tde langue françaisede l’université de Tizi-Ouzouont mis <strong>en</strong> exergue le rôle dela famille et de l’école dansl’appr<strong>en</strong>tissage de la lecture.Pour M me Aïni Betouche : «Letexte demeure une œuvreinachevée qui doit êtrem<strong>en</strong>ée à terme par la lecture»,a-t-elle estimé, dansune communication intitulée: «Le texte littéraire, les lecturespossibles». «Une lectureguidée lors de son appr<strong>en</strong>tissagedans le cursus scolaire etuniversitaire, a-t-elle expliqué,reste influ<strong>en</strong>cée par desparamètres socioculturels.»M me Ouiza Aït Mouloud, quis’est intéressée à «l’audiovisuel,pratique nouvelle ouune concurr<strong>en</strong>ce dangereuseau livre», a sout<strong>en</strong>u, pour sapart, que la lecture est <strong>en</strong>nette régression parmi lesétudiants. Se basant sur lesrésultats d’une «<strong>en</strong>quête»,qu’elle a effectuée auprès desétudiants du départem<strong>en</strong>t delangue française, elle a indiquéque 51% des interrogésont déclaré qu’ils «suiv<strong>en</strong>t lesprogrammes de la télévisiontrès fréquemm<strong>en</strong>t, et quecela les détourne de la lecture».Au premier jour de l’ouverture,des témoignagesémouvants ont été rapportéssur l’écrivain TaharOussedik par sa fille, décédé<strong>en</strong> 1994. Feu Tahar Oussediks’est attelé à puiser dans leterroir <strong>en</strong>tre autres, des biographiestrès romancées deFadhma N'Soumer et deAhmed Oumeri, et desouvrages de l’histoire, «LaBerbérie» et «Le Royaume deKoukou», <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce.P<strong>en</strong>dant la Seconde Guerremondiale, il s’est portévolontaire pour combattre l<strong>en</strong>azisme. Après cela, il repritses activités politiques ausein du mouvem<strong>en</strong>t nationaliste(PPA, MTLD) ainsi quel’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t. Il fut arrêtépour la première fois <strong>en</strong>1951, il poursuivit ses activitésdans la clandestinitéavant de se faire arrêter etA L’ Indép<strong>en</strong>dance,TaharOussedik assurera plusieurs fonctions,notamm<strong>en</strong>t d’instituteur,d’inspecteur et de cadre à l’académied’Alger.torturer par les paras deBigeard. Il partageait lamême cellule que AliBoum<strong>en</strong>djel. Il fut transféré,par la suite, au camp de B<strong>en</strong>iMessous. Après sa libération,il décida de se réfugier <strong>en</strong>Tunisie, et ce, pour continuerla lutte contre le colonialisme.A l’Indép<strong>en</strong>dance,Tahar Oussedik assurera plusieursfonctions, notamm<strong>en</strong>td’instituteur, d’inspecteur etde cadre à l’académied’Alger. Il s’adonna à l’écritureaprès sa retraite. Il <strong>en</strong> estde même pour ChabaneOuahioune qui a exercé <strong>en</strong>tant qu'avocat avant de choisirde faire carrière dansl'écriture, après avoir effectuédes études de droit. Il a écritsur la Kabylie. Parmi sesouvrages : «La Maison aubout des champs»,«Tiferzizouith ou le parfumde la mélisse», «Ces Collinesinvaincues». Parallèlem<strong>en</strong>t àcette activité qui se dérouleraau niveau de la Maison de laculture, des bibliobus sillonnerontcertaines localités dela wilaya, dontOuagu<strong>en</strong>oune, Irdj<strong>en</strong>, Fréhaet Timizart. Des contesseront égalem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tés<strong>en</strong> plein air, dans la pure traditiondu terroir dans leslocalités de Boudjima,Bouzguène, Tadmaït,Iboudrar<strong>en</strong>e, <strong>en</strong>tre autres.Une visite de la maisond’édition ENAG (Alger) seraorganisée au profit dupublic.Massinissa BoudaoudAGENDACULTURELCinémathèque d’AlgerCe soir à 19h30 :Projection dudernier film d’OliverStone «South of theborder», <strong>en</strong>prés<strong>en</strong>ce duréalisateur.EL MOUGGAR*Cinéma- Jusqu’à la fin du mois, sauf les 20 et 27novembre : Projection du film «Hors-la-loi» deRachid Bouchareb à raison de 3 séances par jouret une seule séance à 14h, le 24 novembre 2011.* Théâtre—Samedi 26 novembre 2011 à 18h :Représ<strong>en</strong>tation théâtrale par l'Association de«l'Atelier el Bahia, théâtre et founoun» d'Oran,intitulée : «Moukabalet el houkem». TexteBousbaâ Lotfi et mise <strong>en</strong> scène Dine HananiDjehid.CCF d’Alger- Lundi 21novembre à 19h :Concert de jazzavec le Trio ErikTruffaz.