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Thèse Manuel Munoz - UMLV - Institut des Sciences de la Terre

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Université <strong>de</strong> Marne-La-Vallée<strong>Institut</strong> Francilien <strong><strong>de</strong>s</strong> GéosciencesÉcole Doctorale Information, Communication, Modélisation et Simu<strong>la</strong>tionLaboratoire <strong><strong>de</strong>s</strong> GéomatériauxTHÈSEpour obtenir le gra<strong>de</strong> <strong>de</strong>Docteur <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Marne-La-ValléeDiscipline : Géomatériauxprésentée et soutenue publiquement par<strong>Manuel</strong> MUÑOZle 12 septembre 2003Comportement d’éléments formateurs et modificateurs <strong>de</strong>réseau dans <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas hydratésBehavior of network formers and modifiers in hydratedmagmasDirecteur <strong>de</strong> thèseFrançois FARGESCodirectriceValérie MALAVERGNEFrançois GUYOT Prési<strong>de</strong>nt du Jury Bruno REYNARD RapporteurJean-Paul ITIÉ Examinateur François MARTIN RapporteurFrançois HOLTZ Examinateur© <strong>UMLV</strong>


RemerciementsJe tiens tout d’abord à remercier François Farges pour m’avoir orienté vers un sujetaussi passionnant et pour m’avoir permis <strong>de</strong> découvrir d’aussi nombreuses sources <strong>de</strong>rayonnement synchrotron, en particulier dans le vaste domaine <strong>de</strong> l’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X.Les différents voyages réalisés dans cette optique auront été pour le moins intenses et trèsformateurs.Je remercie tout particulièrement Pierre Argoul, <strong>de</strong> l’École Nationale <strong><strong>de</strong>s</strong> Ponts etChaussées, pour notre col<strong>la</strong>boration si enrichissante. Les innombrables heures passées àtravailler ensemble sur l’adaptation <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation continue en on<strong>de</strong>lettes à l’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong>pectres EXAFS, ont représenté à mes yeux une formidable dynamique scientifique. Cestravaux représentent une partie très conséquente <strong>de</strong> ma thèse. Merci infiniment.Un immense merci bien sûr à Valérie Ma<strong>la</strong>vergne pour son soutien et son ai<strong>de</strong>précieuse dans le cadre <strong>de</strong> nos expériences en cellule diamants, ainsi qu’à Hélène Bureau etBénédicte Ménez qui ont très <strong>la</strong>rgement participé au succès <strong>de</strong> ces expériences. Merci <strong>de</strong>m’avoir fait découvrir l’aspect particulièrement motivant <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche en travail d’équipe.Je suis heureux <strong>de</strong> remercier tous les membres <strong>de</strong> mon Jury <strong>de</strong> thèse pour le grandintérêt qu’ils ont porté à ce travail, et qui a donné lieu à près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> discussion trèsenrichissante. Je remercie tout particulièrement François Guyot <strong>de</strong> m’avoir fait l’honneur <strong>de</strong>prési<strong>de</strong>r ce Jury. Merci aussi à Bruno Reynard et François Martin d’avoir aimablementaccepté <strong>de</strong> rapporter cette thèse. Un grand merci enfin à Jean-Paul Itié et François Holtz pouravoir accepté <strong>de</strong> faire partie <strong>de</strong> ce Jury.Cette expérience <strong>de</strong> vie unique a été agrémentée <strong>de</strong> nombreuses rencontres aussidiverses qu’enrichissantes. Je tiens notamment à remercier pour leurs investissementsrespectifs lors d’expériences sur synchrotron, dans l’ordre chronologique <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences,François Bau<strong>de</strong>let (LURE), Pierre-Emmanuel Petit et Mohamed Mezouard (ESRF), GordonE. Brown et John Bargar (SSRL), Steve Heald et Julie O. Cross (APS), ainsi qu’AlexandreSimionovici et Andrea Somogyi (ESRF). Merci en particulier à Alexandre <strong>de</strong> m’avoir accordé1


un peu <strong>de</strong> son temps pour m’apprendre à utiliser les programmes <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tions numériques<strong>de</strong> spectres <strong>de</strong> fluorescence X par Monte Carlo inverse.Je remercie aussi toutes les personnes avec qui j’ai pu interagir, et qui m’ont biensouvent apporté leur ai<strong>de</strong> au cours <strong>de</strong> ma thèse. En particulier, Max Wilke pour les synthèses<strong>de</strong> verres hydratés, Martine Tarrida et Daniel Neuville pour les analyses par spectroscopieRaman, Denis Andrault et Nico<strong>la</strong>s Guignot pour leur expérience dans <strong>la</strong> retaille <strong>de</strong> diamants,Jean-Jacques Bourrand pour m’avoir confectionné un régu<strong>la</strong>teur pour alimentation électrique,ainsi qu’Isabelle Martinez pour m’avoir très gentiment prêté sa cellule à enclumes diamants.Je remercie enfin très chaleureusement tous mes collègues et amis du <strong>la</strong>boratoire <strong><strong>de</strong>s</strong>Géomatériaux qui ont fait que cette aventure se déroule dans les meilleures conditions. Mercitout d’abord à Michel Madon <strong>de</strong> m’avoir accueilli au sein <strong>de</strong> son <strong>la</strong>boratoire. Un grand merciaussi à Stéphane, Julien, Gilles, Nico<strong>la</strong>s, Malek, Fouzia, Élodie et bien sûr Martine, Rossana,Valérie, Stéphanie, Laurent, Bernard, Ali, Bénédicte, Pierre-Louis pour leur compagnie, leurbonne humeur, leurs bons conseils et tous ces bons moments passés ensembles. Ils ont étépour moi un véritable équilibre. Je remercie tout particulièrement les personnes qui ontsoutenu ma candidature au <strong>de</strong>mi-poste d’ATER à l’issue <strong>de</strong> ma troisième année <strong>de</strong> thèse :Vous avez fait en sorte que je puisse terminer ma thèse dans les meilleures conditions... Mercipour tout !Un certain Hubert Ortéga, Professeur <strong>de</strong> <strong>Sciences</strong> Physiques et ami très cher, m’atransmis sa passion pour les <strong>Sciences</strong> en général, et ce dès <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 6 ème . Pour ce<strong>la</strong>, je luisuis infiniment reconnaissant.Enfin, je dédie tout particulièrement cette thèse à mes parents et à mon frère, qui onttoujours été là pour moi et qui m’ont toujours soutenu dans mes démarches. Je <strong>la</strong> dédie aussibien sûr à Éva, qui a vécu cette aventure au quotidien à mes côtés. Merci à vous tous, du fonddu cœur.2


RésuméCette étu<strong>de</strong> vise à mieux caractériser les propriétés physico-chimiques <strong>de</strong> systèmesmagmatiques hydratés en contexte subductif. Nous nous intéressons en particulier aucomportement d’éléments « traces » modificateurs <strong>de</strong> réseau (Ni et Zr), ainsi que d’élémentsmajeurs formateurs <strong>de</strong> réseau (Ga et Ge) dans ce type <strong>de</strong> géomatériaux. Le principe <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>repose essentiellement sur une approche expérimentale, visant à utiliser <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes <strong>de</strong> hautetempérature et haute pression (cellule à enclumes diamant, presse Paris-Edinburgh) couplés àune métho<strong>de</strong> d’analyse par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X. Pour les différentssystèmes chimiques abordés, les résultats obtenus à haute température et/ou haute pressionmettent en évi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements très différents pour nickel et pour le zirconium enfonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau. L’environnement structural local autour du nickel apparaîtfortement affecté par <strong>la</strong> présence d’eau, suggérant une interaction significative du nickel avec<strong>la</strong> phase aqueuse. En revanche, <strong>la</strong> structure locale autour du zirconium est reste pratiquementconstante. De plus pour les éléments majeurs analogues (Ga et Ge), aucune modificationstructurale significative n’est mise en évi<strong>de</strong>nce en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température, <strong>de</strong> <strong>la</strong> pressionou encore <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau ; ce qui tend à suggérer un effet « non-dépolymérisateur » <strong>de</strong>l’eau sur le réseau silicaté.Des expériences complémentaires nous ont permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce l’utilité <strong><strong>de</strong>s</strong>spectres d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X pour <strong>la</strong> détermination in situ <strong><strong>de</strong>s</strong> concentrations en nickel,ainsi que <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas silicatés hydratés. Les résultats mettent en évi<strong>de</strong>nce uncoefficient <strong>de</strong> partage « eau/silicate » très inférieur à 1, suggérant une mobilisation faible,mais néanmoins significative, du nickel par <strong>la</strong> phase aqueuse lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> remontée magmatique.Par ailleurs, <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité apparente <strong>de</strong> magmas hydratés, à environ780 °C / 520 MPa, mettent en évi<strong>de</strong>nce une valeur proche <strong>de</strong> 1 g/cm 3 , suggérant un aspectstructural <strong>de</strong> type « émulsion » particulièrement riche en eau, ainsi qu’une dynamiqued’ascension magmatique en écoulement homogène très importante.Mots-clés : magmas hydratés, XANES, EXAFS, on<strong>de</strong>lettes, nickel, zirconium, gallium,germanium.3


AbstractThis study consists of a better un<strong>de</strong>rstanding of physical and chemical properties ofhydrated magmatic systems associated to subduction zones. We are particu<strong>la</strong>rly interested in<strong>de</strong>termining the behavior of network modifiers “trace” elements (Ni and Zr), as well asnetwork formers major elements (Ga and Ge) in this kind of geomaterials. The study isessentially based on an experimental approach, using high-pressure systems (diamond-anvilcell, Paris-Edingurgh press) coupled to X-ray Absorption Fine Structure (XAFS)spectroscopy. For the different chemical systems studied, the results collected un<strong>de</strong>r hightemperature and/or high pressure show well different behavior for nickel and zirconium as afunction of water content. The local structural environment of nickel is highly affected by thepresence of water, suggesting a significant interaction between nickel and the aqueous phase.In contrast, the local structure around zirconium is practically unchanged. Moreover, formajor analog elements (Ga and Ge), no significant structural modification is observed as afunction of temperature, pressure or water content; suggesting possibly that water does not<strong>de</strong>polymerize the silicate network.Additional experiments shown the usefulness of XANES (X-ray Absorption NearEdge Structure) spectra for <strong>de</strong>termining, in situ, nickel contents as well as <strong>de</strong>nsities ofhydrous silicate magmas. Results show a “water/silicate” partitioning coefficient near 0.2;suggesting a low but significant mobilization of nickel by the aqueous phase during themagmatic ascension. Also at around 780 °C / 520 MPa, the apparent-<strong>de</strong>nsity of hydratedmagmas near 1 g/cm 3 , suggests a structural aspect of “emulsion” type including particu<strong>la</strong>rlyhigh water content, as well as a very important dynamic of magmatic ascension in itshomogeneous flow regime.Keywords : hydrous melts, XANES, EXAFS, wavelets, nickel, zirconium, gallium,germanium.5


Table <strong><strong>de</strong>s</strong> matièresINTRODUCTION GÉNÉRALE..................................................................................................... 231. Contexte géologique ............................................................................................................ 252. Aspect géochimique ............................................................................................................ 273. Aspect géophysique ............................................................................................................. 284. Démarche expérimentale ...................................................................................................... 30CHAPITRE I : SYSTÈMES CHIMIQUES ET DISPOSITIFS EXPÉRIMENTAUX............................. 331. COMPOSITIONS ANALOGUES..................................................................................................... 351.1. Généralités...................................................................................................................... 351.2. Verres silicatés................................................................................................................. 391.2.1. Aspects structuraux ............................................................................................................................................................391.2.2. Effets <strong>de</strong> l’eau......................................................................................................................................................................401.3. Liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés.............................................................................................................. 411.3.1. Propriétés..............................................................................................................................................................................411.3.2. Aspects structuraux ............................................................................................................................................................421.3.3. Effets <strong>de</strong> l’eau......................................................................................................................................................................422. ÉLÉMENTS DE TRANSITION ...................................................................................................... 442.1. Généralités...................................................................................................................... 442.2. Spéciation <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments en « traces ».................................................................................... 452.2.1. Cas du nickel........................................................................................................................................................................452.2.2. Cas du zirconium................................................................................................................................................................473. ÉCHANTILLONS...................................................................................................................... 483.1. Synthèses........................................................................................................................ 483.1.1. Verres anhydres...................................................................................................................................................................483.1.2. Verres hydratés....................................................................................................................................................................493.2. Caractérisations................................................................................................................ 493.2.1. Microson<strong>de</strong> électronique...................................................................................................................................................503.2.2. Spectroscopie Raman.........................................................................................................................................................503.2.2.1. Principe........................................................................................................................................................................503.2.2.2. Applications................................................................................................................................................................513.3. Conditionnements............................................................................................................. 543.3.1. Four à fil chauffant.............................................................................................................................................................543.3.2. Presse « Paris-Edinburgh »...............................................................................................................................................564.3.3. Cellule à enclumes diamant type « Bassett » ................................................................................................................57CHAPITRE II : SPECTROSCOPIE D’ABSORPTION DES RAYONS X ........................................... 617


1. PRINCIPE .............................................................................................................................. 631.1. Interaction rayonnement-matière ......................................................................................... 631.2. Spectre d'absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X........................................................................................ 641.2.1. Pré-seuil................................................................................................................................................................................651.2.2. XANES (X-ray Absorption Near Edge Structure).......................................................................................................671.2.3. EXAFS (Exten<strong>de</strong>d X-ray Absorption Fine Structure).................................................................................................702. DISPOSITIFS EXPÉRIMENTAUX .................................................................................................. 742.1. Sources <strong>de</strong> rayonnement synchrotron.................................................................................... 742.2. Spectromètres (lignes <strong>de</strong> lumière)........................................................................................ 762.2.1. Canalisation du faisceau....................................................................................................................................................762.2.2. Systèmes <strong>de</strong> détection........................................................................................................................................................782.2.3. Lignes expérimentales utilisées........................................................................................................................................793. TRAITEMENT DES DONNÉES « STANDARD »................................................................................. 813.1. Pré-seuil / XANES............................................................................................................ 813.2. EXAFS........................................................................................................................... 833.2.1. Normalisation......................................................................................................................................................................833.2.2. Analyse par transformée <strong>de</strong> Fourier................................................................................................................................843.2.3. Modélisations.......................................................................................................................................................................873.3. Calculs ab initio ............................................................................................................... 884. TRANSFORMATION CONTINUE EN ONDELETTES DE CAUCHY.......................................................... 904.1. Principe.......................................................................................................................... 904.2. Description numérique - Application au signal EXAFS............................................................ 904.3. Analyse <strong>de</strong> spectres EXAFS ............................................................................................... 934.3.1. Approche qualitative..........................................................................................................................................................934.3.1.1. Module / phase...........................................................................................................................................................944.3.1.2. Extraction d’arête / reconstruction du signal........................................................................................................964.3.2. Approche quantitative........................................................................................................................................................974.3.2.1. Arêtes / termes <strong>de</strong> phase...........................................................................................................................................974.3.2.2. Distorsions anharmoniques <strong>de</strong> spectres EXAFS.................................................................................................99CHAPITRE III : COMPORTEMENT DU NICKEL....................................................................... 1011. CONDITIONS AMBIANTES ....................................................................................................... 1031.1. Composés <strong>de</strong> référence (structures cristallines)..................................................................... 1031.1.1. Spectres XANES expérimentaux...................................................................................................................................1031.1.2. Calculs <strong>de</strong> spectres XANES ab initio...........................................................................................................................1061.1.2.1. Influence <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes premiers voisins................................................................................................................1061.1.2.2. Influence <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes seconds voisins .................................................................................................................1071.1.3. Calculs <strong>de</strong> spectres EXAFS ab initio............................................................................................................................1081.2. Verres silicatés............................................................................................................... 1111.2.1. Effet <strong><strong>de</strong>s</strong> modificateurs <strong>de</strong> réseau..................................................................................................................................1111.2.2. Effet du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation...................................................................................................................................1121.2.2.1. Spectres XANES.....................................................................................................................................................1121.2.2.2. Spectres EXAFS......................................................................................................................................................1148


i) Analyses qualitatives basées sur un spectre EXAFS expérimental.....................................................................116ii) Modélisations basées sur un spectre EXAFS expérimental................................................................................117iii) Modélisations basées sur un spectre EXAFS théoriques...................................................................................1191.2.3. Effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration en nickel................................................................................................................................1201.2.3.1. Spectres XANES.....................................................................................................................................................1201.2.3.2. Spectres EXAFS......................................................................................................................................................121i) Trisilicate <strong>de</strong> sodium ...................................................................................................................................................121ii) Albite .............................................................................................................................................................................1241.2.4. Effet du <strong>de</strong>gré d’oxydoréduction...................................................................................................................................1271.2.5. Teneur en eau et vitesse <strong>de</strong> trempe................................................................................................................................1281.2.5.1. Échantillon hydraté.................................................................................................................................................1281.2.5.2. Caractérisation par spectroscopie Raman...........................................................................................................1291.2.5.3. Caractérisation par spectroscopie XANES.........................................................................................................1301.2.5.4. Caractérisation par spectroscopie EXAFS..........................................................................................................1312. HAUTE TEMPÉRATURE .......................................................................................................... 1352.1. Composés <strong>de</strong> référence (cristaux) ...................................................................................... 1352.1.1. Coordinence 6....................................................................................................................................................................1352.1.2. Coordinence 4....................................................................................................................................................................1363.1.3. Coordinence 5....................................................................................................................................................................1372.2. Verres et liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés................................................................................................ 1382.2.1. Effet <strong><strong>de</strong>s</strong> modificateurs <strong>de</strong> réseau..................................................................................................................................1382.2.2. Effet du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation...................................................................................................................................1412.2.2.1. Analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES...............................................................................................................................1412.2.2.2. Analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils............................................................................................................................................1432.2.3. Effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau..................................................................................................................................................1453. HAUTE TEMPÉRATURE ET HAUTE PRESSION.............................................................................. 1483.1. Trisilicate <strong>de</strong> sodium....................................................................................................... 1483.1.1. Expérience 1 ......................................................................................................................................................................1483.1.1.1. Description <strong>de</strong> l’expérience...................................................................................................................................1483.1.1.2. Analyse <strong>de</strong> spectres XANES.................................................................................................................................1503.1.2. Expérience 2 ......................................................................................................................................................................1523.1.2.1. Description <strong>de</strong> l’expérience...................................................................................................................................1523.1.2.2. Analyse <strong>de</strong> spectres XANES.................................................................................................................................1533.1.2.3. Analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils............................................................................................................................................1543.2. Albite........................................................................................................................... 1553.2.1. Description <strong>de</strong> l’expérience............................................................................................................................................1553.2.2. Coefficient <strong>de</strong> partage......................................................................................................................................................1573.2.2.1. Analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase aqueuse (SXRF)..................................................................................................................1573.2.2.2. Analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase silicatée (PIXE)...................................................................................................................1583.2.2.3. Résultat......................................................................................................................................................................1593.3. Haplorhyolite................................................................................................................. 1603.3.1. Description <strong>de</strong> l’expérience............................................................................................................................................1603.3.1.1. Dispositif expérimental..........................................................................................................................................1603.3.1.2. Cyc<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> l’échantillon.........................................................................................................................................1619


3.3.2. Spéciation du nickel.........................................................................................................................................................1633.3.3. Coefficient <strong>de</strong> partage du nickel....................................................................................................................................1643.3.3.1. Bi<strong>la</strong>n volumique.......................................................................................................................................................1643.3.3.2. Mesure <strong><strong>de</strong>s</strong> concentrations.....................................................................................................................................166i) Solution aqueuse initiale.............................................................................................................................................166ii) Solution aqueuse à l’équilibre..................................................................................................................................1663.3.3.3. Résultat......................................................................................................................................................................1713.3.4. Densité apparente du magma hydraté...........................................................................................................................1724. CONCLUSION ....................................................................................................................... 174CHAPITRE IV : COMPORTEMENT DU ZIRCONIUM................................................................ 1771. CONDITIONS AMBIANTES ....................................................................................................... 1791.1. Composition / <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation ............................................................................... 1791.2. Effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau................................................................................................... 1821.2.1. Verres d’albite...................................................................................................................................................................1821.2.2. Verres d’haplorhyolite.....................................................................................................................................................1852. HAUTE TEMPÉRATURE ET HAUTE PRESSION.............................................................................. 1893. CONCLUSION ....................................................................................................................... 193CHAPITRE V : COMPORTEMENT DU GALLIUM ET DU GERMANIUM ................................... 1951. CONDITIONS AMBIANTES ....................................................................................................... 1971.1. Spectres XANES théoriques ............................................................................................. 1971.2. Verre <strong>de</strong> type albite (NaGaGe 3 O 8 )...................................................................................... 1982. CONDITIONS IN SITU.............................................................................................................. 2002.1. Composé NaGaGe 3 O 8 anhydre .......................................................................................... 2002.2. Composé NaGaGe 3 O 8 hydraté........................................................................................... 2013. CONCLUSION ....................................................................................................................... 204CHAPITRE VI : DISCUSSION.................................................................................................... 2051. SPÉCIATION......................................................................................................................... 2071.1. Conditions ambiantes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression .............................................................. 2071.1.1. Effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> polymérisation .............................................................................................................................................2071.1.2. Effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration................................................................................................................................................2081.1.3. Effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau ................................................................................................................................................2101.2. Conditions <strong>de</strong> haute température........................................................................................ 2141.3. Conditions <strong>de</strong> haute température et <strong>de</strong> haute pression............................................................. 2162. PROPRIÉTÉS DES MAGMAS HYDRATÉS...................................................................................... 2192.1. Coefficient <strong>de</strong> partage « eau/magma » du nickel ................................................................... 2192.2. Densité in situ <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas hydratés .................................................................................. 220CONCLUSIONS GÉNÉRALES - PERSPECTIVES ....................................................................... 223BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................... 23110


Liste <strong><strong>de</strong>s</strong> tableauxTab. II.1 – Paramètres <strong>de</strong> structure et <strong>de</strong> modélisation, extraits <strong><strong>de</strong>s</strong> modélisations <strong>de</strong> spectres EXAFS présentéesen Figure II.19............................................................................................................................... 88Tab. III.1 – Paramètres <strong>de</strong> structure et <strong>de</strong> modélisation, basés sur le spectre EXAFS expérimental <strong>de</strong> KNiPO 4 ,pour les verres NS4, NS3, NS2 et ALB contenant 2000 ppm <strong>de</strong> nickel...................................................... 118Tab. III.2 – Paramètres <strong>de</strong> structure et <strong>de</strong> modélisation pour le composé KNiPO 4 , ainsi que pour les verres NS4,NS3, NS2 et ALB contenant 2000 ppm <strong>de</strong> nickel.................................................................................. 119Tab. III.3 – Diamètres <strong><strong>de</strong>s</strong> globules <strong>de</strong> silicate fondu, mesurés directement sur <strong>la</strong> Figure III.57 ; les volumes sontcalculés sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> sphères........................................................................................................ 16511


Fig. II.2 – Allure d’un spectre d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X au voisinage d’un seuil d’absorption. Mise en évi<strong>de</strong>nce<strong><strong>de</strong>s</strong> régions du pré-seuil, du XANES et <strong>de</strong> l’EXAFS. .............................................................................. 64Fig. II.3 – Corré<strong>la</strong>tion entre les pré-seuils normalisés enregistrés au seuil K du nickel pour différents cristaux, et<strong>la</strong> coordinence du nickel. ................................................................................................................. 66Fig. II.4 – Variation <strong>de</strong> <strong>la</strong> position du seuil d’absorption en fonction du <strong>de</strong>gré d’oxydoréduction duphotoabsorbeur. Exemple <strong>de</strong> spectres XANES enregistrés au seuil K du fer pour les composés FeCO 3 etFe 2 (SO 4 ) 3 , contenant Fe 2+ et Fe 3+ , respectivement. ................................................................................ 67Fig. II.5 – Schéma 2D représentant <strong><strong>de</strong>s</strong> exemples <strong>de</strong> phénomènes d’interférence <strong>de</strong> l’on<strong>de</strong> associée à l’éjectiond’un électron <strong>de</strong> cœur ; (2) mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> diffusion simple ; (3) mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> diffusion multiple d’ordre trois ; (4 et 4’)mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> diffusion multiple d’ordre quatre.......................................................................................... 68Fig. II.6 – Mise en évi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> signatures spectrales <strong>de</strong> spectres XANES au seuil K du nickel pour différentscomposés cristallisés contenant du nickel en coordinence 6. ................................................................... 69Fig. II.7 – (a) Coefficient d’absorption massique du nickel, mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> discontinuité K ; (b)détermination du saut d’absorption ∆µ pour un spectre XANES enregistré au seuil K du nickel..................... 70Fig. II.8 – (gauche) Représentation schématique <strong><strong>de</strong>s</strong> différents éléments constituant un synchrotron ; (droite)photographie aérienne du synchrotron APS, Chicago, USA. ................................................................... 75Fig. II.9 – Photographies <strong>de</strong> différents aimants <strong>de</strong> courbures du synchrotron ESRF, Grenoble, France : (a)wiggler ; (b) onduleur. .................................................................................................................... 75Fig. II.10 – Représentation schématique <strong>de</strong> monochromateurs, (a) à <strong>de</strong>ux monocristaux, vue <strong>de</strong> côté ; (b) <strong>de</strong> type« dispersif d’énergie », vue <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sus. ................................................................................................ 77Fig. II.11 – Représentation schématique d’un système <strong>de</strong> détection en première transmission, en fluorescence eten secon<strong>de</strong> transmission................................................................................................................... 79Fig. II.12 – Photographies <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes lignes expérimentales utilisées.................................................. 80Fig. II.13 – Normalisation d’un spectre XANES au seuil K du nickel, (a) modélisation <strong>de</strong> l’avant-seuil sur lespectre brut ; (b) modélisation du seuil d’absorption ; (c) spectre XANES normalisé. .................................. 81Fig. II.14 – Normalisation d’un pré-seuil au seuil K du nickel, (a) modélisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> base du pré-seuilbrut ; (b) modélisation numérique du pré-seuil normalisé....................................................................... 82Fig. II.15 – (a) Détermination empirique du seuil d’absorption E 0 correspondant à l’élément excite (seuil K dunickel) et conversion en énergie re<strong>la</strong>tive ; (b) conversion du spectre EXAFS en vecteur d’on<strong>de</strong>. .................... 83Fig. II.16 – (a) Extraction <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> base du spectre EXAFS pondéré par k 3 ; (b) spectre EXAFS normalisé.................................................................................................................................................... 84Fig. II.17 – (a) Spectre EXAFS pondéré par k 3 , et convolué par <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> Kaiser-Bessel ; (b) partieimaginaire, partie réelle et magnitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformée <strong>de</strong> Fourier du spectre EXAFS................................ 85Fig. II.18 – (a) Fenêtrage du spectre <strong>de</strong> <strong>la</strong> TF localisé sur le pic correspondant aux atomes premiers voisins ;(b) reconstruction du signal EXAFS filtré par transformée <strong>de</strong> Fourier inverse............................................ 86Fig. II.19 – (a) Spectre EXAFS normalisé, enregistré au seuil K du nickel pour NiO, et modélisation <strong>de</strong> <strong>la</strong>contribution liée aux atomes d’oxygène premiers voisins ; (b) Modélisation à <strong>de</strong>ux couches du spectre EXAFSnormalisé, enregistré au seuil K du nickel pour un verre <strong>de</strong> composition Na 2 Si 3 O 7 (Ni-0,2 p.%)..................... 87Fig. II.20 – Comparaison <strong>de</strong> spectres XAFS expérimentaux et théoriques, au seuil K du nickel, pour un cristal <strong>de</strong>bunsénite (NiO), (a) spectres XANES ; (b) spectres EXAFS..................................................................... 8914


Fig. II.21 – (a) Spectre EXAFS expérimental <strong>de</strong> <strong>la</strong> bunsénite, pondéré par k 3 et enregistré au seuil K du nickel ;(b) magnitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> TF ; (c) module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT ; (d) phase <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT. ................................................ 94Fig. II.22 – (a) Visualisation 3D du module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT ; (b) visualisation 3D du spectre EXAFS totaldécomposé dans l’espace (k,R’)......................................................................................................... 95Fig. II.23 – (a) Module 2D <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT pour le spectre EXAFS théorique <strong>de</strong> NiO au seuil K du nickel (Fig.II.20a) ; (b) comparaison <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes contributions extraites du calcul théorique et <strong>de</strong> l’analyse par CCWT.................................................................................................................................................... 96Fig. II.24 – (a) Spectre EXAFS théorique (seuil K <strong>de</strong> Ni) du cluster NiO 6 ; (b) analyse par CCWT (module) ; (c)arête extraite du module ; (d) reconstruction <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase basée sur l’arête. ............................................... 98Fig. II.25 – (a) Spectre EXAFS théorique calculé au seuil K du nickel pour un cluster <strong>de</strong> type NiO 5 distordu ; (b)analyse par CCWT (module)............................................................................................................. 99Fig. II.26 – (a) Arête <strong>de</strong> référence « NiO 6 » modélisée linéairement (voir Fig. II.24c) et « NiO 5 », extraite dumodule <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT (Fig. II.25b), modélisée par un polynôme du second <strong>de</strong>gré ; (b) phases correspondantesreconstruites, et modélisées selon l’Équation II.24.............................................................................. 100Fig. III.1 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour <strong><strong>de</strong>s</strong> composés <strong>de</strong> référence cristalliséscontenant du nickel en coordinence 6, 5 et 4. ..................................................................................... 104Fig. III.2 – (a) Pré-seuils normalisés, enregistrés pour <strong><strong>de</strong>s</strong> composés <strong>de</strong> référence contenant du nickel encoordinence 6, 5 et 4 ; (b) positions <strong><strong>de</strong>s</strong> maximums <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils, déterminées par modélisation................. 105Fig. III.3 – (a) Spectres XANES théoriques, calculés ab initio pour <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters <strong>de</strong> type NiO 6 , NiO 5 et NiO 4extraits, respectivement, <strong><strong>de</strong>s</strong> structures cristallines Ni 3 Si 2 O 5 (OH) 4 , KNiPO 4 et NiCr 2 O 4 ; (b) variation <strong>de</strong> <strong>la</strong>coordinence du nickel en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion C. ......................................... 106Fig. III.4 – Spectres XANES théoriques, calculés ab initio pour <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters <strong>de</strong> types NiO 6 et NiO 6 Ni 12 basés sur<strong>la</strong> structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> bunsénite (NiO).................................................................................................... 107Fig. III.5 – Spectres EXAFS calculés au seuil K du nickel pour les clusters, (a) NiO 6 Ni 6 ; (b) NiO 6 Si 6 . .......... 109Fig. III.6 – Analyse par CCWT (modules) pour les spectres EXAFS (Fig. III.5) correspondant aux clusters, (a)NiO 6 Ni 6 ; (b) NiO 6 Si 6 ..................................................................................................................... 109Fig. III.7 – Contributions EXAFS « seconds voisins » (6 Ni et 6 Si), (a) théoriques « brutes » ; (b) filtrées parCCWT. ....................................................................................................................................... 110Fig. III.8 – (a) Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres nickélifères <strong>de</strong> types« feldspaths » contenant différents modificateurs <strong>de</strong> réseau : calcium, sodium et potassium ; (b) détermination <strong>de</strong><strong>la</strong> coordinence du nickel basée sur <strong>la</strong> position <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS (voir Fig. III.3b)............... 111Fig. III.9 – (a) Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel (2000 ppm) pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres présentantdifférents <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> polymérisation : NS2, NS3, NS4 et ALB ; (b) détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence moyenne dunickel basée sur <strong>la</strong> position <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS............................................................... 112Fig. III.10 – (a) Pré-seuils normalisés, enregistrés au seuil K du nickel (2000 ppm) pour les verres NS2, NS3,NS4 et ALB ; (b) localisation du maximum <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils normalisés sur le diagramme hauteur/énergie <strong>de</strong>référence..................................................................................................................................... 113Fig. III.11 – Spectres EXAFS enregistrés au seuil K du nickel pour le composé <strong>de</strong> référence :KNiPO 4 , ainsi quepour les verres NS2, NS3, NS4 et ALB contenant chacun 2000 ppm <strong>de</strong> nickel........................................... 11415


Fig. III.12 – Modules <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses par CCWT <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS enregistrés au seuil K du nickel (2000 ppm)pour les composés (a) NS4 ; (b) NS3 ; (c) NS2 ; (d) ALB. ..................................................................... 115Fig. III.13 – Analyse du signal correspondant aux atomes d’oxygène premiers voisins pour les composésKNiPO 4 , NS4, NS3, NS2 et ALB ; (a) arêtes extraites <strong><strong>de</strong>s</strong> modules <strong>de</strong> CCWT ; (b) EXAFS filtrés par CCWT. . 117Fig. III.14 – (a) Termes <strong>de</strong> phase, et modélisations pour les spectres EXAFS présentés en Figure III.13b ; (b)différences <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase, et modélisations................................................................................ 118Fig. III.15 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour <strong><strong>de</strong>s</strong> concentrations en nickel variantd’environ 40 ppm à 2 p.% dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> types : (a) NS3 ; (b) ALB................................................... 121Fig. III.16 – Spectres EXAFS normalisés, enregistrés au seuil K <strong>de</strong> Ni, et analyses par CCWT, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres<strong>de</strong> type NS3 contenant (a) 2000 ppm <strong>de</strong> nickel ; (b) 2,0 p.% <strong>de</strong> nickel. .................................................... 122Fig. III.17 – (a) Reconstructions <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS filtrés, basées sur les arêtes A (Fig. III.16), pour lescontributions d’atomes premiers voisins ; (b) termes <strong>de</strong> phase, et modélisations. ...................................... 123Fig. III.18 – Reconstructions <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS filtrés, basées sur les arêtes B (Fig. III.16), pour lescontributions d’atomes seconds voisins............................................................................................. 124Fig. III.19 – Spectres EXAFS normalisés, enregistrés au seuil K <strong>de</strong> Ni, et analyses par CCWT, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres<strong>de</strong> type ALB contenant (a) 2000 ppm <strong>de</strong> nickel ; (b) 2,0 p.% <strong>de</strong> nickel..................................................... 125Fig. III.20 – (a) Reconstructions <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS filtrés, basées sur les arêtes A (Fig. III.19), pour lescontributions d’atomes premiers voisins ; (b) termes <strong>de</strong> phase, et modélisations. ...................................... 125Fig. III.21 – Reconstructions <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS filtrés, basées sur les arêtes B (Fig. III.19), pour lescontributions d’atomes seconds voisins............................................................................................. 126Fig. III.22 – (a) Combinaisons linéaires entre <strong>de</strong>ux spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel, pour uncomposé <strong>de</strong> nickel métallique (Ni 0 ) et pour un verre d’albite contenant 2,0 p.% <strong>de</strong> Ni 2+ ; (b) zoom sur <strong>la</strong> régionpré-seuil. .................................................................................................................................... 127Fig. III.23 – Photographie d’un verre d’albite hydraté contenant 0,2 p.% <strong>de</strong> nickel, ayant subit une trempeestimée à environ 400 °C/s en périphérie <strong>de</strong> l’échantillon (ALB Hydr_RQ ).................................................... 128Fig. III.24 – Spectres Raman enregistrés pour les verres ALB Hydr_RQ (bord et centre) et ALB Hydr , (a) entre 200 et1400 cm -1 ; (b) entre 2800 et 3800 cm -1 . ............................................................................................ 129Fig. III.25 – (a) Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour l’échantillon présenté sur <strong>la</strong> Figure III.23(bord et centre), ainsi que pour un verre d’albite hydraté ; (b) détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence moyenne dunickel basée sur <strong>la</strong> position <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS............................................................... 130Fig. III.26 – (a) Spectres EXAFS normalisés, enregistrés au seuil K du nickel pour le verre ALB Hydr_RQ , au bor<strong>de</strong>t au centre <strong>de</strong> l’échantillon (voir Fig. III.23) ; (b) analyse par TF <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS............................. 131Fig. III.27 – Analyse par CCWT <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS présentés sur <strong>la</strong> Figure III.26a, (a) bord <strong>de</strong> l’échantillon ;(b) centre <strong>de</strong> l’échantillon. ............................................................................................................. 132Fig. III.28 – (a) Reconstructions <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS filtrés, basées sur les arêtes A (Fig. III.27), pour lescontributions d’atomes premiers voisins ; (b) termes <strong>de</strong> phase, et modélisations. ...................................... 132Fig. III.29 – Reconstructions <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS filtrés, basées sur les arêtes B (Fig. III.27), pour lescontributions d’atomes seconds voisins............................................................................................. 133Fig. III.30 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour, (a) NiO entre 25 et 1520 °C ; (b) Ni 2 SiO 4entre 25 et 1545 °C....................................................................................................................... 13516


Fig. III.31 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour, (a) NiCr 2 O 4 entre 25 et 1425 °C ; (b)Rb 2 NiSi 5 O 12 entre 25 et 910 °C. ....................................................................................................... 136Fig. III.32 – (a) Représentation 3D <strong>de</strong> l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température pour le composéRb 2 NiSi 5 O 12 ; (b) positions <strong><strong>de</strong>s</strong> maximums <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils, déterminées par modélisation............................. 137Fig. III.33 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour le composé KNiPO 4 entre 25 et 1090 °C : (a)représentation à 2D ; (b) représentation à 3D.................................................................................... 137Fig. III.34 – (a) Représentation 3D <strong>de</strong> l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils, pour le composé KNiPO 4 (Fig. III.33), enfonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température ; (b) positions <strong><strong>de</strong>s</strong> maximums <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils, déterminées par modélisation. ........ 138Fig. III.35 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour le verre K 2 NiSi 3 O 8 entre 25 et 630 °C...... 139Fig. III.36 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour le verre Na 2 NiSi 3 O 8 entre 25 et 630 °C.... 140Fig. III.37 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour le verre CaNiSi 2 O 6 entre 25 et 630 °C..... 140Fig. III.38 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour les compositions (a) NS2 (2000 ppm <strong>de</strong>nickel) entre 25 et 1030 °C ; (b) ALB (2000 ppm <strong>de</strong> nickel) entre 25 et 1100 °C........................................ 142Fig. III.39 – Pré-seuils « bruts », (a) entre 25 et 390 °C pour le verre NS2 ; (b) entre 25 et 450 °C pour le verreALB. .......................................................................................................................................... 143Fig. III.40 – Représentation à 3D <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils normalisés pour les verres, (a) NS2 entre 25 et 1030 °C ; (b)ALB entre 25 et 1100 °C. ............................................................................................................... 144Fig. III.41 – Positions du maximum <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils correspondant aux verres (a) NS2 entre 25 et 1030 °C ; (b)ALB entre 25 et 1100 °C. ............................................................................................................... 144Fig. III.42 – (a) Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel, à haute température pour un verre hydraté <strong>de</strong>type NS3 (2 p.% Ni, 8 p.% H 2 O) ; (b) détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence moyenne du nickel basée sur <strong>la</strong> position<strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion C.......................................................................................................................... 146Fig. III.43 – Photographie d’un chargement constitué d’un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> poudres (NS3 ; 2,5 p.% <strong>de</strong> NiO) dansune matrice d’eau distillée.............................................................................................................. 148Fig. III.44 – Images par microscopie optique et par transmission <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X à travers une cellule à enclumesdiamants, pour un échantillon constitué d’un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> poudres (NS3 ; 2,5 p.% <strong>de</strong> NiO) dans une matriceaqueuse. ..................................................................................................................................... 149Fig. III.45 – (a) Spectres XANES enregistrés en cellule à enclumes diamants, au seuil K du nickel, pour unéchantillon constitué d’un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> poudres (NS3 ; 2,5 p.% <strong>de</strong> NiO) dans une matrice aqueuse ; (b)détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence du nickel basée sur l’oscil<strong>la</strong>tion C <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES. .......................... 150Fig. III.46 – Images obtenues en cellule à enclumes diamants, après cyc<strong>la</strong>ge à HT/HP, pour un échantilloninitial constitué <strong>de</strong> fragments <strong>de</strong> verre (NS3 ; 2,0 p.% <strong>de</strong> Ni) et d’une matrice d’eau distillée. ..................... 152Fig. III.47 – Spectres XANES enregistrés en cellule à enclumes diamants, au seuil K du nickel, pour unéchantillon constitué <strong>de</strong> poudre <strong>de</strong> verre (NS3), d’un grain <strong>de</strong> bunsénite (NiO) et d’une matrice aqueuse. ..... 153Fig. III.48 – (a) Modélisation <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils normalisés présentés sur <strong>la</strong> Figure III.47 ; (b) positions <strong><strong>de</strong>s</strong>maximums <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils, reportées sur le digramme hauteur/énergie <strong>de</strong> référence. .................................. 154Fig. III.49 – Cyc<strong>la</strong>ge en cellule à enclumes diamants, jusqu’à 880 °C et 1,15 GPa, d’un verre d’albite contenantenviron 4 p.% d’eau, dans une solution aqueuse chlorée contenant 0,35 M <strong>de</strong> nickel. ................................ 156Fig. III.50 – Photographies par microscopie électronique à ba<strong>la</strong>yage <strong>de</strong> divers globules silicatés obtenus aprèscyc<strong>la</strong>ge en cellule à enclumes diamants (voir Fig. III.49). .................................................................... 15717


Fig. III.51 – Spectres SXRF pour <strong>la</strong> solution aqueuse à 25 °C / 0,1 MPa, avant et après le cyc<strong>la</strong>ge entempérature................................................................................................................................. 158Fig. III.52 – (a) Cartographie PIXE réalisée sur un globule <strong>de</strong> silicate vitreux (voir Fig. III.49h) ; (b) spectrePIXE obtenu pour les évènements <strong>de</strong> fluorescence X localisés sur <strong>la</strong> surface totale du globule..................... 159Fig. III.53 – Dispositif expérimental, (gauche) photographie ; (droite) représentation schématique.............. 160Fig. III.54 – Cyc<strong>la</strong>ge en cellule à enclumes diamants, jusqu’à 780 °C et 520 MPa, d’un verre d’haplorhyolitesursaturé en eau dans une solution aqueuse contenant 0,35 M <strong>de</strong> nickel.................................................. 162Fig. III.55 – Photographie obtenue par microscopie électronique à ba<strong>la</strong>yage pour divers globules silicatés,après cyc<strong>la</strong>ge en cellule à enclumes diamants (voir Fig. III.54). ............................................................ 163Fig. III.56 – (a) Spectres XANES normalisés, enregistrés au seuil K du nickel pour l’échantillon décrit sur <strong>la</strong>Figure III.54 dans les conditions ambiantes ainsi qu’à haute température et haute pression ; (b) détermination<strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence du nickel basée sur l’oscil<strong>la</strong>tion C <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES............................................... 163Fig. III.57 – Photographie optique <strong>de</strong> l’échantillon à 780 °C et 520 MPa ; chaque globule <strong>de</strong> silicate fondu prisen compte pour le calcul <strong>de</strong> volume est in<strong>de</strong>xé.................................................................................... 165Fig. III.58 – Détermination <strong><strong>de</strong>s</strong> sauts d’absorption par modélisation en « arctangente » <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANESbruts, enregistrés au seuil K du nickel pour <strong>la</strong> solution aqueuse à 25 °C / 0,1 MPa et 780 °C / 520 MPa. ...... 167Fig. III.59 – Spectres SXRF pour <strong>la</strong> solution aqueuse à 25 °C / 0,1 MPa et à 780 °C / 520 MPa ; l’énergie dufaisceau inci<strong>de</strong>nt est <strong>de</strong> 8450 eV. ..................................................................................................... 168Fig. III.60 – (a) Cartographie PIXE réalisée sur un globule <strong>de</strong> silicate vitreux (voir Fig. III.57) ; (b) spectrePIXE obtenu pour les évènements <strong>de</strong> fluorescence X correspondant à <strong>la</strong> partie centrale du globule (zone sombre<strong>de</strong> <strong>la</strong> cartographie). ...................................................................................................................... 170Fig. III.61 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour <strong>la</strong> phase silicatée à 780 °C / 520 MPa et à25 °C / 0,1 MPa (trempe)............................................................................................................... 172Fig. IV.1 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du zirconium pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> type NS3, ALB et AOQcontenant 2000 ppm <strong>de</strong> Zr.............................................................................................................. 179Fig. IV.2 – (a) Spectres EXAFS enregistrés au seuil K du zirconium, normalisés et pondérés par k 3 pour lesverres <strong>de</strong> type NS3, ALB et AOQ ; (b) analyses par TF <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS............................................. 180Fig. IV.3 – (a) Contributions EXAFS liées aux atomes d’oxygène premiers voisins, filtrées par CCWT, pour lesverres NS3, ALB et AOQ ; (b) modélisations <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase. ......................................................... 181Fig. IV.4 – Spectres Raman pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> type albite (2000 ppm <strong>de</strong> Zr) contenant 0, 4 et 8 p.% d’eau, entre(a) 200 et 1400 cm -1 ; (b) 2800 et 3800 cm -1 ....................................................................................... 182Fig. IV.5 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du zirconium pour les verres <strong>de</strong> type albite (2000 ppm <strong>de</strong> Zr)contenant 0,0, 4,0 et 7,8 p.% d’eau. ................................................................................................. 183Fig. IV.6 – (a) Spectres EXAFS enregistrés au seuil K du zirconium, normalisés et pondérés par k 3 pour lesverres <strong>de</strong> type albite contenant 0,0, 4,0 et 7,8 p.% d’eau ; (b) analyses par TF <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS.............. 184Fig. IV.7 – (a) Contributions EXAFS liées aux atomes d’oxygène premiers voisins, filtrées par CCWT, pour lesverres ALB contenant 0,0, 4,0 et 7,8 p.% d’eau ; (b) modélisations <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase............................. 184Fig. IV.8 – Spectres Raman pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres d’albite (2000 ppm <strong>de</strong> Zr) contenant 0, 4 et 8 p.% d’eau, entre (a)200 et 1400 cm -1 ; (b) 2800 et 3800 cm -1 ............................................................................................ 18518


Fig. IV.9 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du zirconium pour les verres <strong>de</strong> type haplorhyolite (2000 ppm<strong>de</strong> Zr) contenant 0,0, 3,9 et 8,2 p.% d’eau. ........................................................................................ 186Fig. IV.10 – (a) Spectres EXAFS enregistrés au seuil K du zirconium, normalisés et pondérés par k 3 pour lesverres <strong>de</strong> type haplorhyolite contenant 0,0, 3,9 et 8,2 p.% d’eau ; (b) analyses par TF <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS. .. 187Fig. IV.11 – (a) Contributions EXAFS liées aux atomes d’oxygène premiers voisins, filtrées par CCWT, pour lesverres AOQ contenant 0,0, 3,9 et 8,2 p.% d’eau ; (b) modélisations <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase............................ 187Fig. IV.12 – Spectres XANES normalisés, enregistrés au seuil K du zirconium pour un verre <strong>de</strong> type NS3(~ 0,5 p .% <strong>de</strong> Zr) entre 0,1 MPa et 5 GPa, et entre 25 et 1200 °C ; (a) spectres « bruts » ; (b) spectres filtrés <strong><strong>de</strong>s</strong>« hautes fréquences » (bruit statistique). ........................................................................................... 189Fig. IV.13 – Caractérisation <strong>de</strong> l’interface « capsule/échantillon », après cyc<strong>la</strong>ge in situ, par microscopieélectronique à ba<strong>la</strong>yage................................................................................................................. 191Fig. IV.14 – Caractérisation <strong>de</strong> l’interface « capsule/échantillon », après cyc<strong>la</strong>ge in situ, par microson<strong>de</strong>ionique ; (gauche) bore et silicium ; (droite) bore et sodium. ................................................................ 191Fig. V.1 – Spectres XANES calculés ab initio, (a) au seuil K <strong>de</strong> Ga pour <strong><strong>de</strong>s</strong> structures <strong>de</strong> type NaGaSi 3 O 8 etLiGaSi 2 O 6 ; (b) au seuil K <strong>de</strong> Ge pour une structure <strong>de</strong> type NaAlGe 3 O 8 .................................................. 198Fig. V.2 – Spectres XANES enregistrés pour un verre <strong>de</strong> type albite NaGaGe 3 O 8 , (a) au seuil K du gallium ; (b)au seuil K du germanium. .............................................................................................................. 199Fig. V.3 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du germanium pour un verre <strong>de</strong> type NaGaGe 3 O 8 , (a) entre 25et 910 °C à pression ambiante ; (b) entre 25 et 855 °C à 2,2 GPa. ......................................................... 200Fig. V.4 – Spectres XANES enregistrés pour un verre <strong>de</strong> type NaGaGe 3 O 8 à <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions inférieures à500 MPa, (a) au seuil K du gallium, entre 25 et 650 °C ; (b) au seuil K du germanium entre 25 et 884 °C. .... 202Fig. VI.1 − Modèles structuraux selon <strong>la</strong> théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> « Bond Valence » pour l’environnement du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong>verres <strong>de</strong> type, (a) NS3 ou albite (Ni-2000 ppm) ; (b) albite (Ni-2 p.%). .................................................. 210Fig. VI.2 – Modèles structuraux selon <strong>la</strong> théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> « Bond Valence » pour l’environnement du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong>verres hydratés <strong>de</strong> type, (a) NS3 ; (b) albite. ...................................................................................... 213Fig. VI.3 − Modèles structuraux selon <strong>la</strong> théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> « Bond Valence » pour l’environnement du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong>liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés à haute température, basés sur <strong>la</strong> présence d’atomes seconds voisins <strong>de</strong> silicium (a), oud’aluminium (b). .......................................................................................................................... 215Fig. VI.4 − Modèle structural selon <strong>la</strong> théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> « Bond Valence » pour l’environnement du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong>liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés hydratés <strong>de</strong> type NS3 ou haplorhyolite à haute pression et haute température. .................. 218Fig. VII.1 − Spectres XANES enregistrés en cellule à enclumes diamant pour un verre <strong>de</strong> type haplorhyolite (Fe-1,0 p.%) et pour une solution aqueuse chlorée (Fe-0,3 M). ................................................................... 23019


Liste <strong><strong>de</strong>s</strong> annexesAnnexe 1 – Transition elements in water-bearing silicate g<strong>la</strong>sses/melts. Part I. A high-resolution andanharmonic analysis of Ni coordination environments in crystals, g<strong>la</strong>sses, and melts ................................ 253Annexe 2 – Transition elements in water-bearing silicate g<strong>la</strong>sses/melts. Part II. Ni in water-bearing g<strong>la</strong>sses . 255Annexe 3 – Analyse chimique <strong><strong>de</strong>s</strong> verres synthétisés............................................................................ 257Annexe 4 – Titration du nickel par l’EDTA........................................................................................ 25921


Introduction générale23


1. Contexte géologiqueLes diverses manifestations du volcanisme comptent parmi les processus géologiquesmajeurs <strong>de</strong> notre p<strong>la</strong>nète. Les basaltes, au sens <strong>la</strong>rge du terme, sont les constituants principaux<strong><strong>de</strong>s</strong> fonds océaniques et représentent près <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface du globe. Ils constituenten outre <strong>de</strong> vastes p<strong>la</strong>teaux continentaux, au Brésil, au Dekkan, dans le nord-ouest <strong><strong>de</strong>s</strong> États-Unis, en Sibérie ou encore en Afrique orientale. Par ailleurs, les manifestations sub-aériennesdu volcanisme représentent, à ce jour, environ 600 volcans en activité, dont une centaine,i<strong>de</strong>ntifiés à haut risque par l’UNESCO, est localisée sur <strong>la</strong> « Ceinture <strong>de</strong> Feu » du Pacifique,principalement dans <strong><strong>de</strong>s</strong> pays à forte <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion. Ainsi, l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> rochesbasaltiques et <strong><strong>de</strong>s</strong> roches volcaniques « aci<strong><strong>de</strong>s</strong> », particulièrement abondantes dans les arcsinsu<strong>la</strong>ires et dans diverses cordillères, recouvrent près <strong><strong>de</strong>s</strong> trois quarts <strong>de</strong> l’écorce terrestre. Sià cette importance quantitative on ajoute le rôle primordial que le volcanisme a joué et joueencore au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynamique <strong>de</strong> <strong>la</strong> lithosphère, <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> gîtes métallifères ouencore <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition <strong>de</strong> l’atmosphère, on conçoit que son étu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> même que celle <strong>de</strong> sesproduits, représente un enjeu <strong>de</strong> premier ordre.Dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, nous nous intéressons en particulier au volcanisme d’arc(Cordillère <strong><strong>de</strong>s</strong> An<strong><strong>de</strong>s</strong>, Indonésie, Japon, etc.) ; ce type <strong>de</strong> volcanisme étant associé à <strong><strong>de</strong>s</strong>zones <strong>de</strong> subduction (voir Fig. 1). Dans ce type <strong>de</strong> contexte géologique, les magmas sontsouvent très riches en composés vo<strong>la</strong>tils et notamment en eau (Taran et al. 2001). Ilsproviennent généralement d'une fusion partielle entre <strong><strong>de</strong>s</strong> sédiments hydratés entraînés dans <strong>la</strong>fosse <strong>de</strong> subduction, <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux basaltiques hydratés provenant <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie supérieure <strong>de</strong><strong>la</strong> croûte océanique, et <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux ultrabasiques provenant du manteau supérieur(Staudacher et Allègre 1988 ; Liu et al. 1996 ; Furukawa et Tatsumi 1999 ; Prouteau et al.1999 ; Prouteau et al. 2001 ; Scambelluri et Philippot 2001).Fig. 1 – Représentation schématique d’une zone <strong>de</strong> subduction et du volcanisme associé.25


La forte teneur en eau <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux mis en jeu au niveau du p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> Wadati-Benioff(basaltes, sédiments), abaisse significativement les températures <strong>de</strong> fusions. En effet, unequantité mineure d’eau peut abaisser <strong>de</strong> plusieurs dizaines, voire centaines <strong>de</strong> <strong>de</strong>grés <strong>la</strong>température <strong>de</strong> fusion d’un système silicaté (Dingwell 1998). Ainsi, malgré les faiblesgradients géothermiques caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> zones <strong>de</strong> subduction, les magmas se forment à<strong><strong>de</strong>s</strong> profon<strong>de</strong>urs re<strong>la</strong>tivement faibles <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> quelques centaines <strong>de</strong> kilomètres, ce quicorrespond typiquement à <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions d'environ 2 GPa pour <strong><strong>de</strong>s</strong> températures avoisinant1000 °C (Bul<strong>la</strong>rd 1984).Les magmas silicatés hydratés ainsi formés sont re<strong>la</strong>tivement peu <strong>de</strong>nses du fait,notamment, <strong>de</strong> leurs teneurs en eau (environ 2,2 g/cm 3 , d’après Ochs and Lange 1999 ; Richetet al. 2000). Ils remontent alors vers <strong>la</strong> surface par différence <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité à travers <strong>la</strong> croûtecontinentale ; cette <strong>de</strong>rnière présentant une <strong>de</strong>nsité moyenne <strong>de</strong> 2,8 g/cm 3 . Au cours <strong>de</strong> leurascension à travers les failles et fractures <strong>de</strong> <strong>la</strong> croûte continentale, les magmas sont plus oumoins contaminés par les roches encaissantes (Bernard-Griffiths et al. 1997 ; Wal<strong>la</strong>ce etCarmichael 1999). Leurs compositions chimiques évoluent alors progressivement pour<strong>de</strong>venir généralement aci<strong><strong>de</strong>s</strong>, calco-alcalines, et <strong>de</strong> type andésitiques, dacitiques ou encorerhyolitiques (Bul<strong>la</strong>rd 1984). Selon différents paramètres comme <strong>la</strong> composition, <strong>la</strong> pressionou <strong>la</strong> température, les teneurs en eau <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas calco-alcalins sont actuellement estiméesentre 2 et 8 p.% environ (Holtz et Johannes 1994 ; Holtz et al. 2001).Lors <strong>de</strong> l'ascension magmatique, <strong>la</strong> limite <strong>de</strong> saturation en eau du magma diminueprogressivement avec <strong>la</strong> pression. Lorsque le seuil critique (niveau d’exsolution) est atteint,l’eau dissoute est expulsée du liqui<strong>de</strong> silicaté, faisant ainsi apparaître <strong>de</strong>ux phases distinctes :une phase aqueuse et une phase silicatée. La <strong>de</strong>nsité apparente du magma diminue alorsbrutalement alors que sa viscosité augmente considérablement (Dingwell et al. 1996). Detelles modifications <strong><strong>de</strong>s</strong> propriétés physiques et mécaniques <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas sont à l’origine <strong>de</strong>processus éruptifs généralement très violents (Massol et Jaupart 1999). Ces <strong>de</strong>rniers setraduisent le plus souvent par une expulsion brutale <strong>de</strong> nuages <strong>de</strong> matière incan<strong><strong>de</strong>s</strong>cente et <strong>de</strong>gaz pouvant atteindre <strong>la</strong> stratosphère, alors que <strong><strong>de</strong>s</strong> coulées pyroc<strong>la</strong>stiques déferlent àplusieurs centaines <strong>de</strong> kilomètres par heure sur les f<strong>la</strong>ncs <strong><strong>de</strong>s</strong> volcans. Certaines éruptionsmajeures récentes peuvent en témoigner, comme celle du Mont St Helens (USA) en 1981, ouencore du Mont Galunggung (Java, Indonésie) en 1982.26


2. Aspect géochimiqueDe nombreux éléments <strong>de</strong> transition sont présents en plus ou moins gran<strong>de</strong> quantité,généralement à l’état <strong>de</strong> traces, dans les magmas calco-alcalins (Ti, Mn, Co, Ni, Cu, Zn, Zr,Au, etc.). En particulier, le fer représente l'élément <strong>de</strong> transition <strong>la</strong>rgement majoritaire dans cetype <strong>de</strong> magma, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 5 à 10 p.% (Monzier et al. 1997). Ces différentséléments peuvent jouer un rôle important au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> propriétés physiques et structurales<strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes magmatiques (voir entre autres Dumas et al. 1985 ; Hess 1991 ; Navrotsky1993 ; Dingwell et al. 1994 ; Liebske et al. 2003). Par ailleurs, en fonction <strong>de</strong> leurs propriétésatomiques (rayons ioniques, structures électroniques, etc.), ces éléments peuvent en effetadopter différents comportements au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas (coefficients <strong>de</strong> partage « liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>ilicaté – cristaux » par exemple ; voir entre autres Takahashi 1978 ; Tsang et al. 1978 ;Mahood et Hildreth 1983 ; Dostal et al. 1983 ; Nash et Crecraft 1985). Plus particulièrement,<strong>de</strong> nombreuses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> ont montré, pour ce type <strong>de</strong> système magmatique, que les libérations <strong>de</strong>vapeur d'eau et <strong>de</strong> gaz (CO 2 , H 2 S, HCl, HF, etc.) peuvent mobiliser différents élémentscomme Cr, Ni, Co, Cu, Zn, ou encore As, Se, Cd, Sn, Hg, Pb, etc. (Symonds et al. 1987 ;Taran et al. 1995 ; Nho et al. 1996 ; Allen et al. 2000). Il est alors possible <strong>de</strong> déterminer <strong><strong>de</strong>s</strong>coefficients <strong>de</strong> partage entre les liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés et les solutions aqueuses exsolvées (Websteret al. 1989 ; Ayers et Eggler 1995 ; Kogiso et al. 1997 ; Schafer et al. 1999 ; Bai et Kostervan Groos 1999 ; Bureau et al. 2000) ; <strong>de</strong> telles informations étant essentielles, notammentpour <strong>la</strong> compréhension <strong><strong>de</strong>s</strong> mécanismes géochimiques liés à <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> gisementsmétallifères en conditions hydrothermales (Fe, Cu, Pb, Zn, mais aussi W, Mo, Bi, Sn, Au, Ag,etc. ; Bernard 1985 ; Symonds et Reed 1993 ; He<strong>de</strong>nquist et Lowenstern 1994 ; Taran et al.2001).Toutefois, les interactions entre l’eau et les éléments <strong>de</strong> transition au sein du liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>ilicaté à haute température et haute pression restent à ce jour mal connues, et les nombreusesétu<strong><strong>de</strong>s</strong> in situ réalisées dans ce domaine consistent principalement à <strong>la</strong> caractérisationphysique et structurale <strong>de</strong> systèmes anhydres. Certaines étu<strong><strong>de</strong>s</strong> récentes ont cependant permis<strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce divers effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau sur l’environnement structurald’éléments <strong>de</strong> transition dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verres silicatés en conditions ambiantes (entre autres, Ti :Farges et Brown 1997 ; Co et Ni : Nowak et Keppler 1998 ; Fe :Wilke et al. 1999). Nouspouvons noter en particulier un changement radical <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure locale autour du nickel enfonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau dans différents verres silicatés (voir Chapitre 1 ci-après) ; cet27


élément <strong>de</strong> transition présentant un comportement fortement compatible au cours <strong>de</strong>phénomènes <strong>de</strong> cristallisation fractionnée. En revanche, dans le cas du zirconium (élément <strong>de</strong>transition incompatible), aucun effet majeur dû à <strong>la</strong> teneur en eau n’a pu être observé sur sonenvironnement structural local (Farges et Rossano 2000).Dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, nous nous intéressons donc en particulier aucomportement <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux éléments modificateurs <strong>de</strong> réseau, le nickel et le zirconium, dansdifférents types <strong>de</strong> systèmes silicatés. En particulier, nous abor<strong>de</strong>rons <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes anhydrespuis hydratés dans les conditions ambiantes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression, avant <strong>de</strong>caractériser ces mêmes systèmes hydratés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions dites in situ, à hautetempérature et haute pression. Une telle approche expérimentale permettra, entre autres, <strong>de</strong>mieux caractériser le comportement structural <strong>de</strong> ces métaux <strong>de</strong> transition dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditionsproches <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions naturelles, mais aussi <strong>de</strong> mieux caractériser les effets <strong>de</strong> trempe pource type <strong>de</strong> système magmatique.Par ailleurs, l’étu<strong>de</strong> du nickel présente <strong>de</strong> nombreux intérêts. Tout d’abord, ce métalprésente un caractère « stratégique » majeur du point <strong>de</strong> vue <strong><strong>de</strong>s</strong> exploitations minières, dufait <strong>de</strong> son importante hétérogénéité <strong>de</strong> répartition à l’échelle du globe et <strong>de</strong> son importanceéconomique, tant pour <strong><strong>de</strong>s</strong> produits <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> consommation que pour <strong><strong>de</strong>s</strong> produits <strong>de</strong> hautetechnologie. Ensuite d’un point <strong>de</strong> vue géochimique, le nickel présente <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques(rayon ionique et structure électronique) suffisamment proche <strong>de</strong> celles du fer (II) pourpermettre une première approximation « raisonnable » (Burns 1993). Il est donc possibled’envisager, par l’étu<strong>de</strong> du nickel, une meilleure compréhension du rôle structural majeur dufer dans les magmas hydratés ; l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier présentant <strong>de</strong> nombreuses difficultésexpérimentales, liées entre autres à sa forte tendance à l’oxydation.3. Aspect géophysiqueLa viscosité et <strong>la</strong> teneur en composés vo<strong>la</strong>tils <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas représentent les facteurs lesplus importants contrô<strong>la</strong>nt le caractère « explosif » <strong><strong>de</strong>s</strong> éruptions volcaniques (B<strong>la</strong>ke 1984 ;Tait et al. 1989 ; Papale et al. 1998 ; Neri et al. 1998 ; Papale et al. 1999 ; Papale et Po<strong>la</strong>cci1999). Pour les magmas visqueux et riches en eau, caractéristiques du volcanisme d’arc, lesmodèles actuels d’ascension magmatiques sont principalement basés sur <strong>de</strong>ux régimesdistincts (voir Fig. 2 ; Melnik 2000 ; Simakin et Botcharnikov 2001).28


Fig. 2 – Modèle d’écoulement <strong>de</strong> magmas visqueux hydratés montrant l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression et <strong>de</strong> <strong>la</strong>résistance du matériau en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur pour une ascension magmatique <strong>de</strong> type « explosive » ;d’après Melnik 2000.Le premier régime correspond à une diminution progressive <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression, alors que<strong>la</strong> viscosité, et donc <strong>la</strong> résistance du matériau, augmente. Ces paramètres évoluent <strong>de</strong> façoncontinue jusqu’à un niveau <strong>de</strong> fragmentation, correspondant à <strong>la</strong> rupture du magma visqueuxsous l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> poussée verticale <strong><strong>de</strong>s</strong> bulles d’eau exsolvées. Le <strong>de</strong>uxième régimecorrespond alors à l’écoulement turbulent, jusqu’à <strong>la</strong> surface, d’un mé<strong>la</strong>nge « gaz-particule »pour <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> pression et <strong>de</strong> résistance quasi-totalement re<strong>la</strong>xées.Ce type <strong>de</strong> modèle permet <strong>de</strong> justifier le caractère « explosif » <strong>de</strong> certaines éruptions.Cependant, l’évolution du magma en profon<strong>de</strong>ur reste encore mal connue. En effet, il estpossible <strong>de</strong> considérer <strong>la</strong> première phase d’ascension en <strong>de</strong>ux sous-régimes distincts(écoulement homogène et écoulement perturbé) séparés par un niveau d’exsolution <strong>de</strong> l’eau(voir Fig. 2) ; <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> cette transition n’étant pas c<strong>la</strong>irement caractérisée à ce jour. Uneapproche structurale <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas silicatés hydratés à haute température et haute pression peutalors présenter un intérêt fondamental au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> compréhension <strong><strong>de</strong>s</strong> processusd’hydratation <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas ainsi que <strong>de</strong> mécanismes <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> l’eau molécu<strong>la</strong>ire àl’échelle nanométrique (Toramaru 1995). Nous abor<strong>de</strong>rons dans ces travaux l’aspectstructural <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas hydratés, localisé au voisinage d’éléments <strong>de</strong> transition. Nous nousintéressons tout particulièrement au nickel, considéré comme analogue du fer, et doncprésentant un intérêt fondamental <strong>de</strong> part sa forte concentration dans les systèmesmagmatiques. Par ailleurs, nous abor<strong>de</strong>rons l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux éléments majeurs présents dans29


les magmas volcaniques : le silicium et l’aluminium. La caractérisation structurale autour <strong>de</strong>ces éléments est effectuée <strong>de</strong> manière indirecte par l’étu<strong>de</strong> d’éléments dits « analogues » : legermanium et le gallium, respectivement. Dans ce cas, l’utilisation d’éléments analogues estessentiellement liée à <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés expérimentales (trop faibles énergies d’excitation <strong><strong>de</strong>s</strong>seuils K <strong>de</strong> Si et Al par rapport aux dispositifs expérimentaux utilisés ; voir ci-après).Une meilleure compréhension <strong><strong>de</strong>s</strong> interactions entre l’eau et les éléments majeurspermettra alors <strong>de</strong> mieux contraindre les propriétés physiques <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas en régimed’écoulement homogène. En particulier, une telle étu<strong>de</strong> peut permettre <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> répondre àune question encore très discutée à ce jour : L’eau sous forme molécu<strong>la</strong>ire ou hydroxyle, a-telle,ou non, un effet dépolymérisateur au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas volcaniques ?4. Démarche expérimentaleIl est tout d’abord nécessaire <strong>de</strong> déterminer les systèmes chimiques d’intérêts parrapport aux magmas volcaniques typiques <strong><strong>de</strong>s</strong> zones <strong>de</strong> subduction. Nous étudierons enparticulier <strong><strong>de</strong>s</strong> matrices <strong>de</strong> compositions chimiques simplifiées (ou analogues) présentantdifférents <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> polymérisation dans le système binaire Na 2 O-SiO 2 . Ensuite, nousétudierons <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes plus complexes, fortement polymérisés, constitués du mé<strong>la</strong>ngeternaire Na 2 O-Al 2 O 3 -SiO 2 (type « albite ») ou encore quaternaire K 2 O-Na 2 O-Al 2 O 3 -SiO 2(type « haplorhyolite ») en proportions variables. Ces différents systèmes chimiques seront« dopés » en éléments en traces pour <strong><strong>de</strong>s</strong> concentrations d’environ 2000 ppm à quelquespourcents. L’étu<strong>de</strong> sera particulièrement focalisée sur le comportement du nickel, cependantd’autres éléments, comme le zirconium, le gallium et le germanium seront abordés. Enfin, <strong><strong>de</strong>s</strong>teneurs en eau pouvant aller jusqu’à <strong>la</strong> saturation du système chimique seront prises enconsidération.Après avoir caractérisé les différents systèmes chimiques dans les conditionsambiantes, <strong><strong>de</strong>s</strong> dispositifs expérimentaux seront mis en œuvre <strong>de</strong> façon à reproduire lesconditions in situ <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression présentes dans les chambres magmatiques.Pour ce<strong>la</strong>, nous utiliserons tout d’abord un système <strong>de</strong> four à « fil chauffant » en p<strong>la</strong>tine(Richet et al. 1993) permettant <strong>de</strong> porter les échantillons jusqu’à <strong><strong>de</strong>s</strong> températures d’environ1400 °C. Ensuite, le système <strong>de</strong> presse « Paris-Edinburgh » (Klotz et al. 1994) sera utilisédans le but <strong>de</strong> coupler les effets <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression (environ 1000 °C pour quelquesGPa). Finalement, nous utiliserons un système <strong>de</strong> cellule à enclumes diamants (Bassett et al.30


