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Protection <strong>de</strong>s végétaux | Hya<strong>le</strong>sthes obso<strong>le</strong>tus, vecteur du bois noir <strong>de</strong> la vigne : répartition et biologie<br />
nombreux sur ortie que sur toutes <strong>le</strong>s autres plantes<br />
analysées. Ces observations sont <strong>de</strong> plus confirmées<br />
par <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s populations <strong>de</strong> H. obso<strong>le</strong>tus sont extrêmement<br />
faib<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s parcel<strong>le</strong>s valaisannes, où<br />
l’ortie est rare. Par conséquent, il semb<strong>le</strong> bien que l’ortie<br />
dioïque joue un rô<strong>le</strong> central dans la la propagation<br />
du bois noir.<br />
En Valais central, <strong>le</strong> début du vol et <strong>le</strong> pic <strong>de</strong> vol <strong>de</strong><br />
H. obso<strong>le</strong>tus surviennent <strong>de</strong>ux à trois semaines plus tôt<br />
que dans la région <strong>de</strong>s Trois-Lacs. Ce décalage dans la<br />
phénologie peut être expliqué par une différence <strong>de</strong><br />
température, ainsi que par l’exploitation <strong>de</strong> plantes<br />
hôtes différentes. En effet, selon Maixner et Langer<br />
(2006), <strong>le</strong> début du vol <strong>de</strong>s insectes ayant accompli <strong>le</strong>ur<br />
développement sur l’ortie dioïque survient approximativement<br />
trois semaines plus tard par rapport aux populations<br />
exploitant <strong>le</strong> liseron <strong>de</strong>s champs. Le maintien<br />
<strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> vol jusqu’en septembre semb<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment<br />
être une caractéristique <strong>de</strong>s populations exploitant<br />
l’ortie dioïque (Lessio et al. 2007).<br />
Nos résultats montrent que H. obso<strong>le</strong>tus est capab<strong>le</strong><br />
<strong>de</strong> vo<strong>le</strong>r au moins sur une dizaine <strong>de</strong> mètres. Ce potentiel<br />
<strong>de</strong> dispersion <strong>de</strong> l’insecte vecteur explique que certaines<br />
parcel<strong>le</strong>s désherbées puissent tout <strong>de</strong> même être<br />
infectées par <strong>le</strong> bois noir. En Italie, par exemp<strong>le</strong>, <strong>de</strong>s individus<br />
d’H. obso<strong>le</strong>tus ont été piégés dans la partie centra<strong>le</strong><br />
d’un vignob<strong>le</strong> dépourvue <strong>de</strong> plantes hôtes (Bressan<br />
et al. 2007). Toutefois, ces auteurs observent que <strong>le</strong>s<br />
pièges placés au centre du vignob<strong>le</strong> capturent beaucoup<br />
moins d’insectes que ceux qui sont placés en bordure<br />
et au-<strong>de</strong>ssus d’orties. Ce nombre plus é<strong>le</strong>vé <strong>de</strong> captures<br />
est mis en relation avec la fréquence plus é<strong>le</strong>vée <strong>de</strong><br />
ceps infectés en bordure du vignob<strong>le</strong>, à proximité <strong>de</strong>s<br />
plantes hôtes (effet bordure).<br />
Aucun traitement chimique n’est envisageab<strong>le</strong> pour<br />
lutter contre H. obso<strong>le</strong>tus. En effet, contrairement au<br />
vecteur <strong>de</strong> la flavescence dorée, Scaphoi<strong>de</strong>us titanus,<br />
H. obso<strong>le</strong>tus n’est pas inféodé à la vigne. Cette cica<strong>de</strong>l<strong>le</strong><br />
passe la majorité <strong>de</strong> son cyc<strong>le</strong> biologique sous<br />
terre, sur <strong>le</strong>s racines <strong>de</strong> ses véritab<strong>le</strong>s plantes hôtes, adventices<br />
<strong>de</strong>s vignob<strong>le</strong>s. Les mesures <strong>de</strong> lutte sont donc<br />
