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les trésors de bibliothèque et archives nationales du québec

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i. 90 ans d’Histoire <strong>et</strong> d’actionLa protectiondossierpatrimoine cuLtLE PATRIMOINE CULTUREL QUÉBÉCOIS, 1922-2012En mars 1922, le gouvernement <strong>du</strong> Québec a confi é à la Commission<strong>de</strong>s monuments historiques le mandat <strong>de</strong> conserver <strong>les</strong>monuments <strong>et</strong> <strong>les</strong> obj<strong>et</strong>s ayant un intérêt historique ou artistique.Pendant près <strong>de</strong> 40 ans, c<strong>et</strong>te institution a assumé à el<strong>les</strong>eule la responsabilité <strong>de</strong> la sauvegar<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la mise en valeur<strong>de</strong>s monuments historiques.La création <strong>du</strong> ministère <strong>de</strong>s Affaires culturel<strong>les</strong> en 1961 a modifié progressivement le rôle <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong>s monumentshistoriques <strong>et</strong> mené, en 1972, à l’adoption <strong>de</strong> la Loi sur <strong>les</strong>biens culturels <strong>et</strong> à la création <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong>s biensculturels <strong>du</strong> Québec, un organisme au rôle consultatif.Depuis 1922, le concept <strong>de</strong> patrimoine a connu au Québec uneévolution qui l’a fait passer <strong>de</strong> « patrimoine-monument historique» ayant pour mission <strong>de</strong> rappeler le passé, à « patrimoinebienculturel », une ressource <strong>et</strong> un actif à développer. La législationquébécoise sur le patrimoine a refl été c<strong>et</strong>te évolutionen élargissant progressivement <strong>les</strong> catégories <strong>de</strong> biens susceptib<strong>les</strong>d’être reconnus <strong>et</strong> protégés. La Loi sur le patrimoine culturel,adoptée par l’Assemblée nationale le 19 octobre 2011,refl ète bien c<strong>et</strong>te évolution en intégrant notamment la notion<strong>de</strong> patrimoine immatériel <strong>et</strong> le paysage.Source : Commission <strong>de</strong>s biens culturels <strong>du</strong> Québec1922Création <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong>smonuments historiques par la Loi relativeà la conservation <strong>de</strong>s monuments <strong>et</strong><strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s d’art ayant un intérêt historiqueou artistique. Ont été successivementprési<strong>de</strong>nts : Adélard Turgeon, Ralph-AlbertBenoît, Paul Gouin, Roland Bourr<strong>et</strong>,Georges-Émile Lapalme, Jean-Clau<strong>de</strong>La Haye, Marcel Junius, Paul-Louis Martin,Cyril Simard, Marcel Masse, Louise Brunelle-Lavoie, Mario Dufour <strong>et</strong> Yves Lefebvre.À rayons ouverts 4 automne 2012 n o 90


En s’ouvrant sur <strong>de</strong>s concepts qui dépassent le tangible, comme <strong>les</strong> paysages<strong>et</strong> le patrimoine immatériel, la nouvelle loi vient consacrer la dimensionculturelle <strong>du</strong> patrimoine québécois, dans toute l’éten<strong>du</strong>e <strong>de</strong> sa signification.dossier90 ans d’histoire <strong>et</strong> d’actionVoir grand <strong>et</strong> voir loin :la Loi sur le patrimoine culturelLe concept <strong>de</strong> patrimoine a connu au Québec uneévolution qui l’a fait passer <strong>de</strong> « patrimoine-monumenthistorique » ayant pour mission <strong>de</strong> rappeler lepassé, à « patrimoine-bien culturel », une ressource<strong>et</strong> un actif à développer. La législation québécoisesur le patrimoine a reflété c<strong>et</strong>te évolution en élargissantprogressivement <strong>les</strong> catégories <strong>de</strong> bienssusceptib<strong>les</strong> d’être reconnus <strong>et</strong> protégés. La Loi surle patrimoine culturel, adoptée par l’Assembléenationale le 19 octobre 2011, reflète bien c<strong>et</strong>te évolutionen y intégrant notamment le patrimoineimmatériel <strong>et</strong> le paysage 1 .La loi place le Québec en tête <strong>de</strong>s pays qui ont àcœur la connaissance, la protection, la conservation<strong>et</strong> la mise en valeur <strong>de</strong> leur patrimoine culturel, fût-ilmatériel ou immatériel.La Loi sur le patrimoine culturel était atten<strong>du</strong>e<strong>et</strong> souhaitée <strong>de</strong>puis plusieurs années. On ne compteplus <strong>les</strong> colloques, rencontres, discussions, l<strong>et</strong>tresouvertes, livre vert <strong>et</strong> autres consultations qui ontmené à la concrétisation <strong>de</strong> ce proj<strong>et</strong>. Les Québé-cois y ont beaucoup réfléchi, <strong>et</strong> se sont donné uneloi à leur image. Ils font ainsi figure d’exception <strong>et</strong>d’avant-gar<strong>de</strong> dans le mon<strong>de</strong> en plaçant leur patrimoineculturel au cœur même <strong>du</strong> développement<strong>du</strong>rable.Mo<strong>de</strong>rne <strong>et</strong> bien ancrée dans la réalité d’aujourd’hui,la nouvelle loi propose en eff<strong>et</strong> un regard neuf<strong>et</strong> une ouverture d’esprit sur notre compréhension<strong>du</strong> patrimoine. En s’ouvrant sur <strong>de</strong>s concepts quidépassent le tangible, comme <strong>les</strong> paysages <strong>et</strong> le patrimoineimmatériel, elle vient en eff<strong>et</strong> consacrer ladimension culturelle <strong>du</strong> patrimoine québécois,dans toute l’éten<strong>du</strong>e <strong>de</strong> sa signification.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces intentions, c<strong>et</strong>te loi s’avèreconcrète <strong>et</strong> efficace puisqu’elle est dotée <strong>de</strong>s instrumentsnécessaires à son plein déploiement dans lerespect <strong>de</strong> l’esprit qui a guidé sa conception. Ellemobilise <strong>et</strong> responsabilise davantage <strong>les</strong> citoyens<strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> régions, <strong>les</strong> entreprises, ministères <strong>et</strong>organismes, vil<strong>les</strong> <strong>et</strong> municipalités par <strong>de</strong>s mesuresbien définies qui contribueront à la protection <strong>et</strong> àla mise en valeur <strong>de</strong> toute la richesse <strong>de</strong> notre patrimoine.C<strong>et</strong>te loi voit grand <strong>et</strong> loin.1961Classement d’unepremière collectiond’œuvres d’art,celle <strong>de</strong> la chapelle<strong>de</strong> l’Hôtel-Dieu<strong>de</strong> Québec.1963Amen<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> laLoi sur <strong>les</strong> monumentshistoriques :intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>la définitiond’« arrondissementhistorique ».1963Déclaration <strong>du</strong> premierarrondissementhistorique :le Vieux-Québec.1963-1965Déclaration <strong>de</strong>sept arrondissementshistoriques : leVieux-Québec, leVieux-Montréal, Sillery,le Vieux-Trois-Rivières,Char<strong>les</strong>bourg,Beauport <strong>et</strong> Carignan.1964Premiers travaux<strong>de</strong> restaurationà Place-Royale,à Québec.1970Déclaration <strong>de</strong>l’arrondissementhistorique <strong>de</strong>l’Île-d’Orléans.1972Adoption <strong>de</strong> la nouvelleLoi sur <strong>les</strong> biensculturels : intégration<strong>de</strong>s dispositionsconcernant <strong>les</strong> biens <strong>et</strong>sites archéologiques ;création <strong>de</strong> laCommission <strong>de</strong>s biensculturels à titre d’organismeconsultatif.1973Déclaration <strong>du</strong> premierarrondissementnaturel : Percé.À rayons ouverts 6 automne 2012 n o 90


Le concept <strong>de</strong> patrimoine a connu au Québec une évolution qui l’a fait passer<strong>de</strong> « patrimoine-monument historique » ayant pour mission <strong>de</strong> rappeler le passé,à « patrimoine-bien culturel », une ressource <strong>et</strong> un actif à développer.dossierL’organisme qui conseille le ministrequant à l’application <strong>de</strong> la LoiEn instituant le Conseil <strong>du</strong> patrimoine culturel<strong>du</strong> Québec, la Loi sur le patrimoine culturel dotele ministre <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Communicationsd’un organisme <strong>de</strong> consultation appelé à lui donnerson avis ou à lui faire <strong>de</strong>s recommandationssur toute question relative à la connaissance, à laprotection, à la mise en valeur <strong>et</strong> à la transmission<strong>du</strong> patrimoine culturel 2 . Elle confie notamment auConseil un mandat d’audition auprès <strong>de</strong>s indivi<strong>du</strong>s<strong>et</strong> <strong>de</strong>s groupes sur toute question visée par la loi.Elle rehausse aussi à un niveau plus stratégique<strong>les</strong> interventions <strong>du</strong> Conseil. Celui-ci sera en eff<strong>et</strong>appelé à intervenir beaucoup plus en amont, notammenten se prononçant sur <strong>les</strong> proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> plans <strong>de</strong>conservation qui seront dorénavant obligatoirespour tous <strong>les</strong> sites patrimoniaux <strong>et</strong> en procédant à<strong>de</strong>s consultations publiques sur toute question quepourrait lui confier le ministre. Le Conseil <strong>de</strong>vramaintenir un <strong>de</strong>gré élevé d’excellence <strong>et</strong> <strong>de</strong> pertinence<strong>de</strong> ses conseils <strong>et</strong> recommandations, <strong>les</strong>quelsconstituent, pour le ministre, une ai<strong>de</strong> à ladécision. C<strong>et</strong>te valeur ajoutée prend appui surquatre piliers : l’expertise propre <strong>de</strong>s membres, <strong>les</strong>étu<strong>de</strong>s ou recherches commandées par le Conseil,la connaissance <strong>de</strong>s enjeux <strong>et</strong> <strong>de</strong>s acteurs régionauxainsi que <strong>les</strong> bonnes pratiques observéesdans d’autres pays ou auprès d’organisations internationa<strong>les</strong>.Puiser à même nos racines pour continuerd’embellir le Québec : telle est la pensée qui animaitconstamment la Commission <strong>de</strong>s biens culturels<strong>et</strong> telle sera aussi la perspective qui gui<strong>de</strong>ra leConseil.C<strong>et</strong>te perspective suppose que la protection<strong>et</strong> la mise en valeur <strong>de</strong> notre patrimoine sontrésolument tournées vers l’avenir plutôt que versle passé.1. On peut lire le texte <strong>de</strong> la loi à l’adresse suivante :www.mcc.gouv.qc.ca, section « Lois <strong>et</strong> réglements ».2. Le Conseil <strong>du</strong> patrimoine culturel <strong>du</strong> Québec est composé <strong>de</strong>12 membres, dont un prési<strong>de</strong>nt <strong>et</strong> une vice-prési<strong>de</strong>nte qui occupentleur poste à temps plein. Les membres sont nommés par legouvernement en fonction <strong>de</strong> leur expertise, <strong>de</strong> leur formation <strong>et</strong><strong>de</strong> leur expérience dans divers domaines reliés au patrimoine culturel.90 ans d’histoire <strong>et</strong> d’action1974Classement <strong>du</strong> premiersite archéologique :le poste <strong>de</strong> pêche <strong>et</strong><strong>de</strong> traite <strong>de</strong> Nantagamiou,Côte-Nord-<strong>du</strong>-Golfe-Saint-Laurent.1986Amen<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la Loisur <strong>les</strong> biens culturels :partage <strong>de</strong>s pouvoirsentre l’État <strong>et</strong> <strong>les</strong> municipalitésloca<strong>les</strong> pourla sauvegar<strong>de</strong> <strong>et</strong> lamise en valeur <strong>du</strong> patrimoinearchitecturalpar la citation <strong>de</strong>monuments historiques<strong>et</strong> la constitution <strong>de</strong>sites <strong>du</strong> patrimoine.2005Déclaration <strong>de</strong>l’arrondissementhistorique <strong>et</strong> naturel<strong>du</strong> Mont-Royal.2010Dépôt <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> <strong>de</strong>loi 82, la Loi sur lepatrimoine culturel.v Vue <strong>du</strong> rocher Percé <strong>et</strong> <strong>de</strong> la ville – Percé Rock,P.Q. and Village from S. W., carte postale, WestBathurst (Nouveau-Brunswick), H. V. Hen<strong>de</strong>rson, 19--?.Arrondissement naturel, décr<strong>et</strong> gouvernemental en 1973.2011Adoption <strong>de</strong> la Loi surle patrimoine culturel :création <strong>du</strong> Conseil<strong>du</strong> patrimoine culturel<strong>du</strong> Québec, qui remplacela Commission<strong>de</strong>s biens culturels<strong>du</strong> Québec. La nouvelleloi entre en vigueuren octobre 2012.À rayons ouverts 7 automne 2012 n o 90


II. LA LOI SUR LE PATRIMOINE CULTURELLes principes <strong>de</strong> basedossierLa Loi sur Le patrimoine cuLtureLLa Loi sur le patrimoine culturel a pour obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> favoriser la connaissance, la protection, la mise envaleur <strong>et</strong> la transmission <strong>du</strong> patrimoine culturel sous toutes ses formes. La loi souligne l’importance<strong>de</strong> la valeur i<strong>de</strong>ntitaire <strong>du</strong> patrimoine culturel <strong>et</strong> sa forte contribution au sentiment d’appartenance àune collectivité.Le patrimoine cuLtureLLe patrimoine culturel est constitué <strong>de</strong> personnages historiques décédés, <strong>de</strong> lieux <strong>et</strong> d’événementshistoriques, <strong>de</strong> documents, d’immeub<strong>les</strong>, d’obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong> sites patrimoniaux, <strong>de</strong> paysages culturels patrimoniaux<strong>et</strong> <strong>de</strong> patrimoine immatériel.La Loi <strong>et</strong> Le déVeLoppement <strong>du</strong>raBLeLa Loi sur le patrimoine culturel s’inscrit dans une perspective <strong>de</strong> développement <strong>du</strong>rable. La protection<strong>du</strong> patrimoine culturel est l’un <strong>de</strong>s 16 principes fondamentaux formulés dans la Loi sur le développement<strong>du</strong>rable, adoptée en 2006. L’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Loi sur le patrimoine culturel est cohérent avec ceprincipe.La Loi <strong>et</strong> La citoYenne <strong>et</strong> Le citoYenLe gouvernement souhaite favoriser la participation <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la population. Il le fera notammentgrâce à la tenue, par le Conseil <strong>du</strong> patrimoine culturel, <strong>de</strong> consultations publiques sur tous <strong>les</strong>proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> déclaration <strong>de</strong> sites patrimoniaux <strong>et</strong> toute question que le ministre lui soum<strong>et</strong>tra.La Loi <strong>et</strong> Les municipaLitésLa Loi confie notamment aux municipalités loca<strong>les</strong> <strong>et</strong> aux communautés autochtones <strong>de</strong>s pouvoirssimilaires à ceux <strong>du</strong> ministre pour la protection <strong>et</strong> la mise en valeur <strong>de</strong> leur patrimoine.L’ordre puBLicIl s’agit d’une loi d’ordre public. Elle se veut donc à l’avantage <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la population québécoise,au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s divers intérêts privés. Elle comporte notamment <strong>de</strong>s dispositions perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> fairecesser <strong>de</strong>s travaux pouvant représenter une menace pour un bien susceptible <strong>de</strong> présenter une valeurpatrimoniale, par principe <strong>de</strong> précaution. Elle confie aussi aux propriétaires <strong>de</strong> biens patrimoniaux laresponsabilité d’en assurer le maintien en bon état. La Loi prévoit <strong>de</strong>s sanctions plus imposantes quepar le passé en cas d’infraction. Les amen<strong>de</strong>s seront mo<strong>du</strong>lées en fonction <strong>du</strong> type <strong>de</strong> propriétaire <strong>et</strong>augmenteront en cas <strong>de</strong> récidive.Source : ministère <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s CommunicationsOn trouvera à la page 39 la définition <strong>de</strong>s principaux termes utilisés dans ce dossier sur le patrimoine culturel.À rayons ouverts 8 automne 2012 n o 90


Le patrimoineimmobiLierdossiers Le Vieux Moulin –Trois-Rivières (Canada),carte postale, Trois-Rivières,Pinsonneault, 19--?. Monumenthistorique, classement en 1961.En 1922, au moment <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> la Commission<strong>de</strong>s monuments historiques, le Québec était laseule province canadienne à légiférer dans le domaine<strong>de</strong> la sauvegar<strong>de</strong> <strong>du</strong> patrimoine. La loi quiétait alors en vigueur avait pour principal obj<strong>et</strong><strong>de</strong> préserver le patrimoine religieux. Plusieurs foisamendée, la loi a vu son mandat élargi au cours<strong>de</strong>s années <strong>et</strong> elle englobe maintenant l’ensemble<strong>du</strong> patrimoine immobilier. Les biens immobilierspeuvent être divisés en <strong>de</strong>ux catégories : <strong>les</strong> immeub<strong>les</strong>patrimoniaux <strong>et</strong> <strong>les</strong> sites patrimoniaux.Un immeuble patrimonial peut, bien sûr, êtreun bâtiment, mais il peut également s’agir d’unestructure, d’un vestige ou même d’un terrain surlequel il n’y a aucune construction. Le site patrimonial,pour sa part, est défini comme un lieu, unensemble d’immeub<strong>les</strong> ou un territoire. Pour êtrequalifiés d’immeub<strong>les</strong> ou <strong>de</strong> sites patrimoniaux,ces biens doivent présenter un intérêt pour leurvaleur archéologique, architecturale, artistique,emblématique, <strong>et</strong>hnologique, historique, paysagère,scientifique ou technologique, ou encore uneconjugaison <strong>de</strong> valeurs. Un site patrimonial peut<strong>de</strong> plus présenter un intérêt pour sa valeur i<strong>de</strong>ntitaireou urbanistique. uLa Loi sur Le PatriMoine CuLtureLÀ rayons ouverts 9 automne 2012 n o 90


w Pont Perrault,Notre-Dame-<strong>de</strong>s-Pins,Chaudière-Appalaches.Photo : © Ministère <strong>de</strong> laCulture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Communications,Jean-François Rodrigue,2004. Monument historique,classement en 2004.dossiers Arrondissement historique<strong>de</strong> Sillery, Québec, Capitale-Nationale. Photo : © Ministère<strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Communications,Pierre Lahoud, 2004.Arrondissement historique, décr<strong>et</strong>gouvernemental en 1964.Classer ou citer ?Le ministre peut classer un immeuble ou un sitepatrimonial. L’extérieur, l’intérieur, tout l’immeubleou une partie seulement peut être visé par le classement.Le classement d’un site patrimonial ne protègepas l’intérieur <strong>de</strong>s bâtiments qui s’y trouvent.Le gouvernement peut, sur recommandation <strong>du</strong>ministre, déclarer un site patrimonial. Il s’agit <strong>du</strong>statut équivalant à celui d’arrondissement historiqueou naturel qui était prévu dans la Loi sur <strong>les</strong>biens culturels.En vertu <strong>de</strong> la Loi sur le patrimoine culturel,<strong>les</strong> municipalités peuvent citer <strong>de</strong>s immeub<strong>les</strong> ou<strong>de</strong>s sites patrimoniaux qui se trouvent sur leurÀ rayons ouverts 10 automne 2012 n o 90


Les biens immobiliers doivent présenter un intérêt pourleur valeur archéologique, architecturale, artistique,emblématique, <strong>et</strong>hnologique, historique, paysagère, scientifiqueou technologique, ou encore une conjugaison <strong>de</strong> valeurs.dossierterritoire. Si el<strong>les</strong> le souhaitent, el<strong>les</strong> peuvent désormaisprotéger <strong>les</strong> intérieurs <strong>de</strong>s immeub<strong>les</strong> patrimoniauxqu’el<strong>les</strong> citent.La Loi sur le patrimoine culturel perm<strong>et</strong> aussiaux communautés autochtones <strong>de</strong> citer <strong>de</strong>s immeub<strong>les</strong><strong>et</strong> <strong>de</strong>s sites patrimoniaux situés sur leursterres <strong>de</strong> réserve, une nouveauté par rapport à laLoi sur <strong>les</strong> biens culturels.L’entr<strong>et</strong>ien <strong>du</strong> patrimoine immobilierLes propriétaires <strong>de</strong>s biens classés <strong>et</strong> cités sontresponsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> préserver la valeur patrimoniale<strong>de</strong> leurs biens. Toute personne intervenant sur un<strong>de</strong> ces biens, par exemple pour le restaurer, doit obtenirau préalable <strong>les</strong> autorisations nécessaires.Ces autorisations sont accordées par le ministrepour <strong>les</strong> biens classés ou <strong>les</strong> immeub<strong>les</strong> situés dansun site patrimonial classé ou déclaré, <strong>et</strong> par la municipalitépour <strong>les</strong> immeub<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> sites patrimoniauxcités.La Loi sur le patrimoine culturelLa vente d’un immeuble patrimonialUn avis préalable doit aussi être transmis au ministreavant la vente d’un immeuble patrimonialclassé ou situé dans un site patrimonial classé, afinqu’il puisse exercer son droit <strong>de</strong> premier ach<strong>et</strong>eurs’il le juge pertinent.Source : Infol<strong>et</strong>tre, Direction <strong>du</strong> patrimoine <strong>et</strong> <strong>de</strong> la muséologie.L’infol<strong>et</strong>tre est une pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> ministère <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>sCommunications.v Moulin seigneurial <strong>de</strong> Tonnancour, Trois-Rivières, Mauricie.Photo : © Ministère <strong>de</strong> la Culture, <strong>de</strong>s Communications <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Condition féminine,Andréane Beloin, 2009. Monument historique, classement en 1975.À rayons ouverts 11 automne 2012 n o 90