1993) permettant <strong>de</strong> coupler les effets <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression, mais aussi <strong>de</strong> contenirl’échantillon hydraté dans un milieu confiné et étanche.La caractérisation <strong>de</strong> l'environnement structural local autour d'un élément particulier,présent en faible concentration dans <strong><strong>de</strong>s</strong> géomatériaux <strong>de</strong> type « amorphe » comme les verresou les magmas, n'est envisageable que par l'utilisation <strong>de</strong> certaines métho<strong><strong>de</strong>s</strong>spectroscopiques. Pour cette étu<strong>de</strong>, nous utiliserons principalement <strong>la</strong> technique <strong><strong>de</strong>s</strong>pectroscopie d'absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X (XAFS ; X-ray Absorption Fine Structure). En effet,cette technique d’analyse est sélective chimiquement et s'avère particulièrement adaptée pour<strong>la</strong> caractérisation structurale locale autour d'un élément donné, quel que soit le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong>cristallinité du matériau étudié (Brown et al. 1988 ; Brown et al. 1995 ; Hen<strong>de</strong>rson et al.1995). Elle permet, en outre, d’i<strong>de</strong>ntifier le nombre <strong>de</strong> coordinence, les distancesinteratomiques et le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> désordre autour d’un type d’atome particulier (Teo 1986). Deplus, le développement récent <strong>de</strong> l’analyse du signal EXAFS (Exten<strong>de</strong>d X-ray AbsorptionFine Structure) par transformation continue en on<strong>de</strong>lettes (Muñoz et al. 2003) permet unei<strong>de</strong>ntification directe <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes contributions, et ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> différents types d’atomesprésents dans chaque « sphère » <strong>de</strong> coordinence.L’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X couplée à <strong><strong>de</strong>s</strong> dispositifsexpérimentaux tels que les cellules à enclumes diamants pose <strong>de</strong> nombreux problèmesexpérimentaux. En effet, en fonction <strong>de</strong> l’énergie requise pour le faisceau inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> rayonsX, ce <strong>de</strong>rnier est plus au moins fortement absorbé par les diamants, introduisant ainsi un bruitstatistique et parfois même <strong><strong>de</strong>s</strong> distorsions du signal expérimental. Les énergies d’excitation<strong><strong>de</strong>s</strong> seuils K du silicium, <strong>de</strong> l’aluminium et du fer sont re<strong>la</strong>tivement faibles et ne permettentgénéralement pas <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses dans <strong>de</strong> telles conditions expérimentales ; justifiant ainsil’utilisation d’éléments analogues. Nous nous intéresserons, pour les divers éléments étudiés,à l’environnement structural à courte distance grâce, notamment, à l’enregistrement <strong><strong>de</strong>s</strong>pectres XANES (X-ray Absorption Near Edge Structure). Cependant, nous tenterons aussi <strong>de</strong>caractériser l’environnement structural à moyenne distance par l’utilisation <strong>de</strong> spectresEXAFS. Enfin, nous utiliserons une propriété particulière <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie XANES <strong><strong>de</strong>s</strong> spectresd’absorption (re<strong>la</strong>tive au saut d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres) afin d’effectuer <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures in situ<strong><strong>de</strong>s</strong> concentrations en nickel dans les phases aqueuses et silicatées, ainsi que <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong><strong>de</strong>s</strong>échantillons « magmatiques » analysés.31


Chapitre I :Systèmes chimiques et dispositifsexpérimentaux33


1. Compositions analogues1.1. GénéralitésD’un point <strong>de</strong> vue thermodynamique, un verre silicaté est défini par une variationcaractéristique <strong>de</strong> volume (V) ou d’enthalpie (H) que subit un liqui<strong>de</strong> à haute températurelorsqu’il est progressivement refroidi (voir Fig. I.1).Fig. I.1 – Variation <strong>de</strong> volume ou d’enthalpie en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température au cours du refroidissement d’unliqui<strong>de</strong> silicaté.Généralement, lorsque <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> refroidissement est suffisamment lente, le liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>ilicaté cristallise à une température T f caractéristique d’une composition chimique donnée.La cristallisation correspond alors à une diminution brutale du volume, ainsi que <strong>de</strong>l’enthalpie du système. Cependant, si <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong> température est suffisamment rapi<strong>de</strong>, i<strong>la</strong>pparaît une compétition entre <strong>la</strong> cinétique <strong>de</strong> cristallisation et <strong>la</strong> cinétique <strong>de</strong> refroidissement,<strong>de</strong> sorte qu’au-<strong>de</strong>là d’une certaine vitesse <strong>de</strong> refroidissement (vitesse <strong>de</strong> trempe), <strong>la</strong>cristallisation ne puisse s’établir. Un état <strong>de</strong> « liqui<strong>de</strong> surfondu » se maintient alors dans uncertain domaine <strong>de</strong> température (voir Fig. I.1). Puis, à une température T g , se produit unchangement dans <strong>la</strong> variation du volume (et d’enthalpie) en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température. Cechangement correspond au passage <strong>de</strong> l’état liqui<strong>de</strong> surfondu à l’état vitreux ; il correspond à<strong>la</strong> transition vitreuse (Richet et Bottinga 1984). La température <strong>de</strong> transition vitreuse n’est pasconstante. En effet, pour un même composé, elle dépend <strong>la</strong>rgement <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> trempe, etest d’autant plus élevée que cette vitesse est plus gran<strong>de</strong>. La température <strong>de</strong> transition vitreuse35


traduit donc « l’histoire thermique » d’un verre, et à une importance capitale en ce quiconcerne ses propriétés physiques (Richet et Bottinga 1986).À <strong>la</strong> température <strong>de</strong> transition vitreuse, <strong>la</strong> structure du liqui<strong>de</strong> surfondu est « figée ».Le verre conserve donc une organisation structurale correspondant à une températurere<strong>la</strong>tivement élevée. L’entropie du système est alors supérieure à celle du produit cristallisé.En effet, une entropie excé<strong>de</strong>ntaire correspondant au désordre configurationnel, dite« entropie configurationnelle » (Richet 1984), a été bloquée à T g , au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> formationdu verre. Par ailleurs, l’énergie libre du verre est aussi supérieure à celle du soli<strong>de</strong> cristallisé à<strong>la</strong> même température. Par conséquent, bien qu’étant souvent très stable d’un point <strong>de</strong> vuestructural, le verre ne se trouve pas dans un état d’équilibre thermodynamique, maiscorrespond à un système hors équilibre.Au cours d’une montée en température, <strong>la</strong> température <strong>de</strong> transition vitreusecorrespond au début <strong>de</strong> <strong>la</strong> « re<strong>la</strong>xation structurale » du verre, cette <strong>de</strong>rnière étantessentiellement fonction du temps à une température donnée et pour une compositionchimique donnée (Moynihan 1995 ; Bottinga et Richet 1996 ; Webb et Knoche 1996 ; Webb1997). Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>xation structurale, <strong><strong>de</strong>s</strong> liaisons atomiques et/ou molécu<strong>la</strong>ires sontcontinûment brisées et reformées au sein du matériau. Pour <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions données <strong>de</strong>température et <strong>de</strong> pression, <strong>la</strong> structure moyenne du liqui<strong>de</strong> est alors constante au cours dutemps. Cependant, cette structure correspond à un état d’équilibre dynamique, où lesstructures locales sont continûment modifiées ; ce réarrangement continu <strong><strong>de</strong>s</strong> liaisonsinteratomiques étant en gran<strong>de</strong> partie responsable du caractère flui<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>.D’un point <strong>de</strong> vue structural, un verre est un matériau amorphe, c’est-à-dire nepossédant pas d’organisation atomique à gran<strong>de</strong> distance (> 5 Å). Toutefois, les verres sontconstitués d’unités structurales « rigi<strong><strong>de</strong>s</strong> » à courte distance (< 3 Å). En particulier, les verresd’oxy<strong>de</strong> silicatés sont constitués d’unités structurales <strong>de</strong> type SiO 4 plus ou moins distordues ;chaque atome <strong>de</strong> silicium étant situé au sein d’un polyèdre <strong>de</strong> coordination tétraédriqueconstitué d’atomes d’oxygène. Dès 1932, William Zachariasen a formulé un ensemble <strong>de</strong>règles permettant <strong>de</strong> contraindre <strong>la</strong> structure interne <strong><strong>de</strong>s</strong> verres. Notons en particulier que dansce type <strong>de</strong> matériau, les unités structurales ne peuvent mettre en commun que <strong><strong>de</strong>s</strong> sommets,mais jamais d’arêtes ni <strong>de</strong> faces.36


La composition chimique <strong>la</strong> plus simple pour un verre silicaté est celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> silice pure(SiO 2 ). Dans une telle structure, chaque atome d’oxygène est commun à <strong>de</strong>ux tétraèdres. Laprincipale différence par rapport à l’état cristallin consiste en une plus gran<strong>de</strong> possibilité <strong>de</strong>variation au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> angles entre les différents tétraèdres. La Figure I.2 représenteschématiquement l’agencement <strong><strong>de</strong>s</strong> tétraèdres SiO 4 au sein d’une structure vitreuse <strong>de</strong> typeSiO 2 .Fig. I.2 – Représentation schématique (coupe à 2D) <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure d’un verre <strong>de</strong> silice (SiO 2 ).L’absence <strong>de</strong> périodicité qui caractérise les verres les rend peu compacts. Ilsprésentent donc <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces vi<strong><strong>de</strong>s</strong> ou <strong>la</strong>cunes permettant d’accueillir divers cations (Na + , K + ,Ca 2+ , etc.). Certains atomes d’oxygène restent alors communs à <strong>de</strong>ux polyèdres <strong>de</strong>coordination <strong>de</strong> type SiO 4 , ils sont dits « pontants ». D’autres n’appartiennent qu’à un seulpolyèdre et sont appelés oxygènes « non-pontants » (voir Fig. I.3).La proportion d’oxygènes pontants par rapport aux oxygènes non-pontants permet <strong>de</strong>déterminer un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation pour le verre, sachant que lorsque tous les oxygènessont pontants, le verre est 100 % polymérisé. L’état <strong>de</strong> polymérisation d’un verre d’oxy<strong>de</strong>dépend d’une part <strong><strong>de</strong>s</strong> types <strong>de</strong> cations présents dans <strong>la</strong> structure, et d’autre part <strong>de</strong> leursquantités. En effet, en fonction <strong>de</strong> leurs tailles et <strong>de</strong> leurs structures électroniques, certainscations ont un rôle <strong>de</strong> « formateur <strong>de</strong> réseau » (FR) et ten<strong>de</strong>nt à polymériser <strong>la</strong> structure, alorsque d’autres sont <strong><strong>de</strong>s</strong> « modificateurs <strong>de</strong> réseau » (MR) et ten<strong>de</strong>nt à <strong>la</strong> dépolymériser. Lacatégorie d’un atome, pour une paire cation-oxygène donnée, est déterminée en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong>« force <strong>de</strong> liaison » (s), définie par Brown et Altermatt (1985) <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon suivante :37


s = exp[ ( R 0− R) 0,37] ; où R est <strong>la</strong> distance interatomique, et R 0 une valeur tabulée pourchaque type <strong>de</strong> liaison. Les atomes formateurs <strong>de</strong> réseau sont caractérisés par une force <strong>de</strong>liaison comprise entre 3/4 et 5/4, alors que les modificateurs <strong>de</strong> réseau ont <strong><strong>de</strong>s</strong> forces <strong>de</strong>liaison inférieures à 3/4. Par ailleurs, nous pouvons distinguer une autre catégorie d’élémentsdits « modificateurs intermédiaires », pouvant intervenir, parfois dans le même matériau, à <strong>la</strong>fois comme formateurs et comme modificateurs. Le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation d’un réseauvitreux est alors déterminé par le « nombre d’oxygène non-pontant par tétraèdre » (NBO/T ;Non-Bridging Oxygen per Tetrahedron). Connaissant <strong>la</strong> composition chimique du verreétudié, le paramètre NBO/T peut être calculé <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon suivante (Mysen 1988) :NBO/T = 2(∑O/∑FR) − 4. Les différentes unités structurales (clusters) SiO 4 sont alors notéesQ n , où n représente le nombre d’oxygènes pontants par tétraèdre (n = 4 − NBO/T).Fig. I.3 – Représentation schématique à 2D <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure d’un verre <strong>de</strong> type SiO 2 contenant <strong><strong>de</strong>s</strong> atomesmodificateurs <strong>de</strong> réseau (Na, K, Ca, etc.).Notons que dans <strong>la</strong> silice amorphe (SiO 2 ), tous les tétraèdres SiO 4 sont reliés entre euxpour former <strong><strong>de</strong>s</strong> anneaux <strong>de</strong> différentes tailles, composés <strong>de</strong> 3, 4, 5 ou 6 tétraèdres (Mysen1988 ; Zotov et Keppler 1998a). Ces différents types d’agencement représentent l’ordre àmoyenne distance <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure. Par ailleurs, l’ajout <strong>de</strong> cations modificateurs <strong>de</strong> réseau (Na + ,K + , Ca 2+ , etc.) tend à dépolymériser le réseau vitreux et ainsi à diminuer significativement <strong>la</strong>taille <strong>de</strong> ces domaines (Greaves et al. 1981 ; Mysen 1988 ; Maekawa et al. 1991a ; Chemarinet Champagnon 1999).Généralement, les différents types <strong>de</strong> verres sont nommés en utilisant unenomenc<strong>la</strong>ture abrégée. Par exemple, l’oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> sodium (Na 2 O) s’écrit simplement « N »,38


l’oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> silicium (SiO 2 ) s’écrit « S », l’oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcium (CaO) s’écrit « C », etc. Un verre<strong>de</strong> composition NS4 signifie donc Na 2 O(SiO 2 ) 4 .1.2. Verres silicatés1.2.1. Aspects structurauxLes silicates <strong>de</strong> sodium sont souvent utilisés comme une première approximation,fortement simplifiée, <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas naturels. Leurs structures sont majoritairement constituéesd’espèces Q 4 et Q 3 (Mysen 1988 ; Maekawa et al. 1991a, 1991b ; Zotov et Keppler 1998a).En particulier, <strong>de</strong>puis une structure très polymérisée (<strong>de</strong> type NS9) vers une structurefortement dépolymérisée (<strong>de</strong> type NS2), le rapport Q 4 /Q 3 décroît, respectivement, d’environ2,33 à 0,12 (Maekawa et al. 1991a) ; traduisant une nette augmentation <strong><strong>de</strong>s</strong> espèces Q 3 dansles verres faiblement polymérisés. Dans ce type <strong>de</strong> verre, les atomes <strong>de</strong> sodium se trouventessentiellement en coordinence 6 (voir Greaves et al. 1981 ; Ca<strong>la</strong>s et al. 1987 ; Stebbins1995).Lorsqu’on ajoute <strong>de</strong> l’aluminium à <strong>la</strong> structure, ce <strong>de</strong>rnier se localise essentiellementen site tétraédrique (McKeown et al. 1984 ; Kirkpatrick et al. 1986 ; Ca<strong>la</strong>s et al. 1987) etprésente un comportement <strong>de</strong> formateur <strong>de</strong> réseau. Par ailleurs, les cations Al 3+ permettent <strong>de</strong>compenser les charges <strong><strong>de</strong>s</strong> cations Na + , et ainsi <strong>de</strong> polymériser <strong>la</strong> structure. Par conséquent,un verre <strong>de</strong> type « albite » (NaAlSi 3 O 8 ), contenant <strong>la</strong> même proportion <strong>de</strong> sodium etd’aluminium, est complètement polymérisé. Cependant, une faible proportion d’oxygènesnon-pontants a pu être observé pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> composition <strong>de</strong> type anorthite, et n’est pasexclue pour les verres albitiques (Stebbins et al. 2001). Dans ce type <strong>de</strong> verre, les tétraèdresAlO 4 sont préférentiellement inclus dans <strong><strong>de</strong>s</strong> anneaux composés <strong>de</strong> 3 clusters (Hen<strong>de</strong>rson etal. 1985) et sont exclusivement reliés à <strong><strong>de</strong>s</strong> tétraèdres SiO 4 (Stebbins et al. 2001).Afin <strong>de</strong> se rapprocher davantage <strong><strong>de</strong>s</strong> compositions naturelles <strong>de</strong> verres volcaniques, dupotassium peut être ajouté à <strong>la</strong> structure. Généralement, <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>la</strong>nges d’albite (NaAlSi 3 O 8 ),d’orthose (KAlSi 3 O 8 ) et <strong>de</strong> quartz (SiO 2 ) sont réalisés en proportions variables afin d’obtenir<strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> type « haplorhyolite » très fortement polymérisés (le préfixe « haplo » traduit icil’absence <strong>de</strong> fer dans l’échantillon). D’un point <strong>de</strong> vue structural, le potassium joue un rôlesimi<strong>la</strong>ire au sodium. Cependant dans le cas du potassium, le rapport <strong>de</strong> <strong>la</strong> valence sur le rayonionique augmente légèrement, ce qui tend à favoriser sensiblement les espèces Q 4 par rapportaux Q 3 (Mysen 1988 ; Maekawa et al. 1991a).39


1.2.2. Effets <strong>de</strong> l’eauL’ajout d’eau au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure affecte <strong>de</strong> façon importante les propriétésphysiques <strong><strong>de</strong>s</strong> verres silicatés. Notamment, <strong>la</strong> très faible masse atomique <strong>de</strong> l’hydrogène tendà abaisser significativement <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong><strong>de</strong>s</strong> verres au-<strong>de</strong>là d’une certaine quantité d’eau (Ochset Lange 1999 ; Richet et al. 2000). D’une façon générale, l’eau est systématiquementprésente sous <strong>de</strong>ux formes distinctes dans les verres silicatés : <strong><strong>de</strong>s</strong> groupements hydroxyles(OH), et <strong><strong>de</strong>s</strong> molécules H 2 O (Stolper 1982). Plus particulièrement, l’espèce OH est dominanteen <strong><strong>de</strong>s</strong>sous d’une quantité totale d’eau <strong>de</strong> 2 p.% environ (Schmidt et al. 2001). En revancheau-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette valeur, l’eau sous forme molécu<strong>la</strong>ire (H 2 O) <strong>de</strong>vient <strong>la</strong>rgement majoritaire ; <strong>la</strong>quantité <strong>de</strong> OH ne dépassant pas les 2 à 4 p.% selon les différents types <strong>de</strong> compositions(Maekawa et al. 1998 ; Schmidt et al. 2001). La Figure I.4 présente l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs engroupements OH et H 2 O en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur totale en eau au sein d’un verre <strong>de</strong> typealbite.Fig. I.4 – Spéciation <strong>de</strong> l’eau en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur totale en eau pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> type albite ; d’aprèsSchmidt et al. 2001.L’hydratation d’un verre légèrement dépolymérisé entraîne une dépolymérisationaccrue <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure vitreuse, indépendamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en aluminium (Robert et al.2001). La dépolymérisation s’effectue alors selon <strong>de</strong>ux régimes distincts. En <strong><strong>de</strong>s</strong>sousd’environ 5 p.% d’eau, les liaisons Q 4 –O–Q 4 sont cassées préférentiellement pour former <strong><strong>de</strong>s</strong>Q 4 –O–Q 3 et <strong><strong>de</strong>s</strong> groupements si<strong>la</strong>nols (Si–OH). En revanche au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette valeur, ce sontsurtout les groupements Q 4 –O–Q 3 , et plus modérément les Q 3 –O–Q 3 , qui sont briséspréférentiellement, formant ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> espèces Q 2 (Kümmerlen et al. 1992 ; Zotov et Keppler40


1998b). Dans ce type <strong>de</strong> verre, <strong>la</strong> teneur en eau affecte sensiblement l’environnement dusodium qui tend vers une sphère <strong>de</strong> coordination plus régulière (Zotov et al. 1996).Les mécanismes d’hydratation <strong>de</strong> compositions vitreuses <strong>de</strong> type albite ouhaplorhyolite présentent une légère différence au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs re<strong>la</strong>tives en OH et H 2 O,mais restent globalement très simi<strong>la</strong>ires (voir Withers et Behrens 1999). Cependant, pour cestypes <strong>de</strong> verres fortement polymérisés, <strong>de</strong>ux théories s’opposent. En effet, selon Kohn et al.(1998), l’hydratation d’un verre complètement polymérisé ne semble pas dépolymériser leréseau vitreux, mais tend au contraire à ordonner <strong>la</strong> structure. Les liaisons T–O–T (T pourtétraèdre et O pour oxygène) ne sont donc pas brisées pour former <strong><strong>de</strong>s</strong> liaisons T–OH commedans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> verres dépolymérisés. Cependant, l’environnement proche <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong><strong>de</strong>s</strong>odium évolue régulièrement avec <strong>la</strong> teneur en eau, suggérant une association directe <strong>de</strong> typeNa–OH et Na–H 2 O (Kohn et al. 1998). En revanche, cette théorie est contestée par différentsauteurs, proposant une dépolymérisation du réseau vitreux qui tendrait à favoriser les liaisons<strong>de</strong> type Al–OH, et éventuellement Si–OH (voir McMil<strong>la</strong>n 1994).1.3. Liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés1.3.1. PropriétésDe nombreuses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> ont permis <strong>de</strong> déterminer <strong>la</strong> viscosité <strong><strong>de</strong>s</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés enfonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition (entre autres, Bottinga et Weill 1972 ; Richet 1984 ; Dingwell etWebb 1989 ; Bottinga et al. 1995 ; Hess et al. 1996, Hess et al. 2001). Notamment, cesdifférents auteurs ont montré que l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en silice, <strong>de</strong> même quel’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en potassium par rapport au sodium, tend à augmenter <strong>la</strong> viscosité<strong><strong>de</strong>s</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>. Par ailleurs, en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition du système, <strong>la</strong> pression peut affecter<strong>de</strong> différentes manières <strong>la</strong> viscosité <strong><strong>de</strong>s</strong> silicates fondus (Kushiro et al. 1976 ; Scarfe et al.1979). Plus particulièrement, <strong>la</strong> pression affecte <strong>de</strong> manière différente <strong>la</strong> viscosité selon le<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation du système. Pour <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes ayant une valeur <strong>de</strong> NBO/T > 2, uneaugmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression entraîne une diminution sensible <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité, alors que pour<strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> NBO/T < 2, l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression tend à augmenter sensiblement <strong>la</strong>viscosité (Bottinga et Richet 1995). De plus, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes fortement polymérisés, <strong>la</strong>pression a un effet plus important sur les compositions hydratées que sur les compositionsanhydres (Liebske et al. 2003). Enfin d’une manière plus générale, <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong><strong>de</strong>s</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>silicatés augmente régulièrement avec <strong>la</strong> pression (Knoche et Luth 1996).41


1.3.2. Aspects structurauxDans les systèmes <strong>de</strong> type silicates <strong>de</strong> sodium, l’environnement à courte distanceautour <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes majeurs Si et Na ne présente quasiment aucun changement lors <strong>de</strong> <strong>la</strong>transition entre verre et liqui<strong>de</strong> surfondu (Zotov et al. 1998). Cependant, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>xationstructurale affecte très fortement l’ensemble du réseau vitreux ; <strong>la</strong> quantité d’espèces Q 3diminuant à l’avantage <strong><strong>de</strong>s</strong> espèces Q 2 et Q 4 selon <strong>la</strong> réaction : 2Q 3 → Q 2 + Q 4 (Maekawa etYokokawa 1997 ; Farnan 1998 ; Mysen 1999). En particulier, pour les compositionsfortement polymérisées cette réaction s’intensifie lorsque <strong>la</strong> teneur en aluminium augmente(Mysen 1996 ; Mysen 1999). Par ailleurs lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>xation structurale, <strong>la</strong> coordinencemoyenne <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong>de</strong> sodium reste à peu près constante à <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> 6 à 7 pour <strong><strong>de</strong>s</strong>faibles <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> polymérisation (Stebbins 1995), alors que pour <strong><strong>de</strong>s</strong> forts <strong>de</strong>grés <strong>de</strong>polymérisation, elle augmente sensiblement jusqu’à <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> 7 à 8 (Stebbins et al.1995 ; Maekawa et al. 1997).1.3.3. Effets <strong>de</strong> l’eauL’eau affecte <strong>de</strong> façon importante les propriétés physiques <strong><strong>de</strong>s</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés.Divers paramètres comme <strong>la</strong> composition chimique, <strong>la</strong> température et <strong>la</strong> pression modifient sasolubilité (Moore et al. 1998 ; Webster et al. 1999 ; Mysen et Acton 1999 ; Holtz et al. 2000 ;Behrens et Jantos 2001) qui, d’une façon générale, augmente avec <strong>la</strong> pression, <strong>la</strong> température,et lorsque <strong>la</strong> teneur en silicium diminue (McMil<strong>la</strong>n 1994). La teneur en eau d’un verre silicatéaffecte en particulier sa température <strong>de</strong> transition vitreuse, qui diminue selon une allure enlogarithme négatif pour <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en eau croissantes (Dingwell 1998). D’autre part,assumant le fait que <strong>la</strong> cinétique d’exsolution <strong>de</strong> l’eau soit particulièrement lente auxalentours <strong>de</strong> Tg (Richet et al. 1996), <strong>de</strong> nombreuses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> ont montré que <strong>la</strong> teneur en eauabaisse considérablement <strong>la</strong> viscosité <strong><strong>de</strong>s</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés (Dingwell et al. 1996 ; Davis1998 ; Romano et al. 2001 ; Whittington et al. 2001). D’une façon générale, lorsque <strong>la</strong>température augmente, <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> groupements hydroxyles augmente au détriment <strong>de</strong> l’eaumolécu<strong>la</strong>ire selon <strong>la</strong> réaction : H 2 O + O → 2OH (Nowak et Behrens 1995 ; Holtz et al. 1996 ;Ihinger et al. 1999).Le développement d'une cellule à enclumes <strong>de</strong> diamants pour <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> en conditionshydrothermales (Hydrothermal Diamond Anvil Cell ; HDAC ; Bassett et al. 1993) a permisune nouvelle approche expérimentale <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas silicatés hydratés (Shen et Keppler 1997).Cette technique, originalement conçue pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> flui<strong><strong>de</strong>s</strong> hydrothermaux en milieu42


confiné (environ 400 °C pour quelques centaines <strong>de</strong> MPa), permet une utilisation jusqu’à <strong><strong>de</strong>s</strong>conditions maximales <strong>de</strong> 800 à 1000 °C pour <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions d’environ 2 GPa. Il est alorspossible d’étudier <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons <strong>de</strong> verre silicaté en équilibre avec une phase aqueuse, au<strong>de</strong>là<strong><strong>de</strong>s</strong> zones <strong>de</strong> transition vitreuse. Grâce à un accès visuel direct <strong>de</strong> l’échantillon, ce typed’expérience à permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce l’existence d’une troisième phase correspondantà <strong>la</strong> miscibilité complète à haute température et haute pression entre <strong>la</strong> phase flui<strong>de</strong> et <strong>la</strong> phasesilicatée (Shen et Keppler 1997 ; Bureau et Keppler 1999). De plus, il est possible d’observerl’apparition et <strong>la</strong> croissance <strong><strong>de</strong>s</strong> bulles d’eau dans le liqui<strong>de</strong> silicaté lors d’une diminution <strong>de</strong><strong>la</strong> température et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression (Martel et Bureau 2001). D’autres étu<strong><strong>de</strong>s</strong> ont porté sur <strong>la</strong>spéciation <strong>de</strong> <strong>la</strong> silice dissoute dans l’eau à haute pression et haute température (Zotov etKeppler 2000 ; Zotov et Keppler 2002). Finalement, l'application <strong>de</strong> différentes métho<strong><strong>de</strong>s</strong>spectroscopiques (notamment <strong>la</strong> spectroscopie infrarouge) a permis <strong>de</strong> caractériser <strong>la</strong>spéciation <strong>de</strong> l'eau in situ, confirmant ainsi <strong>la</strong> réaction : H 2 O + O → 2OH dans les magmashydratés (Shen et Keppler 1995 ; Sowerby et Keppler 1999).43


2. Éléments <strong>de</strong> transition2.1. GénéralitésLes éléments chimiques dits <strong>de</strong> transition comportent tous, soit à l’état d’élémentsimple, soit dans un état oxydé stable, une sous-couche électronique d partiellement remplie.Ils se caractérisent par une participation <strong><strong>de</strong>s</strong> orbitales d à <strong>la</strong> liaison chimique. Du fait <strong>de</strong> leurconfiguration électronique particulière, les éléments <strong>de</strong> transition per<strong>de</strong>nt facilement leursélectrons périphériques ns. L’ionisation se poursuit généralement par départ d’électrons dpour s’arrêter, selon les cas, aux configurations stables (n − 1)d 0 ou (n − 1)d 5 . Il en découleque le <strong>de</strong>gré d’oxydation (2+) est souvent très stable, surtout pour les éléments <strong>de</strong> <strong>la</strong> premièresérie <strong>de</strong> transition (Sc, Ti, V, Cr, Mn, Fe, Co, Ni, Cu). Cependant, plusieurs <strong>de</strong>grésd’oxydation sont possibles et peuvent coexister au sein d’une même phase, par exemple lesions Fe 2+ et Fe 3+ dans <strong>la</strong> magnétite (Fe 3 O 4 ).La majeure partie <strong><strong>de</strong>s</strong> propriétés <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments <strong>de</strong> transition s’explique à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>théorie du champ <strong><strong>de</strong>s</strong> ligands, qui considère <strong>la</strong> force <strong><strong>de</strong>s</strong> liaisons covalentes entre un atome(ou un ion) <strong>de</strong> transition « A » et un groupe <strong>de</strong> x ligands « B » en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> symétrie ducomplexe « AB x » formé (Burns 1993). La dégénérescence <strong><strong>de</strong>s</strong> cinq orbitales d <strong>de</strong> A est alorslevée d’une énergie ∆ c . En champ octaédrique, les trois orbitales t 2g (dxy, dyz et dzx) sontstabilisées au détriment <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux orbitales e g (dx 2 −y 2et dz 2 ). En revanche, en champtétraédrique, les orbitales e sont stabilisées au détriment <strong><strong>de</strong>s</strong> orbitales t 2 (voir Fig. I.5).Fig. I.5 – Éc<strong>la</strong>tement <strong><strong>de</strong>s</strong> niveaux d’énergies d’une orbitale 3d d’un ion <strong>de</strong> transition sous l’effet du champélectrostatique créé par les ligands en symétrie tétraédrique et octaédrique.44


Pour un atome ou un ion A donné, l’éc<strong>la</strong>tement ∆ c dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature du ligand, etaugmente avec <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> l’ion. Cependant pour un ligand donné, l’énergie ∆ c augmente parpassage <strong>de</strong> <strong>la</strong> couche 3d à <strong>la</strong> couche 4d, et dépend en outre <strong>de</strong> <strong>la</strong> symétrie <strong>de</strong> l’édifice,puisque, par exemple, ∆ tétra = (4/9)∆ octa . En présence d’un champ magnétique H, chacun <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>de</strong>ux niveaux éc<strong>la</strong>te. Un sous-niveau α peuplé d’électrons <strong>de</strong> spin « + 1/2 » est stabilisé d’uneénergie d’échange ∆ ex par rapport au sous-niveau β, peuplé d’électrons <strong>de</strong> spin « − 1/2 » (voirFig. I.6).Fig. I.6 – Éc<strong>la</strong>tement <strong><strong>de</strong>s</strong> niveaux d’énergies d’une orbitale 3d (exemple <strong>de</strong> l’ion Ni 2+ ) sous l’effet d’un champmagnétique ; mo<strong>de</strong> « spin faible » et mo<strong>de</strong> « spin fort ».Selon les valeurs respectives <strong>de</strong> ∆ c et <strong>de</strong> ∆ ex , <strong>la</strong> répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> électrons d’uneconfiguration d n (0 < n < 10) conduit à <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> spin différentes. Lorsque le spinrésultant est maximal, le système est dit à « spin fort ». Dans le cas contraire, le spin estminimal et le système comporte un état à « spin faible ». Cependant dans les oxy<strong><strong>de</strong>s</strong>, lescations divalents sont essentiellement à spin fort (cas du nickel), alors que les tétravalents sontessentiellement à spin faible (cas du zirconium).2.2. Spéciation <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments en « traces »2.2.1. Cas du nickelDe nombreuses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> montrent que dans les verres alcalins, le nickel (II) se trouveessentiellement en coordinence 5, en site distordu <strong>de</strong> type « bipyrami<strong>de</strong> trigonale » (Gaskell etal. 1992 ; Galoisy et Ca<strong>la</strong>s 1993a, 1993b). Cependant, le nombre moyen <strong>de</strong> coordinence dunickel tend à diminuer sensiblement dans les compositions potassiques, et à augmenter dans45


les verres calciques ; ces variations étant re<strong>la</strong>tivement peu dépendantes <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration ennickel ou encore du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation <strong><strong>de</strong>s</strong> verres (Galoisy et al. 2001 ; Annexe 1). Deplus, les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> Cormier et al. (1999) et Galoisy et al. (2000) montrent que,indépendamment <strong>de</strong> sa concentration, le nickel est réparti <strong>de</strong> façon hétérogène dans lesstructures vitreuses, formant ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> nanodomaines « ordonnés » à moyenne distance.La teneur en eau <strong><strong>de</strong>s</strong> verres silicatés modifie considérablement l’environnementstructural direct du nickel. Notamment, les verres d’albite présentent un changement brutal <strong>de</strong><strong>la</strong> coordinence du nickel qui passe <strong>de</strong> 5 vers 6 lorsque <strong>la</strong> teneur en eau dépasse 4 à 5 p.% (voirAnnexe 2). En se basant sur une étu<strong>de</strong> par spectroscopie d’absorption électronique, Nowak etKeppler (1998) observent <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges similitu<strong><strong>de</strong>s</strong> entre le spectre enregistré pour le verred’albite fortement hydraté (> 5 p.%) et le spectre enregistré pour une solutions aqueuse(NiCl 2 ) dans <strong>la</strong>quelle le nickel est entouré par <strong><strong>de</strong>s</strong> molécules d’eau pour former <strong><strong>de</strong>s</strong> complexesdu type [Ni(H 2 O) 6 ] 2+ . Cette ressemb<strong>la</strong>nce leur suggère alors une complexation du même typeau sein <strong><strong>de</strong>s</strong> verres silicatés hydratés. Cependant, une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’environnement structural dunickel à moyenne distance, par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X, permet <strong>de</strong> mettre enévi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> présence mixte d’atomes <strong>de</strong> silicium et <strong>de</strong> nickel second voisins autour <strong><strong>de</strong>s</strong>atomes <strong>de</strong> nickel, suggérant une localisation du nickel dans un environnement <strong>de</strong>nanocristallites <strong>de</strong> type népouite ( [6] Ni 3 Si 2 O 5 (OH) 4 ), talc nickélifère ( [6] Ni 3 Si 4 O 10 (OH) 2 ) ouautre silicate <strong>de</strong> nickel hydraté (Annexe 2). Cette nanocristallisation est interprétée commeétant étroitement liée à un effet <strong>de</strong> trempe, en accord avec le caractère fortement compatibledu nickel dans les magmas volcaniques. Dans un verre moins polymérisé <strong>de</strong> type Na 2 Si 3 O 7 ,les vitesses <strong>de</strong> trempe liées aux conditions <strong>de</strong> synthèses (environ 200 °C/s) sont suffisammentrapi<strong><strong>de</strong>s</strong> pour éviter <strong>la</strong> nanocristallisation du nickel jusqu’à <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en eau <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 8 p.%(Annexe 2). Comme dans le cas du verre d’albite, le nickel est en coordinence 6 dans leproduit trempé. Cependant une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’arrangement à moyenne distance met en évi<strong>de</strong>nceune structure caractéristique d’un environnement structural amorphe (Annexe 2). Ces résultatssignifient que les octaèdres NiO 6 sont connectés au réseau tétraédrique, n’excluant pas <strong>la</strong>possibilité d’oxygènes non-pontants formant <strong><strong>de</strong>s</strong> groupements hydroxyles, voire <strong><strong>de</strong>s</strong> liaisonsfaibles avec <strong><strong>de</strong>s</strong> molécules d’eau.Dans les silicates fondus anhydres, le nickel présente une tendance à passer encoordinence 4 dans <strong><strong>de</strong>s</strong> compositions faiblement polymérisées comme Na 2 Si 2 O 5 (Farges et al.1994 ; Ca<strong>la</strong>s et al. 1995 ; Annexe 1), mais aussi dans <strong><strong>de</strong>s</strong> compositions fortement46


polymérisées <strong>de</strong> type haplorhyolite (Keppler et Bagdassarov 1999). Ces résultats mettent enévi<strong>de</strong>nce un réarrangement important <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure locale du nickel au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong>température <strong>de</strong> transition vitreuse, suggérant ainsi que, du point <strong>de</strong> vue du nickel, l’étatvitreux ne soit pas une structure représentative du liqui<strong>de</strong> silicaté. Par ailleurs, aucuneinformation re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> structure locale du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong> silicates fondus hydratés, n’estactuellement disponible.2.2.2. Cas du zirconiumLe zirconium (IV) se trouve en coordinence 6 dans <strong>la</strong> majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> verres silicatés,indépendamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition ou du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation du verre (Farges et al.1991 ; Farges 1996). Cependant, <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters <strong>de</strong> type ZrO 7 et ZrO 8 peuvent coexister en faibleproportion avec les ZrO 6 dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verres fortement polymérisés <strong>de</strong> type albite ou encore dans<strong><strong>de</strong>s</strong> verres naturels (Farges et al. 1991 ; Farges et Rossano 2000). De plus, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>l’organisation à moyenne distance autour <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong>de</strong> zirconium met en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong>présence d’atomes <strong>de</strong> silicium, ainsi que d’aluminium second voisins (Farges et Rossano2000). Aucune évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> distribution hétérogène du zirconium dans les verres n’est doncdirectement observée.Par ailleurs, l’introduction d’eau dans <strong>la</strong> structure n’affecte pas <strong>de</strong> façon évi<strong>de</strong>ntel’environnement local du zirconium dans <strong><strong>de</strong>s</strong> structures <strong>de</strong> type albite ou trisilicate <strong>de</strong> sodium(Farges et Rossano 2000). Le zirconium ne semble donc pas être complexé par <strong><strong>de</strong>s</strong>groupements hydroxyles ou molécules d’eau. De même, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>xation thermique n’affecte pasl’environnement structural direct <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong>de</strong> zirconium, qui restent majoritairement encoordinence 6 dans un silicate fondu <strong>de</strong> composition Na 2 Si 3 O 7 (Brown et al. 1995).Cependant, aucune information concernant le comportement in situ du zirconium dans lesmagmas silicatés hydratés n’est à ce jour disponible.47


3. Échantillons3.1. SynthèsesDifférents échantillons <strong>de</strong> verres silicatés ont été synthétisés afin <strong>de</strong> caractériser l’effet<strong>de</strong> certains éléments ou encore du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation du réseau sur les propriétésstructurales <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments traces. Plus particulièrement, nous avons abordé l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> troissystèmes chimiques mettant en jeu les mé<strong>la</strong>nges d’oxy<strong><strong>de</strong>s</strong> suivants : Na 2 O-SiO 2 , Na 2 O-Al 2 O 3 -SiO 2 et Na 2 O-K 2 O-Al 2 O 3 -SiO 2 . Parmi ces différents types <strong>de</strong> mé<strong>la</strong>nges, nous avons synthétisé<strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> compositions suivantes :• Na 2 Si 2 O 5 (ou « NS2 »), Na 2 Si 3 O 7 (ou « NS3 ») et Na 2 Si 4 O 9 (ou « NS4 ») pour lescompositions binaires,• NaAlSi 3 O 8 (verre <strong>de</strong> type « albite », notés « ALB ») pour le mé<strong>la</strong>nge ternaire,• Ab 47 Or 21 Qz 32 et Ab 21 Or 16 Qz 63 (verres <strong>de</strong> type « haplorhyolite », notésrespectivement AOQ 1 et AOQ 2 ) pour les mé<strong>la</strong>nges quaternaires ; ou « Ab »signifie albite (NaAlSi 3 O 8 ), « Or » signifie orthose (KAlSi 3 O 8 ) et « Qz » signifiequartz (SiO 2 ).Pour <strong>la</strong> plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons synthétisés, <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs d’environ 2000 ppm àquelques p.% ont été rajoutées sous forme d’oxy<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> nickel (NiO) ou <strong>de</strong> zirconium (ZrO 2 ).Enfin, <strong>de</strong>ux protocoles expérimentaux distincts ont été utilisés pour les synthèses <strong>de</strong> verresanhydres d’une part, et pour les synthèses <strong>de</strong> verres hydratés d’autre part ; ces <strong>de</strong>rnierspouvant contenir jusqu’à 8 p.% d’eau environ.3.1.1. Verres anhydresLes synthèses <strong>de</strong> verres anhydres consistent en un mé<strong>la</strong>nge initial <strong>de</strong> poudresd’oxy<strong><strong>de</strong>s</strong>, dans les proportions voulues, réalisé dans un mortier en agate. Ce mé<strong>la</strong>nge est alorsp<strong>la</strong>cé dans un creuset en p<strong>la</strong>tine, lui-même p<strong>la</strong>cé dans un four à atmosphère ambiante. Lescompositions les plus riches en silicium (haplorhyolites, albite, NS4) sont chauffées à1600 °C alors que les compositions moins visqueuses comme NS2 et NS3 ne sont chaufféesqu’à 1300 °C. Ces mé<strong>la</strong>nges fon<strong>de</strong>nt rapi<strong>de</strong>ment à <strong>de</strong> telles températures, cependant, il estnécessaire <strong>de</strong> chauffer pendant environ 15 heures dans le premier cas, et seulement 2 heures48


dans le second, afin d’obtenir une bonne homogénéisation. L’échantillon en fusion est alorstrempé très rapi<strong>de</strong>ment (environ 400 °C/s) en p<strong>la</strong>çant <strong>la</strong> partie inférieure du creuset dans <strong>de</strong>l’eau à température ambiante.3.1.2. Verres hydratésPour <strong>la</strong> synthèse <strong>de</strong> verres hydratés, <strong>la</strong> première étape <strong>de</strong> synthèse anhydre estnécessaire. Le verre anhydre synthétisé est alors broyé finement à l’ai<strong>de</strong> d’un marteau-pilon,et <strong>de</strong>ux tamis à 500 et 200 µm permettent <strong>de</strong> constituer un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> poudres à <strong>de</strong>uxfractions. Par ailleurs, une capsule hermétique est réalisée à l’ai<strong>de</strong> d’un tube <strong>de</strong> p<strong>la</strong>tine <strong>de</strong>4 mm <strong>de</strong> diamètre intérieur, 4,4 mm <strong>de</strong> diamètre extérieur et 3 cm <strong>de</strong> longueur. Après avoirété ap<strong>la</strong>tie, une <strong><strong>de</strong>s</strong> extrémités du tube est sellée grâce à une soudure à l’arc électrique. Unecertaine quantité du mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> poudres est alors déposée dans <strong>la</strong> capsule à l’ai<strong>de</strong> d’un« entonnoir vibreur ». L’ensemble « capsule-poudre » est pesé précisément avant et aprèsl’ajout d’une goutte d’eau distillée déversée à l’ai<strong>de</strong> d’une microseringue. La partie inférieure(sellée) <strong>de</strong> <strong>la</strong> capsule est ensuite p<strong>la</strong>cée dans <strong>de</strong> l’eau à température ambiante afin d’éviter unéchauffement, et donc l’évaporation <strong>de</strong> l’eau située à l’intérieur, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> soudure <strong>de</strong> <strong>la</strong> partiesupérieure. Une nouvelle pesée est effectuée après <strong>la</strong> soudure, afin <strong>de</strong> vérifier que l’eau nes’est pas évaporée. Enfin pour s’assurer <strong>de</strong> l’étanchéité <strong>de</strong> <strong>la</strong> capsule, cette <strong>de</strong>rnière est p<strong>la</strong>céedans une étuve à 100 ou 200 °C pendant quelques dizaines minutes, avant d’effectuer uneultime pesée <strong>de</strong> contrôle.La capsule ainsi préparée est p<strong>la</strong>cée dans un autoc<strong>la</strong>ve à chauffage interne (InternallyHeated Pressure Vessel ; IHPV) à haute pression et haute température (voir par exempleSchulze et al. 1999). L’échantillon est alors porté à une température <strong>de</strong> 1200 °C pour unepression <strong>de</strong> 500 MPa pendant 48 heures. La capsule est maintenue dans <strong>la</strong> partie chauffante <strong>de</strong>l’autoc<strong>la</strong>ve par un fil <strong>de</strong> p<strong>la</strong>tine ; le milieu transmetteur <strong>de</strong> pression étant un gaz (Ar). Ainsi,un dispositif électrique permet <strong>de</strong> rompre ce fil <strong>de</strong> p<strong>la</strong>tine et <strong>de</strong> faire chuter instantanément <strong>la</strong>capsule dans une zone refroidie. L’échantillon subit alors une trempe isobarique à un tauxd’environ 100 °C/s.3.2. CaractérisationsAprès <strong>la</strong> synthèse, il est nécessaire <strong>de</strong> vérifier <strong>la</strong> composition chimique du verre, ainsique sa structure générale. Pour ce<strong>la</strong> nous utilisons <strong>de</strong>ux techniques <strong>de</strong> caractérisations : <strong>la</strong>microson<strong>de</strong> électronique et <strong>la</strong> spectrométrie Raman.49


3.2.1. Microson<strong>de</strong> électroniqueL’analyse par microson<strong>de</strong> électronique permet une caractérisation chimique pour <strong><strong>de</strong>s</strong>teneurs minimales <strong>de</strong> quelques centaines <strong>de</strong> ppm. Avant chaque analyse, les échantillons sontenrobés dans une résine puis polis progressivement jusqu’à une fraction <strong>de</strong> 1 µm. Les surfacessont ensuite métallisées afin d’évacuer les excédants <strong>de</strong> charges électriques dues à l’impact dufaisceau d’électron lors <strong>de</strong> l’analyse. Pour <strong>la</strong> plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons, les analyses sont faitesen avec un faisceau inci<strong>de</strong>nt légèrement défocalisé, et en bougeant sensiblement l’échantillon<strong>de</strong> façon à limiter <strong>la</strong> vo<strong>la</strong>tilisation <strong><strong>de</strong>s</strong> alcalins. Selon les cas, quatre à dix analyses sonteffectuées sur les échantillons afin d’obtenir une statistique <strong>de</strong> comptage satisfaisante.L’Annexe 3 présente les résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses chimiques effectuées pour les différents verresutilisés lors <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>.3.2.2. Spectroscopie Raman3.2.2.1. PrincipeLe principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> spectroscopie Raman repose essentiellement sur un phénomèned’excitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière par un faisceau <strong>de</strong> lumière monochromatique <strong>de</strong> fréquence ν 0 ,généralement situé dans le visible et produit par une source <strong>la</strong>ser. Ce phénomène met en jeudifférents mo<strong><strong>de</strong>s</strong> vibratoires <strong><strong>de</strong>s</strong> liaisons molécu<strong>la</strong>ires (Long 1977). La lumière est alorsdiffusée dans toutes les directions <strong>de</strong> l’espace. Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> collision entre le photon inci<strong>de</strong>nt etune molécule, le processus le plus probable est celui d’une diffusion é<strong>la</strong>stique, appeléediffusion <strong>de</strong> Rayleigh. Dans ce cas, <strong>la</strong> liaison excitée retourne à son état <strong>de</strong> vibration initial.La fréquence du rayonnement diffusé correspond donc à celle du faisceau inci<strong>de</strong>nt (ν 0 ). Ilexiste cependant une probabilité plus faible <strong>de</strong> diffusion iné<strong>la</strong>stique. La fréquence durayonnement diffusée est alors différente <strong>de</strong> celle du faisceau inci<strong>de</strong>nt ; ce phénomène estappelé diffusion Raman. Dans ce cas, le système excité ne revient pas à son état initial. Il y aalors émission <strong>de</strong> lumière à <strong>de</strong>ux fréquences caractéristiques appelées « Raman Stokes » et« Raman anti-Stokes », correspondant respectivement à ν rs = ν 0 − ν v et ν ras = ν 0 + ν v ; <strong>la</strong>fréquence ν v représentant <strong>la</strong> transition entre les différents niveaux d’énergie <strong>de</strong> vibration. Unspectre Raman présente donc différentes ban<strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> liaison chimiqueexcitée, situées symétriquement <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> <strong>la</strong> longueur d’on<strong>de</strong> excitatrice.Généralement, l’exploitation d’un spectre se fait dans <strong>la</strong> partie « anti-Stokes ». De plus, lesintensités « expérimentales » <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres, I exp , sont corrigées <strong><strong>de</strong>s</strong> effets <strong>de</strong> température selon<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion suivante (Long 1977) :50


⎛I = I exp× υ 30 ⎜ 1 − e⎝− hcυkT⎞⎟⎠×υ( υ 0− υ) 4 (I.1)où ν 0 et ν sont, respectivement, les fréquences du rayonnement inci<strong>de</strong>nt et du rayonnementdiffusé (en cm -1 ) ; h est <strong>la</strong> constante <strong>de</strong> P<strong>la</strong>nck, c <strong>la</strong> célérité <strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière, k <strong>la</strong> constante <strong>de</strong>Boltzmann, et T <strong>la</strong> température (en K). Dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, <strong>la</strong> longueur d’on<strong>de</strong>« excitatrice » utilisée pour l’acquisition <strong>de</strong> spectres est 514,32 cm -1 ; correspondant àl’émission dans le visible d’un rayonnement vert.3.2.2.2. ApplicationsLa spectroscopie Raman permet une caractérisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure générale <strong><strong>de</strong>s</strong>matériaux. Cette technique est particulièrement sensible à <strong>la</strong> présence <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments« majeurs » ; <strong>la</strong> caractérisation <strong>de</strong> l’environnement structural <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments traces restantencore difficile dans les conditions techniques actuelles. Elle permet notamment d’estimer le<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> cristallinité d’un matériau, mais aussi d’i<strong>de</strong>ntifier <strong><strong>de</strong>s</strong> composés amorphes <strong>de</strong>compositions chimiques différentes (Fig. I.7).a)Albite (cristal)Albite (verre)200b)100150Intensité (u.a.)50Intensité (u.a.)100AOQ150ALB0200 400 600 800 1000 1200 1400Nombre d'on<strong>de</strong> (/cm)NS30200 400 600 800 1000 1200 1400Nombre d'on<strong>de</strong> (/cm)Fig. I.7 – (a) Comparaison entre les spectres Raman d’une albite cristallisée et vitreuse ; (b) signaturesspectrales <strong>de</strong> différents verres synthétisés (NS3, albite et haplorhyolite).Dans certains cas, les origines <strong>de</strong> certaines ban<strong><strong>de</strong>s</strong> Raman ont été i<strong>de</strong>ntifiées <strong>de</strong> façonempirique. Par exemple dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> verres silicatés, <strong>la</strong> déconvolution spectrale <strong>de</strong> <strong>la</strong> ban<strong><strong>de</strong>s</strong>ituée entre 900 et 1300 cm -1 (Fig. I.7b), en quatre ban<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> fonctions gaussiennes, permet <strong>de</strong>déterminer le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation du verre. En effet, l’aire <strong>de</strong> chaque ban<strong>de</strong> estproportionnelle à <strong>la</strong> quantité d’espèce Q 2 , Q 3 ou encore Q 4 présente au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> charpentesilicatée (voir entre autres, Zotov et Keppler 1998a ; Mysen 1999).51


Cette technique permet en outre <strong>de</strong> déterminer <strong>la</strong> teneur en eau (OH + H 2 O) <strong>de</strong> verressilicatés hydratés. En effet, <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> située entre 2800 et 3800 cm -1 provient <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes<strong>de</strong> vibration <strong><strong>de</strong>s</strong> liaisons <strong>de</strong> type OH et H 2 O. L’intensité (ainsi que l’aire) <strong>de</strong> cette ban<strong>de</strong> estdonc directement corrélée à <strong>la</strong> teneur en eau <strong>de</strong> l’échantillon (Thomas 2000). Cependant, leshauteurs <strong>de</strong> pics <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres Raman sont fortement dépendantes <strong><strong>de</strong>s</strong> conditionsexpérimentales. Il est donc nécessaire, pour <strong>la</strong> caractérisation d’un échantillon <strong>de</strong> teneur eneau « inconnue », <strong>de</strong> baser <strong>la</strong> mesure sur le spectre d’un composé <strong>de</strong> référence (dont <strong>la</strong> teneuren eau est connue), enregistré systématiquement dans les mêmes conditions expérimentales.La Figure I.8 présente <strong><strong>de</strong>s</strong> exemples <strong>de</strong> spectres Raman enregistrés entre 2800 et 3800 cm -1pour une série <strong>de</strong> verres d’albite hydratés contenant, en valeurs nominales, 2, 4 et 8 p.%d’eau. Par ailleurs, le spectre d’un verre d’albite hydraté contenant précisément 4,1 p.% d’eau(mesure effectuée par titration « Karl Fischer » ; Annexe 2) est utilisé comme référence(représenté en gris ; Fig. I.8).80"8 p.%" H2OIntensité normalisée (u.a.)604020Référence(4,1 p.% H2O)"4 p.%" H2O"2 p.%" H2O0"0 p.%" H O22800 3000 3200 3400 3600 3800Nombre d'on<strong>de</strong> (/cm)Fig. I.8 – Spectres Raman normalisés enregistrés entre 2800 et 3800 cm -1contenant nominativement 0, 2, 4 et 8 p.% d’eau.pour différents verres d’albitesLa Figure I.8 montre que l’intensité <strong><strong>de</strong>s</strong> ban<strong><strong>de</strong>s</strong> situées entre 2800 et 3800 cm -1 évolue<strong>de</strong> façon linéaire avec <strong>la</strong> teneur en eau. Cependant, selon <strong>la</strong> spéciation <strong>de</strong> l’eau (OH/H 2 O)dans l’échantillon, <strong>la</strong> géométrie <strong>de</strong> cette ban<strong>de</strong> varie sensiblement. Il est donc préférable <strong>de</strong>baser <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau sur l’aire intégrée <strong>de</strong> chaque ban<strong>de</strong> spectrale normalisée(voir Fig. I.9). Ainsi, le spectre Raman correspondant au verre dit à « 0 p.% d’eau » présenteune ban<strong>de</strong> spectrale dont l’aire intégrée est égale à 131 (voir Fig. I.9a), signifiant qu’une trèsfaible proportion d’eau est présente dans l’échantillon. Cependant, en se basant sur le52


composé <strong>de</strong> référence (voir Fig. I.8) dont l’aire intégrée vaut 12475, nous obtenons une teneuren eau réelle <strong>de</strong> 0,0 p.% pour cet échantillon ; l’erreur étant estimée à ± 0,2 p.% sur ce type <strong>de</strong>mesure. Parallèlement, les aires intégrées obtenues pour les échantillons dits à « 2, 4 et 8 p.%d’eau » sont, respectivement, 6015, 11879 et 23227. Ces différentes valeurs traduisent donc<strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs réelles en eau <strong>de</strong> 2,0 ± 0,2, 4,0 ± 0,2 et 7,8 ± 0,2 p.%, respectivement (voir Fig.I.9b, c et d)a)b)0.420Intensité normalisée (u.a.)0.20Aire intégrée = 131(0,0 p.% d'eau)Intensité normalisée (u.a.)100Aire intégrée = 6015(2,0 p.% d'eau)2800 3000 3200 3400 3600 3800Nombre d'on<strong>de</strong> (/cm)2800 3000 3200 3400 3600 3800Nombre d'on<strong>de</strong> (/cm)50c)100d)4080Intensité normalisée (u.a.)302010Aire intégrée = 11879(4,0 p.% d'eau)Intensité normalisée (u.a.)604020Aire intégrée = 23227(7,8 p.% d'eau)002800 3000 3200 3400 3600 3800Nombre d'on<strong>de</strong> (/cm)2800 3000 3200 3400 3600 3800Nombre d'on<strong>de</strong> (/cm)Fig. I.9 – Détermination <strong>de</strong> l’aire intégrée <strong>de</strong> spectres Raman normalisés, enregistrés entre 2800 et 3800 cm -1pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres d’albite hydratés contenant nominativement, (a) 0 p.% d’eau ; (b) 2 p.% d’eau ; (c) 4 p.%d’eau ; (d) 8 p.% d’eau.L’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> spectroscopie Raman pour l’analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau d’unéchantillon présente l’avantage d’une gran<strong>de</strong> résolution spatiale (quelques microns). De plus,cette métho<strong>de</strong> ne nécessite pas d’importante préparation <strong>de</strong> l’échantillon (par exemple undouble polissage pour <strong>la</strong> spectroscopie infrarouge). Elle est donc particulièrement adaptée àl’étu<strong>de</strong> d’échantillons très petits <strong>de</strong> type inclusions vitreuses, ou encore « globules silicatés »présentant une distribution hétérogène <strong>de</strong> l’eau (eau dissoute avec bulles d’eau exsolvées ;Martel et Bureau 2001 ; Kamenetsky et al. 2002).53


3.3. ConditionnementsLe conditionnement <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons est une étape essentielle, qui permet une étu<strong>de</strong>dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions proches <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions naturelles (in situ) <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas volcaniques.L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> matériaux présente trois difficultés principales. Tout d’abord, leséchantillons doivent êtres portés à haute température pour permettre <strong>la</strong> fusion du verresilicaté. Ensuite, ils doivent êtres confinés jusqu’à <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions simi<strong>la</strong>ires aux pressionsréelles auxquelles sont soumis les magmas naturels <strong>de</strong>puis leur formation en profon<strong>de</strong>urjusqu’à leur arrivée en surface. Enfin, il est nécessaire <strong>de</strong> contenir les échantillons en milieuétanche afin <strong>de</strong> maintenir une certaine quantité d’eau au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure à hautetempérature et haute pression. Pour ces différentes raisons, nous avons choisi d’utiliser troistypes <strong>de</strong> dispositifs expérimentaux afin d’estimer, par une approche progressive, l’effet <strong>de</strong> cesdifférents paramètres sur <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons analogues ; chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> dispositifs mis en œuvreoffrant <strong>la</strong> possibilité d’une utilisation du rayonnement synchrotron pour <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences insitu d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X. Dans un premier temps, nous avons utilisé un système <strong>de</strong> fourà fil chauffant (Richet et al. 1993) permettant <strong>de</strong> caractériser l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> température. Dansun second temps, nous avons utilisé une presse <strong>de</strong> type « Paris-Edinburgh » (Klotz et al.1994) afin <strong>de</strong> caractériser l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression seule, mais aussi l’effet couplé pressiontempérature.Finalement, nous avons utilisé un système <strong>de</strong> cellule à enclumes diamant(Bassett et al. 1993) permettant, d’une part, <strong>de</strong> confiner les échantillons à haute température età haute pression, et d’autre part <strong>de</strong> maintenir une quantité d’eau donnée dans une enceinteisochore étanche.3.3.1. Four à fil chauffantLe principe du four à fil chauffant repose sur l’utilisation d’un fil métallique <strong>de</strong> forterésistivité, auquel on applique un courant électrique adapté afin <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaleur par effetJoule. Les fils chauffants utilisés sont <strong><strong>de</strong>s</strong> fils <strong>de</strong> p<strong>la</strong>tine <strong>de</strong> 1 mm <strong>de</strong> section, pour environ7 cm <strong>de</strong> longueur. Ce système nécessite l’utilisation d’une alimentation électrique stabiliséeen courant continu <strong>de</strong> caractéristiques (10 V ; 100 A). Il permet d’atteindre <strong><strong>de</strong>s</strong> températuresd’environ 1400 °C. Selon le type <strong>de</strong> mesure mis en œuvre, <strong>de</strong>ux systèmes <strong>de</strong> fours peuventêtres utilisés. L’un est optimisé pour <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures en transmission (Fig. I.10), alors que l’autreest optimisé pour <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures en fluorescences (Fig. I.11). Dans les <strong>de</strong>ux cas, <strong>la</strong> températureest déterminée en effectuant, avant et après les différents cycles <strong>de</strong> chauffage, <strong><strong>de</strong>s</strong> calibrationsà l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> plusieurs composés à points <strong>de</strong> fusion connus. L’intensité du courant est mesurée54


précisément en effectuant un shunt, qui consiste à mesurer un voltage aux bornes d’unerésistance connue (0,001 Ω) intégrée au circuit. Le voltage est mesuré directement aux bornesdu fil chauffant. Par ailleurs, le four à <strong><strong>de</strong>s</strong>ign « fluorescence » (Fig. I.11) permet d’utiliser unthermocouple <strong>de</strong> type S, p<strong>la</strong>cé directement au contact <strong>de</strong> l’échantillon ou à l’intérieur <strong>de</strong> celuicilorsqu’il a été préa<strong>la</strong>blement fondu. Pour ces différentes métho<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>la</strong> précision <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures<strong>de</strong> température est estimée à ± 5 °C.L’ensemble du four à <strong><strong>de</strong>s</strong>ign « transmission » (Fig. I.10) repose sur un socle iso<strong>la</strong>nt enTéflon. Il présente un fil <strong>de</strong> p<strong>la</strong>tine linéaire, dont <strong>la</strong> partie centrale est ap<strong>la</strong>tie (sectiond’environ 0,5 mm) et découpée <strong>de</strong> façon à diminuer <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> matière par rapport au restedu fil. De plus, <strong>la</strong> partie centrale du fil présente un trou d’environ 0,5 mm <strong>de</strong> diamètre,permettant <strong>de</strong> contenir l’échantillon sous forme <strong>de</strong> poudre homogène. La section <strong>de</strong> p<strong>la</strong>tine estdonc fortement réduite au niveau <strong>de</strong> l’échantillon. Par conséquent, cette partie du fil est plusrésistante et chauffe davantage que le reste. Afin <strong>de</strong> réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences sous atmosphèrecontrôlée, il est possible <strong>de</strong> disposer un tube en silice autour du fil <strong>de</strong> p<strong>la</strong>tine, permettant ainsiune circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> gaz. Ce tube en silice est percé au niveau <strong>de</strong> l’échantillon afin d’éviterl’absorption du faisceau utilisé pour <strong>la</strong> caractérisation <strong>de</strong> l’échantillon.Fig. I.10 – Système <strong>de</strong> four à fil chauffant optimisé pour <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures en transmission.Le four à <strong><strong>de</strong>s</strong>ign « fluorescence » est principalement constitué <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux parties : unetourelle et un boîtier support (voir Fig. I.11). La tourelle dispose d’une circu<strong>la</strong>tion interned’eau permettant <strong>de</strong> refroidir l’ensemble pendant l’expérience. Elle présente <strong>de</strong>ux plots entitane, isolés du reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> tourelle par <strong>de</strong>ux gaines en Téflon. Ces plots permettent <strong>de</strong>transmettre le courant électrique au fil <strong>de</strong> p<strong>la</strong>tine. Comme précé<strong>de</strong>mment, le fil chauffant55


présente une section ap<strong>la</strong>tie « résistante » en son centre. Cependant pour ce dispositif, le filprésente une boucle permettant <strong>de</strong> contenir l’échantillon. La tourelle est alors p<strong>la</strong>cée sur sonboîtier. Ce <strong>de</strong>rnier présente différentes ouvertures permettant une circu<strong>la</strong>tion interne <strong>de</strong> gaz, lepositionnement <strong>de</strong> détecteurs <strong>de</strong> fluorescences, et le passage du faisceau jusqu’à l’échantillon.Fig. I.11 – Système <strong>de</strong> four à fil chauffant optimisé pour <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures en fluorescence.3.3.2. Presse « Paris-Edinburgh »La presse « Paris-Edinburgh » est une presse à compression hydraulique, permettantd’atteindre <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions d’environ 10 GPa. L’échantillon est disposé, sous forme <strong>de</strong> poudre,dans un cylindre <strong>de</strong> nitrure <strong>de</strong> bore hexagonal (h-BN), lui-même entouré d’un fourcylindrique en graphite. L’échantillon cylindrique fait environ 0,8 mm <strong>de</strong> diamètre sur2,5 mm <strong>de</strong> hauteur. L’ensemble est moulé dans un joint en époxy <strong>de</strong> 7 mm <strong>de</strong> <strong>la</strong>rgeur, etrecouvert <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pastilles <strong>de</strong> MgO (voir Figure I.12).Fig. I.12 – (gauche) Représentation schématique d’une capsule <strong>de</strong> confinement pour <strong>la</strong> presse « Paris-Edinburgh » ; (droite) photographie d’une presse « Paris-Edinburgh ».56


