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René HeRbst, un dessinateuR au musée des aRts décoRatifs L ...

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ce fonds d’archive est contextualisé non seulement par l’<strong>au</strong>tobibliographie de Herbst, c’est-à-dire ses propresouvrages produits entre 1925 et 1956, en <strong>un</strong> mot sa bibliothèque d’<strong>au</strong>teur, mais <strong>au</strong>ssi par <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> historiquespubliées sur <strong>un</strong>e période à la même fourchette d’amont, 1925, et bien sûr toujours ouverte.Au <strong>musée</strong> <strong>des</strong> Arts décoratifs sont conservés quelques meubles : <strong>un</strong> f<strong>au</strong>teuil de bure<strong>au</strong> de 1927 ; <strong>un</strong>e chaiselongue,fameuse, et <strong>un</strong>e chaise-tabouret, datées 1931 ; la coiffeuse de la princesse Aga Khan datée 1932 ; <strong>un</strong>meuble d’appui à usages multiples de 1937.Mais sont <strong>au</strong>ssi préservés <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins, notamment <strong>des</strong> projets de décors de vases, de plats ou de soucoupes,<strong>au</strong> total <strong>un</strong>e quarantaine ré<strong>un</strong>is <strong>au</strong> département <strong>des</strong> arts graphiques. Je vous signale ici, <strong>un</strong>icum dans songroupe, <strong>un</strong> projet de salle à manger daté 1924.Alors, le portfolio. Sa <strong>des</strong>cription. Le portfolio de Herbst contient <strong>des</strong> tirages et <strong>des</strong> calques origin<strong>au</strong>x de sesplans et ré<strong>un</strong>it cinquante-sept pièces. Il a été réalisé par Herbst lui-même dans le but de protéger ses plans.Plat, de papier fort noir et orange portant le nom de l’<strong>au</strong>teur en toutes lettres en relief peint, il contient trentecinqtirages origin<strong>au</strong>x, pour la plupart représentatifs de ses créations les plus célèbres, produits entre 1925 et1959. Ces plans sont <strong>des</strong> tirages de <strong>des</strong>sins techniques. L’ensemble est complété de vingt-deux calques origin<strong>au</strong>xcomportant <strong>des</strong> traces de mine de plomb sous l’encre noire. Certains <strong>des</strong>sins sont corrigés à la gommeou clivés dans le cas de suppression de traits à l’encre. Les anciennes mesures <strong>au</strong> crayon sont parfois encoreen place.Mais que dit ce portfolio ? Il me semble qu’il est intéressant pour l’historien car « intrinsèquement herbstien »,puisqu’il informe sur le dedans du dehors et le dehors du dedans.Le dehors : <strong>un</strong>e enveloppe très graphique qui réussit le pari de la conjonction esthétique, celle d’<strong>un</strong>e matière,papier renforcé, cartonné, celle d’<strong>un</strong> volume, épure polygonale d’<strong>un</strong> semi-carré, celle d’<strong>un</strong>e graphie, élégancegouachée vernissée de lettrines, dans la veine personnalisée de la typologie Peignot due à Cassandre, rythmebinaire <strong>au</strong> point cardinal déjoué par la symétrie <strong>des</strong> fonds noirs et orange, grammaire <strong>au</strong>dacieuse avec l’insert<strong>des</strong> primaires magenta et cyan et celui, f<strong>au</strong>ssement mo<strong>des</strong>te et/ou anecdotique, de la secondaire, le vert,in<strong>au</strong>gural pour le R, central <strong>au</strong>tour du B, à l’allitération phonique presque identitaire.Le dedans : <strong>un</strong>e sélection de <strong>des</strong>sins qui, loin du <strong>des</strong>sin de recherche ou de concept, à l’écart du <strong>des</strong>sin scénariséou ambiantal, se présente comme l’abstract abouti d’<strong>un</strong>e production créatrice courant sur trente anset qui peut être montrée <strong>au</strong> titre de « l’exemple exemplaire », comme <strong>un</strong>e sorte d’outil compilatoire de comm<strong>un</strong>ication.Parmi ces plans très représentatifs de la production de <strong>René</strong> Hersbt figurent ceux d’ensemblesmobiliers conservés <strong>au</strong> <strong>musée</strong> <strong>des</strong> Arts décoratifs, tel le meuble d’appui à usages multiples de 1937 dont jeviens de parler.Je vous propose maintenant <strong>un</strong>e sélection typologique qui fait sens, tant par le caractère protéiforme de lacréation ici montrée, tant par l’aspect usiné du travail, tant par les bornes chronologiques choisies, 1925-années1960, tant par la qualité et la pluralité du trait, trait précis, trait méthodique, trait fin voire ultrafin, traitgras, clair, fumé, plumeté, choisissant l’épure de la ligne droite, filante, perpendiculaire, symétrique, parallèleet/ou la rondeur coudée d’<strong>un</strong>e forme qui soudain s’étire, s’allonge, se tord ou, presque à la manière d’<strong>un</strong>arce<strong>au</strong>, choisit l’hémicycle.D’abord, en introduction, portant <strong>des</strong> traces d’encre de couleur, probablement <strong>des</strong> feutres, voici l’appartementde <strong>René</strong> Herbst, rue de Chate<strong>au</strong>briand, dans le VIIIe arrondissement, <strong>des</strong>sin tout à fait passionnant car intrinsèquementcontextuel.Puis, je montre rapidement, dans l’ordre chronologique, <strong>un</strong> piano droit de 1925, <strong>un</strong> bure<strong>au</strong> en bois et métalde 1928, <strong>un</strong> lit-bibliothèque de 1930 (qui renvoie à ce concept de meuble qui fait tout), <strong>des</strong> modèles de siègeen série (toujours ce capital symbolique du facteur sériel d’Herbst), <strong>des</strong> modèles de luminaires, différentsmodèles de tables, <strong>des</strong> faça<strong>des</strong> de magasins, <strong>un</strong>e salle d’e<strong>au</strong> étanche datée 1950 et post.Alors, il f<strong>au</strong>t conclure. L’acquisition du portfolio de <strong>René</strong> Herbst, jamais anecdotique, jamais accessoire, favorisenon seulement <strong>un</strong> enrichissement raisonné et critique du fonds de Herbst tel qu’il est conservé <strong>au</strong>x ArtsDécoratifs, mais surtout compose en soi <strong>un</strong> objet spécifique et <strong>au</strong>tonome fonctionnant dans les limites d’<strong>un</strong>écosystème <strong>au</strong> métabolisme personnel et personnalisé qui, par ses co<strong>des</strong> <strong>au</strong>tant que par la présentation-biland’<strong>un</strong>e production, est « <strong>un</strong>e œuvre dans l’œuvre », en sorte qu’il ne f<strong>au</strong>t pas y voir <strong>un</strong>e succession insignifiante.Certes, ce ne sont pas là <strong>des</strong> images mentales ou <strong>des</strong> images de pensée, mais il convient d’y lire plus sûrement<strong>un</strong>e série, encore et toujours, de projections, élégantes, multiples, multipliées, prêtes, sinon à porter, à

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