Les personnages,éVénements <strong>et</strong>Lieux historiquesLa Loi sur Le PatriMoine CuLtureLdossierLa population québécoisedispose d’un moyensupplémentaire <strong>de</strong>commémorer son histoireen rappelant le souvenir<strong>de</strong> certains personnages,événements <strong>et</strong> lieuxhistoriques significatifspour le Québec.La nouvelle Loi sur le patrimoine culturel perm<strong>et</strong>au ministre <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Communications,aux municipalités ainsi qu’aux communautés autochtones<strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en valeur <strong>de</strong> nouveaux types<strong>de</strong> patrimoine. Parmi ceux-ci se trouvent <strong>les</strong> personnages,<strong>les</strong> événements <strong>et</strong> <strong>les</strong> lieux historiques.Auparavant, la Loi sur <strong>les</strong> biens culturels ne comprenaitpas <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> dispositions puisqu’elle portaitexclusivement sur la protection <strong>du</strong> patrimoineimmobilier <strong>et</strong> mobilier, ce qui restreignait d’autantla portée <strong>de</strong> la reconnaissance <strong>du</strong> patrimoineculturel.Un personnage historique décédé est une personneayant réellement existé <strong>et</strong> ayant joué un rô<strong>les</strong>ignificatif dans l’histoire. Il peut également s’agird’un groupe <strong>de</strong> personnages.Par conséquent,<strong>les</strong> personnes vivantes ou<strong>les</strong> personnages fictifs nepeuvent pas être considéréscomme <strong>de</strong>s personnageshistoriques.Un événement historiqueest un fait qui s’estpro<strong>du</strong>it dans le passé, oul’aboutissement d’unprocessus historique, reconnucomme étant significatifdans l’histoire. Il peut être associé à unedate précise, mais il peut aussi être lié <strong>de</strong> façon pluslarge à une pério<strong>de</strong> historique. Un lieu historique,quant à lui, est un emplacement reconnu commeétant significatif dans l’histoire, qui peut être associéà un personnage, à un groupe ou à un événementsignificatif.désiGner ou i<strong>de</strong>ntiFier?Concrètement, après avoir pris l’avis <strong>du</strong> Conseil <strong>du</strong>patrimoine culturel <strong>du</strong> Québec, le ministre pourradésigner un personnage historique décédé, un événementou un lieu historique. De même, une municipalitépourra, par règlement <strong>de</strong> son conseil <strong>et</strong>après avoir pris l’avis <strong>de</strong> son conseil local <strong>du</strong> patrimoine,i<strong>de</strong>ntifier un personnage historique décédé,un événement ou un lieu historique. Les communautésautochtones pourront faire <strong>de</strong> même.un aVantaGe pour La popuLationGrâce à c<strong>et</strong>te nouvelle mesure <strong>de</strong> la loi, la populationquébécoise dispose d’un moyen supplémentaire <strong>de</strong>commémorer son histoire en rappelant le souvenir<strong>de</strong> certains personnages, événements <strong>et</strong> lieux historiquessignificatifs pour le Québec, d’entr<strong>et</strong>enirleur place dans la mémoire collective <strong>et</strong> <strong>de</strong> favoriser,ultimement, une plus gran<strong>de</strong> appréciation <strong>et</strong>une meilleure connaissance <strong>de</strong> l’histoire <strong>du</strong> Québec.Le Ministère fera connaître bientôt ses orientations,ses critères d’admissibilité <strong>et</strong> sa stratégie d’interventionquant à la désignation <strong>de</strong>s personnages,<strong>de</strong>s événements <strong>et</strong> <strong>de</strong>s lieux historiques. Il est toutefoispossible <strong>de</strong> préciser tout <strong>de</strong> suite que la désignation<strong>de</strong> ce patrimoine mémoriel par le ministrereposera essentiellement sur un appel annuel <strong>de</strong>propositions effectué auprès <strong>de</strong> la population québécoise.Les municipalités <strong>et</strong> <strong>les</strong> communautésautochtones verront à fixer leurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fonctionnementpour i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> personnages, événements<strong>et</strong> lieux historiques liés à leur collectivité.Source : Infol<strong>et</strong>tre, Direction <strong>du</strong> patrimoine <strong>et</strong> <strong>de</strong> la muséologie.L’infol<strong>et</strong>tre est une pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> ministère <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>sCommunications.À rayons ouverts 12 automne 2012 n o 90


Le patrimoineimmatérieLdossierLa reconnaissance <strong>du</strong> patrimoine immatérielcomme composante <strong>du</strong> patrimoine culturel faitpartie <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s nouveautés <strong>de</strong> la Loi sur le patrimoineculturel. Elle correspond aux orientationsmises <strong>de</strong> l'avant à l’échelle internationale <strong>et</strong> s'inscritdans le prolongement <strong>de</strong>s actions que le ministère<strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Communications soutient<strong>de</strong>puis plusieurs années.qu’est-ce que Le patrimoine immatérieL?Le patrimoine immatériel se décline en cinq catégories: <strong>les</strong> savoir-faire, <strong>les</strong> connaissances, <strong>les</strong> expressions,<strong>les</strong> pratiques <strong>et</strong> <strong>les</strong> représentations. Les cinqcatégories d’éléments <strong>du</strong> patrimoine immatérielpeuvent être désignées par le ministre ou i<strong>de</strong>ntifiéespar <strong>les</strong> municipalités <strong>et</strong> <strong>les</strong> communautés autochtones.Les obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> <strong>les</strong> espaces culturels, tout comme<strong>les</strong> personnes, ne peuvent pas être considéréscomme <strong>de</strong>s éléments <strong>du</strong> patrimoine immatériel.Toutefois, lorsque <strong>de</strong>s savoir-faire, <strong>de</strong>s connaissances,<strong>de</strong>s expressions, <strong>de</strong>s pratiques ou <strong>de</strong>s représentationssont associés à <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s ou à <strong>de</strong>s lieux,il importe d'en tenir compte dans l’analyse <strong>de</strong> leurvaleur patrimoniale. Par exemple, <strong>les</strong> costumes <strong>et</strong><strong>les</strong> masques utilisés lors d’un rituel jouent un rôleprépondérant <strong>et</strong> revêtent une gran<strong>de</strong> importancepour la compréhension <strong>de</strong> la pratique. Des obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong><strong>de</strong>s espaces pourraient en revanche être classés oucités, notamment pour leur intérêt <strong>et</strong>hnologique,s’ils présentent une gran<strong>de</strong> valeur patrimoniale.d’une Génération à L’autreLes éléments <strong>du</strong> patrimoine immatériel doivent être« transmis <strong>de</strong> génération en génération », c’est-à-direqu’ils doivent être vivants, <strong>et</strong> que <strong>de</strong>s porteurs <strong>de</strong>tradition peuvent encore <strong>les</strong> transm<strong>et</strong>tre à d'autrespersonnes. Ainsi, une pratique révolue, que pluspersonne ne porte ni ne transm<strong>et</strong>, n’est pas, au sens<strong>de</strong> la loi, un élément <strong>du</strong> patrimoine immatériel.Une pratique longtemps disparue <strong>et</strong> recréée récemmentne l’est pas non plus.Parce qu’ils sont vivants, <strong>les</strong> éléments <strong>du</strong> patrimoineimmatériel ne peuvent pas être repro<strong>du</strong>its àl’i<strong>de</strong>ntique d’une génération à l’autre. Ils sont adaptésà leur temps <strong>et</strong> à leur environnement, ils sont« recréés en permanence ».Si <strong>les</strong> personnes qui transm<strong>et</strong>tent ces éléments<strong>du</strong> patrimoine immatériel – <strong>les</strong> porteurs <strong>de</strong> tradition– s’enten<strong>de</strong>nt sur l'apport significatif <strong>de</strong> ceséléments à leur i<strong>de</strong>ntité culturelle <strong>et</strong> veulent assurerun contexte favorable à leur transmission, c’est« qu’une communauté ou un groupe » <strong>les</strong> « reconnaîtcomme faisant partie <strong>de</strong> son patrimoine culturel ».Un groupe d’experts ne pourrait donc pas déterminer,seul, si une pratique ou un savoir-faire est unélément <strong>du</strong> patrimoine immatériel. Avant tout, lacommunauté doit <strong>les</strong> considérer comme tels.Les éléments <strong>du</strong> patrimoine immatériel contribuentau sentiment d’appartenance, à la définition<strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité culturelle <strong>et</strong> à la fierté collective. Leurconnaissance, leur sauvegar<strong>de</strong>, leur transmission <strong>et</strong>leur mise en valeur présentent donc un intérêt public.Un élément <strong>du</strong> patrimoine immatériel peutêtre, par exemple :une forme traditionnelle d’expression orale,comme le conte (qui peut, lui, abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s thèmescontemporains) ;une musique ou une danse traditionnelle ;un rituel marquant un passage important dansla vie d'indivi<strong>du</strong>s ou <strong>de</strong> groupes ;un jeu traditionnel ;une pratique liée à la chasse, à la pêche ou à lacueill<strong>et</strong>te ;une manifestation festive qui marque le calendrierou qui souligne le passage <strong>de</strong>s saisons <strong>et</strong> à uLa Loi sur Le PatriMoine CuLtureLÀ rayons ouverts 13 automne 2012 n o 90


Les paYsagedossierLa Loi sur Le PatriMoine CuLtureLlaquelle participe un grand nombre <strong>de</strong> membres<strong>de</strong> la communauté ;la connaissance <strong>de</strong>s usages médicinaux <strong>de</strong> certainesplantes loca<strong>les</strong> ;la fabrication artisanale d’obj<strong>et</strong>s.Le processus <strong>de</strong> désiGnationConcrètement, après avoir pris l’avis <strong>du</strong> Conseil <strong>du</strong>patrimoine culturel <strong>du</strong> Québec, le ministre pourradésigner un élément <strong>du</strong> patrimoine immatériel. Demême, une municipalité pourra, par règlement <strong>de</strong>son conseil <strong>et</strong> après avoir pris l’avis <strong>de</strong> son conseillocal <strong>du</strong> patrimoine, i<strong>de</strong>ntifier un élément <strong>du</strong> patrimoineimmatériel. Les communautés autochtonespourront faire <strong>de</strong> même. L’élément désigné ou i<strong>de</strong>ntifiésera inscrit au registre <strong>du</strong> patrimoine culturel,accompagné d’une <strong>de</strong>scription <strong>et</strong> diffusé dans leRépertoire <strong>du</strong> patrimoine culturel <strong>du</strong> Québec.Les nouvel<strong>les</strong> mesures <strong>de</strong> la Loi sur le patrimoineculturel donneront à la population un moyen <strong>de</strong>reconnaître le rôle important <strong>de</strong>s éléments <strong>du</strong> patrimoineimmatériel dans la vitalité culturelle, perm<strong>et</strong>tront<strong>de</strong> susciter l’intérêt pour ces éléments <strong>et</strong> <strong>de</strong><strong>les</strong> m<strong>et</strong>tre en valeur, <strong>de</strong> façon à en favoriser le développementcontinu. Les municipalités <strong>et</strong> <strong>les</strong> communautésautochtones verront à fixer leurs propresmo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fonctionnement pour i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> éléments<strong>du</strong> patrimoine immatériel liés à leur collectivité.Source : Infol<strong>et</strong>tre, Direction <strong>du</strong> patrimoine <strong>et</strong> <strong>de</strong> la muséologie.L’infol<strong>et</strong>tre est une pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> ministère <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>sCommunications.La désignation d’un paysage culturel patrimonia<strong>les</strong>t une autre nouveauté <strong>de</strong> la Loi sur le patrimoineculturel. C<strong>et</strong>te désignation a pour but <strong>de</strong> signaler<strong>et</strong> <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en valeur <strong>de</strong>s paysages culturels patrimoniauxparmi <strong>les</strong> plus significatifs <strong>du</strong> Québec. Sielle se concrétise par un décr<strong>et</strong> gouvernemental,elle repose avant tout sur une démarche particulièrerésultant d’un consensus à l’échelle locale.Par ce geste, le gouvernement appose un sceau<strong>de</strong> qualité à un paysage culturel patrimonial, àl’instar <strong>de</strong> l’UNESCO qui le fait pour l’inscriptiond’un site sur la Liste <strong>du</strong> patrimoine mondial. Il s’agitainsi d’accor<strong>de</strong>r un statut prestigieux apportant unereconnaissance nationale.qu’est-ce qu’un paYsaGe cuLtureLpatrimoniaL ?Un territoire désigné comme paysage culturel patrimonialn’a pas une superficie précise. Il peut fairepartie d’une seule municipalité, s’étendre sur <strong>les</strong>territoires <strong>de</strong> plusieurs municipalités loca<strong>les</strong> oumême <strong>de</strong> plusieurs municipalités régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong>comté (MRC).Il importe avant tout que le territoire se distinguepar <strong>de</strong>s caractéristiques paysagères remarquab<strong>les</strong>pouvant être associées à <strong>de</strong>s éléments naturelsd’intérêt, mais non exclusivement. Ces caractéristiquesdoivent aussi être reconnues parce qu’el<strong>les</strong>témoignent d’une activité humaine particulièresur le territoire en question. Par contre, un paysagenaturel dans lequel l’humain n’aurait jamais laissé<strong>de</strong> traces ne pourrait pas être considéré comme unpaysage culturel patrimonial. uw Site historique <strong>de</strong>s Gal<strong>et</strong>s, Natashquan, Côte-Nord.Photo : © Ministère <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Communications,Pierre Lahoud, 2005. site historique, classement en 2006.À rayons ouverts 14 automne 2012 n o 90


s cuLtureLs patrimoniauxLa Loi sur Le PatriMoine CuLtureLdossierÀ rayons ouverts 15 automne 2012 n o 90


dossierLa Loi sur Le PatriMoine CuLtureLr Vue à vol d'oiseau <strong>de</strong>Trois-Rivières (Canada) en1881, carte postale, Province<strong>de</strong> Québec?, s. é., 19--?.arrondissement historique, décr<strong>et</strong>gouvernemental en 1964.s St Laurent, Ile d'Orléans,P.Q., partie Ouest, partie Est,carte postale, s. l., s. é., s. d.Détail. arrondissement historique,décr<strong>et</strong> gouvernemental en 1970.Pour être désigné, le territoire doit présenter unintérêt historique, emblématique ou i<strong>de</strong>ntitaire.L’intérêt historique découle <strong>de</strong>s activités, <strong>de</strong>sévénements <strong>et</strong> <strong>de</strong>s personnages qui ont laissé leurmarque dans le paysage à travers le temps.L’intérêt emblématique d’un paysage repose surla présence d’éléments symboliques, généralementuniques, qui font figure d’emblèmes.L’intérêt i<strong>de</strong>ntitaire fait référence aux caractéristiques<strong>du</strong> paysage auxquel<strong>les</strong> la communautés’i<strong>de</strong>ntifie.d’é<strong>du</strong>cation, soutient l’appro-priation collective, contribue àbâtir ou à renforcer l’i<strong>de</strong>ntitélocale <strong>et</strong> donne <strong>de</strong> la visibilitéainsi que <strong>de</strong> l’attrait à un territoire.C<strong>et</strong>te reconnaissancepourra en outre avoir une inci<strong>de</strong>ncesur le développement économique, le tourismeou l’arrivée <strong>de</strong> famil<strong>les</strong> dans la région.à L’oriGine <strong>de</strong> La démarcHe,Les aVantaGes <strong>de</strong> La désiGnationLa désignation d’un paysage culturel patrimonialprocure davantage que l’utilisation <strong>de</strong>s outils réglementairesdont disposent déjà <strong>les</strong> municipalités.Elle offre une occasion <strong>de</strong> sensibilisation <strong>et</strong>Les interVenants LocauxPuisqu’elle repose sur une reconnaissance collective,la désignation d’un paysage culturel patrimonialnécessite la participation <strong>de</strong> plusieurs intervenants.Au départ, la démarche sera amorcée par <strong>les</strong>citoyens, par <strong>les</strong> instances municipa<strong>les</strong> <strong>et</strong> parÀ rayons ouverts 16 automne 2012 n o 90


La désignation d’un paysage culturelpatrimonial offre une occasion<strong>de</strong> sensibilisation <strong>et</strong> d’é<strong>du</strong>cation,soutient l’appropriation collective <strong>et</strong>contribue à bâtir ou à renforcerl’i<strong>de</strong>ntité locale.dossierd’autres intervenants locaux qui feront appel àla collaboration <strong>de</strong> professionnels, spécialistes<strong>du</strong> domaine, d’organismes locaux <strong>et</strong> <strong>du</strong> gouvernement.Indissociab<strong>les</strong>, ils ont tous un rôle à jouer<strong>et</strong> se partageront <strong>les</strong> responsabilités.La communauté locale est à la base <strong>de</strong> la désignationd’un paysage culturel patrimonial. Il faudramontrer que <strong>les</strong> élus, <strong>les</strong> intervenants économiques,<strong>les</strong> organismes <strong>du</strong> milieu <strong>et</strong> <strong>les</strong> citoyensont eu l’occasion <strong>de</strong> participer au processus <strong>et</strong>que leurs avis ont été pris en compte dans <strong>les</strong>orientations proposées. La participation<strong>de</strong> la population <strong>et</strong> son engagementsont essentiels à la réussite <strong>de</strong> ladémarche.Les municipalités loca<strong>les</strong>, MRC <strong>et</strong>communautés métropolitaines sontau cœur <strong>de</strong> la démarche puisque cesont el<strong>les</strong> qui présentent la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>au ministre <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Communications.Un citoyen ou un organismene peut pas présenter une <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,car elle doit absolument êtreportée par <strong>les</strong> élus locaux. En outre, aucune <strong>de</strong>man<strong>de</strong><strong>de</strong> désignation ne peut être présentée auministre si elle n’est pas faite par toutes <strong>les</strong> municipalitésloca<strong>les</strong>, <strong>les</strong> MRC <strong>et</strong> <strong>les</strong> communautés métropolitaines<strong>du</strong> territoire visé.Le rÔLe <strong>de</strong>s instances GouVernementaLesLe ministre <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Communicationsreçoit la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> désignation <strong>de</strong> paysage.Il prend l’avis <strong>du</strong> Conseil <strong>du</strong> patrimoine culturel<strong>du</strong> Québec, puis détermine si la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est uv Boulevard Turcot,Trois Rivières, carte postale,Montréal, Illustrated Post CardCo., vers 1908. arrondissementhistorique, décr<strong>et</strong> gouvernementalen 1964.s St Laurent, Ile d'Orléans,P.Q., partie Ouest, partie Est,carte postale, s. l., s. é., s. d.Détail. arrondissement historique,décr<strong>et</strong> gouvernemental en 1970.La Loi sur Le PatriMoine CuLtureLÀ rayons ouverts 17 automne 2012 n o 90


Il revient aux citoyens <strong>et</strong> aux municipalitésnon seulement <strong>de</strong> tirer profit <strong>de</strong> la désignation, maisaussi d’assurer l’entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> la survie <strong>du</strong> paysage.dossierLa Loi sur Le PatriMoine CuLtureLw Vue <strong>du</strong> ChâteauFrontenac <strong>et</strong> d'une partie<strong>de</strong> la Haute-Ville, prise <strong>de</strong>sairs – Air View of ChateauFrontenac and Upper Town,Quebec, Canada, cartepostale, Québec, LibrairieGarneau, s. d.arrondissement historique,décr<strong>et</strong> gouvernemental en 1963.admissible. Si c’est le cas, il invite <strong>les</strong> intervenantslocaux à élaborer un plan <strong>de</strong> conservation.Le ministre sollicite <strong>les</strong> ministères concernés parle proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> désignation d’un paysage culturel patrimonial,<strong>et</strong> ceux-ci prêtent leur concours pour ai<strong>de</strong>r<strong>les</strong> instances municipa<strong>les</strong> à élaborer un plan <strong>de</strong>conservation. Lorsque le ministre est satisfait <strong>du</strong>plan <strong>de</strong> conservation qui lui est soumis <strong>et</strong> qu’il a prisl’avis <strong>du</strong> Conseil <strong>du</strong> patrimoine culturel <strong>du</strong> Québecsur le suj<strong>et</strong>, il peut transm<strong>et</strong>tre sa recommandationpositive au gouvernement. Le gouvernement <strong>du</strong>Québec peut alors désigner le paysage culturel patrimonial,après discussion au Conseil <strong>de</strong>s ministres.La conserVation <strong>du</strong> paYsaGeLes instances loca<strong>les</strong> sont responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’établissement<strong>du</strong> plan <strong>de</strong> conservation applicable au paysageculturel patrimonial qui sera désigné. Ce sontel<strong>les</strong> qui déterminent quels usages économiques,sociaux <strong>et</strong> culturels sont autorisés sur ce territoire,<strong>et</strong> el<strong>les</strong> définissent <strong>les</strong> mesures <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>scaractéristiques paysagères remarquab<strong>les</strong> qu’el<strong>les</strong>ont reconnues.Après la désignation, el<strong>les</strong> <strong>de</strong>vront adopter <strong>de</strong>srèglements pour assurer l’application <strong>et</strong> le respect<strong>du</strong> plan <strong>de</strong> conservation. El<strong>les</strong> <strong>de</strong>vront aussi pro<strong>du</strong>ireun rapport sur la mise en œuvre <strong>de</strong> ce plan <strong>de</strong>conservation tous <strong>les</strong> cinq ans.La boucle est bouclée : <strong>les</strong> citoyens, <strong>les</strong> élus municipaux<strong>et</strong> <strong>les</strong> principaux intervenants locaux ontété à l’origine <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, le gouvernement <strong>du</strong>Québec a désigné le paysage. Il revient aux citoyens<strong>et</strong> aux municipalités non seulement <strong>de</strong> tirer profit<strong>de</strong> la désignation, mais aussi d’assurer l’entr<strong>et</strong>ien<strong>et</strong> la survie <strong>du</strong> paysage.Source : Infol<strong>et</strong>tre, Direction <strong>du</strong> patrimoine <strong>et</strong> <strong>de</strong> la muséologie.L’infol<strong>et</strong>tre est une pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> ministère <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>sCommunications.À rayons ouverts 18 automne 2012 n o 90


