Le-volontaire-dans-larmée-grecque

volontariat comme peau de chagrin 115 . Quelles furent donc ces stratégiesd’évitement ?tel-00980333, version 1 - 17 Apr 2014A. Éviter la misèreAu cours de la guerre, la vie des Grecs ne fut pas facile, aussi bien dans lesrégions profondément affectées par les combats et par le processus d’une épurationethnique violente que dans des États presque en faillite écrasés par le poids desdépenses militaires. La situation s’aggrava avec la défaite, à partir de septembre 1922et jusqu’à la signature du Traité de paix à Lausanne, en juillet 1923 d’autant quel’arrivée de milliers de réfugiés provoqua encore plus de problèmes de survie pourl’ensemble d’une population grecque unifiée « dans le sens inverse de celui préconisépar la [Grande] Idée » 116 . Certes, des profiteurs de guerre purent s’enrichir, ce quiprovoqua la réaction du journal Rizospastis, l’organe du Parti Socialiste Grec 117 . Maiscela n’empêcha pas l’industriel, banquier et homme politique, G. Stringos, d’écriredans un rapport remis au ministère de l’Économie nationale, en 1919, que la guerremondiale avait offert aux entrepreneurs grecs les moyens de développer leursaffaires 118 .Alors, dans cette situation de crise économique, morale et sociale,l’engagement volontaire dans l’armée grecque n’apparut-il pas comme un moyen defuir la misère et de pouvoir nourrir convenablement sa famille ?1. Les misérablesAvant même la guerre gréco-turque, la vie des familles grecques, agricoles ououvrières, était extrêmement difficile. La crise agricole de la fin du XIX e siècle et lafaillite de l’État grec, les années suivantes, eurent des conséquences non seulementsur la démographie mais aussi sur la vie de la population 119 . Ceux qui pouvaientéconomiser la somme nécessaire 120 , quittèrent le pays et gagnèrent les États-Unis ; les115 Voir aussi notre chapitre 1.116Yannis MOURELOS, « Y a-t-il un impérialisme Grec ? », Guerres mondiales et conflitscontemporains, Presses Universitaires de France, octobre 1993, n o 172, p. 11.117 « Le bilan », Rizospastis, Athènes, 29 juillet 1920, année 4 e , n o 1083, p. 1.118 Cité par Nicos PSIROUKIS, La catastrophe d’Asie Mineure, 1918-1923, Nicosie, Egéon-Coucida,2000, (1964), p. 111.119 Voir aussi notre Chapitre 2.120 La somme minimale dont on avait besoin était de 350-400 drachmes. Cité par Dimitris C.PSICHOGIOS, « Contribution à l’étude des phénomènes démographiques du XIX e siècle », Revue desétudes sociales, Athènes, Centre National des Études Sociales, 1986, n° 63, pp. 172-173.249