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Calcul du groupe fondamental de certains groupes topologiques ...

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<strong>Calcul</strong> <strong>du</strong> <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> <strong>de</strong> <strong>certains</strong> <strong>groupe</strong>s<strong>topologiques</strong> classiquesTable <strong>de</strong>s matières1 Le <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> 21.1 Construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21.2 Premières propriétés <strong>du</strong> <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Espaces fibrés et revêtements 33 Les <strong>groupe</strong>s linéaires 43.1 Construction <strong>de</strong>s fibrations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43.2 <strong>Calcul</strong>s directs <strong>de</strong> <strong>certains</strong> Π 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43.3 Groupes fondamentaux <strong>de</strong>s <strong>groupe</strong>s unitaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53.4 Groupes fondamentaux <strong>de</strong>s <strong>groupe</strong>s orthogonaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63.5 Décomposition polaire et <strong>groupe</strong>s linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Annexe 1 : Revêtements 85 Annexe 2 : Algèbre <strong>de</strong> Clifford et <strong>groupe</strong> <strong>de</strong>s spineurs 95.1 Construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95.2 Le <strong>groupe</strong> <strong>de</strong>s spineurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95.3 Le corps <strong>de</strong>s quaternions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105.4 Non simple connexité <strong>de</strong> SO n (R) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101


Les <strong>groupe</strong>s fondamentaux sont <strong>de</strong>s invariants importants en topologie algébrique, nous allonsdans cette étu<strong>de</strong> en donner la définition, puis nous verrons quelques exemples <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong> ces<strong>groupe</strong>s pour <strong>certains</strong> sous <strong>groupe</strong>s <strong>du</strong> <strong>groupe</strong> linéaire GL n (K) où K = R ou C. Pour cela nousramènerons par <strong>de</strong>s décompositions successives ce calcul à ceux <strong>de</strong> SO n (R) et SU n (C).1 Le <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong>1.1 ConstructionDéfinition 1 Soit X un espace topologique et x 0 un point <strong>de</strong> X, on appelle lacet <strong>de</strong> X d’originex 0 toute application continue γ <strong>de</strong> [0,1] dans X vérifiant γ(0) = γ(1) = x 0Deux lacets γ 1 et γ 2 d’origine x 0 sont dits homotopes si et seulement si il existe une applicationcontinue Γ <strong>de</strong> [0,1] × [0,1] dans X telle que∀t ∈ [0,1],Γ(t,0) = γ 1 (t), Γ(t,1) = γ 2 (t), ∀x ∈ [0,1],Γ(0,x) = Γ(1,x) = x 0De fa¸con intuitive, on voit que dire que <strong>de</strong>ux chemins sont homotopes si et seulement sion peut passer <strong>de</strong> l’un à l’autre par déformation continue, l’origine étant fixée. Il est facile <strong>de</strong>vérifier que la relation d’homotopie est une relation d’équivalence sur l’ensemble <strong>de</strong>s lacets <strong>de</strong> Xd’origine x 0 . Nous allons maintenant définir le pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux lacets <strong>de</strong> même origine.Définition 2 Soient γ 1 et { γ 2 <strong>de</strong>ux lacets <strong>de</strong> X d’origine x 0 , on définit alors l’application α <strong>de</strong>γ1 (2x) si x ∈ [0,1/2][0,1] dans X par : α(x) =. Il est clair que α est un lacet <strong>de</strong> Xγ 2 (2x − 1) si x ∈]1/2,1]d’origine x 0 , on l’appelle pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong> γ 1 et γ 2 et on le note γ 2 .γ 1 .Dans la suite on notera ∼ la relation d’homotopie, x 0 le lacet constant égal à x 0 et γ −1 lelacet défini par γ −1 (t) = γ(1 − t) si t ∈ [0,1]. On a alors le résultat suivant :Proposition 1 Soient γ 1 , γ 2 , γ 3 et γ 4 quatre lacets <strong>de</strong> X d’origine x 0 , alors :– si γ 1 ∼ γ 3 et γ 2 ∼ γ 4 , alors γ 2 .γ 1 ∼ γ 4 .γ 3– (γ 3 .γ 2 ).γ 1 ∼ γ 3 .(γ 2 .γ 1 )– γ 1 .x 0 ∼ x 0 .γ 1 ∼ γ 1– γ.γ −1 ∼ γ −1 .γ ∼ x 0Soit donc C l’ensemble <strong>de</strong>s lacets <strong>de</strong> X d’origine x 0 , ce qui précè<strong>de</strong> prouve que l’on peutmunir l’ensemble C/ ∼ d’une structure <strong>de</strong> <strong>groupe</strong> au moyen <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> composition interne :(C/ ∼) 2 −→ C/ ∼(γ,α) ↦−→ γ.