iii. Le patrimoine d’Hier, d’auJourd’Hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>mainLes documents patrimdossierpar Valérie D’Amour, archiviste, Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong>Montréal, <strong>et</strong> Isabelle Crépeau, bibliothécaire, direction <strong>de</strong>sacquisitions <strong>et</strong> <strong>de</strong> la préservation <strong>de</strong>s collections patrimonia<strong>les</strong>L’utilisation <strong>de</strong> l’expression « documents patrimoniaux» est l’une <strong>de</strong>s nouveautés <strong>de</strong> la Loi sur le patrimoineculturel qui est entrée en vigueur au Québecc<strong>et</strong> automne. Ce nouveau texte <strong>de</strong> loi reflète l’évolution<strong>du</strong> concept d’obj<strong>et</strong> patrimonial <strong>et</strong> découled’une réflexion lancée il y a 40 ans tant au Québecqu’à l’étranger.Même si l’ancienne loi assurait déjà la protection<strong>de</strong>s documents patrimoniaux en tant que biens his-toriques 1 , la nouvelle définit plus clairement lepatrimoine documentaire en distinguant précisément<strong>les</strong> obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s documents patrimoniaux. Ces<strong>de</strong>rniers sont décrits soit comme « un support quicontient <strong>de</strong> l’information sous forme <strong>de</strong> mots, <strong>de</strong>sons ou d’images, soit [comme] l’information ellemême2 ». Préalable essentiel, ils doivent présenter« un intérêt pour [leur] valeur artistique, emblématique,<strong>et</strong>hnologique, historique, scientifique ou technologique3 ». Les fonds d’<strong>archives</strong>, <strong>les</strong> collections <strong>de</strong>photographies, <strong>les</strong> ban<strong>de</strong>s sonores ou <strong>les</strong> imprimés,par exemple, peuvent être considérés comme <strong>de</strong>sdocuments patrimoniaux.w Classe <strong>de</strong> rhétorique<strong>de</strong> Lionel Groulx auSéminaire <strong>de</strong> Valleyfield,1914-1915. Centred’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal,fonds Lionel Groulx(CLG1, T1, 21.18).Photo : Élie Gendron.Bien historique,reconnaissance en 1976.À rayons ouverts 20 automne 2012 n o 90


oniauxun héritage À découVrirdossierLa Loi sur le patrimoine culturel comporte enoutre <strong>de</strong>s modifications en ce qui concerne <strong>les</strong> types<strong>de</strong> protection dont bénéficient <strong>les</strong> documents patrimoniaux.Tandis que la loi <strong>de</strong> 1972 perm<strong>et</strong>tait <strong>de</strong>reconnaître ou <strong>de</strong> classer un document en fonction<strong>de</strong> son importance patrimoniale, la nouvelle loi facilitel’octroi <strong>de</strong>s protections au niveau provincial enn’attribuant qu’un seul statut, le classement. Enplus, elle confère dorénavant aux municipalités ainsiqu’aux communautés autochtones le droit <strong>de</strong> citer<strong>de</strong>s documents dont ils sont propriétaires.<strong>de</strong>s exempLesDepuis 1976, le ministère <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Communications<strong>du</strong> Québec a accordé une protectionjuridique à plus d’une centaine <strong>de</strong> fonds d’<strong>archives</strong>regroupant principalement <strong>de</strong>s documents <strong>de</strong>sxIx e <strong>et</strong> xx e sièc<strong>les</strong>. Parmi <strong>les</strong> premiers biens culturels<strong>de</strong> nature documentaire protégés, on trouveneuf fonds <strong>de</strong> la collection Lionel Groulx <strong>et</strong> le fondsJacques Ferron. Plusieurs statuts <strong>de</strong> protectionconcernent <strong>de</strong>s <strong>archives</strong> institutionnel<strong>les</strong> comme<strong>les</strong> 169 registres d’état civil <strong>de</strong>s paroisses <strong>de</strong> l’Outaouais.Certains fonds sont regroupés <strong>et</strong> forment<strong>de</strong>s ensemb<strong>les</strong> documentaires, par exemple <strong>les</strong>fonds <strong>du</strong> Séminaire <strong>de</strong> Rimouski ou <strong>les</strong> <strong>archives</strong> <strong>de</strong>l’Université Bishop. Des documents spécifiques onten outre été classés ; pensons au journal intime <strong>de</strong>Caroline Debartzch, classé en 2005. Les documents<strong>de</strong> la collection Louis-François-Georges-Baby ainsique le manuscrit d’Émile Nelligan intitulé « Lestristesses » sont <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniers biens <strong>de</strong> nature documentaireà avoir été classés, en 2007. uLe PatriMoine d’hier, d’auJourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>Mainv Page <strong>du</strong> scrapbook d’Anne-Marie Palardy illustrant son tour <strong>de</strong>France, 1909-1910. Centre d’<strong>archives</strong> <strong>du</strong> Saguenay–Lac-Saint-Jean, fondsFamille Dubuc (P1, D144, P97). Bien historique, reconnaissance en 1979.À rayons ouverts 21 automne 2012 n o 90


dossierdocuments patrimoniaux à BaN qBibliothèque <strong>et</strong> Archives nationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Québec(BAnQ) possè<strong>de</strong> quelques fonds d’<strong>archives</strong> protégésen vertu <strong>de</strong> la loi <strong>et</strong> inscrits au Registre <strong>de</strong>s biensculturels (qui <strong>de</strong>viendra le Registre <strong>du</strong> patrimoineculturel), soit <strong>les</strong> neuf fonds regroupés dans la collectionLionel Groulx <strong>et</strong> le fonds Famille Dubuc. Desinformations relatives à ces attributions <strong>de</strong> statutssont diffusées dans le Répertoire <strong>du</strong> patrimoine culturel<strong>du</strong> Québec. Ce corpus semble mo<strong>de</strong>ste, maisil faut se rappeler qu’en vertu <strong>du</strong> règlement sur ledépôt légal <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Loi sur Bibliothèque <strong>et</strong> Archivesnationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Québec, l’institution a pour mission<strong>de</strong> rassembler <strong>et</strong> <strong>de</strong> conserver <strong>de</strong> manière permanentele patrimoine documentaire québécois. Parconséquent, <strong>les</strong> documents faisant partie <strong>de</strong>s collectionspatrimonia<strong>les</strong> possè<strong>de</strong>nt déjà un statut particulierqui leur assure protection <strong>et</strong> mise en valeur.La mise en VaLeurBAnQ emploie divers moyens <strong>de</strong> diffusion pour faireconnaître le patrimoine documentaire québécois,notamment celui qui est i<strong>de</strong>ntifié comme un bienculturel. L’exemple le plus éloquent est sans douteÀ rayons ouverts 22 automne 2012 n o 90


En préservant ces documents riches d’informations textuel<strong>les</strong>,sonores <strong>et</strong> visuel<strong>les</strong>, nous créons une archéologie <strong>du</strong> savoir,inspirons la recherche historique <strong>et</strong> favorisons la compréhension<strong>de</strong>s patrimoines matériels <strong>et</strong> immatériels québécois.dossierle fonds Famille Dubuc. Ainsi, le scrapbook <strong>et</strong> lejournal <strong>de</strong> voyage d’Anne-Marie Palardy, épouse<strong>de</strong> J.-E.-A. Dubuc, sont numérisés <strong>et</strong> accessib<strong>les</strong>sur le portail <strong>de</strong> BAnQ (banq.qc.ca). Un article <strong>de</strong>Catherine Bertho Lavenir analysant <strong>les</strong> journaux <strong>de</strong>voyage <strong>de</strong> madame Palardy a récemment été publiédans la revue savante <strong>de</strong> BAnQ4 . Le tome 3 <strong>du</strong> livreLes chemins <strong>de</strong> la mémoirepublié par la Commission<strong>de</strong>s biens culturels <strong>du</strong> Québec comprend en outreun article rédigé par Laurent Thibeault intitulé« Fonds Famille-Dubuc5 ». Une exposition perma-nente à la Pulperie <strong>de</strong> Chicoutimi, La main à la pâte,présente également <strong>de</strong>s photographies <strong>de</strong> ce fonds.Le patrimoine documentaire québécois estun héritage à découvrir. Constitué principalementpar <strong>de</strong>s communautés religieuses, <strong>de</strong>s établissementsd’enseignement, <strong>de</strong>s municipalités, <strong>de</strong>s institutionsprivées <strong>et</strong> quelques particuliers, c’est unlegs unique <strong>et</strong> précieux, essentiellement soustraitau circuit <strong>du</strong> commerce. En préservant ces documentsriches d’informations textuel<strong>les</strong>, sonores <strong>et</strong>visuel<strong>les</strong>, nous créons une archéologie <strong>du</strong> savoir,inspirons la recherche historique <strong>et</strong> favorisons lacompréhension <strong>de</strong>s patrimoines matériels <strong>et</strong> immatérielsquébécois.Le PatriMoine d’hier, d’auJourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>Mainr Télégramme offrant <strong>de</strong>s vœux <strong>de</strong> mariage à Julien-Édouard-Alfred Dubuc <strong>et</strong> à Anne-Marie Palardy, décembre 1909.Centre d’<strong>archives</strong> <strong>du</strong> Saguenay–Lac-Saint-Jean, fonds Famille Dubuc (P1, D144, P28C). Bien historique, reconnaissance en 1979.v Extrait d’une l<strong>et</strong>tre <strong>du</strong> patriote Jean-Joseph Girouard adressée à son épouse, alors qu’il est en prison à Montréal,16 janvier 1838. Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal, fonds Famil<strong>les</strong> Girouard <strong>et</strong> Berthelot (CLG4, A1a, 1.3). Bien historique,reconnaissance en 1976.1. La loi qualifiait <strong>de</strong> bien historique « tout manuscrit, imprimé,document audio visuel ou obj<strong>et</strong> façonné dont la conservationprésente un intérêt historique, à l’exclusion d’un immeuble ».Loi sur <strong>les</strong> biens culturels (L.r.Q., chapitre B-4), Québec, Éditeurofficiel <strong>du</strong> Québec, 1972, chapitre 1, article 1c.2. La Loi sur le patrimoine culturel, infol<strong>et</strong>tre, 27 février 2012,site Web <strong>du</strong> ministère <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Communications.3. Loi sur le patrimoine culturel, proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> loi n° 82 (2011, chapitre 21),Québec, Éditeur officiel <strong>du</strong> Québec, 2011, chapitre 1, article 2.4. Catherine Bertho Lavenir, « regard sur <strong>les</strong> autres, regards sur soi :<strong>les</strong> journaux-l<strong>et</strong>tres d’anne-Marie Palardy (1907-1923) », Revue <strong>de</strong>Bibliothèque <strong>et</strong> Archives nationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Québec, n° 3, 2011, p. 34-47.5. Commission <strong>de</strong>s biens culturels <strong>du</strong> Québec (éd.), Les chemins<strong>de</strong> la mémoire, tome iii : Biens mobiliers <strong>du</strong> Québec, Québec,Publications <strong>du</strong> Québec, 1999, p. 333-338.À rayons ouverts 23 automne 2012 n o 90


Le patrimoine reLigieuxLa gestion d’un pdossierLe PatriMoine d’hier, d’auJourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>Mainpar Denis Boucher, historien, chargé <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s au Conseil<strong>du</strong> patrimoine religieux <strong>du</strong> QuébecL’enjeu <strong>du</strong> patrimoine religieux constitue un beaudéfi pour la nouvelle Loi sur le patrimoine culturel.La situation particulière <strong>de</strong>s églises qui fermentappelle non seulement à <strong>de</strong>s changements dans <strong>les</strong>pratiques <strong>de</strong> la conservation, mais aussi à une gestionplus intégrée d’un patrimoine qui concerne<strong>les</strong> communautés loca<strong>les</strong>.L’entrée en vigueur <strong>de</strong> la Loi sur le patrimoineculturel est l’occasion d’observer lepassé. Il importe en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> déterminer quelssont <strong>les</strong> atouts sur <strong>les</strong>quels s’est appuyée ladéfense <strong>du</strong> patrimoine religieux au cours<strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années.queLques atouts importantsGrâce à un inventaire national <strong>de</strong>s lieux<strong>de</strong> culte réalisé en 2003, le Québec disposed’un portrait exhaustif <strong>de</strong> ses églises <strong>et</strong>chapel<strong>les</strong> <strong>de</strong> toutes confessions religieuses1 . Alors qu’on ne possè<strong>de</strong> pasencore d’inventaires compl<strong>et</strong>s pour<strong>les</strong> ensemb<strong>les</strong> conventuels (couvents,monastères <strong>et</strong> autres abbayes) ni pour<strong>les</strong> orgues, <strong>de</strong>s initiatives sont prisespour inventorier <strong>de</strong>s biens mobiliers <strong>et</strong><strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> patrimoine immatérielreligieux, grâce à <strong>de</strong>s démarchesconcertées 2 . On peut par ailleursse réjouir <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> comités<strong>de</strong> travail sur l’avenir <strong>de</strong>s biens mobiliers<strong>et</strong> <strong>de</strong>s <strong>archives</strong> <strong>de</strong>s communautésreligieuses à l’initiative d’unConseil <strong>du</strong> patrimoine religieux <strong>du</strong>Québec (CPRQ) appelé à jouer un rôle<strong>de</strong> concertation élargi.À rayons ouverts 24 automne 2012 n o 90


atrimoine en changementdossierLe patrimoine religieux jouit d’une position enviableparmi tous <strong>les</strong> types <strong>de</strong> biens protégés légalement.Depuis 1929, année où fut classée la premièreéglise (Notre-Dame-<strong>de</strong>s-Victoires à Québec),plus <strong>de</strong> 300 bâtiments religieux ont pu bénéficierd’une protection en vertu <strong>de</strong> la loi. Ces bâtimentssont admissib<strong>les</strong> à une ai<strong>de</strong> financière pour leurrestauration <strong>de</strong>puis 1995. Quelque 379 millions <strong>de</strong>dollars ont été investis dans c<strong>et</strong>te mesure jusqu’àmaintenant par <strong>les</strong> différents partenaires, ce qui apermis la réalisation <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 2500 chantiers.Cela a certainement contribué au maintien <strong>et</strong> à larevalorisation <strong>de</strong> ces monuments exceptionnels.L’expertise développée en restauration <strong>et</strong> la valorisation<strong>de</strong>s métiers spécialisés <strong>et</strong> <strong>de</strong>s savoir-fair<strong>et</strong>raditionnels sont d’autres atouts considérab<strong>les</strong>.Quelques constats préoccupantsMaintenant que la loi est adoptée, il importe <strong>de</strong>gar<strong>de</strong>r en mémoire trois constats importants.Premièrement, le patrimoine religieux est unpatrimoine fondateur sous-estimé. Il imprègne profondémentl’i<strong>de</strong>ntité <strong>du</strong> Québec, dans ses paysages,ses vil<strong>les</strong> <strong>et</strong> ses villages, dans toutes <strong>les</strong> formes d’art,dans ses institutions socia<strong>les</strong> <strong>et</strong> ses mentalités. Ilconstitue une collection patrimoniale gigantesque :9307 bâtiments <strong>et</strong> plus <strong>de</strong> 31 300 obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> type religieuxsont inscrits au Répertoire <strong>du</strong> patrimoineculturel <strong>du</strong> Québec 3 ! La transmission <strong>de</strong> c<strong>et</strong> héritagesera-t-elle possible, malgré une certaine indifférencecollective engendrée par la relation, pourle moins ambiguë, <strong>de</strong>s Québécois avec leur passéreligieux ? uLe patrimoine d’hier, d’aujourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>mainvv Église <strong>de</strong> Notre-Dame-<strong>de</strong>s-Victoires,Québec, Capitale-Nationale.Photo : © Ministère <strong>de</strong> la Culture<strong>et</strong> <strong>de</strong>s Communications, Marie-Clau<strong>de</strong> Côté, 2003. Monumenthistorique, classement en 1929.v Église St. François Xavier,carte postale, Fraserville,J.E. Mercier, 19--?. Situé dansun site <strong>du</strong> patrimoine, constitutionen 2008.À rayons ouverts 25 automne 2012 n o 90


Le PatriMoine d’hier, d’auJourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>Maindossierw Église Ste-Marguerite-Marie, Magog, P.Q., cartepostale, Berkeley, (Californie),Mike Roberts, 19--?. Monumenthistorique, citation en 2008.s L’église Sainte-Marguerite-Marie <strong>de</strong> Magog accueillela bibliothèque municipale<strong>de</strong>puis un an. Photo : Ville <strong>de</strong>Magog. Monument historique,citation en 2008.Deuxièmement, il s’agit d’un patrimoine soushaute pression. La conjoncture qui prévaut en matière<strong>de</strong> pratique religieuse aggrave toujours davantagela situation financière <strong>de</strong>s autorités <strong>de</strong> l’Église.Si seulement 14 églises sont protégées par la loiaujourd’hui, la situation risque <strong>de</strong> changer rapi<strong>de</strong>ment.Comment justifier l’entr<strong>et</strong>ien coûteux d’unpatrimoine, si riche soit-il, lorsque celui-ci n’est plusni utilisé ni accessible <strong>et</strong> n’intéresse pas <strong>les</strong> jeunesgénérations ?Troisièmement, la conservation plus spécifique<strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> culte – on en compte près <strong>de</strong> 2800 auQuébec – n’est désormais envisageable que si onpeut <strong>les</strong> réutiliser. Que ce soit pour <strong>les</strong> adapter àd’autres activités qu’ils pourront accueillir en parallèleà la pratique <strong>du</strong> culte ou pour <strong>les</strong> transformercomplètement, la conservation <strong>de</strong>s temp<strong>les</strong> patrimoniauxexige désormais <strong>de</strong>s modifications parfoismajeures à leur intégrité physique. Modifier pourconserver : voilà un défi qui appelle une gestionintelligente <strong>du</strong> changement pour réinscrire, collectivement,ce patrimoine dans sa communauté.Gérer un patrimoine en transFormationLe sort <strong>de</strong>s églises bouscule le débat sur le patrimoinereligieux. Une fois qu’on a convenu que laÀ rayons ouverts 26 automne 2012 n o 90


dossierniaux disparus ou en mauvais état. Ses valeurssociosymboliques <strong>et</strong> historiques peuvent aussi êtremises en lumière.Est-ce que le niveau <strong>de</strong> transformation <strong>du</strong> bâtimentobtient l’approbation d’une large proportion<strong>de</strong> la population concernée ? La transformationd’un bâtiment patrimonial doit entraîner une forteadhésion <strong>de</strong> l’opinion. Le défi est <strong>de</strong> préserver l’esprit<strong>du</strong> lieu <strong>et</strong> sa signification collective malgré ladisparition partielle ou complète <strong>de</strong> sa fonction originale.L’histoire <strong>et</strong> <strong>les</strong> souvenirs qui nourrissentl’attachement <strong>de</strong> la population au bâtiment pourront-ilsencore s’incarner dans le lieu transformé ?La transformation <strong>de</strong>s églises, comme moyen <strong>de</strong>conservation <strong>de</strong> cel<strong>les</strong>-ci, suppose une implicationaccrue <strong>de</strong>s communautés loca<strong>les</strong>. Ainsi ce patrimoinepourra-t-il re<strong>de</strong>venir un espace <strong>de</strong> créativitépour inventer <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s novateurs, susceptib<strong>les</strong>d’incarner <strong>les</strong> aspirations actuel<strong>les</strong> <strong>et</strong> futures d’unecommunauté.1. Pour consulter l’inventaire <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> culte <strong>du</strong> Québec :www.lieux<strong>de</strong>culte.qc.ca.2. Pour consulter l’inventaire <strong>du</strong> patrimoine immatériel religieux<strong>du</strong> Québec : www.ipir.ulaval.ca.3. Pour consulter le répertoire : www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rPCQ.4. on doit souligner l’importante réflexion lancée par la Commission<strong>de</strong>s biens culturels <strong>du</strong> Québec sur <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s d’impact patrimonial.nathalie hamel, L’étu<strong>de</strong> d’impact patrimonial – Un outil pour la gestion<strong>du</strong> changement, Québec, Commission <strong>de</strong>s biens culturels <strong>du</strong> Québec,2008, 62 p.transformation d’une église est la première conditionà sa conservation, comment opter pour <strong>de</strong>smodifications nécessaires pour préserver ses valeurspatrimonia<strong>les</strong> reconnues ? Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnièresannées, la réflexion a surtout porté sur lapertinence immobilière <strong>et</strong> la faisabilité technique<strong>et</strong> financière, mais peu sur l’évaluation <strong>de</strong> l’impactpatrimonial <strong>de</strong> la transformation <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong>culte 4 . Il faut en eff<strong>et</strong> aller au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s arguments<strong>de</strong> développement <strong>du</strong>rable, <strong>de</strong> viabilité financièreou <strong>de</strong> compatibilité physique. C’est pourquoi nousposons quelques questions pour assurer la réussited’un proj<strong>et</strong>, comme autant <strong>de</strong> critères généraux quidéfiniraient l’« acceptabilité patrimoniale » d’unproj<strong>et</strong> <strong>de</strong> transformation.Est-ce que la vocation envisagée est compatibleavec <strong>les</strong> caractéristiques patrimonia<strong>les</strong> <strong>du</strong> bâtiment? Chaque bâtiment possè<strong>de</strong> ses caractéristiquesqui doivent pouvoir cohabiter avec <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong>fonctions, mais l’environnement <strong>du</strong> bâtiment,son architecture, son décor ou <strong>les</strong> œuvres d’art qu’ilrenferme sont souvent <strong>de</strong>s qualités qui ont été soulignées.Le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> conversion pourrait ainsi misersur certaines qualités patrimonia<strong>les</strong> pour renforcersa pertinence : la qualité physique, la qualité sociosymbolique<strong>et</strong> certaines qualités économiques.Est-ce que la transformation <strong>de</strong> l’église a permis<strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en valeur ses qualités patrimonia<strong>les</strong> reconnues? La transformation peut même être l’occasion<strong>de</strong> restaurer certains éléments patrimovMagog [Église Sainte-Marguerite-Marie], 1951.Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal,fonds Ministère <strong>de</strong> la Culture,<strong>de</strong>s Communications <strong>et</strong> <strong>de</strong>la Condition féminine, sérieOffice <strong>du</strong> film <strong>du</strong> Québec(E6, S7, SS1, D52790-51).Photo : Joseph Guibord.Monument historique, citationen 2008.Le PatriMoine d’hier, d’auJourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>MainÀ rayons ouverts 27 automne 2012 n o 90