La montée en température est obtenue par circu<strong>la</strong>tion d’un courant <strong>de</strong> forte intensité àtravers le four en graphite très résistant. Pour ce<strong>la</strong>, on utilise une alimentation électriquestabilisée en courant continu ayant les caractéristiques (10 V ; 100 A). Les températures sontgénéralement mesurées à l’ai<strong>de</strong> d’un thermocouple <strong>de</strong> type K p<strong>la</strong>cé directement en contactavec l’échantillon. Cependant, lorsque les systèmes chimiques étudiés sont trop réactifs, il estpossible d’utiliser <strong><strong>de</strong>s</strong> courbes <strong>de</strong> calibrations empiriques préétablies pour une pressiondonnée. Ce système <strong>de</strong> chauffe permet d’atteindre <strong><strong>de</strong>s</strong> températures supérieures à 1000 °C ;l’incertitu<strong>de</strong> sur les températures ne dépassant pas 10 °C.4.3.3. Cellule à enclumes diamant type « Bassett »La cellule à enclumes diamant <strong>de</strong> type « Bassett » (Fig. I.13a) est une cellulehydrothermale à chauffage externe. Son principe repose sur l’utilisation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux diamantstaillés, <strong>de</strong> 1,5 mm <strong>de</strong> hauteur, ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> tablettes <strong>de</strong> 1 mm <strong>de</strong> diamètre. Ces diamants sontdisposés selon le schéma <strong>de</strong> <strong>la</strong> Figure I.13b.Fig. I.13 – (a) Photographie d’une cellule à enclumes diamant <strong>de</strong> type « Bassett » ; (b) représentationschématique d’une cellule à enclumes diamant.L’alignement <strong><strong>de</strong>s</strong> diamants est possible grâce à <strong>de</strong>ux supports en pyrophyllitepermettant un mouvement, l’un par trans<strong>la</strong>tion et l’autre par rotation (Fig. I.14). De plus, Lechauffage est obtenu à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> fils chauffants en molybdène, enroulés autour <strong><strong>de</strong>s</strong> supports <strong>de</strong>diamants constitués <strong>de</strong> carbure <strong>de</strong> silicium (SiC). Les ensembles, « diamant − support SiC −four Mo », sont maintenus sur les socles en pyrophyllite à l’ai<strong>de</strong> d’un ciment d’alumine.Chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> fils chauffant est alimenté par un générateur stabilisé en courant continuindépendant, <strong>de</strong> caractéristique (20 V ; 20 A). Les températures au sein <strong>de</strong> l’échantillon57


peuvent atteindre environ 1000 °C. Deux thermocouples <strong>de</strong> type K, p<strong>la</strong>cés au contact <strong><strong>de</strong>s</strong>diamants et à proximité <strong>de</strong> l’échantillon, permettent d’ajuster <strong>la</strong> température <strong>de</strong> chacun <strong><strong>de</strong>s</strong>fours en cours <strong>de</strong> chauffe. Cependant, une calibration en température est faitesystématiquement avant et après les cycles <strong>de</strong> chauffage à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> plusieurs composés ayant<strong><strong>de</strong>s</strong> températures <strong>de</strong> fusion connues. En effet, ces calibrations permettent <strong>de</strong> s’affranchir <strong><strong>de</strong>s</strong>gradients thermiques présents entre l’échantillon et les points <strong>de</strong> mesure <strong><strong>de</strong>s</strong> thermocouples.De plus au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> chauffe, une circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> gaz réducteur est nécessaire afin d’éviterl’oxydation <strong><strong>de</strong>s</strong> fils chauffants, <strong><strong>de</strong>s</strong> thermocouples et <strong><strong>de</strong>s</strong> diamants. Généralement, un mé<strong>la</strong>nged’argon et d’hydrogène est utilisé. Cependant, afin <strong>de</strong> limiter l’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayonnementsX en cours d’expérience, nous avons utilisé un mé<strong>la</strong>nge d’azote hydrogéné (N 2 -96 % ; H 2 -4 %). Afin <strong>de</strong> maintenir un flux constant <strong>de</strong> gaz à l’intérieur, <strong><strong>de</strong>s</strong> fenêtres en Kapton sontdisposées <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellule (voir Figure I.14) ; <strong>de</strong> petites sorties <strong>de</strong> gaz étantdirectement intégrées à <strong>la</strong> cellule.Fig. I.14 – Schéma technique d’une cellule hydrothermale à enclumes diamants, par W.A. Bassett.Un joint en rhénium <strong>de</strong> 100 à 250 µm d’épaisseur est situé entre les <strong>de</strong>ux diamants(Fig. I.13b). Ce joint est percé <strong>de</strong> façon à contenir l’échantillon dans un cylindre <strong>de</strong> 300 à500 µm <strong>de</strong> diamètre. Avant <strong>de</strong> charger l’échantillon, il est nécessaire <strong>de</strong> « stabiliser » le jointen rhénium <strong>de</strong> façon à obtenir une « chambre à échantillon » parfaitement étanche à hautetempérature et haute pression. Cette stabilisation est généralement effectuée en chargeant lejoint avec <strong>de</strong> l’eau pure et une petite bulle d’air. La cellule est alors fermée à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> troisvis <strong>de</strong> serrage (Fig. I.13a), puis le système est soumis à plusieurs cycles <strong>de</strong> chauffagejusqu’environ 600 °C, <strong>de</strong> façon à obtenir <strong>la</strong> même température d’homogénéisation <strong>de</strong> l’air endébut et en fin <strong>de</strong> cyc<strong>la</strong>ge (voir Figure I.15). Lorsque le joint est stabilisé (étanche et à volumeconstant), il est possible, en connaissant <strong>la</strong> température d’homogénéisation <strong>de</strong> l’air et <strong>la</strong>58


température expérimentale, <strong>de</strong> déterminer <strong>la</strong> pression à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’équation d’état <strong>de</strong> l’eau ou<strong>de</strong> <strong>la</strong> solution utilisée. Généralement, <strong>la</strong> pression est calculée à l’ai<strong>de</strong> du programme Loner14(Bakker 2002), sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’équation d’état <strong>de</strong> l’eau (Haar et al. 1984). Le joint stabilisépeut alors être utilisé pour le cyc<strong>la</strong>ge d’un échantillon en milieu aqueux. La Figure I.16présente l’exemple d’un cyc<strong>la</strong>ge, jusqu’à 965 °C / 1,11 GPa, d’un verre d’albite (NaAlSi 3 O 8 )contenant initialement 8 p.% d’eau.Fig. I.15 – Cyc<strong>la</strong>ge, jusqu’à 562 °C, d’un joint en rhénium contenant <strong>de</strong> l’eau pure et une bulle d’air ; l’airdisparaît vers 130 °C et réapparaît à 135 °C.Fig. I.16 – Cyc<strong>la</strong>ge, jusqu’à 965 °C et 1,11 GPa, d’un verre d’albite contenant 8 p.% d’eau dans une matriced’eau ; une bulle d’air est ajoutée afin <strong>de</strong> permettre le calcul <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions expérimentales.59


Le chargement <strong>de</strong> départ est effectué dans un joint stabilisé, et comprend un fragment<strong>de</strong> verre, une matrice aqueuse et une bulle d’air (Fig. I.16a). Le volume <strong>de</strong> <strong>la</strong> bulle d’airdiminue progressivement (Fig. I.16b, c et d) jusqu’à l’homogénéisation qui s’opère à 187 °C(Fig. I.16e), correspondant à une pression <strong>de</strong> 1,2 MPa pour une <strong>de</strong>nsité du liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong>0,87 g/cm 3 . Au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong> transition vitreuse, l’eau dissoute dans <strong>la</strong> matricesilicatée est exsolvée, opacifiant ainsi l’échantillon (voir Figures I.16f et g). Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Tg, leverre fond et se présente sous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> globules <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> silicaté en équilibre avec <strong>la</strong>phase aqueuse (Fig. I.16h et i). La phase aqueuse se dissout alors progressivement dans <strong>la</strong>phase silicatée qui occupe un volume <strong>de</strong> plus en plus important (Fig. I.16j et k). L’ensembleest alors trempé brutalement, en faisant apparaître une phase majoritaire <strong>de</strong> verre silicatéhydraté et une phase aqueuse <strong>de</strong> faible volume contenant une bulle d’air et quelques petitsglobules <strong>de</strong> verre silicaté isolés (Fig. I.16i).60


Chapitre II :Spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X61


1. Principe1.1. Interaction rayonnement-matièreLa théorie mo<strong>de</strong>rne « électronique » <strong>de</strong> <strong>la</strong> spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X aété introduite par Sayers et al. (1970). Elle met en jeu un phénomène d’interaction entre unrayonnement X monochromatique et <strong>la</strong> matière. Plus précisément, le principe repose surl’effet photoélectrique par absorption d’un photon X et éjection d’un électron d’une coucheprofon<strong>de</strong> (K, L, etc.) <strong>de</strong> l’atome absorbeur vers le continuum interatomique (photo-ionisation ;voir Fig. II.1). L’atome absorbeur est alors excité, et différents mécanismes vont permettre <strong>de</strong>le « re<strong>la</strong>xer », comme l’émission d’un rayonnement <strong>de</strong> fluorescence X, d’électrons Auger ouencore d’électrons secondaires. En particulier, le phénomène <strong>de</strong> fluorescence a lieu lorsqu’unélectron <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> énergie re<strong><strong>de</strong>s</strong>cend vers un état d’énergie plus faible, émettant ainsi unphoton X caractéristique <strong>de</strong> l’atome « photoabsorbeur » (Fig. II.1) ; les aspects ondu<strong>la</strong>toire etcorpuscu<strong>la</strong>ire d’un rayonnement électromagnétique étant définis par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion d’Einstein :hcE = hν=(II.1)λoù E est l’énergie du rayonnement en eV, h <strong>la</strong> constante <strong>de</strong> P<strong>la</strong>nck, c <strong>la</strong> célérité <strong>de</strong> <strong>la</strong> lumièreen m.s -1 , ν et λ, respectivement, <strong>la</strong> fréquence et <strong>la</strong> longueur d’on<strong>de</strong> du rayonnement.Fig. II.1 – Représentation schématique <strong>de</strong> l’effet photoélectrique par absorption d’un photon X et éjection d’unélectron <strong>de</strong> couche profon<strong>de</strong>.63


1.2. Spectre d'absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons XUn spectre d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X (XAFS ; X-ray Absorption Fine Structure) estdéfini par une fonction <strong>de</strong> l’énergie µ(E), appelée coefficient d’absorption linéaire. D’un point<strong>de</strong> vue expérimental, ce coefficient est proportionnel à l’intensité du rayonnement X inci<strong>de</strong>nt(I 0 ), ainsi qu’aux intensités <strong><strong>de</strong>s</strong> rayonnements transmis (I t ) ou émis par fluorescence (I f ) selonle mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> détection choisi. Pour un échantillon homogène d’épaisseur x, <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> Beer-Lambert permet <strong>de</strong> déterminer le coefficient d’absorption linéaire (ou absorbance) <strong>de</strong> <strong>la</strong> façonsuivante :( ) . x = ln I ( E)0⎜( E)µ E⎛⎝I t⎞⎟⎠(II.2)Lorsque l’échantillon homogène est supposé infiniment épais, le coefficientd’absorption linéaire peut aussi être obtenu à partir <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong> fluorescence :( ) = I f( E)( E)µ EI 0(II.3)La fonction µ(E) ainsi obtenue présente <strong>de</strong> fortes discontinuités à <strong><strong>de</strong>s</strong> énergiesparticulières, correspondant aux énergies <strong>de</strong> liaison <strong><strong>de</strong>s</strong> électrons du soli<strong>de</strong>. Cesdiscontinuités, appelées seuils d’absorptions, sont associées à l’excitation d’un électron <strong>de</strong>puisun niveau <strong>de</strong> cœur particulier vers un état vi<strong>de</strong> ou vers le continuum interatomique.SeuilAvant-seuilEXAFSCoefficient d'absorption linéaire1XANESPré-seuil08200 8400 8600 8800 9000Energie (eV)Fig. II.2 – Allure d’un spectre d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X au voisinage d’un seuil d’absorption. Mise en évi<strong>de</strong>nce<strong><strong>de</strong>s</strong> régions du pré-seuil, du XANES et <strong>de</strong> l’EXAFS.64


La Figure II.2 présente l’allure d’un spectre d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X au voisinage duseuil K d’absorption du nickel, pour un composé silicaté. Comme le montre cette figure, unspectre XAFS est composé <strong>de</strong> trois régions d’intérêt (pré-seuil, XANES et EXAFS), associéesà différents phénomènes physiques.1.2.1. Pré-seuilL’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X « avant-seuil » (voir « pré-seuil » ; Fig. II.2) correspond àun phénomène <strong>de</strong> photoexcitation qui met en jeu <strong><strong>de</strong>s</strong> transitions électroniques <strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong>niveaux d’énergie profonds vers <strong><strong>de</strong>s</strong> niveaux complètement, ou partiellement vi<strong><strong>de</strong>s</strong> du bas <strong>de</strong><strong>la</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> conduction (généralement 1s → 3d pour les seuils K <strong><strong>de</strong>s</strong> métaux <strong>de</strong> transition). Larésolution spectrale <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> transition est en gran<strong>de</strong> partie dépendante <strong><strong>de</strong>s</strong>caractéristiques expérimentales liées au spectromètre utilisé (voir Partie 2 ci-après).Cependant, elle est essentiellement imposée par <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur intrinsèque du niveau <strong>de</strong> cœur liéeà <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> vie du trou créé au cours du processus d’absorption ; <strong>la</strong> « <strong>la</strong>rgeur du trouprofond » étant dépendante <strong>de</strong> l’élément absorbant ainsi que <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature du seuild’absorption. Notamment, les raies d’excitations <strong>de</strong> type « pré-seuil » sont particulièrementdifficiles à résoudre dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> niveaux profonds <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes lourds.Étant donné <strong>la</strong> nature locale du phénomène, dans une approche monoélectrique, lemoment <strong>de</strong> transition est gouverné par les règles <strong>de</strong> sélection atomiques. En spectroscopieatomique, pour une transition dipo<strong>la</strong>ire électrique, les transitions autorisées suivent les règles<strong>de</strong> sélection : ∆s = 0, ∆l = ± 1 et ∆j = 0, ± 1 ; où ∆s représente <strong>la</strong> variation d’état <strong>de</strong> spin <strong>de</strong>l’atome absorbant durant <strong>la</strong> transition ; ∆l représente <strong>la</strong> variation <strong>de</strong> moment orbital et ∆j celledu moment total. Au seuil K, un électron s (l = 0) n’est donc excité que vers <strong><strong>de</strong>s</strong> orbitalesatomiques <strong>de</strong> symétrie p (∆l = + 1). Par ailleurs, les transitions vers les états d sontthéoriquement interdites (∆l = + 2). Cependant, <strong><strong>de</strong>s</strong> transitions quadripo<strong>la</strong>ires sont autoriséespour les sites centrosymétriques <strong>de</strong> type octaèdre, p<strong>la</strong>n carré, etc. (Heumann et al. 1997 ; Sipret al. 2001). De plus, pour les sites non-centrosymétriques, une combinaison partielle <strong><strong>de</strong>s</strong>orbitales p et d est possible. La transition dipo<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>vient donc partiellement autorisée. Latransition électrique est alors mixte « dipo<strong>la</strong>ire-quadripo<strong>la</strong>ire », ce qui implique une intensitédu pré-seuil plus importante.Dans une molécule, les orbitales atomiques <strong>de</strong> l’absorbeur construisent avec celles <strong><strong>de</strong>s</strong>atomes <strong>de</strong> son environnement chimique les orbitales molécu<strong>la</strong>ires. L’énergie et l’intensité <strong><strong>de</strong>s</strong>65


transitons se trouvent alors modifiées par le changement <strong>de</strong> symétrie lié à <strong>la</strong> présence <strong><strong>de</strong>s</strong>atomes voisins. Dans le cas particulier du nickel, les levées <strong>de</strong> dégénérescence associées auxcontributions quadripo<strong>la</strong>ires impliquent que pour un site centrosymétrique, le pré-seuil estre<strong>la</strong>tivement peu intense et localisé vers les hautes énergies. Réciproquement, pour un sitenon-centrosymétrique, le pré-seuil est intense et décalé vers les faibles énergies. Lesdéca<strong>la</strong>ges en énergie proviennent du fait que <strong>la</strong> troisième orbitale du nickel est pratiquementremplie (3d 8 ), contraignant ainsi les transitions à <strong><strong>de</strong>s</strong> énergies différentes selon l’éc<strong>la</strong>tementdu champs cristallin (voir Heumann et al. 1997 ; Farges et al. 2001a). Par ailleurs,l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité d’états vi<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> niveaux d (d 10 → d 0 ) traduit une augmentationgénérale <strong>de</strong> l’intensité <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils (toutes proportions gardées vis-à-vis <strong><strong>de</strong>s</strong> différentessymétries <strong><strong>de</strong>s</strong> sites). Par exemple, les pré-seuils au seuil K du nickel seront toujours beaucoupmoins intenses que les pré-seuils au seuil K du titane.Le pré-seuil renseigne donc sur <strong>la</strong> structure locale à courte distance (< 3 Å) <strong>de</strong> l’atomeexcité. De plus, en se basant sur <strong><strong>de</strong>s</strong> composés <strong>de</strong> références dont <strong>la</strong> coordinence <strong>de</strong> l’atomesondé est connue, il est souvent possible <strong>de</strong> corréler directement le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> centrosymétrie dusite à une coordinence moyenne dans une structure donnée (voir par exemple, Ca<strong>la</strong>s et Petiau1983 ; Galoisy et Ca<strong>la</strong>s 1993 ; Farges et al. 2001a). La Figure II.3 met en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionentre les positions/hauteurs <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils (seuil K du Ni) et les différents types <strong>de</strong>coordinences du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong> cristaux <strong>de</strong> références présentant <strong><strong>de</strong>s</strong> sites <strong>de</strong> type NiO 4 ,NiO 5 et NiO 6 (tétraèdre, bipyrami<strong>de</strong> trigonale et octaèdre, respectivement).Fig. II.3 – Corré<strong>la</strong>tion entre les pré-seuils normalisés enregistrés au seuil K du nickel pour différents cristaux, et<strong>la</strong> coordinence du nickel.66


1.2.2. XANES (X-ray Absorption Near Edge Structure)Le spectre XANES correspond à <strong>la</strong> partie du spectre XAFS située <strong>de</strong> part et d’autre duseuil d’absorption, et s’étend environ jusqu’à 50 eV après le seuil (Fig. II.2). Le seuild’absorption correspond au phénomène <strong>de</strong> photo-ionisation, où un électron d’une coucheprofon<strong>de</strong> est éjecté vers le continuum interatomique. La discontinuité K d’un seuild’absorption correspond à l’ionisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> couche n = 1 (électron 1s). Il existe troisdiscontinuités d’absorption L, notées L I , L II , L III , qui correspon<strong>de</strong>nt à l’ionisation <strong><strong>de</strong>s</strong> souscouchescaractérisées par n = 2, l = 0 et 1, et j = l ± 1/2, soit 2s 1/2 , 2p 1/2 et 2p 3/2 . Il y a <strong>de</strong> mêmecinq discontinuités M, notées M I , M II , M III , M IV et M V , qui correspon<strong>de</strong>nt à l’ionisation <strong><strong>de</strong>s</strong>sous-couches 3s 1/2 , 3p 1/2 , 3p 3/2 , 3d 3/2 et 3d 5/2 . Les discontinuités K, L, M, N, etc. d’un élément<strong>de</strong> numéro atomique Z, sont situées dans <strong><strong>de</strong>s</strong> domaines d’énergie bien distincts. De plus, lepotentiel d’ionisation d’un électron <strong>de</strong> cœur varie avec le numéro atomique <strong>de</strong> l’atome excité.Il varie aussi <strong>de</strong> quelques électron-volts en fonction <strong>de</strong> sa charge électrique. La position duseuil d’absorption d’un spectre XANES renseigne donc sur <strong>la</strong> nature du photoabsorbeur, maisaussi sur son <strong>de</strong>gré d’oxydoréduction au sein du matériau sondé (voir Fig. II.4).Coefficient d'absorption linéaire1Fe 2+Fe 3+~ 4 eV07100 7150 7200Energie (eV)Fig. II.4 – Variation <strong>de</strong> <strong>la</strong> position du seuil d’absorption en fonction du <strong>de</strong>gré d’oxydoréduction duphotoabsorbeur. Exemple <strong>de</strong> spectres XANES enregistrés au seuil K du fer pour les composés FeCO 3 etFe 2 (SO 4 ) 3 , contenant Fe 2+ et Fe 3+ , respectivement.La région du spectre XANES située après-seuil correspond au maximum du libreparcours moyen du photoélectron. Cette région est donc particulièrement sensible àl’environnement atomique <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes premiers voisins (nombre <strong>de</strong> coordinence), mais aussi àl’environnement atomique <strong>de</strong> moyenne distance (<strong>de</strong> 3 à 15 Å environ). Les oscil<strong>la</strong>tions67


présentes dans cette région du spectre sont essentiellement dues à <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènesd’interférences en « diffusion simple » couplés à <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes dits <strong>de</strong> « diffusionsmultiples ». Les phénomènes d’interférences en diffusion simple se produisent entre l’on<strong>de</strong>émise associée à l’électron éjecté <strong>de</strong> son nuage électronique, et l’on<strong>de</strong> correspondantedirectement rétrodiffusée par les atomes voisins. Le chemin parcouru par l’on<strong>de</strong> est donc unsimple aller-retour entre l’atome excité et les atomes voisins ; on parle <strong>de</strong> chemin d’ordre 2(voir Figure II.5). De <strong>la</strong> même façon, les phénomènes <strong>de</strong> diffusions multiples correspon<strong>de</strong>nt à<strong><strong>de</strong>s</strong> interférences plus complexes <strong>de</strong> l’on<strong>de</strong>, mettant en jeu <strong><strong>de</strong>s</strong> chemins d’ordre 3, 4, 5, 6, etc.(voir Figure II.5).Fig. II.5 – Schéma 2D représentant <strong><strong>de</strong>s</strong> exemples <strong>de</strong> phénomènes d’interférence <strong>de</strong> l’on<strong>de</strong> associée à l’éjectiond’un électron <strong>de</strong> cœur ; (2) mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> diffusion simple ; (3) mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> diffusion multiple d’ordre trois ; (4 et 4’)mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> diffusion multiple d’ordre quatre.Par conséquent, bien que très complexe, <strong>la</strong> région après-seuil du spectre XANES estextrêmement sensible à l’environnement structural local <strong>de</strong> courte et moyenne distance autour<strong>de</strong> l’atome excité. Elle fournit ainsi une « signature spectrale » particulièrement fine quipermet, grâce à une base suffisante <strong>de</strong> spectres XANES enregistrés pour <strong><strong>de</strong>s</strong> composés <strong>de</strong>références connus, d’i<strong>de</strong>ntifier <strong><strong>de</strong>s</strong> phases structurales, cristallines ou non, pouvant avoir <strong><strong>de</strong>s</strong>dimensions inférieures au nanomètre.La Figure II.6 présente <strong><strong>de</strong>s</strong> exemples <strong>de</strong> spectres XANES enregistrés au seuil K dunickel pour différents composés cristallisés dans lesquels <strong>la</strong> coordinence du nickel estconstante (coordinence 6).68


Coefficient d'absorption linéaire21Ni2Si2O5(OH)4NiAl2O4NiO08320 8340 8360 8380 8400 8420Energie (eV)Fig. II.6 – Mise en évi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> signatures spectrales <strong>de</strong> spectres XANES au seuil K du nickel pour différentscomposés cristallisés contenant du nickel en coordinence 6.Dans certains cas, il est possible <strong>de</strong> résoudre théoriquement les spectres XANES pourune structure complexe à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> co<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> calcul ab initio (par exemple FEFF 8 ; Ankudinovet al. 1998). Cependant, cette approche reste encore re<strong>la</strong>tivement délicate et nécessite d’êtreun utilisateur avisé. Par ailleurs, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> structures amorphes nécessite au préa<strong>la</strong>ble <strong>de</strong>générer <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters appropriés à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> métho<strong><strong>de</strong>s</strong> souvent complexes comme, par exemple,<strong>la</strong> dynamique molécu<strong>la</strong>ire.Il est possible d’extraire <strong>de</strong>ux types d’informations supplémentaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure d’unspectre XANES. En effet, le coefficient d’absorption linéaire µ est lié à <strong>la</strong> fraction massique g jpour chaque élément j présent dans l’échantillon, ainsi qu’à <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité apparente ρ du matériausondé par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion suivante (Teo 1986) :µ ( E)∑ρ = g j . µ ρj[ ] jE( )(II.4)où [µ/ρ] j (E) représente le coefficient d’absorption massique <strong>de</strong> chaque élément j. Les valeurs<strong>de</strong> ces coefficients sont fonctions <strong>de</strong> l’énergie et sont tabulées. En outre, elles présentent <strong><strong>de</strong>s</strong>discontinuités au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> différents seuils d’absorption (K, L, M, etc.) <strong><strong>de</strong>s</strong> élémentsconsidérés. La Figure II.7a met en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> discontinuité K du coefficient d’absorptionmassique du nickel (8333 eV) en fonction <strong>de</strong> l’énergie d’excitation. Parallèlement, <strong>la</strong> FigureII.7b met en évi<strong>de</strong>nce le saut d’absorption ∆µ d’un spectre XANES enregistré au seuil K dunickel.69


1000a)1b)µ/ρ (cm 2 /g)5000Ni- KCoefficient d'absorption linéaire (cm -1 )0.80.60.40.20µ(E1)∆µµ(E 2)5 10 15 20Energie (keV)8300 8350 8400 8450 8500Energie (eV)Fig. II.7 – (a) Coefficient d’absorption massique du nickel, mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> discontinuité K ; (b)détermination du saut d’absorption ∆µ pour un spectre XANES enregistré au seuil K du nickel.Il est donc possible d’exprimer l’Équation II.4 sous <strong>la</strong> forme d’une différence pour<strong>de</strong>ux valeurs d’énergies choisies <strong>de</strong> part et d’autre du seuil d’absorption K du nickel (parexemple à 8300 et 8450 eV ; Fig. II.7b). De cette façon, l’élément excité présente <strong>de</strong>uxvaleurs très différentes pour les coefficients d’absorption massique, alors que les autres termesg j . [µ/ρ] j (E) sont quasiment i<strong>de</strong>ntiques et s’annulent. L’Équation II.4 permet alors d’écrire <strong>la</strong>re<strong>la</strong>tion suivante :ρ . g Ni≈∆µµ[ ρ ] ( E 2 ) − µNi[ ρ] E 1Ni( )(II.5)Par conséquent à partir d’un spectre XANES, il est possible d’extraire <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité ou <strong>la</strong>fraction massique <strong>de</strong> l’élément excité pour un échantillon donné (à condition <strong>de</strong> connaître l’un<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux paramètres par ailleurs).1.2.3. EXAFS (Exten<strong>de</strong>d X-ray Absorption Fine Structure)Le spectre EXAFS correspond à <strong>la</strong> région du spectre XAFS située entre quelquesdizaines d’électron-volts et environ 1000 eV après le seuil d’absorption (Fig. II.2). Lafonction d’interférence χ(E) du spectre EXAFS, est définie comme <strong>la</strong> partie oscil<strong>la</strong>toirenormalisée <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction µ(E). Elle est donnée par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :( ) = µ ( E)− µ ( E)0µ 0( E)χ E(II.4)70


où µ(E) est le coefficient d’absorption linéaire au niveau du seuil d’absorption <strong>de</strong> l’élémentd’intérêt dans l’échantillon, et µ 0 (E) représente <strong>la</strong> partie lissée <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction µ(E), etcorrespond, d’un point <strong>de</strong> vue physique, au coefficient d’absorption linéaire ce même élémentau sein d’un système isolé (sans atome voisin). Afin d’extraire les paramètres structuraux <strong>de</strong><strong>la</strong> fonction χ(E), le spectre EXAFS est conventionnellement décrit dans l’espace k, où kreprésente le vecteur d’on<strong>de</strong> associé à l’énergie E du photoélectron par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :k =2m e( E − Eh 2 0) (II.5)avec E 0 l’énergie du seuil d’excitation, m e <strong>la</strong> masse d’un électron, et h <strong>la</strong> constante <strong>de</strong> P<strong>la</strong>nck.Le spectre EXAFS est alors défini par <strong>la</strong> fonction χ(k).D’un point <strong>de</strong> vue théorique, l’excitation d’un atome peut être traitée d’une manièresemi-c<strong>la</strong>ssique, en associant le photon à un champ électromagnétique, et en traitant lecomportement <strong>de</strong> l’électron par <strong>la</strong> mécanique quantique. En assumant le fait que <strong>la</strong> longueurd’on<strong>de</strong> du rayonnement soit toujours gran<strong>de</strong> par rapport aux dimensions <strong><strong>de</strong>s</strong> niveaux <strong>de</strong> cœurexcités, l’approximation dipo<strong>la</strong>ire peut être faite. Dans cette approximation, pour <strong>la</strong> transitiond’un électron, causée par un photon, <strong>de</strong>puis l’état initial ψ fondjusqu’à l’état final ψ exc, lecoefficient d’absorption linéaire µ(E), est donné par <strong>la</strong> règle d’or <strong>de</strong> Fermi :2µ ( E) ∝ ψ excε.r ψ fond . Nexc ( E) . δ( E fond+ hν − E exc ) (II.6)où, respectivement, ψ fond et ψ exc sont les fonctions d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’état fondamental et <strong>de</strong> l’étatexcité, et E fond et E exc sont les énergies <strong>de</strong> l’état fondamental et <strong>de</strong> l’état excité ; ε.r représentel’opérateur <strong>de</strong> transition dipo<strong>la</strong>ire, avec ε le vecteur po<strong>la</strong>risation et r <strong>la</strong> variable d’espace ;N exc (E) représente les <strong>de</strong>nsités d’états vacants en fonction <strong>de</strong> l’énergie ; δ représente <strong>la</strong>distribution <strong>de</strong> Dirac traduisant <strong>la</strong> conservation d’énergie ; hν représente l’énergie du photon,avec h <strong>la</strong> constante <strong>de</strong> P<strong>la</strong>nck et ν <strong>la</strong> fréquence du rayonnement.Dans l’approximation <strong>de</strong> <strong>la</strong> diffusion simple et <strong>de</strong> l’on<strong>de</strong> p<strong>la</strong>ne, <strong>la</strong> partie oscil<strong>la</strong>nte ducoefficient d’absorption linéaire aux seuils K est alors donnée par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion suivante (Sayerset al. 1970 ; Lee et Pendry 1975) :71


( ) ≈ f ( k,π)χ kk( ( ))∑∞g ( r )e −2r λ ( k ) sin 2k r + φ k∫ dr (II.7)0r 2où g(r) représente <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> distribution radiale, traduisant le paysage atomique loca<strong>la</strong>utour <strong>de</strong> l’atome sondé projeté à une dimension ; f ( k,π) représente l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>rétrodiffusion <strong>de</strong> l’on<strong>de</strong> ; λ(k) est le libre parcours moyen du photoélectron ; et∑ φ( k)est <strong>la</strong>somme <strong><strong>de</strong>s</strong> déphasages du photoélectron introduits par l’atome excité et les atomesrétrodiffuseurs.Dans l’approximation harmonique, <strong>la</strong> fonction g(r) peut être considérée comme unedistribution gaussienne <strong><strong>de</strong>s</strong> distances interatomiques. Cependant, dans les systèmesdésordonnés, d’autres modèles <strong>de</strong> type anharmonique peuvent êtres utilisés (voir Teo 1986 ;Mustre <strong>de</strong> Leon et al. 1991). Dans ce cas, <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> distribution radiale inclut lesdifférents effets <strong>de</strong> désordre statique et thermique. La formu<strong>la</strong>tion continue <strong>de</strong> l’EXAFS (Éq.II.7), pour un atome absorbeur i, présente alors une écriture discrète <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme (Sayers et al.1970 ; Lee et Pendry 1975 ; Teo 1986) :( ) ≈ S i( k) N jχ k∑ 2fkRj( k,π ) e −2σ j 2 k 2 e −2R j λ j ( k )sin 2kRj + φ ikjj( ( ) +φ j( k ) +φ anh( k)) (II.8)où S i (k) est un facteur d’échelle représentant le terme <strong>de</strong> réduction dû aux effetsmultiélectroniques. De plus, pour chaque couche j d’atomes rétrodiffuseurs i<strong>de</strong>ntiques, N j estle nombre <strong>de</strong> coordinence, R j est <strong>la</strong> distance moyenne entre l’atome excité et les atomesrétrodiffuseurs, f j( k,π ) est l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> rétrodiffusion <strong>de</strong> l’on<strong>de</strong>, σ 2 j est le facteur <strong>de</strong>Debye-Waller, λ j (k) est le libre parcours moyen du photoélectron, φ i (k) et φ j (k) représententles déphasages introduits par les potentiels atomiques <strong>de</strong> l’atome central et <strong><strong>de</strong>s</strong> atomesrétrodiffusés, respectivement, et φ anh (k) représente les contributions anharmoniques <strong>de</strong>déphasage liées à l’état <strong>de</strong> désordre structural et/ou thermiques du matériau étudié (Stern etHeald 1983 ; Stern et al. 1991).Dans l’Équation II.8, le terme e −2σ j 2 k 2est un terme d’amortissement atténuant le signalpour les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> k. Il caractérise <strong>la</strong> dispersion <strong><strong>de</strong>s</strong> distances induite par le désordrestructural et/ou thermique. De plus, le terme e −2R j λ j ( k )est un terme d’amortissement surtoutsensible aux faibles valeurs <strong>de</strong> k, provenant <strong><strong>de</strong>s</strong> pertes iné<strong>la</strong>stiques dans le processus <strong>de</strong>72


diffusion ; λ j (k) étant décrit comme k/Γ i (k), où Γ i (k) correspond à <strong>la</strong> constante du libreparcours moyen du photoélectron.La résolution <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS consiste donc, en partie, à <strong>la</strong> détermination <strong><strong>de</strong>s</strong>divers paramètres structuraux comme les distances interatomiques (R) et le nombre d’atomesvoisins (N), mais aussi le facteur <strong>de</strong> Debye-Waller (σ 2 ) ou encore <strong>la</strong> valeur du déphasageanharmonique (φ anh (k)), généralement exprimée à l’ai<strong>de</strong> d’un cumu<strong>la</strong>nt d’ordre 3 : (– 4/3)c 3 k 3(Tranquada et Ingalls 1983) ; où c 3 représente le paramètre anharmonique. Par ailleurs,l’information concernant <strong>la</strong> nature <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes voisins est essentiellement contenue dans <strong>la</strong>fonction d’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> rétrodiffusion ( f j( k,π ) ; Teo 1986). L’analyse qualitative <strong><strong>de</strong>s</strong>espèces atomiques voisines nécessite par conséquent une étu<strong>de</strong> particulière <strong><strong>de</strong>s</strong> différentstermes d’amplitu<strong>de</strong>.73


2. Dispositifs expérimentaux2.1. Sources <strong>de</strong> rayonnement synchrotronLa réalisation d’expérience par absorption <strong>de</strong> rayons X nécessite l’utilisation d’unesource <strong>de</strong> rayonnement particulièrement intense, générée à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> dispositifs expérimentauxappelés synchrotrons. À ce jour, il existe <strong><strong>de</strong>s</strong> synchrotrons <strong>de</strong> 1 e , 2 e et 3 e génération,présentant <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques techniques <strong>de</strong> plus en plus optimisées. Typiquement, unsynchrotron <strong>de</strong> 3 e génération est composé <strong>de</strong> différentes parties (Fig. II.8) :• Le « pré-injecteur » permet <strong>de</strong> générer un faisceau d’électrons ou <strong>de</strong> positrons àpartir d’un tube cathodique, et <strong>de</strong> l’accélérer linéairement. L’énergie du faisceaugénéré peut atteindre 450 MeV avant d’être injecté dans le booster.• Le « booster » est un premier anneau <strong>de</strong> stockage <strong>de</strong> quelques centaines <strong>de</strong> mètres<strong>de</strong> circonférence, <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à accélérer le faisceau jusqu’à ce qu’il atteigne uneénergie pouvant aller <strong>de</strong> 6 à 8 GeV, ce qui correspond approximativement à <strong>la</strong>vitesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière. Le faisceau d’électrons/positrons est alors injecté dansl’anneau <strong>de</strong> stockage.• « L’anneau <strong>de</strong> stockage » fait environ un kilomètre <strong>de</strong> circonférence, et permet <strong>de</strong>maintenir le faisceau d’électrons entre 6 et 8 GeV pendant plusieurs heures(typiquement 8 heures). Cette partie du synchrotron présente plusieurs centaines« d’aimants <strong>de</strong> courbures » (électro-aimants) permettant <strong>de</strong> diriger et <strong>de</strong> focaliserle faisceau. Il existe <strong><strong>de</strong>s</strong> aimants <strong>de</strong> courbures <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux types, les « wigglers » (Fig.II.9a) et les « onduleurs » (Fig. II.9b). Dans les <strong>de</strong>ux cas, ces éléments forcent lefaisceau d’électrons à suivre une trajectoire quasi-sinusoïdale, <strong>de</strong> façon à émettreun faisceau <strong>de</strong> rayons X polychromatique dans <strong>la</strong> direction tangente à <strong>la</strong>trajectoire du faisceau d’électrons. Cependant, les wigglers permettent <strong>de</strong> générerun faisceau <strong>de</strong> rayons X très stables mais re<strong>la</strong>tivement peu intenses, alors que lesonduleurs permettent d’obtenir un faisceau beaucoup plus intense, qui perdgénéralement un peu en stabilité.• Les « lignes <strong>de</strong> lumières » permettent <strong>la</strong> canalisation du rayonnement X produit(qualifié <strong>de</strong> « rayonnement synchrotron »). Chaque ligne <strong>de</strong> lumière présente une74


« bril<strong>la</strong>nce » caractéristique, traduisant à <strong>la</strong> fois l’intensité et <strong>la</strong> focalisation dufaisceau. De nombreuses applications peuvent alors êtres envisagées, comme <strong><strong>de</strong>s</strong>expériences d’absorption, mais aussi <strong>de</strong> diffraction, d’imagerie, etc.Fig. II.8 – (gauche) Représentation schématique <strong><strong>de</strong>s</strong> différents éléments constituant un synchrotron ; (droite)photographie aérienne du synchrotron APS, Chicago, USA.Fig. II.9 – Photographies <strong>de</strong> différents aimants <strong>de</strong> courbures du synchrotron ESRF, Grenoble, France : (a)wiggler ; (b) onduleur.75


2.2. Spectromètres (lignes <strong>de</strong> lumière)2.2.1. Canalisation du faisceauLa réalisation d’expérience par absorption <strong>de</strong> rayons X nécessite <strong>de</strong> sélectionner unegamme d’énergie particulière (voir explications précé<strong>de</strong>ntes). Il faut donc sélectionner unegamme <strong>de</strong> longueur d’on<strong>de</strong> particulière à partir du faisceau <strong>de</strong> rayons X « brut »polychromatique. Pour ce<strong>la</strong>, les lignes expérimentales sont équipées <strong>de</strong> monochromateurs.Ces <strong>de</strong>rniers sont généralement constitués <strong>de</strong> monocristaux <strong>de</strong> silicium, taillés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>nsréticu<strong>la</strong>ires bien définis comme le p<strong>la</strong>n (111), (220) ou encore (311). L’utilisation dumonocristal <strong>de</strong> « silicium (111) » permet d’optimiser le flux au détriment <strong>de</strong> <strong>la</strong> résolutionénergétique du faisceau. En revanche, l’utilisation du monocristal <strong>de</strong> silicium (311) permetd’obtenir une très bonne résolution énergétique avec un flux moins intense ; le p<strong>la</strong>n réticu<strong>la</strong>ire(220) présentant <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques flux/résolutions intermédiaires. Il est alors possible <strong><strong>de</strong>s</strong>électionner précisément les longueurs d’on<strong><strong>de</strong>s</strong> voulues en appliquant <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Bragg :n λ = 2d sinθ(II.9)où λ est <strong>la</strong> longueur d’on<strong>de</strong> en Å, d est <strong>la</strong> distance inter-réticu<strong>la</strong>ire en Å, θ est l’angled’inci<strong>de</strong>nce, et n est un entier positif correspondant à l’ordre <strong>de</strong> <strong>la</strong> fréquence harmoniqueconsidérée. En fonction du type <strong>de</strong> monochromateur utilisé, il est possible <strong>de</strong> distinguer <strong>de</strong>uxmo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> fonctionnement :• Le mo<strong>de</strong> « monochromatique », dont le principe repose sur <strong>la</strong> combinaison <strong>de</strong><strong>de</strong>ux (parfois quatre) monocristaux p<strong>la</strong>ns et parallèles. Une double réflexion <strong>de</strong>Bragg permet alors d’optimiser <strong>la</strong> résolution énergétique correspondant à <strong>la</strong>longueur d’on<strong>de</strong> filtrée (Fig. II.10a). Un système <strong>de</strong> motorisation est ensuiteutilisé pour modifier pas à pas l’angle d’inci<strong>de</strong>nce, et ainsi ba<strong>la</strong>yer <strong>la</strong> zone enénergie requise.• Le mo<strong>de</strong> « dispersif d’énergie », dont le principe repose sur l’utilisation d’unmonocristal cristal courbé. De cette façon, le faisceau polychromatique inci<strong>de</strong>ntnon-focalisé est réfléchi selon <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> Bragg, en incluant une variation continue<strong>de</strong> l’angle θ (Éq. II.9) sur toute <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur du faisceau. Le faisceau réfléchiprésente alors simultanément une gamme d’énergie particulière qui varie selon sa76


<strong>la</strong>rgeur. De plus, le faisceau converge vers un point <strong>de</strong> focalisation précis où estsitué l’échantillon à étudier (Fig. II.10b).Fig. II.10 – Représentation schématique <strong>de</strong> monochromateurs, (a) à <strong>de</strong>ux monocristaux, vue <strong>de</strong> côté ; (b) <strong>de</strong> type« dispersif d’énergie », vue <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sus.Selon les cas, <strong><strong>de</strong>s</strong> miroirs à réflexion totale horizontaux et/ou verticaux sont p<strong>la</strong>cés <strong>de</strong>part et d’autres du monochromateur afin d’optimiser <strong>la</strong> géométrie du faisceau. Ils permettentune focalisation <strong>de</strong> l’ordre du centimètre jusqu’à quelques millimètres. De plus, d’autresmiroirs p<strong>la</strong>cés après le monochromateur sont généralement utilisés <strong>de</strong> façon à éliminer lesfréquences harmoniques, ou à sélectionner une fréquence harmonique particulière pour lefaisceau. En l’absence <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> miroirs, une autre solution consiste à éliminer lesfréquences harmoniques en « détunant » le monochromateur, c’est-à-dire en modifiantsensiblement le parallélisme entre les <strong>de</strong>ux monocristaux.Pour une meilleure focalisation du faisceau inci<strong>de</strong>nt, <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes <strong>de</strong> fentesmétalliques horizontales et verticales sont mis en p<strong>la</strong>ce. L’utilisation <strong>de</strong> fentes verticalespermet, notamment, <strong>de</strong> limiter <strong>la</strong> dispersion du rayonnement, et ainsi d’augmenter sarésolution énergétique. Il est aussi possible d’obtenir une micro-focalisation du faisceau enutilisant <strong><strong>de</strong>s</strong> miroirs <strong>de</strong> type « Kirckpatrick-Baez » (KB) situés juste avant l’échantillon.Ces divers équipements peuvent s’étendre sur <strong><strong>de</strong>s</strong> longueurs importantes <strong>de</strong> plusieursmètres à plusieurs dizaines <strong>de</strong> mètres selon les cas. Par conséquent, <strong>la</strong> majeure partie estp<strong>la</strong>cée sous ultra vi<strong>de</strong> afin <strong>de</strong> minimiser l’absorption du rayonnement X due au trajet dufaisceau dans l’air.77


2.2.2. Systèmes <strong>de</strong> détectionLe principe <strong>de</strong> l’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X (voir paragraphes précé<strong>de</strong>nts) permetl’utilisation <strong>de</strong> différents mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> détection afin d’enregistrer le signal XAFS (pré-seuil,XANES ou EXAFS). En particulier, les Équations II.2 et II.3 montrent que les spectresd’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X sont obtenus à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures <strong>de</strong> l’intensité du faisceau avantl’échantillon (notée I 0 ), et <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures <strong>de</strong> l’intensité du faisceau transmit (I t ) ou <strong>de</strong>fluorescence (I f ). Les mesures <strong>de</strong> I 0 et <strong>de</strong> I t sont généralement faites en utilisant <strong><strong>de</strong>s</strong>« chambres à ionisation » contenants un gaz qui sera excité <strong>de</strong> façon plus ou moins intenselors du passage du faisceau. Cependant, il est possible d’utiliser différents types <strong>de</strong> dio<strong><strong>de</strong>s</strong>photoélectriques afin <strong>de</strong> réaliser ces mesures.Les mesures <strong>de</strong> fluorescence sont effectuées à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> différents types <strong>de</strong> détecteurs(dio<strong><strong>de</strong>s</strong> photoélectriques, détecteur « Lytle » ou encore détecteur « germanium »multiéléments), généralement positionnés à 90 ° du faisceau inci<strong>de</strong>nt. Les détecteurs« germanium » ont l’avantage <strong>de</strong> sélectionner précisément, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> filtres électroniquespasse-haut et passe-bas, <strong>la</strong> gamme d’énergie <strong>de</strong> fluorescence à enregistrer. Cependant, ce type<strong>de</strong> détecteur est assez volumineux et n’offre pas une gran<strong>de</strong> souplesse d’utilisation, enparticulier lorsque les « portes-échantillons » sont contraignant et les angles soli<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>détection restreints (cellules à enclumes diamant par exemple). Le détecteur « Lytle »présente un encombrement moindre. Il nécessite l’utilisation <strong>de</strong> filtres <strong>de</strong> fluorescence afind’éliminer le rayonnement <strong>de</strong> diffusion é<strong>la</strong>stique du faisceau direct. De plus, <strong><strong>de</strong>s</strong> fentes <strong>de</strong>Soller sont p<strong>la</strong>cées avant <strong>la</strong> chambre à ionisation <strong>de</strong> façon à éliminer <strong>la</strong> fluorescence du filtreutilisé. Les dio<strong><strong>de</strong>s</strong> photoélectriques sont beaucoup plus petites (quelques centimètresseulement) et présentent une gran<strong>de</strong> souplesse d’utilisation, notamment pour l’utilisation <strong><strong>de</strong>s</strong>ystèmes tels que les four à fils chauffant, les cellules à enclumes diamants, etc. Là encore,l’utilisation <strong>de</strong> filtres <strong>de</strong> fluorescence permet généralement d’améliorer <strong>la</strong> qualité du signalenregistré en limitant les effets <strong>de</strong> diffusion é<strong>la</strong>stique.Pour les détections par fluorescence, l’échantillon est généralement p<strong>la</strong>cé à 45 °, à micheminentre le faisceau inci<strong>de</strong>nt et le détecteur, <strong>de</strong> façon à optimiser l’angle soli<strong>de</strong> <strong>de</strong>détection. Cependant, lorsque l’élément excité est présent en forte concentration, l’échantillondoit être p<strong>la</strong>cé à 90 ° (face au faisceau inci<strong>de</strong>nt) afin <strong>de</strong> réduire l’intensité <strong>de</strong> fluorescence etdonc d’éviter <strong>la</strong> saturation <strong><strong>de</strong>s</strong> détecteurs. De plus, cet angle permet d’atténuerconsidérablement les effets d’auto-absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XAFS (Zschech et al. 1992).78


Dans le cas le plus favorable, l’acquisition d’un spectre d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons Xpeut être effectuée simultanément en mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> détection par fluorescence et par transmission.Il est aussi possible <strong>de</strong> p<strong>la</strong>cer un échantillon <strong>de</strong> référence ainsi qu’une troisième chambre àionisation à l’arrière <strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> chambre à ionisation (I t ) comme l’indique <strong>la</strong> Figure II.11.En enregistrant simultanément un spectre pour le composé inconnu et un spectre pour lecomposé <strong>de</strong> référence, ce procédé permet, pour chaque mesure effectuée, une calibration« interne » en énergie.Fig. II.11 – Représentation schématique d’un système <strong>de</strong> détection en première transmission, en fluorescence eten secon<strong>de</strong> transmission.2.2.3. Lignes expérimentales utiliséesChaque spectromètre présente <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques propres et est, par conséquent,optimisé pour une gamme d’utilisation particulière. Dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, l’utilisation<strong>de</strong> plusieurs synchrotrons a permis l’enregistrement <strong>de</strong> différents types <strong>de</strong> spectres, dansdifférentes conditions expérimentales. En particulier, nous avons obtenu plusieurs accès auxsynchrotrons suivants (Fig. II.12) :• LURE (Laboratoire pour l’Utilisation du Rayonnement Electromagnétique), Orsay,France, sur <strong>la</strong> ligne D11 (dispersif).• SSRL (Stanford Synchrotron Radiation Laboratory), Stanford University, Californie,USA, sur les lignes 4-1, 4-3 et 11-2.• ESRF (European Synchrotron Radiation Facility), Grenoble, France, sur les lignes ID22 etID26.• APS (Advanced Photon Source), Chicago, Illinois, USA, sur <strong>la</strong> ligne PNC-CAT.79


Fig. II.12 – Photographies <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes lignes expérimentales utilisées.80


3. Traitement <strong><strong>de</strong>s</strong> données « standard »Les calculs théoriques <strong>de</strong> spectres peuvent servir <strong>de</strong> base pour l’interprétation <strong><strong>de</strong>s</strong>données XAFS. Cependant, l’interprétation repose en général très <strong>la</strong>rgement sur l’étu<strong>de</strong>préliminaire <strong>de</strong> composés <strong>de</strong> références. Par exemple, pour <strong>la</strong> caractérisation structurale <strong>de</strong>matériaux amorphes comme <strong><strong>de</strong>s</strong> verres silicatés, il est nécessaire d’étudier au préa<strong>la</strong>ble unegamme suffisante <strong>de</strong> composés cristallisés <strong>de</strong> structure connue (diffraction <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X,microscopie électronique par transmission, etc.). Dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, lesnormalisations <strong>de</strong> spectres ont été effectuées à l’ai<strong>de</strong> du programme XAFS 2.9 (Winterer1997).3.1. Pré-seuil / XANESAvant <strong>de</strong> pouvoir traiter l’information <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils, il est nécessaire <strong>de</strong> normaliser lesspectres XANES. La normalisation se déroule en <strong>de</strong>ux étapes. Il s’agit tout d’abord <strong>de</strong>modéliser <strong>la</strong> partie avant-seuil grâce à une fonction linéaire ou polynomiale du second <strong>de</strong>gré(Fig. II.13a). Cette fonction est ensuite soustraite <strong>de</strong> façon à p<strong>la</strong>cer <strong>la</strong> zone avant-seuil à <strong>la</strong>valeur d’absorbance zéro et <strong>de</strong> redresser horizontalement le spectre. La <strong>de</strong>uxième étapeconsiste à modéliser <strong>la</strong> région du seuil d’absorption avec une fonction <strong>de</strong> type « arctangente »,« fonction erreur », etc. (Fig. II.13b). Le spectre XANES est ensuite normalisé pour <strong><strong>de</strong>s</strong>valeurs d’absorbance comprises entre 0 et 1 (Fig. II.13c).1a)Spectre brutModèle1b)Spectre XANESModèlec)Spectre XANES normaliséAbsorbance0.5Absorbance0.5Absorbance normalisée108300 8400 8500 8600Energie (eV)08300 8400 8500 8600Energie (eV)08300 8400 8500 8600Energie (eV)Fig. II.13 – Normalisation d’un spectre XANES au seuil K du nickel, (a) modélisation <strong>de</strong> l’avant-seuil sur lespectre brut ; (b) modélisation du seuil d’absorption ; (c) spectre XANES normalisé.Une fois les spectres XANES normalisés, il est possible <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à l’extraction et à<strong>la</strong> normalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils. Cette étape repose essentiellement sur le type <strong>de</strong> ligne <strong>de</strong> baseutilisé. En effet, lorsque les données sont <strong>de</strong> bonne qualité, une simple interpo<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> points<strong>de</strong> part et d’autre du pré-seuil convient (Fig. II.14a). Cependant, lorsque les données sont81


légèrement bruiteuses, il est nécessaire d’utiliser <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions polynomiales. La ligne <strong>de</strong> baseest alors soustraite pour obtenir <strong>la</strong> normalisation (voir Fig. II.14b). Notons que les pré-seuilssont généralement localisés très près du seuil d’absorption. Par conséquent, <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> baseutilisée est fortement dépendante <strong>de</strong> <strong>la</strong> position du seuil, et donc du <strong>de</strong>gré d’oxydoréduction<strong>de</strong> l’élément étudié. La comparaison <strong>de</strong> pré-seuils enregistrés pour un élément présentantdifférents <strong>de</strong>grés d’oxydoréduction nécessite donc une attention particulière afin <strong>de</strong> prendreen considération les variations <strong>de</strong> lignes <strong>de</strong> base.a)b)0.10.1Pré-pic normaliséAbsorbance normalisée0.05Pré-pic brutAbsorbance normalisée0.05ModèleModèle08328 8332 8336Energie (eV)08328 8332 8336Energie (eV)Fig. II.14 – Normalisation d’un pré-seuil au seuil K du nickel, (a) modélisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> base du pré-seuilbrut ; (b) modélisation numérique du pré-seuil normalisé.Après <strong>la</strong> normalisation, les pré-seuils sont modélisés numériquement à l’ai<strong>de</strong> dulogiciel PeakFit 4.02, <strong>de</strong> façon à déterminer divers paramètres comme l’aire, <strong>la</strong> hauteur ouencore <strong>la</strong> position en énergie du centroï<strong>de</strong> (Fig. II.14b) ; le nombre <strong>de</strong> raies à utiliser pour <strong>la</strong>modélisation étant généralement déterminé en effectuant une analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> dérivée secon<strong>de</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils.Sur les spectres expérimentaux, <strong>la</strong> résolution en énergie <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils est contraintepar <strong>de</strong>ux phénomènes distincts : d’une part <strong>la</strong> résolution « expérimentale » liée auxcaractéristiques du spectromètre utilisé, et d’autre part <strong>la</strong> résolution liée à <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur du trouprofond pour un seuil d’absorption donné (voir détails précé<strong>de</strong>mment). Les pré-seuils sontdonc convolués, respectivement, par <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions <strong>de</strong> type Gaussienne et Lorentzienne (voirpar exemple Wilke et al. 2001). Par conséquent, <strong>la</strong> modélisation <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils est effectuéeen utilisant une somme <strong>de</strong> fonction <strong>de</strong> type « Gaussienne + Lorentzienne » :82


⎡⎤⎢⎥⎢ ⎛ay = 2a 3ln 20a 2π exp −4 ln2 ⎛x − a 2⎞ ⎞⎥⎢ ⎜1⎜⎟⎜⎝ a⎟⎝2 ⎠⎟⎠+ 1 − a 3 ⎥⎢⎛ ⎛πa 21+ 4 x − a 2⎞ ⎞ ⎥⎢⎜1⎜⎟ ⎥⎢⎜ ⎝ a⎟⎝2 ⎠ ⎟ ⎥⎣⎠ ⎦(II.10)où a 0 représente l'aire du pic, a 1 le centre, a 2 <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur à mi-hauteur et a 3 <strong>la</strong> « forme » du pic,c'est-à-dire le pourcentage <strong>de</strong> Gaussienne par rapport au pourcentage <strong>de</strong> Lorentzienne,nécessaire à une bonne convergence <strong>de</strong> l'ajustement (généralement proche <strong>de</strong> 0,5).3.2. EXAFS3.2.1. NormalisationLa normalisation du spectre EXAFS à pour objectif d’isoler <strong>la</strong> fonction oscil<strong>la</strong>nte χ(k)à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction initiale µ(E). Pour ce<strong>la</strong> différentes étapes <strong>de</strong> traitement du signal sontnécessaires afin <strong>de</strong> modéliser et d’extraire <strong>de</strong> façon empirique <strong>la</strong> fonction µ 0 (E) selonl’Équation II.4. Cette contribution « lisse » <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction µ(E) est traitée en <strong>de</strong>ux temps.Dans un premier temps, le point d’inflexion <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction arctangente (lors <strong>de</strong> <strong>la</strong>normalisation du XANES) permet <strong>de</strong> fixer arbitrairement l’énergie correspondant au seuild’excitation <strong>de</strong> l’élément étudié (E 0 ). Il est alors possible <strong>de</strong> convertir l’énergie absolue duspectre en énergie re<strong>la</strong>tive (Fig. II.15a). L’énergie re<strong>la</strong>tive est ensuite convertie en vecteurd’on<strong>de</strong> (k) selon l’Équation II.5, et l’absorbance est normalisée <strong>de</strong> façon à ce que le signaloscille <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur zéro (Fig. II.15b).1.5a)Spectre EXAFS brutModéle1b)Spectre EXAFS brutAbsorbance normalisée10.5Absorbance re<strong>la</strong>tive0.500-100 0 100 200 300 400 500 600 700Energie re<strong>la</strong>tive (eV)-0.50 2 4 6 8 10 12 14Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)Fig. II.15 – (a) Détermination empirique du seuil d’absorption E 0 correspondant à l’élément excite (seuil K dunickel) et conversion en énergie re<strong>la</strong>tive ; (b) conversion du spectre EXAFS en vecteur d’on<strong>de</strong>.83


Dans un second temps, une modélisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> base du spectre (correspondantà <strong><strong>de</strong>s</strong> oscil<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> très basses fréquences par rapport aux oscil<strong>la</strong>tions EXAFS) permet uneapproximation <strong>de</strong> µ 0 (E). Une modélisation <strong>de</strong> type « spline cubique » est effectué sur lespectre EXAFS pondéré par k x (généralement, x = 3) (Fig. II.16a) ; le spectre étant divisé parce même facteur après <strong>la</strong> modélisation. La soustraction <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> base permet alorsd’extraire <strong>la</strong> partie oscil<strong>la</strong>nte du spectre EXAFS correspondant à <strong>la</strong> fonction χ(k) (Fig. II.16b).80a)1b)60Absorbance re<strong>la</strong>tive4020Spectre EXAFS pondéréModèleχ(k)0.50Spectre EXAFS normalisé00 2 4 6 8 10 12 14Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)-0.50 2 4 6 8 10 12 14Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)Fig. II.16 – (a) Extraction <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> base du spectre EXAFS pondéré par k 3 ; (b) spectre EXAFS normalisé.3.2.2. Analyse par transformée <strong>de</strong> FourierAfin d’extraire les informations qualitatives (nature <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes voisins) etquantitatives (différents paramètres structuraux) <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS, une analysefréquentielle du signal est réalisée par transformée <strong>de</strong> Fourier (TF). Pour ce<strong>la</strong>, le spectreEXAFS est pondéré par k x (généralement, x = 3) <strong>de</strong> façon à équilibrer les amplitu<strong><strong>de</strong>s</strong> en débutet en fin <strong>de</strong> spectre. De plus, le spectre EXAFS pondéré est généralement convolué par unefonction d’apodisation F(k), permettant <strong>de</strong> faire tendre les limites du spectre vers zéro d’unefaçon plus ou moins « amortie » (Fig. II.17a). Cette fonction d’apodisation a pour objectif <strong>de</strong>limiter les effets <strong>de</strong> « lobes » sur <strong>la</strong> magnitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformée <strong>de</strong> Fourier mais tend, encontrepartie, à é<strong>la</strong>rgir sensiblement <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur <strong><strong>de</strong>s</strong> pics. Il existe différents type <strong>de</strong> fonctionsd’apodisation (ou fonction « fenêtre ») ; <strong>la</strong> fonction <strong>la</strong> moins amortie étant <strong>la</strong> fonction« rectangle » définie par <strong>la</strong> valeur 0 <strong>de</strong> part et d’autres du signal, et par <strong>la</strong> valeur 1 au niveaudu signal. Dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, <strong>la</strong> fonction utilisée est <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> « Kaiser-Bessel », avec une valeur <strong>de</strong> τ = 4 pour le « paramètre <strong>de</strong> Kaiser-Bessel » (Bonnin et al.1985). La transformée <strong>de</strong> Fourier du signal ainsi traité, est alors définie par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :84


( ) = k x χ kχ ˆ R ′+∞∫0( )F( k)e −2ik R ′dk(II.11)où R’ est <strong>la</strong> distance interatomique (en Å) non corrigée <strong><strong>de</strong>s</strong> déphasages (voir Éq. II.8), et i estle nombre complexe. La transformée <strong>de</strong> Fourier complexe est donc composée d’une partieimaginaire (Im) et d’une partie réelle (Re) permettant <strong>de</strong> définir <strong>la</strong> magnitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> façonsuivante : Im 2 + Re 2(Fig. II.17b).10a)c(k).k χ(k).k 3 .(Kaiser-Bessel)Kaiser-Bessel10b)Magnitu<strong>de</strong> TFPartie imaginairePartie réellek 3 .χ(k)0Magnitu<strong>de</strong>0-10-100 2 4 6 8 10 12 14Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)0 2 4 6 8 10R' (Å)Fig. II.17 – (a) Spectre EXAFS pondéré par k 3 , et convolué par <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> Kaiser-Bessel ; (b) partieimaginaire, partie réelle et magnitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformée <strong>de</strong> Fourier du spectre EXAFS.La magnitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> TF est alors simi<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> distribution radiale g(r) (Éq.II.7). Elle représente le « paysage atomique » local (projeté à une dimension) autour <strong>de</strong>l’atome central excité situé en R’ = 0. Les différents pics observés sur <strong>la</strong> TF correspon<strong>de</strong>ntdonc aux différentes contributions <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes voisins, localisés à <strong><strong>de</strong>s</strong> distances R’, noncorrigées <strong><strong>de</strong>s</strong> déphasages. Ce type <strong>de</strong> représentation permet une première approche <strong>de</strong>l’interprétation <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure. En particulier, elle permet d’estimer le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> cristallinité àl’échelle nanométrique du matériau sondé en faisant apparaître une certaine quantité <strong>de</strong>couches d’atomes voisins.Afin d’interpréter plus finement les informations contenues dans le signal EXAFS, <strong><strong>de</strong>s</strong>transformées <strong>de</strong> Fourier inverses (TF -1 ) peuvent être calculées sur <strong><strong>de</strong>s</strong> zones particulières <strong>de</strong> <strong>la</strong>TF. Pour ce<strong>la</strong>, il est nécessaire <strong>de</strong> filtrer un <strong><strong>de</strong>s</strong> « j » pics du spectre <strong>de</strong> TF grâce à un second« fenêtrage », F j (k), dont les bornes sont fixées <strong>de</strong> part et d’autre du pic d’intérêt (Fig. II.18a).Dans le cas présent, le type <strong>de</strong> fenêtrage utilisé est <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> Kaiser-Bessel avec unparamètre τ <strong>de</strong> 0 (équivalent à une fonction « rectangle »). La transformée <strong>de</strong> Fourier inverseest alors calculée selon <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion suivante :85


χ j( k) = 1 π+∞∫0χ ˆ ( R ′)F j( k)e 2i R ′d R ′(II.12)Ce calcul permet <strong>de</strong> déterminer le terme d’amplitu<strong>de</strong>, Α j (k), et le terme <strong>de</strong> phase, Ρ j (k),correspondant à une enveloppe atomique j particulière. En se basant sur l’Équation II.8, il estalors possible <strong>de</strong> reconstruire le signal EXAFS filtré correspondant à cette couche <strong>de</strong> voisins(voir Fig. II.18b) selon l’équation suivante :χ j( k) = Α j( k)sin Ρ jk( ( )) (II.13)a)50b)50Magnitu<strong>de</strong>10TF.(Kaiser-Bessel)Kaiser-BesselMagnitu<strong>de</strong> TFk 3 .χ(k)403020c1(k).k3 χ 31Amplitu<strong>de</strong>Phase403020Phase (rad)10100000 2 4 6 8 10R' (Å)-10-100 2 4 6 8 10 12 14Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)Fig. II.18 – (a) Fenêtrage du spectre <strong>de</strong> <strong>la</strong> TF localisé sur le pic correspondant aux atomes premiers voisins ;(b) reconstruction du signal EXAFS filtré par transformée <strong>de</strong> Fourier inverse.D’un point <strong>de</strong> vue qualitatif, l’analyse comparative <strong><strong>de</strong>s</strong> termes d’amplitu<strong>de</strong>, basée sur<strong><strong>de</strong>s</strong> spectres <strong>de</strong> références traités dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions i<strong>de</strong>ntiques, permet <strong>de</strong> déterminer lenuméro atomique <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes voisins avec une précision <strong>de</strong> Z ± 10 (Teo 1986). En effet, plusles atomes sont « lourds », plus leurs amplitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> rétrodiffusion ( f j( k,π ) ; Éq. II.8) sontimportantes pour les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> k, et réciproquement (Teo 1986). En revanche, d’unpoint <strong>de</strong> vue quantitatif, <strong>la</strong> détermination <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres structuraux comme les distancesinteratomiques, le nombre <strong>de</strong> coordinence ou encore le facteur <strong>de</strong> Debye-Waller, est effectuéepar une analyse couplée <strong><strong>de</strong>s</strong> termes d’amplitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> phase. En particulier, <strong>la</strong> détermination<strong><strong>de</strong>s</strong> distances interatomiques est principalement basée sur le terme <strong>de</strong> phase Ρ j (k), alors que lenombre <strong>de</strong> coordinence et le facteur <strong>de</strong> Debye-Waller sont extraits du terme d’amplitu<strong>de</strong>Α j (k).86


3.2.3. ModélisationsL’extraction <strong>de</strong> paramètres structuraux à partir d’un spectre EXAFS reposeprincipalement sur une analyse comparative basée sur un spectre EXAFS <strong>de</strong> référence nefaisant intervenir qu’une seule contribution. Pour le spectre <strong>de</strong> référence, les différentsparamètres structuraux doivent êtres connus. De plus, ce spectre doit faire intervenir lesmêmes types d’atomes (central et rétrodiffuseurs) que pour le spectre à modéliser, <strong>de</strong> façon às’affranchir <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres « inconnus ». En effet, <strong>la</strong> détermination <strong><strong>de</strong>s</strong> distancesinteratomiques est directement dépendante <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> déphasage <strong>de</strong> rétrodiffusion <strong>de</strong>l’atome central (φ i (k)) et <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes voisins (φ j (k)), typiques d’une paire atomique donnée. Ilen est <strong>de</strong> même pour <strong>la</strong> détermination du nombre <strong>de</strong> coordinence et du facteur <strong>de</strong> Debye-Waller ; <strong>de</strong> nombreux paramètres du terme d’amplitu<strong>de</strong> n’étant pas directement accessibles(voir Éq. II.8).Lorsque le spectre EXAFS à modéliser contient <strong>de</strong> nombreuses contributions (cas <strong><strong>de</strong>s</strong>structures cristallines par exemple), il peut s’avérer nécessaire <strong>de</strong> filtrer chaque contributionEXAFS individuellement. La Figure II.19a présente le spectre EXAFS normalisé, enregistréau seuil K du nickel pour le cristal NiO, ainsi que <strong>la</strong> contribution liée aux atomes d’oxygènepremiers voisins, extraite par TF/TF -1 . Cette contribution est modélisée en se basant sur unecontribution EXAFS « Ni–O » théorique, calculée au seuil K du nickel pour ce mêmecomposé (voir détails ci-après).20a)Spectre normalisé10b)Spectre normaliséSpectre modélisék 3 .χ(k)10k 3 .χ(k)0Spectre filtré (Ni–O)Spectre modélisé00 2 4 6 8 10 12 14Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)-100 2 4 6 8 10 12 14Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)Fig. II.19 – (a) Spectre EXAFS normalisé, enregistré au seuil K du nickel pour NiO, et modélisation <strong>de</strong> <strong>la</strong>contribution liée aux atomes d’oxygène premiers voisins ; (b) Modélisation à <strong>de</strong>ux couches du spectre EXAFSnormalisé, enregistré au seuil K du nickel pour un verre <strong>de</strong> composition Na 2 Si 3 O 7 (Ni-0,2 p.%).Lorsque le spectre EXAFS n’est composé que d’un nombre re<strong>la</strong>tivement restreint <strong>de</strong>contributions (cas <strong><strong>de</strong>s</strong> composés amorphes généralement), il est possible d’effectuer une87


modélisation sans passer par une étape <strong>de</strong> filtrage préa<strong>la</strong>ble. La Figure II.19b présente unexemple <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> modélisation appliquée à un spectre EXAFS normalisé, enregistré auseuil K du nickel, pour un système silicaté amorphe <strong>de</strong> composition Na 2 Si 3 O 7 (Ni-0,2 p.%).La modélisation est effectuée à <strong>de</strong>ux couches, en se basant sur <strong><strong>de</strong>s</strong> contributions théoriquesmettant en jeu les paires atomiques Ni–O et Ni–Si (calculs basés sur <strong>la</strong> structure d’un spinelleγ-NiSiO 4 ; Yagi et al. 1974).Pour ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> modélisations, nous obtenons les paramètres <strong>de</strong> structure et <strong>de</strong>qualité <strong>de</strong> modèle listés dans le Tableau II.1.Paramètres structurauxParamètres <strong>de</strong>modélisationAtomesvoisinsN R (Å) ∆σ 2 (Å 2 ) ∆c 3(× 10 -4 Å 3 )∆E 0 (eV) Qualité(%)NiO O 5,6 (1) 2,08 (1) 0,05 (5) 0,01 – 1,6 (8) 61Na 2 Si 3 O 7 O 4,7 (6) 1,99 (1) 0,2 (1) 0,5 (3) – 0,9 (5) 59Si 2 (1) 3,28 (3) 0,7 (2) 0,0 (1) – 1,7 (9) -Tab. II.1 – Paramètres <strong>de</strong> structure et <strong>de</strong> modélisation, extraits <strong><strong>de</strong>s</strong> modélisations <strong>de</strong> spectres EXAFS présentéesen Figure II.19.3.3. Calculs ab initioLes calculs théoriques ab initio <strong>de</strong> spectres XAFS permettent <strong>de</strong> générer <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres<strong>de</strong> références en complément <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres expérimentaux ou encore <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r un modèlestructural donné. Ils sont particulièrement utiles en l’absence <strong>de</strong> raffinements <strong>de</strong> structures <strong><strong>de</strong>s</strong>composés <strong>de</strong> références. En effet, les paramètres structuraux sont introduits à <strong>la</strong> base du calculet sont donc définis d’une manière absolue.Différents programmes permettent d’effectuer ce type <strong>de</strong> calcul comme FEFF (Rehr etal. 1992), GNXAS (Filipponi et al. 1995 ; Filipponi et Di Cicco 1995) ou encore EXCURVE(Binsted et Hasnain 1996). Dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, le co<strong>de</strong> FEFF 7.02 est utilisé pour lecalcul <strong>de</strong> spectres EXAFS, et le co<strong>de</strong> FEFF 8.28 est utilisé pour le calcul <strong>de</strong> spectres XANES.Pour ces différents types <strong>de</strong> calculs, les potentiels <strong>de</strong> Hedin-Lundqvist sont utilisés, et lesphénomènes <strong>de</strong> diffusion multiple sont pris en considération. Pour les calculs <strong>de</strong> spectresEXAFS, les facteurs <strong>de</strong> Debye-Waller sont ajustés en se basant sur <strong><strong>de</strong>s</strong> spectresexpérimentaux. Par ailleurs, pour les calculs <strong>de</strong> spectres XANES, les distributions <strong><strong>de</strong>s</strong> chargessont effectuées <strong>de</strong> façon autocohérente.88