αDéfinition 3 On appelle ce <strong>groupe</strong>, <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> <strong>de</strong> X en x 0 et on le note Π 1 (X,x 0 ).Il est clair que Π 1 (X,x 0 ) est i<strong>de</strong>ntique au <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> <strong>de</strong> la composante connexe pararcs <strong>de</strong> x 0 dans X en x 0 et que si x et y sont dans la même composante connexe par arcs <strong>de</strong>X, Π 1 (X,x) et Π 1 (X,y) sont isomorphes. C’est pourquoi, lorsque X est connexe par arcs, on neprécise pas toujours l’origine et on parle alors <strong>du</strong> <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> <strong>de</strong> X : Π 1 (X).1.2 Premières propriétés <strong>du</strong> <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong>Soient X et Y <strong>de</strong>s espaces <strong>topologiques</strong> et x 0 ∈ X, f une application continue <strong>de</strong> X dans Y .Il est clair que la relation d’homotopie est compatible avec l’application f, c’est à dire que si γ 1et γ 2 sont <strong>de</strong>ux lacets <strong>de</strong> X d’origine x 0 , f ◦ γ 1 et f ◦ γ 2 sont <strong>de</strong>ux lacets <strong>de</strong> Y d’origine f(x 0 )2


et que γ 1 ∼ γ 2 ⇒ f ◦ γ 1 ∼ f ◦ γ 2 . On peut ainsi construire une application Π(f) <strong>de</strong> Π(X,x 0 )dans Π(Y,f(x 0 )) définie par Π(f)(γ) = f ◦ γ et on vérifie facilement que cette application est unmorphisme <strong>de</strong> <strong>groupe</strong>s.Enfin si Z est un espace topologique et g une application continue <strong>de</strong> Y dans Z, il est facile <strong>de</strong>vérifier que Π(g ◦ f) = Π(g) ◦ Π(f).Ces quelques propriétés nous montrent que l’on peut parfois transformer un problème topologiqueen un problème algébrique portant sur <strong>de</strong>s <strong>groupe</strong>s fondamentaux. Par exemple on a lerésultat d’invariance toplogique <strong>du</strong> <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> :Théorème 1 Soient X et Y <strong>de</strong>ux espaces toplogiques homéomorphes et f un homéomorphisme<strong>de</strong> X dans Y , alors si x 0 ∈ X, les <strong>groupe</strong>s Π 1 (X,x 0 ) et Π 1 (Y,f(x 0 )) sont isomorphes.Concluons enfin cette première partie en illustrant ces définitions par une déterminationparticulièment simple <strong>de</strong> <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> :Proposition 2 Le <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> d’une partie étoilée d’un espace vectoriel normé estré<strong>du</strong>it à un singleton.Dans un tel cas, quand le <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> est trivial, on dit que l’espace est simplementconnexe.2 Espaces fibrés et revêtementsLa théorie <strong>de</strong>s espaces fibrés et <strong>de</strong>s revêtements joue un rôle important dans le calcul <strong>de</strong>s<strong>groupe</strong>s fondamentaux, c’est pourquoi nous allons en donner ici un bref aperçu nous permettant<strong>de</strong> déterminer <strong>certains</strong> <strong>de</strong> ces <strong>groupe</strong>s.Dans la suite, si A et B sont <strong>de</strong>ux ensembles on notep 1 :A × B −→ A(a,b) ↦−→ ap 2 :A × B −→ B(a,b) ↦−→ bDéfinition 4 Soit B un espace topologique et (E,p) un couple formé d’un espace toplogique Eet d’une application continue p <strong>de</strong> E dans B. On dit que (E,p) est une fibration <strong>de</strong> base B si etseulement si pour tout b ∈ B il existe un voisinage ouvert U <strong>de</strong> b dans B, un espace topologiqueF et un homéomorphisme Φ <strong>de</strong> p −1 (U) dans U × F tels que p | p −1 (U)= p 1 ◦ Φ. F ne dépend pas<strong>de</strong> l’ouvert U (à homéomorphisme près) et s’appelle la fibre au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> b, dans la suite on lanotera F b . On dit que l’ouvert U trivialise (E,p), une fibration est triviale si elle est trivialiséepar B.Ainsi si b ∈ B, F b est homéomorphe à p −1 (b) et il existe un voisinage ouvert <strong>de</strong> b dans Btel que les fibres au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> tous les éléments <strong>de</strong> U soient homéomorphes entre elles, ainsi lesclasses d’équivalence pour la relation d’équivalence définie sur B par “F x est homéomorphe àF y ” sont ouvertes. Et donc, si B est connexe, il n’y a qu’une seule classe d’équivalence, c’est