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Mise en page 1 - Parc naturel régional Livradois-Forez

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© Jacques Béchon© Charles Lemarchanddiscret, furtif, dans ces tronçonsde rail qui ont l’air d’<strong>en</strong>cadrerune peinture et qui découp<strong>en</strong>t unfragm<strong>en</strong>t de ciel. C’est à cela quel’on reconnaît les plus grands, ilsse rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t d’une lignée, ilscontinu<strong>en</strong>t, ils pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t rang, etla gratitude ne leur fait jamaisdéfaut.Yves Guérin est manifestem<strong>en</strong>tassez heureux d’installer ses figuresmétalliques dans le plein soleil du<strong>Livradois</strong>-<strong>Forez</strong>. Il parle de deuxvoies (!) qui guid<strong>en</strong>t son travail :« un cheminem<strong>en</strong>t terrestre, profondém<strong>en</strong>tmatérialiste » et « unautre itinéraire, plus spirituel, métaphysique», qu’il aimerait « aussilumineux que “l’espace doré” desprimitifs itali<strong>en</strong>s interrogeant notrerapport au sacré ». Quelque chosede cette dualité se retrouve in situ,vi<strong>en</strong>t <strong>naturel</strong>lem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> correspondance: « D’un côté, la Dore, valléeindustrieuse, usinière ; de l’autre, lescrêtes dénudées, où l’œil et l’espritse perd<strong>en</strong>t dans l’infini des horizons,et les forêts sil<strong>en</strong>cieuses, propices àla méditation. »Il y a donc de la t<strong>en</strong>dresse, de lajoie et de la métaphysique dansles sculptures de Guérin. Il y apeut-être aussi, de temps à autre,un soupçon d’humour. Allez voir,cherchez bi<strong>en</strong>, faites le tour, regardez-lessous tous les angles ; laronde-bosse le permet, même quandelle est anguleuse.■Le <strong>Parc</strong> accompagne les établissem<strong>en</strong>ts scolaires duterritoire pour la partie éducation <strong>en</strong> arts plastiques.— Toutes informations sur :www.deferetdore.comJournal du <strong>Parc</strong> - numéro 25 - Été 2013Continuera-t-elleà montrerpattes blanches ?Il faut avoirun certain âgepour évoquer,sans affabuler,les pêchesmiraculeuses,les balancesqu’on remontaitd’un trou d’eaupleines à ras bord,le bruit de crécelledans la lessiveuse<strong>en</strong> fer blanc,et ce goût si finsous la d<strong>en</strong>t.Au bord duruisseau, parjeu, par défi,on <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>aitune qu’on t<strong>en</strong>aità deuxdoigts. On s’attardait un peu àl’observer : la tête et le thoraxsoudés, l’abdom<strong>en</strong> souple commeun ressort, les pinces, si petites et siredoutées, les pattes mâchoires etles pattes marcheuses, le rostrecomme un front cornu, les tachesclaires dont elle ti<strong>en</strong>t son nom…On la dirait sortie d’un bestiairefantasque, née de la main d’uncréateur <strong>en</strong>diablé.Il y avait toujours un grand-pèreou un vieux garçon débonnairequi, sans trop faire la leçon, racontaitla vie de l’écrevisse à pattesblanches…L’accouplem<strong>en</strong>t, il faut bi<strong>en</strong> comm<strong>en</strong>cerpar là, a lieu <strong>en</strong> septembreet octobre quand l’eau se rafraîchit.Des rixes <strong>en</strong>tre mâles ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t lieude préliminaires. Le vainqueuragrippe la femelle, la déséquilibreet la r<strong>en</strong>verse – les naturalistespréfèr<strong>en</strong>t dire “placage” plutôtqu’accouplem<strong>en</strong>t. L’étreinte dureune dizaine de minutes. Passons surquelques étapes aussi techniquesqu’intimes. La période d’incubationdes œufs dure de six à huit moiset, après l’éclosion, les jeunes écrevissesrest<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core accrochées àl’abdom<strong>en</strong> de leur mère unesemaine ou deux, jusqu’à leurpremière mue.RégressionalarmanteC’est l’une des difficultés de la vied’écrevisse, elle doit muer tout dulong, changer de carapace plusieursfois par an. À chaque changem<strong>en</strong>td’armure, même si la recalcificationse déroule <strong>en</strong> quelques jours, elleest d’autant plus vulnérable. Lesprédateurs sont légion : la loutre, leputois, les visons, le héron et mêmele sanglier, <strong>en</strong> période de sécheresse.La truite et le chabot consomm<strong>en</strong>tvolontiers des juvéniles.L’écrevisse est omnivore