Témoins <strong>de</strong> l’histoirenos bibliothèqueLe patrimoine d’hier, d’aujourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>maindossiers Photographie <strong>de</strong> labibliothèque Luc-Lacourcièreà Beaumont tirée <strong>de</strong> PierreBeau<strong>de</strong>t, Robert Lamontagne,artisan <strong>de</strong> Beaumont, Québec,Éditions GID, 2010, p. 63.Photo : Paul St-Arnaud. Situédans un site <strong>du</strong> patrimoine,constitution s. d.par Simon Mayer, bibliothécaire, Direction <strong>de</strong> la Collectionnationale <strong>et</strong> <strong>de</strong>s services spécialisésSituée au cœur <strong>de</strong>s communautés, la bibliothèqueest une institution-phare <strong>de</strong> la vie culturelle <strong>de</strong>sQuébécois. C’est pourquoi on l’aménage souventdans un édifice qui fait partie intégrante <strong>du</strong> patrimoine…y compris <strong>du</strong> patrimoine en <strong>de</strong>venir.Une trentaine <strong>de</strong> bibliothèques sont inscritesau Répertoire <strong>du</strong> patrimoine culturel <strong>du</strong> Québec.Témoins <strong>de</strong> l’histoire <strong>du</strong> Québec, <strong>de</strong> nombreux édificesculturels incarnent <strong>de</strong>s sty<strong>les</strong> architecturauxqui, ensemble, forment le paysage bâti. En voiciquelques-uns.De la Nouvelle-France à l’Amérique<strong>du</strong> Nord britanniqueNommée en l’honneur d’un grand <strong>et</strong>hnologue québécois,la bibliothèque Luc-Lacourcière <strong>de</strong> la localité<strong>de</strong> Beaumont, sur la côte sud <strong>de</strong> Québec, logeÀ rayons ouverts 28 automne 2012 n o 90


s <strong>et</strong> édifices cuLtureLsdossierdans un édifice qui, avec son toit escarpé, rappelle<strong>les</strong> manoirs <strong>de</strong> la Nouvelle-France. Des travaux <strong>de</strong>restauration menés <strong>de</strong> main <strong>de</strong> maître par l’artisanRobert Lamontagne ont permis à la populationlocale <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver dans une forme remarquablel’esprit <strong>de</strong> l’ancien presbytère érigé en 1722 1 .La conquête anglaise <strong>de</strong> la colonie entraîne <strong>de</strong>nouvel<strong>les</strong> influences en provenance d’Angl<strong>et</strong>errequi se manifesteront au tournant <strong>du</strong> xIx e siècledans la facture architecturale <strong>de</strong> plusieurs édificespublics. L’engouement anglais pour la symétrie, ledépouillement, <strong>les</strong> pilastres <strong>et</strong> le fronton classique<strong>de</strong> style palladien, qu’a bien assimilé l’architecteFrançois Baillairgé, donne à Québec une éléganteprison qui <strong>de</strong>viendra un collège, puis le MorrinCentre, un centre culturel incluant une bibliothèquechère à la communauté anglophone <strong>de</strong> Québec 2 .Près d’un siècle plus tard, c’est au tour <strong>du</strong> stylevictorien <strong>de</strong> meubler nos paysages. La vieille poste<strong>de</strong> Coaticook <strong>et</strong> l’édifice Haskell <strong>de</strong> Stanstead enoffrent <strong>de</strong>ux remarquab<strong>les</strong> exemp<strong>les</strong> ; le second,qui abrite une salle d’opéra, a pour particularité <strong>de</strong>chevaucher la frontière canado-américaine.Sainte-Agathe-<strong>de</strong>s-Monts, vivant alors une pério<strong>de</strong><strong>de</strong> prospérité, voit s’ériger un bureau <strong>de</strong> poste dansce style. Celui-ci abrite aujourd’hui la bibliothèqueGaston-Miron, nommée en l’honneur <strong>du</strong> poète,natif <strong>de</strong> la municipalité. L’édifice Pamphile-Lemay,qui accueille la bibliothèque <strong>de</strong> l’Assemblée nationale<strong>du</strong> Québec, la bibliothèque Saint-Sulpice, futureBibliothèque nationale <strong>du</strong> Québec située rueSaint-Denis, la Bibliothèque centrale <strong>de</strong> Montréal,sise en bor<strong>du</strong>re <strong>du</strong> parc La Fontaine, trois édificess Bureau <strong>de</strong> Poste,Ste. Agathe <strong>de</strong>s Monts,Québec, carte postale,Ottawa, PhotogelatineEngraving Co., 19--?.Monument historique,citation en 1993.Le PatriMoine d’hier, d’auJourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>Main<strong>de</strong> paris à montréaL <strong>et</strong> àsainte-aGatHe-<strong>de</strong>s-montsDans la secon<strong>de</strong> moitié <strong>du</strong> xIx e siècle, le style SecondEmpire, d’inspiration française, avec ses toits mansardés<strong>et</strong> ses ornementations classiques, s’est répan<strong>du</strong>dans l’architecture religieuse québécoise grâceau travail <strong>de</strong> Victor Bourgeau, qui nous a laissé plusieurséglises <strong>et</strong> édifices conventuels. La bibliothèqueChristian-Roy <strong>de</strong> L’Assomption est un parfaitexemple <strong>de</strong> couvent construit à c<strong>et</strong>te époque à partird’un plan type <strong>de</strong> l’architecte.Au début <strong>du</strong> xx e siècle, l’influence <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong>sbeaux-arts <strong>de</strong> Paris se fait sentir dans la conception<strong>de</strong> nombreux édifices publics au Québec. La ville <strong>de</strong>conçus originellement pour héberger une thèque, constituent aussi <strong>de</strong> monumenta<strong>les</strong> incar-biblionations<strong>du</strong> style Beaux-Arts. Toutes trois offrent <strong>de</strong>soli<strong>de</strong>s assises au développement <strong>du</strong> patrimoinedocumentaire <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’architecture au Québec.1. Pierre Beau<strong>de</strong>t, Robert Lamontagne, artisan <strong>de</strong> Beaumont,Québec, Éditions Gid, 2010, p. 62-63.2. amélie dion, « L’influence <strong>de</strong>s conquérants », Continuité, n° 119,2008-2009, p. 34-37.À rayons ouverts 29 automne 2012 n o 90


Quelques idées sur lepatrimoine mo<strong>de</strong>rnedossierpar France Vanla<strong>et</strong>hem, professeure associée,École <strong>de</strong> <strong>de</strong>sign <strong>de</strong> l’UQAML’horizon <strong>du</strong> patrimoine s’est sans cesse élargi<strong>de</strong>puis la fondation <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong>s monumentshistoriques <strong>du</strong> Québec en 1922 <strong>et</strong> <strong>les</strong> actualisationssuccessives <strong>de</strong> la loi visant à assurer laprotection <strong>de</strong>s biens culturels i<strong>de</strong>ntitaires. Ceux-ciont d’abord été reconnus dans <strong>les</strong> monuments d’art<strong>et</strong> d’histoire <strong>et</strong>, ensuite, progressivement éten<strong>du</strong>saux découvertes archéologiques, aux ensemb<strong>les</strong>urbains anciens <strong>et</strong> aux artéfacts liés à la vie quotidiennelaborieuse <strong>de</strong>s ancêtres.Cependant, <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong>s années 1980, au Québeccomme ailleurs, l’ancienn<strong>et</strong>é n’est plus la qualitépremière <strong>et</strong> indiscutable <strong>du</strong> patrimoine. À c<strong>et</strong>teépoque, certaines personnes ont <strong>de</strong>mandé que soitreconnue la valeur pérenne <strong>du</strong> Westmount Square,mise en péril par <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> rénovation. L’extrêmesimplicité architecturale <strong>de</strong> c<strong>et</strong> ensemble <strong>de</strong>ssinéen 1964 par l’architecte Ludwig Mies van <strong>de</strong>r Rohen’était plus au goût <strong>du</strong> jour. Réparer son esplana<strong>de</strong>sans tenir compte <strong>de</strong> la continuité visuelle entre l’intérieur<strong>et</strong> l’extérieur <strong>et</strong> décorer sa galerie <strong>de</strong> boutiques,c’était oublier certains <strong>de</strong>s apports essentiels<strong>du</strong> mouvement mo<strong>de</strong>rne qui bouleversa <strong>les</strong> conceptionsen matière d’architecture <strong>et</strong> d’urbanisme dansla première moitié <strong>du</strong> xx e siècle.Un pas vers la reconnaissanceLa Commission <strong>de</strong>s biens culturels <strong>du</strong> Québeca contribué à la reconnaissance <strong>du</strong> patrimoinemo<strong>de</strong>rne en lançant une étu<strong>de</strong> sur le suj<strong>et</strong> qui débouchaen 2005 sur la publication d’un document<strong>de</strong> réflexion intitulé Comment nommer le patrimoinequand le passé n’est plus ancien ? Y sont exploréesentre autres <strong>les</strong> différences qui séparent le patrimoinerécent <strong>du</strong> patrimoine ancien : outre sa jeu-nesse, on y souligne son abondance (auxx e siècle, le Québec, comme bien d’autrescollectivités, a plus construit qu’au cours<strong>de</strong>s sièc<strong>les</strong> précé<strong>de</strong>nts) ainsi que sa fragilitétechnique <strong>et</strong> esthétique. Les nouveauxmatériaux <strong>et</strong> composants techniques misen œuvre, tels le béton armé coulé surplace ou <strong>les</strong> légers murs-ri<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> verre<strong>et</strong> <strong>de</strong> métal, se sont souvent détériorésplus rapi<strong>de</strong>ment qu’on ne s’y attendait.De plus, <strong>les</strong> bâtiments mo<strong>de</strong>rnes résistentmal aux interventions peu attentives àleur simplicité formelle ou encore à leur inhabituellearticulation spatiale, sinon tectonique.Si, au moment <strong>de</strong> la construction, la nouveautéplus ou moins radicale <strong>du</strong> bâti emballait promoteurs<strong>et</strong> usagers, pour quelques-uns, elle est rapi<strong>de</strong>ment<strong>de</strong>venue synonyme <strong>de</strong> perte. C’est ainsi qu’en1963, un groupe <strong>de</strong> citoyens s’était élevé contre leproj<strong>et</strong> <strong>du</strong> futur Westmount Square, jugeant inacceptab<strong>les</strong>sa taille <strong>et</strong> sa facture en rupture avec le bâtiexistant. Alors que <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s opérations immobilièresse multipliaient au cœur <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>, le traumatismecausé par <strong>les</strong> <strong>de</strong>structions <strong>de</strong> pans entiers<strong>de</strong> l’environnement familier, précédé dans certainscas par l’éviction d’un grand nombre d’habitants,cristallisa la réaction, conférant un nouvel élan aumouvement patrimonial. Ainsi l’architecture mo<strong>de</strong>rne,quelle que soit la qualité <strong>de</strong>s réalisations, estsouvent associée à <strong>de</strong> mauvais souvenirs.Patrimoine en <strong>de</strong>venir –l’architecture mo<strong>de</strong>rne <strong>du</strong> QuébecAlors qu’elle laisse place au Conseil <strong>du</strong> patrimoineculturel, la Commission <strong>de</strong>s biens culturels <strong>du</strong>Québec publie un ouvrage abondamment illustrésur le suj<strong>et</strong>, Patrimoine en <strong>de</strong>venir – L’architecturemo<strong>de</strong>rne <strong>du</strong> Québec, dans lequel elle poursuit ur France Vanla<strong>et</strong>hem,Patrimoine en <strong>de</strong>venir –L'architecture mo<strong>de</strong>rne <strong>du</strong>Québec, Québec, Publications<strong>du</strong> Québec, 2012.v Westmount Square,Montréal, 1964-1969,Ludwig Mies van <strong>de</strong>r Rohe,architecte, Chicago ;Greenspoon, Freedlan<strong>de</strong>r &Dunne, architectes, Montréal.Photo : © M. Brunelle.Le patrimoine d’hier, d’aujourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>mainÀ rayons ouverts 31 automne 2012 n o 90


dossierl’investigation amorcée antérieurement en examinantla question <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’évaluation<strong>de</strong> ce patrimoine différent <strong>de</strong>s autres. Depuis<strong>les</strong> années 1990, une question méthodologiquemobilise <strong>les</strong> professionnels <strong>du</strong> patrimoine sur leplan international, <strong>de</strong> même qu’au Canada <strong>et</strong> àMontréal. Une interrogation sur <strong>les</strong> éléments <strong>du</strong>bâti récent présentant un potentiel patrimonialnourrie par l’abondante littérature historiographiquepro<strong>du</strong>ite sur le Québec contemporain mèneà associer le patrimoine mo<strong>de</strong>rne <strong>du</strong> Québec à laRévolution tranquille, un phénomène dont la dynarCaisse Desjardins<strong>du</strong> Quartier <strong>de</strong> Saint-Henri,Montréal, 1965-1966, HenriBrillon, architecte, Montréal.Rénovation, 2009-2011,Jean Damecour, architecte,Sainte-Marguerite-<strong>du</strong>-Lac-Masson. Photo : © M. Brunelle.s Station-service <strong>de</strong> L'Île<strong>de</strong>s-Sœurs,Ver<strong>du</strong>n, Montréal,1967-1968, Ludwig Mies Van<strong>de</strong>r Rohe, architecte, Chicago ;Paul H. Lapointe, architecte,Montréal. Recyclage, 2011, Lesarchitectes FABG, Montréal.Photo : © M. Brunelle.mique dépasse <strong>les</strong> années 1960, auxquel<strong>les</strong> il estspontanément associé.Le désir <strong>de</strong> changement qui est au cœur <strong>de</strong> lamo<strong>de</strong>rnité se tra<strong>du</strong>it dès l’entre-<strong>de</strong>ux-guerres dansl’environnement bâti, où apparaissent <strong>de</strong>s édificesnovateurs non seulement sur le plan typologique<strong>et</strong> technique, tels <strong>les</strong> premiers gratte-ciel, maisesthétique. À Québec <strong>et</strong> à Montréal, <strong>les</strong> premièresmaisons mo<strong>de</strong>rnistes sont dès lors construites.Certes, la mo<strong>de</strong>rnisation accélérée amorcée avecla Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale multiplierait <strong>les</strong> constructionsse démarquant <strong>du</strong> bâti traditionnel dansÀ rayons ouverts 32 automne 2012 n o 90


dossiertoutes <strong>les</strong> régions <strong>du</strong> Québec, <strong>de</strong> même que dans<strong>les</strong> secteurs où <strong>les</strong> pouvoirs établis ont le plus <strong>de</strong>poids. Rappelons que le tiers <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> culteconstruits au Québec avant 1975 le furent après1945 (<strong>et</strong> la moitié au xx e siècle).tecture mo<strong>de</strong>rne en réalisant <strong>de</strong>s restaurationsminutieuses orientées vers la restitution <strong>de</strong> l’étatd’origine, aujourd’hui, alors que la valeur <strong>du</strong> patrimoinemo<strong>de</strong>rne est plus largement reconnue, sepose la question <strong>de</strong> la sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> très nombreuxéléments plus communs. Un tel enjeu n’est passeulement d’ordre culturel, il est <strong>de</strong>venu central enregard <strong>de</strong>s exigences <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable :« le bâtiment le plus vert est celui qui existe déjà »,affirme Richard Moe, le prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> NationalTrust for Historic Preservation, dans son discours<strong>de</strong> réception <strong>du</strong> Vincent Scully Prize en 2007 1 .L’approche soucieuse d’authenticité matériellequi tend à prévaloir en restauration n’est plus nipertinente ni viable alors que s’impose la conservation<strong>de</strong>s immeub<strong>les</strong> mo<strong>de</strong>rnes ordinaires plutôtqu’iconiques, comme l’a indiqué l’architecte JohnAllan à Helsinki en août 2012 lors <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnièreconférence <strong>de</strong> Docomomo International, l’organismevoué à la documentation <strong>et</strong> à la conservation<strong>de</strong> l’architecture <strong>du</strong> mouvement mo<strong>de</strong>rne. Le défiest d’intervenir non seulement pour rem<strong>et</strong>tre cesimmeub<strong>les</strong> en bon état physique, mais aussi pour<strong>les</strong> adapter à l’économie <strong>et</strong> à la vie contemporaines,tout en préservant <strong>les</strong> traits porteurs <strong>de</strong> valeur patrimoniale.Deux récents proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> conservation témoignent<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>du</strong>alité d’objectifs : d’une part,le recyclage <strong>de</strong> la station-service <strong>de</strong>ssinée par Miesvan <strong>de</strong>r Rohe à l’île <strong>de</strong>s Sœurs en Maison <strong>de</strong>s générations<strong>et</strong>, d’autre part, la rénovation <strong>de</strong> la CaisseDesjardins <strong>de</strong> Saint-Henri.De nouveaux défisL’abondance est un défi pour la conservation. Si,<strong>de</strong>puis 20 ans, sur la scène internationale, la prioritéa été <strong>de</strong> préserver <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> l’archivHôtel <strong>de</strong> ville,Trois-Rivières, 1967-1968,Leclerc & Villemure,architectes ; Denoncourt &Denoncourt, architectes,Trois-Rivières ; GeorgesDau<strong>de</strong>lin, architectepaysagiste, Trois-Rivières.Photo : © M. Brunelle.Le patrimoine d’hier, d’aujourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>main1. Richard Moe, « Sustainable Stewardship – Historic PreservationPlays an Essential Role in Fighting Climate Change », TraditionalBuilding, vol. 21, n° 3, juin 2008, www.traditional-building.com(consulté le 23 août 2012).À rayons ouverts 33 automne 2012 n o 90


En matière <strong>de</strong> patrimoine,où en est le Québec ?dossierLe patrimoine d’hier, d’aujourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>mainr Le Jardin Saint-Roch <strong>et</strong> la renaissance<strong>du</strong> nouveau quartier Saint-Roch, Québec.Photo : Ville <strong>de</strong> Québec.par Serge Filion, urbaniste, membre <strong>du</strong> collège <strong>de</strong>s Fellows<strong>de</strong> l’Institut canadien <strong>de</strong>s urbanistes (1999) <strong>et</strong> membreémérite <strong>de</strong> l’Ordre <strong>de</strong>s urbanistes <strong>du</strong> Québec (2009)Un pays d’une immensité <strong>et</strong> d’une beauté à couper le souffle. Un palimpseste sur lequelpourraient se <strong>de</strong>ssiner <strong>les</strong> contours d’une civilisation encore à venir <strong>de</strong> classe mondialequi ferait <strong>du</strong> Québec entier un État exemplaire où auraient été admirablement respectés<strong>et</strong> conservés lacs, montagnes <strong>et</strong> rivières en trame <strong>de</strong> fond d’un mo<strong>de</strong> exemplaire d’occupationshumaines, agrico<strong>les</strong>, urbaines <strong>et</strong> villageoises soucieuses <strong>de</strong> beauté, <strong>de</strong> <strong>du</strong>rabilité<strong>et</strong> <strong>de</strong> création toujours effervescente. En un mot, un pays exemplaire à l’aune <strong>de</strong>svaleurs humaines fondatrices croisées à une nature que nous aimerions encore croireindomptable. Une réserve mondiale <strong>de</strong> la biosphère dans toute sa pur<strong>et</strong>é <strong>et</strong> sa fougue.Avant <strong>de</strong> rêver à <strong>de</strong>s actions humaines enrichissantespour le cadre naturel déjà doté <strong>de</strong> perfectionsmultip<strong>les</strong>, il faut savoir ce qu’il reste <strong>de</strong>s rêves stratifiés<strong>de</strong> nos prédécesseurs enfouis dans le sous-sol, <strong>les</strong>villages, <strong>les</strong> systèmes <strong>de</strong> rang issus <strong>de</strong>s seigneuries,<strong>les</strong> édifices patrimoniaux parce que remarquab<strong>les</strong>.Notre habil<strong>et</strong>é à construire aujourd’hui un mon<strong>de</strong>meilleur trouve son origine dans notre façon <strong>de</strong>conserver <strong>et</strong> d’accumuler le patrimoine <strong>de</strong>s générationsprécé<strong>de</strong>ntes <strong>et</strong> <strong>de</strong> transm<strong>et</strong>tre le tout aux générationsmontantes. Car comment s’enrichir <strong>et</strong> s’investirdans <strong>de</strong> grands proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> société si chaque cohorte<strong>de</strong> Québécois doit repartir à zéro ou presque ?Le Québec s’est hissé au plus haut rang <strong>de</strong>s nationsen ce qui concerne la pertinence <strong>du</strong> corpuslégislatif capable <strong>de</strong> réguler <strong>les</strong> actions indivi<strong>du</strong>el<strong>les</strong><strong>et</strong> <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s affaires qui signent nos paysagesen <strong>de</strong>venir. En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> urbanistes <strong>et</strong> <strong>les</strong> déci<strong>de</strong>ursdisposent d’un coffre à outils <strong>de</strong>s plus sophistiquésqui perm<strong>et</strong> formellement <strong>de</strong> gérer à peu près tous<strong>les</strong> cas <strong>de</strong> figure.En plus <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> nos terres agrico<strong>les</strong>par la Commission <strong>de</strong> protection <strong>du</strong> territoire agricole<strong>et</strong> par la Loi sur l’aménagement <strong>et</strong> l’urbanismequi contient à elle seule tous <strong>les</strong> artifices légauxsusceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts aux principes mis<strong>de</strong> l’avant, il y a maintenant la Loi sur <strong>les</strong> biensculturels qui vient d’être revue, corrigée <strong>et</strong> adoptéeà l’unanimité par l’Assemblée nationale : celle-ciintègre désormais <strong>les</strong> notions <strong>de</strong> paysage <strong>et</strong> <strong>de</strong>biens immatériels.Le Québec <strong>et</strong> le reste <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>Avec ou sans plan, avec ou sans réglementation, <strong>les</strong>vil<strong>les</strong> se développent. Mais le Québec n’est pas <strong>les</strong>eul à subir <strong>les</strong> pressions <strong>de</strong> l’absolue nécessité <strong>de</strong>loger ses habitants le plus confortablement <strong>et</strong> <strong>de</strong> lafaçon la plus abordable possible, <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre à sesentreprises <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s biens <strong>et</strong> <strong>de</strong>s servicesdans un environnement <strong>de</strong> qualité sans nuire à leurposition concurrentielle, ainsi que <strong>de</strong> protéger sesressources naturel<strong>les</strong> renouvelab<strong>les</strong> <strong>et</strong> non renouvelab<strong>les</strong>dans le meilleur intérêt <strong>de</strong>s générationsfutures.Le Québec possè<strong>de</strong> un arsenal législatif <strong>et</strong> réglementaire<strong>de</strong> classe mondiale pour la protection <strong>et</strong>À rayons ouverts 34 automne 2012 n o 90