àdire que toutes les fibres sont homéomorphes. On parle dans ce cas <strong>de</strong> la fibre F <strong>de</strong> la fibration.En particulier on en dé<strong>du</strong>it que p est surjective.Si la fibre est discrète, on ne parle plus d’espace fibré mais <strong>de</strong> revêtement, sinon le mêmevocabulaire reste employé. Dans l’annexe 1 sur les relèvements nous démontrons le résultatsuivant :Théorème 2 Si (E,p) est un revêtement connexe par arcs <strong>de</strong> B, si b ∈ B et x ∈ F b , alorsΠ 1 (B,b) agit transitivement sur F b et le stabilisateur <strong>de</strong> x est isomorphe à Π 1 (E,x). F b est doncen bijection avec Π 1 (B,b)/Π 1 (E,x).3


Le théorème qui suit nous permet <strong>de</strong> faire le lien entre fibration et <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong>. SoitB un espace topologique et (E,p) une fibration <strong>de</strong> base B, x 0 un point <strong>de</strong> B, et F la fibre au<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> x 0 . F étant homéomorphe à p −1 (x 0 ), on peut les i<strong>de</strong>ntifier et donc parler <strong>de</strong> l’injectioncanonique i <strong>de</strong> F dans E qui est donc continue. Cette application in<strong>du</strong>it un morphisme Π(i)<strong>de</strong> Π 1 (F,y 0 ) dans Π 1 (E,y 0 ) où y 0 est un point <strong>de</strong> F . De même p in<strong>du</strong>it un morphisme Π(p) <strong>de</strong>Π 1 (E,y 0 ) dans Π 1 (B,x 0 ).Théorème 3 La suite (Π(i),Π(p)) est exacte, c’est à dire que ImΠ(i) = KerΠ(p).3 Les <strong>groupe</strong>s linéaires3.1 Construction <strong>de</strong>s fibrationsNous allons faire opérer les <strong>groupe</strong>s SO n (R) et SU n (C) sur les sphères pour construire unefibration qui nous permettra <strong>de</strong> raisonner par récurrence au moyen <strong>du</strong> théorème <strong>de</strong> suite exacte.Dans la suite on notera S n−1 la sphère unité <strong>de</strong> l’espace R n , la sphère unité <strong>de</strong> l’espace C n estalors homéomorphe à S 2n−1 . On note e 1 le vecteur <strong>de</strong> coordonnées (1,0,...,0).Tout d’abord remarquons que les <strong>groupe</strong>s SO n (R) et SU n (C) agissent sur S n−1 et S 2n−1 par lesactions :SO n (R) × S n−1 −→ S n−1 SU n (C) × S 2n−1 −→ S 2n−1(f,x) ↦−→ f(x) (f,x) ↦−→ f(x)En fait nous allons montrer que les applications <strong>de</strong> SO n (R) dans S n−1 et <strong>de</strong> SU n (C) dans S 2n−1p : f ↦−→ f(e 1 ) sont <strong>de</strong>s fibrations <strong>de</strong> fibres respectives SO n−1 (R) et SU n−1 (C).Lemme 1 Soit y ∈ S n−1 , il existe un voisinage V <strong>de</strong> y dans S n−1 et une application continue s<strong>de</strong> V dans SO n (R) telle que p ◦ s = Id.Preuve : Il s’agit en fait d’associer à un élément x <strong>de</strong> V une base orthormée directe <strong>de</strong> R n dontle premier vecteur soit x. Soit (y,y 2 ,...,y n ) une base orthonormée <strong>de</strong> R n , l’application <strong>de</strong>t étantcontinue il existe un voisinage V <strong>de</strong> y tel que si x ∈ V , la base (x,y 2 ,...,y n ) soit directe. On peutensuite transformer cette base en une base orthonormée directe s(x) au moyen <strong>de</strong> l’algorithmed’orthogonalisation <strong>de</strong> Schmidt. Or les formules intervenant dans ce procédé sont visiblementcontinues, et donc l’application s est continue et vérifie trivialement p ◦ s = Id.On en dé<strong>du</strong>it le théorème qui va nous permettre <strong>de</strong> dégager une relation <strong>de</strong> récurrence entreles <strong>groupe</strong>s fondamentaux <strong>de</strong> ces espaces.Théorème 4 Les applications p : SO n (R) −→ S n−1 et SU n (C) −→ S 2n−1 sont <strong>de</strong>s fibrations <strong>de</strong>fibres respectives SO n−1 (R) et SU n−1 (C), c’est à dire les sous <strong>groupe</strong>s <strong>de</strong> SO n (R) et <strong>de</strong> SU n (C)laissant e 1 invariant.Preuve : On l’écrit pour SO n (R), la démonstration est la même pour le <strong>groupe</strong> unitaire. Soit Vun voisinage <strong>de</strong> y comme dans le lemme et φ l’application <strong>de</strong> V × SO(n − 1) dans p −1 (V ) définiepar φ(x,g) = s(x) ◦ g. Posons, si f ∈ p −1 (V ), ψ(f) = (p(f),((s ◦ p)(f)) −1 ◦ f). Il est clair queψ ◦ φ = Id V ×SO(n−1) et φ ◦ ψ = Id p −1. De plus, la continuité <strong>de</strong> p, s et la structure <strong>de</strong> <strong>groupe</strong>topologique <strong>de</strong> SO n (R) nous assurent que φ et ψ sont continues, ψ est donc un homéomorphisme<strong>de</strong> p −1 (V ) sur V × SO(n − 1) commutant avec p, ce qu’il fallait démontrer.3.2 <strong>Calcul</strong>s directs <strong>de</strong> <strong>certains</strong> Π 1Il paraît clair que nous allons avoir besoin <strong>de</strong> connaître les <strong>groupe</strong>s fondamentaux <strong>de</strong>s sphèresavant <strong>de</strong> continuer. Nous admettrons pour cela le résultat suivant :Proposition 3 Soient X 1 et X 2 <strong>de</strong>ux espaces connexes par arcs, p 1 et p 2 les projections respec-4