- Mercredi 23novembre à 18h30: Projection du film«Donoma» deDjinn Carr<strong>en</strong>ard(133 mn, 2009).Art 4 YouExposition dujeune artistepeintre AghilèsIssiakhemintitulée :«Expressionsurbaines» jusqu’au30 novembre.Sierra MaestraAujourd’hui à13h30 : Concert demetal-rock avecles groupes«Barbaros» et«Hatepath».Entrée : 300 DA.Ecole supérieured’informationDemain 20 novembre à 16h : Projection-débat dufilm docum<strong>en</strong>taire «Algéri<strong>en</strong>s du monde: 5parcours, une dynamique», <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce duréalisateur Lyès Halfaoui, à l’ESI de OuedSemmar.ALGERIE NEWS Samedi 19 novembre 2011
C U L T U R E 134 es journées théâtrales du SudCoup d’<strong>en</strong>voi avec“Les Démunis”La ville de Maghnia vit, depuis mercredi dernier et jusqu’au 27 novembre, au rythme du théâtre du Sud. Les journéesthéâtrales consacrées à cette région du pays ont <strong>en</strong> effet plié bagages d’Alger vers Tlemc<strong>en</strong> à l’occasion de l’annéede la culture islamique.Dix wilayas particip<strong>en</strong>t à cette 4eédition et Biskra a ouvert le balmercredi dernier avec la pièce« Al mazloutoun » (Les démunis)produite par l’association « La bonneparole ».Cette manifestation mise, pour sa quatrièmeannée, sur une meilleure approchede la dynamique théâtrale du Sud algéri<strong>en</strong><strong>en</strong> t<strong>en</strong>tant de mieux compr<strong>en</strong>dre les différ<strong>en</strong>tesori<strong>en</strong>tations artistiques et intellectuellesdes troupes, ainsi que leur démarchedans la mise <strong>en</strong> scène. Cet intérêt s’imposeau regard de l’importance des productionsthéâtrales issues de cette région, phénomènequi ne cesse d’attirer l’att<strong>en</strong>tiondepuis quelques temps, que ce soit sur leplan thématique, technique ou actoral.Les journées théâtrales du Sud invit<strong>en</strong>tcette année des troupes aux expéri<strong>en</strong>cesinégales, <strong>en</strong>tre professionnels et amateurs.Parmi ces derniers, beaucoup ne possèd<strong>en</strong>t<strong>en</strong>core aucune notion du théâtre et ontbesoin d’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t ; c’est ce qu’aaffirmé Brahim Noual, lors de sa r<strong>en</strong>contreavec les participants, <strong>en</strong> mettant l’acc<strong>en</strong>tsur la nécessité d’intégrer les ateliers de formationautour de la mise <strong>en</strong> scène et l’actorat,animés par Omar Maayouf et AliAbdoun. Le responsable a égalem<strong>en</strong>t invitéses interlocuteurs à assister à toutes lesreprés<strong>en</strong>tations, les débats et les r<strong>en</strong>contreslittéraires. Celles-ci verront d’ailleurs laparticipation de plusieurs écrivains à l’instarde Lahbib Sayah, Abdellah El Hamel etAbdelwahab Mansour.L’énergie créatricedes «Démunis»Le metteur <strong>en</strong> scène et dramaturgeAbdelhamid B<strong>en</strong> Sghir a choisi un titredirect pour sa pièce; «Les Démunis». Cettedernière offre <strong>en</strong> effet la clé au spectateurpour compr<strong>en</strong>dre l’œuvre sans pour autantaltérer le susp<strong>en</strong>s. Trois personnages se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>tdans un coin de la ville après avoirété expulsés de l’école : HmidaTrab<strong>en</strong>diste, campé par Mounir Soltani, estle premier à apparaitre sur scène, suivi deNouri l’Araignée (Ennouri B<strong>en</strong> Fatma) et<strong>en</strong>fin Sami El Kochi (Salim Rachedi). Tousles trois déferl<strong>en</strong>t dans l’obscurité, commesi celle-ci les cachait au monde malgré eux.Leurs noms nous dis<strong>en</strong>t déjà leurs passionset un brin de leurs parcours ; nous <strong>en</strong> sauronsplus quand chacun comm<strong>en</strong>ce à relaterses tourm<strong>en</strong>ts quotidi<strong>en</strong>s, le chômage,l’échec à l’école. Ce sont des «démunis»parce que désarg<strong>en</strong>tés.Chacun d’eux, pourtant, t<strong>en</strong>tera sachance à travers des combines louches : ilsdevi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des