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Guy de Malherbe, le corps - Art Absolument

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68DE VISU<strong>Guy</strong><strong>de</strong> <strong>Malherbe</strong>,<strong>le</strong> <strong>corps</strong>éclatPAR TOM LAURENTRetour sur une exposition qui s’est tenue à la ga<strong>le</strong>rieVieil<strong>le</strong> du Temp<strong>le</strong> à Paris, du 9 septembre au 23 octobre 2010.


DE VISU70À la manière <strong>de</strong> l’artiste lui-même, qui se déprend <strong>de</strong>tout savoir <strong>de</strong>vant <strong>le</strong>s suggestions du lieu, la peinture<strong>de</strong> <strong>Guy</strong> <strong>de</strong> <strong>Malherbe</strong> convoque dans un premier temps<strong>le</strong> sentiment qui l’a enfanté : un abandon au motif.La réalité perçue du paysage – par exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong>splages norman<strong>de</strong>s – est transcrite, comme lorsd’un repérage, constituant un répertoire formel dans<strong>le</strong>quel puise <strong>Guy</strong> <strong>de</strong> <strong>Malherbe</strong> lors <strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>son travail postérieur. Dans l’atelier, la peinturereprend ses droits : ces éléments glanés sur <strong>le</strong>slieux réels sont <strong>le</strong> point <strong>de</strong> départ d’une reconstitutionmenta<strong>le</strong> qui laisse une gran<strong>de</strong> part à l’interprétationet aux jeux <strong>de</strong> l’inconscient. L’autonomieregagnée par rapport à une logique purement <strong>de</strong>scriptives’accompagne d’une gran<strong>de</strong> liberté dans <strong>le</strong>geste et <strong>de</strong> l’immixtion <strong>de</strong> cou<strong>le</strong>urs déréalisantes,notamment un jaune solaire, dans Métamorphose,ou encore Flaque jaune, qui semb<strong>le</strong> jouer <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>repoussoir par l’aveug<strong>le</strong>ment qu’il provoque touten induisant une profon<strong>de</strong>ur. Pas <strong>de</strong> perspectivelinéaire donc, mais une construction par <strong>le</strong> motif, qui,alliée à <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> frontalité dans certaines toi<strong>le</strong>s,introduit un espace suspendu fait <strong>de</strong> larges aplatsorganiques et <strong>de</strong> touches flui<strong>de</strong>s, à l’image <strong>de</strong> sesrochers endormis et <strong>de</strong> ses <strong>corps</strong> inertes. L’absence<strong>de</strong> mouvements au sein <strong>de</strong> laquel<strong>le</strong> la mise en pagetient <strong>le</strong>s figures fait éprouver un événement irreprésentab<strong>le</strong>: l’action est ail<strong>le</strong>urs, l’artiste saisit <strong>le</strong>moment <strong>de</strong> passage qui voit refluer <strong>le</strong>s dormeusesvers une réalité intérieure, à moins qu’el<strong>le</strong>s ne s’ysoient déjà “abîmées”. Ainsi, <strong>le</strong> regar<strong>de</strong>ur est auseuil d’un outre-mon<strong>de</strong>, mais simultanément mis àdistance <strong>de</strong> ces anatomies offertes et inatteignab<strong>le</strong>s.Le morcel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s membres et l’oblitérationvisuel<strong>le</strong> d’une partie <strong>de</strong>s <strong>corps</strong> abon<strong>de</strong>nt en ce sens.Car ces organismes amputés, glissant hors champ,sont porteurs <strong>de</strong> la doub<strong>le</strong> i<strong>de</strong>ntité qu’ils manifestent: à la fois empreintes matériel<strong>le</strong>s du désir <strong>de</strong>peindre <strong>de</strong> <strong>Guy</strong> <strong>de</strong> <strong>Malherbe</strong> et présences charnel<strong>le</strong>sse dérobant à nos regards.En un sens, l’artiste peint <strong>le</strong> motif réel et transforméau bénéfice <strong>de</strong> visions oniriques, et suggère“l’invisib<strong>le</strong>” hors du cadre <strong>de</strong> ses tab<strong>le</strong>aux. Hors ducadre, car la toi<strong>le</strong>, prise comme élément matériel,avec son châssis, s’impose tel un écran intentionneloù se trouve projetée une composition fragmentée.Les <strong>corps</strong> et <strong>le</strong>s objets qui s’y étirent sont coupéspar <strong>le</strong>s limites du cadre et <strong>le</strong>urs présences semb<strong>le</strong>ntse prolonger au-<strong>de</strong>là. Témoins d’une impossibilitéassumée à saisir l’entièreté <strong>de</strong> son sujet ? Pouvoirdu pictural <strong>de</strong> susciter la spéculation dans l’espritdu spectateur ? L’ouverture d’un espace mental surune surface constitue chez <strong>Guy</strong> <strong>de</strong> <strong>Malherbe</strong> la partirréductib<strong>le</strong>ment conceptuel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la peinture. Etl’étreinte du cadrage trop serré en fait saillir l’aspectphysique, p<strong>le</strong>inement désirant. Pour ce peintre,une œuvre qui n’en appel<strong>le</strong>rait pas à l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>ses possibilités <strong>de</strong>meurerait incomplète : ainsi sapeinture joue-t-el<strong>le</strong> sur l’ambiva<strong>le</strong>nce pour susciterl’éveil du sensib<strong>le</strong>.Doub<strong>le</strong> page précé<strong>de</strong>nte :Chaos, <strong>corps</strong> et rocher. 2009, hui<strong>le</strong> sur toi<strong>le</strong>, 180 x 160 cm.Ci-contre :Ex-voto. 2010, hui<strong>le</strong> sur toi<strong>le</strong>, 180 x 160 cm.Doub<strong>le</strong> page suivante à gauche :Paysage minéral. 2009, hui<strong>le</strong> sur toi<strong>le</strong>, 125 x 100 cm.Doub<strong>le</strong> page suivante à droite :Flaque jaune. 2010, hui<strong>le</strong> sur toi<strong>le</strong>, 250 x 196 cm..<strong>Guy</strong> <strong>de</strong> <strong>Malherbe</strong> en quelques datesNé en 1958 à Boulogne-Billancourt. Vit et travail<strong>le</strong> à Paris.Principa<strong>le</strong>s expositions personnel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>puis 20032009 Éco<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Beaux-<strong>Art</strong>s, NîmesChâteau du Lu<strong>de</strong>, Sarthe2008 Ga<strong>le</strong>rie Vieil<strong>le</strong> du Temp<strong>le</strong>, Paris2007 Installation Land <strong>Art</strong> : 10 carrés au château du Lu<strong>de</strong>2006 Ga<strong>le</strong>rie Vieil<strong>le</strong> du Temp<strong>le</strong>, ParisGa<strong>le</strong>rie <strong>de</strong>s Remparts, Josiane Couasnon, Le Mans2004 La figure et l’altérité, Institut français, BudapestWuersch and Gerring - Attorneys at Law, New York2003 Collégia<strong>le</strong> Saint-Pierre La Cour, Le Mans

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