tives dans X 1 ∪ X 2 . Si X 1 ∩ X 2 est non vi<strong>de</strong> et connexe par arcs alors le <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> <strong>de</strong>X 1 ∪ X 2 est engendré par les <strong>groupe</strong>s Π(p 1 )(Π 1 (X 1 )) et Π(p 2 )(Π 1 (X 2 )).Ceci nous permet <strong>de</strong> connaître à isomorphisme près les <strong>groupe</strong>s fondamentaux <strong>de</strong>s sphères<strong>de</strong> dimension supérieure ou égale à 2. Prenons en effet pour X 1 la sphère S n privée d’un point,et pour X 2 la même sphère privée d’un autre point. Par projection stéréographique, on sait queces <strong>de</strong>ux espaces sont homéomorphes à R n , donc simplement connexes. De plus leur intersectionest alors homéomorphe à R n privée d’un point qui est connexe par arcs (car on pris 2 ≤ n).Ainsi Π 1 (S n ) est engendré par le neutre, c’est donc un singleton et S n est simplement connexe.Cependant ceci ne nous donne pas le <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> <strong>du</strong> cercle S 1 .Théorème 5 Le <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> <strong>du</strong> cercle S 1 est isomorphe à Z.Preuve : On note e l’application <strong>de</strong> R dans S 1 définie par e(x) = e 2iπx . Soit U = (]1− 1,1+ 1[×]−2 21,1[)∩S 1 un voisinage <strong>de</strong> 1 (on plonge S 1 dans le plan complexe). Il est clair que U = e(]− 1, 1[).6 6La restriction s <strong>de</strong> e à ] − 1 , 1 [ est alors un homéomorphisme <strong>de</strong> cet intervalle sur U. Comme6 6e −1 (U) = ∑ n∈Z ]n − 1 ,n + 1 [, l’application Z×] − 1 , 1 [ −→ 6 6 e−1 (U)est un homéomorphisme,6 6 (n,x) ↦−→ n + xce qui prouve que l’on a un revêtement <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> fibre Z.Soient γ 1 et γ 2 <strong>de</strong>ux éléments <strong>de</strong> Π 1 (S 1 ,1) représentés par γ 1 et γ 2 . Soit Γ 1 un relèvement <strong>de</strong> γ 1tel que Γ 1 (0) = 0 et Γ 2 un relèvement <strong>de</strong> γ 2 tel que Γ 2 (0) = Γ 1 (1) = γ 1 .0. Alors Γ 2 .Γ 1 est un[0,1] −→ Rrelèvement <strong>de</strong> γ 2 .γ 1 s’annulant en 0, donc Γ 2 (1) = γ 2 .γ 1 .0. Or l’applicationt ↦−→ Γ 2 (t) − γ 1 .0est un relèvement <strong>de</strong> γ 2 s’annulant en 0, donc γ 2 .0 = Γ 2 (1) − Γ 1 (1), d’où (γ 2 .γ 1 ).0 = γ 1 .0 + γ 2 .0.ΠL’application d : 1 (S 1 ,1) −→ Zest un morphisme <strong>de</strong> <strong>groupe</strong>s. Il est injectif car siγ ↦−→ γ.0d(γ) = 0, alors Γ est un lacet <strong>de</strong> R. Or R est simplement connexe, donc Γ est homotope au lacetconstant, et donc γ aussi. d est donc injectif. De plus, il est clair, si n ∈ Z, que d(t ↦−→ e 2iπnt ) = n,donc d est surjective et c’est un isomorphisme.Pour amorcer la récurrence qui suivra nous aurons besoin <strong>du</strong> <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> <strong>de</strong> SO 3 (R)que nous obtiendrons en amettant l’existence d’un revêtement simplement connexe connu <strong>de</strong>SO 3 (R).Théorème 6 La sphère S 3 est un revêtement à <strong>de</strong>ux feuillets <strong>du</strong> <strong>groupe</strong> SO 3 (R).La sphère S 3 étant simplement connexe, on en conclut que le <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> <strong>de</strong> SO 3 (R)est <strong>de</strong> cardinal 2, c’est donc Z/2Z.On peut montrer <strong>de</strong> la même façon que pour n ≥ 2, il existe un <strong>groupe</strong> topologique Spin nconstituant un revêtement à <strong>de</strong>ux feuillets <strong>de</strong> SO n (R), on s’en servira par la suite.3.3 Groupes fondamentaux <strong>de</strong>s <strong>groupe</strong>s unitairesSU 1 (C) étant ré<strong>du</strong>it à l’i<strong>de</strong>ntité, il est simplement connexe. Supposons avoir démontré pourn (n ≥ 1) que SU n (C) est simplement connexe. Etant donné que SU n+1 (C) est un revêtement<strong>de</strong> S 2n+1 <strong>de</strong> fibre SU(n), on a une suite exacte : Π 1 (SU n (C)) −→ Π 1 (SU n+1 (C)) −→ Π 1 (S 2n+1 ),c’est à dire, vu ce que l’on conaît : {0} −→ SU n+1 (C) −→ {0}. SU n+1 (C) est donc forcément unsingleton, et SU n+1 (C) est simplement connexe.5