dossierla gestion <strong>de</strong> ses territoires. Tout son territoire estcouvert par la réforme cadastrale, l’évaluation <strong>de</strong>spropriétés, <strong>les</strong> plans d’urbanisme, <strong>les</strong> schémasd’aménagement <strong>et</strong> <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> première<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième génération : un actif inestimable<strong>et</strong> un soutien indispensable à toute politique <strong>de</strong>conservation <strong>et</strong> d’aménagement <strong>du</strong> territoire. Toutcela cependant n’assure pas <strong>et</strong> ne peut assurerl’arrêt <strong>de</strong> l’étalement urbain non indispensable,l’empiètement continuel sur <strong>les</strong> meilleures terresarab<strong>les</strong>, le recul <strong>de</strong>s forêts originel<strong>les</strong>, la <strong>de</strong>structionirréversible <strong>de</strong>s patrimoines bâtis accumuléspar <strong>les</strong> générations précé<strong>de</strong>ntes <strong>et</strong> jugés « obsolètes» ou encore trop coûteux à entr<strong>et</strong>enir... Nouspossédons à peu près tous <strong>les</strong> outils pour corrigerces situations <strong>et</strong> réclamer l’adoption <strong>de</strong> bonnespratiques en la matière.Et pourtant le Québec est loin <strong>de</strong>s pressions socia<strong>les</strong>,démographiques <strong>et</strong> économiques observéesen Asie, par exemple, où l’absolue nécessité <strong>de</strong> lacroissance est en train <strong>de</strong> faire disparaître <strong>les</strong> établissementshumains traditionnels par l’arrivée massive<strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> tours d’habitation <strong>et</strong> <strong>de</strong> bureauxstandardisés (Block Attack). Depuis <strong>les</strong> années 1930,1940, 1950 <strong>et</strong> surtout récemment, entre 25 % (Bangkok)<strong>et</strong> 90 % (Hong Kong) <strong>de</strong>s quartiers traditionnelspopulaires <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> asiatiques (Pékin,Shanghai, Hong Kong, Tokyo, Séoul, Jakarta, Singapour)ont littéralement disparu à la suite <strong>de</strong> l’attaqueconjuguée <strong>de</strong> la reconstruction urbaine <strong>de</strong>s centres<strong>et</strong> plus récemment <strong>de</strong> l’étalement urbain vers lalointaine périphérie 1 .Pendant ce temps, l’Europe, dotée avantageusement<strong>de</strong>s plus beaux paysages construits <strong>de</strong> la planète,croule dans un immobilisme économique <strong>et</strong>fiscal qui risque <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre à mal la protection, l’entre-tien <strong>et</strong> la remise aux normes <strong>de</strong> paysages urbainsdotés d’une sublime harmonie d’ensemble. La criseéconomique pourrait contaminer le marché immobilierdans l’ensemble <strong>de</strong> l’Europe. Nous avons pufaire ce constat aux congrès <strong>de</strong> l’Organisation <strong>de</strong>svil<strong>les</strong> <strong>du</strong> patrimoine mondial à Quito (Équateur) en2009 <strong>et</strong> à Sintra (Portugal) en 2011, dont nous avonspublié <strong>de</strong>s comptes ren<strong>du</strong>s dans la revue Formes.Entre-temps, le Québec peaufine sa réglementation<strong>et</strong> ses lois à un point tel que l’on puisse parlerd’une législation <strong>de</strong> classe mondiale dont plusieurspays pourraient s’inspirer. Vivement pour ces pays<strong>de</strong>s plans d’urbanisme, d’aménagement <strong>et</strong> <strong>de</strong> développementconcertés avec <strong>les</strong> grands acteurs immobiliers,<strong>les</strong> autorités loca<strong>les</strong> <strong>et</strong> la population.1. Voir l’excellent ouvrage Winny Maas (dir.), The Vertical Village –Indivi<strong>du</strong>al, Informal, Intense, Rotterdam, NAi Publishers, 2012.v Bitexco Financial Tower,début <strong>de</strong> la succession <strong>de</strong>spaysages urbains, Saigon.Photo : Luciano Mortula.s Harmonie <strong>de</strong>s couleurs<strong>et</strong> <strong>de</strong>s formes, Lisbonne.Photo : Serge Filion, 2011.Le patrimoine d’hier, d’aujourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>mainÀ rayons ouverts 35 automne 2012 n o 90


dossierLe PatriMoine d’hier, d’auJourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>MainLe patrimoine cuLtureL <strong>du</strong> québecen imagesQuelques exemp<strong>les</strong> tirés <strong>de</strong>s fonds<strong>et</strong> collections <strong>de</strong> BAnQpar Michèle Lefebvre, agente <strong>de</strong> recherche, direction<strong>de</strong> la recherche <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’édition, <strong>et</strong> Julie Fontaine, archiviste,Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> MontréalESTRIE ÉGLISE SAINT-JAMESL’Église Saint-James, construite à Hatley en1827-1828, constitue le plus ancien templeanglican encore existant dans <strong>les</strong> Cantons-<strong>de</strong>-l’Est.Située en r<strong>et</strong>rait, dans une vaste aire paysagèrequi rappelle <strong>les</strong> commons (espaces communaux)<strong>de</strong>s villages <strong>de</strong> la Nouvelle-Angl<strong>et</strong>erre, l’égliseest classée en 1989.East Hatley, carte postale, Province <strong>de</strong> Québec?, s. é., 19--?.MAURICIE–BOIS-FRANCSDÉCOR PEINT DE L’ÉGLISE NOTRE-DAME-DE-LA-PRÉSENTATIONLe décor peint <strong>de</strong> l’église Notre-Dame-<strong>de</strong>-la Présentation à Shawinigan-Sud,classé <strong>de</strong>puis 1975, est l’une <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s œuvres d’art d’Ozias Le<strong>du</strong>c. On voitici un croquis <strong>du</strong> Christ en croix fait par l’artiste qui orne le chœur <strong>de</strong> l’église.Croquis <strong>du</strong> Christ en croix d’Ozias Le<strong>du</strong>c, entre 1941 <strong>et</strong> 1955.Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal, fonds Ozias Le<strong>du</strong>c (MSS327/10/19).À rayons ouverts 36 automne 2012 n o 90CHAUDIÈRE-APPALACHESPALAIS DE JUSTICE DE SAINT-JOSEPH-DE-BEAUCEConstruit en 1862 <strong>et</strong> classé en 1985, le palais <strong>de</strong> justice <strong>de</strong>Saint-Joseph-<strong>de</strong>-Beauce est édifié pour répondre à une réforme<strong>du</strong> système judiciaire <strong>du</strong> Canada-Est, faisant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te municipalitéle centre d’un nouveau district. L’édifice, qui intègre une prison,orientera le développement ultérieur <strong>de</strong> la trame urbaine.Palais <strong>de</strong> justice St-Joseph-<strong>de</strong>-Beauce, carte postale,Province <strong>de</strong> Québec?, s. é., 19--?.


MONTRÉAL LES GÉANTES DE LA RUE SAINT-JACQUESLes géantes, ensemble <strong>de</strong> quatre sculptures allégoriquesd’Henry Augustus Lukeman, rehaussent la faça<strong>de</strong> <strong>de</strong> laBanque royale <strong>du</strong> Canada, rue Saint-Jacques, jusqu’en 1991.Reconnues comme œuvres d’art <strong>du</strong> patrimoine québécois en 1999,el<strong>les</strong> ornent, <strong>de</strong>puis, l’intérieur <strong>du</strong> Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal<strong>de</strong> Bibliothèque <strong>et</strong> Archives nationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Québec (BAnQ).Photo : Pro Multi + Inc., après 1999.OUTAOUAIS MANOIR LOUIS-JOSEPH-PAPINEAULe manoir Papineau, classé en 1975, est érigé au milieu <strong>du</strong>xix e siècle par Louis-Joseph Papineau, sur sa seigneurie <strong>de</strong>P<strong>et</strong>ite-Nation. La rési<strong>de</strong>nce a également abrité NapoléonBourassa, gendre <strong>de</strong> Papineau <strong>et</strong> peintre célèbre, ainsi que lefils <strong>de</strong> celui-ci, Henri Bourassa, fondateur <strong>du</strong> journal Le Devoir.Manoir <strong>du</strong> Patriotte [sic] Papineau, Montebello, P. Qué.,carte postale, Ottawa, L. E. Chevrier éditeur, vers 1910.dossierLe PatriMoine d’hier, d’auJourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>MainLAVAL-LAURENTIDES ET LANAUDIÈREGRAND PONT DE FERME-ROUGELe grand pont <strong>de</strong> Ferme-Rouge est l’un <strong>de</strong>splus vieux ponts couverts <strong>du</strong> Québec <strong>et</strong> l’un<strong>de</strong>s seuls à <strong>de</strong>ux travées encore <strong>de</strong>bout.Reconnu monument historique en 1990,il est construit dans la foulée <strong>de</strong> la colonisation<strong>de</strong>s Laurenti<strong>de</strong>s <strong>et</strong> relie <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> <strong>de</strong> Kiamika<strong>et</strong> <strong>de</strong> Mont-Laurier.Grand pont <strong>de</strong> Ferme-Rouge, 1955. Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong>Montréal, fonds Ministère <strong>de</strong> la Culture, <strong>de</strong>s Communications<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Condition féminine, série Office <strong>du</strong> film <strong>du</strong> Québec(E6, S7, SS1, P207757). Photographe non i<strong>de</strong>ntifi é.À rayons ouverts 37 automne 2012 n o 90


dossierLe PatriMoine d’hier, d’auJourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>MainLe patrimoine cuLtureL <strong>du</strong> québecen imagesSAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN FONDS FAMILLE DUBUCC<strong>et</strong> extrait <strong>du</strong> journal intime d’Anne-Marie Palardy, épouse<strong>de</strong> l’in<strong>du</strong>striel saguenéen Julien-Édouard-Antoine Dubuc,contient une photo représentant une réunion <strong>de</strong> famille aujour <strong>de</strong> l’An 1898. Le fonds Famille Dubuc, conservé à BAnQ,est l’un <strong>de</strong>s rares fonds d’<strong>archives</strong> classés (1979).Extrait <strong>du</strong> journal intime d’Anne-Marie Palardy, 1898. Centre d’<strong>archives</strong><strong>du</strong> Saguenay–Lac-Saint-Jean, fonds Famille Dubuc (P1, D144, P48).MONTÉRÉGIE MAISON QUINTALConstruite entre 1727 <strong>et</strong> 1750par François Quintal fils, sur un<strong>et</strong>erre concédée par le seigneurPierre Boucher en bor<strong>du</strong>re <strong>du</strong> fleuveSaint-Laurent, la maison Quinta<strong>les</strong>t modifiée en 1887 dans l’espritéclectique victorien, alors qu’el<strong>les</strong>ert <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong> villégiature. Elleest classée en 1976.Julianna Joos, Maison Quintal-Quesnel,estampe, 25 x 33 cm, Montréal, Graff, 1992.ABITIBI-TÉMISCAMINGUE ET NORD-DU-QUÉBEC BOURLAMAQUELe village minier <strong>de</strong> Bourlamaque est fondé par la Lamaque Gold Mines en 1935. Classé en 1979 pour son intérêt en tant qu<strong>et</strong>émoin <strong>de</strong> la ruée vers l’or en Abitibi, il comprend 82 bâtiments répartis sur 22 hectares aujourd’hui intégrés à la ville <strong>de</strong> Val-d’Or.Village minier <strong>de</strong> Bourlamaque sous la neige, 1937. Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> l’Abitibi-Témiscamingue <strong>et</strong> <strong>du</strong> Nord-<strong>du</strong>-Québec, fonds Canadien National (P213, P351).Photographe non i<strong>de</strong>ntifi é.À rayons ouverts 38 automne 2012 n o 90


QUÉBEC VIEUX PRESBYTÈRE DE DESCHAMBAULTMaison d’inspiration française, le vieux presbytère <strong>de</strong> Deschambault est construit entre 1815 <strong>et</strong> 1818sur la pointe <strong>du</strong> cap Lauzon <strong>et</strong> classé en 1957. L’intérêt <strong>du</strong> site rési<strong>de</strong> également dans la richesse<strong>de</strong>s vestiges archéologiques amérindiens <strong>et</strong> euro-québécois présents sur le terrain attenant.Brian O’Keefe, Vieux presbytère <strong>de</strong> Deschambault, repro<strong>du</strong>ction d’œuvre d’art, 36 x 51 cm, Québec (province), s. é., 1993.CÔTE-NORD ARCHIPEL-DE-MINGANL’Archipel-<strong>de</strong>-Mingan, reconnu pour ses célèbres monolithes<strong>de</strong> calcaire, est décrété arrondissement naturel en 1978.Ses beautés sont vantées notamment par Roland Jomphe,poète <strong>de</strong> la région, dont le fonds d’<strong>archives</strong> est conservé auCentre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> la Côte-Nord <strong>de</strong> BAnQ.Les monolithes <strong>du</strong> Mirage, s. d. Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> la Côte-Nord,fonds Roland Jomphe (P53, S2, SS1, D15). Photo : roland Jomphe.LE PATRIMOINE CULTURELEN QUELQUES DÉFINITIONSAIRE DE PROTECTIONL’aire <strong>de</strong> protection perm<strong>et</strong> d’exercer un contrô<strong>les</strong>ur le développement <strong>de</strong> l’environnement d’un monumenthistorique classé pour conserver la valeur patrimoniale<strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier. La création d’une aire <strong>de</strong> protectionn’est pas automatique <strong>du</strong> seul fait qu’il y a classement.Elle n’existe que si le ministre en détermine le périmètre<strong>et</strong> adopte un décr<strong>et</strong> en ce sens.ARRONDISSEMENT HISTORIQUE OU NATURELLa déclaration d’arrondissement historique ou naturelperm<strong>et</strong> d’i<strong>de</strong>ntifi er <strong>et</strong> <strong>de</strong> protéger un territoire, enraison <strong>de</strong> la concentration <strong>de</strong> monuments ou <strong>de</strong> siteshistoriques qu’on y trouve ou bien en raison <strong>de</strong> l’intérêtesthétique, légendaire ou pittoresque que présenteson harmonie naturelle.BIEN ARCHÉOLOGIQUETout bien témoignant <strong>de</strong> l’occupation humainepréhistorique ou historique.BIEN CULTURELUne œuvre d’art, un bien historique, un monumentou un site historique, un bien ou un site archéologique,une œuvre cinématographique, audiovisuelle,photographique, radiophonique ou télévisuelle.BIEN HISTORIQUETout manuscrit, imprimé, document audiovisuel ouobj<strong>et</strong> façonné dont la conservation présente un intérêthistorique, à l’exclusion d’un immeuble.CITATION DE MONUMENT HISTORIQUELa citation est une mesure <strong>de</strong> protection légale àlaquelle une municipalité peut recourir pour protégerun monument historique situé sur son territoire dontla conservation présente un intérêt public.CLASSEMENTLe classement perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> préserver <strong>de</strong>s biens dontla conservation présente un intérêt public en raison<strong>de</strong> leur valeur patrimoniale.CONSTITUTION D’UN SITE DU PATRIMOINELa constitution d’un site <strong>du</strong> patrimoine est une mesure<strong>de</strong> protection légale à laquelle une municipalité peutrecourir pour protéger tout ou partie <strong>de</strong> son territoireoù se trouvent <strong>de</strong>s biens culturels immobiliers <strong>et</strong> danslequel le paysage architectural présente un intérêtd’ordre esthétique ou historique.MONUMENT HISTORIQUEUn immeuble qui présente un intérêt historique parson utilisation ou son architecture.ŒUVRE D’ARTUn bien meuble ou immeuble dont la conservationprésente, d’un point <strong>de</strong> vue esthétique, un intérêt public.PATRIMOINETout obj<strong>et</strong> ou ensemble, matériel ou immatériel, reconnu<strong>et</strong> approprié collectivement dont la connaissance,la sauvegar<strong>de</strong>, la transmission ou la mise en valeurprésente un intérêt public.RECONNAISSANCELa reconnaissance est une mesure <strong>de</strong> protection légaleà laquelle peut recourir le ministre dans le cas <strong>de</strong> biensdont la conservation présente un intérêt public en raison<strong>de</strong> leur valeur patrimoniale.SITE ARCHÉOLOGIQUEUn lieu où se trouvent <strong>de</strong>s biens archéologiques.Source : ministère <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Communications.dossierLe PatriMoine d’hier, d’auJourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>MainÀ rayons ouverts 39 automne 2012 n o 90


L’OsstidchoÀ la découverte <strong>du</strong> mythepar Benoit Migneault, chef <strong>de</strong> service, Musique <strong>et</strong> films,direction <strong>de</strong> la référence <strong>et</strong> <strong>du</strong> prêtla vie <strong>de</strong> banqw De gauche à droite :Robert Charlebois,Yvon Deschamps,Louise Forestier<strong>et</strong> Mouffe.il y a <strong>de</strong> ces événements qui marquent l’histoire d’une nation <strong>et</strong>qui en constituent une pierre d’assise dont on ne mesure biensouvent l’importance que <strong>de</strong>s années plus tard. C’est le cas <strong>de</strong>L’Osstidcho, spectacle emblématique <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>s années 1960,<strong>et</strong> véritable coup <strong>de</strong> poing culturel qui a permis aux créateurs,<strong>et</strong> au public, <strong>de</strong> se libérer <strong>de</strong>s conventions cors<strong>et</strong>ées alorspropres aux arts <strong>de</strong> la scène <strong>et</strong> à la chanson. <strong>de</strong>puis quelquessemaines, on peut (re)découvrir ce spectacle sur le portail Web<strong>de</strong> Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>archives</strong> nationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Québec (BanQ).hormis son nom si évocateur, quelques photographieséparses <strong>et</strong> une brève entrevue réalisée pour la société radio-Canada, il ne restait rien <strong>de</strong> vraiment tangible <strong>de</strong> c<strong>et</strong> événement.on pouvait même s’interroger : la réputation <strong>du</strong> spectaclepouvait-elle se mesurer à la réalité ou s’agissait-il simplementd’une vision magnifiée <strong>du</strong> passé ?Mais voilà qu’en 2003 on découvre un enregistrement audio<strong>du</strong> spectacle présenté à la Comédie-Canadienne en septembre1968. un peu plus tard, ce <strong>de</strong>rnier est acquis par BanQ quiprocè<strong>de</strong> ultérieurement à l’acquisition <strong>du</strong> fonds d’<strong>archives</strong> d’Yvon<strong>de</strong>schamps. au cours <strong>du</strong> traitement <strong>de</strong> ce fonds, en 2009, ony découvre un autre enregistrement réalisé, celui-ci, lors <strong>du</strong>spectacle <strong>de</strong> clôture <strong>de</strong> L’Osstidcho au théâtre <strong>de</strong> Quat’sousle 20 juin 1968. <strong>de</strong>ux enregistrements !L’institution entreprend une recherche intensive dans ses fonds<strong>et</strong> collections pour trouver <strong>et</strong> rassembler tous <strong>les</strong> documentsportant sur le spectacle. L’effort <strong>de</strong> synergie apporte <strong>les</strong> fruitsescomptés : affiches, photographies inédites <strong>et</strong> illustrationsdiverses complètent <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux enregistrements. Pour latoute première fois, nous pouvons nous plonger dansc<strong>et</strong> univers iconoclaste marqué par la démesure<strong>et</strong> l’enthousiasme d’une génération nouvelle quientendait bien pourfendre <strong>les</strong> lieux communs<strong>et</strong> imposer une vision <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> s’écartant <strong>de</strong>ssentiers battus.À rayons ouverts 40 automne 2012 n o 90


en collaboration avec Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>archives</strong> nationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Québec (BanQ)<strong>et</strong> hexagram uQaM, la Fondation Jean-Pierre Perreault a récemment mis en ligneune exposition virtuelle sur le célèbre chorégraphe. Les œuvres chorégraphiquesqui y sont décrites ont été documentées en gran<strong>de</strong> partie grâce au fonds Jean-PierrePerreault conservé au Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal <strong>de</strong> BanQ. C<strong>et</strong>te rétrospectiveporte sur <strong>de</strong>s chorégraphies marquantes <strong>de</strong> l’artiste parmi <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ont été choisiesMonuments, Dernière paille, Vent d’Est, Joe, Nuit <strong>et</strong> Eironos.Grâce au travail archivistique réalisé en amont, le fonds d’<strong>archives</strong> a été épuré.L’application <strong>de</strong>s normes <strong>et</strong> procé<strong>du</strong>res sur le tri d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> même que le transfert<strong>de</strong>s affiches au Centre <strong>de</strong> conservationJean-Pierre Perreault,chorégraphe<strong>de</strong> BanQ ont permis <strong>de</strong> rationaliserl’information. Complices <strong>de</strong> l’effort <strong>de</strong>ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> l’information non essentielle,Ginelle Chagnon <strong>et</strong> theresa rowat,respectivement vice-prési<strong>de</strong>nte <strong>et</strong>administratrice <strong>de</strong> la Fondation Jean-PierrePerreault, ont été <strong>de</strong>s témoins privilégiés <strong>du</strong> travail <strong>de</strong> réorganisation <strong>du</strong> fondsd’<strong>archives</strong>. À partir <strong>de</strong>s documents d’<strong>archives</strong> triés, sélectionnés <strong>et</strong> classés selon<strong>les</strong> activités <strong>du</strong> créateur <strong>du</strong> fonds, on a pu dégager l’essentiel <strong>du</strong> cheminementartistique <strong>de</strong> ce grand chorégraphe.par Johanne Mont-Redon, archiviste, Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> MontréalLe fonds d’<strong>archives</strong> nous révèle que le premier geste chorégraphique <strong>de</strong> l’artisteprend naissance dans un <strong>de</strong>ssin <strong>et</strong> que le proj<strong>et</strong> immobilier <strong>de</strong> l’espace chorégraphiqu<strong>et</strong>émoigne <strong>du</strong> souhait <strong>de</strong> bâtir un lieu privilégié consacré à la danse. enfin,<strong>les</strong> dossiers relevant <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ctions chorégraphiques contiennent suffisammentd’informations pour perpétuer la mémoire artistique <strong>du</strong> chorégraphe <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>trela reconstitution <strong>de</strong>s spectac<strong>les</strong>. Le testament artistique <strong>de</strong> Jean-Pierre Perreaultest ainsi honoré par la volonté <strong>de</strong> la Fondation <strong>de</strong>rendre <strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> l’artiste accessib<strong>les</strong> autantaux artisans <strong>du</strong> milieu <strong>de</strong> la danse qu’au public engénéral grâce à son association avec BanQ. dansce cadre, le fonds d’<strong>archives</strong>, présenté dans la base<strong>de</strong> données Pistard <strong>de</strong> BanQ, s’inscrit comme lerésultat d’un travail commémoratif où se reconstruitla mémoire <strong>de</strong> l’artiste.Le proj<strong>et</strong> d’exposition virtuelle a <strong>de</strong>mandé unesecon<strong>de</strong> phase <strong>de</strong> collaboration. La Fondation asélectionné, parmi tous <strong>les</strong> documents d’<strong>archives</strong>,<strong>de</strong>s pièces contribuant à l’enrichissement <strong>du</strong> parcoursvirtuel. ainsi, nous remarquons la présence <strong>de</strong> manuscrits,<strong>de</strong> photographies, <strong>de</strong> vidéos, <strong>de</strong> programmes<strong>de</strong> spectac<strong>les</strong> <strong>et</strong> surtout <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins, œuvres pictura<strong>les</strong>initiatrices <strong>de</strong>s spectac<strong>les</strong> en <strong>de</strong>venir. dans lemilieu <strong>de</strong> la danse, la rencontre pro<strong>du</strong>ctive entre <strong>les</strong>représentants <strong>de</strong> la Fondation Jean-Pierre Perreault<strong>et</strong> BanQ a créé un moment névralgique, une prise<strong>de</strong> conscience à l’égard <strong>du</strong> patrimoine archivistique<strong>de</strong>s arts <strong>de</strong> la scène. <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong> collaborationavec la Fondation <strong>et</strong> hexagram uQaM, nous r<strong>et</strong>enonsces instants <strong>de</strong> grâce où le chorégraphe laisse uneempreinte indélébile créée par la véracité <strong>de</strong> sa vision,qu’elle soit écrite, <strong>de</strong>ssinée ou filmée.la vie <strong>de</strong> banqv Joe, [<strong>de</strong>] Jean-Pierre Perreault, affiche, 100 x 60 cm, Montréal, Fondation Jean-PierrePerreault, 1996. Photo : robert <strong>et</strong>cheverry ; graphisme, tanya Johnston, Barbara rosenstein.À rayons ouverts 41 automne 2012 n o 90


