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René HeRbst, un dessinateuR au musée des aRts décoRatifs L ...

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du style Louis XVI. Il s’affiche sous les modèles issus de la nature et <strong>des</strong> fleurs de Pierre-Victor Galland oules lettrines conçues par Eugène Grasset pour le référentiel Larousse pour tous qui bientôt disparaissent <strong>au</strong>profit de la ligne décorative chez Hector Guimard et son Art nouve<strong>au</strong> <strong>au</strong> seuil du xxe siècle. Le <strong>des</strong>sin d’ornementsse matérialise encore à la lumière de la très complète masse critique, plus de 1 200 <strong>des</strong>sins léguéspar l’architecte, <strong>des</strong>sinateur, décorateur et paysagiste cubain Emilio Terry, proche de Boni de Castellane, deCarlos de Beistegui ou d’Anna de Noailles, qui, puisant <strong>au</strong>x racines d’<strong>un</strong> répertoire xviiie, imagine maisons etmobiliers utopiques <strong>au</strong>tant que fantaisistes. Il trouve bien sûr <strong>un</strong>e incarnation singulière dans la production deJean Royère et de ses féeriques décors.Troisièmement, le <strong>des</strong>sin documentant l’art de vivre <strong>au</strong>x xviiie et xixe siècles offre <strong>un</strong> choix nourri avec lescompositions de Gabriel de Saint-Aubin <strong>au</strong>x entours de 1760 quand, observateur efficace, il croque les rues etmonuments de Paris. Celles, témoins d’<strong>un</strong>e décoration d’intérieur à son apogée, dues à Jean-Baptiste Mallet,chroniqueur de la société du Directoire et du Premier Empire, font également sens, <strong>au</strong>tant que, sur <strong>un</strong> <strong>au</strong>treregistre, les <strong>des</strong>sins de Pierre-Antoine B<strong>au</strong>douin, gendre de Boucher connu pour la peinture de ses scèneslibertines. Plus avancé dans le temps, le renommé tandem composé de Charles Percier et de Pierre-FrançoisFontaine, illustres représentants du style Empire, offre en 1812 <strong>un</strong> recueil de décoration d’intérieur aquarellépar le Danois Benjamin Schlick. Il f<strong>au</strong>drait citer encore le fameux style Rothschild, si richement porte parEugène Lami <strong>au</strong> châte<strong>au</strong> de Ferrières <strong>au</strong>x entours de 1859 ou les élévations d’Alfred Normand lancées parla commande du prince Napoléon pour son palais pompéien de l’avenue Montaigne, modèle d’architecturenéogrecque <strong>au</strong> décor polychrome.Quatrièmement, le <strong>des</strong>sin de tissus, lui, s’observe <strong>des</strong> projets de toiles de Jouy à ceux de tissus simultanés <strong>au</strong>milieu <strong>des</strong> années 1920 livrés aquarellés ou gouachés sur papier blanc par Sonia Dela<strong>un</strong>ay, dont on se souvientqu’elle installe sa création à la confluence <strong>des</strong> be<strong>au</strong>x-arts et <strong>des</strong> arts décoratifs.Cinquièmement, le <strong>des</strong>sin d’orfèvrerie et de joaillerie occupe lui <strong>au</strong>ssi <strong>un</strong> espace <strong>au</strong> fort seuil de représentativitélorsque <strong>des</strong> fonds entiers de maisons rejoignent les collections du <strong>musée</strong>, proposant le répertoire iconiqued’<strong>un</strong> xxe siècle résolument novateur, ainsi <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins de Jean Fouquet, montrant la simplicité d’<strong>un</strong>e épuregéométrique qui mixe couleurs et matières, ceux du <strong>des</strong>sinateur-joailler Raymond Templier, pour qui la compositiondu bijou doit être « à la fois libre, jaillissante et condensée en même temps qu’enfermée ». Quant àJean Schlumberger, <strong>au</strong> milieu <strong>des</strong> années 1950, il donne <strong>un</strong> nouve<strong>au</strong> souffle <strong>au</strong>x collections Tiffany, espérant« représenter les choses comme si elles étaient en train de pousser, désordonnées, imprévisibles, organiques,en mouvement ».Sixièmement, le <strong>des</strong>sin de mobilier, pour n’évoquer que le seul xxe siècle, renvoie bien sûr <strong>au</strong> travail d’AndréArbus, <strong>au</strong>x élégants meubles de Jacques Adney, modélisés dans les années 1950, géométriques et privilégiantl’intégration de nouve<strong>au</strong>x matéri<strong>au</strong>x, le verre ou le métal, qui rythment sa production, <strong>au</strong>x sièges de moussehabillés de tissus élastiques, signatures de Pierre P<strong>au</strong>lin, associé à partir de 1984 <strong>au</strong> regretté Roger Tallon,figure dans les imaginaires collectifs <strong>au</strong>tant que dans les collections du <strong>musée</strong> du <strong>des</strong>igner d’<strong>un</strong>e SNCF esthétiquementrefondée.Septièmement enfin, le <strong>des</strong>sin de mode, issu singulièrement du fonds de l’Union française <strong>des</strong> arts du costume,l’UFAC, renseigne, grâce à <strong>un</strong> matériel protéiforme et cumulatif, sur le processus de création <strong>des</strong> modèlesdans <strong>des</strong> maisons de couture. Les noms célèbres de Madeleine Vionnet, sa maison est créée à Paris en1912, à New York en 1924, ou d’Elsa Schiaparelli, qui invente le rose shocking et travaille en collaboration avecDalí, Cocte<strong>au</strong> ou Giacometti <strong>au</strong> tournant <strong>des</strong> années 1930, suffisent à eux seuls à désigner la véritable révolutionsociétale engagée et transmise par la mode contemporaine.Alors, riche de cette masse critique absolument considérable <strong>au</strong>tant que remarquable, la mise en œuvre d’<strong>un</strong>programme scientifique structuré s’impose à l’intérieur du cabinet <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins. Académique, trois orientationsinscrites dans <strong>un</strong> schème de recherches le soutiennent. D’abord, la connaissance <strong>des</strong> collections quiseules <strong>au</strong>torisent <strong>un</strong> enrichissement raisonné et projectif. Connaître oblige effectivement à la configuration,c’est t<strong>au</strong>tologique que de le rappeler, d’outils de connaissance, d’où la préparation, sur <strong>un</strong> schéma quadriennal,d’<strong>un</strong> catalogue sommaire <strong>des</strong> œuvres reposant sur <strong>un</strong> travail triface alliant l’identification, la qualificationou requalification et le panorama iconique <strong>des</strong> œuvres. Sur cette base solide, qui, portée à l’analyse, souligneles richesses, les faiblesses, les angles morts <strong>au</strong>ssi d’<strong>un</strong>e collection, il est alors possible d’agir en historien.Cela de trois façons. Premièrement, est définitivement rejeté le seul critère esthétique de l’exemplum et touteidée de florilège suggestif. Ne sont donc achetées que <strong>des</strong> pièces structurales qui confortent, complètent,assurent, sous-tendent, soudent <strong>un</strong> ensemble existant. Précisément, le portfolio de <strong>René</strong> Herbst, dont je vaisvous parler ce soir, s’inscrit dans cette première catégorie. Deuxièmement, est pleinement favorisée l’entréede corpus graphiques organiques qui, en masses rationnelles, et alors l’histoire quantitative renouvelée est

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