On a donc montré que si n ∈ N ∗ , SU n (C) est simplement connexe. Comme U n (C) esthoméomorphe à SU n (C) × S 1 , on a le théorème suivant :Théorème 7 Si n ∈ N ∗ , alors SU n+1 (C) est simplement connexe, et Π 1 (U n (C)) est isomorpheà Z.3.4 Groupes fondamentaux <strong>de</strong>s <strong>groupe</strong>s orthogonauxOn sait que SO 2 (R) est homéomorphe à S 1 donc son <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> est isomorphe àZ. On a vu aussi que Π 1 (SO 3 (R)) est isomorphe à Z/2Z. Supposons avoir démontré que pour n(n ≥ 3), le <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> <strong>de</strong> SO n (R) est isomorphe à Z/2Z. On a vu que SO n+1 (R) est unefibration au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> S n <strong>de</strong> fibre SO n (R), on a donc la suite exacte suivante : Π 1 (SO n (R)) −→Π 1 (SO n+1 (R)) −→ Π 1 (S n ), c’est à dire Z/2Z −→ Π 1 (SO n+1 (R)) −→ {0}. Ainsi Π 1 (SO n+1 (R))est soit isomorphe à Z/2Z, soit à {0}. Or on sait qu’il existe un <strong>groupe</strong> topologique connexeSpin n+1 (R), formant un revêtement à <strong>de</strong>ux feuillets <strong>de</strong> SO n+1 (R), qui n’est donc pas simplementconnexe. Π 1 (SO n+1 (R)) est donc isomorphe à Z/2Z. Par récurrence, si n ≥ 3, Π 1 (SO n (R)) ∼ =Z/2Z.Comme O n (R) a <strong>de</strong>ux composantes connexes homéomorphes à SO n (R), pour n ∈ N ∗ , on a lethéorème suivant :Théorème 8 Si n ∈ N ∗ , Π 1 (SO n (R),Id) et Π 1 (O n (R),Id) sont isomorphes. Plus précisément,ils sont isomorphes à {0} si n = 1, Z si n = 2 et Z/2Z pour n ≥ 3.3.5 Décomposition polaire et <strong>groupe</strong>s linéairesNous admettons le résultat classique suivant :Lemme 2 Soit n ∈ N ∗ , alors– GL n (R) est homéomrphe à O n (R) × SDP n (R) où SDP n (R) est l’ensemble <strong>de</strong>s matricessymétriques définies positives.– GL n (C) est homéomorphe à U n (C) × HDP n (C) où HDP n (C) est l’ensemble <strong>de</strong>s matriceshermitiennes définies positives.HDP n (R) et SDP n (C) étant convexes, ils sont simplement connexes, et on peut donc en dé<strong>du</strong>irele théorème :Théorème 9 Si n ∈ N ∗ , alors– le <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> <strong>de</strong> GL n (C) est isomorphe à Z.– GL n (R) a <strong>de</strong>ux composantes connexes homéomorphes dont le <strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> est isomorpheà {0} pour n = 1, Z pour n = 2 et Z/2Z pour n ≥ 3.CONCLUSIONLes invariants <strong>topologiques</strong> que sont les <strong>groupe</strong>s fondamentaux permettent <strong>de</strong> voir, au <strong>de</strong>là<strong>de</strong> la connexité, les différences profon<strong>de</strong>s entre espaces <strong>topologiques</strong>. Ils permettent par exemple<strong>de</strong> différencier topologiquement une droite d’un cercle, un plan épointé d’un plan... La métho<strong>de</strong>que l’on a employée pour déterminer les <strong>groupe</strong>s fondamentaux <strong>de</strong> SO n (R), SU n (C) est <strong>de</strong>décomposer localement ces espaces en pro<strong>du</strong>it d’espaces dont on connaît les <strong>groupe</strong>s fondamentaux,ici les sphères et les <strong>groupe</strong>s “d’ordre” inférieur. Ensuite la décomposition polaire, qui estcette fois-ci globale, nous donne les <strong>groupe</strong>s fondamentaux <strong>de</strong> GL n (R), GL n (C).6


Références[1] C. Godbillon : Eléments <strong>de</strong> topologie algébrique[2] R. Mneimné F. Testard : Intro<strong>du</strong>ction à la théorie <strong>de</strong>s <strong>groupe</strong>s <strong>de</strong> Lie classiques[3] A. Gramain : Topologie <strong>de</strong>s surfaces[4] C. Chevalley : The algebraic theory of spinors and Clifford algebras[5] S. Lang : Algebra[6] R. et A. Douady : Algèbre et théories galoisiennes7