sondage sur le service <strong>de</strong> référence à la Gran<strong>de</strong> Bibliothèquepar Jimmy Légaré, chef <strong>de</strong> service, histoire, sciences humaines <strong>et</strong> socia<strong>les</strong>, direction <strong>de</strong> la référence <strong>et</strong> <strong>du</strong> prêtla vie <strong>de</strong> banq<strong>du</strong> 26 avril au 9 mai <strong>de</strong>rniers, <strong>les</strong> bibliothécaires<strong>de</strong> référence <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Bibliothèqueont utilisé un court questionnaireafin <strong>de</strong> mieux connaître l’appréciation <strong>de</strong>susagers à l’égard <strong>de</strong>s services d’information<strong>et</strong> <strong>de</strong> référence qu’ils offrent.Le questionnaire, qui s’inspire d’une initiativeaméricaine, a été construit avec l’ai<strong>de</strong>d’un groupe <strong>de</strong> bibliothécaires issu <strong>de</strong>s différentsservices <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Bibliothèque<strong>et</strong> d’un consultant <strong>de</strong> la firme <strong>de</strong> recherchemark<strong>et</strong>ing Multi réso, qui ont fourni leurscommentaires tout au long <strong>de</strong> sa conception.La particularité <strong>de</strong> ce sondage est que<strong>les</strong> bibliothécaires répon<strong>de</strong>nt aux mêmesquestions que l’usager, <strong>et</strong> cela, pour unemême interaction. Le questionnaire estimprimé sur <strong>de</strong>ux parties détachab<strong>les</strong> <strong>et</strong>numérotées, l’une <strong>de</strong>stinée au bibliothécaire<strong>et</strong> l’autre à l’usager. Le numéro est lemême sur <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux parties, ce qui perm<strong>et</strong><strong>de</strong> <strong>les</strong> rassembler <strong>et</strong> ainsi <strong>de</strong> comparer <strong>les</strong>résultats <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés <strong>du</strong> comptoir.Les usagers <strong>et</strong> <strong>les</strong> bibliothécairesdoivent noter, sur une échelle allant <strong>de</strong>Très satisfait à Très insatisfait, <strong>les</strong> cinqéléments suivants : l’entr<strong>et</strong>ien lui-même engénéral, son aspect humain (courtoisie,ouverture, <strong>et</strong>c.), l’information fournie(quantité, qualité, pertinence, clarté, <strong>et</strong>c.),la <strong>du</strong>rée ainsi que le développement <strong>de</strong>l’autonomie <strong>de</strong> l’usager.Plus <strong>de</strong> 300 questionnaires ont étéremplis par <strong>de</strong>s usagers <strong>et</strong> près <strong>de</strong> 350 par<strong>de</strong>s bibliothécaires. Pour la plupart <strong>de</strong>s éléments<strong>du</strong> questionnaire, 95 % <strong>de</strong>s répondantsse sont déclarés satisfaits ou trèssatisfaits. il est intéressant <strong>de</strong> remarquerque l’appréciation <strong>de</strong> l’usager est <strong>de</strong> façongénérale plus positive que celle <strong>du</strong> bibliothécaire,celui-ci étant plus critique parrapport au service qu’il fournit.C<strong>et</strong> outil peut être réutilisé à différentsmoments <strong>de</strong> l’année. il perm<strong>et</strong> d’obtenir <strong>de</strong>sdonnées sur le service <strong>de</strong> référence <strong>et</strong> <strong>de</strong>déterminer <strong>de</strong>s indicateurs pour l’amélioration<strong>du</strong> service. Par exemple, l’autonomie<strong>de</strong> l’usager pourrait être renforcée en adoptantune approche où le bibliothécairemontre davantage à l’usager ses démarcheslors <strong>de</strong> la recherche documentaire.RÉSULTATSBIBLIOTHÉCAIRE USAGERENTRETIENEN GÉNÉRALINFORMATIONASPECTHUMAINDURÉE AUTONOMIEENTRETIENEN GÉNÉRALINFORMATIONASPECTHUMAINDURÉE AUTONOMIETRÈS SATISFAIT 57,6 % 61,4 % 73,4 % 54,1 % 33,3 % 89,1 % 84,3 % 90,5 % 84,7 % 60,6 %SATISFAIT 40,9 % 34,5 % 25,1 % 41,8 % 46,4 % 10,0 % 14,4 % 8,2 % 13,4 % 33,3 %MOYENNEMENT SATISFAIT 0,9 % 3,5 % 0,9 % 3,2 % 18,5 % 0,3 % 0,6 % 0,6 % 1,0 % 4,8 %INSATISFAIT 0,0 % 0,0 % 0,0 % 0,0 % 1,8 % 0,3 % 0,3 % 0,3 % 0,6 % 1,0 %TRÈS INSATISFAIT 0,6 % 0,6 % 0,6 % 0,9 % 0,0 % 0,3 % 0,3 % 0,3 % 0,3 % 0,3 %BanQ <strong>et</strong> l’avenir <strong>de</strong>s <strong>archives</strong><strong>de</strong>s communautés religieusespar Daniel Ducharme, archiviste, Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréalr De gauche à droite : DanielDucharme, Mélanie Lanou<strong>et</strong>te,Ollivier Hubert, Marie-AndréeFortier, Denise Maltais <strong>et</strong> MarcLacasse.À l’instar <strong>de</strong> l’ensemble <strong>du</strong> milieu<strong>de</strong>s <strong>archives</strong>, Bibliothèque<strong>et</strong> <strong>archives</strong> nationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Québec(BanQ) se préoccupe <strong>de</strong>l’avenir <strong>de</strong>s <strong>archives</strong> <strong>de</strong>s communautésreligieuses <strong>du</strong> Québec.À c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, en partenariatavec le Conseil <strong>du</strong> patrimoinereligieux <strong>du</strong> Québec, la directiongénérale <strong>de</strong>s <strong>archives</strong> <strong>de</strong> BanQ a tenu une Journée<strong>de</strong>s <strong>archives</strong> religieuses au Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong>Montréal le 18 avril 2012.sur le thème Archives <strong>et</strong> communautés religieuses :état <strong>de</strong>s lieux <strong>et</strong> pistes <strong>de</strong> solution pour l’avenir, près <strong>de</strong>120 participants se sont penchés sur <strong>les</strong> perspectivesenvisagées pour la sauvegar<strong>de</strong> <strong>du</strong> patrimoine archivistiquereligieux <strong>du</strong> Québec. il ne s’agissait ni d’un colloqueni d’un symposium, mais bien d’une journée au cours <strong>de</strong>laquelle <strong>les</strong> déci<strong>de</strong>urs <strong>et</strong> <strong>les</strong> acteurs <strong>du</strong> milieu ont prisla parole pour échanger sur la question.Parmi <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> qui ont été présentés, on r<strong>et</strong>iendraque <strong>de</strong>ux communautés ont opté pour un partenariatavec <strong>de</strong>s musées, que d’autres se sont regroupéesautour <strong>de</strong> l’évêché d’une région <strong>et</strong> que d’autres encoreont créé leur propre service d’<strong>archives</strong>. en après-midi,<strong>les</strong> participants ont constitué cinq ateliers afin <strong>de</strong> discuter,d’une part, <strong>de</strong> la pérennité <strong>de</strong>s <strong>archives</strong> religieuses<strong>et</strong>, d’autre part, <strong>de</strong> ses acteurs en tant que témoins <strong>de</strong>l’action. une séance plénière a permis <strong>de</strong> faire la synthèse<strong>de</strong>s discussions <strong>de</strong> la journée.en tant que membre <strong>du</strong> comité <strong>de</strong>s <strong>archives</strong> <strong>du</strong> Conseil<strong>du</strong> patrimoine religieux, BanQ soutient <strong>les</strong> acteurs<strong>de</strong>s communautés religieuses dans leur cheminementvers <strong>de</strong>s solutions diversifiées, notamment par ses programmesd’ai<strong>de</strong> financière <strong>et</strong> par son expertise enai<strong>de</strong>-conseil. d’ailleurs, le 26 avril 2013, une autreJournée <strong>de</strong>s <strong>archives</strong> religieuses au cours <strong>de</strong> laquelle<strong>les</strong> acteurs feront le point sur <strong>les</strong> solutions émergeant<strong>du</strong> milieu <strong>de</strong>s communautés religieuses <strong>de</strong> la région<strong>de</strong> Québec aura lieu au Musée <strong>de</strong> la civilisation <strong>de</strong>Québec. Bien enten<strong>du</strong>, BanQ répondra présente àl’appel <strong>du</strong> milieu.À rayons ouverts 42 automne 2012 n o 90


Un collectif remarquablepar Sophie Montreuil, directrice <strong>de</strong> la recherche <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’éditionCertains sont très connus,d’autres beaucoup moins,d’autres encore sont pratiquementoubliés : 20 livres tirés<strong>de</strong>s collections patrimonia<strong>les</strong><strong>de</strong> Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>archives</strong>nationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Québec (BanQ)sont au cœur <strong>du</strong> collectifLivres québécois remarquab<strong>les</strong><strong>du</strong> XX e siècle, publiérécemment par <strong>les</strong> Presses<strong>de</strong> l’université <strong>du</strong> Québec, encollaboration avec BanQ.sous la direction <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong>Corbo, recteur <strong>de</strong> l’université<strong>du</strong> Québec à Montréal, cecollectif réunit <strong>les</strong> textes <strong>de</strong>collaborateurs ayant accepté <strong>de</strong> se prêter au jeu d’une analysequi <strong>de</strong>vait privilégier un angle bien particulier : traiter <strong>de</strong>saspects « remarquab<strong>les</strong> » non pas <strong>du</strong> contenu <strong>de</strong>s livres ou <strong>de</strong>leur valeur littéraire, mais bien <strong>de</strong> leur matérialité, <strong>de</strong> leur rar<strong>et</strong>é,<strong>de</strong> leur beauté ou <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>stin singulier.Le défi a été relevé avec brio : tout en révélant leur unicitégrâce à la finesse <strong>de</strong>s analyses indivi<strong>du</strong>el<strong>les</strong>, <strong>les</strong> 20 livresétudiés contribuent aussi à documenter, chacun à sa façon,la p<strong>et</strong>ite <strong>et</strong> la gran<strong>de</strong> histoire <strong>de</strong> l’édition au Québec. au fil<strong>de</strong>s pages, <strong>et</strong> en s’inspirant <strong>du</strong> regard rétrospectif que leprofesseur Jacques Michon j<strong>et</strong>te sur l’ensemble <strong>de</strong>s titres danssa postface, le lecteur découvre en quelque sorte <strong>les</strong> coulisses<strong>du</strong> milieu éditorial, autant <strong>les</strong> réussites que <strong>les</strong> infortunes,<strong>et</strong> ne peut que saluer la détermination <strong>et</strong> la créativité qui ontanimé <strong>les</strong> acteurs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te histoire, c’est-à-dire <strong>les</strong> auteurs,<strong>les</strong> éditeurs, <strong>les</strong> illustrateurs <strong>et</strong> autres collaborateurs.abondamment illustré <strong>et</strong> d’une facture graphique élégante,ce collectif se veut un écrin <strong>de</strong> choix pour ces 20 livres quicomptent parmi le riche patrimoine documentaire dont BanQest la gardienne.Les collaborateurs : aurélien Boivin, Pascal Briss<strong>et</strong>te, daniel Chouinard,Monique Cormier, stéphanie danaux, Martin doré, François <strong>du</strong>mont,Clau<strong>de</strong> Fournier, Yves Gingras, Pierre hébert, robert Lahaise, MarcelLajeunesse, danielle Léger, renée Legris, robert Melançon, JacquesMichon, Jean-François Palomino, Pascale ryan, Mariloue sainte-Marie,hélène samson, Josée Vincent <strong>et</strong> audrée Wilhelmy.Préface <strong>de</strong> Guy Berthiaume <strong>et</strong> sophie Montreuil.intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Corbo.riStontac d’andrée maiLL<strong>et</strong>, 1945Les beaux livres pour enfants découlent le plus souvent <strong>du</strong> travail <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxcréateurs, l’auteur <strong>et</strong> l’illustrateur. C’est le cas <strong>de</strong> Ristontac, un album grandformat dont <strong>les</strong> magnifiques illustrations <strong>de</strong> robert La Palme mises au service<strong>du</strong> texte d’andrée Maill<strong>et</strong> en font l’un <strong>de</strong>s livres jeunesse canadiens-français<strong>les</strong> plus célèbres <strong>de</strong>s années 1940.Pascale Ryan« Un remarquable livre pour enfants »,p. 125PoËmeS d’HanKéou d’aLain GrandBois, 1934un livre remarquable à plus d’un titre, qui ne ressembleà rien d’autre, publié dans <strong>de</strong>s circonstances nondépourvues <strong>de</strong> mystère, <strong>et</strong> dont <strong>les</strong> exemplaires encirculation sont si rares que plusieurs commentateursen parleront sans l’avoir vu : tel se présente le premierrecueil <strong>de</strong> poèmes d’alain Grandbois, intitulé Poëmes.Clau<strong>de</strong> Fournier« Un livre rarissime venu <strong>de</strong> la Chine profon<strong>de</strong> », p. 67dictionnaire Général <strong>de</strong> la lanGue FranÇaiSeau canada <strong>de</strong> Louis-aLexandre BéLisLe, 1957ouvrage unique en son genre, parce qu’i<strong>les</strong>t le premier à marier le parler canadienau français standard, mais aussi parce qu’ilempruntera <strong>de</strong>s canaux inhabituels pourrejoindre ses lecteurs, le Bélisle est encoreaujourd’hui un cas d’espèce, tant pour <strong>les</strong>linguistes que pour <strong>les</strong> historiens <strong>du</strong> livre.Josée Vincent« Un dictionnaire en sept variations », p. 1683la chaSSe-Galerie d’Honoré BeauGrand, 1900honoré Beaugrand a voulu participer, avec La chassegalerie,au mouvement <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> notre patrimoinequ’il savait menacé […]. il a immortalisé avec talent, dansune langue soutenue, qui ne néglige pas pour autantle parler populaire, quelques faits légendaires, <strong>les</strong>quels,sans lui, ne seraient pas parvenus jusqu’à nous.Aurélien Boivin« Un recueil bellement illustré d’un conteur <strong>de</strong> talent », p. 18Pour <strong>de</strong>s renseignements sur la publication : www.puq.ca124la vie <strong>de</strong> banqÀ rayons ouverts 43 automne 2012 n o 90


Programme<strong>de</strong> soutienà la rechercheDix chan<strong>de</strong>l<strong>les</strong> <strong>et</strong> plus <strong>de</strong> 80 boursiers !par Isabelle Crevier, agente <strong>de</strong> recherche, Direction <strong>de</strong> la recherche <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’éditionla vie <strong>de</strong> banqr Nous remercions Cécile Bocagequi a permis la repro<strong>du</strong>ction d’un détail<strong>de</strong> son estampe (2 e illustration).Le concours 2012-2013 marquait le 10 e anniversaire <strong>du</strong> Programme <strong>de</strong> soutien à larecherche financé par la Fondation <strong>de</strong> BAnQ. Depuis 2003, plus <strong>de</strong> 80 chercheurs(étudiants <strong>et</strong> professeurs) ont obtenu une bourse. C’est le 16 octobre <strong>de</strong>rnier, lors <strong>de</strong> lacérémonie annuelle <strong>de</strong> remise <strong>de</strong>s bourses, que c<strong>et</strong> anniversaire a été souligné.C<strong>et</strong>te année, trois étudiantes ont reçu une bourse <strong>de</strong> doctorat : Danielle Blouin, <strong>de</strong>l’Université <strong>du</strong> Québec à Montréal, pour son proj<strong>et</strong> sur l’histoire <strong>de</strong> lareliure d’art au Québec, Kim Gla<strong>du</strong>, <strong>de</strong> l’Université <strong>du</strong> Québec à Trois-Rivières, pour ses travaux sur la littérature galante, <strong>et</strong> Leila Inks<strong>et</strong>ter, <strong>de</strong>l’Université <strong>de</strong> Montréal, pour ses recherches sur l’organisation sociale<strong>de</strong>s Algonquins <strong>du</strong> lac Abitibi <strong>et</strong> <strong>du</strong> lac Témiscamingue. Une autre doctorante<strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Montréal, Sandrine Garon, a remporté la bourseRelations France-Québec pour son proj<strong>et</strong> sur <strong>les</strong> réseaux d’influence <strong>de</strong>speintres d’histoire canadiens au xix e siècle.Deux étudiantes à la maîtrise en histoire figurent parmi <strong>les</strong> lauréats : Jessica Grosman,<strong>de</strong> l’Université Concordia, pour son proj<strong>et</strong> sur CHOC-MF, une radio communautaire <strong>de</strong>Jonquière, <strong>et</strong> Julia Lewandoski, <strong>de</strong> l’Université McGill, pour son étu<strong>de</strong> sur la redéfinition<strong>de</strong>s territoires situés aux frontières <strong>du</strong> Québec <strong>et</strong> <strong>du</strong> Vermont.Enfin, quatre chercheurs venant <strong>de</strong> l’extérieur <strong>du</strong> Québec ont aussi reçu une bourse.Parmi eux se trouvent <strong>de</strong>ux doctorants en histoire : Paul Hébert, <strong>de</strong> l’Université<strong>du</strong> Michigan, qui s’intéresse à l’activisme <strong>de</strong>s intellectuels antillaisà Montréal entre 1960 <strong>et</strong> 1970, <strong>et</strong> Carole Payen, étudiante aux Facultésuniversitaires <strong>de</strong> Namur, qui étudie le phénomène NIMBY (Not in my BackYard) dans une perspective comparée entre la Wallonie <strong>et</strong> le Québec. Leproj<strong>et</strong> <strong>de</strong> Jacques Palard, directeur <strong>de</strong> recherche émérite au CNRS, sur<strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> la reconversion <strong>de</strong>s religieux au Québec entre 1965 <strong>et</strong> 1980,a aussi été r<strong>et</strong>enu. En outre, Pamela Sing, professeure <strong>de</strong> littérature à l’Université<strong>de</strong> l’Alberta, a reçu une bourse pour son proj<strong>et</strong> sur la représentation <strong>de</strong>s loupsgarousdans <strong>les</strong> ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssinées.Valoriser l’essentiel – Un grand partenaire pour BAnQLe 5 septembre <strong>de</strong>rnier, Guy Berthiaume,prési<strong>de</strong>nt-directeur général <strong>de</strong> Bibliothèque<strong>et</strong> Archives nationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Québec (BAnQ), aprocédé à une annonce importante en présentantle grand partenaire qui accompagneraBAnQ au cours <strong>de</strong>s quatre prochainesannées. Il s’agit <strong>de</strong> La Capitale groupe financier,qui appuiera dorénavant l’institution.« Les missions <strong>de</strong> La Capitale <strong>et</strong> <strong>de</strong> BAnQconvergent vers un but commun, soit <strong>de</strong>valoriser l’essentiel d’une culture. Alors queLa Capitale ai<strong>de</strong> ses clients à bâtir <strong>et</strong> à protégerleur patrimoine financier, BAnQ offreà ses usagers <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> partage <strong>et</strong> <strong>de</strong>diffusion <strong>de</strong> savoir <strong>et</strong> <strong>de</strong> culture. Il nous asemblé tout naturel d’établir une collaborationentre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux institutions, <strong>et</strong> noussommes fiers <strong>de</strong> vous annoncer aujourd’huile début d’un partenariat qui se poursuivrajusqu’en 2016 », a déclaré René Rouleau,prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> conseil <strong>et</strong> chef <strong>de</strong> la direction àLa Capitale groupe financier.Grâce à son association avec La Capitale,BAnQ accroîtra sa capacité d’innover, sonoriginalité <strong>et</strong> sa spécificité <strong>de</strong>gran<strong>de</strong> institution <strong>du</strong> savoir <strong>du</strong>xxi e siècle.À rayons ouverts 44 automne 2012 n o 90