indirectes, préventives, et impliquent une gestion subti<strong>le</strong><br />
<strong>de</strong>s adventices pouvant porter <strong>le</strong> phytoplasme et<br />
héberger <strong>le</strong> vecteur. Dans la plupart <strong>de</strong>s vignob<strong>le</strong>s<br />
194 <strong>Revue</strong> <strong>suisse</strong> Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (3) : 190–196, 2010<br />
<strong>suisse</strong>s, l’ortie dioïque représente la plante hôte préférée<br />
<strong>de</strong> H. obso<strong>le</strong>tus (<strong>le</strong>s données seront présentées<br />
dans un prochain artic<strong>le</strong>). La gestion <strong>de</strong> l’ortie dioïque<br />
dans <strong>le</strong>s vignob<strong>le</strong>s doit cependant être menée <strong>de</strong> manière<br />
raisonnée, car cette espèce constitue un habitat<br />
riche pour une faune diverse et abrite éga<strong>le</strong>ment certains<br />
auxiliaires. La gestion <strong>de</strong> l’ortie dans <strong>le</strong>s parcel<strong>le</strong>s<br />
vitico<strong>le</strong>s consiste donc à ne pas laisser proliférer cette<br />
adventice <strong>de</strong> façon inconsidérée. De plus, cette plante<br />
ne doit pas être éliminée durant la pério<strong>de</strong> d’activité<br />
du vecteur adulte, soit entre <strong>le</strong>s mois <strong>de</strong> juin et d’août:<br />
en effet, si <strong>le</strong>s plantes hôtes venaient à disparaître, la<br />
probabilité que <strong>le</strong>s adultes se rabattent sur la vigne et<br />
la piquent risque d’augmenter. ACW poursuit <strong>de</strong>s recherches<br />
plus approfondies sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’ortie dioïque<br />
dans l’épidémiologie du bois noir afin <strong>de</strong> proposer une<br />
stratégie <strong>de</strong> lutte raisonnée et durab<strong>le</strong>.<br />
C o n c l u s i o n s<br />
• Le principal insecte vecteur du bois noir, Hya<strong>le</strong>sthes<br />
obso<strong>le</strong>tus, est présent dans la plupart <strong>de</strong>s régions<br />
vitico<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Suisse et sa répartition coïnci<strong>de</strong> bien<br />
avec la présence <strong>de</strong> la maladie.<br />
• Les adultes <strong>de</strong> H. obso<strong>le</strong>tus, qui vo<strong>le</strong>nt entre <strong>le</strong>s<br />
mois <strong>de</strong> juin et septembre, sont piégés <strong>le</strong> plus<br />
fréquemment durant <strong>le</strong> mois <strong>de</strong> juil<strong>le</strong>t.<br />
• La cica<strong>de</strong>l<strong>le</strong> est capab<strong>le</strong> <strong>de</strong> vo<strong>le</strong>r au moins quelques<br />
dizaines <strong>de</strong> mètres, ce potentiel <strong>de</strong> dispersion<br />
expliquant pourquoi certaines parcel<strong>le</strong>s dépourvues<br />
<strong>de</strong> plantes hôtes sont malgré tout infectées par <strong>le</strong><br />
bois noir.<br />
• L’ortie dioïque, qui apparaît comme la plante hôte<br />
préférée <strong>de</strong> H. obso<strong>le</strong>tus, joue vraisemblab<strong>le</strong>ment<br />
un rô<strong>le</strong> central dans l’épidémiologie du bois noir<br />
dans <strong>le</strong>s vignob<strong>le</strong>s <strong>suisse</strong>s.<br />
• Une gestion raisonnée <strong>de</strong>s orties dioïques est<br />
conseillée dans <strong>le</strong>s parcel<strong>le</strong>s atteintes <strong>de</strong> bois noir,<br />
pour ne pas <strong>le</strong>s laisser proliférer <strong>de</strong> façon<br />
inconsidérée. L’élimination <strong>de</strong> cette plante ne doit<br />
toutefois pas être entreprise durant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
vol du vecteur, pour éviter que <strong>le</strong>s adultes ne se<br />
rabattent sur la vigne. n