La Figure II.20a présente une comparaison du spectre XANES théorique et <strong>de</strong> sonéquivalent expérimental, au seuil K du nickel, pour un cristal <strong>de</strong> bunsénite (NiO). Le calculest effectué jusqu’à 5,2 Å en se basant sur le raffinement <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> bunsénite(Bobrovskii et al. 1973). Parallèlement, <strong>la</strong> Figure II.20b présente une comparaison <strong><strong>de</strong>s</strong>spectres EXAFS (théorique et expérimental) au seuil K du nickel pour ce même composé. Lecalcul est effectué jusqu’à 8,5 Å, en se basant sur le même raffinement <strong>de</strong> structure(Bobrovskii et al. 1973). Les spectres XANES sont présentés entre 8300 et 8500 eV et lesspectres EXAFS sont présentés entre 0 et 14 Å -1 . D’une manière générale, ces différentescomparaisons mettent en évi<strong>de</strong>nce un très bon accord entre les spectres expérimentaux et lesspectres théoriques.2a)ExpérimentalThéorique4530b)ExpérimentalThéorique1.515Absorbance1k 3 .χ(k)0-150.5-3008300 8400 8500Energie (eV)-450 2 4 6 8 10 12 14Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)Fig. II.20 – Comparaison <strong>de</strong> spectres XAFS expérimentaux et théoriques, au seuil K du nickel, pour un cristal <strong>de</strong>bunsénite (NiO), (a) spectres XANES ; (b) spectres EXAFS.89


4. Transformation continue en on<strong>de</strong>lettes <strong>de</strong> Cauchy4.1. PrincipeLa transformation continue en on<strong>de</strong>lettes est une métho<strong>de</strong> analytique <strong>de</strong> traitement dusignal, particulièrement adaptée pour l’analyse <strong>de</strong> signaux périodiques, modulés en fréquenceet non-stationnaires (Louis et al. 1997, Torrésani 1999). Le concept <strong>de</strong> l’analyse paron<strong>de</strong>lettes a connu ses premières applications dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> géophysique pourl’analyse <strong>de</strong> signaux sismiques afin <strong>de</strong> localiser les réserves naturelles <strong>de</strong> pétroles (Morlet etGrossman 1984 ; Goupil<strong>la</strong>ud et al. 1984). Aujourd’hui, cette technique analytique connaît <strong><strong>de</strong>s</strong>applications dans <strong>de</strong> nombreux domaines, notamment dans les domaines <strong>de</strong> compression <strong>de</strong>données audio et vidéo <strong>de</strong> type numériques (voir entre autres, Daubechies 1988). Dans ledomaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X, <strong>la</strong> théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> on<strong>de</strong>lettes fut toutd’abord proposée par Shao et al. (1998) pour l’extraction <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> base du spectreEXAFS, ainsi que par Yamaguchi et al. (1999) pour <strong>la</strong> reconstruction <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions <strong>de</strong>distributions radiales. Dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, nous proposons l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong>transformation continue en on<strong>de</strong>lettes <strong>de</strong> Cauchy (Continuous Cauchy Wavelet Transform ;CCWT) pour l’analyse « temps-fréquence » <strong>de</strong> spectres EXAFS (Muñoz et al. 2003). Eneffet, le principe repose sur une analyse spectrale à trois dimensions (3D), permettant <strong>de</strong>décomposer le spectre EXAFS dans l’espace <strong><strong>de</strong>s</strong> « fréquences » (ou distances interatomiquesnon corrigées <strong><strong>de</strong>s</strong> déphasages), ainsi que dans l’espace du « temps » (ou vecteur d’on<strong>de</strong> k) ; <strong>la</strong>troisième dimension correspondant au module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT. Par conséquent, une tellepropriété analytique présente un intérêt majeur pour l’interprétation <strong>de</strong> spectres EXAFS, ces<strong>de</strong>rniers étant <strong>de</strong> nature non-stationnaire (superpositions <strong>de</strong> signaux purs ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> termesd’amplitu<strong>de</strong> différents) et présentant parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> composantes anharmoniques (voir Éq. II.8).4.2. Description numérique - Application au signal EXAFSLa transformation continue en on<strong>de</strong>lettes d’un signal modulé en fréquence χ(k) estdéfinie par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion suivante (Chui 1992 ; Torrésani 1999) :T ψ[ χ] b,a( ) = χ k( ),ψ b, a( ) k( ) = 1 a+∞∫−∞⎛χ( k)ψ⎜⎝k − ba⎞⎟ dk⎠(II.14)90


où χ( k),ψ ( b, a)( k) est le produit sca<strong>la</strong>ire <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions χ(k) et ψ (b,a) (k) ; χ(k) représente lesignal EXAFS normalisé « pré traité » (voir Fig. II.17a) ; ψ (b,a) (k) représente une familled’on<strong>de</strong>lettes (série <strong>de</strong> fonctions caractérisées par une enveloppe constante et <strong><strong>de</strong>s</strong> taillesvariables), avec ψ <strong>la</strong> fonction conjuguée <strong>de</strong> ψ ; les paramètres b et a sont liés à l’espace <strong><strong>de</strong>s</strong> k(vecteurs d’on<strong>de</strong>) et R’ (distances non corrigées <strong><strong>de</strong>s</strong> déphasages), respectivement. La variableb correspond aux valeurs du vecteur k, alors que <strong>la</strong> variable a, appelé « paramètre d’échelle »,est ici définie comme n/2R’ ; n étant un paramètre lié au type d’on<strong>de</strong>lette choisi (voir détailsci-après).Le calcul numérique <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformée en on<strong>de</strong>lettes continue est basé sur l’algorithme<strong>de</strong> <strong>la</strong> transformée <strong>de</strong> Fourier rapi<strong>de</strong> (métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Cooley). D’après Argoul et al. (1998),l’Équation II.14 peut alors être écrite :T ψ[ χ] b,a( ) = 1 π+∞∫0χ ˆ ( R ′) ψ ˆ ( 2a R ′)e 2ib R ′d R ′(II.15)avec i le nombre complexe, et χ ˆ R ′( ) <strong>la</strong> transformée <strong>de</strong> Fourier <strong>de</strong> χ(k) définie selonl’Équation II.11. Cette écriture (Éq. II.15) présente <strong>la</strong> transformée en on<strong>de</strong>lettes comme une( )série <strong>de</strong> transformées <strong>de</strong> Fourier inverses pour chaque valeur <strong>de</strong> a, où <strong>la</strong> fonction ψ ˆ 2a R ′joue le rôle <strong>de</strong> fenêtre d’apodisation pour <strong>la</strong> transformée <strong>de</strong> Fourier χ ˆ R ′( ) (voir Éq. II.12). Lafonction ψ est appelée « on<strong>de</strong>lette mère » ou « on<strong>de</strong>lette analysante » ; ˆ ψ étant le conjugué <strong>de</strong><strong>la</strong> TF <strong>de</strong> ψ. Dans cette étu<strong>de</strong>, <strong>la</strong> fonction ψ représente l’on<strong>de</strong>lette <strong>de</strong> Cauchy, qui est uneon<strong>de</strong>lette complexe d’ordre n (n ≥ 1). Les expressions <strong>de</strong> l’on<strong>de</strong>lette <strong>de</strong> Cauchy ψ n (k) et <strong>de</strong> satransformée <strong>de</strong> Fourier ψ ˆ nR ′Le 2003a, 2003b) :( ) sont respectivement définies <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon suivante (Argoul etψ n⎛ i ⎞( k) = ⎜ ⎟⎝ k + i⎠n+1ψ ˆ nR ′R n( ) = 2π ′n! e− ′R H R ′( ) (II.16)où H(R’) est <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> Heavisi<strong>de</strong> et n le paramètre <strong>de</strong> Cauchy. Le choix <strong>de</strong> l’on<strong>de</strong>lettemère <strong>de</strong> Cauchy à été fait essentiellement pour <strong>de</strong>ux raisons. Tout d’abord cette on<strong>de</strong>lette estdite « progressive », ce qui signifie que sa transformée <strong>de</strong> Fourier est nulle pour les valeurs <strong>de</strong>R’ négatives. D’autre part, l’on<strong>de</strong>lette <strong>de</strong> Cauchy est « complexe » et présente, par91


conséquent, une transformée <strong>de</strong> Fourier « réelle », simplifiant ainsi <strong>la</strong> programmation du co<strong>de</strong><strong>de</strong> calcul.Dans les Équations II.16, le paramètre n (paramètre <strong>de</strong> Cauchy) contrôle lesrésolutions ∆k et ∆R’ <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT dans l’espace <strong><strong>de</strong>s</strong> k et <strong><strong>de</strong>s</strong> R’, respectivement. Ladistribution <strong><strong>de</strong>s</strong> résolutions dans l’espace (k,R’) est défini <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon suivante (Argoul et Le2003a, 2003b) :[ R 2 ] (II.17)[ k − ∆k,k + ∆k] × R ′ + ∆ R 1′, R ′ + ∆ ′avec une enveloppe symétrique dans l’espace <strong><strong>de</strong>s</strong> k (espace réciproque) :∆k = 1 R ′⎛ n ⎞⎜ ⎟⎝ 2 2n −1⎠(II.18)et une enveloppe asymétrique dans l’espace <strong><strong>de</strong>s</strong> R’ (espace réel) :⎛ 1∆ R 1′ = R ′ ⎜⎝ 2n−2n +12n⎞⎛ 1⎟ ∆ R 2′ = R ′ ⎜⎠⎝ 2n+2n +12n⎞⎟⎠(II.19)Les Équations II.18 et II.19 montrent que ∆k et ∆R’ sont inversement proportionnels.De plus, ces gran<strong>de</strong>urs sont contraintes par l’inégalité d’Heisenberg : ∆k.∆R’ ≥ 1/4 (Chui1992). Par conséquent, pour une valeur <strong>de</strong> n donnée, ∆R’ est petit et ∆k est grand pour lesfaibles valeurs <strong>de</strong> R’. Réciproquement, ∆R’ est grand et ∆k est petit pour les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs<strong>de</strong> R’.Lorsque le signal à analyser présente <strong><strong>de</strong>s</strong> propriétés asymptotiques, c’est-à-direlorsque le terme <strong>de</strong> phase varie plus rapi<strong>de</strong>ment que le terme d’amplitu<strong>de</strong> (Argoul et al.1998), le module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT tend à concentrer toutes les informations liées aux différentescontributions du signal près d’une série <strong>de</strong> courbes appelées « arêtes » dans l’espace (k,R’)(Carmona et al. 1997 ; Carmona et al. 1998). Généralement, le signal EXAFS pondéré par k 3et convolué par une fonction d’apodisation présente ces propriétés d’asymptoticité.L’expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT (Éq. II.15) peut alors être écrite sous cette forme (Carmona et al.1998) :T ψ n[ χ] b, a( ) ≈ 1 2∑jψ ˆ n ( a. Ρ j′( b))Α j( b)e iΦ j b( )(II.20)92


où Α j (b) et Ρ j (b) représentent, respectivement, les termes d’amplitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> phase pour unecontribution j du signal EXAFS (voir Éq. II.13) ; Ρ’ j (b) étant <strong>la</strong> dérivée <strong>de</strong> Ρ j (b). De plus, dansl’espace (b,a), chaque arête notée a j (b) est définie <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon suivante (Carmona et al. 1997 ;Carmona et al. 1998) :a j( b) =Ρ jn′ b( )(II.21)Par conséquent sur chaque arête <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT, c’est-à-dire lorsque a = a j (b), le terme<strong>de</strong> phase <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT correspond au terme <strong>de</strong> phase du signal EXAFS Ρ j (b), alors que lemodule <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT s’exprime <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon suivante :T ψ n( ( )) ≈ 1 2 ˆ[ χ] b, a = a jbψ n( n)Α jb( ) (II.22)L’Équation II.22 montre que pour chaque arête <strong>de</strong> rang j, le module <strong>de</strong> CCWT fournitle terme d’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> contribution EXAFS correspondante, à <strong>la</strong> constante 0,5 × ˆprès. À partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> modélisation d’une arête, il est alors possible <strong>de</strong> reconstruire le signalEXAFS filtré <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon suivante :ψ n( n)χ j( k) ≈ χ jb( ) = Α jb( ( )) (II.23)( )sin Ρ jb4.3. Analyse <strong>de</strong> spectres EXAFS4.3.1. Approche qualitativePartant du principe que le module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT est très proche du terme d’amplitu<strong>de</strong>du spectre EXAFS (Éq. II.22), l’analyse qualitative <strong>de</strong> spectres EXAFS est essentiellementbasée sur une comparaison <strong>de</strong> <strong>la</strong> position <strong><strong>de</strong>s</strong> différents pics (ou maximum <strong><strong>de</strong>s</strong> arêtes) dumodule <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT. En effet, l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> rétrodiffusion <strong>de</strong> chaque contribution du spectreEXAFS (Éq. II.8) est caractéristique du type d’atome mis en jeu, et permet une i<strong>de</strong>ntificationdu numéro atomique à Z ± 10 (Teo 1986). Pour ce type d’analyse « standard », les CCWTsont calculées avec un paramètre <strong>de</strong> Cauchy n = 200, et avec 400 valeurs pour le paramètred’échelle a. Dans ces conditions, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> R’ d’environ 2 Å, les résolutions dansl’espace <strong><strong>de</strong>s</strong> k et <strong><strong>de</strong>s</strong> R’ sont, respectivement, ∆k ≈ ± 2,5 Å -1 et ∆R’ ≈ ± 0,1 Å, alors que pour<strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> R’ d’environ 6 Å, ∆k ≈ ± 0,8 Å -1 et ∆R’ ≈ ± 0,3 Å.93


4.3.1.1. Module / phaseL’analyse par CCWT du spectre EXAFS expérimental <strong>de</strong> <strong>la</strong> bunsénite (NiO),enregistré au seuil K du nickel, a été effectuée entre 0,2 et 6,0 Å. Le spectre expérimenta<strong>la</strong>insi que son analyse par TF et par CCWT (module et phase) sont présentés sur les FiguresII.21a, b, c et d, respectivement.Fig. II.21 – (a) Spectre EXAFS expérimental <strong>de</strong> <strong>la</strong> bunsénite, pondéré par k 3 et enregistré au seuil K du nickel ;(b) magnitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> TF ; (c) module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT ; (d) phase <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT.La Figure II.21 met en évi<strong>de</strong>nce les re<strong>la</strong>tions entre spectre EXAFS, module <strong>de</strong> <strong>la</strong>CCWT et magnitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> TF. Sur <strong>la</strong> Figure II.21b, les différents pics ont été assignés en sebasant sur le raffinement <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> bunsénite (Bobrovskii et al. 1973). Ainsi, il estpossible d’i<strong>de</strong>ntifier chaque arête du module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT à une contribution particulière duspectre EXAFS. L’arête située vers 1,5 Å sur l’axe <strong><strong>de</strong>s</strong> R’ correspond à l’enveloppe <strong><strong>de</strong>s</strong> 6atomes d’oxygène premiers voisins autour du nickel central (d Ni–O = 2,097 Å). De plus, l’arêtesituée vers 3 Å est liée à <strong>la</strong> présence <strong><strong>de</strong>s</strong> 12 atomes <strong>de</strong> nickel second voisins(d Ni–Ni = 2,967 Å). Enfin, les arêtes localisées pour <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> R’ plus importantescorrespon<strong>de</strong>nt aux différentes contributions Ni et O comme indiqué sur <strong>la</strong> Figure II.21b. Surle module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT, nous pouvons remarquer que les maximums <strong><strong>de</strong>s</strong> termes d’amplitu<strong><strong>de</strong>s</strong>ont décalés pour le nickel et pour l’oxygène. Le terme d’amplitu<strong>de</strong> correspondant aux atomesd’oxygène est centré vers 6 Å -1 environ, alors que pour les atomes <strong>de</strong> nickel, cette valeur estcentrée vers 8 Å -1 ; ces différences au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> amplitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> rétrodiffusion étant94


directement liées aux nuages électroniques, et donc aux numéros atomiques (Teo 1986). Enutilisant cette propriété, il est donc possible d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>la</strong> nature <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes environnant pourun spectre EXAFS donné, directement sur le module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT.Une visualisation à trois dimensions (3D) du module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT (Figure II.22a) estgénéralement complémentaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> visualisation à <strong>de</strong>ux dimensions (2D). Elle permetnotamment <strong>de</strong> mieux apprécier les variations d’enveloppes et <strong>de</strong> positions concernant chaquecontribution EXAFS. Par ailleurs, selon l’Équation II.23, en multipliant le module <strong>de</strong> <strong>la</strong>CCWT par le sinus du terme <strong>de</strong> phase (Fig. II.21d), il est possible d’obtenir une visualisationà 3D du spectre EXAFS total ; ce <strong>de</strong>rnier étant décomposé <strong>de</strong> façon continue dans l’espace(k,R’) (voir Figure II.22b).Fig. II.22 – (a) Visualisation 3D dumodule <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT ; (b) visualisation 3Ddu spectre EXAFS total décomposé dansl’espace (k,R’).95


4.3.1.2. Extraction d’arête / reconstruction du signalChaque arête <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT peut être modélisée selon les divers maximums du module.La Figure II.23a présente le module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT calculée entre 0,2 et 6,0 Å, pour le spectreEXAFS théorique <strong>de</strong> NiO calculé au seuil K du nickel (voir Fig. II.20b), entre 2 et 13 Å -1 . Surcette figure, les arêtes correspondant aux contributions <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes d’oxygène premiersvoisins (O) et <strong>de</strong> nickel seconds voisins (Ni) sont représentées en traits continus b<strong>la</strong>ncs.Parallèlement, <strong>la</strong> Figure II.23b présente, pour ces <strong>de</strong>ux contributions, les spectres EXAFSextraits <strong>de</strong> l’analyse par CCWT (en traits pleins), et du calcul théorique (en traits pointillés).Fig. II.23 – (a) Module 2D <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT pour le spectre EXAFS théorique <strong>de</strong> NiO au seuil K du nickel (Fig.II.20a) ; (b) comparaison <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes contributions extraites du calcul théorique et <strong>de</strong> l’analyse par CCWT.La Figure II.23b met en évi<strong>de</strong>nce une très bonne corré<strong>la</strong>tion entre les spectres EXAFScalculés et les spectres EXAFS « reconstruits » à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> arêtes du module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT. Enparticulier, nous pouvons remarquer une importante similitu<strong>de</strong> au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> différents termesd’amplitu<strong>de</strong>. Un filtrage du signal par CCWT permet donc d’effectuer une extraction précise<strong><strong>de</strong>s</strong> différentes contributions. En fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> résolution choisie pour l’analyse (valeur duparamètre <strong>de</strong> Cauchy), les différentes contributions peuvent être reconstruites d’une façonplus ou moins rigoureuse par rapport au signal d’origine. Cependant, <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> stabilité dutraitement par CCWT permet, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions d’analyse données, <strong>de</strong> transposer l’analysed’un spectre <strong>de</strong> référence à l’analyse <strong>de</strong> spectres « inconnus ». Il est alors possible <strong>de</strong>caractériser le terme d’amplitu<strong>de</strong> théorique pour une paire atomique donnée, <strong>de</strong> façon ài<strong>de</strong>ntifier précisément <strong>la</strong> nature <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes voisins pour un spectre EXAFS inconnu.96


L’exemple présenté sur <strong>la</strong> Figure II.23b met en évi<strong>de</strong>nce un déca<strong>la</strong>ge significatif <strong><strong>de</strong>s</strong>maximums <strong><strong>de</strong>s</strong> différents termes d’amplitu<strong>de</strong> en fonction du type d’atome mis en jeu. Pour <strong>la</strong>contribution liée aux atomes d’oxygène (Z = 8), le maximum est localisé vers 6 Å -1 . Enrevanche, pour <strong>la</strong> contribution liée aux atomes <strong>de</strong> nickel (Z = 28), le maximum est situé vers8 Å -1 ; ces déca<strong>la</strong>ges étant en accord avec les différences d’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> rétrodiffusion <strong><strong>de</strong>s</strong>atomes d’oxygène et <strong>de</strong> nickel (Teo 1986).4.3.2. Approche quantitative4.3.2.1. Arêtes / termes <strong>de</strong> phaseL’analyse par transformation continue en on<strong>de</strong>lettes est un outil particulièrementadapté à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> signaux non-stationnaires (à fréquence variable). Elle permet notamment<strong>de</strong> localiser <strong><strong>de</strong>s</strong> fréquences particulières dans <strong><strong>de</strong>s</strong> zones bien définies du signal. En outre, <strong>la</strong>modélisation <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes arêtes a j (b) (voir Éq. II.21), déterminées à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> maximums<strong><strong>de</strong>s</strong> différentes contributions du module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT, permet <strong>de</strong> suivre l’évolutionfréquentielle fine pour une contribution particulière. Une arête « horizontale », correspondantà a j (b) = constante, représente un signal harmonique pur. En revanche, lorsque l’arête évolue,le signal observé inclue une ou plusieurs composantes dites « anharmoniques ».En spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X, l’état <strong>de</strong> désordre structural et/outhermique du matériau étudié affecte <strong>de</strong> façon importante le spectre EXAFS en incluant <strong><strong>de</strong>s</strong>contributions anharmoniques dans le terme <strong>de</strong> phase. Ce <strong>de</strong>rnier s’exprime <strong>de</strong> <strong>la</strong> manièresuivante (voir Éq. II.8) : 2kR + φ c (k) + φ r (k) + φ anh (k) ; où φ c (k) et φ r (k) sont les déphasages <strong>de</strong>rétrodiffusion <strong>de</strong> l’atome central et <strong>de</strong> l’atome rétrodiffuseur, respectivement ; et où φ anh (k)représente le déphasage anharmonique. Dans <strong>la</strong> théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> séries <strong>de</strong> cumu<strong>la</strong>nts, le termeφ anh (k) s’exprime par un cumu<strong>la</strong>nt d’ordre 3 : (– 4/3)c 3 k 3 (Stern et Heald 1983 ; Tranquada etIngalls 1983) ; le terme c 3 représentant le paramètre anharmonique. Cependant, d’autresformalismes peuvent êtres utilisés (voir Fujikawa et al. 1995 ; Van Hung et Frahm 1995 ;Farges et Brown 1996).Lorsqu’une contribution EXAFS met en jeu <strong>de</strong>ux types d’atomes donnés, par exemplele nickel et l’oxygène, les termes <strong>de</strong> déphasage φ c (k) = φ Ni (k) et φ r (k) = φ O (k) restenti<strong>de</strong>ntiques, indépendamment <strong><strong>de</strong>s</strong> distances interatomiques ou <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> désordre <strong>de</strong> <strong>la</strong>structure. Afin <strong>de</strong> déterminer le terme « φ Ni (k) + φ O (k) », nous avons effectué un calcul97


théorique <strong>de</strong> spectre EXAFS au seuil K du nickel, basé sur un cluster NiO 6 <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure« bunsénite » (Bobrovskii et al. 1973). Pour ce cluster, l’atome <strong>de</strong> nickel se trouve dans unoctaèdre régulier, dont chaque distance Ni–O mesure exactement 2,0973 Å. De plus, lespectre EXAFS est calculé sans composante anharmonique. Par conséquent, le paramètre c 3du terme φ anh (k) est nul. Le terme <strong>de</strong> phase du signal <strong>de</strong>vient alors : 4,1946k + [φ Ni (k) + φ O (k)].La Figure II.24 présente, (a) le spectre EXAFS théorique, calculé pour le cluster NiO 6 ,(b) le module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT, calculé pour n = 200 entre 0,5 et 3,0 Å, (c) l’arête correspondant àl’enveloppe d’atomes voisins (O), extraite à partir du module, et (d) le terme <strong>de</strong> phase dusignal reconstruit à partir <strong>de</strong> l’arête.c)R' (Å)1.81.7ArêteModèle linéaire1.62 4 6 8 10 12k (/Å)Phase40 Modèle polynomial2002 4 6 8 10 12k (/Å)Fig. II.24 – (a) Spectre EXAFS théorique (seuil K <strong>de</strong> Ni) du cluster NiO 6 ; (b) analyse par CCWT (module) ; (c)arête extraite du module ; (d) reconstruction <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase basée sur l’arête.L’arête correspondant au signal analysé (Fig. II.24c) présente une allure linéaire enfonction du vecteur d’on<strong>de</strong> k. Or, l’Équation II.21 montre qu’une arête, représentantl’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> fréquences « instantanées » du signal, est proportionnelle à <strong>la</strong> dérivée du terme<strong>de</strong> phase. Par conséquent, dans le cas présent le terme <strong>de</strong> phase inclut un terme du second<strong>de</strong>gré (en k 2 ). Il est donc possible <strong>de</strong> modéliser ce terme par <strong>la</strong> fonction suivante :4,1946k + Φ Ni-O (k) ; <strong>la</strong> fonction Φ Ni-O (k) = φ Ni (k) + φ O (k) représentant un polynôme du second<strong>de</strong>gré (Fig. II.24d). Pour le couple nickel-oxygène, nous obtenons le terme <strong>de</strong> déphasagesuivant : Φ Ni-O (k) = 0,798 – 1,180k + 0,024k 2 . Par <strong>la</strong> suite, ce terme <strong>de</strong> déphasage pourraservir <strong>de</strong> référence, sous réserve d’un traitement du signal rigoureusement i<strong>de</strong>ntique. Il pourraalors être utilisé pour <strong>la</strong> détermination <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs R et c 3 re<strong>la</strong>tives à différents spectresEXAFS mettant en jeu le couple nickel-oxygène. Dans <strong>de</strong> tels cas, le terme <strong>de</strong> phase duspectre EXAFS <strong>de</strong>vient :98d)Phase (rad)


Ρ(k) = 2kR + (0,798 – 1,180k + 0,024k 2 ) – (4/3)c 3 k 3(II.24)4.3.2.2. Distorsions anharmoniques <strong>de</strong> spectres EXAFSAfin <strong>de</strong> caractériser les distorsions anharmoniques <strong>de</strong> spectres EXAFS, nous avonseffectué un calcul théorique au seuil K du nickel pour un cluster NiO 5 , basé sur <strong>la</strong> structure ducristal KNiPO 4 (Lyutin et al. 1973). Dans ce cristal, le nickel est en coordinence 5 ; <strong>la</strong>géométrie du site étant <strong>de</strong> type « bipyrami<strong>de</strong> trigonale distordue ». En effet, chaque liaison <strong>de</strong>type « Ni–O » présente une longueur différente : Ni–O 1 = 1,97 Å, Ni–O 2 = 2,00 Å,Ni–O 3 = 2,03 Å, Ni–O 4 = 2,09 Å et Ni–O 5 = 2,15 Å (Lyutin et al. 1973) ; <strong>la</strong> distance moyenneentre le nickel et l’oxygène étant, par conséquent, 2,049 Å. Pour ce type <strong>de</strong> cluster, le spectreEXAFS est donc théoriquement affecté par <strong><strong>de</strong>s</strong> distorsions anharmoniques engendrées par ledésordre structural. Le spectre EXAFS calculé ab initio et son analyse par CCWT sontprésentés, respectivement, sur les Figures II.25a et b.Fig. II.25 – (a) Spectre EXAFS théorique calculé au seuil K du nickel pour un cluster <strong>de</strong> type NiO 5 distordu ; (b)analyse par CCWT (module).L’arête extraite du module <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT (Fig. II.25b) est présentée sur <strong>la</strong> Figure II.26a.Pour permettre une comparaison, l’arête <strong>de</strong> référence, correspondant à l’octaèdre NiO 6régulier présenté sur <strong>la</strong> Figure II.24c, est représentée sur le même graphique. Pour les clustersNiO 6 et NiO 5 , les distances moyennes Ni–O sont 2,097 Å et 2,049 Å, respectivement. Cettedifférence <strong>de</strong> distances interatomiques moyennes se traduit, au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> arêtes, par un écart99


sur l’axe <strong><strong>de</strong>s</strong> R’. Cependant, une simple variation <strong><strong>de</strong>s</strong> distances ne modifie pas l’alluregénérale <strong><strong>de</strong>s</strong> arêtes ; les déphasages φ Ni (k) et φ O (k) étant i<strong>de</strong>ntiques dans les <strong>de</strong>ux cas. Or sur<strong>la</strong> Figure II.26a, l’arête <strong>de</strong> référence (notée « NiO 6 ») est modélisée linéairement, alors quel’arête « NiO 5 » présente c<strong>la</strong>irement une variation non linéaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> fréquence. Pour cettearête, le modèle utilisé (représenté en traits pointillés) est un polynôme du second <strong>de</strong>gré. Cettevariation par rapport à l’arête <strong>de</strong> référence met en évi<strong>de</strong>nce une contribution non nulle duterme φ anh (k) au niveau du spectre EXAFS. De plus, une telle variation correspond à unevaleur positive du paramètre anharmonique c 3 ; le terme φ anh (k) étant négatif. Pour chaquearête, les termes <strong>de</strong> phase reconstruits sont présentés sur <strong>la</strong> Figure II.26b.a)1.8ArêtesModélisationsNiO650b) NiOPhases640 ModélisationsR' (Å)1.71.6Phase (rad)3020NiO510NiO501.52 4 6 8 10 12k (/Å)0 2 4 6 8 10 12k (/Å)Fig. II.26 – (a) Arête <strong>de</strong> référence « NiO 6 » modélisée linéairement (voir Fig. II.24c) et « NiO 5 », extraite dumodule <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCWT (Fig. II.25b), modélisée par un polynôme du second <strong>de</strong>gré ; (b) phases correspondantesreconstruites, et modélisées selon l’Équation II.24.La modélisation <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase (Fig. II.26b) selon l’Équation II.24 permet <strong>de</strong>déterminer les paramètres R et c 3 pour le spectre EXAFS <strong>de</strong> NiO 5 . Les valeurs obtenues sont,respectivement, 2,049 Å et 4,7.10 -4 Å 3 . Nous pouvons constater que <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> distanceinteratomique moyenne « Ni–O » obtenue est en parfait accord avec <strong>la</strong> valeur théorique(Lyutin et al. 1973). Par ailleurs, <strong>la</strong> valeur du cumu<strong>la</strong>nt c 3 indique une contributionanharmonique re<strong>la</strong>tivement importante, traduisant directement l’état <strong>de</strong> désordre structurallocal, c’est-à-dire <strong>la</strong> distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> distances Ni–O, au sein du cluster NiO 5 re<strong>la</strong>tif au cristalKNiPO 4 .100


Chapitre III :Comportement du nickel101


102


1. Conditions ambiantes1.1. Composés <strong>de</strong> référence (structures cristallines)Afin <strong>de</strong> permettre une étu<strong>de</strong> approfondie <strong>de</strong> <strong>la</strong> spéciation du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verres etliqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X, différents cristaux nickélifères<strong>de</strong> structure connue sont utilisés comme composés <strong>de</strong> référence. En effet, pour un élémentdonné et à un seuil d’absorption particulier, le traitement et les interprétations <strong>de</strong> spectresXANES, pré-seuils et EXAFS reposent <strong>la</strong>rgement sur l’étu<strong>de</strong> préliminaire <strong>de</strong> composés <strong>de</strong>référence. L’enregistrement systématique <strong>de</strong> spectres <strong>de</strong> référence permet notammentd’effectuer une calibration en énergie <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres enregistrés pour <strong><strong>de</strong>s</strong> composés« inconnus ». De plus, ces spectres permettent d’extraire les termes d’amplitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong>déphasage <strong>de</strong> rétrodiffusion, typiques <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes mis en jeu ; ces termes étant nécessaires àl’extraction <strong>de</strong> paramètres structuraux à partir <strong>de</strong> spectres EXAFS. Cependant, <strong><strong>de</strong>s</strong> calculs abinitio <strong>de</strong> spectres XANES et EXAFS peuvent aussi êtres utilisés pour l’extraction d’amplitu<strong>de</strong>et <strong>de</strong> déphasage <strong>de</strong> rétrodiffusion <strong>de</strong> référence. Par ailleurs, ils permettent généralement unemeilleure compréhension <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres expérimentaux.1.1.1. Spectres XANES expérimentauxLe nickel divalent apparaît essentiellement en coordinence 6 dans <strong>la</strong> plupart <strong><strong>de</strong>s</strong>cristaux. Cependant, cet élément peut présenter une coordinence 4 ou plus rarement 5 danscertaines structures cristallines. Pour le nickel en coordinence 6 (en site octaédrique), nousavons utilisé les cristaux <strong>de</strong> compositions chimiques suivantes : NiO (bunsénite),Ni 3 Si 2 O 5 (OH) 2 (népouite), (Mg 0,9 Ni 0,1 )Al 2 O 4 , NiAl 2 O 4 . Pour le nickel en coordinence 4 (ensite tétraédrique), nous avons utilisé <strong><strong>de</strong>s</strong> composés <strong>de</strong> type leucite : Cs 2 NiSi 5 O 12 etRb 2 NiSi 5 O 12 , ainsi que NiCr 2 O 4 (spinelle). Enfin, le composé KNiPO 4 a été utilisé pour lenickel en coordinence 5 (site à géométrie bipyrami<strong>de</strong> trigonale).Pour chacun <strong>de</strong> ces composés, les spectres XANES au seuil K du nickel ont étéenregistrés sur le spectromètre ID26, ESRF (Fig. III.1). Les différents seuils d’absorption <strong>de</strong>ces spectres (notés B) présentent différentes caractéristiques, représentatives <strong>de</strong>l’environnement structural à courte et moyenne distance autour <strong>de</strong> l’atome photoabsorbeur.En effet, ces régions incluent <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes re<strong>la</strong>tivement importants <strong>de</strong> diffusion multiple103


qui mettent en jeu <strong><strong>de</strong>s</strong> interactions complexes entre les atomes voisins à courte et à moyennedistance. En particulier, les différents spectres XANES correspondant au nickel encoordinence 6 (voir Fig. III.1) présentent une résonance caractéristique localisée après le seuild’absorption (notée B’). Nous avons montré qu’une telle résonance provient essentiellementd’interaction à moyenne distance avec <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes voisins (Annexe 1). Par ailleurs, bien queles structures cristallines présentées soient très différentes les unes <strong><strong>de</strong>s</strong> autres, <strong>la</strong> position enénergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS (notée C), semble dépendre essentiellement <strong>de</strong>l’environnement structural direct du nickel (nombre d’atomes d’oxygènes premiers voisins),en accord avec l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Farges et al. (2001a). Pour cette oscil<strong>la</strong>tion, les valeurs notées VI, Vet IV représentent le nombre <strong>de</strong> coordinence du nickel dans les différents cristaux. Lorsque lenickel se trouve en coordinence 6, l’oscil<strong>la</strong>tion C apparaît vers <strong><strong>de</strong>s</strong> énergies re<strong>la</strong>tivementfaibles (~ 8395 eV). En revanche, elle est c<strong>la</strong>irement décalée vers <strong><strong>de</strong>s</strong> énergies plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong>(~ 8410 eV) lorsque le nickel est en coordinence 4.4BIVCNiCr 2O 4Rb 2NiSi 5O 12Absorbance normalisée321AB'VCViCs 2NiSi 5O 12KNiPO 4NiAl 2O 4(Mg 0.9Ni 0.1)Al 2O 4Ni 3Si 2O 5(OH) 4NiO08300 8350 8400 8450Energie (eV)Fig. III.1 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour <strong><strong>de</strong>s</strong> composés <strong>de</strong> référence cristalliséscontenant du nickel en coordinence 6, 5 et 4.Chaque spectre XANES (Fig. III.1) présente un pré-seuil (noté A) représentatif du<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> centrosymétrie du site dans lequel se trouve le nickel. Ces pré-seuils sont doncdirectement liés à l’environnement structural à courte distance autour <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong>de</strong> nickel.La Figure III.2a présente les pré-seuils normalisés pour chaque composé <strong>de</strong> référence. Enfonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence du nickel dans ces différents composés, <strong>la</strong> position du pré-seuilvarie en intensité ainsi qu’en énergie. Pour le nickel en coordinence 6, le pré-seuil estre<strong>la</strong>tivement peu intense et localisé vers les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> énergies. En revanche, pour le nickel en104


coordinence 4, le pré-seuil apparaît beaucoup plus intense et décalé vers les faibles énergies ;<strong>la</strong> coordinence 5 pour le nickel présentant une position <strong>de</strong> pré-seuil intermédiaire en hauteuret en énergie. Par une modélisation <strong>de</strong> type « Gaussienne + Lorentzienne » (voir Chapitre II),il est possible <strong>de</strong> déterminer avec précision <strong>la</strong> position du maximum <strong>de</strong> chaque pré-seuil. Lesdifférentes valeurs obtenues, couplées à une étu<strong>de</strong> extensive <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence du nickel paranalyse <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils (voir Annexes 1 et 2), permettent <strong>de</strong> délimiter empiriquement <strong><strong>de</strong>s</strong> zonesdistinctes pour chaque coordinence dans un diagramme <strong>de</strong> « référence » hauteur/énergie (voirzones grises ; Fig. III.2b).0.08a)COORDINENCE IV0.08b)IVNiCr 2 O 40.06Rb 2 NiSi 5 O 12NiCr 2 O 4Rb 2 NiSi 5 O 12Absorbance normalisée0.040.02COORDINENCE VINiAl 2O 4Ni 3 Si 2 O 5 (OH) 4(Mg 0.9Ni 0.1)Al 2O 4NiOCs 2 NiSi 5 O 12COORDINENCE VKNiPO 4Hauteur normalisée0.060.04Cs 2 NiSi 5 O 12VKNiPO 4NiAl 2 O 4NiOVI08328 8330 8332 8334 8336Energie (eV)0.02(Mg 0.9 Ni 0.1 )Al 2 O 4Ni 3Si 2O 5(OH) 48331.8 8332 8332.2 8332.4Energie (eV)Fig. III.2 – (a) Pré-seuils normalisés, enregistrés pour <strong><strong>de</strong>s</strong> composés <strong>de</strong> référence contenant du nickel encoordinence 6, 5 et 4 ; (b) positions <strong><strong>de</strong>s</strong> maximums <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils, déterminées par modélisation.La Figure III.2b montre que <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> coordinence 6 est centrée aux environs <strong>de</strong>8332,2 eV pour une hauteur d’environ 0,03. La zone <strong>de</strong> coordinence 5 correspond à uneénergie d’environ 8332,0 eV pour une hauteur comprise entre 0,04 et 0,05. Enfin, <strong>la</strong> zone <strong>de</strong>coordinence 4 est plutôt localisée entre 8331,8 à 8332,0 pour <strong><strong>de</strong>s</strong> hauteurs d’environ 0,06 à0,08. Les déca<strong>la</strong>ges observés en hauteur et en énergie sont liés aux différents types <strong>de</strong>transition électronique 1s → 3d, « quadripo<strong>la</strong>ire » ou « quadripo<strong>la</strong>ire + dipo<strong>la</strong>ire », selon le<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> centrosymétrie du site (voir Chapitre II).Pour <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES enregistrés avec une résolution en énergie suffisante, leszones grises déterminées empiriquement (Fig. III.2b) permettront par <strong>la</strong> suite d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>la</strong>coordinence du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong> composés ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> structures inconnues.105


1.1.2. Calculs <strong>de</strong> spectres XANES ab initio1.1.2.1. Influence <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes premiers voisinsL’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> spectres XANES expérimentaux suggère que <strong>la</strong> position <strong>de</strong> <strong>la</strong> premièreoscil<strong>la</strong>tion du spectre (C) soit directement liée à <strong>la</strong> coordinence du nickel (voir Fig. III.1).Afin <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r cette hypothèse, <strong><strong>de</strong>s</strong> calculs ab initio <strong>de</strong> spectres XANES au seuil K du nickelsont effectués à l’ai<strong>de</strong> du co<strong>de</strong> FEFF 8.28 (Rehr et al. 1992 ; Ankudinov et al. 1998). Cescalculs sont basés sur les structures cristallines à courte distance autour du nickel (oxygènespremiers voisins uniquement), <strong>de</strong> trois composés <strong>de</strong> référence. Plus précisément, nous avonsutilisé les raffinements <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> Ni 3 Si 2 O 5 (OH) 4 (Bayliss 1981), <strong>de</strong> KNiPO 4 (Lyutin etal. 1973) et <strong>de</strong> NiCr 2 O 4 (Hill et al. 1979) pour l’extraction <strong>de</strong> paramètres structuraux <strong>de</strong>clusters <strong>de</strong> type NiO 6 , NiO 5 et NiO 4 , respectivement. Les spectres XANES calculés pour cesdifférents types <strong>de</strong> clusters sont présentés sur <strong>la</strong> Figure III.3a.2a)BCIV6b)Coordinence du nickelen fonction <strong>de</strong> l'oscil<strong>la</strong>tion CAbsorbance normalisée1NiO 4NiO 5VIVCoordinence [Ni]54Modélisation polynomialeNi O 608300 8350 8400 8450Energie (eV)8396 8400 8404 8408 8412Energie (eV)Fig. III.3 – (a) Spectres XANES théoriques, calculés ab initio pour <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters <strong>de</strong> type NiO 6 , NiO 5 et NiO 4extraits, respectivement, <strong><strong>de</strong>s</strong> structures cristallines Ni 3 Si 2 O 5 (OH) 4 , KNiPO 4 et NiCr 2 O 4 ; (b) variation <strong>de</strong> <strong>la</strong>coordinence du nickel en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion C.Les calculs théoriques permettent <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce l’effet du nombre d’oxygènesvoisins autour du nickel sur les spectres XANES. En effet, lorsque le nickel passe d’unecoordinence 6 vers une coordinence 4, <strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tionEXAFS (C ; Fig. III.3) présente un déca<strong>la</strong>ge d’environ 12 eV vers les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> énergies. Parailleurs, nous pouvons remarquer que <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche (B) est particulièrement fine et intenselorsque le nickel est en coordinence 6, ce qui n’est pas le cas pour <strong><strong>de</strong>s</strong> coordinences plusfaibles. En effet, pour un cluster <strong>de</strong> type NiO 6 , <strong>la</strong> centrosymétrie du site octaédrique favoriseles phénomènes <strong>de</strong> diffusions multiples. En revanche, lorsque le nickel se trouve en site non-106


centrosymétrique (site tétraédrique, par exemple), les phénomènes <strong>de</strong> diffusion multiples sont<strong>la</strong>rgement moins importants.Les déca<strong>la</strong>ges en énergie <strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion C étant directement corrélés a <strong>la</strong> coordinencedu nickel dans le composé étudié, il est possible <strong>de</strong> réaliser un abaque <strong>de</strong> référence, basé surles calculs théoriques <strong>de</strong> XANES. Plus précisément, <strong>la</strong> Figure III.3b présente <strong>la</strong> variation dunombre <strong>de</strong> coordination du nickel en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> position en énergie <strong><strong>de</strong>s</strong> différentsmaximums <strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion C (voir Fig. III.3a). L’incertitu<strong>de</strong> sur <strong>la</strong> détermination <strong><strong>de</strong>s</strong>positions en énergie est estimée à ± 1 eV, ce qui implique une incertitu<strong>de</strong> moyenne d’environ± 0,2 sur <strong>la</strong> coordinence du nickel. Appliqué à <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> structures amorphes, cet abaque<strong>de</strong> référence peut alors être utilisé pour estimer quantitativement <strong>la</strong> coordinence du nickel ;dans <strong>de</strong> tels matériaux, <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS étant re<strong>la</strong>tivement peu affectée par lescontributions liées aux atomes seconds voisins.1.1.2.2. Influence <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes seconds voisinsNous avons effectué différents calculs ab initio <strong>de</strong> spectres XANES au seuil K dunickel, basés sur <strong>la</strong> structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> bunsénite (NiO ; Bobrovskii et al. 1973). Dans un premiertemps, seuls les oxygènes premiers voisins sont pris en considération (cluster <strong>de</strong> type NiO 6 ).Ensuite, un cluster <strong>de</strong> type NiO 6 Ni 12 est utilisé <strong>de</strong> façon à inclure une enveloppe d’atomes <strong>de</strong>nickel seconds voisins dans le calcul. Les spectres XANES obtenus sont présentés sur <strong>la</strong>Figure III.4.2Ni–NiAbsorbance normalisée1NiO 6Ni 12VINiO068300 8350 8400 8450Energie (eV)Fig. III.4 – Spectres XANES théoriques, calculés ab initio pour <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters <strong>de</strong> types NiO 6 et NiO 6 Ni 12 basés sur<strong>la</strong> structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> bunsénite (NiO).107


La comparaison <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES ab initio pour les clusters NiO 6 et NiO 6 Ni 12permet d’i<strong>de</strong>ntifier les modifications liées à <strong>la</strong> présence d’atomes <strong>de</strong> nickel seconds voisins enenvironnement cristallin. La différence majeure entre les <strong>de</strong>ux spectres XANES estl’apparition d’une résonance très fine, localisée entre <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche et <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion(Ni−Ni ; Fig. III.4). Cette résonance est donc directement corrélée à <strong>la</strong> présence d’une couched’atomes <strong>de</strong> nickel seconds voisins (12 atomes <strong>de</strong> nickel localisés à 2,966 Å <strong>de</strong> l’atomecentral). Par ailleurs, nous pouvons constater une intensification importante <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nchedans le cas du cluster NiO 6 Ni 12 , traduisant une participation significative <strong>de</strong> <strong>la</strong> diffusionmultiple liée aux atomes <strong>de</strong> nickel seconds voisins. Notons aussi que <strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong><strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion du spectre (notée VI ; Fig. III.4) n’est quasiment pas affectée par <strong>la</strong>présence <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong>de</strong> nickel seconds voisins. Nous pouvons cependant observer un trèsléger déca<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion vers les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> énergies, provenant d’interactions (trèsprobablement <strong><strong>de</strong>s</strong>tructives puis constructives) liées aux différentes contributions <strong><strong>de</strong>s</strong> couchesd’atomes voisins.1.1.3. Calculs <strong>de</strong> spectres EXAFS ab initioDeux calculs ab initio <strong>de</strong> spectres EXAFS au seuil K du nickel ont été effectués àl’ai<strong>de</strong> du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul FEFF 7.02 (voir Chapitre II), en se basant sur le raffinement <strong><strong>de</strong>s</strong>tructure d’un spinelle « analogue » (γ-Ni 2 SiO 4 ; Yagi et al. 1974). Dans ce composé,l’environnement local du nickel est constitué d’une enveloppe mixte d’atomes secondsvoisins. Cette enveloppe comprend une première couche composée <strong>de</strong> 6 atomes <strong>de</strong> nickel(d Ni− Ni = 2,9 Å), ainsi qu’une secon<strong>de</strong> couche composée <strong>de</strong> 6 atomes <strong>de</strong> silicium(d Ni− Si = 3,3 Å). Pour ces calculs, seules les interactions d’on<strong>de</strong> photoélectrique en mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>diffusion simple sont prises en considération. De cette façon, les contributions EXAFS liéesaux enveloppes d’atomes seconds voisins ne sont pas perturbées par les phénomènes <strong>de</strong>diffusion multiple <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes premiers voisins. Par ailleurs, le facteur <strong>de</strong> Debye-Waller utiliséa été ajusté à : σ 2 = 0,0065 Å -1 , en se basant sur <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS expérimentauxenregistrés au seuil K du nickel.Dans le composé γ-Ni 2 SiO 4 , les distances Ni–Ni et Ni–Si sont re<strong>la</strong>tivement proches(~ 0,4 Å). Afin <strong>de</strong> faciliter l’analyse du signal, nous avons donc effectué <strong>de</strong>ux calculsdifférents, en considérant d’une part un cluster <strong>de</strong> type NiO 6 Ni 6 , et d’autre part un cluster <strong>de</strong>108


type NiO 6 Si 6 . Les spectres EXAFS ainsi obtenus sont présentés, respectivement, sur lesFigures III.5a et b.a)b)55k 3 . χ(k)0k 3 . χ(k)0-5-52 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)2 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)Fig. III.5 – Spectres EXAFS calculés au seuil K du nickel pour les clusters, (a) NiO 6 Ni 6 ; (b) NiO 6 Si 6 .Ces spectres EXAFS théoriques sont ensuite analysés par CCWT entre 0,5 et 4,0 Å, enutilisant une valeur <strong>de</strong> 200 pour le paramètre <strong>de</strong> Cauchy (voir Chapitre II). Les modules <strong>de</strong>CCWT correspondant à ces analyses sont présentés sur les Figures III.6a et b pour les clusters« NiO 6 Ni 6 » et « NiO 6 Si 6 », respectivement.Fig. III.6 – Analyse par CCWT (modules) pour les spectres EXAFS (Fig. III.5) correspondant aux clusters, (a)NiO 6 Ni 6 ; (b) NiO 6 Si 6 .Pour chaque analyse par CCWT, les arêtes correspondant aux couches d’atomesseconds voisins ont été modélisées (voir Fig. III.6a et b), permettant ainsi <strong>la</strong> reconstruction<strong><strong>de</strong>s</strong> différentes contributions EXAFS filtrées. Par ailleurs, les contributions EXAFSthéoriques liées aux 6 atomes <strong>de</strong> nickel seconds voisins, ainsi qu’aux 6 atomes <strong>de</strong> siliciumseconds voisins, sont extraites directement à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> calculs théoriques. Il est alors possible109


<strong>de</strong> comparer qualitativement les contributions théoriques « brutes », et « filtrées » par CCWT(voir Fig. III.7a et b, respectivement).10a)6 Ni (2,9 Å)6 Si (3,3 Å)10b)100 %silicium100 %nickelk 3 . χ(k)0k 3 . χ(k)0-102 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)-102 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)Fig. III.7 – Contributions EXAFS « seconds voisins » (6 Ni et 6 Si), (a) théoriques « brutes » ; (b) filtrées parCCWT.La Figure III.7 met en évi<strong>de</strong>nce une très bonne corré<strong>la</strong>tion entre les contributionsEXAFS « brutes » et « filtrées ». De plus, <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> l’analyse par CCWT à restituerprécisément les termes d’amplitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> différents signaux analysés (voir Chapitre II) permetd’effectuer une « calibration » <strong>de</strong> <strong>la</strong> position du maximum <strong><strong>de</strong>s</strong> termes d’amplitu<strong>de</strong>. En effet,lorsque <strong>la</strong> couche d’atomes seconds voisins est constituée uniquement d’atomes <strong>de</strong> silicium,le maximum du terme d’amplitu<strong>de</strong> est localisé vers 7,2 Å -1 . En revanche, lorsque cette coucheest constituée uniquement d’atomes <strong>de</strong> nickel, le maximum du terme d’amplitu<strong>de</strong> est localisévers 7,9 Å -1 (voir Fig. III.7b). Par ailleurs, nous pouvons constater une importante variation <strong>de</strong><strong>la</strong> « hauteur re<strong>la</strong>tive » <strong><strong>de</strong>s</strong> termes d’amplitu<strong>de</strong>, qui passe du simple au double, selon quel’enveloppe d’atomes seconds voisins inclut 100 % <strong>de</strong> Si ou 100 % <strong>de</strong> Ni (Fig. III.7b). Lesdifférentes variations observées sont cohérentes avec les variations <strong>de</strong> numéro atomique dunickel (Z = 28) et du silicium (Z = 14). En effet, plus l’atome rétrodiffuseur est « lourd »(numéro atomique important), plus sa capacité <strong>de</strong> rétrodiffusion est importante pour lesgran<strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> k. Réciproquement, plus l’atome est « léger », plus sa capacité <strong>de</strong>rétrodiffusion est importante pour les faibles valeurs <strong>de</strong> k (Teo 1986).Plusieurs paramètres peuvent influencer les termes d’amplitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> contributionsEXAFS comme, les limites en k, <strong>la</strong> pondération par k, le type <strong>de</strong> fenêtrage utilisé ou encoreles paramètres d’analyse utilisés. Cependant, en appliquant <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> traitement etd’analyse rigoureusement i<strong>de</strong>ntiques pour le signal théorique et pour le signal expérimental, ilest possible d’effectuer une « calibration » en k <strong><strong>de</strong>s</strong> termes d’amplitu<strong>de</strong> (Fig. III.7b).110


L’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> termes d’amplitu<strong>de</strong> expérimentaux filtrés par CCWT permet alors d’i<strong>de</strong>ntifier<strong>de</strong> manière directe les différents types d’atomes voisins (Ni ou Si) autour d’un atome <strong>de</strong>nickel central, et d’estimer les quantités re<strong>la</strong>tives <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux types d’atomes au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong>couche d’atomes d’oxygène premiers voisins.1.2. Verres silicatés1.2.1. Effet <strong><strong>de</strong>s</strong> modificateurs <strong>de</strong> réseauAfin d’estimer l’effet d’atomes modificateurs <strong>de</strong> réseau sur l’environnement local dunickel dans les verres silicatés, nous avons caractérisé trois verres contenant, respectivement,du calcium, du sodium et du potassium, par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X au seuilK du nickel. Les compositions chimiques choisies sont <strong><strong>de</strong>s</strong> compositions nickélifères,analogues <strong><strong>de</strong>s</strong> trois pôles feldspathiques : CaNiSi 2 O 6 (type anorthite), Na 2 NiSi 3 O 8 (typealbite) et K 2 NiSi 3 O 8 (type orthose). Pour chacun <strong>de</strong> ces composés, les spectres XANES sontenregistrés en basse résolution sur le spectromètre D11 (LURE ; voir Fig. III.8a).a)V + IVb)V65,7Absorbance normalisée1K 2NiSi 3O 8VI + VCoordinence [Ni]55,24,7Na NiSi O 2 3 8CaNiSi O 2 608300 8350 8400 8450Energie (eV)4CaNiSi O 2 6Na NiSi O 2 3 8K NiSi O 2 3 88396 8400 8404 8408 8412Energie (eV)Fig. III.8 – (a) Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres nickélifères <strong>de</strong> types« feldspaths » contenant différents modificateurs <strong>de</strong> réseau : calcium, sodium et potassium ; (b) détermination <strong>de</strong><strong>la</strong> coordinence du nickel basée sur <strong>la</strong> position <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS (voir Fig. III.3b).Les différents spectres XANES (Fig. III.8a) présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> allures re<strong>la</strong>tivementproches. Cependant, ils mettent en évi<strong>de</strong>nce une légère variation au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> premièreoscil<strong>la</strong>tion du signal (représentée en traits pointillés). En effet pour le verre calcique, cetteoscil<strong>la</strong>tion est localisée vers <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs d’énergie re<strong>la</strong>tivement faibles. En revanche pour <strong>la</strong>composition sodique, l’oscil<strong>la</strong>tion est légèrement décalée vers <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs d’énergie plusgran<strong>de</strong>. Enfin, ce déca<strong>la</strong>ge est accentué pour le verre potassique. En se basant sur les calculsthéoriques <strong>de</strong> spectres XANES (Fig. III.3a), ces variations correspon<strong>de</strong>nt à une modification111


<strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence moyenne du nickel. Plus précisément, il est possible <strong>de</strong> reporter cesvariations dans un abaque <strong>de</strong> référence (Fig. III.3b) <strong>de</strong> façon à quantifier ces valeurs <strong>de</strong>coordinence (voir Fig. III.8b). Ainsi, dans les verres <strong>de</strong> type anorthite, albite et orthose, <strong>la</strong>coordinence moyenne du nickel est <strong>de</strong> 5,7 ± 0,2, 5,2 ± 0,2 et 4,7 ± 0,2, respectivement. Parconséquent, dans chacun <strong>de</strong> ces verres, le nickel apparaît <strong>de</strong> manière importante encoordinence 5. Cependant, <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> calcium dans le verre favorise nettement l’espèceNiO 6 alors que <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> potassium tend à favoriser l’espèce NiO 4 .1.2.2. Effet du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation1.2.2.1. Spectres XANESPour cette étu<strong>de</strong>, quatre verres sodiques présentant <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> polymérisationdifférents et contenant chacun 2000 ppm <strong>de</strong> nickel, ont été caractérisés par spectroscopied’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X. Ces différents verres présentent les compositions chimiquessuivantes : Na 2 Si 2 O 5 (NS2), Na 2 Si 3 O 7 (NS3), Na 2 Si 4 O 9 (NS4) et NaAlSi 3 O 8 (ALB). Pourchacune <strong>de</strong> ces compositions, les rapports NBO/T sont proches <strong>de</strong> 1,00 ; 0,66 ; 0,50 et 0,00,respectivement. Cette série <strong>de</strong> verres présente, qualitativement, <strong><strong>de</strong>s</strong> compositions chimiquesproches. Par conséquent dans ce cas, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation constitue le principalparamètre variable susceptible d’affecter <strong>la</strong> spéciation du nickel. Les spectres XANES,enregistrés au seuil K du nickel pour les différents verres étudiés, sont présentés sur <strong>la</strong> FigureIII.9a. Ces spectres ont été enregistrés en haute résolution sur le spectromètre ID26 (ESRF).2a)BC6b)Absorbance normalisée1ALBNS4NS3A'ACoordinence [Ni]545,04,94,84,6NS2NS208300 8350 8400 8450Energie (eV)NS3NS4ALB8396 8400 8404 8408 8412Energie (eV)Fig. III.9 – (a) Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel (2000 ppm) pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres présentantdifférents <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> polymérisation : NS2, NS3, NS4 et ALB ; (b) détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence moyenne dunickel basée sur <strong>la</strong> position <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS.112


Les spectres XANES (Fig. III.9a) mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> très <strong>la</strong>rges similitu<strong><strong>de</strong>s</strong> pourles différents composés. En particulier, <strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion duspectre (C) varie re<strong>la</strong>tivement peu en fonction du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation du verre. Enreportant ces positions sur le diagramme <strong>de</strong> référence (Fig. III.3b), les valeurs <strong>de</strong> coordinenceobtenues sont 4,9 ± 0,2, 5,0 ± 0,2, 4,8 ± 0,2 et 4,6 ± 0,2 pour les verres NS2, NS3, NS4 etALB, respectivement (voir Fig. III.9b). Par conséquent, dans les verres sodiques <strong>la</strong>coordinence moyenne du nickel est proche <strong>de</strong> 5. Par ailleurs, l’environnement structural loca<strong>la</strong>utour du nickel est re<strong>la</strong>tivement peu sensible à <strong>la</strong> variation du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation duréseau vitreux. Cependant, un fort <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation semble favoriser légèrement <strong>la</strong>présence <strong>de</strong> clusters <strong>de</strong> type NiO 4 .Les différents spectres XANES (Fig. III.9a) ont été enregistrés en « haute résolution »(voir Chapitre II), permettant ainsi l’exploitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone avant seuil. Pour chaque spectreXANES, les pré-seuils normalisés sont présentés sur <strong>la</strong> Figure III.10a.0.08a)"Epaulements" (A')0.08b)IVAbsorbance normalisée0.060.040.02Pré-seuils (A)Hauteur normalisée0.060.04ALBNS2NS4NS3VVI08326 8328 8330 8332 8334 8336 8338 8340Energie (eV)0.028331.8 8332 8332.2 8332.4Energie (eV)Fig. III.10 – (a) Pré-seuils normalisés, enregistrés au seuil K du nickel (2000 ppm) pour les verres NS2, NS3,NS4 et ALB ; (b) localisation du maximum <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils normalisés sur le diagramme hauteur/énergie <strong>de</strong>référence.La Figure III.10a met c<strong>la</strong>irement en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> présence d’un « épaulement » (A’)situé entre le pré-seuil proprement dit (A) et le seuil d’absorption (B). Ces épaulements étantre<strong>la</strong>tivement proches <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils, il est nécessaire <strong>de</strong> les prendre en considération pour <strong>la</strong>détermination <strong><strong>de</strong>s</strong> lignes <strong>de</strong> base ainsi que pour <strong>la</strong> modélisation <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils. En effet, ilssont localisés à environ 4 eV après les pré-seuils, et présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> variations en hauteursimportantes d’un composé à l’autre. En outre, nous pouvons remarquer que les épaulementsprésentent <strong><strong>de</strong>s</strong> enveloppes, ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>la</strong>rgeurs à mi-hauteur, comparables à celles <strong><strong>de</strong>s</strong> préseuils,suggérant une origine <strong>de</strong> même nature que ces <strong>de</strong>rniers. Par conséquent, les pré-seuils113


traduisant une transition électronique <strong>de</strong> type 1s → 3d, il est probable qu’un autre type <strong>de</strong>transition électronique soit à l’origine <strong>de</strong> ces épaulements. Cependant, d’autres hypothèsespeuvent êtres envisagées, comme <strong>la</strong> présence d’un seuil d’absorption provenant d’espècesminoritaires <strong>de</strong> nickel réduit (Ni 0 ou Ni 1+ ).Par ailleurs, <strong>la</strong> Figure III.10a montre que pour les verres NS2, NS3, NS4 et ALB lespré-seuils sont re<strong>la</strong>tivement stables, tant en hauteur qu’en position. La modélisation <strong><strong>de</strong>s</strong> préseuilspermet <strong>de</strong> visualiser précisément les variations <strong><strong>de</strong>s</strong> positions <strong>de</strong> leurs maximums sur lediagramme « hauteur/énergie » <strong>de</strong> référence (Fig. III.10b). Ce diagramme met c<strong>la</strong>irement enévi<strong>de</strong>nce une coordinence moyenne <strong>de</strong> 5 pour le nickel dans les verres NS2, NS3 et NS4.Cependant pour le verre ALB, le pré-seuil apparaît légèrement plus haut et décalé vers lesbasses énergies. Bien que le nickel soit majoritairement en coordinence 5 dans ce verre, unetelle observation suggère une coordinence légèrement plus faible dans les systèmes fortementpolymérisés, en accord avec l’étu<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nte basée sur <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> spectresXANES.1.2.2.2. Spectres EXAFSAfin <strong>de</strong> caractériser plus finement l’environnement structural local du nickel dans lesverres décrits précé<strong>de</strong>mment (distances interatomiques, états <strong>de</strong> désordre, etc.), nous avonseffectué une étu<strong>de</strong> basée sur <strong>la</strong> partie EXAFS <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres d’absorption.20ALBNS2k 3 . χ(k)10NS3NS40KNiPO42 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)Fig. III.11 – Spectres EXAFS enregistrés au seuil K du nickel pour le composé <strong>de</strong> référence :KNiPO 4 , ainsi quepour les verres NS2, NS3, NS4 et ALB contenant chacun 2000 ppm <strong>de</strong> nickel.114


Pour cette étu<strong>de</strong>, nous avons utilisé le composé KNiPO 4 comme référence. Dans cecomposé, le nickel se trouve en géométrie « bipyrami<strong>de</strong> trigonale distordue » ; chaque liaisondu cluster NiO 5 ayant une longueur différente : Ni−O 1 = 1,97 Å, Ni−O 2 = 2,00 Å,Ni−O 3 = 2,03 Å, Ni−O 4 = 2,09 Å et Ni−O 5 = 2,15 Å (Lyutin et al. 1973). Les spectresEXAFS enregistrés au seuil K du nickel et pondérés par k 3 pour les composés KNiPO 4 , NS2,NS3, NS4 et ALB, sont présentés sur <strong>la</strong> Figure III.11. Ces différents spectres EXAFS,enregistrés jusqu’à k = 13 Å -1 , mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges similitu<strong><strong>de</strong>s</strong> au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> termesd’amplitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> phase. Seul le spectre EXAFS correspondant au composé KNiPO 4 présentequelques oscil<strong>la</strong>tions supplémentaires dues à <strong>la</strong> présence d’une organisation structurale àmoyenne distance plus importante. Pour chacun <strong>de</strong> ces spectres, nous avons effectué uneanalyse par CCWT localisée entre 0,5 et 5,0 Å, pour un paramètre <strong>de</strong> Cauchy <strong>de</strong> 200. Lesmodules <strong>de</strong> ces transformées en on<strong>de</strong>lettes sont présentés sur les Figures III.12a, b, c et d pourles spectres EXAFS correspondant respectivement aux verres NS4, NS3, NS2 et ALB.Fig. III.12 – Modules <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses par CCWT <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS enregistrés au seuil K du nickel (2000 ppm)pour les composés (a) NS4 ; (b) NS3 ; (c) NS2 ; (d) ALB.115


