Portrait <strong>de</strong> Charles VII, roi <strong>de</strong> France (1403-1461)Tableau <strong>de</strong> Jean Fouquet, vers 1450-1455Huile sur bois (chêne), 98,8 x 84,5 cm (surface peinte : 86 x 71 cm)Paris, musée du LouvreComposition géométrique Nombre d'or
Portrait <strong>de</strong> Charles VII, roi <strong>de</strong> France (1403-1461)Inscription du XVe siècle sur le cadre : LE TRES VICTORIEUX ROY <strong>DE</strong> FRANCE. /. CHARLES SEPTIESME. <strong>DE</strong> CE NOM.Par ses dimensions imposantes et son format presque carré, par le cadrage <strong>de</strong> la figure, dégagée jusqu'à la taille que dissimulent les mainscroisées, par ses proportions quasi gran<strong>de</strong>ur nature, ce portrait est à cette date exceptionnel. L'inscription rigoureuse <strong>de</strong> la silhouette dansl'espace ménagé par l'écartement <strong><strong>de</strong>s</strong> ri<strong>de</strong>aux, l'horizontalité du buste à peine infléchie par une imperceptible torsion, la position du coussinsur un plan parallèle à celui du cadre, tout contribue, malgré quelques nuances subtiles, à créer une impression <strong>de</strong> frontalité, d'autant plusmanifeste que Fouquet a su habilement exploiter la mo<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> épaules rembourrées, en vigueur durant le <strong>de</strong>uxième tiers du XVe siècle, pourdilater la figure en largeur.Depuis l'Antiquité tardive, la présentation frontale est <strong>de</strong> mise, soit pour évoquer la mémoire d'un défunt, soit pour proclamer latranscendance ou l'autorité d'un personnage, divinité, saint ou grand <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>. Les artistes byzantins l'ont très tôt adoptée ; en Occi<strong>de</strong>nt, ceparti "iconique" caractérise les portraits officiels <strong>de</strong> monarques, toujours campés dans un espace immatériel, même quand ils apparaissent surun trône, parfois entre <strong><strong>de</strong>s</strong> ri<strong>de</strong>aux blancs tirés, <strong>de</strong>ux symboles traditionnels <strong>de</strong> majesté qui accompagnent également la présentation <strong>de</strong> figuressacrées. Si Fouquet emprunte à certaines <strong>de</strong> ces effigies laïques la présence <strong><strong>de</strong>s</strong> tentures et l'idée du buste horizontal plaqué contre un fondneutre, il s'en écarte résolument en cadrant la figure à mi-corps, et non plus en pied.En opérant une synthèse entre la formule du portrait <strong>de</strong> monarque en pied et la nouvelle mo<strong>de</strong> du portrait intime à mi-corps, imposée par lesmaîtres flamands à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1420 à 1430, Fouquet investit son portrait <strong>de</strong> Charles VII d'une fonction politique : c'est l'image d'unsouverain victorieux qu'il s'efforce d'imposer. En cours d'exécution, il élargit la carrure du modèle, sans doute avec l'idée <strong>de</strong> souligner sapuissance.L'inscription LE TRES VICTORIEUX ROY <strong>DE</strong> FRANCE, apposée sur la traverse supérieure du cadre d'origine, tendrait à confirmer laportée politique du tableau. Reste bien sûr à prouver qu'elle est contemporaine <strong>de</strong> celui-ci, ce que l'on ne peut pas affirmer catégoriquement.Mais certains arguments militent en faveur <strong>de</strong> son exécution par Fouquet lui-même : le raffinement <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres, la prise en compte <strong>de</strong>l'éclairage – celui-là même, venu <strong>de</strong> la gauche, qui effleure l'effigie du roi –, déterminant pour chaque jambage <strong>de</strong> forts accents lumineux surla gauche, son positionnement soigné sur le mince encadrement noir, à marbrures rouges et vertes, que l'artiste a conçu et décoré en étroiterelation avec son tableau.Le portrait <strong>de</strong> Charles VII est selon toute vraisemblance le premier tableau français qui participe <strong>de</strong> l'idéal plastique <strong>de</strong> la Renaissance. Peintdans un contexte politique très précis, à un moment où il convenait <strong>de</strong> célébrer avec éclat les victoires <strong>de</strong> la royauté française, il constitue unvéritable prototype du portrait officiel, qui impressionnera un siècle plus tard <strong><strong>de</strong>s</strong> peintres <strong>de</strong> la stature <strong>de</strong> Jean Clouet et <strong>de</strong> Holbein, passéspar Bourges. Reste que ces préoccupations et ces contraintes n'ont en rien étouffé la sensibilité d'un artiste qui s'est attaché à rendrel'ambiguïté <strong>de</strong> son royal modèle et, pour reprendre la belle définition <strong>de</strong> Charles Sterling, est parvenu à livrer à ses contemporains, comme àla postérité, "l'image inoubliable d'un homme veule et las autant [que l]'effigie majestueuse d'un souverain".
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