4 Annexe 1 : RevêtementsLe théorème <strong>fondamental</strong>, également valable dans le cadre <strong>de</strong>s fibrations, est celui-ci :Théorème 10 Soient B un espace topologique et (E,p) une fibration <strong>de</strong> base B, alors touteapplication continue <strong>de</strong> [0,1] dans B est relevable avec condition initiale en 0 et toute applicationcontinue <strong>de</strong> [0,1] × [0,1] dans B est relevable avec condition initiale continue sur trois côtés <strong>du</strong>carré.La preuve <strong>de</strong> ce théorème nécessite les <strong>de</strong>ux lemmes qui vont suivre.Lemme 3 Soit X un espace métrique compact et (O i ) i∈I un recouvrement <strong>de</strong> X par <strong>de</strong>s ouverts,il existe ɛ > 0 tel que pour toute partie F <strong>de</strong> X <strong>de</strong> diamètre inférieur à ɛ, il existe i ∈ I tel queF ⊂ O i .Définition 5 Soit X un espace topologique, une partie A <strong>de</strong> X est un rétracte <strong>de</strong> X si etseulement si il existe une application continue r <strong>de</strong> X dans A telle que r ◦ i = Id A où i estl’injection canonique <strong>de</strong> A dans X.Lemme 4 Soient X et B <strong>de</strong>ux espaces <strong>topologiques</strong> avec B connexe, f une application continue<strong>de</strong> X dans B, (E,p) une fibration triviale <strong>de</strong> base B et R un relèvement <strong>de</strong> f | A où A est unrétracte <strong>de</strong> X, il existe alors un relèvement ˜R <strong>de</strong> f tel que ˜R | A = R.Preuve : Soit F la fibre <strong>de</strong> cette fibration, on i<strong>de</strong>ntifie E à B × F . Posons si x ∈ A, R(x) =(f(x),g(x)), g est alors une application continue <strong>de</strong> X dans F . On définit alors si x ∈ X,˜R(x) = (f(x),g ◦ r(x)) il est clair que ˜R est continue et vérifie bien les conditions atten<strong>du</strong>es.Preuve <strong>du</strong> théorème : Si b ∈ B il existe un voisinage ouvert U b trivialisant la fibration, ainsif étant continue, (f −1 (U b )) b∈B est un recouvrement ouvert <strong>de</strong> [0,1], [0,1] étant métrique compactil existe un entier n tel que la fibration soit triviale sur f([ k , k+1 ]) pour tout 0 ≤ k ≤ n − 1.n nLe lemme nous permet <strong>de</strong> construire un relèvement <strong>de</strong> f sur [0,1/n] prenant n’importe qu’ellevaleur dans p −1 (f(0)) en 0 et <strong>de</strong> le prolonger par récurrence sur [0,1], étant donné que tout pointd’un espace topologique est rétracte <strong>de</strong> celui-ci.Si f est une application <strong>de</strong> [0,1] × [0,1] dans B, on choisit <strong>de</strong> la même façon un entier n tel quepour tous 0 ≤ k ≤ n − 1 et 0 ≤ l ≤ n − 1, la fibration soit triviale sur f([ k , k+1]× [ l , l+1])n n n net en parcourant [0,1] × [0,1] <strong>de</strong> la façon suivante, on contruit par récurrence un relèvement <strong>de</strong>f prenant <strong>de</strong>s valeurs fixées à l’avance sur trois côtés <strong>du</strong> carré. Il est à noter que les prolongementssont effectivement possibles, puisqu’en parcourant le carré <strong>de</strong> cette manière, à chaqueprolongement seules <strong>de</strong>s valeurs sur trois côtés sont imposées et trois côtés d’un carré constituentévi<strong>de</strong>mment un rétracte <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier.Il est impossible, par cette métho<strong>de</strong>, <strong>de</strong> relever une application avec conditions initiales surles quatre côtés <strong>du</strong> carré car les quatre côtés ne sont pas un rétracte (en effet on comprendintuitivement qu’on ne peut ramener l’intérieur d’un carré sur son bord sans déchirer l’espace).Dans le cas <strong>de</strong>s revêtements, ce théorème nous permet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce un action <strong>du</strong><strong>groupe</strong> <strong>fondamental</strong> sur la fibre.Soit (E,p) un revêtement <strong>de</strong> base B, b 0 ∈ B, F la fibre au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> b 0 . Soit e 0 un élément<strong>de</strong> F et γ un lacet <strong>de</strong> B, il existe alors un relèvement Γ <strong>de</strong> γ dans E tel que Γ(0) = e 0 , Γ(1) estalors un élément <strong>de</strong> F . Si γ ′ est un lacet <strong>de</strong> B <strong>de</strong> base b 0 homotope à γ, soit h une homotopie <strong>de</strong>γ à γ ′ et H un relèvement <strong>de</strong> h in<strong>du</strong>isant Γ sur [0,1] × {0}, Γ ′ sur [0,1] × {1} et constant égal à8