et peuregardante. Elle se nourrit de végétaux,de larves d’insectes, d’œufset d’alevins de poissons, elle broieaisém<strong>en</strong>t les coquilles des mollusques,les cadavres ne la rebut<strong>en</strong>tpas et, à l’occasion, elle s’adonne aucannibalisme. Si les circonstanceslui sont favorables, elle vivrajusqu’à six ans et atteindra unetaille de douze c<strong>en</strong>timètres oupresque.On <strong>en</strong>jolive peut-être un peu avecles histoires de lessiveuses et debalances débordantes. En faitl’écrevisse à pattes blanches est <strong>en</strong>déclin depuis la fin du XIX e siècleoù sévit une “peste” qui décimaune partie considérable des populations.La dite peste étant unchampignon – l’aphanomycose deson nom sci<strong>en</strong>tifique – arrivé desEtats-Unis par bateau et débarquéà V<strong>en</strong>ise <strong>en</strong> 1860.Bon an mal an, les effectifs se sontpartiellem<strong>en</strong>t rétablis mais, depuisplusieurs déc<strong>en</strong>nies, l’espèce subitune régression alarmante 1 . En<strong>Livradois</strong>-<strong>Forez</strong> où la situation est« moins pire qu’ailleurs », « on necompte plus guère d’une tr<strong>en</strong>tainede stations où elle est <strong>en</strong>core prés<strong>en</strong>te», constate amèrem<strong>en</strong>t LucBortoli, chargé d’études à la Fédérationdépartem<strong>en</strong>tale de pêche etde protection des milieux aquatiquesdu Puy-de-Dôme.Concurr<strong>en</strong>cecaliforni<strong>en</strong>neLes causes de cette régression sontparfaitem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiées. D’abord,la dégradation de la qualité deseaux ; du coup les dernières populationstrouv<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>trefuge dans les très petites rivières,<strong>en</strong> tête de bassin. Puis, la destructiondes habitats <strong>en</strong> raison de l’int<strong>en</strong>sificationde l’usage de laressource <strong>en</strong> eau, de la rectificationdes cours d’eau, du drainage deszones humides… Enfin, l’écrevisseà pattes blanches est victime dela concurr<strong>en</strong>ce de l’écrevisse deCalifornie, introduite <strong>en</strong> FranceSculpture de César Manrique<strong>en</strong> 1973 et, désormais, considéréecomme espèce invasive 2 . Celle-ci estmoins s<strong>en</strong>sible aux pollutions, moinsexigeante <strong>en</strong> termes d’habitat etplus résistante aux épidémies.À l’évid<strong>en</strong>ce, le combat est inégal.Luc Bortoli veut croire qu’il n’estpas perdu. « La qualité des eauxt<strong>en</strong>d à s’améliorer même s’il restebeaucoup à faire. La réhabilitationdes habitats doit être notre préoccupationmajeure. Elle passe pardes mesures simples : proscrire lesplantations de résineux non autochtones(épicéa, douglas, mélèze…)<strong>en</strong> bordure de rivière, installer desclôtures pour éviter le piétinem<strong>en</strong>tdes berges par les troupeaux, etc.Il est très dommage qu’<strong>en</strong> cedomaine nous r<strong>en</strong>contrions <strong>en</strong>coredes rétic<strong>en</strong>ces. »Les pêcheurs n’ont pas à eux seulsle pouvoir de faire p<strong>en</strong>cher labalance <strong>en</strong> faveur de l’écrevisseautochtone, même si les règlesplaid<strong>en</strong>t pour elle. L’écrevisse àpattes blanches est protégée depuis1983 et sa capture rigoureusem<strong>en</strong>tinterdite depuis 1995. En revanche,la pêche à la californi<strong>en</strong>ne estouverte du 2 e samedi de mars au3 e dimanche de septembre sur lesrivières de 1 ère catégorie et toutel’année dans la Dore. Avec sixbalances au maximum et une cartede pêche valide.■1 Il <strong>en</strong> va de même des deux autres espèces ditesautochtones, l’écrevisse des torr<strong>en</strong>ts et l’écrevisseà pattes rouges. La première n’a jamais étéprés<strong>en</strong>te <strong>en</strong> <strong>Livradois</strong>-<strong>Forez</strong>, la seconde y est plusque rare.2 Deux autres espèces introduites prolifèr<strong>en</strong>t :l’écrevisse américaine et l’écrevisse de Louisiane.L’américaine est prés<strong>en</strong>te dans la Dore mais dansune proportion bi<strong>en</strong> moindre que la californi<strong>en</strong>ne.— Pour <strong>en</strong> savoir plus,on se reportera à l’ouvragede Charles Lemarchand,L’écrevisse à pattes blanches,histoire d’une sauvegarde,éditions Catiche production.

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