Ces analyses permettent notamment <strong>de</strong> distinguer trois zones, correspondant àdifférentes contributions pour les spectres EXAFS. La première contribution (A), située auxalentours <strong>de</strong> 1,5 Å sur l’axe <strong><strong>de</strong>s</strong> R’, représente l’enveloppe d’atomes d’oxygène premiersvoisins autour du nickel. L’arête correspondant à cette contribution est représentée sur chaquemodule <strong>de</strong> CCWT. La secon<strong>de</strong> contribution (B) est localisée entre 2,5 et 3 Å. Selon les cas, ilest possible <strong>de</strong> distinguer <strong>de</strong>ux contributions re<strong>la</strong>tivement proches, en particulier pour lesfaibles valeurs <strong>de</strong> k (voir Fig. III.12), suggérant une double contribution <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes secondsvoisins. Pour les compositions NS2, NS3 et NS4, ces cations peuvent êtres <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong><strong>de</strong>s</strong>odium, <strong>de</strong> silicium et/ou <strong>de</strong> nickel. En ce qui concerne le verre d’albite, <strong><strong>de</strong>s</strong> atomesd’aluminium peuvent aussi êtres pris en considération. Enfin, les zones situées entre 3,5 et5,0 Å sur les modules <strong><strong>de</strong>s</strong> CCWT (C) ont <strong><strong>de</strong>s</strong> allures re<strong>la</strong>tivement différentes d’une analyse àl’autre. Ces contributions proviennent donc très probablement du bruit expérimental lié àl’enregistrement <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS.Afin <strong>de</strong> mieux caractériser l’environnement local du nickel dans ces différents verres,les arêtes correspondant aux contributions <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes d’oxygène premiers voisins (A) sontextraites pour chaque module <strong>de</strong> CCWT (Fig. III.12) ; permettant ainsi <strong>la</strong> reconstruction <strong><strong>de</strong>s</strong>termes d’amplitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> phase (voir Chapitre II). Il est alors possible <strong>de</strong> caractériserqualitativement l’évolution <strong>de</strong> ces contributions en fonction du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation. Uneanalyse quantitative permet ensuite <strong>de</strong> déterminer différents paramètres structuraux commeles distances interatomiques ou encore l’état <strong>de</strong> désordre structural et/ou thermique.i) Analyses qualitatives basées sur un spectre EXAFS expérimentalAfin d’interpréter qualitativement l’allure <strong><strong>de</strong>s</strong> arêtes (Fig. III.12), le spectre EXAFS ducomposé <strong>de</strong> référence KNiPO 4 (Fig. III.11) a été filtré par CCWT dans les mêmes conditionsque précé<strong>de</strong>mment. Les différentes arêtes, ainsi que leurs modélisations par <strong><strong>de</strong>s</strong> polynômes dusecond <strong>de</strong>gré, sont présentées sur <strong>la</strong> Figure III.13a. Sur l’arête correspondant au composéKNiPO 4 , les valeurs <strong>de</strong> R’ augmentent régulièrement avec les valeurs <strong>de</strong> k. Cependant, <strong>la</strong>variation observée n’est pas linéaire en k, et une composante significative du terme du second<strong>de</strong>gré est nécessaire pour <strong>la</strong> modélisation. En se basant sur l’approche anharmoniquethéorique, mettant en jeu un atome <strong>de</strong> nickel central et <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes d’oxygène rétrodiffuseurs(voir Chapitre II), le terme <strong>de</strong> phase associé à cette arête présente une contributionanharmonique non-nulle, en accord avec l’état <strong>de</strong> désordre structural local autour du nickeldans ce composé (Lyutin et al. 1973). Pour le verre NS4, l’arête présente une variation en116


fréquence sensiblement plus linéaire que pour KNiPO 4 . La composante anharmonique dusignal est donc plus faible, suggérant ainsi un désordre structural local autour du nickellégèrement moins important que dans KNiPO 4 . En revanche, pour les verres NS3, NS2 etALB respectivement, les composantes du second ordre pour <strong>la</strong> modélisation <strong><strong>de</strong>s</strong> arêtes sont <strong>de</strong>plus en plus importantes. Les contributions anharmoniques sont donc <strong>de</strong> plus en plusprononcées, traduisant ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> environnements structuraux <strong>de</strong> plus en plus distordus.1.7a)ArêtesModélisationsb)16ALBR' (Å)1.61.5NS4KNiPO4NS3NS2k 3 . χ(k)8NS2NS3NS4ALBKNiPO401.42 4 6 8 10 12k (/Å)2 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)Fig. III.13 – Analyse du signal correspondant aux atomes d’oxygène premiers voisins pour les composésKNiPO 4 , NS4, NS3, NS2 et ALB ; (a) arêtes extraites <strong><strong>de</strong>s</strong> modules <strong>de</strong> CCWT ; (b) EXAFS filtrés par CCWT.Par ailleurs, il est possible <strong>de</strong> distinguer ces variations <strong>de</strong> fréquences directement surles spectres EXAFS filtrés (Fig. III.13b). En effet, pour les composés KNiPO 4 , NS4, NS3,NS2 et ALB respectivement, les oscil<strong>la</strong>tions EXAFS pour les faibles valeurs <strong>de</strong> k sontre<strong>la</strong>tivement en phase, alors que les pério<strong><strong>de</strong>s</strong> d’oscil<strong>la</strong>tions sont <strong>de</strong> plus en plus di<strong>la</strong>tées pourles gran<strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> k. Les distorsions anharmoniques du signal EXAFS sont donc plusimportantes pour les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> k.ii) Modélisations basées sur un spectre EXAFS expérimentalLa détermination <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres structuraux repose ici essentiellement sur l’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>différents termes <strong>de</strong> phase obtenus après traitement du signal (voir Fig. III.14a). Plusparticulièrement, les valeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> distances interatomiques (R) ainsi que les valeurs re<strong>la</strong>tives duparamètre anharmonique (∆c 3 ; voir Chapitre II) sont déterminées à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> différences <strong>de</strong>terme <strong>de</strong> phase, basées sur le composé <strong>de</strong> référence KNiPO 4 (Fig. III.14b). Pour ce cristal <strong>de</strong>référence, <strong>la</strong> valeur moyenne <strong><strong>de</strong>s</strong> distances Ni−O est : R réf = 2,049 Å (Lyutin et al. 1973). Deplus, les termes <strong>de</strong> déphasage, φ Ni (k) et φ O (k), sont i<strong>de</strong>ntiques pour chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> composésétudiés (Teo 1986). Les différences <strong>de</strong> terme <strong>de</strong> phase sont alors modélisées par <strong><strong>de</strong>s</strong>117


polynômes du type : (R − R réf )k + ∆E 0 − (4/3)∆c 3 k 3 ; où R représente <strong>la</strong> distance interatomiquemoyenne ; ∆E 0 représente le déphasage introduit par <strong>la</strong> détermination empirique duseuil d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres expérimentaux ; et ∆c 3 représente <strong>la</strong> différence <strong><strong>de</strong>s</strong> termesanharmoniques (cumu<strong>la</strong>nts).40a)1b)Phase (rad)302010PhasesModélisationsDifférence <strong>de</strong> phase (rad)0-1-2Différences <strong>de</strong> phasesModélisationsNS4KNiPO4NS3NS2ALB00 2 4 6 8 10 12 14k (/Å)2 4 6 8 10 12 14k (/Å)Fig. III.14 – (a) Termes <strong>de</strong> phase, et modélisations pour les spectres EXAFS présentés en Figure III.13b ; (b)différences <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase, et modélisations.Les paramètres <strong>de</strong> structure et <strong>de</strong> modélisation, obtenus à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> différences <strong>de</strong>terme <strong>de</strong> phase pour les composés KNiPO 4 , NS4, NS3, NS2 et ALB, sont présentés dans leTableau III.1.Paramètres structurauxParamètres <strong>de</strong> modélisationR (Å) ∆c 3 (× 10 -4 Å 3 ) ∆E 0 (eV) Qualité (%)KNiPO 4 2,049 (5) référence référence ---NS4 2,026 (5) – 2,3 (1) 0,17 56NS3 2,017 (5) 0,5 (1) 0,35 91NS2 2,023 (5) 2,0 (1) 0,16 94ALB 1,995 (5) 3,8 (1) 0,39 99Tab. III.1 – Paramètres <strong>de</strong> structure et <strong>de</strong> modélisation, basés sur le spectre EXAFS expérimental <strong>de</strong> KNiPO 4 ,pour les verres NS4, NS3, NS2 et ALB contenant 2000 ppm <strong>de</strong> nickel.Les résultats obtenus mettent en évi<strong>de</strong>nce une évolution croissante du paramètreanharmonique pour les verres NS4, NS3, NS2 et ALB, par rapport au composé <strong>de</strong> référenceKNiPO 4 . En particulier, <strong>la</strong> valeur ∆c 3 pour le verre NS4 est négative, signifiant que l’état <strong>de</strong>désordre structural autour du nickel dans ce verre est moins important que dans le cristal <strong>de</strong>référence. Notons que pour ce composé, <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> modélisation est nettement inférieureaux autres (56 %), vérifiant ainsi l’importance d’utiliser un composé <strong>de</strong> référence possédantune structure « ordonnée » par rapport aux composés « inconnus ». Par ailleurs, les variations118


observées pour le paramètre ∆c 3 sont en accord avec l’analyse qualitative précé<strong>de</strong>nte, validantainsi l’intérêt <strong>de</strong> l’utilisation <strong><strong>de</strong>s</strong> arêtes <strong>de</strong> CCWT pour une approche qualitative directe ducaractère anharmonique <strong><strong>de</strong>s</strong> signaux traités. Enfin, les distances moyennes Ni–O obtenuessont d’environ 2,022 Å pour les verres <strong>de</strong> silicate <strong>de</strong> sodium, alors qu’elles sont d’environ1,995 Å pour le verre d’albite, suggérant ainsi un léger effet du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation duréseau sur l’environnement local du nickel dans les verres.iii) Modélisations basées sur un spectre EXAFS théoriquesL’étu<strong>de</strong> du spectre EXAFS théorique <strong>de</strong> NiO, calculé avec FEFF 7.02 au seuil K dunickel, nous a permis <strong>de</strong> déterminer précisément le terme <strong>de</strong> déphasage engendré par unatome <strong>de</strong> nickel central et <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes d’oxygènes rétrodiffuseurs (voir Chapitre II). Lesrésultats montrent que ce terme <strong>de</strong> déphasage, obtenu après filtrage par CCWT, estcorrectement décrit par un polynôme du second <strong>de</strong>gré :Φ(k) = φ Ni (k) + φ O (k) = 0,798 – 1,180k + 0,024k 2Le terme <strong>de</strong> phase pour une contribution EXAFS impliquant un atome <strong>de</strong> nickelcentral et <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes d’oxygène rétrodiffuseurs peut alors être modélisé par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :Ρ(k) = 2kR + (0,798 – 1,180k + 0,024k 2 ) + ∆E 0 – (4/3)c 3 k 3Pour les différents composés KNiPO 4 , NS4, NS3, NS2 et ALB, les distancesinteratomiques Ni–O (R) et les paramètres d’anharmonicité « non-re<strong>la</strong>tifs » (c 3 ), sont alorsdirectement déterminés à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> modélisation, selon l’équation ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong>phase correspondant aux spectres EXAFS filtrés (voir Fig. III.14a). Les paramètres <strong><strong>de</strong>s</strong>tructure et <strong>de</strong> modélisation ainsi obtenus sont présentés dans le Tableau III.2 :Paramètres structurauxParamètres <strong>de</strong> modélisationR (Å) c 3 (× 10 -4 Å 3 ) ∆E 0 (eV) Qualité (%)KNiPO 4 2,049 (5) 4,7 (5) – 1,06 100NS4 2,026 (5) 2,4 (5) – 0,88 100NS3 2,017 (5) 4.2 (5) – 0,70 100NS2 2,023 (5) 6,7 (5) – 0,89 100ALB 1,995 (5) 8,5 (5) – 0,66 100Tab. III.2 – Paramètres <strong>de</strong> structure et <strong>de</strong> modélisation pour le composé KNiPO 4 , ainsi que pour les verres NS4,NS3, NS2 et ALB contenant 2000 ppm <strong>de</strong> nickel.119


En utilisant le terme <strong>de</strong> déphasage théorique extrait <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> bunsénite(NiO) et filtré par CCWT, <strong>la</strong> distance moyenne Ni–O obtenue pour le composé <strong>de</strong> référenceKNiPO 4 est i<strong>de</strong>ntique à 0,005 Å près à <strong>la</strong> valeur déterminée par raffinement <strong>de</strong> structure(Lyutin et al. 1973). Par ailleurs, les modélisations basées sur le déphasage théorique <strong>de</strong>[6] NiO pour les différents verres (NS4, NS3, NS2 et ALB) mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> distancesinteratomiques moyennes Ni–O i<strong>de</strong>ntiques, à 10 -3 Å près, aux distances obtenues à partir d’unsignal <strong>de</strong> référence expérimental (K [5] NiPO 4 ). De tels résultats témoignent donc d’uneprécision et d’une stabilité particulièrement importante <strong>de</strong> l’analyse du signal par CCWT.Par ailleurs, <strong>la</strong> valeur du paramètre anharmonique c 3 est <strong>de</strong> plus en plus importante,traduisant un état <strong>de</strong> désordre local autour du nickel <strong>de</strong> plus en plus fort pour les verres NS4,NS3 et NS2, respectivement. Par conséquent pour les verres <strong>de</strong> compositions binaires(Na 2 O)(SiO 2 ) x , plus le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure vitreuse est faible, plusl’environnement local du nickel est distordu. Cependant pour le verre ALB (très fortementpolymérisés), l’environnement du nickel apparaît encore plus distordu que pour NS2.1.2.3. Effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration en nickel1.2.3.1. Spectres XANESDifférents verres contenant <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs variables en nickel ont été synthétisés etcaractérisés par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X au seuil K du nickel. La Figure III.15présente les spectres XANES enregistrés pour <strong><strong>de</strong>s</strong> compositions <strong>de</strong> type, (a) NS3 contenant2 p.% et 2000 ppm <strong>de</strong> nickel (NS3 Ni2,0 et NS3 Ni0,2 , respectivement) ; (b) ALB contenant2 p.%, 2000 ppm et 40 ppm <strong>de</strong> nickel (ALB Ni2,0 , ALB Ni0,2 et ALB Ni40 , respectivement). Cesdifférents spectres ont été enregistrés en haute résolution sur les spectromètres ID26 (ESRF)et IV-1 (SSRL).Pour chacune <strong>de</strong> ces compositions, <strong>la</strong> hauteur <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils (A) ne semble pas varier<strong>de</strong> façon significative en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en nickel. De plus, <strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong>première oscil<strong>la</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES (C) n’est pas affectée par les variations <strong>de</strong> <strong>la</strong>concentration en nickel. Dans ce type <strong>de</strong> matrice vitreuse, <strong>la</strong> coordinence du nickel ne sembledonc pas être affectée par les différentes teneurs en nickel. Cependant, l’épaulement localiséentre le pré-seuil et <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche (A’), présente <strong><strong>de</strong>s</strong> variations <strong>de</strong> hauteurs importanteslorsque <strong>la</strong> teneur en nickel varie. Pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> composition <strong>de</strong> type NS3 et ALB, cetépaulement est quasi-inexistant pour <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en nickel <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 2 p.%. En revanche,120


sa hauteur augmente significativement lorsque les teneurs diminuent jusqu’à 2000 ppm. Plusparticulièrement, sa hauteur augmente considérablement pour le verre d’albite contenant40 ppm <strong>de</strong> nickel (Fig. III.15b).a)BCb)BCAbsorbance normalisée1Ni 2000 ppmAA'Absorbance normalisée1Ni 40 ppmNi 2000 ppmAA'Ni 2p.%08300 8350 8400 8450Energie (eV)Ni 2p.%08300 8350 8400 8450Energie (eV)Fig. III.15 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour <strong><strong>de</strong>s</strong> concentrations en nickel variantd’environ 40 ppm à 2 p.% dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> types : (a) NS3 ; (b) ALB.L’épaulement A’ présente donc une re<strong>la</strong>tion directe, et inversement proportionnelle,avec <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> nickel présente dans l’échantillon. La coordinence du nickel n’étant pasaffectée <strong>de</strong> façon majeure par les variations <strong>de</strong> concentration, un tel comportement suggèreune influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en nickel sur l’organisation structurale à moyenne distance autour<strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong>de</strong> nickel dans ces verres. Cependant, d’autres hypothèses, comme <strong>la</strong> présenced’une faible quantité d’atomes <strong>de</strong> nickel réduit, pourraient aussi expliquer ces variations <strong>de</strong>hauteur pour A’.1.2.3.2. Spectres EXAFSi) Trisilicate <strong>de</strong> sodiumAfin <strong>de</strong> caractériser l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration sur l’environnement structural à courteet moyenne distance autour du nickel, nous avons réalisé une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie EXAFS <strong><strong>de</strong>s</strong>spectres d’absorptions <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X. Pour cette étu<strong>de</strong>, <strong>de</strong>ux verres <strong>de</strong> composition Na 2 Si 3 O 7(NS3) ont été utilisés ; l’un contenant 2,0 p.% <strong>de</strong> nickel et l’autre 2000 ppm <strong>de</strong> nickel. Lesspectres EXAFS enregistrés au seuil K du nickel, normalisés et pondérés par k 3 sont présentéssur <strong>la</strong> Figure III.16a et b pour les verres contenant 2000 ppm et 2 % <strong>de</strong> nickel, respectivement.Parallèlement, les analyses <strong>de</strong> ces spectres par CCWT sont effectuées entre 0,5 et 5,0 Å, pourun paramètre <strong>de</strong> Cauchy <strong>de</strong> 200 (voir Fig. III.16).121


Fig. III.16 – Spectres EXAFS normalisés, enregistrés au seuil K <strong>de</strong> Ni, et analyses par CCWT, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres<strong>de</strong> type NS3 contenant (a) 2000 ppm <strong>de</strong> nickel ; (b) 2,0 p.% <strong>de</strong> nickel.Les <strong>de</strong>ux spectres EXAFS présentent <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges similitu<strong><strong>de</strong>s</strong> au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> termesd’amplitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> phase. Cependant, le niveau <strong>de</strong> bruit est légèrement supérieur pour le verreNS3 contenant 2000 ppm <strong>de</strong> nickel (en particulier pour les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> k). Par ailleurs,chaque module <strong>de</strong> CCWT met en évi<strong>de</strong>nce les arêtes re<strong>la</strong>tives aux enveloppes d’atomespremiers et seconds voisins (A et B, respectivement). Pour l’analyse du spectre correspondantà 2000 ppm <strong>de</strong> Ni (Fig. III.16a), un trait noir délimite <strong>la</strong> zone (k,R’) provenant essentiellementdu bruit expérimental du spectre EXAFS (entre 4 et 5 Å environ).Pour chaque verre <strong>de</strong> type NS3 (2000 ppm et 2,0 p.% <strong>de</strong> Ni), les spectres EXAFScorrespondant aux atomes d’oxygène premiers voisins (arêtes A) ont été filtrés par CCWTpuis reconstruits (voir Fig. III.17a). La superposition <strong>de</strong> ces différents spectres EXAFSpermet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce une très bonne corré<strong>la</strong>tion entre les <strong>de</strong>ux signaux, tant au niveaudu terme d’amplitu<strong>de</strong> que du terme <strong>de</strong> phase. Une telle observation confirme donc, pour cetype <strong>de</strong> verre, l’indépendance <strong>de</strong> l’environnement à courte distance autour du nickel parrapport à sa concentration.122


2a)NS3 0,2 p.% <strong>de</strong> NiNS3 2,0 p.% <strong>de</strong> Ni40b)Phases (NS3)Modélisations"2,0 p.%""0,2 p.%"30k 3 . χ(k)0Phase (rad)20-210R (Å)c 3 (x 10 -4 Å 3 )∆E 0 (eV)Qualité (%)2 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)"0,2 p.%" 2,017 (5) 4,2 (5) -0,70 100"2,0 p.%" 2,019 (5) 5,5 (5) -0,57 10000 2 4 6 8 10 12 14k (/Å)Fig. III.17 – (a) Reconstructions <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS filtrés, basées sur les arêtes A (Fig. III.16), pour lescontributions d’atomes premiers voisins ; (b) termes <strong>de</strong> phase, et modélisations.Pour chaque spectre EXAFS filtré (Fig. III.17a), l’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase permetensuite <strong>de</strong> déterminer les paramètres structuraux comme les distances interatomiques et le<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> désordre structural local autour du nickel. La modélisation <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase (Fig.III.17b) met ainsi en évi<strong>de</strong>nce une distance moyenne d Ni–O = 2,019 Å et un paramètreanharmonique c 3 = 5,5.10 -4 Å 3 pour le verre contenant 2,0 p.% <strong>de</strong> Ni, alors que ces valeurssont, respectivement, 2,017 Å et 4,2.10 -4 Å 3 pour le verre contenant 2000 ppm <strong>de</strong> Ni. Unevariation <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en nickel <strong>de</strong> 2000 ppm à 2,0 p.% n’affecte donc pas <strong>de</strong> manièresignificative l’environnement direct du nickel (atomes d’oxygène premiers voisins) dans cetype <strong>de</strong> verre.Par ailleurs, les contributions EXAFS correspondant aux enveloppes d’atomes secondsvoisins (arêtes B ; Fig. III.16) pour les verres NS3 contenant 0,2 et 2,0 p.% <strong>de</strong> nickel,présentent aussi <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges similitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, en particulier au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> termes d’amplitu<strong>de</strong> (voirFig. III.18). Sur cette figure, les positions en k <strong><strong>de</strong>s</strong> traits gris sont basées sur l’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>pectres EXAFS théoriques (Fig. III.7), et correspon<strong>de</strong>nt aux maximums <strong><strong>de</strong>s</strong> termesd’amplitu<strong>de</strong> lorsque les seconds voisins comprennent 100 % d’atomes <strong>de</strong> silicium ou 100 %d’atomes <strong>de</strong> nickel. Pour les <strong>de</strong>ux verres étudiés, ces positions sont re<strong>la</strong>tivement proches.Elles sont localisées près <strong>de</strong> <strong>la</strong> position <strong>de</strong> référence « 100 % silicium » et varient peu enfonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en nickel. Les environnements « seconds voisins » du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong>verres <strong>de</strong> type NS3 sont donc re<strong>la</strong>tivement peu affectés par <strong>la</strong> concentration en nickel. Enoutre, les seconds voisins sont essentiellement constitués d’atomes <strong>de</strong> silicium, n’excluant pasun faible pourcentage d’atomes <strong>de</strong> nickel.123


10.5100 %siliciumA B100 %nickelk 3 . χ(k)0-0.5-1NS3 0,2 p.% <strong>de</strong> NiNS3 2,0 p.% <strong>de</strong> Ni2 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)Fig. III.18 – Reconstructions <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS filtrés, basées sur les arêtes B (Fig. III.16), pour lescontributions d’atomes seconds voisins.ii) AlbiteUne étu<strong>de</strong> simi<strong>la</strong>ire visant à caractériser l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration en nickel sur sonenvironnement à courte et à moyenne distance dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verres fortement polymérisés estensuite réalisée. Pour ce<strong>la</strong>, nous caractérisons <strong>de</strong>ux verres <strong>de</strong> type albite (NaAlSi 3 O 8 ; ALB),l’un contenant 2000 ppm <strong>de</strong> nickel, et l’autre 2,0 p.% <strong>de</strong> nickel. Pour chaque verre, lesspectres EXAFS normalisés, enregistrés au seuil K du nickel, sont présentés sur les FiguresIII.19a et b, respectivement. Parallèlement, les analyses par CCWT sont effectuées entre 0,5et 5,0 Å avec un paramètre <strong>de</strong> Cauchy <strong>de</strong> 200 (voir Fig. III.19).Pour ces <strong>de</strong>ux verres, les spectres EXAFS normalisés présentent <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges similitu<strong><strong>de</strong>s</strong>concernant les termes d’amplitu<strong>de</strong> et les termes <strong>de</strong> phase. Par ailleurs, les analyses <strong>de</strong> cesspectres par CCWT présentent aussi d’importantes ressemb<strong>la</strong>nces. Sur chaque module <strong>de</strong>CCWT, les arêtes correspondant aux atomes premiers et seconds voisins (notées A et B,respectivement) sont représentées en traits continus b<strong>la</strong>ncs. De plus, les zones (k,R’)correspondant au bruit expérimental <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS sont localisées vers les hautesfréquences, et délimitées par <strong><strong>de</strong>s</strong> traits continus noirs. Nous pouvons en outre constater que leniveau <strong>de</strong> bruit est légèrement supérieur sur le module <strong>de</strong> CCWT correspondant au spectreEXAFS à « 2,0 p.% <strong>de</strong> nickel », en accord avec le niveau <strong>de</strong> bruit du spectre EXAFSnormalisé (Fig. III.19b).124


Fig. III.19 – Spectres EXAFS normalisés, enregistrés au seuil K <strong>de</strong> Ni, et analyses par CCWT, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres<strong>de</strong> type ALB contenant (a) 2000 ppm <strong>de</strong> nickel ; (b) 2,0 p.% <strong>de</strong> nickel.Les spectres EXAFS filtrés, correspondant aux atomes d’oxygène premiers voisins,sont ensuite reconstruits à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> arêtes A pour chaque verre (voir Fig. III.20a).2a)ALB 0,2 p.% <strong>de</strong> NiALB 2,0 p.% <strong>de</strong> Ni40b)Phases (ALB)Modélisations"2,0 p.%""0,2 p.%"30k 3 . χ(k)0Phase (rad)20-210R (Å)c 3 (x 10 -4 Å 3 )∆E 0 (eV)Qualité (%)2 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)"0,2 p.%" 1,995 (5) 8,5 (5) -0,66 100"2,0 p.%" 2,003 (5) 2,1 (5) -0,83 10000 2 4 6 8 10 12 14k (/Å)Fig. III.20 – (a) Reconstructions <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS filtrés, basées sur les arêtes A (Fig. III.19), pour lescontributions d’atomes premiers voisins ; (b) termes <strong>de</strong> phase, et modélisations.Quelle que soit <strong>la</strong> teneur en nickel <strong><strong>de</strong>s</strong> verres d’albite étudiés, l’enveloppe d’atomespremiers voisins est constituée par l’unique anion présent dans <strong>la</strong> structure : l’oxygène. Pourles spectres EXAFS (2000 ppm et 2,0 p.% <strong>de</strong> nickel) correspondant aux atomes premiersvoisins, les termes d’amplitu<strong>de</strong> présentent donc <strong><strong>de</strong>s</strong> enveloppes simi<strong>la</strong>ires (voir Fig. III.20a).125


Cependant pour ces <strong>de</strong>ux spectres, les termes <strong>de</strong> phase varient <strong>de</strong> façon importante avec <strong>la</strong>concentration en nickel. En effet, l’écart en fréquence augmente régulièrement en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong>valeurs <strong>de</strong> k. En se basant sur <strong>la</strong> Figure III.13b, une telle variation suggère un état <strong>de</strong> désordrestructural beaucoup moins important lorsque <strong>la</strong> teneur en nickel augmente.Dans le cas du verre contenant 2,0 p.% <strong>de</strong> nickel, <strong>la</strong> modélisation du terme <strong>de</strong> phase(voir Fig. III.20b) permet d’obtenir les paramètres structuraux suivants : d Ni–O = 2,003 Å etc 3 = 2,1.10 -4 Å 3 . En revanche pour le verre contenant 2000 ppm <strong>de</strong> nickel, les paramètresobtenus sont : d Ni–O = 1,995 Å et c 3 = 8,5.10 -4 Å 3 . Par conséquent, l’environnement d’atomespremiers voisins autour du nickel ne présente qu’une variation mineure <strong><strong>de</strong>s</strong> distancesinteratomiques, alors que l’état <strong>de</strong> désordre diminue <strong>de</strong> façon considérable lorsque <strong>la</strong> teneurtotale en nickel passe <strong>de</strong> 2000 ppm à 2 p.%.Parallèlement, les arêtes B (Fig. III.19) permettent <strong>la</strong> reconstruction <strong><strong>de</strong>s</strong> spectresEXAFS correspondant aux contributions d’atomes seconds voisins (voir Fig. III.21).10.5100 %siliciumAB100 %nickelk 3 . χ(k)0-0.5-1ALB 0,2 p.% <strong>de</strong> NiALB 2,0 p.% <strong>de</strong> Ni2 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)Fig. III.21 – Reconstructions <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS filtrés, basées sur les arêtes B (Fig. III.19), pour lescontributions d’atomes seconds voisins.Ces contributions EXAFS mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase re<strong>la</strong>tivementproches. Cependant, les termes d’amplitu<strong>de</strong> présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> changements importants. En effet,pour le verre contenant 2000 ppm <strong>de</strong> nickel, le terme d’amplitu<strong>de</strong> du spectre EXAFS estre<strong>la</strong>tivement peu intense. De plus, son maximum est localisé vers <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> kre<strong>la</strong>tivement faibles (entre les <strong>de</strong>ux positions <strong>de</strong> référence). En revanche, pour le verre126


contenant 2,0 p.% <strong>de</strong> nickel, <strong>la</strong> hauteur du terme d’amplitu<strong>de</strong> est <strong>la</strong>rgement plus importante.Par ailleurs, son maximum est décalé significativement vers <strong>la</strong> position <strong>de</strong> référence « 100 %nickel ». De tels résultats suggèrent, dans les <strong>de</strong>ux cas, <strong>la</strong> présence d’un environnement mixtesilicium/nickel au sein <strong>de</strong> l’enveloppe d’atomes seconds voisins. Cependant dans cette coucheatomique, <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong> nickel augmente <strong>de</strong> manière importante lorsque <strong>la</strong> teneur totale ennickel dans le verre passe <strong>de</strong> 2000 ppm à 2,0 p.%.1.2.4. Effet du <strong>de</strong>gré d’oxydoréductionLes spectres XANES <strong>de</strong> verres faiblement concentrés en nickel présentent, au seuil Kdu nickel, un épaulement caractéristique localisé entre le pré-seuil et <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche (A’ ; voirFig. III.15). Une faible proportion <strong>de</strong> nickel métallique par rapport au nickel divalent pourraitexpliquer <strong>la</strong> présence d’un tel épaulement. En effet, le seuil d’absorption est décalé <strong>de</strong>quelques électronvolts vers les faibles énergies lorsque le <strong>de</strong>gré d’oxydoréduction <strong>de</strong>l’élément sondé diminue. Afin <strong>de</strong> vérifier cette hypothèse, nous avons effectué <strong><strong>de</strong>s</strong> calculs parcombinaisons linéaires entre <strong>de</strong>ux spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel, pour uncomposé <strong>de</strong> nickel métallique (Ni 0 ) et pour un verre d’albite contenant 2,0 p.% <strong>de</strong> nickel(Ni 2+ ). Les spectres expérimentaux sont présentés en noir, et les spectres obtenus parcombinaison linéaire sont présentés en gris sur les Figures III.22a et b.a)0.8b)0.6Absorbance normalisée1Ni 0 Ni 2+Absorbance normalisée0.40.2ALB(Ni-0,2 p.%)ALB (Ni-2,0 p.%)08300 8350 8400 8450Energie (eV)08325 8330 8335 8340 8345Energie (eV)Fig. III.22 – (a) Combinaisons linéaires entre <strong>de</strong>ux spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel, pour uncomposé <strong>de</strong> nickel métallique (Ni 0 ) et pour un verre d’albite contenant 2,0 p.% <strong>de</strong> Ni 2+ ; (b) zoom sur <strong>la</strong> régionpré-seuil.Sur <strong>la</strong> Figure III.22 (a et b), un spectre XANES enregistré au seuil K du nickel pour unverre d’albite contenant 2000 ppm <strong>de</strong> nickel est représenté. Ce spectre expérimental présenteun épaulement localisé entre le pré-seuil et <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche, permettant ainsi une comparaison127


avec les spectres obtenus par combinaison linéaire. L’agrandissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone du seuil (voirFig. III.22b) montre c<strong>la</strong>irement que les différentes combinaisons linéaires ne permettent pas<strong>de</strong> reconstituer l’épaulement. En effet, ce <strong>de</strong>rnier présente une résolution en énergie beaucouptrop importante par rapport au seuil d’absorption K du nickel métallique. L’origine d’une tellecaractéristique spectrale est donc très probablement liée à un phénomène <strong>de</strong> nature différente.1.2.5. Teneur en eau et vitesse <strong>de</strong> trempeL’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Farges et al. (2001b) montre que dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> type albite,l’environnement structural local du nickel est considérablement affecté lorsque <strong>la</strong> teneur eneau dépasse environ 2,5 p.%. En effet au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette valeur, le nickel précipite sous forme<strong>de</strong> nanocristaux <strong>de</strong> phyllosilicate hydraté (type népouite). Dans cette étu<strong>de</strong>, les différentsverres hydratés ont été synthétisés par <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> IHPV, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> vitesses <strong>de</strong> trempemaximale d’environ 200 °C/s.1.2.5.1. Échantillon hydratéAfin <strong>de</strong> mieux comprendre ces phénomènes <strong>de</strong> nanocristallisation du nickel, nousavons réalisé une synthèse <strong>de</strong> verre d’albite hydraté (0,2 p.% <strong>de</strong> nickel) avec une vitesse <strong>de</strong>trempe « ultra-rapi<strong>de</strong> ». Pour cette synthèse, <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> refroidissement est estimée àenviron 400 °C/s en périphérie, et 300 °C/s au centre <strong>de</strong> l’échantillon. La photographie <strong>de</strong>l’échantillon vitreux en cassure transversale est présentée sur <strong>la</strong> Figure III.23.Fig. III.23 – Photographie d’un verre d’albite hydraté contenant 0,2 p.% <strong>de</strong> nickel, ayant subit une trempeestimée à environ 400 °C/s en périphérie <strong>de</strong> l’échantillon (ALB Hydr_RQ ).L’échantillon présente une différence très nette entre <strong>la</strong> zone extérieure du cylindre et<strong>la</strong> zone centrale. En effet en périphérie, l’échantillon est transluci<strong>de</strong> et <strong>de</strong> couleur brune ; <strong>la</strong>vitesse <strong>de</strong> trempe étant estimée à environ 400 °C/s. En revanche dans <strong>la</strong> zone centrale,l’échantillon apparaît opaque et <strong>de</strong> couleur verdâtre ; <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> trempe étant inférieure.128


1.2.5.2. Caractérisation par spectroscopie RamanPour chaque zone <strong>de</strong> cet échantillon, <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres Raman sont enregistrés entre 200 et1400 cm -1 (Fig. III.24a) ainsi qu’entre 2800 et 3800 cm -1 (Fig. III.24b). Par ailleurs, un autreverre hydraté <strong>de</strong> type albite (ALB Hydr ), <strong>de</strong> couleur verdâtre, contenant 0,2 p.% <strong>de</strong> nickel, etsynthétisé avec <strong><strong>de</strong>s</strong> vitesses <strong>de</strong> trempe « standard » (<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 200 °C/s), est analysé <strong>de</strong>façon i<strong>de</strong>ntique.Intensité normalisée (u. a.)20015010050a)ALB HYDR_RQ(bord)0200 400 600 800 1000 1200 1400Nombre d'on<strong>de</strong> (/cm)ALB HYDRALB HYDR_RQ(centre)Intensité normalisée (u. a.)450ALB HYDR300150b)ALB HYDR_RQ(centre)Aire intégrée = 31136(10,4 p.% d'eau)Aire intégrée = 27160(9,1 p.% d'eau)Aire intégrée = 24590(8,2 p.% d'eau)ALB HYDR_RQ(bord)02800 3000 3200 3400 3600 3800Nombre d'on<strong>de</strong> (/cm)Fig. III.24 – Spectres Raman enregistrés pour les verres ALB Hydr_RQ (bord et centre) et ALB Hydr , (a) entre 200 et1400 cm -1 ; (b) entre 2800 et 3800 cm -1 .Les spectres Raman présentés sur <strong>la</strong> Figure III.24a ont <strong><strong>de</strong>s</strong> allures représentativesd’une structure vitreuse <strong>de</strong> type albite. En particulier, les <strong>de</strong>ux spectres notés ALB Hydr_RQ sontpratiquement i<strong>de</strong>ntiques, suggérant ainsi une structure générale quasi-i<strong>de</strong>ntique entre le bor<strong>de</strong>t le centre <strong>de</strong> l’échantillon, indépendamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> trempe.Les spectres Raman normalisés, enregistrés entre 2800 et 3800 cm -1 (Fig. III.24b),présentent aussi <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges similitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, suggérant ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en eau très proches entre lesdifférents échantillons. Une analyse <strong>de</strong> surface permet d’obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> 7432 et 8274pour les aires <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres correspondants, respectivement, au bord et au centre <strong>de</strong>l’échantillon ALB Hydr_RQ . De plus pour l’échantillon ALB Hydr , l’aire intégrée est <strong>de</strong> 9593. Ense basant sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> composés hydratés <strong>de</strong> référence (voir Chapitre I), ces valeurscorrespon<strong>de</strong>nt à <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en eau <strong>de</strong> 8,2 et 9,1 p.% pour le bord et pour le centre <strong>de</strong>l’échantillon ALB Hydr_RQ , respectivement, ainsi que <strong>de</strong> 10,4 p.% pour l’échantillon ALB Hydr .129


1.2.5.3. Caractérisation par spectroscopie XANESLes échantillons <strong>de</strong> verres d’albite hydratés décrits précé<strong>de</strong>mment ont été caractériséspar spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X. Pour chaque échantillon, et région d’échantillon,correspondant à une vitesse <strong>de</strong> trempe différente, <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES ont été enregistrés auseuil K du nickel. Ces différents spectres, enregistrés sur le spectromètre 11-2 (SSRL) enmo<strong>de</strong> focalisé (0,3 × 0,3 mm), sont présentés sur <strong>la</strong> Figure III.25a.3a)Bb)Absorbance normalisée21ALB HYDRALB HYDR_RQ(centre)AB'~ 200 °C/s~ 300 °C/s~ 400 °C/sA'ALB HYDR_RQ(bord)08300 8350 8400 8450Energie (eV)CCoordinence [Ni]6545,95,75,2ALB HYDRALB HYDR_RQ(centre)ALB HYDR_RQ(bord)8396 8400 8404 8408 8412Energie (eV)Fig. III.25 – (a) Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour l’échantillon présenté sur <strong>la</strong> Figure III.23(bord et centre), ainsi que pour un verre d’albite hydraté ; (b) détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence moyenne dunickel basée sur <strong>la</strong> position <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS.La Figure III.25a met en évi<strong>de</strong>nce d’importants changements concernantl’environnement structural local du nickel en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> trempe. Pour unevitesse <strong>de</strong> trempe d’environ 200 °C/s, le spectre XANES traduit typiquement unenvironnement cristallin <strong>de</strong> type népouite (voir Annexe 2). En effet, ce spectre est caractérisépar un dédoublement significatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche (B), ainsi que par une résonance B’,localisée vers 8365 eV, typique d’atomes <strong>de</strong> nickel seconds voisins en environnementcristallin (voir Fig. III.4). Par ailleurs, en se basant sur l’abaque <strong>de</strong> référence (voir Fig. III.3b),<strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion liée aux atomes d’oxygène premiers voisins (C) met enévi<strong>de</strong>nce une coordinence moyenne du nickel <strong>de</strong> 5,9 ± 0,2 dans ce composé.Lorsque <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> trempe est d’environ 300 °C/s, le spectre XANES présente <strong><strong>de</strong>s</strong>caractéristiques légèrement différentes. En particulier, <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche B ne présente plusqu’une seule résonance, alors que <strong>la</strong> résonance B’ est significativement atténuée. Dans ceverre, <strong>la</strong> coordinence moyenne du nickel est <strong>de</strong> 5,7 ± 0,2 (Fig. III.25b).130


Enfin, le spectre XANES correspondant à une vitesse <strong>de</strong> trempe d’environ 400 °C/s(Fig. III.25a) présente une raie b<strong>la</strong>nche (B) beaucoup moins intense. Par ailleurs, <strong>la</strong> résonanceB’ tend à disparaître, et <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion du spectre (C) traduit une coordinencemoyenne du nickel <strong>de</strong> 5,2 ± 0,2 (Fig. III.25b). Dans cette portion du verre, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong>cristallinité autour du nickel est donc fortement atténué ; suggérant ainsi un effetparticulièrement important <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> trempe.1.2.5.4. Caractérisation par spectroscopie EXAFSAfin <strong>de</strong> caractériser plus précisément l’environnement structural à courte et moyennedistance autour du nickel dans l’échantillon ALB Hydr_RQ , nous avons effectué l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>partie EXAFS <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X. Les spectres EXAFS enregistrés auseuil K du nickel, normalisés et pondérés par k 3 sont présentés sur <strong>la</strong> Figure III.26a.30a)ALB HYDR_RQ(centre)20b)2015k 3 . χ(k)10ALB HYDR_RQ(bord)Magnitu<strong>de</strong>10ALB HYDR_RQ(centre)05-102 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)ALB HYDR_RQ(bord)00 2 4 6 8 10 12R' (Å)Fig. III.26 – (a) Spectres EXAFS normalisés, enregistrés au seuil K du nickel pour le verre ALB Hydr_RQ , au bor<strong>de</strong>t au centre <strong>de</strong> l’échantillon (voir Fig. III.23) ; (b) analyse par TF <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS.Les spectres EXAFS normalisés (Fig. III.26a) présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> différences majeures, enparticulier au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> termes d’amplitu<strong>de</strong>. Leurs analyses respectives par TF (Fig. III.26b)montrent un bon accord au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes fréquences mises en jeu. Cependant pour lespectre enregistré sur le bord <strong>de</strong> l’échantillon, les pics correspondant aux enveloppes d’atomesseconds et troisièmes voisins sont nettement moins intenses. Ces observations traduisent doncune diminution importante du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> cristallinité local autour du nickel lorsque <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong>trempe augmente ; en accord avec l’étu<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nte réalisée sur les spectres XANES.Les analyses <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS par CCWT, calculées entre 0,2 et 6,0 Å avec unparamètre <strong>de</strong> Cauchy <strong>de</strong> 200, sont présentées sur <strong>la</strong> Figure III.27.131


Fig. III.27 – Analyse par CCWT <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS présentés sur <strong>la</strong> Figure III.26a, (a) bord <strong>de</strong> l’échantillon ;(b) centre <strong>de</strong> l’échantillon.Les modules <strong>de</strong> CCWT correspondant aux spectres EXAFS enregistrés pour le bord etpour le centre <strong>de</strong> l’échantillon (Fig. III.27a et b, respectivement) présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> alluresgénérales très proches ; aux différences près <strong><strong>de</strong>s</strong> hauteurs re<strong>la</strong>tives d’arêtes. Sur ces modules,les arêtes correspondant aux enveloppes d’atomes premiers et seconds voisins (notées A et B,respectivement) sont représentées en traits continus b<strong>la</strong>ncs. Les spectres EXAFScorrespondant aux contributions <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes d’oxygène premiers voisins, sont alorsreconstruits à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> arêtes A (voir Fig. III.28a).2a)"Bord""Centre"40b)PhasesModélisations"Centre""Bord"30k 3 . χ(k)0Phase (rad)20-22 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)10R (Å) c 3 (x 10 -4 Å 3 ) ∆E 0 (eV) Qualité (%)"Bord" 2,042 (5) 4,5 (5) -0,56 100"Centre" 2,107 (5) 4,9 (5) -0,73 10000 2 4 6 8 10 12 14k (/Å)Fig. III.28 – (a) Reconstructions <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS filtrés, basées sur les arêtes A (Fig. III.27), pour lescontributions d’atomes premiers voisins ; (b) termes <strong>de</strong> phase, et modélisations.Les contributions EXAFS correspondant aux atomes premiers voisins (Fig. III.28)présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> allures re<strong>la</strong>tivement différentes. En particulier, <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> d’oscil<strong>la</strong>tion pour <strong>la</strong>contribution notée « Bord », est nettement plus gran<strong>de</strong> (fréquence plus basse) que pour <strong>la</strong>contribution correspondant au « Centre » <strong>de</strong> l’échantillon. De plus, bien que les amplitu<strong><strong>de</strong>s</strong>présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> enveloppes simi<strong>la</strong>ires, ces <strong>de</strong>rnières mettent en évi<strong>de</strong>nce une importante132


variation <strong>de</strong> hauteur. D’un point <strong>de</strong> vue qualitatif, les différences observées sur cescontributions traduisent très probablement une distance moyenne Ni–O, ainsi qu’unecoordinence moyenne du nickel, plus importante pour <strong>la</strong> zone correspondant au centre <strong>de</strong>l’échantillon. Par ailleurs, <strong>la</strong> modélisation <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase, pour ces différentescontributions, permet <strong>de</strong> déterminer avec précision les valeurs <strong>de</strong> distances Ni–O ainsi que<strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres d’anharmonicité pour les <strong>de</strong>ux régions du verre (voir Fig. III.28b). Ainsi, pour<strong>la</strong> région correspondant au bord <strong>de</strong> l’échantillon, les paramètres structuraux sont :d Ni–O = 2,042 Å et c 3 = 4,5.10 -4 Å 3 . Pour <strong>la</strong> région correspondant au centre <strong>de</strong> l’échantillon, lesvaleurs obtenues sont : d Ni–O = 2,107 Å et c 3 = 4,9.10 -4 Å 3 . Les résultats mettent en évi<strong>de</strong>nceun écart important au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> distances interatomiques (~ 0,07 Å) ; traduisant unchangement <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence moyenne du nickel en accord avec l’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> spectresXANES réalisée précé<strong>de</strong>mment (voir Fig. III.25b). De plus, les paramètres c 3 traduisent unétat <strong>de</strong> désordre structural re<strong>la</strong>tivement important dans les <strong>de</strong>ux cas. Cependant, aucunedifférence majeure n’est observée entre le bord et le centre <strong>de</strong> l’échantillon. Notons parailleurs que, pour une teneur en nickel équivalente, l’état <strong>de</strong> désordre structural autour dunickel est environ <strong>de</strong>ux fois plus important dans un verre d’albite anhydre que dans un verrehydraté (voir Fig. III.20b).10100 %silicium100 %nickel5(Ni + Si)(Si)k 3 . χ(k)0-5-10"Centre""Bord"2 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)Fig. III.29 – Reconstructions <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS filtrés, basées sur les arêtes B (Fig. III.27), pour lescontributions d’atomes seconds voisins.Les arêtes notées B (Fig. III.27) permettent ensuite <strong>la</strong> reconstruction <strong><strong>de</strong>s</strong> spectresEXAFS correspondant aux enveloppes d’atomes seconds voisins (voir Fig. III.29). Lesdifférents spectres EXAFS filtrés mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase très proches. En133


evanche, les termes d’amplitu<strong>de</strong> présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> variations importantes selon les différentesrégions <strong>de</strong> l’échantillon (différentes vitesses <strong>de</strong> trempe). En effet, pour le spectre enregistré aucentre <strong>de</strong> l’échantillon, le terme d’amplitu<strong>de</strong> est re<strong>la</strong>tivement intense, et son maximum estproche du pôle <strong>de</strong> référence « 100 % nickel ». Ce terme d’amplitu<strong>de</strong> traduit donc <strong>la</strong> présenced’un environnement essentiellement constitué d’atomes <strong>de</strong> nickel, incluant très probablementune quantité mineure <strong>de</strong> silicium.Pour le spectre enregistré sur le bord <strong>de</strong> l’échantillon, le terme d’amplitu<strong>de</strong> estbeaucoup moins intense. Plusieurs facteurs peuvent êtres à l’origine d’une telle variation. Eneffet, ce changement peut être lié à un état <strong>de</strong> désordre structural plus important (facteur <strong>de</strong>Debye-Waller), ou encore à un nombre <strong>de</strong> coordinence plus faible (voir Équation II.7). Parailleurs, une modification du type d’atome mis en jeu dans cette couche d’atomes voisins peutaussi peut aussi influencer fortement le terme d’amplitu<strong>de</strong>, en particulier lorsque lesdifférences entre les numéros atomiques sont importantes (Teo 1986). Dans le cas présent, cesdifférentes hypothèses peuvent êtres envisagées. Cependant pour ce spectre, le maximum duterme d’amplitu<strong>de</strong> présente un déca<strong>la</strong>ge significatif vers les faibles valeurs <strong>de</strong> k. Enparticulier, ce maximum est situé au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> position <strong>de</strong> référence correspondant à unenvironnement <strong>de</strong> type 100 % silicium ; traduisant ainsi une diminution très importante dunombre d’atomes <strong>de</strong> nickel seconds voisins lorsque <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> trempe <strong>de</strong> l’échantillon estd’environ 400 °C/s.134


2. Haute température2.1. Composés <strong>de</strong> référence (cristaux)2.1.1. Coordinence 6Deux composés cristallisés contenant du nickel en coordinence 6, NiO et Ni 2 SiO 4 , ontété étudiés à haute température par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X. Ces spectres ontété enregistrés en mo<strong>de</strong> dispersif, sur le spectromètre D11 (LURE) en utilisant un système <strong>de</strong>four à fil chauffant optimisé pour les mesures en transmission. Pour ces <strong>de</strong>ux composés, lesspectres XANES enregistrés en basse résolution, au seuil K du nickel sont présentés sur lesFigures III.30a et b, respectivement.a)BB'Cb)BCAbsorbance normalisée21520 °C1350 °C1120 °C1810 °C510 °C280 °C125 °C25 °C08300 8350 8400 8450Energie (eV)Absorbance normalisée21545 °C1315 °C11040 °C770 °C405 °C160 °C25 °C08300 8350 8400 8450Energie (eV)Fig. III.30 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour, (a) NiO entre 25 et 1520 °C ; (b) Ni 2 SiO 4entre 25 et 1545 °C.Pour les <strong>de</strong>ux composés étudiés, les spectres XANES présentent un légeramortissement <strong>de</strong> l’amplitu<strong>de</strong> lorsque <strong>la</strong> température augmente (voir Fig. III.30a et b). Un te<strong>la</strong>mortissement provient <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> l’agitation thermique et donc du facteur <strong>de</strong>Debye-Waller. Cependant, ces <strong>de</strong>ux séries <strong>de</strong> spectres ne présentent aucune modificationmajeure lors <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> température. En particulier, <strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong>première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS (notée C) reste i<strong>de</strong>ntique malgré les phénomènes <strong>de</strong> di<strong>la</strong>tation<strong><strong>de</strong>s</strong> distances interatomiques induites par l’agitation thermique. Dans ces <strong>de</strong>ux composés, lenickel reste donc en coordinence 6 dans les gammes <strong>de</strong> températures étudiées.135


2.1.2. Coordinence 4Deux composés cristallisés contenant du nickel en coordinence 4, NiCr 2 O 4 etRb 2 NiSi 5 O 12 , ont été caractérisés par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X à hautetempérature. L’échantillon NiCr 2 O 4 a été caractérisé en basse résolution et en mo<strong>de</strong>transmission sur le spectromètre D11 (LURE), alors que l’échantillon Rb 2 NiSi 5 O 12 a étécaractérisé en haute résolution sur le spectromètre ID26 (ESRF) en mo<strong>de</strong> fluorescence. Lesdifférentes séries <strong>de</strong> spectres XANES, enregistrés au seuil K du nickel, sont présentées sur lesFigures III.31a et b pour les composés NiCr 2 O 4 et Rb 2 NiSi 5 O 12 , respectivement.a)BCb)BC3Absorbance normalisée211425 °C1200 °C1015 °C810 °C570 °C370 °C190 °CAbsorbance normalisée21910 °C810 °C720 °C610 °C500 °C390 °C290 °C195 °C130 °C80 °CA25 °C08300 8350 8400 8450Energie (eV)25 °C08300 8350 8400 8450Energie (eV)Fig. III.31 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour, (a) NiCr 2 O 4 entre 25 et 1425 °C ; (b)Rb 2 NiSi 5 O 12 entre 25 et 910 °C.Les spectres XANES ont été enregistrés entre 25 et 1425 °C pour le composé NiCr 2 O 4(Fig. III.31a), et entre 25 et 910 °C pour Rb 2 NiSi 5 O 12 (Fig. III.31b). Pour ces <strong>de</strong>ux séries, lesspectres XANES restent quasi-i<strong>de</strong>ntiques lors <strong><strong>de</strong>s</strong> variations <strong>de</strong> température. Notamment, <strong>la</strong>position en énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres (C) est constante, signifiant que <strong>la</strong>coordinence du nickel n’est pas affectée <strong>de</strong> manière significative par <strong>la</strong> température dans lesgammes étudiées.La série <strong>de</strong> spectres XANES correspondant au composé Rb 2 NiSi 5 O 12 est enregistréeen haute résolution, permettant ainsi l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie pré-seuils (A) <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres. Pour cettesérie, les pré-seuils normalisés sont présentés sur un graphique à trois dimensions faisantapparaître <strong>la</strong> variable « température » (Fig. III.32a). La modélisation <strong>de</strong> ces pré-seuils permet<strong>de</strong> rapporter les positions (hauteur/énergie) dans le diagramme <strong>de</strong> référence (Fig. III.32b). Leserreurs estimées sur ces positions sont détaillées sur <strong>la</strong> Figure III.2b (pré-seuils pour différentscomposés <strong>de</strong> référence).136


0.08b)IVHauteur normalisée0.060.042561019580130720390290810500910VVI0.028331.8 8332 8332.2 8332.4Energie (eV)Fig. III.32 – (a) Représentation 3D <strong>de</strong> l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température pour le composéRb 2 NiSi 5 O 12 ; (b) positions <strong><strong>de</strong>s</strong> maximums <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils, déterminées par modélisation.La Figure III.32b met en évi<strong>de</strong>nce un faible <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> centrosymétrie correspondant àune coordinence <strong>de</strong> 4 pour le nickel dans le composé Rb 2 NiSi 5 O 12 entre 25 et 910 °C. L’étu<strong>de</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils est, par conséquent, en parfait accord avec celle <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES (Fig.III.31b). Par ailleurs, nous pouvons remarquer que l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> température n’affecte en rien<strong>la</strong> position (hauteur/énergie) <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils.3.1.3. Coordinence 5Le composé cristallisé KNiPO 4 a été étudié à haute température par spectroscopieXANES au seuil K du nickel (spectromètre ID26, ESRF). Pour ce composé, le nickel est encoordinence 5, dans un site <strong>de</strong> type bipyrami<strong>de</strong> trigonale (Lyutin et al. 1973). Les différentsspectres, enregistrés entre 25 et 1090 °C, sont présentés à 2D et à 3D sur les Figures III.33a etb, respectivement.3a)BCAbsorbance normalisée2A1090 °C1005 °C920 °C820 °C700 °C1580 °C450 °C315 °C200 °C25 °C08300 8350 8400 8450Energie (eV)Fig. III.33 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour le composé KNiPO 4 entre 25 et 1090 °C : (a)représentation à 2D ; (b) représentation à 3D.137


Pour le composé KNiPO 4 , les spectres XANES ne présentent aucune modificationmajeure entre 25 et 910 °C (Fig. III.33). Cependant pour les spectres enregistrés à 1005 et1090 °C, l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche (B) diminue fortement. De plus, <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tionEXAFS (C) est nettement décalée vers les hautes énergies. Ce changement traduit unemodification <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence moyenne du nickel, qui passe <strong>de</strong> 5 à température ambiante,vers 4 à haute température. Par ailleurs, ce changement traduit très probablement unetransition <strong>de</strong> phase <strong>de</strong> KNiPO 4 aux alentours <strong>de</strong> 955 ± 50 °C.Parallèlement, les pré-seuils normalisés correspondant aux spectres XANES <strong>de</strong> <strong>la</strong>Figure III.33 (notés A) sont présentés sur <strong>la</strong> Figure III.34a. Cette figure met en évi<strong>de</strong>nce unehauteur <strong>de</strong> pré-seuil constante entre 25 et 910 °C. En revanche, <strong>la</strong> hauteur augmente <strong>de</strong>manière importante à haute température (1005 et 1090 °C).0.08b)1005IVHauteur normalisée0.060.041090700820580 315450 25920200VVI0.028331.8 8332 8332.2 8332.4Energie (eV)Fig. III.34 – (a) Représentation 3D <strong>de</strong> l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils, pour le composé KNiPO 4 (Fig. III.33), enfonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température ; (b) positions <strong><strong>de</strong>s</strong> maximums <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils, déterminées par modélisation.La modélisation <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils (Fig. III.34a) permet <strong>de</strong> localiser <strong>la</strong> position <strong>de</strong> leursmaximums dans le diagramme <strong>de</strong> référence « hauteur/énergie » (Fig. III.34b). Les résultatsmontrent c<strong>la</strong>irement un changement <strong>de</strong> coordinence du nickel dans KNiPO 4 , qui passe <strong>de</strong> 5vers 4 lorsque <strong>la</strong> température augmente au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 1005 °C ; en parfait accord avec l’étu<strong>de</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES (Fig. III.33).2.2. Verres et liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés2.2.1. Effet <strong><strong>de</strong>s</strong> modificateurs <strong>de</strong> réseauLes verres K 2 NiSi 3 O 8 , Na 2 NiSi 3 O 8 et CaNiSi 2 O 6 ont été caractérisés à hautetempérature par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X afin <strong>de</strong> déterminer l’effet <strong><strong>de</strong>s</strong>138


différents types <strong>de</strong> modificateurs <strong>de</strong> réseau, K, Na et Ca sur l’environnement structural localdu nickel dans les liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés. Pour cette étu<strong>de</strong>, les spectres XANES ont été enregistrésen basse résolution, au seuil K du nickel sur le spectromètre D11 (LURE).Nous avons tout d’abord étudié le verre K 2 NiSi 3 O 8 entre 25 et 630 °C. Pour ce verre,<strong>la</strong> coordinence moyenne du nickel est d’environ 4,7 à température ambiante (voir Fig. III.8b).Les différents spectres XANES enregistrés sont présentés sur <strong>la</strong> Figure III.35.BCAbsorbance normalisée2630 °C490 °C370 °C1260 °C180 °C120 °C80 °C25 °C08300 8350 8400 8450Energie (eV)Fig. III.35 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour le verre K 2 NiSi 3 O 8 entre 25 et 630 °C.La position en énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres (C) ne présente aucunevariation significative lors <strong>de</strong> l’évolution en température. Pour <strong>la</strong> composition potassiqueK 2 NiSi 3 O 8 , <strong>la</strong> coordinence du nickel n’est donc pas modifiée dans <strong>la</strong> gamme <strong>de</strong> températureétudiée. Cependant, <strong>la</strong> faible viscosité du liqui<strong>de</strong> silicaté au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 630 °C rend impossible sacaractérisation au moyen du système <strong>de</strong> fil chauffant utilisé. Par conséquent, une modification<strong>de</strong> <strong>la</strong> structure locale autour du nickel n’est pas exclue à l’état liqui<strong>de</strong>.Une étu<strong>de</strong> simi<strong>la</strong>ire a été effectuée pour le verre <strong>de</strong> composition Na 2 NiSi 3 O 8 . Dans ceverre, <strong>la</strong> coordinence du nickel est d’environ 5,2 dans les conditions ambiantes <strong>de</strong> température(voir Fig. III.8b). Les différents spectres XANES, enregistrés entre 25 et 630 °C, sontprésentés sur <strong>la</strong> Figure III.36. De même que pour le composé K 2 NiSi 3 O 8 , <strong>la</strong> position enénergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres (C) ne présente aucune variation majeure enfonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température. Par conséquent dans le composé Na 2 NiSi 3 O 8 , <strong>la</strong> coordinence dunickel n’est pas affectée par les effets <strong>de</strong> température dans <strong>la</strong> gamme étudiée. Cependant, le139


dispositif expérimental mis en œuvre, couplé à <strong>la</strong> faible viscosité <strong>de</strong> ce composé au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong>température <strong>de</strong> transition vitreuse, ne permet pas une caractérisation du liqui<strong>de</strong> silicatéproprement dit. Une modification <strong>de</strong> l’environnement structural local autour du nickel à l’étatliqui<strong>de</strong> n’est donc pas exclue.BCAbsorbance normalisée2630 °C500 °C370 °C1270 °C180 °C120 °C80 °C25 °C08300 8350 8400 8450Energie (eV)Fig. III.36 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour le verre Na 2 NiSi 3 O 8 entre 25 et 630 °C.Finalement, nous avons effectué l’étu<strong>de</strong> d’un verre <strong>de</strong> composition CaNiSi 2 O 6 . Dansce cas, les spectres XANES ont été enregistrés entre 25 et 1430 °C. Ces différents spectressont présentés sur <strong>la</strong> Figure III.37.BB'CAbsorbance normalisée21430 °C1080 °C940 °C1790 °C510 °C280 °C130 °C25 °C08300 8350 8400 8450Energie (eV)Fig. III.37 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour le verre CaNiSi 2 O 6 entre 25 et 630 °C.140


Pour cette composition, <strong>la</strong> coordinence moyenne du nickel est <strong>de</strong> 5,7 (voir Fig. III.8b)à température ambiante. Entre 25 et 940 °C, les spectres XANES ne présentent aucunchangement significatif, en particulier au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS (C). Lacoordinence moyenne du nickel n’est donc pas modifiée dans cette gamme <strong>de</strong> température.Cependant, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> températures comprises entre 1080 et 1430 °C, les spectres XANESprésentent <strong><strong>de</strong>s</strong> modifications importantes. En effet, <strong>la</strong> position <strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion (C) estfortement décalée vers les basses énergies, traduisant un changement <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure locale dunickel, qui passe d’une coordinence mixte « 5 + 6 » dans le verre à température ambiante,vers une coordinence 6 prononcée au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 1080 °C. De plus, une résonance (B’) apparaîtjuste après <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche (B). Cette résonance est typique <strong>de</strong> contributions Ni–Ni enenvironnement cristallisé (voir Fig. III.4). Par conséquent, <strong>la</strong> température <strong>de</strong> transitionvitreuse <strong>de</strong> CaNiSi 2 O 6 est très probablement atteinte aux alentours <strong>de</strong> 1080 °C, entraînantainsi une recristallisation du composé à l’état <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> surfondu. Là encore, le dispositifexpérimental ne permet pas <strong>de</strong> contenir l’échantillon particulièrement peu visqueux à l’étatliqui<strong>de</strong> proprement dit.2.2.2. Effet du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisationAfin <strong>de</strong> caractériser l’effet du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation d’un liqui<strong>de</strong> silicaté à hautetempérature sur l’environnement structural local du nickel, nous proposons <strong>de</strong> réaliser l’étu<strong>de</strong>par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X d’un verre <strong>de</strong> disilicate <strong>de</strong> sodium (Na 2 Si 2 O 5 ;NS2) et d’un verre d’albite (NaAlSi 3 O 8 ; ALB) contenant chacun 2000 ppm <strong>de</strong> nickel. Lesdifférents spectres d’absorption ont été enregistrés en haute résolution, sur le spectromètreID26 (ESRF) en mo<strong>de</strong> fluorescence.2.2.2.1. Analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANESDans les conditions ambiantes <strong>de</strong> température, le nickel est majoritairement encoordinence 5 dans les verres NS2 et ALB (voir Fig. III.9). Différents spectres XANES ontété enregistrés au seuil K du nickel, entre 25 et 1030 °C pour le verre NS2, et entre 25 et1100 °C pour le verre ALB. Ces <strong>de</strong>ux séries <strong>de</strong> spectres sont présentées sur les Figures III.38aet b pour les verres NS2 et ALB, respectivement.Pour le verre <strong>de</strong> type NS2, les spectres XANES enregistrés entre 25 et 550 °C neprésentent aucun changement significatif (Fig. III.38a). Dans cette gamme <strong>de</strong> température, <strong>la</strong>coordinence moyenne du nickel reste donc 5. En revanche, les spectres enregistrés à 600 et141


700 °C présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> changements importants. En effet, ces spectres présentent uneintensification notable <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche (B). D’autre part, une résonance (B’) apparaît vers8365 eV. Enfin, <strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion (C) est décaléesignificativement vers les basses énergies. Ce déca<strong>la</strong>ge traduit un changement prononcé <strong>de</strong> <strong>la</strong>coordinence moyenne du nickel <strong>de</strong> 5 vers 6 (voir Fig. III.3). Par ailleurs, <strong>la</strong> résonancelocalisée après <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche met en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> présence d’atomes <strong>de</strong> nickel seconds voisins(voir Fig. III.4). Ces <strong>de</strong>ux spectres XANES traduisent donc très probablement unenanocristallisation <strong>de</strong> type NiO (voir Fig. III.1) autour <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong>de</strong> nickel, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong>température <strong>de</strong> transition vitreuse du verre NS2.Pour ce même verre (NS2), lorsque <strong>la</strong> température augmente jusqu’à 770 et 850 °C,les spectres XANES reflètent <strong>de</strong> nouveau un aspect structural amorphe autour du nickel. Eneffet, l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche diminue et <strong>la</strong> résonance B’ disparaît. Par ailleurs, lesspectres présentent un déca<strong>la</strong>ge en énergie <strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion C vers les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> énergies,correspondant à une coordinence moyenne du nickel <strong>de</strong> 5. Cependant, pour les spectresenregistrés à 960 et 1030 °C, cette oscil<strong>la</strong>tion présente un nouveau déca<strong>la</strong>ge vers les gran<strong><strong>de</strong>s</strong>énergies. Par conséquent les spectres XANES, correspondant aux températures 770 et 850 °C,traduisent très probablement une coordinence intermédiaire mixte entre l’état <strong>de</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>urfondu et l’état liqui<strong>de</strong> proprement dit, correspondant à un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> coordinence <strong>de</strong> type6 + 4 pour le nickel. En effet, pour les spectres à 960 et 1030 °C, le déca<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> <strong>la</strong> premièreoscil<strong>la</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres reflètent nettement une coordinence <strong>de</strong> 4 pour le nickel.4a)BC3b)BCAbsorbance normalisée321030°C960°C850°C770°CAB'700°C600°C550°C1470°C390°C300°C210°C90°C025 °CA'8300 8350 8400 8450Energie (eV)Absorbance normalisée2A1100°C955°C840°C1 700°C580°C450°C310°C160°C25 °CA'08300 8350 8400 8450Energie (eV)Fig. III.38 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour les compositions (a) NS2 (2000 ppm <strong>de</strong>nickel) entre 25 et 1030 °C ; (b) ALB (2000 ppm <strong>de</strong> nickel) entre 25 et 1100 °C.Parallèlement, les spectres XANES correspondant au verre ALB (Fig. III.38b) neprésentent aucun changement significatif entre 25 et 1100 °C. La position en énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong>142


première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres (C) correspond en moyenne à une coordinence <strong>de</strong>4,6 ± 0,2 pour le nickel (voir Fig. III.9). Pour ce type <strong>de</strong> composition très fortementpolymérisée, <strong>la</strong> transition vers l’état liqui<strong>de</strong> ne semble donc pas affecter l’environnementstructural local du nickel.2.2.2.2. Analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuilsLes spectres XANES, présentés sur les Figures III.38a et b, ont été enregistrés enhaute résolution, permettant ainsi une analyse fine <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone avant seuil. Les pré-seuils« bruts » (avant normalisation) sont présentés entre 25 et 390 °C pour le verre NS2 (Fig.III.39a), et entre 25 et 450 °C pour le verre ALB (Fig. III.39b).a)0.325 °Cb)0.325 °C90 °C160 °CAbsorbance normalisée0.20.1210 °C300 °C390 °CAA'Absorbance normalisée0.20.1310 °C450 °CAA'0Ligne <strong>de</strong> base0Ligne <strong>de</strong> Base8328 8332 8336 8340Energie (eV)8328 8332 8336 8340Energie (eV)Fig. III.39 – Pré-seuils « bruts », (a) entre 25 et 390 °C pour le verre NS2 ; (b) entre 25 et 450 °C pour le verreALB.Les Figures III.39a et b mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> variations d’intensité <strong>de</strong> l’épaulementA’ en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température. En effet, pour le verre faiblement polymérisé (NS2) commepour le verre fortement polymérisé (ALB), l’intensité <strong>de</strong> cet épaulement diminue trèsrapi<strong>de</strong>ment avec <strong>la</strong> température. Pour le verre NS2, l’épaulement disparaît totalement lorsque<strong>la</strong> température se situe aux alentours <strong>de</strong> 390 °C. Pour le verre ALB, il disparaît aux environs<strong>de</strong> 450 °C. Dans les <strong>de</strong>ux cas, les verres se trouvent donc <strong>la</strong>rgement en <strong><strong>de</strong>s</strong>sous <strong>de</strong> leurstempératures <strong>de</strong> transition vitreuse respectives. Par conséquent, l’évolution <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong>l’épaulement A’ en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température ne traduit vraisemb<strong>la</strong>blement pas unréarrangement structural majeur autour du nickel. Cependant, les effets d’agitation thermiquepeuvent être pris en considération pour <strong>de</strong> telles modifications.Afin <strong>de</strong> normaliser les pré-seuils, il est nécessaire <strong>de</strong> prendre en considération <strong>la</strong>présence <strong><strong>de</strong>s</strong> épaulements lorsque ce<strong>la</strong> est nécessaire. Dans le cas présent, les lignes <strong>de</strong> bases143


utilisées pour <strong>la</strong> normalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils sont représentées sur les Figures III.39a et b.Pour les verres NS2 et ALB, les différents pré-seuils normalisés sont représentés à 3D(énergie, température, hauteur normalisée) sur les Figures III.40a et b, respectivement.Fig. III.40 – Représentation à 3D <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils normalisés pour les verres, (a) NS2 entre 25 et 1030 °C ; (b)ALB entre 25 et 1100 °C.La Figure III.40a met en évi<strong>de</strong>nce, pour le verre NS2, quatre gammes <strong>de</strong> températurespour lesquelles les pré-seuils varient. En effet, les pré-seuils normalisés ont une hauteurconstante entre 25 et 550 °C. La hauteur <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils diminue à 600 et 700 °C, augmenteune première fois à 770 et 850 °C, puis augmente <strong>de</strong> nouveau à 960 et 1030 °C. En revanche,pour le verre ALB (Fig. III.40b) les pré-seuils présentent une hauteur constante sur toute <strong>la</strong>gamme <strong>de</strong> température étudiée. La modélisation <strong>de</strong> ces pré-seuils permet <strong>de</strong> représenter <strong>la</strong>position <strong>de</strong> leurs maximums sur le diagramme <strong>de</strong> référence hauteur/énergie pour les verresNS2 (Fig. III.41a) et ALB (Fig. III.41b).0.08a)IV0.08b)IV960Hauteur normalisée0.060.041030550210300770390 9047085025600VVIHauteur normalisée0.060.041100 700580840955 450310 25 160VVI7000.028331.8 8332 8332.2 8332.4Energie (eV)0.028331.8 8332 8332.2 8332.4Energie (eV)Fig. III.41 – Positions du maximum <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils correspondant aux verres (a) NS2 entre 25 et 1030 °C ; (b)ALB entre 25 et 1100 °C.144


