6 MERCREDIBREST INFOS30 JANVIER 2013 - SEPT JOURS À BRESTENSEIGNEMENT. ET SI L’ÉCOLEFREINET ÉTAIT DANS LE VENT ?Pas de notes, pas deredoublementpossible, des « quoi deneuf ? » pourcommencer la journéeet un conseil d’écolechaque mercredi…L’école de la rued’Avranches, à deuxpas de la fac dessciences, n’est pas uneécole publique commeles autres. Ici, c’est lapédagogie Freinetqu’on applique.Visiblement, ça plaît !« Les gamins font ce qu’ils veulent àl’école Freinet ! » Cette idée préconçue,Maryse Le Carre l’a maintes foisentendue depuis son arrivée dansl’établissement en 1991. Il faut direque la petite école de la rue d’Avranches,à deux pas de la fac des sciences,détonne par sa pédagogie. Riend’illicite toutefois : « On est l’une desécoles publiques de <strong>Brest</strong>, martèle ladirectrice de l’établissement. On a lesmêmes devoirs et le même programmeà suivre que les autres ».Mais dans ces murs, c’est la pédagogieFreinet qu’on applique ! Cellemise en place par Célestin Freinetdans les années 1920.PAS DE NOTES ET UN TRAVAILINDIVIDUALISÉQu’est-ce qui change dans les grandeslignes ? « Il n’y a pas de notes ici,répond Maryse Le Carre. Le travailest individualisé en fonction duniveau et du rythme d’apprentissagede l’enfant. Il est rare que dans laclasse, les élèves fassent tous lamême chose ». L’instituteur n’est pasnon plus mis sur un piédestal et laméthodologie Freinet accentue beaucoupsur la coopération entre les élèves,l’autonomie et la prise de paroleen public. « D’ailleurs chaque mardiaprès-midi, c’est le conseil d’école,raconte Maryse Le Carre. Tous les élèvesse réunissent pour parler desrègles de vie au sein de l’établissement,de ce qui s’est bien et moinsbien passé dans la semaine… »De là à dire que les enfants sont roisà l’école Freinet ? Pas tout à fait. Suffitde jeter un œil sur le plan de travailde Tatiana et Ines, en CP toutesles deux (photo) : « Chaque semaine,on y met le travail personnel qu’on aà faire et on coche une fois qu’on afait les activités demandées, expliquent-elles.On a de la lecture, de l’orthographe,des maths… ».DES « QUOI DE NEUF ? »POUR DÉMARRER LA JOURNÉELes élèves ont au minimum deux fois45 minutes de travail individualisépar jour. Et le reste du temps ? Il n’ya rien de formalisé. Enfin si : « Oncommence la journée par les Quoi deneuf ?, raconte Enouan, dans lamême classe de CP. On y raconte ceque l’on fait en dehors de l’école ».De là peut découler la suite de la journée.« Jeudi, un enfant de grande sectionnous a parlé d’une expériencescientifique qu’il avait réalisée,reprend Maryse Le Carre. Pour lacomprendre, on va devoir aborder lesnotions d’équilibre et de poids. On vaaussi travailler avec des balances ».C’est une autre facette de la méthodeFreinet. « On part tou<strong>jours</strong> desbesoins de la classe pour expliquerde nouvelles notions, indique MaryseLe Carre. Et les connaissances ne tombentpas tou<strong>jours</strong> dans la main. Nosélèves doivent souvent faire des exposéset fouiller dans la bibliothèque,l’un des lieux piliers de l’école ».« LA MÊME RÉUSSITE QUE LESAUTRES »Et ça marche ? Faute de collège Freinetà <strong>Brest</strong>, la plupart des élèves rejoignentle système éducatif « classique» à leur entrée en sixième. « Ilsont une réussite comparable auxautres écoliers », assure Maryse LeCarre. Pas gagné d’avance sachantque l’école accueille beaucoup d’enfantsen échec dans le système éducatifclassique.On peut aussi voir une certaine reconnaissancede la méthode Freinet lorsquele Ministère de l’éducation nationaleévoque un retour à la semainedes quatre <strong>jours</strong> et demi pour mieuxcoller aux rythmes de l’enfant.« Nous, on est pour, souligne MaryseLe Carre. Ça colle bien à nos valeurs.Ce n’est pas la première fois que leshommes politiques s’inspirent denotre pédagogie. En 1989, Lionel Jospinavait parlé d’instaurer desconseils d’enfants dans les écoles, lenon-redoublement, le travail parcycle… Tout cela, on le fait depuistrès longtemps à l’école Freinet ».UNE CLASSE DE PLUSEN SEPTEMBRE ?Quoi qu’il en soit, l’école de la rued’Avranches ne connaît pas la crise.Elle compte aujourd’hui 101 élèvesrépartis de la petite section au CM2.« Depuis qu’on a mis en place lamaternelle, on doit refuser des inscriptionschaque année, regretteMaryse Le Carre. Jusqu’à 40 élèvesmême à la dernière rentrée ». Ducoup, l’école Freinet rêve de l’ouvertured’une cinquième classe en septembre.Un courrier en ce sens a étéenvoyé cette semaine à la mairie.FABRICE POULIQUENÜ www.freinet.brestecoles.net/freinetbrest