revue 13 - Institut Alcor

La spiritualité au quotidien - Présence du DivinI ère PARTIE - Une spiritualité qui s’ignored’une qualité ou attribut de la Réalitéspirituelle, du Divin. Ceci est particulièrementvrai pour la Beauté.Que la Beauté soit une note essentiellede l’Etre Suprême, a été reconnupar de grands penseurs (Platon, Plotin),par des mystiques, par de très grandsartistes. Il semble que la Beauté soitl’attribut divin le plus facilement accessible,celui qui s’est le plus objectivé,celui qui frappe le plus facilement lesgens et l’imagination. D’un autre côté,il semble être l’attribut le plus dangereux,celui qui lie l’homme à la matière,à la forme, celui qui suscite en l’hommele désir du plaisir de tous les sens, celuiqui enveloppe l’homme dans les voilesirisés de la maya, la grande illusion.D’où naît ce paradoxe ? Il naît dela puissance même de la fascinationqu’exerce la beauté sur l’homme, quisuscite en lui, lorsqu’il n’est pas encorepurifié et maître de lui, des désirs insolents,des passions désordonnées, desappétits de possessions exclusives.On peut se libérer de toutes cesdérives par le détachement. On dit queSaint Bernard visitant la Suisse fermaitles yeux pour que la beauté de ses lacset montagnes ne le distraie pas de saméditation. C’est une voie difficileréservée à quelques êtres exceptionnels.Une autre voie est possible quiconsiste à surmonter les attachementssensoriels de deux façons : la premièrequi consiste à s’élever à toutes lesformes de beauté, sans préférenceexclusive ou séparative. La seconde,plus verticale, sublimante, consiste às’élever, à remonter de l’effet vers lacause, de l’expression à l’essence. Platonécrit dans son Banquet : « Il fautpasser de l’amour pour une belle formeà l’amour de toutes les formes et dela beauté physique en général ; puisde l’amour des beaux corps à l’amourdes belles âmes, des belles actions etdes belles pensées… »Saint François d’Assise a utilisé cettevoie dans son Cantique des Créatures .Saint François de Sales défendait lamême attitude, Goethe aussi. Il s’agitde voir la beauté cachée dans leschoses, qui transparaît au-delà dela diversité et de la multiplicité. Leschoses deviennent comme illuminéesde l’intérieur. L’art pratiqué par leshommes peut lui aussi révéler cettebeauté cachée.L’AmourL’amour est un des aspects de la vieles plus répandus, l’un des sentiments,l’une des activités les plus universelles.Pourtant c’est peut-être celui qui estle moins compris et à l’égard duquelexistent les plus grandes incompréhensionset confusions et sont commisesles plus grandes erreurs.Il y a l’amour physique et l’amourspirituel. Il y a l’amour qui désire, attireà lui, qui absorbe, limite et asservit etil y a l’amour qui élargit et libère. Il y aun amour dans lequel l’individu semblese perdre et un amour dans lequel ilsemble se trouver.Il faut préciser les grandes lignes dela conception spirituelle de l’amour. Al’origine de toute manifestation divineil y a la dualité Esprit-matière. Puisune attraction vitale les rapproche, lacréation apparaît avec objectivationdes plans, des niveaux de conscience,et à chaque niveau de nouvelles différenciations.Sous-jacent à cet étatactuel de division, il existe dans lescréatures, sur des modes variés, à desdegrés divers, comme un lointain etobscur souvenir de l’unité primaire, lanostalgie inconsciente mais puissanted’un retour à elle. Cette pulsion, cedésir est la grande loi de l’évolution.Ce désir de complétude, d’union avecquelque chose, avec quelqu’un de différentde soi est précisément l’essencede l’amour.Cette union, cette fusion créatriceet féconde, donne son origine à autrechose. De même que l’Un, l’Esprit et ledeux, la Matière, donnent le trois, lamanifestation différenciée, de même lepositif et le négatif donnent toujoursnaissance à quelque chose d’autre, dedifférent, qui est fonction des élémentsqui s’unissent. En langage scientifiqueon peut dire que l’Univers est fondésur le principe de la polarité selon uneloi d’attraction et sur une série d’actesde reproduction. Ces principes, ces loisfondamentales, dans toutes les manifestationsde l’amour si différentes etopposées qu’elles puissent apparaîtreau premier abord, sont universelles.La joieLa joie est un autre de ces précieuxreflets, de ces brillants rayons qui descendentdu soleil de l’Esprit pour illumineret vivifier la personnalité humaine.La joie trouve son origine dans la béatitude,l’un des trois aspects du Divin, labéatitude qui chez les chrétiens relèvede la gloire divine.Cette béatitude, se manifestantdans notre Soi supérieur, a l’aspectd’une pure joie, puis descendant peuà peu à travers les divers niveaux de lapersonnalité, s’atténue, se rétracte, semêle à d’autres éléments. Elle prendainsi l’aspect des joies et des satisfactionshumaines de différentes naturesjusqu’à ce qu’elle parvienne dans lecorps et qu’elle s’y manifeste commebien-être physique et plaisir, produitspar les impressions des sens et par lasatisfaction des besoins et instinctsnaturels.Malheureusement, l’homme avecson égoïsme, son avidité et son besoinde s’attacher, contamine la pureténaturelle originelle de la joie et duLe Son Bleu - N° 13 - Décembre 2010 - P. 3