12.07.2015 Views

Entretien avec Pierre Buraglio - Histoire culturelle et sociale de l'art

Entretien avec Pierre Buraglio - Histoire culturelle et sociale de l'art

Entretien avec Pierre Buraglio - Histoire culturelle et sociale de l'art

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Le Postmo<strong>de</strong>rne : un paradigme pertinent dans le champ artistique ?, INHA & Grand Palais, Paris, 30-31 mai 2008crois que les Bouguereau d’aujourd’hui ne sont pas là où on le croit » 43 . Pourriez-vous revenirsur cela ?<strong>Pierre</strong> <strong>Buraglio</strong> : Je le ressens ainsi. Je ne suis pas historien d’art ou critique, cela n’engageque moi. Je ressens les installations comme les gran<strong>de</strong>s machines <strong>de</strong> la peinture à discours <strong>de</strong>la fin du XIX e siècle. On a tellement décrié le réalisme socialiste pour ses excès <strong>de</strong> discours.Par exemple j’aime beaucoup Louise Bourgeois, mais je ne suis pas convaincu par sesinstallations. Dans le recours au <strong>de</strong>ssin, à la peinture, à la sculpture, je la trouve plus forte. Lesartistes doivent résister à c<strong>et</strong> encouragement : être toujours plus massif, ostentatoire,péremptoire, dispendieux. Copie conforme <strong>de</strong> la société libérale.Personne du public : Je suis doctorante en histoire <strong>de</strong> l’art. Je voudrais vous poser unequestion sur une p<strong>et</strong>ite parenthèse que vous avez faite, quand vous avez expliqué que les gens<strong>de</strong> votre génération, comme Parmentier, était très respectueux du musée. Ce n’est pas l’imageque j’en avais. J’ai <strong>de</strong>s souvenirs d’événements au Salon <strong>de</strong> la Jeune Peinture. Il y avait unpropos <strong>de</strong>rrière c<strong>et</strong>te attitu<strong>de</strong>, qui était très contestataire vis à vis <strong>de</strong> l’institution muséale.Auriez-vous <strong>de</strong>s précisions ?<strong>Pierre</strong> <strong>Buraglio</strong> : Je ne peux apporter que mon témoignage. Rouan, Kermarec <strong>et</strong> moi-mêmeen 1964-1965 <strong>et</strong> 1966, nous avons exposé ensemble <strong>et</strong> nous allions au musée du Louvreensemble. Je ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas à un artiste d’être objectif, il faut être partisan. Nous avions <strong>de</strong>sœillères dans le contexte que nous avons évoqué précé<strong>de</strong>mment. On allait à la Batailled’Uccello, à Chardin, au Poussin <strong>de</strong>s Quatre saisons. Mais en aucun cas, on aurait regardé leCaravage, car on reprenait le discours <strong>de</strong> Poussin, à savoir que ce peintre venait <strong>de</strong> tuer lapeinture. C’est très bien pour <strong>de</strong>s jeunes gens <strong>de</strong> 25 ans ; autrement nous aurions fait <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s d’<strong>Histoire</strong> <strong>de</strong> l’art. Par la suite, nos relations se sont distendues. Les opérations BMPT,qui reflètent plus la pensée <strong>de</strong> Buren, c’est autre chose. Nous avons été un certain nombre àavoir été <strong>de</strong>s militants communistes. On r<strong>et</strong>rouve c<strong>et</strong>te attitu<strong>de</strong> en 1968, lorsque les marxistesléninistesvont défendre les œuvres d’art contre les Situationnistes qui veulent les détruire à laSorbonne ou à l’École <strong>de</strong>s Beaux-arts 44 . Ce n’est pas par fétichisme. C’est parce que nouspensons que c’est le patrimoine <strong>de</strong> tous.43 <strong>Pierre</strong> <strong>Buraglio</strong> dans Octobre <strong>de</strong>s arts - rouge, Lyon, 1988, repris dans <strong>Pierre</strong> <strong>Buraglio</strong>, Écrits entre 1962 <strong>et</strong>2007, Paris, Ensba, 2007, p. 140.44 Voir « Document : l’atelier populaire », Les Cahiers <strong>de</strong> Mai, n° 2, 1968.122

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!