Programme<strong>de</strong> soutienà la rechercheDe nouvel<strong>les</strong> boursespar Isabelle Crevier, agente <strong>de</strong> recherche, direction <strong>de</strong> la recherche <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’éditionla vie <strong>de</strong> banq<strong>de</strong>puis quelques années, le nombre <strong>de</strong>s candidatures reçuesdans le cadre <strong>de</strong>s concours <strong>du</strong> Programme <strong>de</strong> soutien à larecherche est en hausse, tous concours confon<strong>du</strong>s. dansun souci toujours plus grand <strong>de</strong> répondre aux besoins <strong>de</strong>smilieux <strong>de</strong> la recherche, Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>archives</strong> nationa<strong>les</strong><strong>du</strong> Québec (BanQ) offre maintenant <strong>de</strong>ux nouvel<strong>les</strong> bourses d’excellence : une boursesur <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s liés à la bibliothéconomie <strong>et</strong> à l’archivistique <strong>et</strong> une bourse <strong>de</strong> recherchesur L’institut Canadien <strong>de</strong> Québec (L’iCQ) <strong>et</strong> son fonds d’<strong>archives</strong>.La bourse sur <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s liés à la bibliothéconomie <strong>et</strong> à l’archivistique (12 500 $) estofferte à <strong>de</strong>s étudiants qui poursuivent <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> doctorat dans une université québécoise.elle a pour but <strong>de</strong> favoriser <strong>de</strong>s recherches <strong>de</strong> haut niveau sur l’un <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>ssuivants : la bibliothéconomie ainsi que l’histoire <strong>et</strong> le développement <strong>de</strong>s bibliothèquesau Québec ; l’archivistique ainsi que l’histoire <strong>et</strong> le développement <strong>de</strong>s <strong>archives</strong>au Québec ; <strong>les</strong> publics <strong>de</strong> BanQ <strong>et</strong> l’usage <strong>de</strong>s ressources <strong>et</strong> <strong>de</strong>s servicesmis à leur disposition ; l’impact <strong>de</strong>s technologies sur la lecture <strong>et</strong> sur l’écriture; <strong>les</strong> métadonnées sur <strong>les</strong> documents <strong>de</strong> BanQ <strong>et</strong> <strong>les</strong> données pro<strong>du</strong>itespar <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> celle-ci. tous ces suj<strong>et</strong>s découlent <strong>de</strong> la Politique <strong>de</strong> larecherche <strong>et</strong> <strong>de</strong> la diffusion scientifique adoptée récemment par l’institution.Grâce à une entente récente entre BanQ <strong>et</strong> L’iCQ, une autre bourse vientégalement bonifier l’offre <strong>du</strong> Programme. Cinq mille dollars seront attribuésà un étudiant à la maîtrise ou au doctorat pour son proj<strong>et</strong> sur L’institut <strong>et</strong> son fondsd’<strong>archives</strong>, acquis en 2010 par BanQ. Le fonds institut canadien <strong>de</strong> Québec (P108),conservé au Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Québec, renferme <strong>de</strong>s trésors précieux pour larecherche, par exemple <strong>de</strong>s écrits qui témoignent <strong>de</strong> la fondation <strong>de</strong> L’institut en 1848,<strong>de</strong>s renseignements sur <strong>les</strong> abonnés <strong>de</strong>s bibliothèques <strong>et</strong> sur <strong>les</strong> tâches <strong>de</strong> leurpersonnel, <strong>et</strong>c.en plus <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux nouvel<strong>les</strong> bourses, le Programme conserveses bourses <strong>de</strong> doctorat <strong>et</strong> <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong>stinées aux étudiants<strong>du</strong> Québec qui exploitent <strong>les</strong> fonds d’<strong>archives</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> collectionspatrimonia<strong>les</strong> <strong>de</strong> BanQ ou qui s’intéressent à <strong>de</strong>s questions liéesaux mandats <strong>de</strong> l’institution. La bourse relations France-Québec nesera plus offerte.Quant à l’enveloppe <strong>de</strong> 10 000 $ autrefois <strong>de</strong>stinée aux chercheurs<strong>de</strong> l’extérieur <strong>du</strong> Québec, elle a été réaménagée : trois bourses <strong>de</strong> 2500 $ chacune sonttoujours offertes à ces chercheurs <strong>et</strong> cinq bourses <strong>de</strong> 500 $ chacune peuvent désormaisêtre <strong>de</strong>mandées par <strong>de</strong>s chercheurs <strong>du</strong> Québec qui souhaitent se déplacer pourconsulter <strong>de</strong>s documents patrimoniaux dans un édifice <strong>de</strong> BanQ.La campagne promotionnelle <strong>du</strong> concours 2013-2014 bat son plein <strong>et</strong> toute personnequi désire soum<strong>et</strong>tre sa candidature est invitée à consulter le portail <strong>de</strong> BanQ àwww.banq.qc.ca/psr où se trouve le règlement compl<strong>et</strong>.Le Programme <strong>de</strong> soutien à larecherche bénéficie <strong>de</strong> l’appuifinancier <strong>de</strong> la Fondation <strong>de</strong> BAnQ<strong>et</strong> <strong>de</strong> L’Institut Canadien <strong>de</strong> Québec.À rayons ouverts 45 automne 2012 n o 90


D’art <strong>et</strong> <strong>de</strong> culturecultureGérald Godin, poètepar Éric Fontaine, rédacteur-réviseur, direction <strong>de</strong> la programmation culturelleen 1981, après la défaite <strong>du</strong> camp <strong>du</strong>« oui » au référen<strong>du</strong>m <strong>de</strong> mai 1980,Gérald Godin, ministre dans le cabin<strong>et</strong> <strong>de</strong>rené Lévesque, écrit : « La poésie est lechamp <strong>de</strong> la liberté totale. est-ce le seul ?Peut-être 1 . » C’est dire que la poésie étaitpour lui une préoccupation <strong>de</strong> tous <strong>les</strong>instants. dès le 27 novembre 2012,l’aire d’exposition <strong>de</strong> la section arts<strong>et</strong> littérature <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Bibliothèqueaccueille l’exposition Gérald Godin –« Être ou ne poète 2 ». sous <strong>de</strong>s airs <strong>de</strong>plaisanterie, ce titre renvoie très sérieusementà haml<strong>et</strong> <strong>de</strong> shakespeare <strong>et</strong>au rôle vital qu’a joué la poésie dansla vie <strong>de</strong> Gérald Godin. Journaliste,recherchiste-documentaliste, rédacteur,scénariste, éditeur, Godin a pratiqué tous<strong>les</strong> métiers que lui perm<strong>et</strong>tait sa plume,mais il a surtout été poète, prenant unepart active aux côtés <strong>de</strong> sa compagnePauline Julien à l’explosion littéraire<strong>et</strong> musicale qu’a connue le Québec aucours <strong>de</strong>s années 1960 <strong>et</strong> 1970.la section arts <strong>et</strong> littératureexploiter l’œuvre poétique <strong>de</strong> Godindans le contexte très précis <strong>de</strong> l’aired’exposition <strong>de</strong> la section arts <strong>et</strong>littérature <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Bibliothèquereprésentait un énorme défi.Comment rendre justice àl’héritage littéraire <strong>de</strong> Godin,comment interpeller levisiteur, comment l’intriguer touten lui offrant une manière uniqued’« expérimenter » l’œuvre <strong>du</strong> poète,<strong>et</strong> cela en moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux minutes !nous voulions surtout faire appel à lacuriosité <strong>de</strong>s visiteurs, autant ceux venusexpressément visiter l’exposition que<strong>les</strong> nombreux visiteurs « acci<strong>de</strong>ntels »qui traverseront c<strong>et</strong>te importante aire<strong>de</strong> circulation sur leur parcours.un enVironnement immersiFPour élaborer le vol<strong>et</strong> littéraire <strong>de</strong>l’exposition, Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>archives</strong>nationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Québec (BanQ) a faitappel à andré Gervais, éditeur <strong>et</strong> ami<strong>de</strong> Godin, qui a dressé un portrait senti<strong>du</strong> poète. Guidé par une profon<strong>de</strong>connaissance <strong>de</strong> son œuvre, il aégalement choisi <strong>les</strong> poèmes que nousoffrons au public. Pour le vol<strong>et</strong> artistique,qui laisse libre cours à la magie <strong>de</strong> lapoésie <strong>de</strong> Gérald Godin, nous souhaitionscréer un environnement sonore <strong>et</strong>visuel immersif. C<strong>et</strong>te idée, exploitée parle <strong>de</strong>signer Philippe Legris avec une raresensibilité <strong>et</strong> un extrême souci <strong>du</strong> détail,a donné lieu à la création <strong>de</strong> coupo<strong>les</strong>autoportantes, ou « douches sonores »,qui perm<strong>et</strong>tent aux visiteurs <strong>de</strong> vivreune expérience poétique englobante.w Gérald Godin à la Nuit <strong>de</strong> lapoésie, Montréal, 26-27 mars 1970.Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal,fonds Daniel Kieffer (P688, S2).Photo : daniel Kieffer.À rayons ouverts 46 automne 2012 n o 90


Gérald Godin <strong>et</strong> Pauline Julien, au domicile<strong>du</strong> couple, avenue Selkirk, à Montréal, 1969.Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal, fondsGérald Godin (MSS464, 032, 054).Photo : Gabor szilasi, office <strong>du</strong> film <strong>du</strong> Québec.culture<strong>les</strong> « doucHes » sonoresChaque coupole s’inspire d’un grandthème <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong> Godin, son amour<strong>de</strong>s femmes, sa tendresse pour <strong>les</strong> mots<strong>et</strong> <strong>les</strong> gens <strong>du</strong> peuple, sa conscienceaiguë <strong>de</strong> la vie quotidienne <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’actionpolitique. Ces coupo<strong>les</strong> font usage d’un<strong>et</strong>echnologie <strong>de</strong> pointe qui oriente le sonvers le seul visiteur, sans gêner <strong>les</strong> autresusagers <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Bibliothèque <strong>et</strong>sans recourir à <strong>de</strong>s casques d’écoute.sous <strong>les</strong> douches, la poésie <strong>de</strong> Godinest à la fois mise en musique <strong>et</strong> tra<strong>du</strong>iteen images.Pour la dimension musicale, BanQ afait appel au slammeur ivy, qui a récemmentsigné le très bel album Hors <strong>de</strong>ssentiers battus, <strong>et</strong> à l’artiste interdisciplinaired. Kimm, <strong>de</strong>s Fil<strong>les</strong> électriques.Portés avec force par <strong>les</strong> voix <strong>de</strong> ces<strong>de</strong>ux interprètes exceptionnels, <strong>les</strong>poèmes <strong>de</strong> Godin livrent une partie <strong>de</strong>leur extraordinaire beauté. Pour la dimensionvisuelle, BanQ s’est tournée versl’enseignant <strong>et</strong> co-commissaire <strong>de</strong> l’expositionBertrand Carrière, qui a <strong>de</strong>mandéà un groupe <strong>de</strong> jeunes photographesissus <strong>du</strong> Cégep andré-Lauren<strong>de</strong>au <strong>de</strong>penser aux mots <strong>de</strong> Godin. « Je me suisfait un plaisir <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>r ces six jeunesnon seulement au cœur d’une œuvrepoétique, mais aussi à travers <strong>de</strong>sannées qu’ils n’ont pas connues maisqui ont <strong>de</strong>s résonances étonnantes avecle présent », explique Bertrand Carrièredans sa présentation <strong>de</strong> l’exposition.en complément À l’eXposition<strong>de</strong>ux activités seront offertes à l’auditorium<strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Bibliothèque encomplément à l’exposition : une soiréePoésie <strong>et</strong> jazz en hommage à GéraldGodin, en compagnie <strong>du</strong> trio danielLessard <strong>et</strong> <strong>du</strong> comédien <strong>et</strong> poète henriChassé, le 18 décembre à 19 h, <strong>et</strong> uneprojection <strong>du</strong> film documentaire Godin<strong>de</strong> simon Beaulieu, le 29 janvier à 19 h.Ces activités, ainsi que l’exposition,contribueront à souligner la contributioninestimable <strong>de</strong> Gérald Godin à notrehéritage littéraire.w Maqu<strong>et</strong>te <strong>de</strong> la « douche sonore ».<strong>de</strong>sign : Philippe Legris.1. « C<strong>et</strong>te vie d’appétits (notes) », dans andré Gervais(éd.), Traces pour une autobiographie – Écrits <strong>et</strong>parlés II, Montréal, L’hexagone, 1994, vol. ii, p. 84.2. La partie entre guillem<strong>et</strong>s <strong>du</strong> titre <strong>de</strong> l’expositionest une citation d’un poème que Godin a écrit enjuill<strong>et</strong> 1989, moins d’une semaine avant sa secon<strong>de</strong>opération au cerveau. Laurence olivier, le grandacteur shakespearien, vient alors tout juste <strong>de</strong> mourir.À rayons ouverts 47 automne 2012 n o 90


Le cabin<strong>et</strong> <strong>de</strong>s curiositésWashington <strong>et</strong> StoboUn cas d’espionnage dansnos <strong>archives</strong>par Denyse Beaugrand-Champagne, archiviste, Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> MontréalcuriositésLe Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal conserve un extraordinaire dossier quirenferme tous <strong>les</strong> éléments d’un film à grand déploiement se déroulant sur<strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> bataille <strong>de</strong> l’Ohio <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Pennsylvanie ainsi qu’à Montréal<strong>et</strong> à Québec. Les acteurs sont George Washington, l’armée britannique,la milice coloniale, <strong>les</strong> forces françaises, la milice canadienne <strong>et</strong> leurs alliésamérindiens ainsi que, au cœur <strong>de</strong> l’aventure, Robert Stobo.Pour <strong>les</strong> Américains, l’acte <strong>de</strong> reddition signé par Washington à lasuite <strong>de</strong> sa déconfiture <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> forces françaises <strong>et</strong> amérindiennesau Fort Necessity (Uniontown, Pennsylvanie), le 3 juill<strong>et</strong> 1754, est certesun document important 1 . En eff<strong>et</strong>, il s’agit <strong>du</strong> seul acte <strong>de</strong> capitulation<strong>de</strong> George Washington, qui écrira à son frère : « Je ne doute pas quevous ayez enten<strong>du</strong> <strong>les</strong> détails <strong>de</strong> notre défaite honteuse, qui a été siscandaleuse que je déteste en parler 2 . »Pour le lecteur intéressé par <strong>les</strong> drames d’espionnage, c<strong>et</strong> acte <strong>de</strong>reddition d’une valeur historique inestimable est au cœur d’un procès pourhaute trahison intenté contre Robert Stobo, un otage laissé aux Françaisqui attendaient le r<strong>et</strong>our <strong>de</strong> Washington avec une vingtaine <strong>de</strong> prisonniers.L’échange n’eut jamais lieu. Un an plus tard, lors d’une tentative britanniquepour s’emparer <strong>du</strong> Fort Duquesne (Pittsburgh, Ohio), <strong>les</strong> forces françaisesdécouvrirent un plan <strong>de</strong> leur fort ainsi qu’une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> Stobo, suggérantà ses confrères d’attaquer ce fort : « Quant à moi, je mourrais dix mille foispour avoir la joie <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r ce fort une seule journée; ils [<strong>les</strong> Français]sont si vaniteux <strong>de</strong> leur victoire que <strong>les</strong> entendre est pire que la mort 3 . »Stobo nia tout. Après 19 jours d’interrogatoires <strong>de</strong>vant un conseil <strong>de</strong>guerre réuni à Montréal, le passage sur la sell<strong>et</strong>te lui délia la langue. Ilavoua avoir voulu venger le viol <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> capitulation signées parWashington. Il s’était mis secrètement à l’œuvre, étudiant la structure <strong>du</strong>fort <strong>et</strong> l’organisation militaire <strong>de</strong>s Français <strong>et</strong> il avait remis furtivement samissive à un autochtone <strong>de</strong> confiance à l’intention <strong>de</strong>s forces britanniques.Condamné à la décapitation, Stobo tenta <strong>de</strong> s’éva<strong>de</strong>r à plusieurs reprises.En 1759, il réussit, après 36 jours d’aventures incroyab<strong>les</strong>, à rejoindre<strong>les</strong> forces anglaises au Fort <strong>de</strong> Louisbourg (Île-<strong>du</strong>-Cap-Br<strong>et</strong>on) 4 .1. C<strong>et</strong>te bataille, Battle of the Great Meadows, a été la première <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Sept Ans ou,comme <strong>les</strong> Américains la nomment, The French and Indian War.2. George Washington, The Writings of George Washington, l<strong>et</strong>tre à Augustine Washington,2 août 1755 : I doubt not but you have heard the particulars of our shameful <strong>de</strong>feat, which reallywas so scandalous, that I hate to mention it. http://oll.libertyfund.org/ (consulté le 16 juin 2012).3. Robert C. Alberts, « Robert Stobo », Dictionnaire biographique <strong>du</strong> Canada,www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=1665 (consulté le 16 juin 2012).4. Les pièces <strong>du</strong> procès sont numérisées sous la cote TL4, S1, D6128 <strong>et</strong> <strong>les</strong> documents relatifs àl’évasion <strong>de</strong> Stobo se trouvent sous la cote TP1, S777, D183.r Signatures <strong>de</strong> George Washington, James Mackay <strong>et</strong> Louis Coulon <strong>de</strong> Villiers accompagnant <strong>les</strong> artic<strong>les</strong><strong>de</strong> la capitulation lors <strong>de</strong> la reddition <strong>du</strong> Fort Necessity, 3 juill<strong>et</strong> 1754. Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal, fondsJuridiction royale <strong>de</strong> Montréal (TL4, S1, D6128).w Plan <strong>du</strong> Fort Duquesne à l’embouchure <strong>de</strong>s rivières Ohio <strong>et</strong> Monongahela <strong>de</strong>ssiné par l’otage Robert Stobo,28 juill<strong>et</strong> 1754. Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal, fonds Juridiction royale <strong>de</strong> Montréal (TL4, S1, D6128).À rayons ouverts 48 automne 2012 n o 90


Comptes ren<strong>du</strong>s <strong>de</strong> lecturespar Isabelle Morriss<strong>et</strong>te, bibliothécaire, Direction <strong>de</strong> la référence <strong>et</strong> <strong>du</strong> prêt, <strong>et</strong>Simon Mayer, bibliothécaire, Direction <strong>de</strong> la Collection nationale <strong>et</strong> <strong>de</strong>s services spécialisésLaurent MaréchauxÉcrivains voyageurs – Ces vagabonds qui disentle mon<strong>de</strong>Paris, Arthaud, 2011 · ISBN : 9782081245655Ce livre superbement illustré nous fait entrer dans le merveilleuxmon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s écrivains voyageurs. Que vous partiez à la rencontre<strong>de</strong> Pierre Loti sur <strong>les</strong> mers <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> Rudyard Kipling enIn<strong>de</strong>, <strong>de</strong> Blaise Cendrars au Brésil, <strong>de</strong> Georges Simenon surle continent africain ou <strong>de</strong> Jack Kerouac sur <strong>les</strong> routes mythiques <strong>de</strong> l’Amérique,vous serez fasciné par ces récits. Ce livre présente autant <strong>de</strong>s portraits <strong>de</strong> voyageursqui <strong>de</strong>vinrent écrivains que d’écrivains qui <strong>de</strong>vinrent voyageurs. La fiction côtoiesouvent <strong>les</strong> données plus factuel<strong>les</strong> dans ces récits. Mais comme répondait BlaiseCendrars à un journaliste lui <strong>de</strong>mandant s’il avait vraiment pris le Transsibérien :« Qu’est-ce que cela peut bien te foutre, puisque je vous l’ai fait prendre à tous ! » IMlectureYves PeyréLa bibliothèque Sainte-Geneviève – À travers<strong>les</strong> sièc<strong>les</strong>Paris, Gallimard, 2011 · ISBN : 9782070132416De la bibliothèque monastique <strong>du</strong> vi e siècle à l’institutioninteruniversitaire <strong>et</strong> publique qui fait la joie <strong>de</strong>s chercheurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>scurieux <strong>du</strong> Paris d’aujourd’hui, la bibliothèque Sainte-Genevièvedévoile ici sa prestigieuse histoire gravée au cœur <strong>de</strong> lamétropole française. Agrémenté <strong>de</strong> portraits <strong>de</strong> bibliothécairessouvent héroïques qui ont permis à Sainte-Geneviève <strong>de</strong> survivre aux gran<strong>de</strong>sépreuves <strong>de</strong> l’histoire <strong>et</strong> qui ont fait bénéficier l’institution <strong>de</strong> leurs connaissances<strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs passions, c<strong>et</strong> ouvrage lève le voile sur le cabin<strong>et</strong> <strong>de</strong> curiosités <strong>de</strong> labibliothèque <strong>et</strong> sur <strong>les</strong> circonstances <strong>de</strong> l’acquisition <strong>de</strong> certains fonds particuliers.On y apprend entre autres que la bibliothèque est propriétaire d’un fonds scandinav<strong>et</strong>out à fait remarquable. Le lecteur sera <strong>de</strong> plus impressionné par la présentationd’une architecture exceptionnelle <strong>et</strong> fonctionnelle qui a récemment permis àl’institution <strong>de</strong> prendre le virage technologique. SMFrançois HébertLa littérature populaire en fascicu<strong>les</strong> au QuébecQuébec, Éditions GID, 2012 · ISBN : 9782896341337Les aventures amoureuses <strong>de</strong> la belle Françoise AC-12,l’incomparable espionne canadienne-française, cel<strong>les</strong> d’IXE-13,l’espion play-boy, <strong>et</strong> <strong>les</strong> souvenirs amoureux <strong>de</strong> Rita la p<strong>et</strong>iteservante ont su captiver <strong>de</strong> nombreux lecteurs. Qu’el<strong>les</strong> aientpris la forme <strong>du</strong> roman d’espionnage, <strong>du</strong> roman d’amour ou<strong>du</strong> roman policier, <strong>les</strong> nombreuses séries <strong>de</strong> littérature en fascicu<strong>les</strong> ont permisaux Québécois <strong>de</strong> lire <strong>de</strong>s aventures rocambo<strong>les</strong>ques peuplées <strong>de</strong> personnagesplus colorés <strong>les</strong> uns que <strong>les</strong> autres, comme en font foi <strong>les</strong> milliers <strong>de</strong> titres recensés<strong>et</strong> <strong>les</strong> nombreuses illustrations <strong>de</strong> couverture repro<strong>du</strong>ites dans ce répertoire.Après <strong>de</strong> longues années <strong>de</strong> recherche dans <strong>les</strong> endroits <strong>les</strong> plus inhabituels<strong>et</strong> étonnants, François Hébert nous offre ici un ouvrage <strong>de</strong> référence indispensablepour quiconque s’intéresse à la littérature populaire québécoise <strong>de</strong>sannées 1940, 1950 <strong>et</strong> 1960. SMÀ rayons ouverts 49 automne 2012 n o 90