bandits de grands chemins,des voleurs et des escrocs. Avec beaucoupd’humour et dans un dialecte algéri<strong>en</strong> trèssimplifié, le texte aborde plusieurs thématiquestelles que les agressions physiques et letrafic d’organes. La force de la troupe deBiskra réside sans aucun doute dans laprestation de ses comédi<strong>en</strong>s. Plusieurs spécialisteset hommes de théâtre ont, <strong>en</strong> effet,salué l’énergie positive qui habite chacundes comédi<strong>en</strong>s : Nouri, Salim, Baki,Hossam Eddine Farnadi, Brahim Mesbahet Khireddine Baâdache. Les deux premiersont su mettre <strong>en</strong> valeur une certaine fantaisiedans le jeu qui a charmé et ret<strong>en</strong>u l’att<strong>en</strong>tiondes spectateurs. Malheureusem<strong>en</strong>t,cette belle énergie a été quelque peu gâtéepar l’abs<strong>en</strong>ce totale d’une scénographie lessituant sur scène ainsi que l’inutilité désolantedu décor.Ce dernier consistait <strong>en</strong> un morceau detissu blanc sur lequel sont écrits les mots«liberté», «Harga», «Titanic», illustrés parun dessin figurant une tête de mort. Cetteétoffe a constitué le décor de l’arrière scène,dans une démarche proche de « L’art dumur ». Les trois chaises couvertes de rougedisposées au milieu sur lesquels les comédi<strong>en</strong>ss’asseyai<strong>en</strong>t fréquemm<strong>en</strong>t, ont ajoutéà la frugalité de la scénographie et démontrédavantage le manque total de directiond’acteurs. Autre mauvais point pour latroupe : l’abs<strong>en</strong>ce d’écriture dramaturgiqueconsistante qui a contraint les comédi<strong>en</strong>sà réciter un texte sans le moindreéquilibre et avec beaucoup d’improvisation.Cette tare a d’ailleurs été avouée par lemetteur <strong>en</strong> scène Abdelhamid B<strong>en</strong> Sghir,lorsque nous l’avons approché. Il ajoute,quant aux moy<strong>en</strong>s de sa troupe: « Noustravaillons avec les moy<strong>en</strong>s du bord ; nouscotisons souv<strong>en</strong>t pour acheter le matérielnécessaire mais nous parv<strong>en</strong>ons à peine àrassembler l’ess<strong>en</strong>tiel. La plupart des comédi<strong>en</strong>ssont de condition modeste. »De notre <strong>en</strong>voyée spéciale à MaghniaNabila S.ECHOSOmar Maâyouf(critique de théâtre)Le metteur <strong>en</strong> scène doit constamm<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>ser à nouer un li<strong>en</strong>solide avec le public ; chose qui n’a pas beaucoup ret<strong>en</strong>ul’att<strong>en</strong>tion de B<strong>en</strong> Sghir qui a basé son travail sur l’improvisationsans avoir défini la méthode adéquate. Les comédi<strong>en</strong>s, parcontre, regorg<strong>en</strong>t de qualités fantaisistes remarquables mais ilsont besoin d’un meilleur <strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t. Pour ce qui est du décoret des lumières, celles-ci étai<strong>en</strong>t inutilem<strong>en</strong>t abondantes alorsque le metteur <strong>en</strong> scène aurait pu se cont<strong>en</strong>ter d’un décor ouvertet de quelques accessoires servant la trame.Salim Rachedi(Salim Kochi)Notre formation n’est pas académique ; noussommes de simples amateurs qui aimons le 4e art.Nous avons consci<strong>en</strong>ce de nos manques et car<strong>en</strong>cesmais vous devez savoir que nous n’avons bénéficiéd’aucune formation. Certes, nous participons à desfestivals mais nous <strong>en</strong> sortons sans grandsbénéfices. La formation à Biskra est inexistante,notamm<strong>en</strong>t dans le domaine de la mise <strong>en</strong> scène etde l’actorat.ALGERIE NEWS Samedi 19 novembre 2011Mounir Soltani(Hmida Trab<strong>en</strong>diste)Oui, je suis comédi<strong>en</strong> mais vous devez savoir que noussommes des comédi<strong>en</strong>s issus du néant. Vous nousdemandez de travailler sur une base de large connaissancedes différ<strong>en</strong>tes écoles théâtrales mais la réalité chez-nous esttoute autre : nous ne lisons pas les livres et,personnellem<strong>en</strong>t, je ne connais ri<strong>en</strong> des référ<strong>en</strong>cesacadémiques dont vous parlez.Propos recueillis par : N. S.