Concernant le verre NS2, le diagramme hauteur/énergie (Fig. III.41a) met c<strong>la</strong>irementen évi<strong>de</strong>nce une coordinence moyenne <strong>de</strong> 5 pour le nickel dans le verre NS2 entre 25 et550 °C. Juste au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong> transition vitreuse (600 et 700 °C), le nickel passemajoritairement en coordinence 6, avant <strong>de</strong> transiter par une coordinence moyenne <strong>de</strong> 5 à770 °C pour arriver à une coordinence <strong>de</strong> 4 à l’état liqui<strong>de</strong> (960 et 1030 °C). En revanchepour le verre ALB, le diagramme hauteur/énergie (Fig. III.41b) met en évi<strong>de</strong>nce unecoordinence moyenne du nickel très légèrement inférieure à 5, à l’état vitreux comme au-<strong>de</strong>là<strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong> transition vitreuse. Ces résultats apparaissent donc en parfait accord avecles informations obtenues par spectroscopie XANES. Par ailleurs dans les liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatéssodiques, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure semble jouer un rôle important au niveau<strong>de</strong> l’environnement structural local du nickel.2.2.3. Effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eauAfin <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> caractériser l’effet <strong>de</strong> l’eau sur <strong>la</strong> spéciation du nickel dans lesmagmas silicatés à haute température, nous avons réalisé l’étu<strong>de</strong> d’un échantillon hydraté <strong>de</strong>type NS3, contenant environ 2 p.% <strong>de</strong> nickel et 8 p.% d’eau, par spectroscopie XANES auseuil K du nickel. Au cours <strong>de</strong> cette expérience, l’échantillon <strong>de</strong> départ est chauffé trèsrapi<strong>de</strong>ment jusqu’à l’état liqui<strong>de</strong> (910 °C). Un spectre XANES est alors enregistré en mo<strong>de</strong>« quick-XANES » (spectromètre ID26, ESRF) afin <strong>de</strong> limiter le temps <strong>de</strong> chauffe ; ce mo<strong>de</strong>d’acquisition permettant l’enregistrement d’un spectre XANES en moins <strong>de</strong> 3 minutes.L’échantillon est ensuite trempé très rapi<strong>de</strong>ment (environ 400 °C/s) avant l’enregistrementd’un nouveau spectre. Les résultats <strong>de</strong> cette expérience, illustrés par les différents spectresXANES, sont présentés sur <strong>la</strong> Figure III.42a.Le spectre XANES enregistré pour l’échantillon <strong>de</strong> départ présente <strong><strong>de</strong>s</strong>caractéristiques spectrales typiques d’un environnement cristallin. En effet, <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche (B)présente une double résonance particulièrement bien résolue. De plus, ce spectre présente unerésonance B’ représentative <strong>de</strong> contributions Ni–Ni dans un environnement cristallin (voirFig. III.4). Enfin, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion C (Fig. III.42b) met enévi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> nickel en coordinence 6,0 ± 0,2 dans ce composé. Ce spectre XANEStraduit donc très probablement <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> nickel sous forme <strong>de</strong> nanocristallites <strong>de</strong> typenépouite (voir Annexe 2).145


Bb)Absorbance normalisée321AB'CNS3 hydraté(référence)25 °C(trempe)910 °CNS3 "départ"(25 °C)Coordinence [Ni]6546,06,04,94,1NS3 hydraté(référence)08300 8350 8400 8450Energie (eV)NS3 "départ"(25 °C)25 °C(trempe) 910 °C8396 8400 8404 8408 8412Energie (eV)Fig. III.42 – (a) Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel, à haute température pour un verre hydraté <strong>de</strong>type NS3 (2 p.% Ni, 8 p.% H 2 O) ; (b) détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence moyenne du nickel basée sur <strong>la</strong> position<strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion C.Lorsque cet échantillon est chauffé jusqu’à 910 °C, le spectre XANES présenteplusieurs modifications majeures. En particulier, l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche (B) diminuefortement, alors que <strong>la</strong> double résonance B et <strong>la</strong> résonance B’ disparaissent totalement. Deplus, l’oscil<strong>la</strong>tion C suggère une importante modification <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence moyenne dunickel qui passe <strong>de</strong> 6,0 ± 0,2 à température ambiante vers 4,1 ± 0,2 à l’état liqui<strong>de</strong> (voir Fig.III.42b).Après <strong>la</strong> trempe <strong>de</strong> l’échantillon, le spectre XANES présente d’importantes similitu<strong><strong>de</strong>s</strong>avec le spectre enregistré à haute température. Cependant, l’oscil<strong>la</strong>tion C présente un déca<strong>la</strong>gesignificatif vers les faibles énergies, correspondant à un changement <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinencemoyenne du nickel, qui vaut alors 4,9 ± 0,2 (Fig. III.42b). Cette valeur <strong>de</strong> coordinence pour lenickel est comparable à celle d’un échantillon <strong>de</strong> type NS3 anhydre (voir Fig. III.9).Par ailleurs, un spectre XANES <strong>de</strong> « référence » (voir Fig. III.42a) permet <strong>de</strong> mettreen évi<strong>de</strong>nce les différences <strong>de</strong> caractéristiques spectrales lorsqu’un verre <strong>de</strong> type NS3 hydratécontient du nickel en environnement amorphe (voir Annexe 2). En effet, ce spectre estenregistré pour un verre <strong>de</strong> type NS3, contenant moins <strong>de</strong> 2000 ppm <strong>de</strong> nickel, 8,2 p.% d’eau,et synthétisé dans les mêmes conditions que l’échantillon <strong>de</strong> départ. Dans ce cas, le nickel estaussi en coordinence 6, mais dans un environnement structural local amorphe <strong>la</strong>rgementaffecté par <strong>la</strong> présence d’eau. Nous pouvons constater que ce spectre présente une raieb<strong>la</strong>nche (B) particulièrement fine et intense, alors que <strong>la</strong> résonance B’ est absente. De plus, <strong>la</strong>position en énergie <strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion C traduit une coordinence 6 prononcée dans ce verre(6,0 ± 0,2 ; Fig. III.42b). Par conséquent au seuil K du nickel, <strong>la</strong> spectroscopie XANES146


permet une i<strong>de</strong>ntification qualitative et indirecte <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence d’eau dans ce typed’échantillon.En se basant sur le spectre <strong>de</strong> référence pour l’échantillon NS3 hydraté, nous pouvonsdonc constater que l’échantillon caractérisé à haute température s’est très <strong>la</strong>rgementdéshydraté au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> chauffe. Par conséquent, <strong>la</strong> coordinence 4 du nickel, observée pourle spectre à 910 °C, ne reflète pas <strong>de</strong> manière certaine <strong>la</strong> spéciation du nickel dans un silicatefondu hydraté. Ces observations mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> nécessité d’utiliser un dispositifexpérimental <strong>de</strong> type « cellule à enclumes diamants », permettant <strong>de</strong> confiner en milieuétanche les échantillons silicatés hydratés à l’état liqui<strong>de</strong>.147


3. Haute température et haute pression3.1. Trisilicate <strong>de</strong> sodiumL’objectif principal <strong>de</strong> ces expériences est <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinencemoyenne du nickel dans un échantillon <strong>de</strong> trisilicate <strong>de</strong> sodium (NS3) hydraté à l’état liqui<strong>de</strong>.Les expériences réalisées consistent à utiliser un système <strong>de</strong> cellule à enclumes diamants,couplé à <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X. Pour les <strong>de</strong>ux expériencesprésentées ci-après, les analyses sont effectuées, respectivement, sur le spectromètre PNC-CAT (APS) et ID22 (ESRF) ; les différents spectres étant enregistrés au seuil K du nickel.3.1.1. Expérience 13.1.1.1. Description <strong>de</strong> l’expériencePour cette expérience, le chargement initial est effectué dans un joint en rhéniumd’une épaisseur <strong>de</strong> 250 µm <strong>de</strong> façon à favoriser l’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X par l’échantillon.L’échantillon utilisé est un verre <strong>de</strong> composition Na 2 Si 3 O 7 (NS3), anhydre et non dopé ennickel. Avant le chargement, ce verre est broyé très finement avec 2,5 p.% d’une poudred’oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> nickel (NiO) <strong>de</strong> façon à introduire une plus gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> silicate dans <strong>la</strong>chambre à échantillon ; <strong>la</strong> qualité du signal XANES enregistré étant fortement dépendante <strong>de</strong>l’épaisseur effective totale <strong>de</strong> l’échantillon. Le mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> poudres est alors tassé à l’ai<strong>de</strong>d’une spatule en p<strong>la</strong>stique à l’intérieur du joint encore non déformé. Ensuite, une goutte d’eaudistillée, déposée à l’ai<strong>de</strong> d’une microseringue, est infiltrée par capil<strong>la</strong>rité dans les intersticesporeux. Ce type <strong>de</strong> chargement permet notamment d’obtenir un échantillon constitué d’unegran<strong>de</strong> proportion <strong>de</strong> silicate par rapport à <strong>la</strong> phase aqueuse (voir Fig. III.43).Fig. III.43 – Photographie d’un chargement constitué d’unmé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> poudres (NS3 ; 2,5 p.% <strong>de</strong> NiO) dans unematrice d’eau distillée.148


En contrepartie, <strong>la</strong> faible quantité d’eau implique que <strong>la</strong> pression hydrostatique,appliquée sur l’échantillon en cours <strong>de</strong> chauffe, ne dépasse pas quelques centaines <strong>de</strong> MPa.En effet pour ce type <strong>de</strong> chargement, le joint en rhénium ne présente aucune déformationlorsque l’ensemble est porté à haute température, suggérant très probablement une pressioninférieure à 500 MPa.Lors <strong>de</strong> cette expérience, <strong>la</strong> chambre à échantillon <strong>de</strong> 500 µm <strong>de</strong> diamètre est trèsopaque à <strong>la</strong> lumière visible du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> verre silicaté. Par conséquent,parallèlement aux images obtenues par microscopie optique (Fig. III.44a, b et c), nous avonseffectué différentes cartographies <strong>de</strong> l’échantillon par transmission <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X (Fig. III.44d,e et f). Les dimensions verticales et horizontales du faisceau monochromatique inci<strong>de</strong>nt sont<strong>de</strong> 25 µm et <strong>de</strong> 10 µm, respectivement.Fig. III.44 – Images par microscopie optique et par transmission <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X à travers une cellule à enclumesdiamants, pour un échantillon constitué d’un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> poudres (NS3 ; 2,5 p.% <strong>de</strong> NiO) dans une matriceaqueuse.149


La première étape <strong>de</strong> cette expérience correspond au chargement initial <strong>de</strong>l’échantillon à 25 °C et 0,1 MPa. Les images obtenues par microscopie optique et partransmission <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X (en 3D) mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> texture granuleuse <strong>de</strong> cechargement (voir Fig. III.44a et d, respectivement). L’échantillon est ensuite porté jusqu’à unetempérature <strong>de</strong> 870 °C, <strong>la</strong> pression étant estimée inférieure à 500 MPa (Fig. III.44b et e). Dansces conditions, les images obtenues présentent un aspect très homogène <strong>de</strong> l’échantillon. Ce<strong>de</strong>rnier est donc très probablement fondu, occupant <strong>la</strong> quasi-totalité <strong>de</strong> l’espace à l’intérieurdu joint. Enfin, l’échantillon trempé présente un aspect hétérogène, aussi bien sur l’image parmicroscopie optique que sur <strong>la</strong> cartographie 3D obtenue par transmission <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X (Fig.III.44c et f). Ces images vali<strong>de</strong>nt notamment <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> l’échantillon à haute température(870 °C). Par ailleurs, cet aspect hétérogène fait suite à une augmentation en températurejusqu’à 980 °C, et traduit probablement une fuite <strong>de</strong> matière (en particulier d’eau) par manqued’étanchéité du joint en rhénium dans ces conditions ; l’échantillon ayant été trempéimmédiatement après cette fuite.3.1.1.2. Analyse <strong>de</strong> spectres XANESAu cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> montée en température, différents spectres XANES ont été enregistrésen mo<strong>de</strong> transmission à travers <strong>la</strong> cellule à enclumes diamants. Ces spectres sont présentés sur<strong>la</strong> Figure III.45a.Absorbance normalisée321a)BB'25 °C (trempe)0,1 MPa870 °C< 500 MPa855 °C769 °C570 °C25 °C0,1 MPa08300 8350 8400 8450Energie (eV)CCoordinence [Ni]654b)6,05,94,24,125 °C570 °C769 °C25 °C(trempe)8396 8400 8404 8408 8412Energie (eV)855 °C870 °CFig. III.45 – (a) Spectres XANES enregistrés en cellule à enclumes diamants, au seuil K du nickel, pour unéchantillon constitué d’un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> poudres (NS3 ; 2,5 p.% <strong>de</strong> NiO) dans une matrice aqueuse ; (b)détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence du nickel basée sur l’oscil<strong>la</strong>tion C <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES.Sur <strong>la</strong> Figure III.45a, les spectres XANES enregistrés à 25 et 570 °C correspon<strong>de</strong>nttypiquement à l’oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> nickel introduit initialement dans l’échantillon (voir spectre150


XANES, Fig. III.1). En se basant sur <strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion (C), cesspectres traduisent une coordinence <strong>de</strong> 6,0 ± 0,2 pour le nickel (voir Fig. III.45b). Lorsque <strong>la</strong>température atteint 769 °C, <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche (B) se dédouble significativement. Cettecaractéristique spectrale est très simi<strong>la</strong>ire au spectre enregistré pour un échantillon cristallinhydraté <strong>de</strong> type népouite (Fig. III.42a). De plus, <strong>la</strong> position <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion EXAFSdu spectre (C) traduit <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> nickel en coordinence 6,0 ± 0,2 dans ces conditions (Fig.III.45b), alors que <strong>la</strong> résonance B’ traduit <strong>la</strong> présence d’atomes <strong>de</strong> nickel seconds voisins. Cespectre XANES reflète donc très probablement une réaction entre le verre <strong>de</strong> NS3, l’eau et lenickel sous forme d’oxy<strong>de</strong> (NiO) aux environs <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong> transition vitreuse duverre ; entraînant ainsi une recristallisation du nickel sous forme <strong>de</strong> silicate dans cesconditions.Les spectres XANES correspondant aux températures 855 et 870 °C présentent <strong><strong>de</strong>s</strong>changements importants. En effet, par rapport au spectre XANES enregistré à 769 °C,l’intensité du seuil d’absorption (B) diminue, alors que <strong>la</strong> double résonance <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche(B) et <strong>la</strong> résonance correspondant aux atomes <strong>de</strong> nickel seconds voisins (B’) disparaissent. Deplus, <strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres (C) est décalée <strong>de</strong> façonsignificative vers les hautes énergies. Dans ces conditions, le nickel n’est donc pas encoordinence 6. En effet, malgré le niveau <strong>de</strong> bruit expérimental, le spectre enregistré à 855 °Cmet c<strong>la</strong>irement en évi<strong>de</strong>nce une coordinence <strong>de</strong> 4,2 ± 0,2 pour le nickel, et le spectreenregistré à 870 °C indique une coordinence moyenne <strong>de</strong> 4,1 ± 0,2 (voir Fig. III.45b).Enfin, le spectre XANES obtenu à partir <strong>de</strong> l’échantillon trempé présente une raieb<strong>la</strong>nche (B) re<strong>la</strong>tivement fine et intense. De plus, <strong>la</strong> position <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion duspectre (C) est nettement décalée vers les faibles énergies, mettant ainsi en évi<strong>de</strong>nce unecoordinence moyenne du nickel <strong>de</strong> 5,9 ± 0,2 (Fig. III.45b). Ce spectre est très simi<strong>la</strong>ire à celuid’un verre <strong>de</strong> NS3 hydraté « non-recristallisé » (voir spectre <strong>de</strong> référence, Fig. III.42a).L’environnement structural local du nickel est donc <strong>de</strong> type amorphe, incluant trèsprobablement <strong>la</strong> présence d’eau sous forme OH et/ou H 2 O à courte ou à moyenne distance(voir Annexe 2). Par ailleurs, <strong>la</strong> présence d’eau dans l’échantillon trempé permet <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r <strong>la</strong>mesure XANES réalisée in situ, à 870 °C.151


3.1.2. Expérience 23.1.2.1. Description <strong>de</strong> l’expériencePour cette expérience réalisée en cellule à enclumes diamants, le joint en rhéniumutilisé présente une chambre à échantillon cylindrique <strong>de</strong> 500 µm <strong>de</strong> diamètre pour uneépaisseur <strong>de</strong> 200 µm. L’échantillon étudié est un fragment <strong>de</strong> verre <strong>de</strong> type NS3 contenant2,0 p.% <strong>de</strong> nickel. Après le chargement <strong>de</strong> l’échantillon vitreux, <strong>la</strong> chambre à échantillon estremplie d’eau distillée, incluant une petite bulle d’air afin <strong>de</strong> permettre le calcul <strong>de</strong> <strong>la</strong> pressionhydrostatique à <strong>la</strong> température <strong>de</strong> l’expérience (voir détails Chapitre I).Au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> première montée en température, l’homogénéisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase vapeurdans l’eau liqui<strong>de</strong> à lieu vers 85 °C. L’échantillon est ensuite porté jusqu’à une température <strong>de</strong>780 °C, bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong> transition vitreuse. Dans ces conditions, l’équilibreentre <strong>la</strong> phase silicatée et <strong>la</strong> phase aqueuse est atteint. Cependant, <strong>la</strong> pression hydrostatiqueengendrée est d’environ 1,2 GPa, entraînant ainsi une forte déformation du joint en rhénium etune importante fuite d’eau. L’échantillon est alors trempé rapi<strong>de</strong>ment avant le début <strong><strong>de</strong>s</strong>mesures par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X. Les différentes données ont étécollectées en mo<strong>de</strong> fluorescence ; le détecteur étant p<strong>la</strong>cé à l’arrière <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellule, et décalé <strong>de</strong>15° par rapport au faisceau direct. Les dimensions horizontales et verticales du faisceauinci<strong>de</strong>nt sont, respectivement, 5 µm et 3 µm. La Figure III.46 présente <strong><strong>de</strong>s</strong> images <strong>de</strong>l’échantillon à température ambiante, obtenues par fluorescence <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X et parmicroscopie optique, après le cyc<strong>la</strong>ge en température.Fig. III.46 – Images obtenues en cellule à enclumes diamants, après cyc<strong>la</strong>ge à HT/HP, pour un échantilloninitial constitué <strong>de</strong> fragments <strong>de</strong> verre (NS3 ; 2,0 p.% <strong>de</strong> Ni) et d’une matrice d’eau distillée.152


L’image obtenue par fluorescence X a été enregistrée pour une énergie du faisceauinci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> 8300 eV, en <strong><strong>de</strong>s</strong>sous du seuil K d’absorption du nickel. De plus, le détecteur étantp<strong>la</strong>cé à l’arrière <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellule, l’essentiel <strong>de</strong> <strong>la</strong> fluorescence enregistrée correspond à <strong>de</strong> <strong>la</strong>diffusion du faisceau inci<strong>de</strong>nt. Les zones c<strong>la</strong>ires sur l’image correspon<strong>de</strong>nt donc à une matricemoins absorbante alors que les zones foncées correspon<strong>de</strong>nt à une matrice plus absorbante.L’image <strong>de</strong> l’échantillon par microscopie optique met alors en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> présence d’uneimportante bulle d’air localisée sur <strong>la</strong> partie droite, correspondant à <strong>la</strong> fuite <strong>de</strong> matériel lors ducyc<strong>la</strong>ge à haute température. Par ailleurs, nous pouvons observer <strong>la</strong> phase silicatée (partiegauche), incluant une certaine quantité <strong>de</strong> bulles (air et/ou eau).3.1.2.2. Analyse <strong>de</strong> spectres XANESDifférents spectres XANES ont été enregistrés au seuil K du nickel pour <strong>la</strong> phasesilicatée (voir Fig. III.47). Le spectre <strong>de</strong> départ, enregistré à 25 °C, présente une signaturetypique d’une recristallisation du nickel en nanophases <strong>de</strong> phyllosilicate hydraté <strong>de</strong> typenépouite (voir Annexe 2). En effet, <strong>la</strong> résonance B’ située vers 8365 eV traduit <strong>la</strong> présenced’atomes <strong>de</strong> nickel seconds voisins (voir Fig. III.4). De plus, <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche B présente undédoublement caractéristique d’une phase silicatée hydratée (voir Fig. III.42a).5B4B'Absorbance normalisée32125 °C(hors cellule)90 °C(trempe)702 °C702 °C605 °CA500 °C08330 833525 °C08300 8350 8400 8450Energie (eV)0,1702 °CFig. III.47 – Spectres XANES enregistrés en cellule à enclumes diamants, au seuil K du nickel, pour unéchantillon constitué <strong>de</strong> poudre <strong>de</strong> verre (NS3), d’un grain <strong>de</strong> bunsénite (NiO) et d’une matrice aqueuse.Par conséquent, malgré <strong>la</strong> fuite d’eau à haute température et haute pression, le spectreXANES enregistré à 25 °C indique <strong>la</strong> présence d’une certaine quantité d’eau au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong>structure silicatée. Les mêmes caractéristiques spectrales sont présentes sur les spectres153


XANES enregistrés à 500 °C et 605 °C, signifiant qu’à ces températures, le verre n’a pasatteint l’état liqui<strong>de</strong>. En revanche lorsque <strong>la</strong> température atteint 702 °C, les spectresenregistrés présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> changements importants. En effet, l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nchediminue, alors que <strong>la</strong> résonance B’ disparaît totalement. À cette température, l’échantillon <strong>de</strong>verre a donc très probablement atteint son état liqui<strong>de</strong> ; <strong>la</strong> pression étant très faible du fait <strong>de</strong>l’importante proportion <strong>de</strong> vapeur d’eau par rapport à l’eau liqui<strong>de</strong> à l’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambreà échantillon. Par ailleurs, les modifications observées en B et B’ suggèrent une coordinencemoyenne du nickel inférieure à 6.Un autre spectre XANES est enregistré après avoir effectué une nouvelle trempe <strong>de</strong>l’échantillon (voir Fig. III.47). Ce spectre présente les mêmes caractéristiques que le spectreXANES <strong>de</strong> départ, validant ainsi <strong>la</strong> présence d’eau au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure du verre à l’issue <strong>de</strong>l’expérience, et par conséquent lors <strong>de</strong> l’acquisition in situ <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES. Par ailleurs,un <strong>de</strong>rnier spectre a été enregistré sur l’échantillon <strong>de</strong> verre hydraté en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellule àenclumes diamants afin d’améliorer le rapport « signal/bruit ». Ce spectre présente <strong><strong>de</strong>s</strong>caractéristiques i<strong>de</strong>ntiques au spectre obtenu à <strong>la</strong> trempe à 90 °C au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellule ; enparticulier au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> double résonance <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche (B) et <strong>de</strong> <strong>la</strong> résonance localiséevers 8365 eV (B’).3.1.2.3. Analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuilsLes pré-seuils correspondant aux spectres XANES enregistrés à 25 et 702 °C (Fig.III.47) ont été extraits et normalisés (voir Fig. III.48a).Absorbance normalisée0.080.060.040.02a)702 °C25 °CDonnéesexpérimentalesModèlesHauteur normalisée0.080.060.04b)702 °CIVV25 °CVI08326 8328 8330 8332 8334 8336 8338Energie (eV)0.028331.8 8332 8332.2 8332.4Energie (eV)Fig. III.48 – (a) Modélisation <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils normalisés présentés sur <strong>la</strong> Figure III.47 ; (b) positions <strong><strong>de</strong>s</strong>maximums <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils, reportées sur le digramme hauteur/énergie <strong>de</strong> référence.154


Les pré-seuils normalisés présentent une variation significative <strong>de</strong> hauteur entre l’état<strong>de</strong> basse température (25 °C) et l’état liqui<strong>de</strong> (702 °C). Une modélisation (Fig. III.48a) permetalors <strong>de</strong> reporter les positions <strong>de</strong> leurs maximums sur le diagramme hauteur/énergie <strong>de</strong>référence (Fig. III.48b). Les résultats mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> variations, en hauteur et enénergie, représentative <strong>de</strong> modifications structurales locales autour du nickel dans le silicatefondu hydraté. En effet, le pré-seuil à température ambiante est re<strong>la</strong>tivement peu intense etlocalisé vers les hautes énergies, alors qu’à haute température, son intensité augmentesignificativement et son maximum est décalé vers les basses énergies. Ces variationstraduisent donc un changement <strong>de</strong> coordinence moyenne du nickel, qui passe <strong>de</strong> 6 à 25 °C (enaccord avec <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> nanocristaux nickélifères hydratés), vers 4 à 702 °C dans unliqui<strong>de</strong> hydraté <strong>de</strong> composition NS3.3.2. Albite3.2.1. Description <strong>de</strong> l’expérienceL’objectif <strong>de</strong> cette expérience est <strong>la</strong> détermination du coefficient <strong>de</strong> partage« eau/silicate » du nickel pour un échantillon <strong>de</strong> type albite (NaAlSi 3 O 8 ). L’équilibre entre <strong>la</strong>phase aqueuse et <strong>la</strong> phase silicatée est obtenu par l’utilisation d’une cellule à enclumesdiamants dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> haute température et haute pression. Le chargement initial estréalisé dans un joint en rhénium <strong>de</strong> 200 µm d’épaisseur et <strong>de</strong> 500 µm <strong>de</strong> diamètre ; ce <strong>de</strong>rnierayant été préa<strong>la</strong>blement cyclé jusqu’à 600 °C avec <strong>de</strong> l’eau distillée <strong>de</strong> façon à obtenir unechambre à échantillon parfaitement étanche dans les conditions in situ.L’expérience réalisée est décrite par microscopie optique sur <strong>la</strong> Figure III.49. Lechargement <strong>de</strong> départ (Fig. III.49a) est constitué d’un échantillon <strong>de</strong> verre hydraté (~ 4 p.%d’eau) <strong>de</strong> type albite ne contenant pas <strong>de</strong> nickel. Cet échantillon est chargé à l’intérieur dujoint en rhénium sous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> fragments vitreux <strong>de</strong> plusieurs dizaines <strong>de</strong> microns. Lachambre à échantillon est ensuite remplie à l’ai<strong>de</strong> d’une solution aqueuse chlorée synthétiséepar dissolution d’une poudre <strong>de</strong> NiCl 2 (H 2 O) 6 dans <strong>de</strong> l’eau distillée. La teneur en nickel <strong>de</strong>cette solution, déterminée par une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> titration par l’EDTA (voir Annexe 4), est <strong>de</strong>0,35 M. De plus, une bulle d’air <strong>de</strong> faible volume est p<strong>la</strong>cée dans <strong>la</strong> matrice aqueuse afin <strong>de</strong>déterminer <strong>la</strong> pression hydrostatique aux conditions expérimentales <strong>de</strong> température.155


Fig. III.49 – Cyc<strong>la</strong>ge en cellule à enclumesdiamants, jusqu’à 880 °C et 1,15 GPa, d’unverre d’albite contenant environ 4 p.% d’eau,dans une solution aqueuse chlorée contenant0,35 M <strong>de</strong> nickel.À 145 °C (Fig. III.49b), le volume <strong>de</strong> <strong>la</strong> bulle d’air diminue très fortement, pourdisparaître totalement à <strong>la</strong> température d’homogénéisation <strong>de</strong> 147 °C. Pour cette température,<strong>la</strong> pression hydrostatique est <strong>de</strong> 0,44 MPa. Jusqu’à 502 °C / 616 MPa (Fig. III.49c),l’échantillon reste à l’état vitreux. Aux alentours <strong>de</strong> 605 °C / 777 MPa, l’échantillon sembleatteindre <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> transition vitreuse (voir Fig. III.49d). Ce <strong>de</strong>rnier évolue alors (Fig. III.49eet f) jusqu’à atteindre l’état liqui<strong>de</strong> proprement dit, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> température et <strong>de</strong>pression d’environ 880 °C et 1,15 GPa (Fig. III.49g et h). L’échantillon est ensuite trempé trèsrapi<strong>de</strong>ment avant d’être chauffé jusqu’à 150 °C environ, <strong>de</strong> façon à vali<strong>de</strong>r <strong>la</strong> températured’homogénéisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase vapeur dans <strong>la</strong> phase liqui<strong>de</strong> en fin d’expérience.156


Après ouverture <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellule à enclumes diamants, les globules <strong>de</strong> silicates sontextraits du joint en rhénium et déposés sur un support adhésif en Kapton afin d’effectuerdiverses analyses complémentaires. Une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces globules par microscopie électronique àba<strong>la</strong>yage permet une observation précise <strong>de</strong> leurs géométries ainsi que <strong>de</strong> leurs états <strong><strong>de</strong>s</strong>urface. La Figure III.50 présente divers globules silicatés déposés sur le joint en rhénium enfin d’expérience.Fig. III.50 – Photographies par microscopie électronique à ba<strong>la</strong>yage <strong>de</strong> divers globules silicatés obtenus aprèscyc<strong>la</strong>ge en cellule à enclumes diamants (voir Fig. III.49).Les photographies obtenues par microscopie électronique à ba<strong>la</strong>yage mettent enévi<strong>de</strong>nce une texture particulièrement lisse et homogène pour les différents globules silicatésà l’échelle <strong>de</strong> quelques microns (Fig. III.50).3.2.2. Coefficient <strong>de</strong> partageLe calcul du coefficient <strong>de</strong> partage « eau/silicate » est basé sur <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong>concentration en nickel dans chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> phases en fin d’expérience. La solution aqueuse estanalysée directement dans <strong>la</strong> cellule à enclumes diamants par <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> SXRF, sur lespectromètre ID22 (ESRF). Ensuite, <strong>la</strong> teneur en nickel <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase silicatée est déterminéepar analyse PIXE, sur l’accélérateur <strong>de</strong> particule du Laboratoire Pierre-Süe (Sac<strong>la</strong>y, France).3.2.2.1. Analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase aqueuse (SXRF)Le principe <strong>de</strong> cette analyse consiste tout d’abord à enregistrer un spectre <strong>de</strong>fluorescence X pour <strong>la</strong> solution aqueuse <strong>de</strong> départ. Cette mesure est réalisée directement dans<strong>la</strong> cellule à enclumes diamants chargée, avant le cyc<strong>la</strong>ge en température (voir Fig. III.49a). Unsecond spectre SXRF est ensuite enregistré pour <strong>la</strong> solution aqueuse après homogénéisation à157


haute température et haute pression avec <strong>la</strong> phase silicatée. Pour ces <strong>de</strong>ux mesures, lesconditions expérimentales sont i<strong>de</strong>ntiques (épaisseur totale <strong>de</strong> diamants, épaisseur <strong>de</strong> <strong>la</strong>chambre à échantillon, matrice, angle <strong>de</strong> détection, etc.), excepté <strong>la</strong> concentration en nickel <strong>de</strong><strong>la</strong> solution. Par conséquent, <strong>la</strong> concentration initiale en nickel <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution aqueuse étantconnue, il est possible d’utiliser le spectre SXRF initial comme référence interne pour <strong>la</strong>mesure <strong>de</strong> concentration après cyc<strong>la</strong>ge en température (Ménez 1999). Les <strong>de</strong>ux spectresSXRF, enregistrés pour <strong>la</strong> solution aqueuse avant et après homogénéisation, sont présentés sur<strong>la</strong> Figure III.51.300250Solution aqueuse initiale (25 °C / 0,1 MPa)Solution aqueuse finale (25 °C / 0,1 Ma)Rayleigh/ComptonNombre <strong>de</strong> coups (u.a.)20015010050Ar (Kα)(hors cellule)Fe (K α)Ni (Kα)02000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000Energie (eV)Fig. III.51 – Spectres SXRF pour <strong>la</strong> solution aqueuse à 25 °C / 0,1 MPa, avant et après le cyc<strong>la</strong>ge entempérature.La concentration initiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution aqueuse est : C sol.initiale Ni= 3,50.10 -4 mol/cm 3 . Parconséquent, en se basant sur les aires respectives <strong><strong>de</strong>s</strong> raies correspondant à <strong>la</strong> fluorescence Kαdu nickel avant et après cyc<strong>la</strong>ge (38630 et 14150, respectivement), il est possible <strong>de</strong> déduire <strong>la</strong>sol.concentration en nickel dans <strong>la</strong> solution finale : C finale Ni= 1,28.10 -4 mol/cm 3 .3.2.2.2. Analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase silicatée (PIXE)Les différents globules <strong>de</strong> silicates sont métallisés avant les analyses par microson<strong>de</strong>nucléaire en mo<strong>de</strong> d’émission X induite par <strong><strong>de</strong>s</strong> particules chargées (PIXE). Pour cesanalyses, l’énergie inci<strong>de</strong>nte du faisceau <strong>de</strong> protons utilisé est <strong>de</strong> 3 MeV. La résolutionspatiale du faisceau est d’environ 2 × 3 µm. De plus, le détecteur est situé à une distance <strong>de</strong>66 mm <strong>de</strong> l’échantillon et <strong>la</strong> charge électrique totale déposée sur l’échantillon est <strong>de</strong> 2 µC.158


Une cartographie <strong>de</strong> 100 × 100 µm, basée sur le spectre <strong>de</strong> fluorescence X, est réalisée sur unglobule silicaté d’environ 100 µm <strong>de</strong> diamètre (voir Fig. III.52a). Cette cartographie permetensuite <strong>la</strong> reconstruction d’un spectre PIXE, en intégrant tous les évènements <strong>de</strong> fluorescenceX localisés sur <strong>la</strong> surface totale du globule. Cette métho<strong>de</strong> permet notamment <strong>de</strong> minimiserles effets dus aux hétérogénéités <strong>de</strong> répartition du nickel lors du processus <strong>de</strong> trempe. Lespectre PIXE ainsi reconstruit est présenté sur <strong>la</strong> Figure III.52b.Fig. III.52 – (a) Cartographie PIXE réalisée sur un globule <strong>de</strong> silicate vitreux (voir Fig. III.49h) ; (b) spectrePIXE obtenu pour les évènements <strong>de</strong> fluorescence X localisés sur <strong>la</strong> surface totale du globule.Le spectre PIXE (Fig. III.52b) présente différentes raies <strong>de</strong> fluorescence, duesnotamment à <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> fer et <strong>de</strong> titane à l’état <strong>de</strong> traces dans l’échantillon. En se basantsur <strong>la</strong> raie Kα du nickel, le traitement du spectre par le programme Gupix99 (Maxwell et al.1988 ; Campbell et al. 2000) permet d’obtenir une concentration totale en nickel <strong>de</strong> :C silicate Ni= 1,39 p.%. En considérant <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité du verre silicaté hydraté résiduel proche <strong>de</strong>2,3 g/cm 3 (Ochs et Lange 1999 ; Richet et al. 2000), <strong>la</strong> concentration en nickel obtenue pour<strong>la</strong> phase silicatée est : C silicate Ni= 5,45.10 -4 mol/cm 3 .3.2.2.3. RésultatConnaissant les concentrations finales en nickel dans <strong>la</strong> phase aqueuse ainsi que dans<strong>la</strong> phase silicatée, il est possible <strong>de</strong> calculer le coefficient <strong>de</strong> partage « eau/silicate »correspondant aux conditions expérimentales décrites précé<strong>de</strong>mment :eau /D silicate solutionNi= C NisilicateC Ni159


La valeur obtenue pour ce coefficient <strong>de</strong> partage, incluant l’incertitu<strong>de</strong> absolue liée àl’estimation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité (± 0,1 g/cm 3 eau /), est : D silicate Ni= 0,23 ± 0,02. Par conséquent, le nickelprésente une gran<strong>de</strong> affinité pour <strong>la</strong> phase silicatée à l’équilibre. Cependant, <strong>la</strong> phase aqueuseinclut une proportion re<strong>la</strong>tivement importante <strong>de</strong> nickel (environ 23 %).3.3. Haplorhyolite3.3.1. Description <strong>de</strong> l’expérience3.3.1.1. Dispositif expérimentalCette expérience a été réalisée sur le spectromètre micro-XANES ID22 (ESRF). Ledispositif expérimental mis en œuvre est décrit sur <strong>la</strong> Figure III.53.Fig. III.53 – Dispositif expérimental, (gauche) photographie ; (droite) représentation schématique.Pour cette expérience (Fig. III.53), un jeu <strong>de</strong> miroirs <strong>de</strong> type KB est utilisé afin <strong>de</strong>focaliser le faisceau inci<strong>de</strong>nt. Les dimensions horizontales et verticales obtenues au niveau <strong>de</strong>l’échantillon sont 5 et 3 µm, respectivement. Une dio<strong>de</strong> photoélectrique est utilisée pourmesurer l’intensité du faisceau monochromatique inci<strong>de</strong>nt (I 0 ). Chaque diamant à uneépaisseur <strong>de</strong> 1,65 mm. Par ailleurs, l’épaisseur initiale du joint en rhénium est <strong>de</strong> 130 µm ; letrou cylindrique contenant l’échantillon ayant un diamètre <strong>de</strong> 300 µm. À l’arrière <strong>de</strong> <strong>la</strong> celluleà enclumes diamants, un objectif <strong>de</strong> grandissement × 20 est p<strong>la</strong>cé sur une caméra afin <strong>de</strong>visualiser l’échantillon en cours <strong>de</strong> manipu<strong>la</strong>tion. De plus, un détecteur <strong>de</strong> fluorescence <strong>de</strong>type SDD (Silicon Drifted Dio<strong>de</strong>), situé à environ 4 cm <strong>de</strong> l’échantillon central, est décalé <strong>de</strong>15° par rapport au faisceau direct. Ce dispositif expérimental permet l’enregistrement <strong><strong>de</strong>s</strong>pectres XANES ainsi que SXRF (Synchrotron X-Ray Fluorescence).160


3.3.1.2. Cyc<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> l’échantillonPour cette expérience, nous avons fait interagir un échantillon <strong>de</strong> verre <strong>de</strong> typehaplorhyolite (AOQ) sursaturé en eau, avec une solution aqueuse chlorée dopée en nickel.Cette solution a été synthétisée par dissolution d’une poudre <strong>de</strong> NiCl 2 (H 2 O) 6 dans <strong>de</strong> l’eaudistillée. La concentration en nickel, déterminée par une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> titration par l’EDTA, est<strong>de</strong> 0,35 M. Afin <strong>de</strong> minimiser <strong>la</strong> température <strong>de</strong> fusion lors <strong>de</strong> l’expérience en cellule àenclumes diamants, le verre haplorhyolitique est, d’une part sursaturé en eau, et d’autre partconstitué d’un mé<strong>la</strong>nge d’albite, d’orthose et <strong>de</strong> quartz dans <strong><strong>de</strong>s</strong> proportions correspondant aupoint eutectique (Ab 47 Or 21 Qz 32 ; voir analyse chimique en Annexe 3). Par ailleurs, une pastille<strong>de</strong> verre cylindrique, d’environ 200 µm <strong>de</strong> diamètre et <strong>de</strong> plusieurs dizaines <strong>de</strong> micronsd’épaisseur, est découpée par ab<strong>la</strong>tion <strong>la</strong>ser afin <strong>de</strong> faciliter le chargement <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellule.L’expérience réalisée est décrite par microscopie optique sur <strong>la</strong> Figure III.54. Lechargement initial inclut une pastille <strong>de</strong> verre silicaté, une solution aqueuse chlorée dopée ennickel (milieu transmetteur <strong>de</strong> pression) et <strong>de</strong>ux bulles d’air (Fig. III.54a). Le volume occupépar les bulles d’air est re<strong>la</strong>tivement important par rapport au volume total. Ce type <strong>de</strong>chargement permet d’obtenir une pression re<strong>la</strong>tivement basse à <strong>la</strong> température <strong>de</strong>l’expérience. Ainsi, les risques <strong>de</strong> fuite d’eau dus à une non-étanchéité du joint sont diminués.Les conditions expérimentales sont donc optimisées pour une meilleure stabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> mesuresin situ au cours du temps. Par ailleurs, le joint en rhénium est très peu déformé en find’expérience, ce qui permet <strong>de</strong> déterminer <strong>de</strong> façon plus précise le volume final <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambreà échantillon.Au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> montée en température, le volume <strong><strong>de</strong>s</strong> bulles d’air diminueprogressivement (Fig. III.54b). La température d’homogénéisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase vapeur avantcyc<strong>la</strong>ge est <strong>de</strong> 295 °C. La température <strong>de</strong> transition vitreuse est atteinte aux alentours <strong>de</strong>528 °C pour une pression <strong>de</strong> 263 MPa (Fig. III.54c). La phase silicatée fond progressivement(Fig. III.54d et e) jusqu’à atteindre l’état liqui<strong>de</strong> proprement dit (Fig. III.54f). La températureest alors <strong>de</strong> 750 °C pour une pression <strong>de</strong> 489 MPa. Dans ces conditions, <strong>la</strong> phase silicatéeforme <strong><strong>de</strong>s</strong> petits globules sphériques en suspension dans <strong>la</strong> phase aqueuse. Ces globules sontre<strong>la</strong>tivement mobiles et s’associent par le jeu <strong>de</strong> forces <strong>de</strong> tensions superficielles (Fig.III.54g). Le mé<strong>la</strong>nge se stabilise mécaniquement pour <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> 780 °C et <strong>de</strong>520 MPa (Fig. III.54h).161


Fig. III.54 – Cyc<strong>la</strong>ge en cellule à enclumesdiamants, jusqu’à 780 °C et 520 MPa, d’unverre d’haplorhyolite sursaturé en eau dansune solution aqueuse contenant 0,35 M <strong>de</strong>nickel.Finalement, l’échantillon est trempé aux conditions ambiantes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong>pressions. La température d’homogénéisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase vapeur dans <strong>la</strong> phase liqui<strong>de</strong>,mesurée après cyc<strong>la</strong>ge, est <strong>de</strong> 295 °C. Cette valeur est i<strong>de</strong>ntique à <strong>la</strong> valeur mesurée avant lecyc<strong>la</strong>ge. Elle permet donc <strong>de</strong> vérifier qu’aucune fuite <strong>de</strong> solution aqueuse n’a eu lieu au cours<strong>de</strong> l’expérience. Par ailleurs après l’ouverture <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellule à enclumes diamants, les différentsglobules vitreux sont récupérés avant une étu<strong>de</strong> par microscopie électronique à ba<strong>la</strong>yage (Fig.III.55). La photographie présente plusieurs globules d’environ 10 à 15 µm <strong>de</strong> diamètre,déposés sur <strong>la</strong> paroi interne du joint en rhénium. Ces globules présentent une géométriesphérique et un état <strong>de</strong> surface particulièrement lisse et homogène.162


Fig. III.55 – Photographie obtenue par microscopieélectronique à ba<strong>la</strong>yage pour divers globules silicatés,après cyc<strong>la</strong>ge en cellule à enclumes diamants (voirFig. III.54).3.3.2. Spéciation du nickelLe nickel contenu dans l’échantillon en début d’expérience est localisé exclusivementdans <strong>la</strong> phase aqueuse. Cependant, dans les conditions d’équilibre <strong><strong>de</strong>s</strong> phases à 780 °C et520 MPa, le nickel est réparti entre phase aqueuse et phase silicatée selon un coefficient <strong>de</strong>partage « eau/silicate » particulier. L’enregistrement <strong>de</strong> spectres XANES au seuil K du nickelmet en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> nickel dans ces <strong>de</strong>ux phases après équilibre. Les différentsspectres XANES enregistrés au cours <strong>de</strong> l’expérience sont présentés sur <strong>la</strong> Figure III.56a.3a)BB'C46b)6,05,9Absorbance normalisée2190 °C / 0,1 MPa(trempe)780 °C520 MPa780 °C520 MPaB'Phase silicatée25 °CPhase aqueuse0,1 MPa08300 8350 8400 8450Energie (eV)321Coordinence [Ni]544,014 238396 8400 8404 8408 8412Energie (eV)Fig. III.56 – (a) Spectres XANES normalisés, enregistrés au seuil K du nickel pour l’échantillon décrit sur <strong>la</strong>Figure III.54 dans les conditions ambiantes ainsi qu’à haute température et haute pression ; (b) détermination<strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence du nickel basée sur l’oscil<strong>la</strong>tion C <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES.Un premier spectre est enregistré pour <strong>la</strong> solution aqueuse <strong>de</strong> départ, à 25 °C et àpression ambiante (0,1 MPa). Ensuite, nous avons enregistré un autre spectre pour cettesolution dans les conditions <strong>de</strong> haute température et haute pression (780 °C / 520 MPa). Dansces mêmes conditions, un spectre XANES a été enregistré pour <strong>la</strong> phase silicatée ; le diamètre163


<strong><strong>de</strong>s</strong> globules étant re<strong>la</strong>tivement proche <strong>de</strong> l’épaisseur totale du joint. Enfin, un <strong>de</strong>rnier spectreXANES a été enregistré pour <strong>la</strong> phase silicatée trempée aux conditions ambiantes <strong>de</strong>température et <strong>de</strong> pression.Les différents spectres XANES obtenus (Fig. III.56a) sont interprétés en termes <strong>de</strong>coordinence du nickel en se basant sur <strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong>spectres (voir Fig. III.56b). Ainsi, les spectres XANES enregistrés pour <strong>la</strong> solution aqueusemettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> nickel en coordinence 5,9 ± 0,2 dans les conditionsambiantes ainsi qu’à haute température et haute pression. Cependant, le spectre XANESenregistré in situ présente un dédoublement caractéristique <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche, suggérant uneparticipation probable <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong>de</strong> silicium à <strong>la</strong> complexation (ou précipitation sous forme<strong>de</strong> nanophases) du nickel dans <strong>la</strong> solution. En effet, cette caractéristique spectrale estgénéralement observée lorsque le nickel se trouve dans <strong><strong>de</strong>s</strong> cristaux (ou nanocristaux) <strong>de</strong> typenépouite (voir Annexe 1).Dans les conditions <strong>de</strong> haute température et haute pression (780 °C / 520 MPa), lespectre XANES correspondant aux globules <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> silicaté présente un net déca<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> <strong>la</strong>première oscil<strong>la</strong>tion, excluant <strong>la</strong> possibilité d’une coordinence 6 pour le nickel. De plusmalgré un bruit expérimental re<strong>la</strong>tivement important, <strong>la</strong> position en énergie du maximum <strong>de</strong>cette oscil<strong>la</strong>tion traduit une coordinence moyenne <strong>de</strong> 4,0 ± 0,2 pour le nickel (voir Fig.III.56b).Après <strong>la</strong> trempe aux conditions ambiantes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression, le spectreenregistré pour <strong>la</strong> phase silicatée indique nettement une coordinence <strong>de</strong> 6,0 ± 0,2 pour lenickel. Par ailleurs, le dédoublement <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche (B) et l’apparition <strong>de</strong> <strong>la</strong> résonance B’vers 8365 eV suggère fortement une recristallisation <strong>de</strong> type népouite.3.3.3. Coefficient <strong>de</strong> partage du nickel3.3.3.1. Bi<strong>la</strong>n volumiqueÀ l’issue <strong>de</strong> l’expérience, nous avons mesuré l’épaisseur du joint en rhénium à l’ai<strong>de</strong>d’un pied à coulisse suffisamment précis pour prendre <strong>la</strong> mesure sur <strong>la</strong> zone écrasée du joint.La valeur obtenue est : e = 120 ± 5 µm. De plus, <strong>la</strong> photographie <strong>de</strong> l’échantillon à 780 °C et520 MPa (Fig. III.57) met en évi<strong>de</strong>nce une forme <strong>de</strong> joint parfaitement circu<strong>la</strong>ire ; ce <strong>de</strong>rniern’ayant pas été déformé par <strong>la</strong> pression hydrostatique re<strong>la</strong>tivement faible en cours164


d’expérience. Le diamètre interne <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre à échantillon, mesuré après l’expérience eten <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellule, est : d = 300 ± 5 µm. Par conséquent, le volume total <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre àéchantillon est :V total = e × π(d/2) 2 = 84,82.10 -4 ± 6.10 -4 mm 3Fig. III.57 – Photographie optique <strong>de</strong> l’échantillon à780 °C et 520 MPa ; chaque globule <strong>de</strong> silicate fondupris en compte pour le calcul <strong>de</strong> volume est in<strong>de</strong>xé.En supposant que les globules <strong>de</strong> silicate fondu ont <strong><strong>de</strong>s</strong> formes sphériques, il estpossible <strong>de</strong> mesurer le diamètre <strong>de</strong> chaque globule directement sur <strong>la</strong> photographie <strong>de</strong> <strong>la</strong>Figure III.57, et ainsi <strong>de</strong> calculer un volume pour chacun d’entre eux (voir Tab. III.3).NuméroglobuleDiamètre(× 10 -2 mm)Volume(× 10 -5 mm 3 )NuméroglobuleDiamètre(× 10 -2 mm)Volume(× 10 -5 mm 3 )1 7,6901 23,8120 10 5,4085 8,28362 2,1972 0,5554 11 9,2958 42,05903 5,4085 8,2836 12 5,6620 9,50394 2,5352 0,8532 13 6,4225 13,87105 2,7887 1,1356 14 1,4366 0,15526 3,1268 1,6006 15 2,2817 0,62207 8,2817 29,7410 16 5,1549 7,17248 7,5211 22,2770 17 6,3380 13,33109 7,8592 25,4170 TOTAL 208,67Tab. III.3 – Diamètres <strong><strong>de</strong>s</strong> globules <strong>de</strong> silicate fondu, mesurés directement sur <strong>la</strong> Figure III.57 ; les volumes sontcalculés sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> sphères.Le volume total <strong>de</strong> silicate ainsi obtenu est : V silicate = 20,87.10 -4 mm 3 . Sur cette valeur,l’incertitu<strong>de</strong> est estimée à ± 10 -4 mm 3 en se basant sur le volume d’un globule <strong>de</strong> taillemoyenne. Par ailleurs en fin d’expérience, <strong>la</strong> température d’homogénéisation entre <strong>la</strong> phaseliqui<strong>de</strong> et <strong>la</strong> phase vapeur <strong>de</strong> l’eau est située à : T h = 295 °C. En se basant sur l’équation d’état<strong>de</strong> l’eau (Haar et al. 1984 ; Bakker 2003), il est possible <strong>de</strong> calculer <strong>la</strong> fraction volumique <strong>de</strong>vapeur à 25 °C et 0,1 MPa. Dans ces conditions, <strong>la</strong> valeur obtenue est <strong>de</strong> : 0,2758. Les165


volumes <strong>de</strong> vapeur et <strong>de</strong> solution, à température et pression ambiantes sont alors donnés,respectivement, par les re<strong>la</strong>tions :V vapeur (25 °C) = 0,2758 × (V total − V silicate ) = 17,64.10 -4 ± 7.10 -4 mm 3V solution (25 °C) = V total − V silicate − V vapeur = 46,33.10 -4 ± 7.10 -4 mm 33.3.3.2. Mesure <strong><strong>de</strong>s</strong> concentrationsi) Solution aqueuse initialeLa concentration en nickel <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution aqueuse initiale à été déterminée en utilisantune métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> titration par l’EDTA (voir détails en Annexe 4). Les résultats <strong>de</strong> l’analysedonnent une concentration en nickel <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution <strong>de</strong> : C solution Ni= 3,50.10 -4 mol/cm 3 . La massemo<strong>la</strong>ire du nickel étant : M Ni = 58,6934 g/mol, nous obtenons <strong>la</strong> concentration massiquesuivante : C solution Ni= 0,0205 g/cm 3 . Par ailleurs, en considérant que <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution à25 °C est proche <strong>de</strong> 1,00 g/cm 3 , <strong>la</strong> concentration exprimée en pourcentage <strong>de</strong> poids <strong>de</strong>vient :C solution Ni= 2,05 p.%. Pour <strong>la</strong> solution aqueuse initiale, <strong>la</strong> fraction massique <strong>de</strong> nickel ainsiobtenus est donc : g solution Ni= 0,0205.ii) Solution aqueuse à l’équilibreii.a) Mesure par spectroscopie XANESEn utilisant <strong>la</strong> valeur du saut d’absorption d’un spectre XANES au seuil K du nickel,enregistré pour <strong>la</strong> solution aqueuse à 780 °C et 520 MPa, il est possible <strong>de</strong> déterminer <strong>la</strong>fraction massique <strong>de</strong> nickel à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Équation II.5. Cependant, le dispositif expérimentalmis en œuvre consiste à mesurer <strong>la</strong> fluorescence du nickel à l’arrière <strong>de</strong> l’échantillon. Lefaisceau inci<strong>de</strong>nt est donc absorbé différemment selon que l’énergie se situe avant ou après leseuil d’absorption du nickel. Par ailleurs, les différentes matrices traversées par le faisceaudirect « diamant / phase aqueuse / diamant » affectent aussi <strong>la</strong> valeur du saut d’absorption duspectre XANES ; <strong>de</strong> même que le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> fluorescence du détecteur utilisé. Pour cesdifférentes raisons, il est nécessaire <strong>de</strong> déterminer pour <strong>la</strong> solution aqueuse un facteurcorrectif, ou facteur d’atténuation, permettant <strong>de</strong> corriger <strong>la</strong> valeur du saut d’absorptionobservée sur les spectres XANES expérimentaux (Fig. III.58).166


0.008Absorbance (cm -1 )0.0060.0040.00225 °C0,1 MPa∆µ = 5,23.10 -3 cm -1780 °C520 MPa∆µ = 1,31.10 -3 cm -108300 8350 8400 8450Energie (eV)Fig. III.58 – Détermination <strong><strong>de</strong>s</strong> sauts d’absorption par modélisation en « arctangente » <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANESbruts, enregistrés au seuil K du nickel pour <strong>la</strong> solution aqueuse à 25 °C / 0,1 MPa et 780 °C / 520 MPa.Dans un premier temps, <strong>la</strong> détermination du facteur d’atténuation est basée sur lespectre XANES enregistré à 25 °C / 0,1 MPa. En effet, dans ces conditions les valeurs <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>de</strong>nsité du liqui<strong>de</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> fraction massique <strong>de</strong> nickel sont connues (~ 1,00 g/cm 3 et 0,0205,respectivement). De plus, les valeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> coefficients d’absorption massique <strong>de</strong> part et d’autreNidu seuil d’absorption, à 8300 et 8450 eV, sont respectivement : ( µ ρ) 8300eV= 42,72 cm 2 /g etNi( µ ρ) 8450eV= 319,1 cm 2 /g. Le facteur d’atténuation (α solution ) pour <strong>la</strong> solution aqueuse est alorsdonné par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :α solution≈ ρ solution sol.(25°C25° C. g ) Ni. µ ρ( ) Ni8450 eV− ( µ ρ ) Ni[ ] 8300 eVsolution∆µ 25°CLa valeur du saut d’absorption du spectre XANES enregistré dans les conditionsambiantes, obtenue par modélisation en arctangente est : ∆µ solution 25°C= 5,23.10 -3 cm -1 . Parconséquent, <strong>la</strong> valeur obtenue pour le facteur d’atténuation lié à <strong>la</strong> matrice aqueuse est :α solution ≈ 1110.À 780 °C et 520 MPa, le saut d’absorption obtenu sur le spectre XANES pour <strong>la</strong>solution aqueuse (Fig. III.58) est <strong>de</strong> : ∆µ solution 780°C= 1,31.10 -3 cm -1 . De plus, <strong>la</strong> températured’homogénéisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase vapeur et <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase aqueuse est connue (T h = 295 °C). Parconséquent, en se basant sur l’équation d’état <strong>de</strong> l’eau, <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase aqueuse in situ167


peut être estimée à : ρ solution 780°C= 0,72 g/cm 3 . Il est alors possible <strong>de</strong> calculer <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong>fraction massique <strong>de</strong> nickel pour <strong>la</strong> solution aqueuse en utilisant <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :sol.(780°C)g Ni≈∆µ solution 780°C. α solutionsolution . µ ρNi− µ ρρ 780°CNi[( ) 8450 eV( ) 8300eV ]La valeur obtenue pour <strong>la</strong> fraction massique <strong>de</strong> nickel dans <strong>la</strong> solution aqueuse in situest 7,31.10 -3 . Après avoir trempé l’échantillon à 25 °C et 0,1 MPa, <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution est<strong>de</strong> nouveau proche <strong>de</strong> 1,00 g/cm 3 . La concentration massique en nickel <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution estalors : C solution Ni= 7,31.10 -3 g/cm 3 , ce qui correspond à une concentration mo<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> :C solution Ni= 1,24.10 -4 mol/cm 3 .ii.b) Mesure par SXRFParallèlement à l’enregistrement <strong>de</strong> spectres µ-XANES, différents spectres µ-SXRFsont enregistrés. Afin <strong>de</strong> déterminer <strong>la</strong> concentration en nickel dans <strong>la</strong> solution aqueuse insitu, un spectre SXRF <strong>de</strong> référence est enregistré dans les conditions ambiantes <strong>de</strong>température et <strong>de</strong> pression. En effet dans ces conditions, <strong>la</strong> concentration initiale en nickel aété déterminée par titration : C solution Ni= 3,50.10 -4 mol/cm 3 . Ensuite, un autre spectre estenregistré pour <strong>la</strong> solution aqueuse à 780 °C et 520 MPa ; tout paramètre étant i<strong>de</strong>ntique parailleurs. Ces <strong>de</strong>ux spectres SXRF sont présentés sur <strong>la</strong> Figure III.59.Nombre <strong>de</strong> coups (u.a.)30025020015010050Solution aqueuse (25 °C / 0,1 MPa)Solution aqueuse (780 °C / 520 MPa)Ar (Kα)(hors cellule)Ni (Kα)Rayleigh/Compton02000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000Energie (eV)Fig. III.59 – Spectres SXRF pour <strong>la</strong> solution aqueuse à 25 °C / 0,1 MPa et à 780 °C / 520 MPa ; l’énergie dufaisceau inci<strong>de</strong>nt est <strong>de</strong> 8450 eV.168


Les spectres SXRF sont enregistrés pour une énergie du faisceau inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> 8450 eV(Fig. III.59). À cette énergie, ils présentent donc un pic important provenant essentiellement<strong>de</strong> diffusion Rayleigh et Compton. De plus, ces <strong>de</strong>ux spectres présentent une raie <strong>de</strong> mêmeintensité, localisée à 2957,70 eV. Cette raie d’excitation correspond à l’émission Kα <strong>de</strong>l’argon situé dans <strong>la</strong> couche d’air, entre <strong>la</strong> cellule à enclumes diamants et le détecteur <strong>de</strong>fluorescence. Par ailleurs, les raies correspondant à l’émission Kα du nickel (7478,15 eV)présentent une variation d’intensité très nette. Pour le spectre enregistré dans les conditionsambiantes, l’aire intégrée du pic est 51790. En revanche, pour le spectre correspondant auxconditions in situ, l’aire mesurée est 15840. Un calcul par calibration interne permet alorsd’estimer <strong>la</strong> concentration en nickel dans <strong>la</strong> solution in situ (Ménez 1999). La valeur obtenuepour cette concentration est : C solution Ni= 1,07.10 -4 mol/cm 3 .iii) Phase silicatée à l’équilibreiii.a) Détermination par différence <strong>de</strong> concentrationsConnaissant le volume <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution aqueuse ainsi que les concentrations en nicke<strong>la</strong>vant et après équilibration à haute température et haute pression, il est possible <strong>de</strong> calculer lenombre <strong>de</strong> mole <strong>de</strong> nickel ayant quitté <strong>la</strong> phase aqueuse en cours d’expérience :sol. finale( )n Ni= V solution× C sol.initiale Ni− C NiEn supposant que cette quantité <strong>de</strong> nickel soit entièrement contenue dans <strong>la</strong> phasesilicatée après équilibre, <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase silicatée <strong>de</strong>vient :C silicate Ni= V solutionV silicatesol. finale( ) = 5,21.10 -4 mol/cm 3× C sol.initiale Ni− C NiL’incertitu<strong>de</strong> absolue liée au calcul <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong> nickel dans <strong>la</strong> phasesilicatée est calculée <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon suivante :∆C silicate Ni= ∂C silicateNi∂V sol.∆V sol.+ ∂C silicateNi∂V silicate∆V silicate+ ∂C Nisilicate∂C ∆C sol.initiale NiNisol.initiale + ∂C silicateNi∂C ∆C sol. finalesol. finale NiNiPour ce calcul, l’incertitu<strong>de</strong> liée à <strong>la</strong> concentration initiale en nickel <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution estnégligeable par rapport aux autres. Par ailleurs, <strong>la</strong> concentration finale <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution a étédéterminée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux manières différentes. Les valeurs obtenues par spectroscopie XANES et169


par SXRF sont 1,24.10 -4et 1,07.10 -4 mol/cm 3 , respectivement. Nous considérons donc <strong>la</strong>valeur moyenne <strong>de</strong> 1,15.10 -4 mol/cm 3 avec une incertitu<strong>de</strong> estimée à ± 0,08.10 -4 mol/cm 3 .L’incertitu<strong>de</strong> absolue calculée pour <strong>la</strong> concentration en nickel <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase silicatée est alors :∆C silicate Ni= 10 -4 mol/cm 3 . La détermination <strong>de</strong> concentration en nickel <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase silicatée parbi<strong>la</strong>n volumique et massique engendre donc une incertitu<strong>de</strong> sur <strong>la</strong> mesure re<strong>la</strong>tivementimportante (~ 20 %). Par conséquent, il est nécessaire <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r <strong>la</strong> valeur obtenue à l’ai<strong>de</strong>d’une technique d’analyse chimique complémentaire.iii.b) Mesure par microson<strong>de</strong> nucléaire (PIXE)Les différents globules vitreux sont extraits du joint en rhénium à l’issue du cyc<strong>la</strong>ge àhaute température et haute pression. Ces <strong>de</strong>rniers sont alors déposés sur un support adhésif enKapton avant métallisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface au graphite. Les échantillons sont ensuite analyséschimiquement par microson<strong>de</strong> nucléaire en mo<strong>de</strong> d’émission X induite par <strong><strong>de</strong>s</strong> particuleschargées (PIXE) <strong>de</strong> façon à obtenir une valeur précise <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration en nickel au sein <strong>de</strong><strong>la</strong> phase silicatée (voir Fig. III.60).Fig. III.60 – (a) Cartographie PIXE réalisée sur un globule <strong>de</strong> silicate vitreux (voir Fig. III.57) ; (b) spectrePIXE obtenu pour les évènements <strong>de</strong> fluorescence X correspondant à <strong>la</strong> partie centrale du globule (zone sombre<strong>de</strong> <strong>la</strong> cartographie).Pour ces analyses, l’énergie du faisceau inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> protons est <strong>de</strong> 3 MeV, pour unerésolution spatiale <strong>de</strong> 2 × 3 µm. Le détecteur est localisé à 66 mm <strong>de</strong> l’échantillon, et <strong>la</strong>charge électrique totale déposée sur l’échantillon est <strong>de</strong> 1,5 µC. Une cartographie <strong>de</strong>49 × 36 µm, basée sur le spectre total d’émission X, est alors réalisée sur un globule <strong><strong>de</strong>s</strong>ilicate vitreux d’environ 20 µm <strong>de</strong> diamètre (Fig. III.60a). Cette cartographie met enévi<strong>de</strong>nce une répartition homogène du nickel dans le verre. Un spectre PIXE est alors filtré170


pour les évènements <strong>de</strong> fluorescence X localisés sur <strong>la</strong> partie centrale <strong>de</strong> l’échantillon,couvrant une surface circu<strong>la</strong>ire d’environ 15 µm <strong>de</strong> diamètre. Le spectre PIXE obtenu estprésenté sur <strong>la</strong> Figure III.60b. Le traitement du spectre effectué à l’ai<strong>de</strong> du programmeGupix99 (Maxwell et al. 1988 ; Campbell et al. 2000), permet <strong>de</strong> déterminer uneconcentration en nickel <strong>de</strong> : C silicate Ni= 1,32 p.%. En considérant <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité du verred’haplorhyolite hydraté proche <strong>de</strong> 2,3 g/cm 3 (Ochs et Lange 1999 ; Richet et al. 2000), cettevaleur équivaut à une concentration <strong>de</strong> : C silicate Ni= 5,17.10 -4 mol/cm 3 .La métho<strong>de</strong> par différence <strong>de</strong> concentrations et l’analyse PIXE fournissent <strong><strong>de</strong>s</strong> valeursre<strong>la</strong>tivement proches pour <strong>la</strong> concentration en nickel dans <strong>la</strong> phase silicatée (5,21.10 -4 et5,17.10 -4 mol/cm 3 , respectivement). Pour <strong>la</strong> suite <strong><strong>de</strong>s</strong> calculs, nous considèrerons donc unevaleur moyenne <strong>de</strong> 5,19.10 -4 mol/cm 3 ; l’incertitu<strong>de</strong> absolue <strong>de</strong> cette valeur étant estimée à0,04 mol/cm 3 .3.3.3.3. RésultatLes concentrations en nickel, exprimées en nombre <strong>de</strong> mole par unité <strong>de</strong> volume, pour<strong>la</strong> phase aqueuse et <strong>la</strong> phase silicatée ont été déterminées précé<strong>de</strong>mment :C solution Ni= 1,15.10 -4 ± 0,08.10 -4 mol/cm 3C silicate Ni= 5,19.10 -4 ± 0,04.10 -4 mol/cm 3Il est alors possible <strong>de</strong> déterminer le coefficient <strong>de</strong> partage du nickel entre ces <strong>de</strong>uxeau /phases par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion : D silicate solutionNi= C NiC silicate Ni. La valeur du coefficient <strong>de</strong> partage,incluant les incertitu<strong><strong>de</strong>s</strong> absolues pour les différentes concentrations en nickel, est alorsestimée à :eau /D silicate Ni= 0,22 ± 0,02Dans le contexte <strong>de</strong> l’expérience décrite précé<strong>de</strong>mment, le nickel présente donc uneaffinité particulière pour <strong>la</strong> phase silicatée <strong>de</strong> type haplorhyolite, à l’équilibre dans unematrice aqueuse. Cependant, les mesures <strong>de</strong> concentrations effectuées montrent qu’uneproportion significative <strong>de</strong> nickel est localisée dans <strong>la</strong> phase aqueuse (environ 22 %).171