Défis <strong>et</strong> enjeux technologiquestechnologieSL’Osstidcho – Un beau défi techniquepour la diffusion <strong>de</strong> la culturepar Jean-François Gauvin, directeur <strong>de</strong>s services WebBibliothèque <strong>et</strong> Archives nationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Québec (BAnQ)diffuse <strong>de</strong>puis plusieurs années sur son portail <strong>du</strong> contenuen flux continu (ce qu’on appelle le « streaming »). Jusqu’àtout récemment, nous n’avions eu aucun problèm<strong>et</strong>echnique. Le système était très simple : un serveur FlashMedia Server 3.5 diffuse, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s fichiers MP3,pour <strong>les</strong> enregistrements sonores, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s fichiers FLV,pour la vidéo. Ces fichiers sont stockés sur le serveur <strong>de</strong>la bibliothèque numérique <strong>de</strong> BAnQ. Et pour <strong>les</strong> vidéosinstitutionnel<strong>les</strong>, nous avons un compte YouTube…Dès <strong>les</strong> premières rencontres avec <strong>les</strong> collègues réunispour le démarrage <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> mise en ligne <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>ssonores <strong>de</strong> L’Osstidcho, nous avions certaines réserves.Faire <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te mise en ligne un événement médiatiqueau cœur <strong>du</strong> lancement <strong>de</strong> la programmation culturelle<strong>de</strong> l’automne entraînait un risque technologique important.Un calcul rapi<strong>de</strong> nous indiquait que si 250 personnesécoutaient en même temps une partie <strong>de</strong>s enregistrements<strong>de</strong> ce spectacle phare <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>s années 1960, le réseau<strong>de</strong> BAnQ allait s’écraser au grand compl<strong>et</strong>. De quoi nousinquiéter sérieusement ! Notre ban<strong>de</strong> passante étant déjà utilisée presque à saturation en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> pointe,nous ne pouvions ignorer le risque que c<strong>et</strong>te mise en ligne pro<strong>du</strong>irait. De plus, la technologie que nousutilisions pour le flux continu, basée sur Flash, n’était pas compatible avec <strong>les</strong> tabl<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> autres appareilsmobi<strong>les</strong>. Il nous fallait trouver une solution pour remédier à ces <strong>de</strong>ux problèmes.La solution YouTube étant hors <strong>de</strong> question pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> propriété intellectuelle, nous avonsenvisagé divers scénarios. Notre premier réflexe a été <strong>de</strong> faire appel à <strong>de</strong>s fournisseurs externes,mais <strong>les</strong> frais <strong>de</strong> mise en service <strong>et</strong> le peu <strong>de</strong> temps dont nous disposions nous ont fait considérerd’autres options. En collaboration avec nos collègues <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong> l’infrastructure technologique,nous avons décidé <strong>de</strong> doubler notre ban<strong>de</strong> passante, mais en la divisant en <strong>de</strong>ux segments distincts.L’un <strong>de</strong> ces segments est dorénavant réservé au trafic <strong>du</strong> portail <strong>de</strong> BAnQ, donc à la diffusion <strong>de</strong>sdocuments multimédias <strong>de</strong> la Collection numérique, dont L’Osstidcho. Cela nous a permis à la fois<strong>de</strong> régler <strong>les</strong> problèmes périodiques <strong>de</strong> saturation en après-midi <strong>et</strong> d’assurer une meilleure qualité<strong>de</strong> service pour notre portail. Restait encore la question <strong>de</strong>s appareils mobi<strong>les</strong>…La nouvelle version 4.5 <strong>de</strong> Flash Media Server d’Adobe perm<strong>et</strong> la diffusion sur plateformes mobi<strong>les</strong>(iOS <strong>et</strong> Android). Il nous suffisait, pensions-nous, <strong>de</strong> faire une mise à jour <strong>de</strong> notre installation, <strong>et</strong> l<strong>et</strong>our serait joué. En fait, ce fut la partie la plus difficile à régler ! La documentation <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it n’indiquepas clairement comment procé<strong>de</strong>r <strong>et</strong>, pour une fois, Intern<strong>et</strong> ne fut guère plus utile. Ce n’est qu’aprèsplusieurs jours d’essais <strong>et</strong> d’erreurs que nous avons découvert la bonne procé<strong>du</strong>re. Ne restait qu’àassembler le tout <strong>et</strong> à créer <strong>les</strong> pages Web à m<strong>et</strong>tre en ligne. Bonne écoute !À rayons ouverts 50 automne 2012 n o 90


Coup d’œilsur <strong>les</strong> acquisitions patrimonia<strong>les</strong>par Daniel Chouinard, bibliothécaire, Direction <strong>de</strong>s acquisitions <strong>et</strong> <strong>de</strong> la préservation <strong>de</strong>s collections patrimonia<strong>les</strong>, <strong>et</strong>Hélène Fortier, archiviste-coordonnatrice, Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal, avec la collaboration <strong>de</strong> Christian Drol<strong>et</strong>, archiviste-coordonnateur,Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Québec, <strong>de</strong> Marthe Léger <strong>et</strong> <strong>de</strong> Marielle Lavertu, archivistes, Centre d’<strong>archives</strong><strong>de</strong> Montréal, <strong>de</strong> Jean-François Palomino, cartothécaire, Direction <strong>de</strong> la recherche <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’édition, <strong>et</strong> d’Isabelle Robitaille,bibliothécaire spécialiste <strong>de</strong> collections, Direction <strong>de</strong> la recherche <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’éditioncoup d’ŒilÀ la santé d’un généreux marchand !Le Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Québec <strong>de</strong> Bibliothèque <strong>et</strong>Archives nationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Québec (BAnQ) vient d’enrichirson corpus documentaire <strong>de</strong>s <strong>archives</strong> historiques<strong>de</strong> l’hôpital Jeffery Hale (Jeffery Hale’s Hospital).Ces <strong>de</strong>rnières s’avèrent un ajout important auxsources concernant le domaine <strong>de</strong> la santé <strong>et</strong> offrentune mine <strong>de</strong> renseignements sur la communautéanglophone <strong>de</strong> Québec.Fondé à Québec en 1865 à la suite <strong>du</strong> legs testamentaire<strong>du</strong> riche marchand Jeffery Hale (1803-1864), l’hôpital portant son nom a d’abord pourmission <strong>de</strong> servir la population protestante, principalementanglophone. Le premier établissementest sis rue Saint-Olivier. Le 12 juin 1901, l’hôpitalJeffery Hale inaugure officiellement ses nouveauxlocaux, rue Saint-Cyrille. En 1956, il déménage <strong>de</strong>nouveau pour occuper son emplacement actuel au1250, chemin Sainte-Foy. uw Groupe d’infirmièresposant <strong>de</strong>vant l’Hôpital JefferyHale situé à l’époque sur larue Saint-Cyrille à Québec,vers 1904. Centre d’<strong>archives</strong><strong>de</strong> Québec, fonds HôpitalJeffery Hale (P942).Photographe non i<strong>de</strong>ntifié.À rayons ouverts 51 automne 2012 n o 90


coup d’ŒilL’hôpital reçoit son premier patient le 19 vier 1867, quatre jours avant son ouverture offi-jancielle.En 1901, une école d’infirmières voit le jour,la première dans la ville <strong>de</strong> Québec. Elle ferme sesportes en 1970 après avoir formé 1285 diplômées.Dès <strong>les</strong> premières années <strong>du</strong> xx e siècle, <strong>de</strong>s patientscatholiques sont admis à l’hôpital ; l’embauche <strong>de</strong>personnel catholique débute en 1911. Aujourd’hui,l’établissement est bilingue, mais <strong>les</strong> membres <strong>de</strong>son personnel sont majoritairement francophones.Ce fonds d’<strong>archives</strong> illustre la riche histoire <strong>de</strong>c<strong>et</strong> établissement hospitalier <strong>et</strong> <strong>de</strong> son personnelnotamment par <strong>les</strong> procès-verbaux <strong>du</strong> conseil d’administration,<strong>de</strong>s rapports annuels, <strong>de</strong>s listes <strong>et</strong> <strong>de</strong>sphotographies <strong>du</strong> personnel infirmier <strong>et</strong> médical,ainsi que <strong>de</strong>s dossiers <strong>de</strong> recherche sur le marchandJeffery Hale <strong>et</strong> sur l’histoire <strong>de</strong> l’hôpital. Le fonds renfermeégalement <strong>de</strong>ux registres d’admission <strong>de</strong>spatients (1867 à 1923), un registre <strong>de</strong>s visiteurs (1874à 1887) ainsi que <strong>de</strong>s photographies <strong>de</strong>s différentsbâtiments occupés par l’hôpital au fil <strong>de</strong>s ans.w Nicolas <strong>de</strong> Fer, Les costesaux environs <strong>de</strong> la rivière<strong>de</strong> Misisipi, 20 x 32 cm,Paris, Nicolas <strong>de</strong> Fer, 1701.sur <strong>les</strong> traces <strong>de</strong> cavelier <strong>de</strong> Lasalle <strong>et</strong> <strong>de</strong> Le moyne d’ibervilleParmi <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> acquisitions <strong>de</strong> cartes anciennesfigure la carte <strong>de</strong> l’éditeur Nicolas <strong>de</strong> Ferintitulée Les Costes aux environs <strong>de</strong> la riviere <strong>de</strong> Misisipi(Paris, 1701), qui relate <strong>les</strong> aventures <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxcélèbres explorateurs français : Robert Cavelier <strong>de</strong>La Salle <strong>et</strong> Pierre Le Moyne d’Iberville. Après avoir<strong>de</strong>scen<strong>du</strong> le Mississippi jusqu’à son embouchure,La Salle obtient <strong>les</strong> ressources pour coloniser laLouisiane. En 1684, il traverse l’Atlantique avec unconvoi <strong>de</strong> quatre navires <strong>et</strong> 320 hommes <strong>et</strong> femmes.Il atteint le golfe <strong>du</strong> Mexique, mais ne parvient pasà r<strong>et</strong>rouver l’embouchure <strong>du</strong> Mississippi. La cartemontre la baie <strong>de</strong> Matagorda, lieu <strong>de</strong> débarquementsur <strong>les</strong> rives actuel<strong>les</strong> <strong>du</strong> Texas.À l’époque, <strong>les</strong> calculs <strong>de</strong> longitu<strong>de</strong> étaient imprécis,ce qui explique en partie <strong>les</strong> difficultés <strong>de</strong> l’explorateur.Pendant qu’il recherche désespérément leMississippi, <strong>les</strong> malheurs se succè<strong>de</strong>nt : naufrages,attaques indiennes, morts pour cause d’insalubrité.Quelques survivants assassinent La Salle d’une balledans la tête; la carte comporte d’ailleurs un cartoucherappelant c<strong>et</strong>te mort brutale.De Fer signale également <strong>les</strong> réalisations <strong>de</strong>Pierre Le Moyne d’Iberville, à qui le ministre confiepar la suite la mission d’établir <strong>les</strong> fondationsd’une colonie à l’embouchure <strong>du</strong> fleuve. En 1699,d’Iberville fait construire un fort dans la baie <strong>de</strong>Biloxi. Il rentre ensuite en France où c<strong>et</strong> exploit<strong>et</strong> d’autres lui valent le titre <strong>de</strong> chevalier <strong>de</strong> Saint-Louis. L’année suivante, il r<strong>et</strong>ourne en Louisianepoursuivre l’exploration <strong>du</strong> continent, renforcerson établissement <strong>et</strong> en construire un nouveau. Lacarte montre l’emplacement <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> tribusÀ rayons ouverts 52 automne 2012 n o 90


indiennes avec <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> Français se sontefforcés <strong>de</strong> nouer <strong>de</strong>s relations cordia<strong>les</strong>, tel<strong>les</strong>que <strong>les</strong> Bayagoulas, Biloxis, Moctobis, las, Houmas <strong>et</strong>Pascagou-Taensas.coup d’ŒilL’itinéraire artistique<strong>de</strong> Louise portalLe Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal a acquis récemmentle fonds Louise Portal, l’une <strong>de</strong>s figuresemblématiques <strong>de</strong> notre scène culturelle.Omniprésente sur nos écrans <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong>40 ans, c<strong>et</strong>te artiste se révèle dans un imposantcorpus documentaire. Documents audiovisuels,photographies, manuscrits, scénarios<strong>de</strong> films <strong>et</strong> <strong>de</strong> téléromans illustrent sa carrièreprolifique (environ 3 mètres linéaires <strong>de</strong> documentstextuels, 1449 photographies, 140 vidéos<strong>et</strong> 23 ban<strong>de</strong>s sonores).Le chercheur pourra redécouvrir <strong>les</strong> multip<strong>les</strong>talents <strong>de</strong> Louise Portal : actrice, chanteuse,écrivaine <strong>et</strong> porte-parole engagée. Levol<strong>et</strong> « Vie personnelle » perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> suivre l’artiste<strong>de</strong> l’enfance à aujourd’hui en feuill<strong>et</strong>ant<strong>les</strong> pages <strong>de</strong> son journal intime, ses notes,ses <strong>de</strong>ssins <strong>et</strong> ses agendas. Il contient aussiplusieurs photographies.La série « Vie professionnelle » r<strong>et</strong>race ses premièresarmes au Conservatoire, dans <strong>de</strong>s revuesmusica<strong>les</strong>, dans la Ligue nationale d’improvisation<strong>et</strong> dans plusieurs téléséries. Elle perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> revisiter<strong>les</strong> moments forts <strong>de</strong> son impressionnantefilmographie. Louise Portal explore en parallèlele mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la chanson (1980-1992), aventure quise concrétise par l’écriture <strong>de</strong> nombreuses pièces<strong>et</strong> la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> quatre albums, <strong>de</strong> vidéoclips,<strong>de</strong> spectac<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> tournées.Suivant <strong>les</strong> traces <strong>de</strong> son père, Marcel Portal,elle se consacre également à l’écriture romanesque.Une vingtaine <strong>de</strong> manuscrits <strong>et</strong> tapuscrits annotésnous perm<strong>et</strong>tent d’observer l’évolution <strong>de</strong> sonprocessus créatif. Femme d’engagement, LouisePortal offre sa voix à divers événements culturels,La série « Vie professionnelle » r<strong>et</strong>race ses pre- dont <strong>les</strong> Ren<strong>de</strong>z-vous <strong>du</strong> cinéma québécois <strong>et</strong>Les Correspondances d’Eastman. Une cinquantained’entrevues radiophoniques <strong>et</strong> télévisuel<strong>les</strong>viennent j<strong>et</strong>er un éclairage complémentaire surl’itinéraire fascinant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te amoureuse inconditionnelle<strong>de</strong> la vie.r Extrait <strong>du</strong> manuscritL’éclectisme <strong>de</strong> l’artisteandré L’archevêqueLe fonds d’<strong>archives</strong> André L’Archevêque, conservéau Centre d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal, témoigne <strong>de</strong> ladiversité <strong>et</strong> <strong>de</strong> la richesse <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong> c<strong>et</strong> illustrateurpublicitaire <strong>et</strong> artiste peintre né en 1923. Ilcontient <strong>de</strong>s cahiers <strong>de</strong> croquis, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins <strong>et</strong> <strong>de</strong>sillustrations <strong>de</strong> pages couvertures <strong>de</strong> romans à uCap-au-Renard <strong>de</strong> LouisePortal, 2001. Centre d’<strong>archives</strong><strong>de</strong> Montréal, fonds LouisePortal (P868, S2, SS3, D7).À rayons ouverts 53 automne 2012 n o 90


coup d’Œilw Étu<strong>de</strong> au crayon feutred’André L’Archevêque pourle tableau Le flirt <strong>de</strong> la rueBeaudry, 197-?. Centred’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> Montréal,fonds André L’Archevêque(P859, S6, D5).10 cents : <strong>de</strong>s aventures <strong>de</strong> Volpek d’Yves Thériault <strong>et</strong><strong>de</strong>s romans m<strong>et</strong>tant en ve<strong>de</strong>tte IXE-13. On y trouveégalement <strong>de</strong>s carn<strong>et</strong>s <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins publicitaires, <strong>de</strong>sesquisses <strong>de</strong> tableaux <strong>et</strong> <strong>de</strong>s textes liés aux albumsd’art auxquels André L’Archevêque a collaboré <strong>et</strong>aux expositions qui lui ont été consacrées.André L’Archevêque a entre autres créé la vache<strong>de</strong> la campagne publicitaire <strong>de</strong>s Pro<strong>du</strong>cteurs <strong>de</strong> lait<strong>du</strong> Québec « Le lait, c’est vachement bon » ainsique, pour le ministère <strong>du</strong> Tourisme <strong>du</strong> Québec,une suite <strong>de</strong> tableaux <strong>de</strong>stinés à la promotion<strong>de</strong> 10 régions <strong>du</strong> Québec à l’étranger. Son tableau<strong>de</strong> la collection « Moments mémorab<strong>les</strong> <strong>du</strong> sportau Canada » représentant Le but gagnant <strong>de</strong> PaulHen<strong>de</strong>rson commémore la victoire <strong>de</strong> l’équipe canadienneface à la Russie en 1972. L’Archevêque réaliseégalement l’affiche Les grands voiliers (1984) <strong>et</strong>une eau-forte représentant le Château Ramezayremise au gouverneur général <strong>du</strong> Canada.Ce fonds est une source unique d’information surc<strong>et</strong> artiste qui s’est fait connaître dans le domaine<strong>de</strong> la publicité <strong>et</strong> dont <strong>les</strong> tableaux font partie <strong>de</strong>plusieurs collections publiques <strong>et</strong> privées. Il comprend0,34 mètre linéaire <strong>de</strong> documents textuels,797 <strong>de</strong>ssins <strong>et</strong> 437 photographies <strong>de</strong> l’artiste <strong>et</strong> <strong>de</strong>ses œuvres.Vous avez dit « confutation »<strong>et</strong> « mécométrie »?Dans un ouvrage publié à Paris en 1611 <strong>et</strong> intituléConfutation <strong>de</strong> l’invention <strong>de</strong>s longitu<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong> lamecom<strong>et</strong>rie <strong>de</strong> l’eymant, Didier Dounot (1574-1640),professeur <strong>de</strong> mathématiques à Paris, s’adonne àla confutation (réfutation) <strong>de</strong> la technique <strong>de</strong> la mécométrie<strong>de</strong> l’aimant, c’est-à-dire la manière <strong>de</strong> mesurer<strong>les</strong> longitu<strong>de</strong>s par le moyen <strong>de</strong> l’aimant développéepar Guillaume Le Nautonier (1560-1620).À rayons ouverts 54 automne 2012 n o 90


C’est en 1604 que Le Nautonier, pasteur, astronome<strong>et</strong> géographe, publie son œuvre sur la navigationpar mécométrie, qui fut plusieurs fois rééditée<strong>et</strong> tra<strong>du</strong>ite en plusieurs langues. Dès 1611, Dounotreproche à Le Nautonier <strong>de</strong> ne pas appuyer sesaffirmations par <strong>de</strong>s démonstrations plausib<strong>les</strong>.Il avance également que <strong>les</strong> observations utiliséesne soutiennent pas sa théorie, en particulier cel<strong>les</strong>faites en Nouvelle-France.Dounot était un fin connaisseur <strong>de</strong>s récits <strong>de</strong>voyage <strong>de</strong>s explorateurs <strong>de</strong> l’Amérique <strong>du</strong> Nord, telsque Jacques Cartier, Sébastien Cabot <strong>et</strong> Samuel<strong>de</strong> Champlain. Il mentionne à plusieurs reprises<strong>les</strong> techniques <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> longitu<strong>de</strong> à l’île <strong>du</strong>Cap-Br<strong>et</strong>on <strong>et</strong> au passage <strong>du</strong> Nord-Ouest. Il traitelonguement <strong>de</strong> la longitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’île Corbeau auQuébec, en mentionnant que <strong>les</strong> calculs faitspar Le Nautonier ne concor<strong>de</strong>nt pas avec ceux <strong>de</strong>sexplorateurs. Il conclut son ouvrage en se réclamant<strong>de</strong> Samuel <strong>de</strong> Champlain :« Mais àfin <strong>de</strong> clorre entierement la boucheaux contredisans, qui publient que le sieur <strong>de</strong>Champlain pratique tous <strong>les</strong> jours en Canada laMecom<strong>et</strong>rie, & qu’il la trouve for exacte […] j’ay sibonne opinion <strong>de</strong> luy à cause <strong>de</strong> ses laborieusesentreprises en la navigation : que je ne crois pointqu’il soit Autheur <strong>de</strong> ces discours, veu principalementque jusques icy il n’a publié aucune <strong>de</strong>ses observations que je sçache. »Réfuté par plusieurs autres contemporains,Le Nautonier tomba dans un oubli presque compl<strong>et</strong>.Aujourd’hui, plusieurs historiens <strong>de</strong>s sciencesvoient tout <strong>de</strong> même en lui un précurseur dansl’étu<strong>de</strong> <strong>du</strong> magnétisme terrestre.coup d’Œilv Didier Dounot, Confutation <strong>de</strong> l’invention <strong>de</strong>s longitu<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong> la mecom<strong>et</strong>rie<strong>de</strong> l’eymant […], Paris, François Huby, 1611, page <strong>de</strong> titre.Les activités culturel<strong>les</strong> <strong>de</strong> BAnQBibliothèque <strong>et</strong> <strong>archives</strong> nationa<strong>les</strong> <strong>du</strong> Québec (BanQ) constitue un lieu unique <strong>de</strong> notre mémoire collective. Par sa mission, l’institutionrassemble tous <strong>les</strong> savoirs, dont la diffusion est assurée par <strong>les</strong> nombreuses actions qu’elle entreprend <strong>et</strong> poursuit. La programmationculturelle y joue un rôle essentiel en matière <strong>de</strong> démocratisation <strong>et</strong> <strong>de</strong> médiation culturelle. elle contribue au rayonnement institutionnelen offrant à chaque saison <strong>de</strong>s activités diversifi ées m<strong>et</strong>tant en valeur <strong>les</strong> collections <strong>de</strong> BanQ (expositions, conférences, clubs d’écoute,<strong>et</strong>c.), en plus <strong>de</strong> participer à la promotion <strong>de</strong>s arts, <strong>de</strong> la culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s savoirs sous diverses formes.Pour le détail <strong>de</strong> la programmation, consultez le Calendrier <strong>de</strong>s activités culturel<strong>les</strong> <strong>de</strong> BanQ disponible sur support papier dans tous<strong>les</strong> édifi ces <strong>de</strong> l’institution <strong>et</strong> dans <strong>de</strong> nombreux lieux culturels ainsi qu’en version PDF sur le portail <strong>de</strong> BanQ (banq.qc.ca).Pour tout renseignement · Région <strong>de</strong> Montréal : 514 873-1100 · Sans frais, d’ailleurs au Québec : 1 800 363-9028

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