e 0 sur {0} × [0,1]. La restriction <strong>de</strong> H à {1} × [0,1] est alors un chemin dans F <strong>de</strong> Γ(1) à Γ ′ (1),or [0,1] étant connexe et F discret, il s’agit d’un chemin constant et donc Γ(1) = Γ ′ (1). Donc àun élément e 0 <strong>de</strong> F et un élément γ <strong>de</strong> Π 1 (B,b 0 ) on peut associer un élément <strong>de</strong> F que l’on note¯γ.e 0 . Vérifions que l’on a ainsi défini une action <strong>de</strong> Π 1 (B,b 0 ) sur F :– si e 0 ∈ F et γ 1 et γ 2 sont <strong>de</strong>ux lacets <strong>de</strong> B d’origine b 0 , soit Γ 1 un relèvement <strong>de</strong> γ 1d’origine e 0 et Γ 2 un relèvement <strong>de</strong> γ 2 d’origine ¯γ 1 .e 0 , alors Γ 2 ◦ Γ 1 est un relèvement <strong>de</strong>γ 2 ◦ γ 1 d’origine e 0 . Ceci prouve ¯γ 2 .( ¯γ 1 .e 0 ) = ( ¯γ 2 ◦ ¯γ 1 ).e 0 .– le lacet constant égal à e 0 est clairement un relèvement <strong>du</strong> lacet constant égal à b 0 , donc¯x 0 .e 0 = e 0 .On dispose donc bien d’une action <strong>de</strong> <strong>groupe</strong>s.Proposition 4 Dans cette action, si e 0 ∈ F , le stablisateur <strong>de</strong> e 0 est Π(p)(Π 1 (E,e 0 ), et si E estconnexe par arcs, cette action est transitive.Preuve : En effet ¯γ.e 0 = e 0 ⇔ Γ est un lacet <strong>de</strong> E d’origine e 0 , et comme γ = p(Γ), on enconclut que ¯γ.e 0 = e 0 si et seulement si ¯γ ∈ Im(Π(p)). Supposons maintenant E connexe pararcs, alors si e 0 et e 1 sont <strong>de</strong>ux éléments <strong>de</strong> F , il existe un chemin Γ allant <strong>de</strong> e 0 à e 1 , p ◦ Γ estalors un lacet <strong>de</strong> B d’origine b 0 et e 1 = p ◦ Γ.e 0 , donc l’action est transitive.Remarque : Ainsi si E est connexe par arcs, F est isomorphe à Π 1 (B,b 0 )/Π 1 (E,e 0 ). Si F estfinie <strong>de</strong> cardinal n, on dit qu’on a un revêtement à n feuillets.5 Annexe 2 : Algèbre <strong>de</strong> Clifford et <strong>groupe</strong> <strong>de</strong>s spineurs5.1 ConstructionSoit E un espace euclidien orienté <strong>de</strong> dimension n. On admet qu’il existe une R-algèbre C<strong>de</strong> dimension 2 n munie d’une base (e i ) i∈P([1,n]) , où e ∅ = 1 et (e i ) 1≤i≤n est une base orthonormaledirecte <strong>de</strong> E.On a <strong>de</strong> plus pour tout (x,y) ∈ E × E, 1 (xy + yx) =< x,y >. On en dé<strong>du</strong>it les règles <strong>de</strong> calcul2suivantes :– si 0 ≤ α 1 ≤ ... ≤ α r ≤ n, e {α1 ,...α r} = e α1 ...e αr– si x ∈ E, x 2 = ||x|| 2– si x et y sont orthogonaux, xy = −yx5.2 Le <strong>groupe</strong> <strong>de</strong>s spineursSoit a ∈ E, si f désigne la réflexion par rapport à {a} ⊥ , alors si x ∈ E, f(x) = x − 2 a,||a|| 2donc f(x) = x − ax+xa a = x − ( axa + x) = −axa −1 . Tout élément <strong>de</strong> SO||a|| 2||a|| 2 n (R) étant un pro<strong>du</strong>itpair <strong>de</strong> telles réflexions, si f est un élément <strong>de</strong> SO n (R), on peut toujours trouver un élément q<strong>de</strong> C, pro<strong>du</strong>it d’un nombre pair <strong>de</strong> vecteurs unitaires <strong>de</strong> E tel que ∀x ∈ E, f(x) = qxq −1 .Définition 6 On appelle <strong>groupe</strong> <strong>de</strong>s spineurs d’ordre n et on note Spin n , l’ensemble <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>itspairs <strong>de</strong> vecteurs unitaires <strong>de</strong> E, il est facile <strong>de</strong> voir que cet ensemble est muni d’une structure<strong>de</strong> <strong>groupe</strong>.Il est clair que la multiplication étant continue dans C (car bilinéaire et C est <strong>de</strong> dimensionfinie), et vu que si a ∈ E, a −1 =a , Spin||a|| 2 n est un <strong>groupe</strong> topologique.Si q ∈ Spin n , l’application x ↦−→ qxq −1 laisse E invariant, et si x ∈ E, ||qxq −1 || 2 =(qxq −1 )(qxq −1 ) = qx 2 q −1 = ||x|| 2 . Elle in<strong>du</strong>it donc une isométrie φ q sur E. De plus φ :9


Spin n −→ O n (R)x ↦−→ φ xest un morphisme continu <strong>de</strong> <strong>groupe</strong>s. Comme une isométrie <strong>de</strong> R n est unpro<strong>du</strong>it d’au plus n réflexions, Spin n est compact.5.3 Le corps <strong>de</strong>s quaternionsDéfinition 7 Soit C l’algèbre <strong>de</strong> Clifford <strong>de</strong> R 3 muni <strong>de</strong> sa structure euclidienne canonique,posons H = vect(1,e 1 e 2 ,e 2 e 3 ,e 1 e 3 ). Les éléments <strong>de</strong> H sont appelés les quaternions.Posons i = e 1 e 2 , j = e 2 e 3 et k = e 1 e 3 .Dans ce cas <strong>de</strong> petite dimension, la situation est particulièrement simple, puisque les quaternionssont exactement les pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux éléments <strong>de</strong> R 3 . En effet (x 1 e 1 + y 1 e 2 + z 1 e 3 )(x 2 e 1 +y 2 e 2 + z 2 e 3 ) = (a + bi + cj + dk) est équivalent à⎛⎝z 1x 1y 1⎞⎛⎠ . ⎝z 2x 2y 2⎞⎛⎠ = a et ⎝z 1x 1y 1⎞⎛⎠ ∧ ⎝⎛x 1 , x 2 , y 1 , y 2 , z 1 , z 2 si a ≠ 0 ou ⎝bc−dz 2x 2y 2⎞⎞⎛⎠ = ⎝⎧⎪⎨x 1 x 2 + y 1 y 2 + z 1 z 2 = ax 1 y 2 − x 2 y 1 = by 1 z 2 − y 2 z 1 = c⎪⎩x 1 z 2 − x 2 z 1 = d⎞bc−d, c’est à dire à⎠. Or on peut toujours trouver <strong>de</strong> tels⎠ ≠ 0, c’est à dire si a + bi + cj + dk ≠ 0. Ainsi toutquaternion non nul est le pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux vecteurs non nuls <strong>de</strong> R 3 . Or si a est un vecteurs non nul<strong>de</strong> R 3 est inversible dans C, puisque a 2 = ||a|| 2 ≠ 0, donc tout quaternion non nul est inversible.On a donc montré que H est un corps non commutatif.On en dé<strong>du</strong>it également que Spin 3 est alors exactement le <strong>groupe</strong> <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> H et homéomorpheà S 3 vu que H est <strong>de</strong> dimension 4. On en conclut donc que Spin 3 est simplement connexe etdonc que Π 1 (SO 3 (R) est <strong>de</strong> cardinal 2. D’où Π 1 (SO 3 (R)) ∼ = Z/2Z.5.4 Non simple connexité <strong>de</strong> SO n (R)Nous aurons besoin par la suite <strong>de</strong> la connaissance <strong>du</strong> centre <strong>de</strong> C.Lemme 5 Le centre <strong>de</strong> C est l’espace R + Re [1,n] si n est impair, R si n est pair.Preuve : Soit x un élément <strong>du</strong> centre <strong>de</strong> C, posons x = ∑ i∈P([a1,n]) λ ie i . Si j ∈ P([1,n]), les familles(e j e i ) i∈P([1,n]) et (e i e j ) i∈P([1,n]) sont <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> C dont les éléments diffèrent uniquement parleur signe. Soit alors 1 ≤ r ≤ n et {α 1 ,...,α r } ∈ P([1,n]). Si r est pair, alors e αr e α1 ...e αr =(−1) r−1 e α1 ...e 2 α r= −e α1 ...e αr e αr , d’où λ {α1 ,...,α r} = −λ {α1 ,...,α r}, donc λ {α1 ,...,α r} = 0. Si r estimpair et r ≠ n, soit 1 ≤ j ≤ n tel que j /∈ {α 1 ,...,α r }, alors e j e α1 ...e αr = −e α1 ...e αr e j , donce j x = xe j nous donne λ {α1 ,...,α r} = 0. Ainsi, si n est pair, x ∈ R. Sinon x ∈ R + Re [1,n] . Et il estfacile <strong>de</strong> voir que dans ce cas e [1,n] commute avec tous les e i , donc avec C.Proposition 5 Si n ≥ 2, le <strong>groupe</strong> Spin n est connexe par arcs.Preuve : En effet le <strong>groupe</strong> SO n (R) étant inclus dans l’image <strong>de</strong> φ, il est clair que φ in<strong>du</strong>it uneaction naturelle <strong>de</strong> Spin n sur la sphère S n−1 où le stabilisateur d’un élément est isomorphe àSpin n−1 . Spin n étant compact, on en conclut que Spin n /Spin n−1 est homéomorphe à S n−1 . Parrécurrence on en dé<strong>du</strong>it, Spin 3 étant connexe par arcs, que Spin n l’est également.Théorème 11 Le morphisme φ arrive dans SO n (R), est surjectif <strong>de</strong> noyau {−1,1} et (Spin n ,φ)est un revêtement à <strong>de</strong>ux feuillets <strong>de</strong> SO n (R).10


Preuve : Par connexité <strong>de</strong> Spin n et continuité <strong>de</strong> φ, on voit d’abord que l’image <strong>de</strong> φ est inclusedans la composante connexe <strong>de</strong> Id, c’est à dire dans SO n (R). La surjectivité <strong>de</strong> φ est alorsdémontrée par ce qui précè<strong>de</strong> en début <strong>de</strong> section.Cherchons le noyau <strong>de</strong> φ. Si q ∈ Kerφ, alors pour tout x <strong>de</strong> E, qx = xq, C étant engendrée parE et 1, q est dans le centre <strong>de</strong> C, donc q ∈ R si n est pair et q ∈ R + Re [1,n] si n est impair. Or qest un pro<strong>du</strong>it pair d’éléments <strong>de</strong> E, donc dans tous les cas, q ∈ R. On a donc Kerφ = {−1,1}.Il reste à montrer que l’on obtient un revêtement <strong>de</strong> SO n (R). Soit y 0 ∈ SO n (R) et x 0 ∈ Spin ntel que φ(x 0 ) = y 0 . Spin n étant un <strong>groupe</strong> topologique métrique compact, il existe un voisinageV <strong>de</strong> x 0 tel que V ∩ (−V ) = ∅. Soit x ∈ V , φ −1 ({φ(x)}) = {x, − x}. Comme V ∩ (−V ) = ∅, larestriction <strong>de</strong> φ à V est injective et réalise donc une bijection continue <strong>de</strong> V sur φ(V ). De plusV étant compact et φ| V continue, c’est un homéomorphisme <strong>de</strong> V sur φ(V ). Il ne reste alorsplus qu’à montrer que φ(V ) est un ouvert <strong>de</strong> SO n (R), c’est clair vu que son complémentaire estl’image continue par φ <strong>du</strong> compact Spin n \ (V ∪ −V ). φ in<strong>du</strong>it donc un homéomorphisme <strong>de</strong>V ∪ −V sur φ(V ) × {−1,1} et Spin n est donc un revêtement à <strong>de</strong>ux feuillets <strong>de</strong> SO n (R).On peut en conclure que le quotient <strong>de</strong> Π 1 (SO n (R)) par Π 1 (Spin n ) est <strong>de</strong> cardinal 2, doncque SO n (R) n’est pas simplement connexe.11

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