3.3.4. Densité apparente du magma hydratéDifférents spectres XANES ont été enregistrés au seuil K du nickel pour <strong>la</strong> phasesilicatée à 780 °C / 520 MPa, ainsi que dans les conditions ambiantes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong>pression après avoir trempé l’échantillon (voir Fig. III.61).0.004Absorbance( cm -1 )0.0030.0020.001∆µ = 2,40.10 -3 cm -125 °C0,1 MPa780 °C520 MPa∆µ = 0,77.10 -3 cm -108300 8350 8400 8450Energie (eV)Fig. III.61 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour <strong>la</strong> phase silicatée à 780 °C / 520 MPa et à25 °C / 0,1 MPa (trempe).En se basant sur <strong>la</strong> mesure d’un spectre XANES, l’Équation II.5 permet <strong>de</strong> calculerune estimation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité pour le matériau sondé. Cependant, le dispositif expérimental(décrit précé<strong>de</strong>mment) nécessite <strong>de</strong> déterminer un facteur d’atténuation pour <strong>la</strong> phasesilicatée ; cette valeur étant différente selon le type <strong>de</strong> matrice sondé. Pour ce<strong>la</strong>, nous utilisonsle spectre XANES enregistré dans les conditions ambiantes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression(Fig. III.61). Le facteur d’atténuation s’exprime alors <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon suivante :α silicate≈ ρ silicate 25°C. g silicate(25°C) Ni. µ ρ( ) Ni8450 eV− ( µ ρ ) Ni[ ] 8300eVsilicate∆µ 25°CPour un verre <strong>de</strong> type haplorhyolite hydraté, <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité est proche <strong>de</strong> 2,3 g/cm 3 (Ochset Lange 1999 ; Richet et al. 2000). De plus, <strong>la</strong> concentration en nickel <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase silicatéeexprimée en pourcentage massique est : C silicate Ni= 1,32 p.%. La fraction massique <strong>de</strong> nickelpour cette phase est donc : g silicate Ni= 0,0132. Par ailleurs, le saut d’absorption mesuré entre8300 et 8450 eV sur le spectre XANES enregistré à 25 °C est : ∆µ silicate 25°C= 2,40.10 -3 cm -1 ; lescoefficients d’absorption massiques étant, respectivement, 42,72 et 319,1 cm 2 /g. La valeur172


calculée pour le facteur d’atténuation est alors : α silicate = 3500. En considérant une incertitu<strong>de</strong>absolue <strong>de</strong> ± 0,1 g/cm 3 sur <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité, l’incertitu<strong>de</strong> faite sur le calcul du facteur d’atténuationest <strong>de</strong> ± 150.En se basant sur le spectre XANES enregistré pour <strong>la</strong> phase silicatée à 780 °C et520 MPa (Fig. III.3.19), <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase silicatée in situ s’exprime <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon suivante :ρ silicate 780°C≈silicateα silicate. ∆µ 780° Csilicate . µ ρNi− µ ρg NiNi[( ) 8450eV( ) 8300 eV ]Pour une valeur du saut d’absorption : ∆µ silicate 780°C= 0,77.10 -3 cm -1 (voir Fig. III.61), <strong>la</strong><strong>de</strong>nsité calculée est alors <strong>de</strong> 0,74 g/cm 3 . Cependant, le globule <strong>de</strong> silicate étudié in situ et à <strong>la</strong>trempe (numéro 8 ; Fig. III.57) mesure environ 75 µm <strong>de</strong> diamètre (voir Tab. III.3), alors quel’épaisseur finale du joint est <strong>de</strong> 120 µm. Il est donc nécessaire <strong>de</strong> corriger <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsitéobtenue par l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> variation <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase aqueuse.En effet, <strong>la</strong> valeur du facteur d’atténuation α silicate est calculée, d’une part à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase silicatée hydratée dans les conditions ambiantes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong>pression (~ 2,3 g/cm 3 ), et d’autre part à partir du saut d’absorption « total » ∆µ silicate 25°C. Pour <strong><strong>de</strong>s</strong>conditions ambiantes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression, le facteur d’atténuation inclut donc <strong>la</strong>proportion <strong>de</strong> solution aqueuse (environ 38 %) dans <strong>la</strong> mesure du saut d’absorption. Enrevanche, <strong>la</strong> variation <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution aqueuse n’est pas prise en considération. La<strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution est d’environ 1 g/cm 3 à 25 °C / 0,1 MPa, et 0,72 g/cm 3 à780 °C / 520 MPa. La participation <strong>de</strong> cette variation <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité à <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité calculéepour le liqui<strong>de</strong> silicaté est donc <strong>de</strong> : (1 – 0,72) × 0,38 = 0,11 g/cm 3 . Par conséquent, <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsitéin situ du magma haplorhyolitique hydraté est estimée à :ρ silicate 780°C≈ 0,9 ± 0,5 g/cm 3Dans ces conditions <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression, <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> l’eau calculée à partir<strong>de</strong> son équation d’état est d’environ 0,7 g/cm 3 (Haar et al. 1984 ; Bakker 2003). Une valeurproche <strong>de</strong> 1 g/cm 3 pour <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité in situ <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase silicatée traduit donc <strong>la</strong> présence d’uneimportante quantité d’eau au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure du liqui<strong>de</strong> silicaté, abaissant ainsiconsidérablement <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité apparente du matériau.173


4. ConclusionLes expériences décrites dans ce chapitre nous ont permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce lecomportement structural du nickel dans différents types <strong>de</strong> verres et <strong>de</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés,anhydres et/ou hydratés. En particulier, nous avons pu observer un changement sensible <strong>de</strong> <strong>la</strong>coordinence moyenne du nickel en fonction du type d’alcalin présent dans le système. Eneffet, dans <strong>la</strong> plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> verres sodiques étudiés, le nickel apparaît majoritairement encoordinence 5. Cependant, sa coordinence moyenne et proche <strong>de</strong> 6 dans les verres calciques,alors que les verres potassiques favorisent <strong>la</strong> coordinence 4.Dans le cas <strong>de</strong> compositions sodiques, l’effet du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation <strong>de</strong> <strong>la</strong>structure affecte re<strong>la</strong>tivement peu l’environnement local du nickel. Il apparaît toutefois que lesdistances interatomiques Ni–O sont sensiblement inférieures dans <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> verres fortementpolymérisés <strong>de</strong> type albite (~ 1,99 Å), en comparaison à <strong><strong>de</strong>s</strong> compositions dépolymérisées <strong><strong>de</strong>s</strong>ilicates <strong>de</strong> sodium (~ 2,02 Å). De plus, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> désordre structural local autour du nickelest <strong>la</strong>rgement plus important dans le cas <strong>de</strong> verres fortement polymérisés.Par ailleurs, <strong>la</strong> concentration en nickel <strong><strong>de</strong>s</strong> verres silicatés n’affecte pas <strong>de</strong> manièresignificative <strong>la</strong> coordinence moyenne du nickel. Cependant dans le cas <strong>de</strong> compositionsfortement polymérisées, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> désordre local augmente <strong>de</strong> manière importante lorsque <strong>la</strong>concentration passe d’environ 2000 ppm à 2 p.%. De plus, nous observons dans ce cas unchangement majeur au niveau <strong>de</strong> l’organisation structurale à moyenne distance. En effet,l’enveloppe d’atomes « seconds voisins » est alors constituée en gran<strong>de</strong> partie d’atomes <strong>de</strong>nickel, formant ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> « domaines <strong>de</strong>nses » (répartition hétérogène du nickel) au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong>structure vitreuse.Nous avons aussi observé que <strong>la</strong> présence d’eau dans les systèmes silicatés enconditions ambiantes affecte <strong>de</strong> manière importante l’environnement structural local dunickel. En particulier pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> type albite contenant 8 à 10 p.% d’eau, <strong>la</strong>coordinence moyenne du nickel est très <strong>la</strong>rgement dépendante <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> trempe lors <strong>de</strong><strong>la</strong> synthèse du verre. En effet, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> vitesses <strong>de</strong> trempe <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 200 °C/s, le nickelcristallise sous forme <strong>de</strong> nanocristaux hydratés (nickel en coordinence 6 et présence d’atomes<strong>de</strong> nickel seconds voisins en environnement cristallin). En revanche, lorsque <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong>trempe <strong>de</strong> l’échantillon est plus rapi<strong>de</strong> que <strong>la</strong> cinétique <strong>de</strong> recristallisation du nickel (environ174


400 °C/s), nous avons pu mettre en évi<strong>de</strong>nce une coordinence moyenne <strong>de</strong> 5. Notons que cettevaleur est simi<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong> valeur obtenue pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres anhydres <strong>de</strong> type albite, maisdifférente <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong> silicates <strong>de</strong> sodium hydratés (nickel encoordinence 6 en environnement amorphe).D’une manière générale, les différents types <strong>de</strong> verres silicatés sodiques caractérisés àhaute température ont permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce un changement très net <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinencemoyenne du nickel lors du passage à l’état liqui<strong>de</strong>. En effet, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> compositions <strong>de</strong> typedisilicate et trisilicate <strong>de</strong> sodium, mais aussi albite, <strong>la</strong> coordinence moyenne du nickel passe 5à température ambiante vers 4 à haute température. De même, pour les caractérisations <strong>de</strong>liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés hydratés (<strong>de</strong> type trisilicate <strong>de</strong> sodium et haplorhyolite) à haute températureet haute pression, le nickel apparaît majoritairement en coordinence 4.Par ailleurs, à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes expériences réalisées in situ en cellule à enclumesdiamants, nous avons pu mettre en évi<strong>de</strong>nce un coefficient <strong>de</strong> partage « eau/magma » dunickel <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 0,2 dans le cas <strong>de</strong> compositions <strong>de</strong> type albite et haplorhyolite. Enfin, lesmesures <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> magmas hydratés à 780 °C / 520 MPa suggèrent une <strong>de</strong>nsité apparenteproche <strong>de</strong> 1 g/cm 3 pour un système haplorhyolitique.175


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Chapitre IV :Comportement du zirconium177


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1. Conditions ambiantesNous avons réalisé l’étu<strong>de</strong>, par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X, <strong>de</strong> <strong>la</strong>spéciation du zirconium dans différents types <strong>de</strong> verres silicatés synthétiques. Lescompositions chimiques sont <strong>de</strong> type trisilicate <strong>de</strong> sodium (NS3), albite (ALB) ethaplorhyolite (AOQ) ; chaque échantillon contenant environ 2000 ppm <strong>de</strong> zirconium (voirAnnexe 3). De plus, les verres <strong>de</strong> type albite et haplorhyolite ont été synthétisés par <strong>la</strong>métho<strong>de</strong> IHPV afin <strong>de</strong> réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> séries contenant différentes quantités d’eau (0, 4 et 8 p.%).1.1. Composition / <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisationLes échantillons vitreux anhydres <strong>de</strong> type NS3, ALB et AOQ sont caractérisés parspectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X, au seuil K du zirconium, sur le spectromètre 11-2(SSRL). Les spectres XANES normalisés sont présentés sur <strong>la</strong> Figure IV.1.2ABCAbsorbance normalisée1AOQALB0NS318000 18050 18100Energie (eV)Fig. IV.1 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du zirconium pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> type NS3, ALB et AOQcontenant 2000 ppm <strong>de</strong> Zr.Chaque spectre XANES présente trois caractéristiques principales (voir Fig. IV.1). Eneffet, nous pouvons observer une double résonance (A et B) située au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> raieb<strong>la</strong>nche, ainsi que <strong>la</strong> position du maximum <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS, localisée vers18085 eV (notée C). En se basant sur ces caractéristiques, les différents spectres XANESmettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> très <strong>la</strong>rges similitu<strong><strong>de</strong>s</strong> ; suggérant ainsi que <strong>la</strong> spéciation du zirconiumne varie pratiquement pas en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition ou du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation <strong><strong>de</strong>s</strong>179


verres. Par ailleurs, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Farges et Rossano (2000) montre que le zirconium estmajoritairement en coordinence 6 (probablement en site octaédrique régulier) dans cesdifférents types <strong>de</strong> verres ; n’excluant pas <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> clusters <strong>de</strong> type NiO 7 ou encoreNiO 8 , en particulier dans les verres <strong>de</strong> composition albitique.Les parties EXAFS <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X sont enregistrées pour lesdifférents échantillons. Les spectres EXAFS normalisés, enregistrés au seuil K du zirconium,sont présentés sur <strong>la</strong> Figure IV.2a.30a)15b)Oxygène20AOQ10k 3 . χ(k)10ALBMagnitu<strong>de</strong>Silicium05AOQNS3ALB-102 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)NS300 2 4 6R' (Å)Fig. IV.2 – (a) Spectres EXAFS enregistrés au seuil K du zirconium, normalisés et pondérés par k 3 pour lesverres <strong>de</strong> type NS3, ALB et AOQ ; (b) analyses par TF <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS.Le spectre EXAFS correspondant à l’échantillon NS3 a été enregistré sur lespectromètre ID26 (ESRF), en mo<strong>de</strong> « quick-EXAFS ». En revanche, les <strong>de</strong>ux autres spectresont été enregistrés sur le spectromètre 11-2 (SSRL) en mo<strong>de</strong> d’acquisition « standard ». Pourcette raison, le spectre EXAFS « NS3 » présente un niveau <strong>de</strong> bruit supérieur aux <strong>de</strong>ux autres(voir Fig. IV.2a). Cependant, ces différents spectres présentent <strong>de</strong> fortes similitu<strong><strong>de</strong>s</strong>concernant leurs termes d’amplitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> phase.L’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS par TF permet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce principalement<strong>de</strong>ux contributions (voir Fig. IV.2b). La première contribution, localisée vers 1,8 Å (distancenon corrigée <strong><strong>de</strong>s</strong> déphasages), correspond à l’enveloppe d’atomes d’oxygène premiersvoisins. En revanche, <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> contribution (localisée vers 3 Å) semble être unecontribution mixte, provenant essentiellement d’atomes voisins <strong>de</strong> silicium (Farges etRossano 2000). Par ailleurs entre 2 et 4 Å, les magnitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> TF correspondant aux verresNS3, ALB et AOQ présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> allures pratiquement i<strong>de</strong>ntiques, suggérant un180


environnement structural à moyenne distance autour du zirconium très proche pour cesdifférentes compositions.Les différents spectres EXAFS (Fig. IV.2a) sont ensuite analysés par CCWT afind’extraire les contributions liées aux oxygènes premiers voisins (voir Chapitre II). Lesmodules <strong>de</strong> CCWT sont calculés entre 0,5 et 4,0 Å, pour une valeur du paramètre <strong>de</strong> Cauchy<strong>de</strong> 200. Les différentes contributions EXAFS ainsi obtenues sont présentées sur <strong>la</strong> FigureIV.3a. Parallèlement, les termes <strong>de</strong> phase correspondant à ces contributions sont modélisésafin <strong>de</strong> déterminer les distances interatomiques Zr–O, ainsi que les paramètres anharmoniquesc 3 . Pour ces modélisations, les déphasages <strong>de</strong> rétrodiffusion <strong>de</strong> l’oxygène et du zirconium sontextraits d’un calcul théorique d’EXAFS au seuil K du zirconium basé sur <strong>la</strong> structurecristalline <strong>de</strong> ZrSiO 4 (Robinson et al. 1971).a)AOQ40b)PhasesModélisationsNS3ALBAOQ1030k 3 . χ(k)ALBNS3Phase (rad)2002 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)10R (Å) c 3 (x 10 -4 Å 3 ) ∆E 0 (eV) Qualité (%)NS3 2,110 (5) 1,8 (5) -0,40 100ALB 2,095 (5) 2,7 (5) -0,30 100AOQ 2,092 (5) 3,2 (5) -0,40 10002 4 6 8 10 12 14k (/Å)Fig. IV.3 – (a) Contributions EXAFS liées aux atomes d’oxygène premiers voisins, filtrées par CCWT, pour lesverres NS3, ALB et AOQ ; (b) modélisations <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase.Les différentes modélisations <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> distancesZr–O <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 2,11 Å pour le verre <strong>de</strong> NS3. En revanche, pour les verres <strong>de</strong> type ALB etAOQ, ces distances sont proches <strong>de</strong> 2,09 Å. De plus, nous pouvons observer une légèreaugmentation du paramètre anharmonique c 3 lorsque le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation du verreaugmente. En effet, ce paramètre est d’environ 1,8.10 -4 Å 3 pour le verre NS3, alors qu’il vaut2,7.10 -4 et 3,2.10 -4 Å 3 pour les verres ALB et AOQ, respectivement. L’environnement localdu zirconium apparaît donc re<strong>la</strong>tivement moins distordu dans les verres faiblementpolymérisés. De plus dans ce type <strong>de</strong> verre, les variations observées pour les distancesinteratomiques suggèrent une coordinence moyenne du zirconium sensiblement supérieure.Par ailleurs, pour les verres fortement polymérisés, l’environnement local du zirconium n’estpas affecté <strong>de</strong> façon majeure par les variations <strong>de</strong> composition (ALB / AOQ).181


1.2. Effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau1.2.1. Verres d’albiteUn verre synthétique d’albite (2000 ppm <strong>de</strong> Zr) a été utilisé pour <strong>la</strong> synthèse d’unesérie <strong>de</strong> verres hydratés contenant, nominativement, 0, 4 et 8 p.% d’eau. Chaque verre estcaractérisé par spectroscopie Raman entre 200 et 1400 cm -1 , ainsi qu’entre 2800 et 3800 cm -1 .Les spectres normalisés sont présentés, respectivement, sur les Figures IV.4a et b.300a)200b)Intensité normalisée (u. a.)200100"8 p.%" H 2O"4 p.%" H 2OIntensité normlisée (u. a.)15010050Aire intégrée = 23227(7,8 p.% d'eau)Aire intégrée = 11879(4,0 p.% d'eau)"0 p.%" H O 20200 400 600 800 1000 1200 1400Nombre d'on<strong>de</strong> (/cm)Aire intégrée = 1310(0,0 p.% d'eau)2800 3000 3200 3400 3600 3800Nombre d'on<strong>de</strong> (/cm)Fig. IV.4 – Spectres Raman pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> type albite (2000 ppm <strong>de</strong> Zr) contenant 0, 4 et 8 p.% d’eau, entre(a) 200 et 1400 cm -1 ; (b) 2800 et 3800 cm -1 .Les spectres enregistrés entre 200 et 1400 cm -1 (Fig. IV.4a) présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> allurescaractéristiques <strong>de</strong> compositions silicatées amorphes <strong>de</strong> type albite. Ces différents spectresprésentent <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges similitu<strong><strong>de</strong>s</strong> en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau <strong><strong>de</strong>s</strong> verres. Cependant, <strong>de</strong>légères différences apparaissent entre les spectres pour l’échantillon anhydre et pour leséchantillons hydratés. En effet, les pics localisés vers 600 et 800 cm -1 sont moins intensespour les échantillons hydratés. De plus, <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> située aux alentours <strong>de</strong> 1000 à 1200 cm -1présente aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> modifications liées à <strong>la</strong> présence d’eau dans l’échantillon. Ces variationsreflètent donc probablement un léger effet <strong>de</strong> désorganisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure vitreuse liée à <strong>la</strong>présence d’eau en gran<strong>de</strong> quantité (majoritairement sous forme H 2 O au-<strong>de</strong>là d’environ 2 p.% ;Schmidt et al. 2001). Une telle observation est donc en accord avec un effet général <strong>de</strong>désorganisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure vitreuse due à <strong>la</strong> présence d’eau (voir McMil<strong>la</strong>n 1994).Les spectres Raman normalisés, enregistrés entre 2800 et 3800 cm -1 (Fig. IV.4b),présentent d’importantes variations d’intensité liées aux variations <strong>de</strong> teneur en eau dans lesdifférents échantillons. Pour les verres à « 0 p.% », « 4 p.% » et « 8 p.% » d’eau, les airesintégrées obtenues sont, respectivement, <strong>de</strong> 131, 11879 et 23227. En se basant sur <strong><strong>de</strong>s</strong>composés hydratés <strong>de</strong> références (voir Chapitre I), ces valeurs correspon<strong>de</strong>nt à <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en182


eau <strong>de</strong> 0,0 p.% pour le verre dit à « 0 p.% » d’eau, 4,0 p.% pour le verre dit à « 4 p.% » d’eauet 7,8 p.% pour le verre dit à « 8 p.% » d’eau.Chacun <strong>de</strong> ces verres est ensuite caractérisé par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayonsX au seuil K du zirconium. Les différents spectres XANES, enregistrés sur le spectromètre11-2 (SSRL), sont présentés sur <strong>la</strong> Figure IV.5.2ABCAbsorbance normalisée17,8 p.% H2O4,0 p.% H2O1.2AB00,0 p.% H2O0,0 p.% H 2 O7,8 p.% H0.82 O18025 1805018000 18050 18100Energie (eV)Fig. IV.5 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du zirconium pour les verres <strong>de</strong> type albite (2000 ppm <strong>de</strong> Zr)contenant 0,0, 4,0 et 7,8 p.% d’eau.Les caractéristiques principales <strong><strong>de</strong>s</strong> différents spectres XANES (notées A, B et C ; Fig.IV.5) ne présentent pratiquement aucune variation en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau <strong><strong>de</strong>s</strong>échantillons. L’environnement structural direct du zirconium ne semble donc pas affecté <strong>de</strong>façon majeure par <strong>la</strong> présence d’eau au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure ; ce <strong>de</strong>rnier restant essentiellementen coordinence 6 dans les différents verres étudiés. Cependant, l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> résonance Baugmente sensiblement avec <strong>la</strong> teneur en eau (voir zoom, Fig. IV.5). Une telle variation auniveau du seuil d’absorption suggère un léger effet <strong>de</strong> re<strong>la</strong>xation structurale dansl’environnement local du zirconium (Farges et Rossano 2000).Par ailleurs, nous avons enregistré <strong>la</strong> partie EXAFS <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong>rayons X pour les différents échantillons d’albite. Les spectres enregistrés au seuil K duzirconium, normalisés et pondérés par k 3 sont présentés sur <strong>la</strong> Figure IV.6a pour leséchantillons d’albite contenant 0,0, 4,0 et 7,8 p.% d’eau.183


30a)b)Oxygène7,8 p.% H 2O1520k 3 . χ(k)104,0 p.% H 2OMagnitu<strong>de</strong>10Silicium00,0 p.% H 2O57,8 p.% H 2O4,0 p.% H 2O-102 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)0,0 p.% H O 200 2 4 6R' (Å)Fig. IV.6 – (a) Spectres EXAFS enregistrés au seuil K du zirconium, normalisés et pondérés par k 3 pour lesverres <strong>de</strong> type albite contenant 0,0, 4,0 et 7,8 p.% d’eau ; (b) analyses par TF <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS.Les différents spectres EXAFS (Fig. IV.6a) présentent <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges similitu<strong><strong>de</strong>s</strong> en ce quiconcerne les termes d’amplitu<strong>de</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase. Par ailleurs, les analyses par TF <strong>de</strong>ces spectres (Fig. IV.6b) confirment <strong>la</strong> très forte ressemb<strong>la</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres pour lesdifférentes teneurs en eau. En effet sur les magnitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> TF, les pics correspondant auxcontributions d’atomes d’oxygène premiers voisins (∼ 1,8 Å ; distance non corrigée <strong><strong>de</strong>s</strong>déphasages), ainsi qu’aux contributions d’atomes voisins <strong>de</strong> silicium, sont pratiquementi<strong>de</strong>ntiques pour les différentes teneurs en eau. Pour <strong><strong>de</strong>s</strong> compositions <strong>de</strong> type albite,l’environnement structural autour du zirconium, à courte et moyenne distance, ne sembledonc pas affecté significativement par <strong><strong>de</strong>s</strong> variations <strong>de</strong> teneurs en eau d’environ 0 à 8 p.%.Une analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> différents spectres EXAFS (Fig. IV.6a) par CCWT entre 0,5 et 4,0 Å(n = 200 ; voir Chapitre II) permet d’extraire précisément les différentes contributions liéesaux atomes d’oxygène premiers voisins (Fig. IV.7a).a)7,8 p.% H 2O40b)PhasesModélisationsk 3 . χ(k)104,0 p.% H 2O0,0 p.% H 2OPhase (rad)30200,0 p.% H 2O4,0 p.% H 2O7,8 p.% H 2O02 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)10R (Å) c 3 (x 10 -4 Å 3 ) ∆E 0 (eV) Qualité (%)0,0 p.% 2,095 (5) 2,7 (5) -0,30 1004,0 p.% 2,096 (5) 2,7 (5) -0,26 1007,8 p.% 2,100 (5) 2,7 (5) -0,29 10002 4 6 8 10 12 14k (/Å)Fig. IV.7 – (a) Contributions EXAFS liées aux atomes d’oxygène premiers voisins, filtrées par CCWT, pour lesverres ALB contenant 0,0, 4,0 et 7,8 p.% d’eau ; (b) modélisations <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase.184


Pour les verres ALB contenant 0,0, 4,0 et 7,8 p.% d’eau, les différents termes <strong>de</strong> phasecorrespondant à ces contributions EXAFS sont présentés sur <strong>la</strong> Figure IV.7b. Chaque terme<strong>de</strong> phase est ensuite modélisé <strong>de</strong> façon à extraire les paramètres structuraux d Zr–O et c 3 (voirdétails précé<strong>de</strong>mment). Les résultats (Fig. IV.7b) mettent en évi<strong>de</strong>nce une très légèreaugmentation <strong><strong>de</strong>s</strong> distances Zr–O en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons (~ 0,005 Åentre 0,0 et 7,8 p.% d’eau). Par ailleurs, le paramètre anharmonique c 3 ne présente aucunevariation pour les différentes teneurs en eau. Par conséquent dans les verres <strong>de</strong> type albite,l’environnement à courte distance autour du zirconium ne présente aucune modificationsignificative liée à <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> l’eau dans l’échantillon.1.2.2. Verres d’haplorhyolitePour cette étu<strong>de</strong>, nous avons utilisé trois verres <strong>de</strong> type haplorhyolite contenant2000 ppm <strong>de</strong> zirconium. Chaque verre a été synthétisé par <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> IHPV <strong>de</strong> façon àintroduire <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en eau d’environ 0, 4 et 8 p.%. Dans un premier temps, ces différentsverres sont caractérisés par spectroscopie Raman (voir Fig. IV.8).300a)200b)Intensité normalisée (u. a.)200100"8 p.%" H 2O"4 p.%" H 2OIntensité normlisée (u. a.)15010050Aire intégrée = 24610(8,2 p.% d'eau)Aire intégrée = 11749(3,9 p.% d'eau)"0 p.%" H O 20200 400 600 800 1000 1200 1400Nombre d'on<strong>de</strong> (/cm)Aire intégrée = 860(0,0 p.% d'eau)2800 3000 3200 3400 3600 3800Nombre d'on<strong>de</strong> (/cm)Fig. IV.8 – Spectres Raman pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres d’albite (2000 ppm <strong>de</strong> Zr) contenant 0, 4 et 8 p.% d’eau, entre (a)200 et 1400 cm -1 ; (b) 2800 et 3800 cm -1 .Les spectres Raman enregistrés entre 200 et 1400 cm -1 (Fig. IV.8a), présentent <strong><strong>de</strong>s</strong>allures typiques <strong>de</strong> composés aluminosilicatés vitreux. Cependant, <strong>la</strong> teneur en eau <strong><strong>de</strong>s</strong>échantillons affecte sensiblement l’allure générale <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres, suggérant ainsi un léger effet<strong>de</strong> désorganisation du réseau vitreux. Les spectres Raman normalisés, enregistrés entre 2800et 3800 cm -1 , mettent en évi<strong>de</strong>nce les variations <strong>de</strong> teneur en eau pour chaque échantillon(Fig. IV.8b). Une analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres permet <strong>de</strong> déterminer les différentes aires avecprécision. Pour les échantillons dits à 0, 4 et 8 p.% d’eau, ces valeurs sont 86, 11749 et 24610,185


espectivement. En se basant sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> composés <strong>de</strong> références (voir Chapitre I), cesvaleurs correspon<strong>de</strong>nt, respectivement, à <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en eau <strong>de</strong> 0,0, 3,9 et 8,2 p.%.Dans un second temps, chaque verre (0,0, 3,9 et 8,2 p.% d’eau) est caractérisé parspectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X sur le spectromètre 11-2 (SSRL). Les spectresXANES enregistrés au seuil K du zirconium sont présentés sur <strong>la</strong> Figure IV.9.2ABCAbsorbance normalisée18,2 p.% H2O3,9 p.% H2O1.2AB00,0 p.% H2O0,0 p.% H O 28,2 p.% H0.82 O18025 1805018000 18050 18100Energie (eV)Fig. IV.9 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du zirconium pour les verres <strong>de</strong> type haplorhyolite (2000 ppm<strong>de</strong> Zr) contenant 0,0, 3,9 et 8,2 p.% d’eau.De même que pour les verres <strong>de</strong> type albite (Fig. IV.5), les trois caractéristiquesprincipales (notées A, B et C ; Fig. IV.9) <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES enregistrés pour les verres <strong>de</strong>type haplorhyolite ne présentent pratiquement pas <strong>de</strong> variation en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau.Par conséquent, <strong>la</strong> structure locale autour du zirconium n’est pas affectée <strong>de</strong> façon majeurepar <strong>la</strong> présence d’eau. Cependant, l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> résonance B augmente sensiblement avec <strong>la</strong>teneur en eau ; suggérant un léger effet <strong>de</strong> re<strong>la</strong>xation structurale dans l’environnement localdu zirconium (Farges et Rossano 2000).Afin <strong>de</strong> caractériser plus finement l’environnement local du zirconium, les partiesEXAFS <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres d’absorption sont enregistrées au seuil K du zirconium pour les verres <strong>de</strong>type haplorhyolite contenant 0,0, 3,9 et 8,2 p.% d’eau. Les spectres EXAFS pour lesdifférents échantillons vitreux présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> allures très proches concernant les termesd’amplitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> phase (voir Fig. IV.10a). Par ailleurs, <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses par TF permettent <strong>de</strong>mettre en évi<strong>de</strong>nce d’importantes similitu<strong><strong>de</strong>s</strong> au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes composantes <strong>de</strong> ces186


spectres (Fig. IV.10b). En effet, le pic lié aux atomes d’oxygène premiers voisins restei<strong>de</strong>ntique, tant en position qu’en intensité, lorsque <strong>la</strong> teneur en eau <strong><strong>de</strong>s</strong> verres varie <strong>de</strong> 0,0 à8,2 p.%. De plus, les différentes contributions, liées essentiellement à <strong>la</strong> présence d’atomesvoisins <strong>de</strong> silicium (entre 2 et 4 Å ; distances non corrigées <strong><strong>de</strong>s</strong> déphasages), présentent <strong><strong>de</strong>s</strong>allures particulièrement proches pour les différentes teneurs en eau. Par conséquent, l’analyse<strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS correspondant aux différents échantillons vitreux suggère un effetmineur, voire inexistant, <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence d’eau sur <strong>la</strong> structure locale, à courte et à moyennedistance, autour du zirconium.30a)b)Oxygène8,2 p.% H 2O1520k 3 . χ(k)103,9 p.% H 2OMagnitu<strong>de</strong>10Silicium00,0 p.% H 2O58,2 p.% H 2O3,9 p.% H 2O-102 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)0,0 p.% H O 200 2 4 6R' (Å)Fig. IV.10 – (a) Spectres EXAFS enregistrés au seuil K du zirconium, normalisés et pondérés par k 3 pour lesverres <strong>de</strong> type haplorhyolite contenant 0,0, 3,9 et 8,2 p.% d’eau ; (b) analyses par TF <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS.Une analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> différents spectres EXAFS par CCWT (entre 0,5 et 4,0 Å ; n = 200)permet ensuite d’extraire les contributions liées aux atomes d’oxygène premiers voisins (voirFig. IV.11a).a)8,2 p.% H 2O40b)PhasesModélisationsk 3 . χ(k)103,9 p.% H 2O0,0 p.% H 2OPhase (rad)30200,0 p.% H 2O3,9 p.% H 2O8,2 p.% H 2O02 4 6 8 10 12Vecteur d'on<strong>de</strong> k (/Å)10R (Å) c 3 (x 10 -4 Å 3 ) ∆E 0 (eV) Qualité (%)0,0 p.% 2,092 (5) 3,2 (5) -0,40 1003,9 p.% 2,085 (5) 2,2 (5) -0,26 1008,2 p.% 2,100 (5) 2,7 (5) -0,37 10002 4 6 8 10 12 14k (/Å)Fig. IV.11 – (a) Contributions EXAFS liées aux atomes d’oxygène premiers voisins, filtrées par CCWT, pour lesverres AOQ contenant 0,0, 3,9 et 8,2 p.% d’eau ; (b) modélisations <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase.187


Pour chaque contribution, les termes <strong>de</strong> phase sont alors modélisés <strong>de</strong> façon à extraireles paramètres structuraux (d Zr–O et c 3 ) pour les verres étudiés. Ces modélisations sont baséessur <strong><strong>de</strong>s</strong> déphasages <strong>de</strong> rétrodiffusion théoriques pour les atomes d’oxygène et <strong>de</strong> zirconium(voir précé<strong>de</strong>mment). Les résultats (voir Fig. IV.11b) mettent en évi<strong>de</strong>nce un effetparticulièrement faible <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau sur l’environnement structural du zirconium àcourte distance (atomes d’oxygène premiers voisins). Cependant, une très légèreaugmentation <strong><strong>de</strong>s</strong> distances interatomique Zr–O (~ 0,01 Å) peut être observée lorsque <strong>la</strong>teneur en eau passe <strong>de</strong> 0,0 à 8,2 p.% ; l’état <strong>de</strong> désordre local autour du zirconium n’étant pasaffecté <strong>de</strong> manière significative.188


2. Haute température et haute pressionUne expérience a été réalisée à haute température et haute pression pour un échantillon<strong>de</strong> verre anhydre <strong>de</strong> type trisilicate <strong>de</strong> sodium (NS3). Pour cette expérience, nous avonscouplé l’utilisation d’un système <strong>de</strong> presse <strong>de</strong> type « Paris-Edinburgh » (ID30, ESRF), avecl’utilisation du spectromètre ID26 (ESRF). L’échantillon vitreux est chargé sous forme <strong>de</strong>poudre, broyée finement avec 0,7 p.% d’oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> zirconium (ZrO 2 monoclinique), dans unecapsule <strong>de</strong> BN (voir détails, Chapitre I). Le chargement est ensuite caractérisé in situ parspectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X au seuil K du zirconium ; les conditions maximales<strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression obtenues au cours <strong>de</strong> cette expérience étant, respectivement,1200 °C et 5 GPa. Les différents spectres XANES enregistrés au cours <strong>de</strong> cette expériencesont présentés sur <strong>la</strong> Figure IV.12a.3a)1200 °C4b) ABCNS3 "référence"25 °C / 0,1 MPa1200 °C / 5 GPaAbsorbance normalisée21P = 5 GPa900 °C500 °C25 °CAbsorbance normalisée321DE1100 °C / 5 GPa950 °C / 5 GPa750 °C / 5 GPa500 °C / 5 GPa25 °C / 5 GPa25 °C / 0,1 MPa018000 18050 18100Energie (eV)018000 18050 18100Energie (eV)Fig. IV.12 – Spectres XANES normalisés, enregistrés au seuil K du zirconium pour un verre <strong>de</strong> type NS3(~ 0,5 p .% <strong>de</strong> Zr) entre 0,1 MPa et 5 GPa, et entre 25 et 1200 °C ; (a) spectres « bruts » ; (b) spectres filtrés <strong><strong>de</strong>s</strong>« hautes fréquences » (bruit statistique).L’acquisition <strong><strong>de</strong>s</strong> différents spectres est réalisée en mo<strong>de</strong> « quick-XANES », sur <strong><strong>de</strong>s</strong>pério<strong><strong>de</strong>s</strong> inférieures à 3 minutes. De cette façon, il est possible d’observer en « continu »l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température au cours <strong>de</strong> l’expérience. Cependantpour ce mo<strong>de</strong> d’acquisition, le monochromateur est en rotation constante lors <strong>de</strong>l’enregistrement d’un spectre. Il n’est donc pas possible d’effectuer <strong><strong>de</strong>s</strong> « temps <strong>de</strong> pose »pour chaque point <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> façon à diminuer le bruit statistique (voir Fig. IV.12). Pourcette raison, nous avons effectué un filtrage <strong><strong>de</strong>s</strong> « hautes fréquences » sur différents spectresXANES (voir Fig. IV.12b).189


Le spectre XANES enregistré à 25 °C et 0,1 MPa correspond au composé d’oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong>zirconium monoclinique (ZrO 2 ), ce <strong>de</strong>rnier ayant été mé<strong>la</strong>ngé au verre <strong>de</strong> départ avant lechargement. Dans ce composé, le zirconium se trouve en coordinence 7 (Smith et Newkirk1965). Les résonances A et B du spectre XANES sont re<strong>la</strong>tivement proches l’une <strong>de</strong> l’autre, etle maximum <strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion C est situé vers 18079 eV. De plus, nous pouvons observer unpré-seuil (D ; d’intensité re<strong>la</strong>tivement faible), dû au faible <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> centrosymétrie du site.Aucune modification majeure n’est observée sur le spectre XANES lorsque <strong>la</strong> pressionaugmente <strong>de</strong> 0,1 MPa à 5 GPa (Fig. IV.12b). L’échantillon est alors chauffé progressivementjusqu’à 950 °C. À cette température, les différentes caractéristiques spectrales présentent <strong><strong>de</strong>s</strong>modifications importantes. En effet, <strong>la</strong> résonance B et l’oscil<strong>la</strong>tion C sont décalées vers lesgran<strong><strong>de</strong>s</strong> énergies d’environ 3 et 4 eV, respectivement. De plus, les intensités du pré-seuil (D)et <strong>de</strong> <strong>la</strong> résonance E sont fortement atténuées. Ces variations témoignent probablement dudébut <strong>de</strong> <strong>la</strong> fusion du verre NS3 (liqui<strong>de</strong> surfondu) ; incorporant progressivement l’oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong>zirconium au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure silicatée. Finalement, lorsque <strong>la</strong> température augmentejusqu’à 1200 °C, les caractéristiques spectrales B et C présentent un nouveau déca<strong>la</strong>ge versles gran<strong><strong>de</strong>s</strong> énergies (4 et 5 eV, respectivement), alors que le pré-seuil (D) et <strong>la</strong> résonance Edisparaissent complètement ; traduisant très probablement <strong>la</strong> fusion complète du verre.La Figure IV.12b présente un spectre XANES « <strong>de</strong> référence », correspondant au verreNS3 (2000 ppm <strong>de</strong> Zr) dans les conditions ambiantes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression (voir Fig.IV.1). Nous pouvons alors remarquer <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> similitu<strong>de</strong> entre ce spectre <strong>de</strong> référence et lespectre XANES enregistré à 1200 °C / 5 GPa. En effet, les caractéristiques D et E sontabsentes pour ces <strong>de</strong>ux spectres. De plus, les résonances A, B et C sont localisées à <strong><strong>de</strong>s</strong>énergies pratiquement i<strong>de</strong>ntiques ; suggérant ainsi <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> zirconium en coordinence 6dans le liqui<strong>de</strong> silicaté à haute température et haute pression. Cependant, nous pouvonsobserver un léger déca<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> l’oscil<strong>la</strong>tion C vers les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> énergies pour le spectre XANESenregistré in situ. Par conséquent dans ces conditions, une faible proportion <strong>de</strong> zirconium encoordinence plus faible peut être envisagée.Après le cyc<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> l’échantillon NS3 à haute température et haute pression, nousavons effectué une caractérisation <strong>de</strong> l’interface « capsule/échantillon » par différentesmétho<strong><strong>de</strong>s</strong>. La Figure IV.13 présente une image <strong>de</strong> cette interface obtenue par microscopieélectronique à ba<strong>la</strong>yage.190


Fig. IV.13 – Caractérisation <strong>de</strong> l’interface« capsule/échantillon », après cyc<strong>la</strong>ge in situ, parmicroscopie électronique à ba<strong>la</strong>yage.La photographie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Figure IV.13 permet <strong>de</strong> distinguer c<strong>la</strong>irement <strong>la</strong> zone quicorrespond à <strong>la</strong> capsule <strong>de</strong> BN (partie gauche), <strong>de</strong> celle qui correspond à l’échantillon vitreux<strong>de</strong> type NS3 (partie droite). En effet sur cette image, <strong>la</strong> frontière entre ces <strong>de</strong>ux zones apparaît<strong>de</strong> façon très nette. Il est donc probable qu’aucune interaction chimique n’ait eu lieu au cours<strong>de</strong> l’expérience entre ces différents matériaux. Par ailleurs, <strong>la</strong> texture vitreuse <strong>de</strong> l’échantillonpermet <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r <strong>la</strong> fusion dans les conditions <strong>de</strong> l’expérience.De façon à vali<strong>de</strong>r cette observation, nous avons réalisé une analyse chimique parmicroson<strong>de</strong> ionique (SIMS) <strong>de</strong> l’interface « capsule/échantillon ». Cette analyse permetd’effectuer une cartographie élémentaire pour les éléments comme le bore, le silicium et lesodium. Les différentes cartographies sont présentées sur <strong>la</strong> Figure IV.14.Fig. IV.14 – Caractérisation <strong>de</strong> l’interface « capsule/échantillon », après cyc<strong>la</strong>ge in situ, par microson<strong>de</strong>ionique ; (gauche) bore et silicium ; (droite) bore et sodium.191


Sur <strong>la</strong> Figure IV.14, <strong>la</strong> cartographie <strong>de</strong> l’interface « capsule/échantillon » effectuéepour le bore est superposée aux cartographies effectuées, respectivement, pour le silicium(gauche) et pour le sodium (droite). Ces différentes analyses mettent c<strong>la</strong>irement en évi<strong>de</strong>nceune répartition distincte <strong>de</strong> chaque élément <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> l’interface. En effet, le bore(représenté en noir) est localisé sur <strong>la</strong> partie gauche <strong><strong>de</strong>s</strong> cartographies, correspondant à <strong>la</strong>capsule en BN. En revanche, le silicium et le sodium sont localisés sur <strong>la</strong> partie droite <strong><strong>de</strong>s</strong>cartographies, et correspon<strong>de</strong>nt à l’échantillon <strong>de</strong> verre NS3.Les différentes analyses effectuées sur l’ensemble « capsule/échantillon » aprèscyc<strong>la</strong>ge à haute température et haute pression montrent que les systèmes chimiques BN/NS3n’ont pas réagit entre eux au cours <strong>de</strong> l’expérience, validant ainsi les mesures parspectroscopie XANES réalisées in situ.192


3. ConclusionLes expériences réalisées sur <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> type trisilicate <strong>de</strong> sodium, albite ethaplorhyolite ont permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> faible dépendance <strong>de</strong> l’environnement localdu zirconium en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition chimique et du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation.Toutefois, les distances interatomiques Zr–O obtenues pour les compositions dépolymériséessont d’environ 2,11 Å, alors qu’elles sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 2,09 Å pour les compositionsfortement polymérisées. Par ailleurs, nous observons un désordre structural sensiblement plusimportant dans le cas <strong>de</strong> verres fortement polymérisés.En faisant varier <strong>la</strong> teneur en eau <strong>de</strong> compositions <strong>de</strong> type albite et haplorhyolite (0, 4et 8 p.% d’eau environ), nous pouvons observer une nette désorganisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> structuregénérale du verre par spectroscopie Raman. Cependant, l’environnement structural local duzirconium n’est pas affecté <strong>de</strong> manière significative. Nous pouvons toutefois noter une trèslégère augmentation <strong><strong>de</strong>s</strong> distances interatomiques Zr–O (~ 0,01 Å) dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> verresfortement hydratés (~ 8 p.% d’eau).Les expériences réalisées à l’ai<strong>de</strong> d’une presse « Paris-Edinburgh » ont permis <strong>de</strong>mettre en évi<strong>de</strong>nce un effet quasi-nul <strong>de</strong> <strong>la</strong> température ainsi que <strong>la</strong> pression (jusqu’à environ1200 °C et 5 GPa, respectivement) sur l’environnement structural local du zirconium dans unsystème <strong>de</strong> type trisilicate <strong>de</strong> sodium anhydre. Toutefois, nous avons pu observer unecoordinence sensiblement plus faible dans les conditions in situ en comparaison au mêmeéchantillon caractérisé dans les conditions ambiantes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression.193


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Chapitre V :Comportement du gallium et dugermanium195


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1. Conditions ambiantesPour cette étu<strong>de</strong>, le gallium et le germanium sont considérés comme élémentsanalogues, respectivement, <strong>de</strong> l’aluminium et du silicium. En effet, les couples « Al/Ga » et« Si/Ge » possè<strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> configurations électroniques re<strong>la</strong>tivement proches, et plusprécisément, <strong><strong>de</strong>s</strong> couches <strong>de</strong> valence constituées du même nombre d’électron (3p 1 /4p 1 et3p 2 /4p 2 , respectivement). Par ailleurs, les seuils K d’absorption <strong>de</strong> l’aluminium et du siliciumparticulièrement bas (1559 et 1839 eV, respectivement) impliquent l’utilisation <strong>de</strong> rayons X<strong>de</strong> faible énergie, rendant ainsi impossible l’utilisation <strong>de</strong> dispositifs expérimentaux telsqu’une cellule à enclumes diamant ou encore une presse <strong>de</strong> type « Paris-Edinburgh ». Enrevanche, les seuils K du gallium et du germanium sont situés à <strong><strong>de</strong>s</strong> énergies plus importantes(10367 et 11103 eV, respectivement). L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux éléments permet donc <strong>de</strong>caractériser indirectement, en conditions extrêmes, le comportement <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes Si et Al,constituants majeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> verres et liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés d’intérêts géologiques (voir par exemple,Okuno et al. 1984 ; Hen<strong>de</strong>rson et al. 1985 ; Brown et al. 1995 ; Walton et O’Hare 2001).1.1. Spectres XANES théoriquesDifférents calculs ab initio <strong>de</strong> spectres XANES ont été effectués aux seuils K dugallium et du germanium à l’ai<strong>de</strong> du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul FEFF 8.28 (Rehr et al. 1992 ; Ankudinovet al. 1998 ; voir Chapitre II).Dans le cas du gallium, les <strong>de</strong>ux premiers calculs sont basés sur <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters <strong>de</strong> typeGaO 4 et GaO 6 , extraits respectivement <strong><strong>de</strong>s</strong> structures cristallines « Ga-analogues » d’albite(NaGaSi 3 O 8 ; Fleet 1991) et <strong>de</strong> diopsi<strong>de</strong> (LiGaSi 2 O 6 ; Sato et al. 1994), afin <strong>de</strong> mettre enévi<strong>de</strong>nce les caractéristiques spectrales liées au nombre d’atomes d’oxygène premiers voisins(voir Fig. V.1a). En effet lorsque le gallium est en coordinence 4, <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche du spectre(A) est re<strong>la</strong>tivement <strong>la</strong>rge et peu intense ; englobant ainsi en partie <strong>la</strong> résonance B (voir Fig.V.1a). De plus, le maximum <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion du spectre (C) est localisé à <strong><strong>de</strong>s</strong> valeursd’énergie re<strong>la</strong>tivement gran<strong><strong>de</strong>s</strong>. En revanche, lorsque le gallium est en coordinence 6 (cluster<strong>de</strong> type GaO 6 ), ces trois caractéristiques spectrales présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> variations significatives.Notamment, l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche augmente fortement, alors que <strong>la</strong> résonance B estmieux résolue en énergie. Par ailleurs, l’oscil<strong>la</strong>tion C est <strong>la</strong>rgement décalée vers les faiblesénergies. Pour cette même structure, un autre calcul a été effectué en considérant les atomes197


voisins autour du gallium jusqu’à une distance <strong>de</strong> 4 Å (Fig. V.1a). Ce spectre présentere<strong>la</strong>tivement peu <strong>de</strong> variation par rapport au spectre calculé pour les atomes d’oxygènepremiers voisins uniquement. Cependant, nous pouvons observer une intensificationsignificative <strong>de</strong> <strong>la</strong> résonance B. Cette <strong>de</strong>rnière provient donc en partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> diffusion multiple<strong><strong>de</strong>s</strong> atomes premiers voisins, mais essentiellement <strong>de</strong> <strong>la</strong> diffusion multiple <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes secondset troisièmes voisins en environnement cristallin.5a)A4b) AAlbite Ge-analogueAbsorbance normalisée4321BCCluster 4 Å(Li-diopsi<strong>de</strong>)Cluster GaO 6(Li-diopsi<strong>de</strong>)Cluster GaO 4(Albite Ga-analogue)Absorbance normalisée321BCCluster 4 ÅCluster GeO 4010350 10400 10450 10500Energie (eV)011100 11150 11200Energie (eV)Fig. V.1 – Spectres XANES calculés ab initio, (a) au seuil K <strong>de</strong> Ga pour <strong><strong>de</strong>s</strong> structures <strong>de</strong> type NaGaSi 3 O 8 etLiGaSi 2 O 6 ; (b) au seuil K <strong>de</strong> Ge pour une structure <strong>de</strong> type NaAlGe 3 O 8 .Dans le cas du germanium, le calcul est basé sur un cluster <strong>de</strong> type GeO 4 , extrait ducomposé cristallisé « Ge-analogue » <strong>de</strong> type albite (NaAlGe 3 O 8 ; Fleet 1991). Le spectreXANES, calculé au seuil K du germanium (Fig. V.1b), présente une allure typique <strong>de</strong>coordinence 4 (voir Brown et al. 1995). En effet, <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche A est re<strong>la</strong>tivement fine etintense ; incluant un épaulement B caractéristique. De plus, nous pouvons remarquer que <strong>la</strong>position du maximum <strong>de</strong> <strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS (notée C) est située vers 11200 eV.Lorsque le calcul est effectué jusqu’à une distance <strong>de</strong> 4 Å autour du germanium, le spectreXANES ne présente pas <strong>de</strong> modification importante. Cependant, nous pouvons noter uneintensification sensible <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche (A), ainsi que <strong>de</strong> <strong>la</strong> résonance B.1.2. Verre <strong>de</strong> type albite (NaGaGe 3 O 8 )Un verre <strong>de</strong> type albite « Ga/Ge analogue » (NaGaGe 3 O 8 ) est caractérisé parspectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X, sur le spectromètre 11-2 (SSRL). Les spectresXANES enregistrés aux seuils K du gallium et du germanium, sont présentés sur les FiguresV.2a et b, respectivement.198


2a)AAlbite Ga/Ge analogue2b)AAlbite Ga/Ge analogue(Seuil K du gallium)(Seuil K du germanium)Absorbance normalisée1BCAbsorbance normalisée1BC010350 10400 10450 10500Energie (eV)011100 11150 11200Energie (eV)Fig. V.2 – Spectres XANES enregistrés pour un verre <strong>de</strong> type albite NaGaGe 3 O 8 , (a) au seuil K du gallium ; (b)au seuil K du germanium.Dans le cas du gallium, le spectre XANES (Fig. V.2a) présente une allure typique d’unenvironnement structural en coordinence 4. En effet, en se basant sur les spectres <strong>de</strong>références (voir Fig. V.1a), ce <strong>de</strong>rnier présente une raie b<strong>la</strong>nche A re<strong>la</strong>tivement <strong>la</strong>rge et peuintense, ainsi qu’une résonance B peu résolue en énergie. De plus, <strong>la</strong> position du maximum <strong>de</strong><strong>la</strong> première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS (notée C) est localisée à re<strong>la</strong>tivement gran<strong>de</strong> énergie, au-<strong>de</strong>là<strong>de</strong> 10450 eV. De <strong>la</strong> même manière, le spectre XANES correspondant au germanium dans lecomposé NaGaGe 3 O 8 (Fig. V.2b) présente <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques spectrales (A, B et C) typiquesd’un environnement structural local en coordinence 4. En effet, ces caractéristiques sont trèsproches <strong>de</strong> celles qui sont observées pour le spectre XANES théorique (voir Fig. V.1b).Dans ce verre d’albite « Ga/Ge analogue », le gallium et le germanium sont doncessentiellement localisés en sites tétraédriques (unités GaO 4 et GeO 4 , respectivement), enaccord avec l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Okuno et al. (1984).199


2. Conditions in situLe verre <strong>de</strong> type albite Ga/Ge analogue (NaGaGe 3 O 8 ) est ensuite caractérisé in situ,par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X. Différentes séries d’expériences sont alorsréalisées afin <strong>de</strong> tenter d’i<strong>de</strong>ntifier les modifications structurales éventuelles, liées à <strong>la</strong>température, à <strong>la</strong> pression ou encore à <strong>la</strong> présence d’eau dans l’échantillon.2.1. Composé NaGaGe 3 O 8 anhydreUne première série <strong>de</strong> mesure est effectuée à haute température à l’ai<strong>de</strong> d’un système<strong>de</strong> four à fil chauffant, sur le spectromètre D11 (LURE). Pour cette expérience, les différentsspectres XANES enregistrés au seuil K du germanium entre 25 et 910 °C sont présentés sur <strong>la</strong>Figure V.3a. Parallèlement, une secon<strong>de</strong> série <strong>de</strong> mesure est effectuée à haute température ethaute pression. Cette expérience est réalisée à l’ai<strong>de</strong> d’un système <strong>de</strong> presse <strong>de</strong> type « Paris-Edinburgh » (ID30, ESRF), sur le spectromètre ID26 (ESRF). Les spectres XANES sontenregistrés au seuil K du germanium entre 25 et 855 °C, pour une pression <strong>de</strong> 2,2 GPa (voirFig. V.3b).3a)ABC3b)ABC905 °C / 2,2 GPa620 °C / 2,2 GPaAbsorbance normalisée21910 °C550 °C360 °CAbsorbance normalisée21475 °C / 2,2 GPa180 °C / 2,2 GPa25 °C / 2,2 GPa25 °C / 0,1 MPa190 °C025 °C11100 11150 11200Energie (eV)011100 11150 11200Energie (eV)Fig. V.3 – Spectres XANES enregistrés au seuil K du germanium pour un verre <strong>de</strong> type NaGaGe 3 O 8 , (a) entre 25et 910 °C à pression ambiante ; (b) entre 25 et 855 °C à 2,2 GPa.Sur <strong>la</strong> Figure V.3a, le spectre XANES enregistré à 25 °C traduit une coordinencemoyenne <strong>de</strong> 4 pour le germanium (voir Fig. V.2b). L’échantillon est alors portéprogressivement à haute température. Les différents spectres XANES enregistrés au cours <strong>de</strong><strong>la</strong> montée en température, à 190, 360, 550 et 910 °C, ne présentent aucun changementsignificatif au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> trois caractéristiques spectrales principales (A, B et C). Par ailleurs200


au cours <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> température, l’état liqui<strong>de</strong> est atteint aux alentours <strong>de</strong>800 °C ; l’échantillon s’écou<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> manière flui<strong>de</strong> à 910 °C. Par conséquent, l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong>température, et plus précisément <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>xation structurale du verre, n’affecte pas <strong>de</strong> façonmajeure <strong>la</strong> coordinence moyenne du germanium, ce <strong>de</strong>rnier restant essentiellement encoordinence 4 à l’état liqui<strong>de</strong>.La Figure V.3b présente <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES enregistrés pour le verre NaGaGe 3 O 8 auseuil K du germanium, à 25°C / 0,1 MPa et à 25°C / 2,2 GPa. Ces <strong>de</strong>ux spectres présentent<strong><strong>de</strong>s</strong> allures pratiquement i<strong>de</strong>ntiques, notamment au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques spectralesnotées A, B et C. Une telle similitu<strong>de</strong> suggère donc un environnement structural à courtedistance autour du germanium particulièrement peu affecté par les effets <strong>de</strong> pression (aumoins jusqu’à 2,2 GPa). Après compression <strong>de</strong> l’échantillon jusqu’à 2,2 GPa, ce <strong>de</strong>rnier estporté progressivement à haute température jusqu’à l’état liqui<strong>de</strong> ; <strong>la</strong> fusion du verre étantvérifié visuellement en fin d’expérience. Différents spectres XANES sont alors enregistréspour <strong><strong>de</strong>s</strong> températures <strong>de</strong> 180, 475, 620 et 905 °C (voir Fig. V.3b). De même qu’à pressionambiante, les différentes caractéristiques spectrales (A, B et C) ne présentent aucune variationsignificative au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> montée en température. Pour une pression <strong>de</strong> 2,2 GPa,l’environnement structural local du germanium n’est donc pas affecté <strong>de</strong> façon majeure parles effets <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> re<strong>la</strong>xation structurale du verre.2.2. Composé NaGaGe 3 O 8 hydratéDeux séries d’expérience ont été réalisées en utilisant un système <strong>de</strong> cellule àenclumes diamants <strong>de</strong> type Bassett. Ces expériences ont pour objectif <strong>la</strong> caractérisationstructurale d’un échantillon <strong>de</strong> composition NaGaGe 3 O 8 à l’état liqui<strong>de</strong> et en milieu aqueux.La caractérisation <strong>de</strong> l’échantillon est effectuée par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons Xaux seuils K du gallium et du germanium. Les acquisitions <strong>de</strong> spectres XANES sonteffectuées en mo<strong>de</strong> transmission sur les spectromètres 11-2 (SSRL) et D11 (LURE) pourl’étu<strong>de</strong> du gallium et du germanium, respectivement. Dans les <strong>de</strong>ux cas, les caractéristiquesexpérimentales <strong><strong>de</strong>s</strong> spectromètres, liées d’une part au mo<strong>de</strong> d’enregistrement partransmission, et d’autre part à <strong>la</strong> taille re<strong>la</strong>tivement importante du faisceau inci<strong>de</strong>nt (plusieursdizaines à plusieurs centaines <strong>de</strong> microns), nécessitent d’effectuer un type <strong>de</strong> chargementparticulier du verre <strong>de</strong> départ. En effet, pour une valeur donnée <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong>l’élément sondé, ainsi que <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> l’échantillon, le mo<strong>de</strong> d’enregistrement partransmission nécessite un ajustement <strong>de</strong> l’épaisseur totale <strong>de</strong> matière afin d’optimiser <strong>la</strong>201


qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X (voir Teo 1986). Par ailleurs, l’échantillonétudié doit être re<strong>la</strong>tivement homogène à l’échelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> résolution spatiale du faisceauinci<strong>de</strong>nt.Pour chaque expérience, l’échantillon <strong>de</strong> verre (NaGaGe 3 O 8 ) est donc chargé sousforme <strong>de</strong> poudre afin d’augmenter <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> matière dans un joint en rhénium ; ce <strong>de</strong>rnierayant une épaisseur <strong>de</strong> 200 µm et possédant une chambre à échantillon <strong>de</strong> 500 µm <strong>de</strong>diamètre. Après tassement <strong>de</strong> <strong>la</strong> poudre, une micro goutte d’eau distillée est introduite parcapil<strong>la</strong>rité dans les interstices. Le volume <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase aqueuse (milieu transmetteur <strong>de</strong>pression) est alors <strong>la</strong>rgement minoritaire par rapport à <strong>la</strong> phase soli<strong>de</strong>. La pressionhydrostatique obtenue au cours du chauffage est donc peu élevée ; très probablementinférieure à 500 MPa en se basant sur <strong>la</strong> faible déformation du joint en rhénium en find’expérience. Par ailleurs dans ces proportions, l’état <strong>de</strong> miscibilité complète entre les <strong>de</strong>uxphases est obtenu pour <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> température proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong> fusion duverre. L’échantillon présente alors un aspect particulièrement homogène dans les conditionsin situ.Les différents spectres XANES enregistrés aux seuils K du gallium et du germaniumpour l’échantillon NaGaGe 3 O 8 sont présentés sur les Figures V.4a et b, respectivement.Absorbance normalisée321a)A A'BC25 °C(trempe)650 °C< 500 MPa25 °CAbsorbance normalisée321b)ABC25 °C(Trempe)884 °C< 500 MPa402 °C25 °C010350 10400 10450 10500Energie (eV)011100 11150 11200Energie (eV)Fig. V.4 – Spectres XANES enregistrés pour un verre <strong>de</strong> type NaGaGe 3 O 8 à <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions inférieures à500 MPa, (a) au seuil K du gallium, entre 25 et 650 °C ; (b) au seuil K du germanium entre 25 et 884 °C.Sur <strong>la</strong> Figure V.4a, le spectre XANES enregistré à température ambiante correspond àl’échantillon anhydre <strong>de</strong> départ. Ce spectre traduit une coordinence moyenne <strong>de</strong> 4 pour legallium (voir Fig. V.2a). Un spectre XANES est ensuite enregistré à 650 °C, pour unepression inférieure à 500 MPa. Dans ces conditions, le spectre XANES présente202


d’importantes modifications. En effet, les résonances notées A et A’ présentent une inversion<strong>de</strong> leurs intensités re<strong>la</strong>tives. De plus, <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nche s’affine et <strong>la</strong> position en énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong>première oscil<strong>la</strong>tion EXAFS (C) présente un déca<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 10 eV vers les faiblesénergies. En se basant sur les spectres XANES théoriques calculés au seuil K du gallium (voirFig. V.1a), ces modifications correspon<strong>de</strong>nt c<strong>la</strong>irement à un changement <strong>de</strong> l’arrangementstructural local du gallium. Plus particulièrement, le gallium passe d’une coordinencemoyenne <strong>de</strong> 4 dans le verre anhydre, vers une coordinence moyenne <strong>de</strong> 6 à 650 °C. Parailleurs, <strong>la</strong> résonance B présente une intensité particulièrement importante. L’approchethéorique <strong>de</strong> spectre XANES au seuil K <strong>de</strong> Ga permet d’attribuer, en majeure partie, cetterésonance à <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes <strong>de</strong> diffusion multiple liés à <strong>la</strong> présence d’atomesseconds/troisièmes voisins en environnement cristallin. Par conséquent, il est probable qu’enprésence d’eau, l’échantillon <strong>de</strong> NaGaGe 3 O 8 ait recristallisé juste au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> sa température<strong>de</strong> transition vitreuse, aux alentours <strong>de</strong> 650 °C ; suggérant ainsi que l’état liqui<strong>de</strong> proprementdit n’ait pas été atteint au cours <strong>de</strong> cette expérience.La Figure V.4b présente différents spectres XANES enregistrés au seuil K dugermanium pour le composé NaGaGe 3 O 8 . Le spectre correspondant à l’échantillon <strong>de</strong> départ(25 °C) traduit <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> germanium en coordinence 4 dans le verre anhydre (voir Fig.V.2b). Lors <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> température, les spectres XANES enregistrés à 402 et884 °C (miscibilité complète) ne présentent aucune variation majeure <strong><strong>de</strong>s</strong> différentescaractéristiques spectrales (notées A, B et C). Seule une légère atténuation <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie b<strong>la</strong>nchetraduit l’augmentation <strong>de</strong> l’agitation thermique au sein <strong>de</strong> l’échantillon. De même, le spectreXANES correspondant à l’échantillon trempé reste très simi<strong>la</strong>ire au spectre XANESenregistré in situ. Par conséquent, l’environnement structural à courte distance autour dugermanium n’est pas affecté <strong>de</strong> manière significative par <strong>la</strong> teneur en eau, tant à l’état vitreuxque dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> haute température.203


3. ConclusionDans ce chapitre, nous avons présenté <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences visant à caractériser lecomportement d’éléments formateurs <strong>de</strong> réseau analogues (gallium et germanium) dans unsystème <strong>de</strong> type albite (NaGaGe 3 O 8 ). Dans les conditions ambiantes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong>pression, ces <strong>de</strong>ux éléments apparaissent principalement en coordinence 4. De plus, nousavons montré qu’à l’état liqui<strong>de</strong> (conditions <strong>de</strong> haute température), le germanium resteexclusivement en coordinence 4 dans ce type <strong>de</strong> système. De <strong>la</strong> même manière, lesexpériences effectuées en presse « Paris-Edinburgh » montrent que <strong>la</strong> pression couplée à <strong>la</strong>température (environ 900 °C et 2,2 GPa) n’affecte en rien <strong>la</strong> structure locale autour dugermanium. Enfin, <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences réalisées en cellule à enclumes diamants ont permis <strong>de</strong>montrer que <strong>la</strong> teneur en eau du système à l’état liqui<strong>de</strong> in situ n’affecte pas non plus <strong>la</strong>structure locale autour du germanium ; ce <strong>de</strong>rnier restant exclusivement en coordinence 4dans le liqui<strong>de</strong> hydraté.204


