AVEC LES AUTEURSLe festival Regards croisésest un lieu d’échange,d’expérimentation et deconfrontation pour et avecles auteurs de théâtre.Nous souhaitons aujourd’huipenser Troisième bureaucomme un lieu où peutmodestement se travaillerune théâtralité en mouvement,en chantier, buissonnière.Un lieu d’agitation théâtraleet de pratique. Un outil pourcreuser là où nous ne creusonspas d’habitude, là où nos projetset nos goûts subjectifs ne nousentraîneraient pas forcémentà jeter l’œil. Associer encoredavantage les auteurs au festivalet au travail du collectif.Nous situer côte à côte avecles écritures qui s’inventent.Participer de l’invention, êtreau cœur d’un théâtre à naître.Plonger dans les universsinguliers des auteurs pourdire l’époque, la communautééparpillée, l’impossiblecitoyenneté actuelles par lamise en assemblée de leurpièce. Solliciter ces auteurssur l’écriture quotidienne d’uncabaret dramatique présentéle dernier soir par les auteurs,accompagnés d’acteurs et demusiciens. Projeter le festivalcomme une œuvre d’arten mouvement, telle est lamobilisation fondamentaledu collectif.Je me suis dit voilà c’est ça l’Europe, c’est ici à Grenoble que ça se vit pas dansles tours glaciales à Bruxelles, mais à des rencontres intimes et des échangesprofonds tels que vous les organisez, c’est là où l’Europe s’invente, c’est ainsiqu’on nourrit le respect pour la différence des langues et des cultures, c’estainsi qu’on peut finalement réaliser qu’en Europe nous sommes tous desminorités, et que c’est là toute notre chance, et non notre menace. Et que lerêve d’une Europe à voix unique, celle de l’économie, est aussi totalitaire quele rêve d’une Europe en proie à ses tendances nationalistes. Et j’en arrive àl’aspect qui est selon moi le plus étonnant du festival, je pense que ça peut avoirun impact profond et à long terme. Parce que vous faites ouvrir l’esprit et lesoreilles de votre public et à vos artistes invités. Vous conviez à des rencontresqui ne se seraient jamais faites sans que vous en preniez l’initiative, et pourtantces rencontres sont fondamentales et hyper nécessaires. Le festival même estune action artistique et politique d’une urgence extrême.Pieter De Buysser, auteur invité de L’Europe dans tous ses états,onzième édition de Regards croisésREGARDS CROISÉS DOUZIÈME ÉDITION?2 3PAR OÙ COMMENCER ?La question tombe, d’abord comme unetentative d’évaluer, de ré-évaluer ce quenous possédons encore comme capacitépour affronter cette saloperie de monde quinous entoure. Puis, elle prend la figure d’uneinjonction. Une injonction qui nous inviteraità charpenter avec souci, des stratégiesnouvelles pour continuer à tenir, continuer àrêver de démesures avec démesure lors mêmeque des coups sont sans cesse assénés sur nostêtes pour nous rappeler que nous ne devonsregarder que ce qu’il y a au bout de notre nez.Car, quelles sont les forces vives qui nousrestent pour continuer à tenir, pour nepas avoir peur d’entamer des opérationscommandos, pour dynamiter ce qui nousasphyxie quotidiennement ?Nous ne savons pas si nous répondrons à cettequestion. Nous ne savons si nous trouveronsdes solutions à ce PAR OÙ COMMENCER.Nous ne savons pas si d’ailleurs il faut tenterd’y répondre. Seule certitude, nous souhaitonsqu’à nouveau les histoires nous saisissent à lanuque, lors même que l’on pense que le mondequi nous entoure n’a plus besoin de nous pouravancer.Le théâtre est un des derniers lieux oùnous pouvons encore nous questionnersur notre sort collectif en ré-interrogeantsans cesse notre place dans la société lorsd’un rassemblement, le temps d’une (re)présentation. Faire théâtre. Nous avons encoreenvie de croire que c’est par cette drôle delocalité que peuvent se mettre en branle desprémisses de luttes et de combats, que c’està cet endroit que peuvent surgir du dissensus,de la confrontation et de la mésentente.Oui, l’acte théâtral a ce pouvoir d’arrêterle temps, de le rétrécir ou de l’allonger, voirede le rassembler pour faire parler, dialoguerdes espaces-temps mutilés et réunir desincompatibles en modifiant la cartographiedu partage du sensible.Nous interroger sur notre contemporanéitéau monde qui nous entoure. Penserl’universel en repartant de l’intime, réparersymboliquement des failles, inscrire des corpsdans la vie de la cité, venir à ce qui est laissépour compte, à ces choses anodines, raconterce que l’on croit sans histoire et / ou qu’onpréférerait croire sans histoire, chercherà créer du sujet, là, où a priori il ne semblepas y en avoir, voilà le projet de cette éditionde Regards croisés. Voici le mot d’ordre quirassemble les auteurs et les textes que nousvous proposerons : fouiller ! ce que le mondenous dit qu’il (n’) est (pas) !Magali MougelSOMMAIREPar où commencer ?Magali Mougelp. 3Pedro EirasUne forte odeur de pommeRegard / Thibault Faynerp. 4 et 5Les cafés des auteursp. 5Regards lycéens 2012p. 6Ulrich HubL’Arche part à huit heurespar les Co-LecteurEsp. 7Laura Tirandaz / Choco BéRegard / Benjamin Moreaup. 8 et 9Écoles associéesp. 9Marius IvaškeviciusLa Ville d’à côtéRegard / Mireille Losco-Lenap. 10 et 11La coopérative éphémèreLe cabaret du samedi soirp. 12De quels théâtres avons-nousbesoin aujourd’hui ?Rencontre avec Olivier Neveuxp. 13Davide Carnevali /Sweet Home EuropaRegard / Olivier Favierp. 14 et 15Nis-Momme StockmannSi bleue, si bleue, la merL’Homme qui mangea le mondeRegard / Uta Müllerp. 16 et 17La librairie du festivalL’Université buissonnièrep. 18PartenairesRemerciementsp. 19