Chapitre VI :Discussion205


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1. Spéciation1.1. Conditions ambiantes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression1.1.1. Effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> polymérisationDans le cas <strong>de</strong> verres sodiques, une analyse couplée <strong><strong>de</strong>s</strong> parties pré-seuils, XANES etEXAFS <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X a permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce l’effet du<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation du réseau vitreux sur l’environnement local du nickel. Ainsi, pourdifférentes compositions vitreuses <strong>de</strong> type NS2, NS3, NS4 et albite, le nickel apparaîtmajoritairement en coordinence 5. Cependant, nous avons pu constater que les forts <strong>de</strong>grés <strong>de</strong>polymérisation favorisent significativement <strong>la</strong> présence d’environnements <strong>de</strong> type NiO 4 . Eneffet, pour le verre <strong>de</strong> type albite, les spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel mettenten évi<strong>de</strong>nce une coordinence moyenne du nickel <strong>de</strong> 4,6 ± 0,2 (voir Fig. III.9). Pour ce mêmeverre, les spectres EXAFS ont permis d’extraire <strong><strong>de</strong>s</strong> distances Ni−O proches <strong>de</strong> 1,995 Å, alorsqu’elles sont d’environ 2,022 Å pour les autres compositions (voir Tab. III.2). De plus, l’état<strong>de</strong> désordre structural local apparaît beaucoup plus important dans les verres très fortementpolymérisés <strong>de</strong> type albite (c 3 = 8,5.10 -4 Å 3 ). Cependant, dans les verres dépolymérisés <strong><strong>de</strong>s</strong>ilicate <strong>de</strong> sodium, le désordre augmente nettement lorsque le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation duréseau diminue (2,4.10 -4 , 4,2.10 -4 et 6,7.10 -4 Å 3 pour les verres <strong>de</strong> type NS4, NS3 et NS2,respectivement).L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> spectres XANES, enregistrés au seuil K du zirconium pour trois verres <strong>de</strong>type NS3, albite et haplorhyolite (Zr-2000 ppm), suggère que le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisationn’affecte pas <strong>de</strong> manière significative l’environnement structural direct du zirconium (Fig.IV.1). En se basant sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Farges et Rossano (2000), le zirconium est donc localisémajoritairement en site octaédrique <strong>de</strong> type ZrO 6 dans ce type <strong>de</strong> verre. Cependant, uneapproche par spectroscopie EXAFS nous a permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce une diminutionsignificative <strong><strong>de</strong>s</strong> distances interatomiques Zr–O lorsque le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation du verreaugmente (Fig. IV.3). En effet, les distances Zr–O moyennes sont <strong>de</strong> 2,11 Å pour le verre <strong>de</strong>type NS3, alors qu’elles sont d’environ 2,09 Å pour les verres d’albite et d’haplorhyolite. Cesrésultats suggèrent donc une coordinence moyenne du zirconium légèrement plus importantedans les verres faiblement polymérisés. Il est alors possible d’envisager <strong>la</strong> présence, en faibleproportion, d’environnements <strong>de</strong> type ZrO 7 et ZrO 8 . De plus, nous pouvons noter une207


influence significative du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation sur le désordre structural local autour duzirconium, ce <strong>de</strong>rnier étant toutefois re<strong>la</strong>tivement faible. En effet, le paramètre anharmoniquec 3 est égal à 1,8(5).10 -4 Å 3 pour le verre <strong>de</strong> type NS3, alors qu’il est d’environ 3,0(5).10 -4 Å 3pour les verres d’albite et d’haplorhyolite. Par ailleurs, aucune différence significative n’estobservée entre ces <strong>de</strong>ux verres fortement polymérisés, tant au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence duzirconium, que du désordre structural local. Pour ce type <strong>de</strong> verre, les variations <strong>de</strong>composition chimiques ne semblent donc pas jouer un rôle majeur sur <strong>la</strong> spéciation duzirconium.Pour le nickel autant que pour le zirconium, les variations <strong>de</strong> composition chimiqueentre <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> type NS3, albite ou haplorhyolite n’ont pas mis en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>modification significative du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> leurs spéciations. Cependant, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong>polymérisation du réseau vitreux affecte sensiblement leurs environnements structurauxrespectifs. En effet, pour ces <strong>de</strong>ux éléments, nous pouvons constater une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong>coordinence moyenne, couplée à une augmentation <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> désordre local, lorsque le<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation augmente.Les différences <strong>de</strong> viscosité entre les verres fortement polymérisés (albite ethaplorhyolite) et les verres dépolymérisés (NS2, NS3 et NS4) sont généralement corrélées à<strong><strong>de</strong>s</strong> différences <strong>de</strong> diffusivité pour <strong>la</strong> plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments (Chakraborty 1995). D’une manièregénérale, <strong>la</strong> diffusivité <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments diminue lorsque <strong>la</strong> viscosité augmente. Ainsi, pour <strong><strong>de</strong>s</strong>vitesses <strong>de</strong> trempe i<strong>de</strong>ntiques lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> synthèse, les verres fortement polymérisés peuventêtres considérés comme « plus représentatifs » <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure du liqui<strong>de</strong> à haute température.Dans le cas du nickel, une telle hypothèse suggère alors plutôt une coordinence 4 à l’étatliqui<strong>de</strong>, en se basant sur <strong>la</strong> spéciation du nickel dans le verre d’albite à température ambiante(4,6 ± 0,2). De <strong>la</strong> même façon, le zirconium tendrait vers une coordinence 6 dans les liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>silicatés, en se basant sur les verres d’albite et d’haplorhyolite ; <strong><strong>de</strong>s</strong> coordinences plus fortes(type ZrO 7 et/ou ZrO 8 ) étant légèrement favorisées dans les verres dépolymérisés àtempérature ambiante.1.1.2. Effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentrationNous avons ensuite tenté d’estimer l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration en nickel dans différentstypes <strong>de</strong> verres alcalins. Pour un verre <strong>de</strong> type NS3, une analyse <strong>de</strong> spectres EXAFS montrequ’une variation <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en nickel <strong>de</strong> 2000 ppm à 2,0 p.% n’impose pas <strong>de</strong> modifications208


significative dans l’environnement structural local <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong>de</strong> nickel (Fig. III.17). En effet,les distances interatomiques Ni−O et l’état <strong>de</strong> désordre local ne sont pas directement affectéspar les variations <strong>de</strong> concentration en nickel. Cependant, <strong>la</strong> même analyse effectuée pour unverre <strong>de</strong> type albite (Fig. III.20) met en évi<strong>de</strong>nce une augmentation <strong><strong>de</strong>s</strong> distances Ni−Oproche <strong>de</strong> 0,01 Å lorsque <strong>la</strong> teneur en nickel passe d’environ 2000 ppm à 2,0 p.%. De plus,pour une telle augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en nickel, le paramètre anharmonique (c 3 ) varie <strong>de</strong>8,5(5).10 -4 à 2,1(5).10 -4 Å 3 ; traduisant ainsi un état <strong>de</strong> désordre structural local environ quatrefois moins important dans le cas du verre fortement concentré.Notons aussi que dans le verre <strong>de</strong> type NS3, l’environnement à moyenne distanceautour <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong>de</strong> nickel est essentiellement constitué d’atomes <strong>de</strong> silicium secondsvoisins, indépendamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en nickel (Fig. III.18). En revanche, dans le verre <strong>de</strong>type albite, les atomes <strong>de</strong> silicium sont en gran<strong>de</strong> partie remp<strong>la</strong>cés par <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong>de</strong> nickellorsque <strong>la</strong> teneur totale en nickel passe <strong>de</strong> 2000 ppm à 2,0 p.% (Fig. III.21). Une telleobservation suggère donc un effet significatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration en nickel dans lescompositions fortement polymérisées. Cet effet se traduit principalement par unepolymérisation du nickel dans le verre, faisant ainsi apparaître <strong><strong>de</strong>s</strong> « domaines <strong>de</strong>nses » ; enaccord avec les observations faites dans les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> Cormier et al. (1999) et <strong>de</strong> Galoisy et al.(2000).En utilisant <strong>la</strong> théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> forces <strong>de</strong> liaisons électrostatiques « Bond Valence » (Brownet Altermatt 1985) couplée à <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> loi <strong>de</strong> Pauling, il est possible <strong>de</strong> proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> modèlesstructuraux traduisant les informations obtenues par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons Xpour l’environnement à courte et moyenne distance autour du nickel. La Figure VI.1a proposeun modèle <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure locale du nickel dans le cas d’un verre <strong>de</strong> type NS3 ou albitefaiblement concentré (~ 2000 ppm <strong>de</strong> nickel). Dans ce cas, l’environnement moyen du nickel,au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’enveloppe d’atomes d’oxygène premiers voisins, est essentiellement constituéd’atomes <strong>de</strong> sodium et <strong>de</strong> silicium. Parallèlement, <strong>la</strong> Figure VI.1b propose un modèlestructural générique pour un verre d’albite plus fortement concentré en nickel (~ 2 p.%). Dansce cas, l’environnement d’atomes seconds voisins inclut <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong>de</strong> sodium, <strong>de</strong> silicium,mais aussi <strong>de</strong> nickel. Concernant les verres <strong>de</strong> type albite, chaque atome <strong>de</strong> silicium peut êtreremp<strong>la</strong>cé par un atome d’aluminium formateur <strong>de</strong> réseau (s = 0,77 uv) et un atome <strong>de</strong> sodium.209


Ces <strong>de</strong>ux modèles structuraux mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> présence d’atomes d’oxygènenon-pontants dans les verres <strong>de</strong> type albite (théoriquement 100 % polymérisés). Ces atomesd’oxygène non-pontants sont en liaison avec les atomes <strong>de</strong> nickel, signifiant que ce <strong>de</strong>rnierjoue un rôle dépolymérisateur au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure. Notons par ailleurs que les atomesd’oxygène non-pontants sont introduits au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> synthèse <strong><strong>de</strong>s</strong> verres, lenickel étant généralement rajouté à <strong>la</strong> composition <strong>de</strong> départ sous forme d’oxy<strong>de</strong> (NiO).Fig. VI.1 − Modèles structuraux selon <strong>la</strong> théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> « Bond Valence » pour l’environnement du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong>verres <strong>de</strong> type, (a) NS3 ou albite (Ni-2000 ppm) ; (b) albite (Ni-2 p.%).Indépendamment du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> polymérisation du verre, l’environnement structural àcourte distance du nickel, en particulier sa coordinence moyenne, est re<strong>la</strong>tivement peu affectépar les variations <strong>de</strong> concentration en nickel (pour <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs maximales d’environ 2 p.%).Cependant, bien que l’environnement structural à moyenne distance (enveloppe d’atomesseconds voisins) ne soit pas significativement affecté par les variations <strong>de</strong> concentration dansles verres dépolymérisés, il présente <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges modifications dans le cas <strong>de</strong> verres fortementpolymérisés. Ces <strong>de</strong>rniers faisant apparaître une répartition hétérogène du nickel, sous <strong>la</strong>forme possible <strong>de</strong> domaines <strong>de</strong>nses re<strong>la</strong>tivement ordonnés, comme suggéré par les travaux <strong>de</strong>Cormier et al. (1999) et <strong>de</strong> Galoisy et al. (2000).1.1.3. Effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eauLa teneur en eau <strong><strong>de</strong>s</strong> verres silicatés joue un rôle majeur sur l’environnement structurallocal du nickel. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Farges et al. (2001b) met en évi<strong>de</strong>nce une tendance prononcéevers <strong>la</strong> coordinence 6 pour les fortes teneurs en eau. Plus particulièrement, pour lescompositions fortement polymérisées <strong>de</strong> type albite, le changement <strong>de</strong> coordinence est très netlorsque <strong>la</strong> teneur en eau atteint environ 4 p.%. Cependant, ce changement <strong>de</strong> coordinence210


traduit essentiellement un phénomène <strong>de</strong> nanocristallisation du nickel dans une phase <strong>de</strong> typephyllosilicate hydraté. En revanche, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> compositions dépolymérisées (<strong>de</strong> type NS3),l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau tend à favoriser progressivement le nickel en coordinence6 en environnement amorphe.Afin <strong>de</strong> mieux comprendre les différences observées au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> spéciation dunickel pour ces différents types <strong>de</strong> compositions vitreuses, nous avons effectué une synthèse<strong>de</strong> verre d’albite hydraté (contenant 8 à 9 p.% d’eau), avec <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> trempe <strong>de</strong>l’ordre <strong>de</strong> 400 °C/s pour <strong>la</strong> partie <strong>la</strong> plus externe <strong>de</strong> l’échantillon. Cette synthèse a été réaliséepar Max Wilke à l’<strong>Institut</strong> <strong>de</strong> Minéralogie <strong>de</strong> l’Université d’Hannovre (Allemagne).L’échantillon ayant été synthétisé dans une capsule <strong>de</strong> p<strong>la</strong>tine <strong>de</strong> 4 mm <strong>de</strong> diamètre (voirdétails Chapitre I), <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> trempe est estimée à environ 300 °C/s pour <strong>la</strong> partie interne.Une découpe transversale met alors en évi<strong>de</strong>nce une zonation très nette entre le bord et lecentre <strong>de</strong> l’échantillon (voir Fig. III.23). En bordure d’échantillon, le verre est d’aspect brun -transluci<strong>de</strong>, alors qu’au centre, il présente un aspect verdâtre et opaque. Pour ces différenteszones, <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses par microson<strong>de</strong> électronique et par spectroscopie Raman ont permis <strong>de</strong>vérifier l’homogénéité <strong>de</strong> répartition du nickel et <strong>de</strong> l’eau. Une telle variation <strong>de</strong> couleur entre<strong>la</strong> périphérie et <strong>la</strong> partie centrale <strong>de</strong> l’échantillon suggère alors une modification <strong>de</strong> <strong>la</strong>structure locale autour du nickel. En effet, l’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES enregistrés au seuilK du nickel pour ces <strong>de</strong>ux zones met en évi<strong>de</strong>nce une coordinence moyenne <strong>de</strong> 5,2 ± 0,2 enpériphérie <strong>de</strong> l’échantillon, et <strong>de</strong> 5,7 ± 0,2 pour <strong>la</strong> partie centrale (voir Fig. III.25). Ceschangements <strong>de</strong> coordinence sont validés par une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie EXAFS <strong><strong>de</strong>s</strong> spectresd’absorption, mettant en évi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> distances Ni–O <strong>de</strong> 2,04 Å en bordure d’échantillon, et<strong>de</strong> 2,11 Å au centre ; l’état <strong>de</strong> désordre structural étant simi<strong>la</strong>ire dans les <strong>de</strong>ux cas(c 3 = 4,5.10 -3 Å 3 et 4,9.10 -3 Å 3 , respectivement). Par ailleurs, au centre <strong>de</strong> l’échantillon,l’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS a permis <strong>de</strong> détecter <strong>la</strong> présence d’atomes <strong>de</strong> nickel secondsvoisins en environnement cristallin, en accord avec <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> nanocristaux nickélifèresdans ce type <strong>de</strong> verre (Farges et al. 2001b).Ainsi, nous avons pu mettre en évi<strong>de</strong>nce que les phénomènes <strong>de</strong> nanocristallisation dunickel dans les verres alcalins hydratés sont essentiellement liés à <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> trempe lors <strong>de</strong><strong>la</strong> synthèse <strong>de</strong> l’échantillon. Par ailleurs, si pour <strong><strong>de</strong>s</strong> compositions <strong>de</strong> type NS3, le nickel setrouve essentiellement en coordinence 6, plus ou moins complexé par <strong><strong>de</strong>s</strong> molécules d’eau ou<strong><strong>de</strong>s</strong> groupements OH (voir Farges et al. 2001b), il n’en est pas <strong>de</strong> même pour <strong><strong>de</strong>s</strong>211


compositions fortement polymérisées <strong>de</strong> type albite. Les résultats suggèrent donc unespéciation in situ du nickel différente, selon que <strong>la</strong> matrice hydratée est <strong>de</strong> type NS3 ou albite.En effet, lorsque les vitesses <strong>de</strong> trempe sont suffisamment rapi<strong><strong>de</strong>s</strong> pour éviter touterecristallisation, le nickel apparaît en coordinence 6 dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verres dépolymérisés <strong>de</strong> typeNS3, alors qu’il apparaît majoritairement en coordinence 5 dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verres fortementpolymérisés <strong>de</strong> type albite.Dans le cas du zirconium, l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur en eau <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons vitreux est<strong>la</strong>rgement plus modéré que dans le cas du nickel. Pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres hydratés <strong>de</strong> type albite ethaplorhyolite (Zr-2000 ppm), les différents spectres XANES enregistrés au seuil K duzirconium présentent toutefois <strong><strong>de</strong>s</strong> modifications sensibles avec <strong>la</strong> teneur en eau. Notamment,nous pouvons observer une intensification significative <strong>de</strong> <strong>la</strong> résonance B (voir Fig. IV.5 etIV.9) au niveau du seuil d’absorption, suggérant un léger effet <strong>de</strong> re<strong>la</strong>xation structuralelorsque <strong>la</strong> teneur en eau augmente, en accord avec l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Farges et Rossano (2000). Plusprécisément, cette caractéristique spectrale suggère une structure à moyenne distance, autourdu zirconium, légèrement plus ordonnée. Par ailleurs, l’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS (Fig.IV.7 et IV.11), pour <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> type albite et haplorhyolite, ne suggère pas <strong>de</strong> modificationsignificative au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> distances interatomiques Zr–O, ou encore <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> désordrestructural local du zirconium lorsque <strong>la</strong> teneur en eau <strong><strong>de</strong>s</strong> verres varie d’environ 0 à 8 p.%.L’eau a donc un effet très différent concernant l’environnement structural du nickel etdu zirconium dans les verres silicatés. Notamment, <strong>la</strong> teneur en eau modifie dramatiquementl’environnement local du nickel (<strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> trempe jouant un rôle prépondérant sur saspéciation), alors que l’environnement du zirconium est particulièrement peu affecté. Unetelle sensibilité du nickel vis-à-vis <strong>de</strong> l’eau, en particulier sa forte tendance à <strong>la</strong> cristallisationen phase <strong>de</strong> type phyllosilicate hydraté, suggère fortement <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> groupement OH ou<strong>de</strong> molécule d’eau dans son environnement direct. Cependant, les verres hydratésdépolymérisés favorisent nettement <strong>la</strong> coordinence 6 à l’état liqui<strong>de</strong> à pression ambiante(Farges et al. 2001b), alors que les verres hydratés fortement polymérisés favorisent <strong>la</strong>coordinence 5. La théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> « Bond Valence » permet alors <strong>de</strong> proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> modèlesstructuraux concernant l’environnement local du nickel. Pour ces modèles, les forces <strong>de</strong>liaisons <strong><strong>de</strong>s</strong> groupements OH et <strong><strong>de</strong>s</strong> molécules d’eau sont d’environ 0,7 uv et 0,2 uv,respectivement (Brown 1992). Dans le cas d’un verre hydraté <strong>de</strong> type NS3 (Fig. VI.2a), il estpossible d’envisager un atome <strong>de</strong> silicium second voisin, ainsi qu’un proton formant un212


groupement hydroxyle avec l’oxygène premier voisins (voir Farges et al. 2001b). Enrevanche, <strong>la</strong> présence d’un groupement OH dans l’environnement direct du nickel au seind’un verre hydraté <strong>de</strong> type albite n’est pas probable. En effet, <strong>la</strong> force <strong>de</strong> liaison du nickel encoordinence 5 (s ≈ 0,4 uv) est trop importante pour autoriser une force <strong>de</strong> liaisonsupplémentaire <strong>de</strong> 0,7 uv. Toutefois, il est possible <strong>de</strong> considérer <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes <strong>de</strong> silicium, <strong><strong>de</strong>s</strong>odium ainsi qu’une molécule d’eau distante (voir Fig. VI.2b). Pour ce modèle, les forces <strong>de</strong>liaisons pour les atomes <strong>de</strong> sodium et pour les molécules d’eau sont du même ordre <strong>de</strong>gran<strong>de</strong>ur. Il est donc possible d’envisager une substitution <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux espèces chimiquesdans l’environnement structural à moyenne distance autour du nickel.Fig. VI.2 – Modèles structuraux selon <strong>la</strong> théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> « Bond Valence » pour l’environnement du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong>verres hydratés <strong>de</strong> type, (a) NS3 ; (b) albite.De telles interactions entre l’eau et le nickel dans les verres silicatés <strong>la</strong>issent supposerque cet élément peut être mobilisé <strong>de</strong> manière significative par <strong>la</strong> phase aqueuse lors duprocessus d’exsolution <strong>de</strong> l’eau au cours <strong>de</strong> l’ascension <strong>de</strong> magmas volcaniques calcoalcalins.Le zirconium en revanche ne présente que peu <strong>de</strong> modifications avec <strong>la</strong> teneur en eau<strong><strong>de</strong>s</strong> verres silicatés. L’eau ne semble donc pas intervenir dans son environnement structuraldirect. Cependant, cette faible affinité avec l’eau permet <strong>de</strong> caractériser « indirectement »l’état <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure du verre à moyenne distance. En particulier, nous avons pu observer unelégère diminution <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> désordre <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure globale <strong><strong>de</strong>s</strong> verres fortementpolymérisés (<strong>de</strong> type albite et haplorhyolite) lorsque <strong>la</strong> teneur en eau augmente. De tellesobservations sont en accord avec les travaux <strong>de</strong> Kohn et al. (1998).213


1.2. Conditions <strong>de</strong> haute températureLes expériences réalisées à haute température ont permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce leseffets <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>xation structurale <strong>de</strong> différents types <strong>de</strong> verres sur l’environnement d’élémentsformateurs et modificateurs <strong>de</strong> réseau. Notamment, les spectres XANES enregistrés au seuil Kdu germanium pour un verre d’albite analogue (NaGaGe 3 O 8 ) montrent que le germanium,initialement en coordinence 4 à température ambiante, reste majoritairement en coordinence 4à l’état liqui<strong>de</strong> (voir Fig. V.3a) ; l’expérience ayant été réalisée jusqu’à 910 °C, bien au-<strong>de</strong>là<strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong> transition vitreuse. Un tel résultat suggère donc que l’environnementstructural local du silicium dans les verres silicatés ne présente pas <strong>de</strong> modification majeuredue à <strong>la</strong> re<strong>la</strong>xation structurale à haute température, en accord avec les observations faites parRésonance Magnétique Nucléaire (Stebbins 1995).En revanche, les spectres XANES enregistrés au seuil K du nickel pour différentsverres et liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés mettent en évi<strong>de</strong>nce d’important changement dans l’organisationstructurale à courte et moyenne distance autour du nickel. En particulier, les résultats baséssur l’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils et <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES pour un verre fortement dépolymérisé <strong>de</strong>type NS2 (Ni-2000 ppm) mettent en évi<strong>de</strong>nce un changement <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence moyenne dunickel, qui passe <strong>de</strong> 5 dans le verre vers 6 dans le liqui<strong>de</strong> surfondu (entre 550 et 750 °Cenviron). De plus, dans cette gamme <strong>de</strong> température, les spectres XANES mettent en évi<strong>de</strong>nce<strong>la</strong> présence d’atomes <strong>de</strong> nickel seconds voisins en environnement cristallin <strong>de</strong> type bunsénite(NiO). Cependant, le nickel passe c<strong>la</strong>irement en coordinence 4 à l’état liqui<strong>de</strong> proprement dit(jusqu’à 1030 °C ; voir Fig. III.38a et III.41a), en accord avec l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Farges et al. 1994.Dans le cas d’un verre <strong>de</strong> type albite contenant 2000 ppm <strong>de</strong> nickel, <strong>la</strong> températuresemble avoir un effet plus modéré (voir Fig. III.38b et III.41b). En effet, pour <strong><strong>de</strong>s</strong>températures <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 1100 °C, aucune modification significative <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordinence dunickel n’est observée. De même qu’à température ambiante, le nickel est donc essentiellementréparti en site <strong>de</strong> type NiO 5 et NiO 4 ; sa coordinence moyenne étant <strong>de</strong> 4,6 ± 0,2. Cependant,bien que l’échantillon ait visiblement fondu en cours d’expérience, il est possible que <strong>la</strong>structure n’ait pas été totalement re<strong>la</strong>xée du fait <strong>de</strong> l’importante viscosité <strong>de</strong> cettecomposition. En effet, selon <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> trempe mise en jeu, <strong>la</strong> température <strong>de</strong> transitionvitreuse d’un verre d’albite est re<strong>la</strong>tivement importante, typiquement comprise entre 800 et900 °C (Richet et Bottinga 1995). Ceci permettait d’expliquer l’importante stabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong>coordinence du nickel observée entre 25 °C et 1100 °C.214


Par ailleurs, une étu<strong>de</strong> à haute température par « quick-XANES » a été réalisée pourun échantillon vitreux <strong>de</strong> type NS3 contenant 8 p.% d’eau et 2 p.% <strong>de</strong> nickel. Pour ce mo<strong>de</strong>d’acquisition, l’enregistrement d’un spectre nécessite moins <strong>de</strong> trois minutes. Ainsi,l’échantillon a été porté à l’état liqui<strong>de</strong> (jusqu’à 910 °C) moins <strong>de</strong> 5 minutes au total.Cependant, en se basant sur les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> effectuées sur les verres hydratés à températureambiante, le spectre XANES enregistré au seuil K du nickel pour l’échantillon trempé met enévi<strong>de</strong>nce une très <strong>la</strong>rge déshydratation <strong>de</strong> l’échantillon. En effet, le nickel se trouveinitialement en coordinence 6, alors qu’à <strong>la</strong> trempe, sa coordinence moyenne est <strong>de</strong> 4,9 ± 0,2.Par ailleurs, nous pouvons constater une coordinence moyenne du nickel <strong>de</strong> 4,1 ± 0,2 dans leliqui<strong>de</strong> silicaté déshydraté à 910 °C.Par conséquent, pour les différentes compositions chimiques abordées, le nickelmontre une tendance générale à passer d’une coordinence 5 à l’état vitreux vers unecoordinence 4 à l’état liqui<strong>de</strong>. La Figure VI.3 propose alors un modèle structural à courte etmoyenne distance autour du nickel dans les liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés à haute température, basé sur <strong>la</strong>théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> « Bond Valence ». Pour ce modèle, les valeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> forces <strong>de</strong> liaisonscorrespon<strong>de</strong>nt à <strong><strong>de</strong>s</strong> températures proches <strong>de</strong> 1000 °C (Brown et Altermatt 1985). Le nickelétant localisé en site tétraédrique, les atomes d’oxygène premiers voisins sont, en moyenne,liés à un atome <strong>de</strong> silicium et trois atomes <strong>de</strong> sodium (Fig. VI.3a). Notons cependant que leremp<strong>la</strong>cement d’un atome <strong>de</strong> silicium par un atome d’aluminium implique l’ajout d’un atome<strong>de</strong> sodium, en position <strong>de</strong> compensateur <strong>de</strong> charge, dans l’environnement direct <strong>de</strong> l’oxygène(Fig. VI.3b).Fig. VI.3 − Modèles structuraux selon <strong>la</strong> théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> « Bond Valence » pour l’environnement du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong>liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés à haute température, basés sur <strong>la</strong> présence d’atomes seconds voisins <strong>de</strong> silicium (a), oud’aluminium (b).215


1.3. Conditions <strong>de</strong> haute température et <strong>de</strong> haute pressionLe comportement du germanium dans un verre <strong>de</strong> type albite analogue (NaGaGe 3 O 8 ) aété caractérisé par spectroscopie XANES à haute température et haute pression. Deuxexpériences ont alors été réalisées. D’une part, l’utilisation d’une presse <strong>de</strong> type « Paris-Edinburgh » a permis <strong>de</strong> caractériser l’échantillon en milieu anhydre jusqu’à 905 °C et2,2 GPa. D’autre part, l’utilisation d’un système <strong>de</strong> cellule à enclumes diamant a permis unecaractérisation en milieu aqueux, jusqu’à 884 °C et 500 MPa environ. Dans les <strong>de</strong>ux cas, lesrésultats mettent en évi<strong>de</strong>nce une coordinence moyenne <strong>de</strong> 4 pour le germanium,indépendamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression, <strong>de</strong> <strong>la</strong> température ou encore <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence d’eau dansl’échantillon. En particulier, les différents spectres XANES enregistrés ne présentent aucunemodification majeure entre le liqui<strong>de</strong> anhydre et le liqui<strong>de</strong> hydraté. Un tel résultat suggèredonc un environnement à moyenne distance autour du germanium peu ou pas affecté par <strong>la</strong>présence d’eau dans les magmas. En effet, bien que les protons ne soient pas directementdétectables par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X, <strong>la</strong> présence d’eau (OH et/ou H 2 O)dans l’environnement direct du germanium tendrait à dépolymériser le réseau, et ainsi àmodifier l’organisation structurale à moyenne distance. Par analogie, ces résultats suggèrentdonc une stabilité importante <strong>de</strong> l’environnement structural du silicium à courte distance dansles verres et liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés hydratés. Toutefois, <strong>la</strong> présence d’eau dans l’environnementdirect du germanium ne peut être exclue <strong>de</strong> manière catégorique, et une étu<strong>de</strong> plus précise parspectroscopie EXAFS <strong>de</strong> l’environnement atomique « seconds voisins » autour du germaniumdans <strong><strong>de</strong>s</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> hydratés reste nécessaire.Dans le cas du zirconium, nous avons réalisé l’étu<strong>de</strong> d’un verre anhydre <strong>de</strong> type NS3 àhaute température et haute pression, en utilisant un système <strong>de</strong> presse « Paris-Edinburgh ».Les conditions atteintes en cours d’expérience sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 1200 °C et 5 GPa. Différentsspectres XANES enregistrés au seuil K du zirconium ont alors permis <strong>de</strong> caractériserl’environnement structural local du zirconium dans le liqui<strong>de</strong> silicaté in situ. Dans lesconditions ambiantes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pression, <strong>la</strong> coordinence du zirconium estlégèrement supérieure à 6 dans un verre silicaté <strong>de</strong> type NS3 (voir Fig. IV.3). En se basant surle spectre XANES enregistré dans les conditions ambiantes, il est alors possible d’interpréterle spectre XANES enregistré in situ. Ce spectre traduit une coordinence moyenne duzirconium sensiblement inférieure à <strong>la</strong> coordinence moyenne observée dans les conditionsambiantes. Ainsi, le zirconium apparaît essentiellement en coordinence 6 à 1200 °C et 5 GPa(voir Fig. IV.12b). Cet élément ne présente donc pas <strong>de</strong> modification majeure au niveau <strong>de</strong>216


son environnement structural à courte distance dans les gammes <strong>de</strong> température et <strong>de</strong> pressionétudiées. Les images « figées » données par les différents verres peuvent donc être, enpremière approximation pour le zirconium, représentatives <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions in situ <strong>de</strong> magmassilicatés.Les différentes expériences réalisées en cellule à enclumes diamant ont permis <strong>de</strong>déterminer <strong>la</strong> spéciation du nickel dans différents types <strong>de</strong> magmas hydratés à hautetempérature et haute pression. Deux expériences ont été réalisées pour un composé vitreuxdépolymérisé <strong>de</strong> type NS3. Les températures atteintes en cours d’expérience sont <strong>de</strong> l’ordre<strong>de</strong> 700 à 900 °C, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions inférieures à 500 MPa. Dans les <strong>de</strong>ux cas, lesinformations extraites <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-seuils et <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres XANES, enregistrés au seuil K du nickel,ont permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce une coordinence moyenne <strong>de</strong> 4 pour le nickel dans lesmagmas hydratés in situ. Par ailleurs, une troisième expérience a été réalisée pour un verrefortement polymérisé <strong>de</strong> type haplorhyolite, saturé en eau, et contenant environ 1,3 p.% <strong>de</strong>nickel. Pour cette expérience, les conditions températures étaient <strong>de</strong> 780 °C pour une pressiond’environ 520 MPa. Dans ce cas, les spectres XANES enregistrés au seuil K du nickeltraduisent également une coordinence moyenne <strong>de</strong> 4 pour le nickel.Ces résultats montrent que les différents états <strong>de</strong> coordinence du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verressilicatés hydratés en conditions ambiantes ne sont pas représentatifs <strong>de</strong> l’état structural in situ.En effet, dans un verre dépolymérisé hydraté <strong>de</strong> type NS3, le nickel se trouve principalementen coordinence 6, alors que dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verres hydratés fortement polymérisés <strong>de</strong> type albite, i<strong>la</strong>pparaît principalement en coordinence 5. Par ailleurs, nous pouvons remarquer que <strong>la</strong>coordinence du nickel dans les liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés hydratés est i<strong>de</strong>ntique à celle observée dansles liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés anhydres. Par conséquent, aucune interaction directe entre l’eau et lenickel dans les liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés in situ ne peut être c<strong>la</strong>irement mise en évi<strong>de</strong>nce. Dès lors,l’environnement structural du nickel à courte et à moyenne distance peut être décrit commedans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes silicatés anhydres (voir Fig. VI.3). Par analogie, une telle hypothèsepourrait alors suggérer une interaction re<strong>la</strong>tivement faible entre l’eau et le fer dans lesmagmas calco-alcalins naturels.Cependant, <strong>la</strong> présence d’eau sous forme molécu<strong>la</strong>ire dans l’environnement local dunickel ne peut être exclue <strong>de</strong> manière catégorique ; les protons ne pouvant êtres détectésdirectement par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X. De plus, l’hypothèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence217


d’eau dans l’environnement direct du nickel est soutenue par les importants réarrangementsstructuraux observés autour du nickel lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> trempe <strong>de</strong> verres silicatés hydratés. La théorie<strong><strong>de</strong>s</strong> « Bond Valence » permet alors <strong>de</strong> proposer un modèle structural impliquant <strong>la</strong> présenced’eau dans l’environnement proche du nickel (voir Fig. VI.4). Ce modèle est basé sur <strong>la</strong>présence <strong>de</strong> molécules d’eau, et non <strong>de</strong> groupement OH autour du nickel. En effet, <strong>la</strong> présence<strong>de</strong> groupements OH ne peut être envisagée lorsque le nickel se trouve en coordinence 4(s ≈ 0,48 uv). Dans ce cas les atomes d’oxygène autour du nickel seraient « surliés » ; <strong>la</strong>somme <strong><strong>de</strong>s</strong> forces <strong>de</strong> liaisons autour du nickel étant <strong>la</strong>rgement supérieure à 2.Fig. VI.4 − Modèle structural selon <strong>la</strong> théorie <strong><strong>de</strong>s</strong> « Bond Valence » pour l’environnement du nickel dans <strong><strong>de</strong>s</strong>liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés hydratés <strong>de</strong> type NS3 ou haplorhyolite à haute pression et haute température.218


2. Propriétés <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas hydratés2.1. Coefficient <strong>de</strong> partage « eau/magma » du nickelAu cours <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, <strong>de</strong>ux expériences réalisées en cellule à enclumes diamantnous ont permis <strong>de</strong> déterminer le coefficient <strong>de</strong> partage « eau/magma » du nickel. Lessystèmes étudiés sont <strong>de</strong> type albite et haplorhyolite, disposés dans une solution aqueusechlorée dopée en nickel (NiCl 2 -0,35 M). Les teneurs en nickel <strong><strong>de</strong>s</strong> phases aqueuses etsilicatées, déterminées in situ et/ou après équilibration, sont alors basées sur l’interprétationcouplée <strong>de</strong> spectres µ-XANES (saut d’absorption), µ-SXRF et µ-PIXE. Dans le cas <strong>de</strong>l’échantillon <strong>de</strong> type albite, <strong>la</strong> solution aqueuse s’est fortement appauvrie en nickel, passant <strong>de</strong>3,5.10 -4 mol/cm 3 dans <strong>la</strong> solution <strong>de</strong> départ, à 1,53.10 -4 mol/cm 3 dans <strong>la</strong> solution finale. Deplus, <strong>la</strong> concentration en nickel du verre trempé, après cyc<strong>la</strong>ge à 880 °C et 1,15 GPa, est <strong>de</strong>1,39 p.% ; <strong>la</strong>rgement en <strong><strong>de</strong>s</strong>sous <strong>de</strong> <strong>la</strong> saturation en nickel du verre. Par ailleurs, dans le cas <strong>de</strong>l’échantillon <strong>de</strong> type haplorhyolite, équilibré à 780 °C et 520 MPa, <strong>la</strong> solution aqueuse passed’une concentration initiale en nickel <strong>de</strong> 3,5.10 -4 mol/cm 3 , à une concentration finale <strong>de</strong>1,27.10 -4 mol/cm 3 . De plus, <strong>la</strong> concentration en nickel du verre trempé est <strong>de</strong> 1,32 p.%, bienen <strong><strong>de</strong>s</strong>sous du niveau <strong>de</strong> saturation.Les valeurs obtenues pour le coefficient <strong>de</strong> partage « eau/magma » du nickel sont alors0,23 ± 0,02 et 0,22 ± 0,02 pour les composition <strong>de</strong> type albite et haplorhyolite,respectivement. De tels résultats mettent en évi<strong>de</strong>nce une forte affinité du nickel avec <strong>la</strong> phasesilicatée. Cependant, une proportion re<strong>la</strong>tivement importante (environ 20 %) <strong>de</strong> nickel estlocalisée dans <strong>la</strong> phase aqueuse. Ce coefficient <strong>de</strong> partage suggère donc une mobilisationsignificative du nickel par <strong>la</strong> phase aqueuse lors <strong><strong>de</strong>s</strong> processus <strong>de</strong> démixtion au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>phase d’ascension magmatique. Ce partage permet alors <strong>de</strong> mieux comprendre <strong>la</strong> présence <strong>de</strong>nickel dans les vapeurs et les gaz expulsés dans l’atmosphère, pouvant dans certains casatteindre près <strong>de</strong> 1000 g/jour (Symonds et al. 1987 ; Taran et al. 1995 ; Allen et al. 2000). Parailleurs, un tel partage du nickel entre magma silicaté et phase aqueuse permet d’envisager <strong>la</strong>présence <strong>de</strong> minéralisations nickélifères en contexte hydrothermal. Ces résultats soulignentnotamment le rôle fondamental que jouent les divers vo<strong>la</strong>tils dans les magmas volcaniques auniveau <strong><strong>de</strong>s</strong> propriétés <strong>de</strong> transport <strong>de</strong> certains éléments comme les métaux <strong>de</strong> transition. Aumême titre que les mécanismes <strong>de</strong> cristallisation fractionnée, généralement favorisés pour <strong><strong>de</strong>s</strong>219


compositions basiques re<strong>la</strong>tivement peu visqueuses, les mécanismes <strong>de</strong> « dégazage » <strong><strong>de</strong>s</strong>systèmes magmatiques naturels peuvent avoir un impact significatif au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong>caractéristiques géochimiques <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas aci<strong><strong>de</strong>s</strong> plus visqueux.2.2. Densité in situ <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas hydratésEn coup<strong>la</strong>nt l’utilisation d’un système <strong>de</strong> cellule à enclumes diamant à l’analyse parspectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X (basée sur le saut d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> spectresXANES), nous avons pu effectuer une première tentative <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité d’un magmasilicaté hydraté in situ, à haute température et haute pression. La composition du liqui<strong>de</strong>magmatique étudié est <strong>de</strong> type haplorhyolite saturée en eau, contenant près <strong>de</strong> 1,3 p.% <strong>de</strong>nickel. Pour effectuer <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité, les sauts d’absorption sont corrigés d’un facteurd’atténuation basé sur le spectre XANES enregistré au seuil K du nickel pour l’échantillontrempé après cyc<strong>la</strong>ge ; <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité d’un tel échantillon étant estimée à environ 2,3 g/cm 3 (Ochset Lange 1999 ; Richet et al. 2000). Nous obtenons alors une <strong>de</strong>nsité apparente du magmasilicaté proche <strong>de</strong> 1 g/cm 3 pour <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> 780 °C et 520 MPa environ.Les mesures thermodynamiques re<strong>la</strong>tives au volume mo<strong>la</strong>ire partiel <strong>de</strong> l’eau dans lesverres silicatés, juste au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong> transition vitreuse, permettent <strong>de</strong> calculer<strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas contenant une certaine quantité d’eau dissoute dans <strong>la</strong> structure duliqui<strong>de</strong> silicaté (Ochs et Lange 1999 ; Richet et al. 2000). Une telle approche permet ainsid’estimer <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité d’un magma hydraté à 2 g/cm 3environ. Or, <strong>la</strong> valeur mesurée parspectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X est pratiquement <strong>de</strong>ux fois moins importante. Unetelle différence ne peut alors s’expliquer que par <strong>la</strong> présence d’une quantité re<strong>la</strong>tivementimportante d’eau supercritique non-dissoute au sein du matériau. Il est en effet possibled’envisager une certaine proportion d’eau molécu<strong>la</strong>ire « immiscible », non connectée auréseau silicaté, qui formerait <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters ou « nanobulles » à l’échelle nanométrique ; lemé<strong>la</strong>nge hétérogène « eau-magma » étant alors <strong>de</strong> type « émulsion ». Dans cette hypothèse, <strong>la</strong>limite d’exsolution <strong>de</strong> l’eau ne concernerait qu’une faible proportion d’eau effectivementdissoute dans le liqui<strong>de</strong> silicaté (probablement sous forme <strong>de</strong> groupements OHessentiellement liés aux alcalins ; Kohn et al. 1998). De plus, <strong>la</strong> fraction volumique d’eauimmiscible au sein du magma évoluerait re<strong>la</strong>tivement peu au cours <strong>de</strong> l’ascensionmagmatique, par opposition au volume moyen <strong><strong>de</strong>s</strong> bulles d’eau, qui évoluerait <strong>de</strong> manièrecontinue, et probablement non linéaire, <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> formation du magma jusqu’à <strong>la</strong> surface.220


Dans les conditions expérimentales mises en jeu (780 °C / 520 MPa), <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong>l’eau supercritique est proche <strong>de</strong> 0,7 g/cm 3 (basée sur l’équation d’état <strong>de</strong> l’eau ; Haar et al.1984 ; Bakker 2002). De plus, <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité du liqui<strong>de</strong> silicaté hydraté proprement dit est proche<strong>de</strong> 2 g/cm 3 (Ochs et Lange 1999 ; Richet et al. 2000). Il est alors possible d’effectuer uncalcul par combinaison linéaire, <strong>de</strong> manière à estimer <strong>la</strong> fraction mo<strong>la</strong>ire d’eau « immiscible »nécessaire à un mé<strong>la</strong>nge « eau - liqui<strong>de</strong> silicaté » pour obtenir une <strong>de</strong>nsité apparente totaleproche <strong>de</strong> 1 g/cm 3 :ρ eau × x eau + ρ silicate × x silicate ≈ 1 g/cm 3 (avec x silicate = 1 − x eau )Nous obtenons alors une fraction mo<strong>la</strong>ire x eau <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 0,7. La présence d’une tellequantité d’eau molécu<strong>la</strong>ire serait alors en accord avec les travaux <strong>de</strong> Burnham et Jahns(1962), Pail<strong>la</strong>t et al. (1992) ou encore Stal<strong>de</strong>r et al. (2000) qui mettent en évi<strong>de</strong>nce, par diversprocédés expérimentaux, <strong><strong>de</strong>s</strong> quantités d’eau <strong>la</strong>rgement supérieures à 10 p.% dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verressilicatés <strong>de</strong> type albite. Dans l’hypothèse structurale <strong>de</strong> type « émulsion », une telle quantitéd’eau modifierait dramatiquement les propriétés macroscopiques <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas à hautetempérature et haute pression. En particulier, cette quantité d’eau aurait comme influence unediminution importante <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité du magma, ainsi que <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>nsité apparente. Unemeilleure connaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas silicatés hydratés permettrait auxgéophysiciens, par exemple, <strong>de</strong> mieux modéliser les dynamiques <strong>de</strong> rupture au sein <strong><strong>de</strong>s</strong>chambres magmatiques (Jaupart 1996).Des mesures préliminaires par spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X, effectuées surle spectromètre D11 (LURE) au seuil K du germanium pour un composé hydraté <strong>de</strong> typeNaGaGe 3 O 8 , ont permis d’obtenir une <strong>de</strong>nsité d’environ 1,1 g/cm 3 pour <strong><strong>de</strong>s</strong> températuresproches <strong>de</strong> 880 °C et <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions inférieures à 500 MPa. Un tel résultat est en bon accordavec <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> magma hydraté in situ présentée dans ces travaux. Cependant,<strong><strong>de</strong>s</strong> mesures complémentaires, optimisées pour <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsités, restentnécessaires afin <strong>de</strong> conforter plus <strong>la</strong>rgement ces résultats. Notamment, <strong>la</strong> réalisation d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong>par spectroscopie XANES « multi-seuils », en mo<strong>de</strong> transmission micro-focalisé, sur <strong><strong>de</strong>s</strong>sources synchrotron très stable, ai<strong>de</strong>rait fortement à l’aboutissement <strong>de</strong> ce travail.221


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Conclusions générales - Perspectives223


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L’objectif <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> vise à mieux comprendre l’environnement <strong>de</strong> différents types<strong>de</strong> cations dans <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas calco-alcalins hydratés en conditions in situ. Nous nous sommesintéressés en particulier à <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments <strong>de</strong> transition présentant un comportement compatiblecomme le nickel, ou incompatible comme le zirconium ; <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong> ces élémentspouvant atteindre plusieurs dizaines, voire centaines, <strong>de</strong> ppm dans certains systèmesmagmatiques naturels (exemple <strong>de</strong> <strong>la</strong> « New Hebri<strong><strong>de</strong>s</strong> Central Chain » dans le Sud-Ouest duPacifique ; Monzier et al. 1997). Différentes métho<strong><strong>de</strong>s</strong> d’étu<strong>de</strong> ont été utilisées afin <strong>de</strong>caractériser <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes magmatiques analogues <strong>de</strong> type silicates <strong>de</strong> sodium, albite ouhaplorhyolite, tant d’un point <strong>de</strong> vue chimique que structural. Cependant, une <strong>la</strong>rge partie <strong>de</strong>cette étu<strong>de</strong> est axée sur <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> caractérisation structurale par spectroscopied’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X.Ce<strong>la</strong> nous a amené à développer l’utilisation d’un outil efficace pour le traitement etl’interprétation <strong>de</strong> spectres EXAFS, <strong>la</strong> transformation continue en on<strong>de</strong>lettes <strong>de</strong> Cauchy(CCWT). En effet, cette métho<strong>de</strong> d’analyse offre une amélioration considérable <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualitédu traitement du signal. Elle permet notamment <strong>de</strong> caractériser précisément et <strong>de</strong> manièredirecte les différents termes d’amplitu<strong>de</strong> d’un spectre EXAFS, et ainsi d’i<strong>de</strong>ntifier lesdifférents types d’atomes voisins mis en jeu (Muñoz et al. 2003). De plus, nous avons pudévelopper une approche quantitative du traitement <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres EXAFS. Cette approche estbasée sur le filtrage par CCWT <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase pour différentes contributions EXAFS,l’extraction <strong><strong>de</strong>s</strong> déphasages étant généralement effectuée <strong>de</strong> façon théorique en utilisant leco<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul FEFF (Rehr et al. 1992). Cette métho<strong>de</strong> permet d’abor<strong>de</strong>r les processusd’ajustement <strong>de</strong> manière simple et directe. De plus, il en résulte une gran<strong>de</strong> précisionconcernant <strong>la</strong> détermination <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres structuraux tels que les distances interatomiqueset les paramètres anharmoniques (inférieure à 10 -2 Å et 10 -4 Å 3 , respectivement, dans les casfavorables). Une telle précision est en gran<strong>de</strong> partie attribuée à l’importante stabilité <strong>de</strong>l’analyse par CCWT, et en particulier <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> d’extraction <strong><strong>de</strong>s</strong> arêtes pour <strong>la</strong>reconstruction du signal filtré.Par <strong>la</strong> suite, nous projetons <strong>de</strong> poursuivre le développement <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> par uneétu<strong>de</strong> approfondie <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase, <strong>de</strong> façon à mieux caractériser les distorsionsanharmoniques induites par <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> haute température sur les spectres EXAFS. Deplus pour <strong>la</strong> caractérisation <strong>de</strong> contributions EXAFS, nous projetons <strong>de</strong> coupler l’analysequantitative <strong><strong>de</strong>s</strong> termes <strong>de</strong> phase à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> termes d’amplitu<strong>de</strong> afin <strong>de</strong> déterminer225


précisément les paramètres structuraux tels que <strong>la</strong> coordinence <strong>de</strong> l’élément sondé, ou encorele paramètre <strong>de</strong> Debye-Waller traduisant l’état <strong>de</strong> désordre structural et/ou thermique dumatériau étudié.La spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X nous a permis <strong>de</strong> déterminer <strong>la</strong> spéciationdu nickel, du zirconium, du gallium et du germanium dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verres et <strong><strong>de</strong>s</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> typemagmas en conditions in situ. Notamment, cette étu<strong>de</strong> présente les premiers résultats obtenuspar spectroscopie d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons X pour <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas hydratés (silicatés etanalogues) à haute température et haute pression. En plus <strong><strong>de</strong>s</strong> informations re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong>spéciation <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments étudiés, les différents spectres micro-XANES enregistrés in situ nousont permis <strong>de</strong> déterminer <strong><strong>de</strong>s</strong> propriétés importantes <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes magmatiques. Cespropriétés sont essentiellement basées sur <strong>la</strong> valeur du saut d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> différentsspectres XANES ; les sauts d’absorption étant directement fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong>l’élément sondé ainsi que <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité apparente du matériau.La détermination in situ <strong><strong>de</strong>s</strong> concentrations en nickel pour <strong><strong>de</strong>s</strong> phases silicatées et <strong><strong>de</strong>s</strong>phases aqueuses chlorées à l’équilibre, nous a permis en outre <strong>de</strong> calculer les valeurs <strong>de</strong>coefficients <strong>de</strong> partage « eau/magma » pour cet élément. Les résultats mettent en évi<strong>de</strong>nce unegran<strong>de</strong> affinité du nickel pour <strong>la</strong> phase silicatée. Cependant, les coefficients <strong>de</strong> partage« eau/magma » du nickel sont <strong>de</strong> 0,23 ± 0,02 et 0,22 ± 0,02 pour <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes hydratés <strong>de</strong>type albite et haplorhyolite, respectivement. Ces valeurs témoignent donc d’une proportionnon-négligeable, bien que minoritaire, <strong>de</strong> nickel mobilisé par <strong>la</strong> phase aqueuse. En contextevolcanique, une telle mobilisation suggère alors l’expulsion d’une certaine quantité <strong>de</strong> nickeldans l’atmosphère, induite par les phénomènes d’exsolution <strong>de</strong> l’eau au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> remontéemagmatique. Ces résultats sont en accord avec les quantités <strong>de</strong> nickel observées en surface auniveau <strong>de</strong> fumeroles, pouvant atteindre près <strong>de</strong> 1000 g/jour (exemple du Mont Merapi, Java,Indonésie ; Symonds et al. 1987). Par ailleurs, un partage « eau/magma » du nickel <strong>de</strong> l’ordre<strong>de</strong> 0,2 suggère un transport significatif via les flui<strong><strong>de</strong>s</strong> hydrothermaux, ainsi qu’une préconcentrationpossible entraînant <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> gîtes métallifères (exemples d’ophiolitesremobilisées par <strong><strong>de</strong>s</strong> événements métasomatiques : Sainte Marie aux Mines, Alsace ;Freiberg, Saxe ; ou encore Bou-Azzer, Maroc).D’un point <strong>de</strong> vue structural, nous avons pu observer le comportement du nickel dans<strong><strong>de</strong>s</strong> verres et liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés hydratés présentant différents <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> polymérisation. Malgré226


<strong>la</strong> forte dépendance, à l’état vitreux, <strong>de</strong> l’environnement structural du nickel en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong>teneur en eau, cet élément présente <strong>la</strong> même coordinence dans les liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés anhydreset hydratés (sites tétraédriques majoritaires). Une interaction entre l’eau et le nickel dans lesmagmas hydratés n’est donc pas c<strong>la</strong>irement mise en évi<strong>de</strong>nce. Toutefois, un modèle structuralfaisant intervenir <strong><strong>de</strong>s</strong> liaisons <strong>de</strong> type Ni–O–H 2 O reste envisageable (voir Fig. VI.4). Laprésence, en proportion significative, <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> liaison permettrait notamment <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>rles mesures concernant le coefficient <strong>de</strong> partage « eau/magma » du nickel.Par ailleurs, l’environnement à courte distance autour du zirconium ne présente aucunemodification majeure due à <strong>la</strong> présence d’eau dans <strong><strong>de</strong>s</strong> verres silicatés <strong>de</strong> type albite ethaplorhyolite. À l’inverse du nickel, le zirconium ne semble donc pas complexé par <strong><strong>de</strong>s</strong>molécules d’eau ou <strong><strong>de</strong>s</strong> groupements OH dans les verres silicatés hydratés. Cette approchestructurale suggère alors, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions d’équilibre in situ, une mobilisationparticulièrement faible, voire nulle, du zirconium par <strong>la</strong> phase aqueuse. Dans ce cas, lecoefficient <strong>de</strong> partage « eau/magma » pour cet élément serait très probablement proche <strong>de</strong> 0.D’une manière générale, les résultats concernant le comportement du nickel et duzirconium suggèrent une interaction re<strong>la</strong>tivement faible <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments <strong>de</strong> transition avec <strong>la</strong>phase aqueuse dans les liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés hydratés. De plus, le partage « eau/magma » <strong>de</strong> ceséléments ne semble pas être en lien direct avec leurs caractères compatible ou incompatible(partage « magma/cristal »). En revanche, il semble que les cations divalents présentent uneaffinité « re<strong>la</strong>tive » avec <strong>la</strong> phase aqueuse (coefficient <strong>de</strong> partage « eau/magma » du nickel <strong>de</strong>0,2), alors que les cations tétravalents comme le zirconium ne présenteraient aucune affinitéparticulière.L’environnement structural à courte distance autour du germanium, utilisé commeanalogue du silicium dans les magmas, ne présente aucune modification significative liée auxvariations <strong>de</strong> température, <strong>de</strong> pression ou encore <strong>de</strong> teneur en eau dans les gammes étudiées.En effet, pour une composition analogue <strong>de</strong> type albite (NaGaGe 3 O 8 ), le germanium estessentiellement en coordinence 4 dans les verres, ainsi que dans les liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés hydratés.De plus, l’environnement à moyenne distance autour du germanium ne semble pas être affectépar <strong>la</strong> présence d’eau dans le liqui<strong>de</strong> silicaté. Un tel résultat suggère donc que l’eau n’ait pasd’effet « dépolymérisateur » au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure silicatée, en accord avec l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Kohn227


et al. (1998) concernant les mécanismes d’hydratation <strong>de</strong> verres aluminosilicatés fortementpolymérisés.Les résultats obtenus pour <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> magmas hydratés à haute température et hautepression (proche <strong>de</strong> 1 g/cm 3 ), suggère, en plus d’une proportion d’eau dissoute au sein duliqui<strong>de</strong> silicaté, <strong>la</strong> présence d’une importante quantité d’eau molécu<strong>la</strong>ire (peut-être« immiscible » sous forme <strong>de</strong> nanobulles d’eau ?). Dans cette hypothèse, le magma hydratéest décrit comme un mé<strong>la</strong>nge hétérogène d’eau et <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> silicaté hydraté <strong>de</strong> type« émulsion ». Une telle hypothèse apparaît alors cohérente avec les analyses structuralesréalisées in situ pour <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas contenant du germanium et du nickel. En effet, dans <strong><strong>de</strong>s</strong>magmas hydratés <strong>de</strong> type trisilicate <strong>de</strong> sodium ou haplorhyolite, l’eau ne semble pas interagir<strong>de</strong> façon majeure avec les clusters <strong>de</strong> type GeO 4 ou NiO 4 ; l’hydratation du liqui<strong>de</strong> silicatés’effectuant vraisemb<strong>la</strong>blement par le biais <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes modificateurs <strong>de</strong> réseau (<strong>de</strong> typeNa–OH et Na–H 2 O ; Kohn et al. 1998). Dans cette hypothèse structurale, les liaisons entrel’eau (OH et/ou H 2 O) et <strong>la</strong> structure du liqui<strong>de</strong> silicaté sont essentiellement dépendantes <strong><strong>de</strong>s</strong>alcalins. Elles sont donc re<strong>la</strong>tivement limitées d’un point <strong>de</strong> vue quantitatif ; confortant ainsi<strong>la</strong> présence possible d’une quantité d’eau « immiscible » au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure <strong><strong>de</strong>s</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>silicatés. Les propriétés physiques macroscopiques <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas, comme <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité apparenteou <strong>la</strong> « viscosité apparente », seraient alors <strong>la</strong>rgement affectées, modifiant considérablementles caractéristiques dynamiques <strong><strong>de</strong>s</strong> modèles d’ascension magmatique (Jaupart 1996).Afin <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r ces hypothèses, nous envisageons <strong>de</strong> poursuivre <strong>la</strong> caractérisation <strong><strong>de</strong>s</strong>ystèmes magmatiques analogues en cellule à enclumes diamant, à haute température et hautepression. En particulier, il s’avère nécessaire d’effectuer <strong>de</strong> nouvelles mesures in situ <strong>de</strong><strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> magmas hydratés. Pour ce<strong>la</strong>, nous proposons tout d’abord une optimisationexpérimentale visant à enregistrer les spectres micro-XANES en mo<strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>manière à réduire les perturbations liées au facteur d’atténuation. De plus, nous envisageonsd’obtenir une meilleure statistique sur les mesures <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité in situ en effectuant <strong><strong>de</strong>s</strong>« raffinements multi-seuils » en session unique. Cette approche consiste à enregistrersimultanément, pour un même composé in situ, différents spectres XANES correspondant àdifférents seuils d’absorption (par exemple, aux seuils K <strong>de</strong> Zn, Ga, Ge, Zr, etc.). Ensuite,nous proposons une caractérisation précise, en cellule à enclumes diamant, <strong><strong>de</strong>s</strong> effets <strong>de</strong>température et <strong>de</strong> pression sur <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas hydratés, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong>transition vitreuse.228


Par ailleurs, il s’avère nécessaire pour le nickel, le gallium et le germanium, <strong>de</strong>caractériser rigoureusement l’environnement structural lié aux atomes seconds voisins dansdifférents types <strong>de</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés. En effet, une comparaison entre magma anhydre etmagma hydraté, basée sur l’analyse <strong>de</strong> spectres EXAFS, permettrait d’observer l’effet <strong>de</strong>l’eau sur l’environnement « seconds voisins » <strong>de</strong> ces éléments. Ainsi, dans le cas du galliumet du germanium, analogues respectifs <strong>de</strong> l’aluminium et du silicium, il serait possible <strong>de</strong>confirmer l’effet non-dépolymérisateur <strong>de</strong> l’eau sur <strong>la</strong> structure <strong><strong>de</strong>s</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> silicatés. Enrevanche, <strong><strong>de</strong>s</strong> modifications observées dans l’environnement structural à moyenne distanceautour <strong><strong>de</strong>s</strong> atomes formateurs <strong>de</strong> réseau permettraient <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce unedépolymérisation du réseau engendrée par <strong>la</strong> présence d’eau au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure. De tellesinformations structurales sont essentielles pour <strong>la</strong> compréhension <strong><strong>de</strong>s</strong> mécanismes <strong>de</strong>dissolution <strong>de</strong> l’eau dans les magmas et <strong>de</strong> nucléation (éventuelle) <strong><strong>de</strong>s</strong> bulles d’eau pendant <strong>la</strong>phase d’exsolution, ou encore pour <strong>la</strong> mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence d’eau immiscible ausein <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas.Finalement, nous proposons <strong>de</strong> poursuivre <strong>la</strong> comparaison entre éléments compatibleset incompatibles dans les systèmes magmatiques hydratés en étudiant le comportement du ferainsi que celui d’actini<strong><strong>de</strong>s</strong> naturels comme le thorium et l’uranium. Le fer est en effetl’élément <strong>de</strong> transition majeur dans les magmas naturels. Il présente ainsi un intérêtfondamental pour <strong>la</strong> compréhension <strong><strong>de</strong>s</strong> propriétés physiques et structurales <strong><strong>de</strong>s</strong> magmashydratés. Des expériences préliminaires réalisées en cellule à enclumes diamant, encol<strong>la</strong>boration avec Christian Schmidt et Max Wilke, sur le micro-spectromètre ID22 (ESRF)nous ont permis <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r <strong>la</strong> faisabilité d’un tel projet. Notamment, nous avons pu enregistrerdifférents spectres XANES au seuil K du fer pour un verre <strong>de</strong> type haplorhyolite contenant1,0 p.% <strong>de</strong> fer, ainsi que pour une solution aqueuse chlorée contenant 0,3 M <strong>de</strong> fer (voir Fig.VII.1).Par ailleurs, <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences préliminaires, effectuées sur différents verres silicatéshydratés dopés en actini<strong><strong>de</strong>s</strong>, suggèrent <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements très différents selon l’étatd’oxydoréduction <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments et <strong>la</strong> teneur en eau <strong><strong>de</strong>s</strong> verres. Ces données préliminaires,couplées avec celles d’autres éléments compatibles, incompatibles et formateurs <strong>de</strong> réseau,mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements structuraux dans les silicatesfondus en conditions extrêmes. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> systèmes analogues hydratés, à haute températureet haute pression, semble donc indispensable pour une meilleure compréhension <strong>de</strong> <strong>la</strong>229


géochimie <strong><strong>de</strong>s</strong> magmas volcaniques ; les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> réalisées dans les conditions ambiantespouvant conduire à <strong><strong>de</strong>s</strong> conclusions erronées. De plus, bien que l’eau soit l’élément vo<strong>la</strong>til leplus abondant dans les systèmes naturels, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> systèmes enrichis en divers vo<strong>la</strong>tils peutpermettre <strong>de</strong> mieux définir les propriétés <strong>de</strong> transport <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments <strong>de</strong> transition. En effet, leshalogènes (F et Cl), le CO 2 et le soufre peuvent avoir un effet important sur <strong>la</strong> spéciation et letransport en contexte magmatique/hydrothermal (voir entre autres Ayers et Eggler 1995 ; Baiet Koster van Groos 1999 ; Bureau et al. 2003).Absorbance normalisée21Solution aqueuse chlorée(Fe-0,3 M)Verre d'haplorhyolite(Fe-1,0 p.%)07120 7160 7200Energie (eV)Fig. VII.1 − Spectres XANES enregistrés en cellule à enclumes diamant pour un verre <strong>de</strong> type haplorhyolite (Fe-1,0 p.%) et pour une solution aqueuse chlorée (Fe-0,3 M).La disponibilité à court terme <strong>de</strong> nouveaux spectromètres d’absorption <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons Xmicro-focalisés, sur <strong><strong>de</strong>s</strong> sources stabilisées <strong>de</strong> 3 ème génération (comme ESRF en France, maisaussi SLS, Suisse ou encore SOLEIL, France), permettra certainement d’obtenir un nombreplus conséquent <strong>de</strong> données spectroscopiques <strong>de</strong> haute qualité. Il sera alors envisageable <strong>de</strong>repousser les limites expérimentales visant à caractériser <strong>la</strong> structure locale autour d’élémentsfaiblement concentrés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes magmatiques confinés en cellules à enclumesdiamant. Les protocoles expérimentaux resteront néanmoins dans <strong>la</strong> lignée <strong><strong>de</strong>s</strong> expériencesprésentées pour <strong>la</strong> première fois dans cette étu<strong>de</strong>.230


Bibliographie231


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250


Annexes251


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Annexe 1 – Transition elements in water-bearing silicateg<strong>la</strong>sses/melts. Part I. A high-resolution and anharmonic analysisof Ni coordination environments in crystals, g<strong>la</strong>sses, and melts253


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Annexe 2 – Transition elements in water-bearing silicateg<strong>la</strong>sses/melts. Part II. Ni in water-bearing g<strong>la</strong>sses255


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Annexe 3 – Analyse chimique <strong><strong>de</strong>s</strong> verres synthétisésConcentration (poids %)Échantillon Na Al Si K Fe Ni Zr O TotalNS2 (Ni-2000 ppm) 20,65 0,00 32,81 0,00 0,00 0,21 0,00 42,92 96,59NS2 (Ni-2 p.%) 24,04 0,00 30,63 0,00 0,00 1,57 0,00 34,66 99,90NS3 (Ni-2000 ppm) 18,09 0,00 34,81 0,00 0,00 0,19 0,00 46,00 99,09NS3 (Ni-2 p.%) 18,65 0,00 34,11 0,00 0,00 1,98 0,00 45,77 100,51NS4 (Ni-2000 ppm) 15,11 0,00 35,96 0,00 0,00 0,18 0,00 46,44 97,68NS4 (Ni-2 p.%) 15,32 0,00 35,84 0,00 0,00 1,89 0,00 46,21 99,26ALB (Ni-40 ppm) 8,90 10,11 32,22 0,00 0,00 0,004 0,00 48,76 99,99ALB (Ni-2000 ppm) 8,58 9,34 31,60 0,00 0,00 0,21 0,00 47,55 97,28ALB (Ni-2 p.%) 8,49 9,32 31,42 0,00 0,00 2,02 0,00 47,64 98,89NS3 Hydr 16,46 0,00 32,63 0,00 0,00 1,78 0,00 47,12 97,99ALB Hydr 8,56 9,23 31,21 0,00 0,00 0,22 0,00 48,51 97,73ALB Hydr_RQ 8,22 9,63 29,88 0,00 0,00 0,20 0,00 48,69 96,42NS3 18,48 0,00 34,29 0,00 0,00 0,00 0,00 44,49 97,74AOQ 1 (Hydr) 5,38 9,14 32,75 4,09 0,00 0,00 0,00 47,40 98,76NS3 (H 2 O-0 p.%) 17,65 0,00 34,94 0,00 0,00 0,00 0,17 46,17 98,93ALB (H 2 O-0 p.%) 8,15 9,74 32,13 0,00 0,00 0,00 0,19 48,32 98,53ALB (H 2 O-4 p.%) 8,17 9,69 31,28 0,00 0,00 0,00 0,19 48,87 98,20ALB (H 2 O-8 p.%) 8,20 9,63 30,07 0,00 0,00 0,00 0,19 49,37 97,46AOQ 2 (H 2 O-0 p.%) 3,42 7,13 35,07 4,41 0,00 0,00 0,19 48,64 98,86AOQ 2 (H 2 O-4 p.%) 3,49 7,11 34,58 4,62 0,00 0,00 0,19 48,99 98,98AOQ 2 (H 2 O-8 p.%) 3,57 7,04 33,23 4,76 0,00 0,00 0,19 49,73 98,52Na Ga Ge K Fe Ni Zr O TotalNaGaGe 3 O 8 4,64 14,55 48,95 0,00 0,00 0,00 0,00 31,81 99,95257


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Annexe 4 – Titration du nickel par l’EDTALe dosage du nickel en solution aqueuse repose sur <strong>la</strong> titration, par une solutiond’EDTA (éthylène diamine tétracétique), <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution tamponnée à pH = 10, et contenant unindicateur coloré. La titration s’effectue alors jusqu’à un virement <strong>de</strong> couleur <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution.La préparation <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution d’EDTA (C 10 H 14 N 2 O 8 Na 2 , 2H 2 O) s’effectue à partird’une poudre pure à 99 %. Nous préparons alors une solution concentrée à 0,10 M enmé<strong>la</strong>ngeant, dans une fiole jaugée, 3,72 g <strong>de</strong> poudre dans 100 mL d’eau distillée. Aprèshomogénéisation du mé<strong>la</strong>nge, nous obtenons une concentration exacte <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution à0,09996 mol.L -1 .Dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, <strong>la</strong> solution dopée en nickel, pour <strong>la</strong> réalisationd’expériences in situ, est préparée en mé<strong>la</strong>ngeant 8,1 g <strong>de</strong> NiCl 2 (H 2 O) 6 dans 100 cm 3 d’eaudistillée. Nous obtenons ainsi une concentration d’environ 2 p.% <strong>de</strong> nickel dans <strong>la</strong> solution.Avant d’effectuer le dosage précis du nickel dans <strong>la</strong> solution « échantillon », nouseffectuons le mé<strong>la</strong>nge suivant :• 5 mL <strong>de</strong> solution « échantillon » (solution dopée en nickel) dilués dans 50 mL d’eaudistillée,• 10 mL <strong>de</strong> solution tampon à pH = 10 (préparée en mé<strong>la</strong>ngeant 57 mL <strong>de</strong> NH 3 concentré,7 g <strong>de</strong> NH 4 Cl et <strong>de</strong> l’eau distillée pour obtenir un volume final <strong>de</strong> 100 mL),• 0,1 g d’indicateur coloré (murexi<strong>de</strong> ; C 8 H 8 N 6 O 6 ).La titration s’effectue alors en disposant <strong>la</strong> solution à doser dans un bécher p<strong>la</strong>cé surun agitateur magnétique. La solution d’EDTA est ensuite déversée progressivement à l’ai<strong>de</strong>d’une burette graduée jusqu’à obtenir un changement <strong>de</strong> couleur <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution, qui vire dujaune au violet <strong>de</strong> façon très nette. Plusieurs dosages ont été réalisés pour <strong>la</strong> même solution <strong>de</strong>départ <strong>de</strong> manière à réduire statistiquement l’incertitu<strong>de</strong> liée à l’appréciation du changement<strong>de</strong> couleur. Nous obtenons au final, une concentration moyenne en nickel <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution« échantillon » <strong>de</strong> 0,34987 mol.L -1 .259


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